Que la Nuit soit [Elena]

Les basses vibrent jusque dans les murs.
BOOM-BOOM-BOOM.
Le sol tremble presque, les lumières s’allument, s’éteignent, tournent et changent de couleur. Et partout, tout le temps, les basses qui dérangent même l’air.
BOOM-BOOM-BOOM.
Il les entend jusqu’à l’étage au dessus de la fête, le coin un peu plus calme où il a réussi à trouver un bout de bar libre et où il boit son cocktail sans alcool de grand garçon responsable en essayant de retrouver un semblant de souffle. Quand il sera un peu calmé, il redescendra se perdre dans la masse des danseurs pour sentir la musique jusque dans ses os.
Mais ça attendra. Il a son verre, il a sa température corporelle à faire redescendre, et il a… Une blonde plutôt mignonne à côté de lui. Vako lui fait un sourire engageant, sautant sur l’occasion pour engager une discussion.

- C’est votre première visite ici ?

Peu importe quel ici elle choisira, Espoir ou la fête ou Dorado. Ce n’est qu’un moyen d’entamer le dialogue.

Ce soir, j'ai décidé de sortir, après tout, faut bien décompresser de temps en temps non ? Bon, ok, en général, je ne m'embête pas, si je veux sortir, je sors, pas besoin de prétextes pour aller faire la fête... Je suis toute seule ce soir, ce qui n'est pas plus mal, c'est sympa de sortir à plusieurs, mais seule, c'est bien aussi. J'ai donc mis une tenue adapté et je suis partie !

Sympa cette fête, ça bouge, il y a pas mal de monde, certaines personnes ne sont pas trop mal aussi... Mais bon, je suis monté souffler un peu et en profiter pour boire un coup. Je me retrouve donc à siroter un mojito lorsqu'un jeune homme, avec une jolie cicatrice, m'accoste avec un sourire, que je lui rends, en tout cas, j'ai l'impression qu'il prend soin de son corps.

-Première fois que je viens ici en effet, j'avais envie de changer mes habitudes. Pour le moment, je ne regrette pas. Et vous ?

- Je ne regrette absolument pas.

Quel vil cabotin que Vako. Un vil cabotin qui essaie tout de même d’être charmant, clin d’oeil entendu inclus mais rien de plus. On a dit “faire connaissance”, pas “mettre mal à l’aise la jolie dame”.

- J’habite sur Espoir, j’ai pile l’âge pour écumer les fêtes, et je fais un travail stressant, alors je suis un régulier.

Parce que rien ne le détend comme la musique, la danse, la foule rendue totalement anonyme par l’absence de lumière. Et parce qu’il préfère avoir ses habitudes et que ce lieu en fait partie.

- Ca a ses avantages. Par exemple… Ils servent de la glace à la vanille au bar. Et ils ne le marquent nulle part. Vous voulez tester ?

Monsieur profite hein ? Ça ne me dérange pas, on est tous là pour s'amuser après tout. Je lui réponds avec le sourire.

-De la glace à la vanille ? Pourquoi pas, je ne dis pas non.

Mon côté "recherche d'info" se réveille un peu, je dois dire, parce que bon, c'est peut-être l’occasion d'avoir deux trois petits trucs, après tout, dans ce genre d'endroit, certaines choses se disent, s’échangent et se font, et ça peut intéresser certains de mes clients ou me permettre d'avoir de nouvelles sources d'informations.

L’avantage de cette technique de… Pas-séduction, parce que ce n’est clairement pas le cas, mais au moins de mise à l’aise, c’est qu’elle est très facile à mettre en oeuvre. Il suffit d’un sourire en coin de Vako, puis qu’il se penche vers le barman pour lui demander deux glaces à la vanille. Et en quelques secondes voilà le médecin en la possession de deux coupelles, dont une tendue vers la dame blonde.

- Ta-daaah. Simple comme bonjour.

Et il espère bien marquer des points de sympathie grâce au sucre. Peut-être n’est-il pas totalement désintéressé.

- Impressionnée ? Demande-t-il, joueur.

Et... Une glace à la vanille, je prends la coupelle qui m'est tendu, je le remercie ensuite d'un signe de la tête. Je prends ensuite une cuillère et m'attaque à la glace. Avant de lui répondre, je me mets à sourire.

-Non.

Je lui fais ensuite un petit clin d’œil.

-Je suis sûr que vous pouvez faire mieux.

Oh, allez, pourtant c’est un superbe tour que de faire apparaître de la glace ! Non vraiment, ça laisse la blonde de glace ? C’est dommage. Heureusement qu’il est plein de ressources -et légèrement joueur ce soir.

- Qu’est-ce qui vous impressionnera plus ?

Peut-être donner son nom, déjà ? C’est plus poli. Il tend donc la main qui ne tient pas de cuillère à glace.

- Vako.

Qu'est-ce qui m’impressionnera plus ? Bonne question, en tout cas, je prends la main tendu.

-Elena. Je réponds.

-Vous avez dit que vous faisiez un travail stressant. Ça vous gêne de me dire ce que c'est ?

En attendant sa réponse, je m'en prends à nouveau à ma glace, elle n'est pas mauvaise. En tout cas, je me demande comme il s'est fait cette cicatrice qu'il semble porter sans trop de gêne.

- Est-ce que ça me gène ? Non.

Il relâche la main d’Elena, donc, après l’avoir très légèrement serrée. Un sourire lui vient lorsqu’il se dit que son père aurait sans vergogne posé un baisemain dans cette situation.

- Je suis médecin.

De bord, mais ça il préfère le garder sous silence en même temps que les affiliations du vaisseau sur lequel il sert.

- Je recouds des gens et je prescris des cachets toute la sainte journée et la nuit, je danse et je parle à de belles femmes.

La subtilité, Vako, la subtilité…

- Est-ce que c’est à mon tour de poser une question ?

Médecin, d'accord... Il soigne la journée et danse et parle à de belles femmes la nuit ? Hé bien, c'est subtile dit donc... Ce qui me tire un nouveau sourire. Ben quoi ? Je ne vais pas lui en vouloir non plus ? Et puis bon, ça anime la soirée, enfin, de façon différente, elle est quand même pas mal animé la soirée.

-Une question chacun, c'est ça ? D'accord, vous pouvez la poser. Je lui réponds.

Qu'est-ce que ça va être comme question ? Je n'en sais rien, mais bon, on verra bien. J'espère que ce ne sera pas une question trop intime par contre, parce que bon... Ça peut être drôle, mais aussi très gênant.

- Oh non, c’est juste que j’ai une question. Je ne compte pas me transformer en journaliste prêt à tout pour un interview.

Le travail de médecin lui convient, il n’a pas besoin de se reconvertir. En plus de ça, le travail de journaliste implique de voir des personnes inconnues en face à face et il ne s’en sent pas capable, s’il doit être honnête avec lui-même.

- Vous êtes venue pour danser ou juste pour boire un verre, regarder la foule, et repartir ?

Est-ce qu’il peut essayer de faire venir Elena sur la piste de danse avec lui ? C’est ce qu’il voudrait savoir. C’est pour cette raison qu’il sourit en coin, juste un peu canaille, avec sa cuillère de glace dans la bouche : parce qu’il essaie de calculer ses chances de la convaincre.

-Je suis venue m'amuser, donc je ne compte pas m’arrêter à un verre.

Je l'ai vu son sourire en coin, je me mets aussi à sourire, je pense savoir ce qu'il veut, mais je vais rien dire pour le moment.

-La soirée ne fait que commencer, vous avez des projets pour celle-ci ?

Alors, que vas-tu répondre à ça ? La vérité ou un mensonge ? Dans tous les cas, dira-t-il ce à quoi je m'attends ?

- Danser.

On a des priorités, lorsqu’on est monsieur Montagne-Le Grandier. Bouger au rythme des basses assourdissantes jusqu’à en avoir les jambes en coton, la peau couverte de sueur et le cerveau haut, très haut dans la stratosphère en fait partie.

- Manger plus de glace. Peut-être vous proposer de rentrer avec moi si vous me supportez encore à la fin de la soirée et que j’ai réussi à vous faire détacher vos cheveux d’ici là.

On est aussi parfaitement poli et prudent pour ce qui est de dragouiller. Ce ne sont pas les exemples de rentre-dans-le-vif-du-sujet qui manquent autour d’eux pourtant mais sur ce plan, comme sur beaucoup d’autres, il préfère être précautionneux. Une réputation de dragueur lourd additionnée au reste pourrait signer son entrée dans un monastère et ce serait absolument dramatique pour ses hormones vaguement hyperactives.

- Mais le chignon vous va parfaitement, ronronne-t-il suavement.

Bon, c'est bien ce que pensais, mais je dois avouer que je préfère la façon dont il s'y prend que celle de certains autour de nous. Dans tous les cas, la soirée s'annonce plutôt bonne. Pour le chignon, on verra, mais ce n'est pas exclu des possibilités.

-Pour le moment, vous êtes sur la bonne voie. Je lui réponds tout en faisant un clin d’œil.

Je continue de manger ma classe, une fois fini, je pose le pot et la cuillère et j’attends qu'il ait lui-même fini.

-Et bien Vako. Allons danser si cela fait partout de nos projets. Je dis avec le sourire.

Oh, la bonne voie, vraiment ? Le sourire charmeur remonte, en vient à manger les yeux du médecin absolument ravi du jeu du chat et de la souris. Il finit sa glace et son verre en toute tranquillité puis se lève à la proposition d’aller danser. Il est reposé, il respire normalement…. Oui, c’est le bon moment pour redescendre perdre tout ce beau calme.

- Je connais le meilleur coin de la piste aussi.

Rien que ça. Vako tend la main sans trop forcer, juste au cas où la jolie blonde voudrait la prendre pour traverser la foule de fêtards sans l’y perdre.

- Venez, je vous montre.

Et le voilà parti à naviguer dans la faune nocturne d’Espoir, très assuré comme l’habitué qu’il est. Il se permet même de sourire à droite, à gauche, de hocher la tête pour saluer parfois entre deux esquives de danseur trop absorbé par la musique.

J'attrape la main tendu et je me laisse guidé. On esquive les danseurs et on écoute la musique. Bon, connaît-il vraiment le meilleur coin de la piste ou c'était juste une façon de parler ? Oui, je sais, je me pose beaucoup de questions au lieu de juste me laisser aller, mais que voulez-vous ? Je suis ainsi. En tout cas, j'espère qui ne s'attend pas à ce que je sois une grande danseuse, il risquerait d'être déçu.

Il connait vraiment le meilleur coin de la piste.
Ou en tout cas celui qu’il estime être le meilleur, assez près de la foule pour pouvoir s’y mélanger, assez près d’un recoin de la salle pour pouvoir s’y réfugier si jamais il y en a besoin. On y entend bien la musique. On y sent bien l’air vibrer. Il y fait peut-être un peu chaud mais vu le sourire qu’il sort en se retournant vers Elena, ça ne le dérange absolument pas.
Il étend les bras, désigne leur petit bout de piste presque entier par ce mouvement, et penche la tête sur le côté. Alors ? semble-t-il demander sans même essayer de hurler par dessus le volume sonore étourdissant. On danse ? ont l’air d’ajouter ses sourcils levés accompagnés des premiers mouvements en rythme de tout son corps.
Il n’est pas danseur-étoile, il ne fera jamais les podiums des boîtes les plus en vue, mais il a l’air de savoir bouger, le sale môme beaucoup trop heureux du moment. La preuve, c’est qu’il ne rate pas le moindre battement des basses.

Il m'amène alors vers un coin qui en effet n'est pas trop mal. Lorsqu'il me fait signe, je commence moi aussi à danser. Je ne danse pas très bien, mais ça change rien, je me lâche, je suis là pour me détendre, pas pour être une grande danseuse.

Hé bien au moins Elena a l’air de s’amuser ! Comme par écho, c’est le médecin en goguette qui se déride un peu plus aussi, qui se laisse un peu plus porter par la musique et le moment.
Un peu par enthousiasme de la jeunesse, ou par courage, ou l’Unique seul sait quoi d’autre, il tente une ouverture vers sa compagne de danse. Le résultat est le suivant : il finit par se rapprocher de la jolie blonde, par tâcher de suivre ses mouvements. Il l’accompagne sans autre contact que son regard, mais il l’accompagne quand même.

Il tente de se rapprocher, je le laisse faire, je fais moi-même un petit pas vers lui, je souris et fais également un clin d’œil. Alors, va-t-il tenter d'aller plus loin ? En tout cas, ce n'est pas moi qui ferrai le premier pas, je vais le laissé faire.

Et oui, il tente ! Par la grâce d’un miracle, d’une conjonction planétaire, d’un élan quelconque, il fait un nouveau pas en avant. Il prend la forme d’une main posée légèrement sur la hanche d’Elena accompagnée d’un petit sourire interrogatif.
Il est prêt à s’éloigner à tout moment. Trop craintif pour les techniques de séduction plus rentre-dans-le-tas, trop méfiant pour ne pas partir du principe qu’il doit s’assurer qu’il ne traverse pas des limites qu’il ne connaîtrait pas, il préfère prendre son temps.

Il se lance ! Je ne l'arrête pas, je viens même poser une main sur la sienne quelques secondes, va-t-il comprendre mon invitation à continuer ou alors va-t-il faire marche arrière ?

... Faut vraiment que j'arrête de me poser des question et que je me laisse allez...

La main sur lui, elle veut dire “continue”, ou c’est pour “arrête” ? Il ne sait pas, il doute, se prend les pieds dans sa belle et fausse assurance, trébuche. Sa propre main s’éloigne de la hanche de la femme, son poids se décale sur sa jambe arrière pour lui rendre de l’espace. Ca ne l’empêche pas de continuer à danser, heureusement.

Il a failli trébucher, mais c'est rattrapé, néanmoins, ça fait qu'il m'a lâché, ce n'est pas grave, ça me fait sourire, il reviendra, je pense. En tout cas, pour m'amuser un peu, après qu'il ait failli tomber, tout en continuant moi aussi de danser, je me colle presque à lui et lui fait un bisou sur le front, ce qui m'oblige à me mettre sur la pointe des pieds, mais ce n'est pas grave, une fois ceci fait, je m'écarte aussi vite que je me suis approché et je lui fais un clin d’œil.

Oui mais non mais attendez mais… ! Il ne comprend plus grand-chose, le pauvre médecin, c’est évident. Il arrête de danser un instant pour juste dévisager Elena, les yeux grands ouverts, une question au bout des lèvres qui n’en tombe pas.
Le baiser sur son front était agréable.
Est-ce que ça veut dire que c’était un “continue” ?
Trop de questions qui commencent à tourner à l’anxiété. Ca va le manger. Ca va le dévorer tout cru jusqu’à ce qu’il ne puisse plus rien faire et ça ne sert à rien. Il ne va pas y céder. Il refuse. Voilà, c’est décidé : là, cette nuit, il ne va pas se laisser mettre à terre par ses propres pensées.
Le terrain laissé libre entre lui et la jolie blonde est regagné d’un pas qui les colle presque à nouveau, sa main retourne aux hanches qu’elle n’aurait pas dû quitter et il se penche pour poser un baiser joueur au bout du nez de la femme. C’est une technique comme une autre pour séduire, une qu’il aime beaucoup parce que moins envahissante, plus surprenante, plus respectueuse aussi que de juste coller ses lèvres sur celles des gens.
Et puis il aime juste bien les nez, aussi, voilà tout.