Que la Nuit soit [Elena]

Pas très subtil en effet, mais ce n'était pas bien grave à vrai dire. En fait, j'étais même plutôt ravi de cette proposition.

-Avec plaisir ! Je réponds souriante, avant de reprendre une boule pour me mettre en position et attendre mon "professeur".

Maintenant qu’il est lancé, Vako ne compte plus s’arrêter. Ses insécurités habituelles ne résistent pas très longtemps à sa bonne volonté et les craintes finissent par sembler bien inutiles lorsqu’il s’approche de la jolie blonde pour l’aider.
L’opération implique qu’il se glisse dans son dos, une main sur une de ses hanches, l’autre posée sur les doigts d’Elena.

- Redressez-vous un peu.

Ca lui permettra de mieux viser et, tout à fait sans arrière-pensée, d’être plus proche encore du torse du médecin.

- Tenez votre poignet droit.

L’instruction est cette fois accompagnée d’une légère caresse sur le dos de la main, et d’un petit sourire.

- Et lorsque vous vous penchez pour lancer, regardez toujours les quilles.

Il s'approche alors de moi. Son contact ne me gêne pas et ne me déplaît pas. Je suis toutes ses instructions et... Profite du contact, on va dire. Je reste une ou deux secondes sans bouger, puis je tente un lancé. Celui-ci est bien meilleur que mes deux premiers, mais pas parfait, enfin, c'est normal, la progression est lente.

Malheureusement, je dois par contre me libérer de son emprise pour faire mon deuxième lancé. Je me remets ensuite à ma place et lance la boule tout en suivant les instructions qu'il m'avait donné. Ma boule renverse les dernière quilles, c'est donc un spare. Je me retourne ensuite vers Vako et lui fait un petit bisou sur la joue.

-Merci !

Est-ce qu’il suffit de donner quelques conseils utiles pour obtenir un baiser ? Vako en doute un peu mais il ne refuse pas la récompense. Il ne refuserait pas non plus quelque chose d’un peu plus consistant, sauf qu’il serait extrêmement malpoli de le demander.

- De rien.

Ou alors, pourrait-il trouver un autre moyen de le faire...
Il y réfléchit en récupérant sa boule. Il y a bien une idée, une voie qui ne serait pas trop vulgaire, suffisamment joueuse pour être refusable. Le voilà donc face à Elena, légèrement frimeur, une petite lueur de défi dans le regard.

- Si mes conseils vous permettent de faire un strike, est-ce que je peux proposer un autre baiser ?

Il récupère sa boule, avant de venir face à moi et de me lancer... Un défi ? En tout cas, il frime un peu. Moi ? Je fais mine de réfléchir pendant de longues secondes, alors que connais la réponse que je vais lui donner depuis le début.

-D'accord ! Je finis par dire, souriante.

Je le laisse ensuite jouer son tour.

La réponse lui convient parfaitement. Il est, quelque part, persuadé qu’Elena gagne autant que lui dans cette histoire… Voire qu’elle a autant d’arrières-pensées que lui. Et ça ne le dérange pas.

- Parfait !

Et voilà Vako reparti vers la piste. Ses lancers sont une nouvelle fois corrects et lui offrent un spare très honorable. Il aurait bien sûr préféré un strike pour pouvoir s’en vanter mais on n’a pas toujours ce que l’on souhaite.

- Il y a par contre…, commence-t-il en s’appuyant sur le banc et en observant sa charmante adversaire de bowling, quelque chose dont je vais devoir vous parler. Mais peut-être pas lorsque vous avez une boule de la taille de mon crâne au bout des doigts.

Il serait tragique qu’il se la prenne au visage, n’est-ce pas ? Autant tourner la chose en plaisanterie.

Quand c'est mon tour, j'attrape ma boule, mais Vako m'interpelle, pour finalement me dire qu'il me dire ce qu'il a me dire après... Quoi ? Il y a un truc qui risque de m'énerver ? Enfin, je verrai bien.
Ce coup-ci, je ne fais même pas de spare, ne renversant qu'un total de 7 quilles.

Ceci fait, je reviens vers lui et le regarde, léger sourire aux lèvres et j'attends qu'il déballe son sac.

L’absence de boule de bowling à la main d’Elena est parfaitement rassurante. Très raisonnablement, il sait qu’elle peut lui faire mal à mains nues si ce qu’il compte lui dire lui déplaît, mais il ne peut s'empêcher de soupirer en la voyant revenir sans arme contondante potentielle.
Il ne lui reste plus qu’à trouver comment formuler la chose comme ça, à froid.

- Puisque je vous tourne autour depuis tout à l’heure…

Voilà qui est pas si mal. Un bon point pour l’entrée en matière.

- … et que j’ai l’impression que vous en faites de même, il faut que vous sachiez que…

Que comment diantre va-t-il continuer ? Il lui faut une seconde pour trouver ses mots, et c’est comme toujours une seconde qui semble durer des heures.

- Je suis un garçon plein de surprises et trans ?

Et voilà qui est fait. Maintenant il se tient prêt au pire et il attend de voir.

Je l'écoute attentivement, même s'il a l'air d'avoir du mal à se lancer. Aller, tu peux le faire... Il finit par me dire le fond de sa pensée et... Et je reste surprise pendant quelques secondes, avant de sourire et de me retenir de rire. C'était donc ça le problème ?

-C'est gentil de m'en informer, mais est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Tu fais ce que tu veux de ton corps. Puis je m'avance un peu pour lui chuchoter. Et puis, j'aime autant les filles que les garçons. Je lui fais ensuite un clin d'œil avant de m'éloigner à nouveau et de dire. Sinon, je crois que c'est à toi jouer non ? Et le défi tien toujours !

Est-ce que ça change quelque chose ? Oui. Ca ne devrait pas mais oui, et le soulagement qu’il ressent en entendant Elena lui dire que ça ne la dérange pas ne devrait pas exister lui non plus, ce qui ne l'empêche pas d’être présent.

- Les filles sont quand même plus jolies que les garçons.

La plaisanterie est un bon moyen d’évacuer un peu de la tension qui lui verrouille totalement le corps. Il fait un effort énorme pour la faire redescendre, se détendre un peu jusqu’à pouvoir arrêter d’avoir l’air d’un lapin pris dans des phares. Tout s’est bien passé après tout. Il n’a pas à rester prêt à fuir.
Non, il va plutôt se relever pour prendre sa boule de bowling et rouler des épaules pour se remettre dans le jeu.

- Je n’oublie pas le défi. Vous devriez bien observer mes gestes pour les imiter.

Ou pour se rincer l’oeil. Ou pour les deux à la fois, peu importe. Les deux sont possibles lorsque Vako prend soin de bien découper ses mouvements, de les rendre presque lents pour montrer exactement comment il fait un strike.
Il a un sourire confiant lorsqu’il revient vers le banc.

- Est-ce qu’il vous faudra une autre démonstration ?

Ho oui, je vais bien observer tes gestes... Et pas seulement... Une fois qu'il a fini et que de mon côté, j'ai bien "observé", je m'avance alors pour aller récupéré ma boule, et au passage, je lui fais une tape sur les fesses.

-Nous verrons bien ! C'était peut-être un peu osé, mais j'avais envie.

Je me prépare alors à tirer, je me concentre, je n'ai pas envie de louper. Je finis par me décider, tentant de mettre en application ce que m'a montré Vako... Et... STRIKE !!!

C’est une victoire. C’en est une pour Elena, une assez différente pour le médecin qui suit le trajet de la balle comme un oiseau de proie suivrait un pauvre rongeur. Lorsqu’il voit toutes les quilles se faire renverser, il se laisse aller à une joie triomphante qui le pousse à se lever pour féliciter la jeune femme.
La suite logique est de la prendre dans ses bras, la soulever légèrement sans trop de difficulté, et venir chercher le baiser promis en échange de ses démonstrations. C’est exactement ce qu’il fait.

YEESSSSS J'ai réussi, je me retourne juste à temps pour avoir la surprise de voir Vako venir me prendre dans ses bras et me soulever. Il veut son baiser le coquin, hé bien, il ne va pas être déçu ! Je lui fais le baiser sur ses lèvres... Et s'il semble enclin, je continue en passant mes bras derrière son cou et je commence à l’embrasser. On se tourne autour depuis le début, et même si on se rapproche petit à petit, il faut peut-être un peu accélérer les choses non ?

Ce n’est pas Vako qui va dire non à l’accélération du mouvement. S’il faut se fier au sourire en coin noyé dans l’action, c’est même l’inverse : il est parfaitement partant. Pour le baiser, pour le rendre beaucoup moins chaste, pour extrèmement gentiment mordiller la lèvre inférieure d’Elena. Peut-être que lui aussi s’est lassé de leurs tentatives maladroites de rapprochement et qu’il s’enhardit.

- Je détache vos cheveux, ou pas encore ?

La question tombe alors qu’il reprend un peu son souffle, avec une petite modulation joueuse de la voix.

Il me suit et c'est tant mieux, je pense que je profite de l’instant autant que lui...

-C'est toi qui vois... Mais tu ne préférais pas un endroit plus intime pour ça ?

Ses sourcils se lèvent d’étonnement ravi.

- Est-ce une invitation ?

Vako se fiche bien d’être au milieu d’un bowling, des parties restantes, des regards éventuels des autres. Ou même de l’éventuel non de la jolie blonde dans ses bras. Il est beaucoup trop bien lancé, beaucoup trop loin de ses angoisses habituelles, pour redescendre de suite.

-Oui... Je lâche presque dans un murmure. Je me demande comment ça va tourner, mais je pense que ça ne peut qu'aller dans un sens des plus sympathique.

L’effet principal de la réponse d’Elena semble être le sourire ravi de son partenaire de danse-puis-bowling-puis… Quelque chose, autre chose, il ne sait pas encore quoi. Il est trop occupé à décider ce qu’il peut proposer ensuite. Différentes options sont considérées avant que Vako ne se décide pour la plus simple.

- J’habite à une distance raisonnable d’ici, si ça vous convient.

Il suffira de prier rapidement pour éviter de croiser Aldéric dans le couloir...

Je ne vais pas l'amener chez moi et je n'ai pas spécialement envie de devoir payer une chambre d’hôtel, alors sa proposition me convient parfaitement.

-Allons-y alors.

Il n’y a donc plus qu’à sortir du bâtiment après avoir reposé les chaussures hideuses et à se mettre en marche, n’est-ce pas ? Ce ne devrait pas être très compliqué ou très long. Il suffit d’enlever les chaussures, remettre la légère veste qui lui couvrait les épaules, et voilà que Vako tend son bras à sa blonde conquête pour l’accompagner jusque chez lui.
Ce n’est vraiment pas loin, surtout pas alors que la nuit est encore belle et l’air agréablement frais pour contraster avec la peau chaude d’Elena près de lui. C’est comme si le monde entier s’était aligné pour rendre le trajet particulièrement appréciable, au point où l’anticipation -ou un courant d’air un peu plus froid ?- tire d’imperceptibles frissons au médecin lorsqu’il se détache de la femme près de lui pour ouvrir en silence la porte de chez lui.
Ou de chez Aldéric, plus exactement, mais la nuance n’est guère importante.

- Je vous en prie.

Fait-il en ouvrant le passage à Elena comme un gentleman pour lui permettre d’entrer dans le vestibule. Ce n’est pas parce qu’il a envie de lui sauter dessus qu’il va se comporter comme un malappris. Il est mieux éduqué que ça.

Nous sortons donc du bâtiment, c'est quand même dommage de ne pas avoir fini la partie, ça fait de l'argent gâché, mais ce n'est pas bien grave. Vako me tend son bras, j'hésite une seconde, mais je finis par l’attraper. Il me mène donc chez lui et m'ouvre la porte, il fait ça comme un gentleman par ailleurs, ce qui me tire un sourire pendant que j'entre.

J'attends ensuite qu'il entre à son tour, après je ne connais pas cette maison qui est bien silencieuse d'ailleurs.

- Les escaliers à droite, souffle-t-il.

En un instant, Vako a enlevé ses chaussures et est venu prendre la main de sa conquête -peut-il dire ça ? Il décide que oui- de la soirée dans les siennes. Un petit air joueur fleurit sur ses traits, les réchauffe, alors qu’il entrecroise leurs doigts.

- Je vous débarrasse de votre élastique à cheveux maintenant ?

-Si tu t'en sens capable. Je lui dis avec un sourire en coin. J'ai décidé de le laisser contrôler la situation pour le moment.

- Je pense l’être.

Que pourrait bien lui faire un élastique ? Très peu de choses. Et Elena est plus petite que lui -de quelques centimètres au plus-, il n’y aura pas d’étrange moment de flottement dédié à la logistique. Vako n’a qu’à se hausser un peu sur ses pointes de pieds et à tendre la main.
C’est très doux, la manière qu’il a de défaire la coiffure de sa conquête. C’est ces gestes précis de celui qui évite de tirer, qui a l’habitude de manipuler ses patients en lui infligeant le minimum d’inconfort et qui ne perd pas sa dextérité.
C’est aussi un peu plus osé, cette façon qu’il a de se presser tout contre le dos de la jolie blonde, de passer ses doigts dans ses cheveux ou de venir lui embrasser chaudement le cou.
Il ne faudrait pas oublier pourquoi il l’a faite venir chez lui.

Il y va de ses mains expertes et moi, je me laisse faire, j'aime bien laisser les autres prendre les choses en main pour ce genre de chose. En tout cas, je ne risque pas d'oublier pourquoi je suis là. Je me presse un plus contre lui et je tourne tout de même la tête pour tenter de l’embrasser.

Il n’y a pas tellement de raison de refuser à Elena son baiser, aussi ne le fait-il pas. Il se penche un peu mieux, se rend un peu plus facile à atteindre, et pose ses mains sur les hanches de la jeune femme.
C’est plus facile pour tranquillement la faire avancer vers les escaliers tout en restant dans son dos. Et non, il ne va pas commencer à faire voler des vêtements dans les escaliers, il sait parfaitement qu’ils risquent de vivre un moment embarrassant si son père apparaît dans le couloir. Ce qui lui rappelle qu’ils devraient monter ces stupides escaliers et profiter du fait que sa chambre possède une porte et des murs épais.
Il se détache donc à regret pour monter la première marche. Ce sera bien plus facile s’ils ne sont pas occupés à mettre des mains dans des vêtements, n’est-ce pas ?

- Est-ce que vous venez ?

Vako, tu es beaucoup trop poli, gros.