The end of the dream [Gaël & Raedhun]

On rit, ensemble, et j'ai l'impression qu'il y a plus rien d'autre qui importe, qu'on retrouve notre complicité, comme si la discussion trop sérieuse qu'on vient d'avoir n'avait jamais eu lieu. Quand il me serre dans ses bras, que j'ai arrêté de rire, je ferme les yeux et je profite de son odeur. Putain ce qu'il m'a manqué.

- Ferme-la, imbécile, que je murmure.

Et puis il me fait sa promesse et, comme une vieille habitude qui me rend nostalgique, je viens tracer une croix au niveau de mon coeur, pour signifier que j'oublierai pas sa promesse. Et il vient m'embrasser, et j'oublie même qu'y a pas deux minutes, j'étais en train de dégueuler. Je passe mes mains autour de son cou, là où Waalan me laisse de la place, et je m'accroche à lui. Putain, que d'émotions. J'sais pas comment je vais tenir pour le reste de la journée. Et puis j'me décolle légèrement de lui, sans partir de ses bras.

- Et si on allait au sec avant de chopper la mort ? La pluie c'est romantique et tout le bordel, mais putain, ça mouille et c'est froid.

En plus, mes vêtements sont complètement collés à ma peau à cause de l'eau. Va falloir que je me change.

Il rit de nouveau puis l'embrasse de plus belle. L'embrasser maintenant, c'est un peu comme prendre enfin une bouffée d'air après avoir retenu son souffle trop longtemps sous l'eau. Ça fait mal et tellement de bien à la fois. C'est viscéral et tout le corps en réclame plus, oblitérant tout le reste. Comment est-ce qu'il a pu croire qu'il pourrait s'en passer, franchement ? Raedhun finit néanmoins par se décoller de lui et il la laisse faire à regret. Honnêtement, il se contre fou de la pluie, du froid et de tout le reste là maintenant, mais il doit bien avouer qu'elle a raison. Se rendre malade ne serait pas très intelligent, surtout qu'ils sont encore tout près de la taverne et donc d'une option facile pour retourner au sec.

"Tu veux qu'on retourne à la taverne? L'étage au-dessus est une auberge, j'y ai une chambre pour mon séjour ici."

Il réalise avec un temps de retard que sa formulation peut avoir l'air d'une invitation pour autre chose que se mettre au sec tranquillement, et il tire une grimace. Ce n'est pas comme s'ils n'avaient jamais couché ensemble, mais au vu des circonstances, il ignore encore comment les choses se passeront entre eux maintenant. Voudra-t-elle y aller lentement? Reforger leur amitié mise à mal par les dernières semaines avant quoi que ce soit d'autre? Bon sang, il a du mal à croire qu'il en est à ces réflexions, c'est irréel...

"Ou peu importe en fait. Où tu veux."

Le froid de la pluie me colle des frissons jusqu'à l'âme. A moins que ce ne soit son rire qui me fait cet effet-là. L'alcool est toujours là, même si je suis un peu redescendue. J'ai pas toutes mes capacités pour bien réfléchir, mais la perspective d'un moment avec lui, dans le calme d'une chambre, m'enchante particulièrement. L'issue de tout cela n'est, en revanche, pas importante. Il a effacé toutes mes craintes, et surtout celles dont je ne voulais pas entendre parler. Beaucoup reviendront lorsque je me réveillerai de ce doux rêve dans lequel je m'enfonce. Mais pour l'heure, je ne veux penser qu'à lui.

- Ta chambre ira très bien. Faudrait que j'bouffe un truc.

J'aurais pas proposé la mienne, de toutes façons. J'ai pas envie qu'il voit mes affaires et qu'il me pose des questions sur ce soir, et les autres soirées prévues. J'ai pas envie qu'on ait ce genre de discussions. Et j'ai encore moins envie qu'on se retrouve en public, sous le regard de gens qui pourraient penser qu'on est un couple normal. Surtout que j'ai pas mon alliance. Alors je m'approche de lui, et je lui prend la main. Un geste à la con, mais qui me fait un bien fou. Alors j'marque une hésitation à la con.

- Est-ce que j'suis en train de pioncer, Diaz ?

Et j'me rends compte que je me suis accrochée à son bras avec mes deux mains, comme si j'avais une peur folle qu'il s'en aille. Merde. Merde.

Il lui sourit en l'entrainant de nouveau vers la taverne, une Querida particulièrement perplexe de la scène à laquelle elle vient d'assister sur les talons.

"Ouai, faut qu'tu bouffes, et ça tombe bien ils ont un bon cuisiner. On pourra te faire monter quelque chose."

Elle lui prend alors la main et il marque un instant d'hésitation. Il n'a pas tenu la main de quelqu'un comme ça depuis des années, et l'effet lui est étrange. Pas désagréable, au contraire. Mais définitivement, il en a perdu l'habitude. Il n'a néanmoins pas le temps de se pencher davantage sur la question ou ce que ce geste si simple et anodin provoque comme cascades d'émotions et de souvenirs en lui qu'elle lui sort une réplique qui lui arrache de nouveau un fou rire.

"Nan, j'te rassure, c'pas un rêve. À moins qu'moi aussi j'hallucine tout ça en dormant et que Querida me bave abondamment dessus, ce qui expliquerait la flotte."

Ils arrivent rapidement devant l'établissement et Gaël mène Raedhun par un escalier extérieur jusqu'à l'étage. À l'intérieur, un simple couloir avec six portes. Gaël les fait alors entrer dans sa chambre, refermant la porte derrière lui, et prend aussitôt la direction de la salle de bain pour en ressortir avec deux grandes serviettes. Il en donne une à Raedhun puis s'emploie à essorer ses cheveux bruns dégoulinants de pluie.

" a mon HCom sur la table juste là, si tu veux commander un truc. Leur plat du jour est généralement sympa."

Je reste accrochée à lui, mais je fixe Querida. Elle me regarde elle aussi. Elle est intelligente, c'te bête là. Au moins autant que Waal, qui a retrouvé son perchoir sécuritaire sur moi. Merde c'qu'elle est lourde.

- Tu baves, toi, Querida ? Entre nous, j'suis sûre que c'est ton maître qui bave quand il dort, et il te fait porter la chandelle. Mais t'inquiètes, j'suis pas dupe.

Je jette un regard malicieux à Diaz, et puis on arrive déjà à l'auberge, et surtout, au sec. Sa chambre est pas très grande, mais c'est confortable, et j'suis bien contente quand il apporte les serviettes. Alors, sans le moindre complexe, j'me déshabille - après avoir déposé Waalan sur le sol (c'est qu'elle me siffle dessus, en plus). T'façons, mes fringues sont tellement mouillées que j'peux pas espérer me sécher en les gardant sur moi. J'me retrouve rapidement presque à poil, avec juste mon tanga en dentelles. J'm'enroule quand même dans la serviette, et j'essores mes cheveux, avant de les rattacher sur le sommet de mon crâne. Puis, je choppe le h-com de Gaël et je m'installe sur le lit en poussant un soupire de soulagement.

- Ok, j'vais prendre le risque de te faire confiance, Diaz. J'te préviens, j'deviens difficile quand c'est pas ma cuisine. J'te commande un truc ?

Sans lâcher l'engin, je l'abaisse un instant.

- Au fait, Diaz... T'étais avec un type avant que j'arrive. J'espère que c'était pas un rendez-vous galant.

Gaël marque un temps d'arrêt en la voyant retirer ses vêtements, et ses yeux ne peuvent faire autrement que d'admirer son corps quelques longues secondes. Il l'a déjà vue nue, mais il a un peu l'impression de la redécouvrir. De toute façon, il doute fort que ce soit possible qu'il se lasse de la regarder. L'impérial finit néanmoins par se détourner afin de se dévêtir lui aussi. Il enfile aussitôt un nouveau jean sec, puis revient vers Raedhun en lui tendant l'une de ses chemises. Un bleu.

"C'est pas à ta taille, mais si tu veux en attendant que tes vêtements sèchent..."

Il va ensuite ramasser leurs vêtements trempés et les mettre dans le mini sèche-linge de la chambre. Ce n'est pas un appareil de grand luxe, et ça prendra un moment avant qu'ils soient portables de nouveau, mais c'est mieux que de les laisser en boules mouillées sur le parquet.

"Prend moi la même chose, j'ai pas déjeuner non plus."

Sa question suivante le fait pouffer de rire.

"Si c'était un rendez-vous galant, il va avoir de quoi être particulièrement jaloux maintenant... Non, en fait, c'est l'propriétaire de l'endroit. J'le connais depuis longtemps, c'est un ami."

Gaël prend place sur le lit, qui au le meuble principal de la petite pièce, et se laisse tomber sur le dos. Il tend alors les doigts, et après un bref moment d'hésitation, vient effleurer la peau nue du dos de la blonde tout en guettant ses réactions.

J'attrape la chemise qu'il me tend en le remerciant vaguement, et j'la pose à côté de moi sur le lit, trop occupée à commander à bouffer pour l'enfiler pour le moment. C'que j'peux avoir faim... Je le regarde quelques secondes avant de finaliser la commande et de poser le h-com sur la table de nuit. Ce s'rait con que j'lui pète.

- Ah, ouais. J'vois que Monsieur a des contacts. J'suis presque plus embarrassée d'avoir coupé ton moment avec ton ami que si ça avait été ton amoureux caché.

Alors, je sens à nouveau ses doigts sur ma peau, et je frisonne. Putain, c'était pas la pluie qui me faisait cet effet-là, alors. Je le regarde, et à mon tour, j'viens caresser son visage, en admirant ses traits. Ca me met du baume au coeur, de le voir là. J'ai presque l'impression qu'j'avais arrêté de respirer depuis la dernière fois qu'on s'était quittés. Mais au bout de quelques secondes, j'me lève, la serviette toujours enroulée autour de moi, et la chemise dans une main.

J'me dirige vers la salle de bain, pour me rincer la bouche, et je lance :

- Au fait Diaz, t'es jaloux, toi, comme type ?

J'me rince la bouche et puis j'enfile la chemise qu'il m'a filé. Elle est effectivement trop grande, mais j'crois qu'elle me va pas si mal. Avec toujours ce même air malicieux, j'prends la pose devant lui, de façon un peu exagéré.

- T'en penses quoi ? Sexy, nan ?

"T'as pas idée. On traine pas pendant vingt ans entre Salem et Tortuga sans s'faire quelques amis bien placés au passage."

Il lui renvoie un regard espiègle et, lorsqu'il voit qu'elle semble apprécier ses caresses, se permet d'explorer sa peau davantage. Elle se relève rapidement néanmoins, et Gaël la suit des yeux. Lorsqu'elle disparaît dans la salle de bain, il se passer les deux mains dans le visage, comme pour se réveiller. Elle est là, avec lui, dans sa minuscule chambre de motel, alors qu'à peine une heure plus tôt, il croyait peut-être ne plus jamais pouvoir la voir. Sa question le surprend ensuite par sa soudaineté.

"Hem... j'en sais rien. J'crois pas? Ça fait longtemps qu'j'ai pas eu l'occasion d'être jaloux."

Il réfléchit un peu, avec l'impression d'avancer sur un chemin dangereusement glissant, avant d'ajouter :

"Non, vraiment, j'crois pas être jaloux. Par contre, en couple, j'suis pas du genre à apprécier qu'on aille voir ailleurs. Après, ça dépend de ce qu'on est pour l'autre et des promesses qu'on se fait."

Après tout, il vient un peu de sauter à pieds joints dans la position d'amant d'une femme mariée. Pour la jalousie, on repassera. Et pour ce qui est de ses autres amants, il préfère ne pas y penser pour l'instant. Raedhun ressort alors de la salle de bain, et l'expression qui se dessine sur les traits de Gaël vaut toutes les réponses du monde.

"Faudrait être aveugle pour pas te trouver sexy là-dedans, Rae."

- Ah, c'pas moi qui vais te contredire là-dessus, Diaz.

J'lui fais un clin d'oeil entendu. Et puis j'suis amusée par sa réaction à ma question. J'avais pas pour but de le piéger ou de le surprendre réellement. Par contre, ça m'intéresse de savoir dans quoi j'ai foutu les pieds. Histoire de voir à quel point j'me suis encore mise dans la merde, et de prévoir à quel point ça va chauffer quand il va apprendre pour les soirées et le reste. Parce qu'étrangement, j'doute pas la moindre seconde qu'il saura un jour.

- Vaste question, hein ?

C'est nul comme phrase, mais c'est un peu le seul moyen que je trouve pour pas entrer dans les détails du sujet. J'ai pas envie de parler de ça avec lui. Pas maintenant. Et puis la chemise me sauve un peu la mise. Le regard brillant, je m'approche du lit, et je me mets à califourchon sur lui, en caressant sa joue du bout des doigts.

- Avoue, tu l'as fait exprès, Diaz.

Et je me penche sur lui en disant ça, tant et si bien que nos visages sont presque collés l'un à l'autre et que je sens son souffle sur ma peau. J'sens à nouveau mon coeur s'emballer dans ma poitrine. Je frôle sa joue avec la mienne, jusqu'à ce que mes lèvres soient proches de son oreille.

- J'suis sûre que tu m'as filé cette chemise exprès pour pouvoir te rincer l'oeil, que je murmure.

Vaste question, oui. Un peu trop. Qu'est-ce qu'elle a voulu savoir exactement? Et pourquoi maintenant? Certes, ils devront discuter de ce genre de choses tôt ou tard, et il n'y a surement pas de bons moments pour le faire, mais vraiment? Maintenant? Gaël tire une grimace pour seule réponse, mais celle-ci s'efface presque aussitôt alors que Raedhun vient vers lui pour prendre place sur ses genoux. La blonde n'a apparemment pas envie de creuser davantage la question, et toutes celles de Gaël s'envolent en un instant. À son contact, il a aussitôt le souffle court et ses mains viennent se poser sur ses hanches sans qu'il se souvienne leur avoir demandé de le faire. Son souffle effleure sa peau alors que son coeur s'emballe de nouveau, et il ferme les yeux alors que les mots qu'elle lui murmure à l'oreille le font frissonner. Il pousse un petit grognement de plaisir avant de répondre d'une voix grave :

"Tu m'en voudrais si c'était le cas?"

Il n'y tient alors plus et ses lèvres viennent trouver la peau de sa nuque avec avidité. Il embrasse sa peau si douce, à l'odeur si unique qui le hante dans ses rêves depuis des semaines, remontant enfin jusqu'à ses lèvres. Ses mains se perdent dans sa chevelure claire et, le souffle court, il cesse un bref instant de l'embrasser pour murmurer :

"Bon sang, Rae, tu m'as manquée."

J'fais mine de réfléchir, les yeux légèrement plissés, les sourcils froncés, une moue pensive, prête à lui sortir une autre de mes répliques cinglantes, mais là, ses lèvres trouvent ma peau, et j'oublie ce que je voulais dire. Je ferme les yeux, j'passe une main dans ses cheveux pour l'attirer contre moi. Et puis comme la première fois, j'me sens légère, et j'ai l'impression que tout le poids sur mes épaules s'envole.

Nos souffles se mêlent et cette fois, j'me promets que j'vais vraiment plus le lâcher. J'ai jamais connu ça, avant. A part avec Rob', et encore, c'était différent. Cette impression d'avoir besoin de quelqu'un pour avancer, pour respirer, pour vivre. Ce besoin transcendant d'être à ses côtés et cette impression que le monde est un peu moins laid quand on est avec lui.

- Y a pas une heure, tu voulais m'rayer de ta vie Diaz. T'es conscient de que là, t'es plus crédible ? T'aurais pas tenu trois jours sans moi.

J'dis ça sur le ton de la plaisanterie, en caressant son visage du bout des doigts. Son front, sa joue, ses lèvres... Ses lèvres, encore.

- J'crois qu'tu m'as manqué aussi... Gaël.

Et doucement, j'vais poser mes lèvres sur les siennes, une main sur son torse, l'autre toujours agrippée à ses cheveux. J'me rends compte que ça pourrait facile déraper, là. Mais à ce moment-là, on toque à la porte pour la bouffe. Alors, à regret, je m'arrache à lui et je me lève.

Lorsqu'elle lui rappel qu'il a voulu et tenter de disparaître de sa vie, Gaël la regarde comme si elle était la seule autre personne au monde, une ombre de tristesse au fond de ses yeux sombres.

"C'est jamais ce que j'ai voulu. C'était... ce que je croyais que je devais faire."

Il caresse doucement sa joue des doigts, se perdant dans le vert de ses yeux jusqu'à ce qu'elle vienne l'embrasser.  Rapidement néanmoins, avant qu'il n'ait pu perdre entièrement la tête dans ses bras, on toque à la porte. Le brun pousse un grognement de mécontentement, mais se lève lui aussi et va ouvrir au même serveur qui leur a apporté à boire plus tôt, dans la taverne. Il remarque l'expression de surprise de ce dernier de le voir torse nu, mais Gaël se contente de lui sourire en prenant les plats et de le remercier avant qu'il n'ait pu jeter un regard à l'intérieur de la pièce pour découvrir Raedhun vêtue de l'autre moitié de ses vêtements. Elle n'a surement pas besoin que des rumeurs se répandent à propos d'eux deux. Gaël ferme donc la porte et revient vers le lit avec leur commande pour déclarer avec un sourire amusé :

"Le dîner de madame est servi. Au menu aujourd'hui..."

Il soulève la cloche couvrant son assiette et a une moue appréciatrice.

"... pâtes carbonara. Pas mal."

J'réponds rien à ce qui me dit. J'suis pas plus convaincue que ça. J'sais qu'il a pas pu entièrement changer d'avis. Pas en si peu de temps. Mais la bouffe arrive et chasse définitivement toutes autres pensées de ma tête. Mon ventre gargouille.

- Si je re-dégueule, ce sera pas ma faute.

En fait, ce sera la faute de personne. La crème avec l'alcool... Bon. Mais au moins, les pâtes, ça absorbe bien. Je m'installe, en remontant ses manches pour pas les tacher, et je hume l'odeur qui se dégage du plat, avec ma tête de pseudo-critique gastronomique.

- Au fait Diaz, t'es dans le coin jusqu'à quand ?

Simple curiosité qui n'en est pas vraiment une. J'sais pas si j'ai plus envie qu'il me dise qu'il doit partir aujourd'hui ou qu'il reste un moment. Un peu des deux, très certainement, et pour des raisons très différentes. Je prends ma fourchette et je la remplis. Je regarde, je sens à nouveau, avant de le mettre dans ma bouche.

- Pâtes fraiches, cuites juste comme il faut. Oeufs tout aussi frais, sans doute bio. Mmh. Le lard, en revanche...

Je prends une autre bouchée et prend le temps de mâcher.

- Le fromage a un peu vieilli, mais ça se marie bien avec... Avec l'huile d'olive, le poivre et les herbes.

J'hoche finalement la tête.

- Pas si mal.

Et puis je me rends compte de ce que je viens de faire et je regarde Gaël.

- Hum. Pardon. Déformation pro.

Gaël s'installe sur le lit, face à la belle, et commence à manger. Le gout est agréable et c'est tout ce qu'il lui faut pour être satisfait de la commande. L'experte culinaire, entre eux, c'est définitivement Raedhun.

D'ailleurs, le brun allait répondre à sa question, mais cette dernière se lance alors dans l'examen approfondi de son plat et Gaël retient sa réponse. Il l'écoute parler avec sérieux et passion, un sourire amusé et laissant voir l'affection qu'il a pour elle étirant le coin de ses lèvres. Il aime la voir ainsi, emporté par sa passion au point d'en oublier ce qui l'entoure. C'st dans ces moments-là qu'il la trouve la plus belle, d'ailleurs.

Lorsqu'elle termine son analyse pour s'excuse pour son petit monologue, le sourire de Gaël s'élargit un peu plus et il secoue la tête à la négative.

"T'excuse pas. Tu sais qu'j'aime tes déformations professionnelles."

Il prend une nouvelle bouchée, tentant de repérer les détails qu'a soulevés Raedhun, et apprécie alors mieux les subtilités et les saveurs du plat. Elle lui fait voir des choses qui lui étaient invisibles, et l'analogie sur leur relation est particulièrement appropriée.

"Pour répondre à ta question, j'repars sur Tortuga dans un peu moins de deux semaines, normalement. Et toi? J'imagine que tu quitte pas le Crust pour bien longtemps?"

Quand il me dit qu'il aime mes déformations pro', ça me fait un truc. Là, au niveau du coeur. Ca m'arracherait presque un sourire. Presque. Pour étouffer tout ça, j'reprends une bouchée, et j'apprécie les saveurs qui explosent dans ma bouche. J'ai toujours eu un goût assez développé, et c'est pour ça qu'j'aime bien faire de la cuisine un peu sophistiquée. Ici, c'est simple, mais pas désagréable. Ca change de d'habitude, et le changement, ça fait jamais de mal non plus.

Et je profite du fait qu'il ait répondu à ma question pour me faufiler dans la brèche. J'suis contente de c'qu'il m'annonce. Parce que ça veut dire que tout le temps que je vais passer ici ou presque, il sera là aussi. Et la perspective de pouvoir le retrouver de temps en temps, ça diffuse une putain de chaleur vraiment agréable dans ma poitrine. P't'être que ces deux semaines vont être moins dures que d'habitude.

- Habituellement, j'pars pour quelques jours max. Là, j'me prends au moins deux semaines de congés. Y a Rob et les autres qui gèrent en mon absence. J'ai besoin de prendre l'air.

Semi-mensonge, ou semi-vérité. C'est pas vraiment des congés que je prends. En partie, parce qu'on va pouvoir profiter de l'air, de la nature, de la terre et tout le bordel. Et j'vais aussi pouvoir me retrouver un peu seule. Je fixe Gaël. Peut-être pas si seule que ça, en fait...

- Si t'as un peu d'temps, on pourra se voir un peu.

Il est étrange, après toutes ces semaines à sans cesse se faire violence pour l'éviter et réprimer son envie de la voir, de pouvoir être heureux à la perspective de tant de jours où il pourrait potentiellement être avec elle. La prudence et son instinct lui hurlent, quelque part au fond de sa tête, qu'il ne doit pas se laisser tomber ainsi dans le vide, mais il est trop tard. Ses pieds ne touchent déjà plus terre et il n'est pas certain d'avoir pris le temps d'attraper un parachute avant de sauter.

"J'devrais pouvoir trouver quelques minutes ici et là..."

Gaël dissimule son sourire moqueur derrière une bouchée de pâtes, son ton laissant clairement deviner à la blonde que ses paroles sont un euphémisme. Si ça n'en tenait qu'à lui, il verrouillerait la porte de sa chambre d’hôtel pour des jours entiers, non pas pour la retenir, mais bien pour empêcher l'extérieur de venir les envahir et les séparer de nouveau. C'est déraisonnable et surtout dangereux, alors il ajoute simplement :

"Tu sais où me trouver."

L'impérial prend quelques nouvelles bouchées, savourant son repas avant qu'il ne refroidisse.

"T'as des trucs de prévus, pour prendre l'air?"

Il est pas trop difficile à convaincre, et même son sourire m'avoue volontiers qu'il a aussi envie que moi qu'on puisse se voir. Tant mieux, ou tant pis. J'ai pas encore décidé de ce que je dois penser de tout ça. Pas du bien, ouais. Et en même temps, merde, j'ai pas envie de penser que ça pourrait être mal. De toutes façons, durant les deux prochaines semaines, j'suis occupée presque tous les soirs, alors ça réduit de beaucoup nos possibles nuits passées ensemble. J'suppose qu'il est occupé plutôt en journée, lui. J'tenterais quand même ma chance et on verra bien ce que ça donnera.

- Méfie-toi, si tu me donnes ton autorisation, j'vais débarquer à n'importe quelle heure du jour et de la nuit.

J'le dis sur le ton de la plaisanterie, avec mon ironie habituelle mais sans sourire. J'ai pas envie de sourire. En vérité, ça cache des questions sous-jacentes. Savoir ses heures de disponibilités, savoir aussi s'il préfère que je lui foute la paix quand je termine à quatre, cinq ou six heure du mat'. Enfin, j'dis ça mais parfois, ça se prolonge jusqu'à ce que le soleil brille bien dans le ciel. On peut jamais prévoir.

- Ouais, quelques trucs.

Je lui réponds rien d'autre. De toutes façons, j'ai pas envie de m'attarder sur le sujet, et j'ai envie ni de lui mentir, ni de lui dire la vérité. Situation un peu difficile, hein. Surtout que c'est pas hyper convaincant comme réponse. Faut qu'il fasse avec.

Joueur et d'un air de défi, il relève un sourcil vers elle devant son ton ironique habituel.

"Mmmph. C'est pas avec ça qu'tu vas réussir à m'faire peur, Van Haten."

Ou une autre façon de lui dire qu'elle peut en effet débarquer quand elle veut. Le pire qui pourrait arriver, c'est qu'il ne soit pas là, mais comme ses obligations le tiennent surtout occupé avec les clients du bar à l'étage inférieur ou des alentours, ça ne devrait pas être trop fréquent. Il devra bien faire un tour à un moment sur Alegria pour son remettre son rapport à un officier des FF.UC, mais il peut reporter ça pour la toute fin de son séjour.

Comme Raedhun ne précise rien sur les activités qu'elle a de prévu, Gaël reste curieux, mais n'insiste pas. Elle ne lui doit rien, même maintenant, et il est bien placé pour savoir apprécier la discrétion. Il se contente donc de continuer à manger ses pâtes, puis siffle Querida et lui offre la dernière portion de son assiette en la déposant au sol. Ce n'est pas son met favoris, ni nécessairement le plus sain pour un animal qui soit, mais les Atikayas peuvent avaler à peu près n'importe quoi sans problème.

"T'as pris une chambre dans le coin, j'imagine?"

Il comprend bien ma question muette, et j'me contente d'un regard amusé comme toute réponse. Je pose mon assiette pas terminée sur la table de chevet. J'ai plus faim, de toutes façons. J'ai encore le ventre noué par cette soirée à laquelle j'ai pas la moindre foutue envie d'aller. J'sais que ça ira une fois que j'y serai, mais pour l'instant, j'veux juste être avec ce type-là.

Je sors de quoi nous rouler des joints, et puis je m'approche de lui et je pose ma tête sur son épaule. J'pourrais rester là pour toujours, sans jamais éprouver la putain d'envie d'm'en aller d'ici. Je commence à rouler, et puis j'lui en fais un pour lui et un pour moi.

- Ouais, j'ai une chambre dans un hôtel bourge pas super loin d'ici. J'te rappelle que j'ai des goûts de luxe.

Et puis je lui tends son joint. Il est tôt pour commencer à se droguer, mais j'ai bien envie de dire que j'arrête jamais vraiment. C'est même devenu un réflexe plus qu'une réelle nécessité dans beaucoup trop de cas. D'habitude, j'me fais même pas ce genre de réflexions. Mais bon, dans les soirées auxquelles j'vais devoir me pointer, la drogue, ça circule bien.

- T'as du feu ? J'sais jamais où je fous le mien, c'est une maladie.

Lorsqu'elle vient poser la tête sur son épaule, Gaël vient déposer un baiser sur le dessus de ses cheveux, en appréciant l'odeur délicate au passage comme un parfum réconfortant. Puis, toujours avec toujours un vague sourire moqueur et amusé flottant sur ses lèvres, rétorque :

"Ouai, j'm'en doutais. C'est à se demander ce que tu peux bien m'trouver d'intéressant."

Parce qu'à côté d'elle, il est le cliché du pirate sans le sou. En réalité, il n'est pourtant pas très loin de posséder une petite fortune, merci à 30 ans de services militaires sans pratiquement touché à sa paye. Mais même sans ce petit détail secret, Gaël n'est pas le genre de type qu'on associe au luxe. Sobre et simple, à la limite du rustre, son habitat naturel se compose de tavernes mal fréquentées et de mess de frégates pirates.

Il attrape ensuite le joint qu'elle lui tend puis se met à fouiller dans la poche arrière de son jean. Il en ressort son briquet, l'allume et lui présente la flamme afin qu'elle puisse allumer sa cigarette en premier. Contrairement à elle, il ne se fait même pas de réflexion sur l'heure. Les Feuilles d'Yawët ont depuis longtemps cessé d'être une consommation occasionnelle pour lui. Lorsque leurs deux joints sont allumés, il se laisse tomber sur le dos sur le lit en prenant soin d’entraîner Raedhun avec lui. La serrant ensuite contre lui d'un bras, il lâche :

"J'sais toujours pas très bien c'qu'on fait, mais ça aussi ça m'a manqué."

Sa remarque me tire une légère grimace. J'lui trouve tellement à ce type, que j'sais même pas si je serais foutue de faire une liste. Merde, j'suis pas mariée à n'importe qui, alors si c'était un type banal et sans reliefs, j'l'aurais probablement même pas remarqué.

- Ouais, j'me demande aussi.

J'fais mine de réfléchir, et je laisse volontairement un silence plutôt long. Ca lui apprendra à se foutre de moi, tiens.

- Voyons voir. J'ai des goûts de luxe, j'aime bien les trucs exotiques. Tu sais, les machins un peu étranges, qui sortent de l'ordinaire - mais pas toujours au bon sens du terme. Et puis, j'suppose que j'finirais par me faire chier si je fréquentais que des gars riches et coincés, nan ?

Je le laisse volontiers allumer ma clope, et puis m'entraîner dans sa chute avec lui. J'me blottis contre lui, et ça me fait tourner la tête.

- T'inquiètes, t'auras tout le temps d'y réfléchir, quand tu seras tout seul dans ton lit, qu't'arriveras pas à pioncer parce que tu penseras trop à moi. Et t'espéreras que je vienne, mais tu te persuaderas que tu te sentirais soulagée si finalement, je laissais tomber et je venais pas. Et puis quand j'aurais décidé que je t'ai assez fait attendre, je me pointerai.

Je me tourne sans me décoller de son torse, pour lui faire face, le regarder, et caresser son visage du bout des doigts.

- Et là, t'oublieras toute ta nuit de doutes et de regrets.

La réponse de Raedhun à sa plaisanterie déclenche un rire sincère chez le brun. Il sait qu'elle a aussi peu de sérieux que lui, mais en toute honnêteté, il ne croit pas qu'il aurait été outré ou offusqué du contraire. Comme il lui a dit plus tôt sous la pluie, il sera ce qu'elle veut qu'il soit, aussi longtemps qu'elle le voudra. Sait-elle seulement à quel point elle le tient dans le creux de sa main?

Elle vient ensuite se lover contre lui et Gaël l'enserre de ses bras et, immanquablement, son coeur s'accélère. Elle va le rendre fou, si ce n'est pas déjà fait. Les paroles suivantes de la blonde ne font pourtant que confirmer cette réflexion, et c'est le souffle court et en réprimant un étrange frisson que Gaël plonge ses  yeux dans ceux de Raedhun.

"Va falloir que tu m'expliques comment tu fais pour me prédire aussi facilement. J'croyais être doué pour bien cacher mon jeu, pourtant."

Il doit alors utiliser tout ce qu'il lui reste de contrôle sur son corps et son esprit pour ne pas l'embrasser sans lui laisser le temps de répondre. Il sent sa chaleur au travers le tissu de sa chemise, y devine sa peau et ses formes... et ce n'est peut-être que son envie de continuer à entendre sa voix qui lui a tant manquée, ses mots et son humour qui font d'elle cette personne qui l'obsède et qu'il admire, qui le retient vraiment.

J'suis appuyée sur lui et j'ai mon joint dans ma main libre. Nos corps sont solidement posés l'un contre l'autre. Il n'y a que lui et moi, son regard profond, son rire, sa voix grave, et merde, j'me sens bien. J'me sens putain de bien. J'pense plus à rien d'autre qu'à lui, et j'ai pas envie de penser à autre chose, de toutes façons. J'mets un temps fou à me rendre compte qu'il m'a arraché un demi-sourire.

- Tu crois quand même pas que j'vais dévoiler tous mes secrets aussi facilement, Diaz ?

J'aurais simplement pu lui dire que c'était un homme, et qu'il pensait forcément comme un homme. Mais j'en ai pas eu envie. Parce que lui, il est pas comme tous les autres, et le milliard de frissons qui parcourent ma peau qui rêve de la sienne ne peuvent que confirmer ce besoin. Je remets mon joint entre mes lèvres et ma main caresse son torse. Je tire une latte, crache ma fumée légèrement sur le côté, reprends mon joint dans ma main, et j'approche mon visage du sien, avant de souffler à mi-voix :

- T'es peut-être pas super bavard Diaz, mais tes yeux le sont.

Et lentement, je viens plaquer mes lèvres contre les siennes. J'sens une chaleur dingue m'envahir la poitrine. J'sais pas trop si c'est le joint ou si c'est ce gars qui me fait cet effet, mais j'ai l'impression de flotter à des milliers de kilomètres de là.

Elle sourit. Bon sang qu'il est beau, ce sourire, et le même élan de fierté teinté de bonheur envahit Gaël que lors de la première fois où il a réussi à lui en arracher un. Comment a-t-il pu croire qu'il pourrait s'en passer?

"J'te rassure tout de suite, même sans ce secret-là, tu perdrais rien de ton aura de mystère, Van Haten."

En effet, Raedhun est quelqu'un de secret. Elle parle de tout et de rien, n'a pas peur de socialiser ou de parler des autres... Mais d'elle même? C'est une autre histoire. Là-dessus, ils se ressemblent beaucoup. Au fil des mois à la côtoyer, Gaël a fini par lui arracher des brides de qui elle est réellement, mais il sait qu'il lui reste encore beaucoup à découvrir, si seulement elle lui en donne l'autorisation. Certains y verraient un manque de confiance ou une déception, mais pas lui. Au contraire, il comprend trop bien ce besoin de secret, et ceux-ci font aussi de Rae la femme qu'elle est et qui lui fait perdre la tête. Alors il n'est pas pressé de tout découvrir.

Lorsque la blonde vient l'embrasser, un peu à l'image de sa prédiction, ses questionnements s'envolent. L'embrasser ainsi, c'est un peu comme prendre une bouffée d'air après être resté trop longtemps sous l'eau. Rapidement, Gaël l'embrasse avec de plus en plus de passion, dévorant ses lèvres avidement alors que ses mains se glissent sous sa chemise pour s'aventurer sur sa peau.

J'réponds rien à sa remarque, mais j'éprouve une certaine satisfaction. J'aime bien cette image de femme mystère qu'on me colle assez facilement. Non pas que j'en ai chié pour en arriver là. Il suffit de savoir fermer sa gueule, et ça passe tout seul. Remarque, j'peux bien en dire autant de Gaël. Lui aussi, il sait fermer sa gueule. Presque un peu trop, mais j'suis mal placée pour lui faire une remarque de ce genre. J'crois qu'y en a pas un pour rattraper l'autre. C'est peut-être ça qui me plaît chez lui. Y a comme une résonance entre nos âmes, et ça me fout des frissons.

On s'embrasse, et c'est doux et agréable. J'baise souvent, mais avec lui, c'est différent. Avec lui, je fais l'amour. Et toute la nuance est là. Le désir nous emporte, mais rien n'est jamais vide de sens. Putain c'qu'il m'a manqué, ce con. Je sens ses mains sur ma peau, et j'voudrais qu'il les retire plus jamais de là. Je décroche nos lèvres les unes des autres, juste le temps d'envoyer valser cette chemise qu'il m'a prêté, et j'vais coller ma poitrine contre son torse. J'veux sentir sa peau contre la mienne, et me laisser prendre dans cette bulle d'euphorie et de bien-être.

- Putain, tu m'as manqué, Diaz.

J'm'ouvre pas comme ça d'habitude, mais les mots sont sortis d'eux-même de ma bouche. Alors avant de m'enfoncer plus, j'plaque mes lèvres contre les siennes, une de mes mains sur sa joue et dans ses cheveux.

La chemise vole dans un coin de la pièce et le souffle de Gaël s'accélère dangereusement. Il réalise qu'il a déjà la tête qui tourne, tout simplement enivré par la vue de celle qui hante ses nuits. Ce n'est presque pas sérieux à quel point cette femme lui fait de l'effet.

Un léger rire lui échappe aux paroles de Raedhun, alors qu'elle repart aussitôt à la recherche de ses lèvres. Il savoure quelques secondes leur baiser puis y met une brève pause, le temps de prendre son visage à deux mains pour mieux la regarder droit dans les yeux. Puis, l’espace d'un bref instant, elle peut le voir réellement, sans barrière, ni masques, ni mensonges.

"J'suis qu'un con. Pardonne-moi."

Puis, comme pour se faire pardonner ou rattraper le temps perdu, il l'embrasse de nouveau. Ses gestes se font alors plus instinctifs que réfléchis, au profit de leurs sens à tous les deux, et il la serre contre lui avec un empressement proche de l'urgence. Il la fait rouler sur le dos, se retrouvant au-dessus d'elle, et en profite pour parcourir sa peau de ses lèvres. Il veut lui faire ressentir les mêmes frissons électriques, la même envie irrationnelle, proche de la folie, qu'elle lui inspire. Il veut tirer d'entre ses lèvres des gémissements de plaisir et qu'elle en perde la tête. Il veut que dans ses bras, elle en oublie ses problèmes, ses inquiétudes et ses obligations. Qu'elle ne soit alors plus qu'elle-même, vibrante et vivante.