Cela commence comme un rien. Une odeur dans l'air vicié. Le froid qui prend dans les os malgré la chaleur des combats. On a cette impression que chaque respiration peut laisser échapper de la buée. L'air à la pureté de l'hiver, rappelant à certains l'attente des soirs de neige, enfermés dans une maison qui protège des tourmentes et emprisonne le vent du soir. Dans le fracas et le chaos, il s'installe. Qui. Quoi. Nul ne le sait et ce n'est pas le moment de s'arrêter.
Cela commence dans les sanglots refoulés de Flora. Son courage, sa prestance, son désarroi face à l'ennemi mort, son appel à une autre femme, si semblable au désespoir de la plus basse misère devant la beauté de l'aisance. C'est une présence qui s'élève derrière la blonde diplomate. Un homme ni plus fort ni plus beau qu'un autre qui s'est approché presque à la toucher, sans oser qui hoche la tête gravement alors qu'un autre lieutenant s'approche.
« C'est à nous de vous protéger maintenant, Señora. Votre courage nous a rempli de honte. Laissez nous racheter notre honneur. » Elle peut entendre d'autres hommes approuver derrière et, bientôt, c'est tout un groupe d'invités de tous âges, de toute forme mais tous déterminés à se battre. Ils ont les mains pleines de gâteau mais tiennent des armes de fortune, des morceaux de verre, des ceintures de cérémonies, et, pour celui qui a pris la parole, l'arme que la jeune femme avait malencontreusement fait tomber. Il y a quelque chose d'inconnu derrière le cri qu'ils lancent en partant à l'assaut. A l'arrière, les femmes attrapent Flora, la rassurent doucement, lui essuient respectueusement les mains. Elles sont là pour faire oublier l'horreur qui se passe autour d'eux. Et le lieutenant, incapable de surmonter un tel assaut ne s'en relèvera jamais. Il n'y a pas de cris de joie, pas encore. C'est la gravité qui règne, et le mur de protection autour de la jeune femme qui a gagné ce jour la loyauté inaltérable de familles des trois factions. On dit que les liens tissés lors des guerres sont les plus forts. Seul le temps pourra le dire.
Cela commence dans les sanglots refoulés des enfants. Le plus grand renifle gravement. Dans ses yeux jeunes s'efface l'horreur des dernières heures et s'installe la fierté d'une telle mission. Il ne la prend pas à la légère et chaque jeune sent instinctivement. Ils se glissent vers la porte dans le plus grand silence et l'on voit disparaître la dernière chaussure de soie et la bouille barbouillée d'un petit blond qui s'est visiblement servi pendant le combat de gâteaux et se lèche les babines.
Les cheveux bleus attrapent un mouvement, fouettant l'air dans un bruit d'air brisé. Les petits autour d'elle volent et les armes trouvent preneurs. Autour d'elle, le désordre d'un champ de bataille. Il devient impossible de savoir si le rouge collant du sol est de la crème framboise ou du sang. Dans son monde, elle décrit une danse létale magnifique. Les lumières cillent soudain. Un trou s'ouvre, déversant un monde de petites créatures sur la jeune femme qui enchaîne les combats, sans effort apparent. Sa beauté hypnotise. Elle est le vent qui joue dans les feuilles d'automne et sous ses coups s'effondrent les feuilles ennemies. Il y a comme une musique qui la porte, quelque chose de quasiment inaudible, que l'on entend avec l'âme plus qu'avec les oreilles. Le portail faiblit, clignote. Derrière, un adolescent, trop vieux pour être un enfant, trop jeune pour être déjà adulte, y lance de la pièce monté qui semble faire des interférences dans le mécanisme. Autour de la fille bleue, rapidement apparaissent des projectiles marrons et rouges dont les impacts virtuels sur l'impalpable chemins font des trou dans le trou de noiver.
« Pour le bleu ! » Lance-t-il, clairement sous le charme de l'impériale. Le cri est repris par un chœur cosmopolite. C'est l'élite de Dorado qui se range sous l'égide de la roturière impériale. Et dans le chaud du moment, personne ne pense plus à la naissance ou à l'origine de l'autre mais reconnaît le talent et les compétences de la personne en face. Ces cheveux bleus deviendront peut-être, qui sait, la nouvelle mode dans les salons huppés des nobles du système...
La propriétaire du Crust, se détournant des enfants, son arme improvisée à la main glisse soudain dans un bruit d'os brisés. Son souffle est brutalement éjecté de ses poumons. Elle voit trente-six chandelles et il y a comme une musique qui bourdonne à ses oreilles. Le verre qu'elle tient dans sa paume abîmée s'enfonce un peu alors qu'un éclair de douleur fait revenir l'adrénaline dans ses veines et lui donne la force de se relever, indemne, ou presque. Elle aura, comme une enfant, une auréole à chaque genou. Deux anges pour une diablesse.
Elle n'a pas de cheveux qui volent, elle n'effectue pas de vol plané, elle ne brise ni l'air, ni le silence, ni même ses os sur le parquet de bois précieux. Elle ne danse pas, elle ne fait rien voler autour de son corps de gazelle. Des trois petits qui lui avaient sauté dessus, il ne reste plus rien que le souvenir de trois battements de cœur et de beaucoup de gourmandise. Elle détruit, comme en passant, ceux qui se dressent sur son chemin. Loin de la lumière des jeunes femmes, elle est l'ombre de la mort, silencieuse, efficace. Ses yeux perçants lancent un regard lorsqu'elle entend son titre mais elle s'aperçoit rapidement que son amie est correctement protégée alors qu'un nouveau trou dégueule ses ennemis devant elle avant de ciller et disparaître, coupant un lieutenant par la taille. Elle l'enjambe. Un autre tombe. Et puis, soudain. « Cap'tain ! »
Ce n'est pas une voix de femme. C'est son membre d'équipage, celui qui avait douté d'elle, celui qui l'avait ensuite regardée avec les étoiles de Dorado au fond du regard. Sa voix a le noir du désespoir. Il n'est pas difficile de se rendre compte qu'il ne tiendra plus longtemps. Son adversaire l'a blessé à plusieurs endroits. Son arme glisse dans ses mains. Il est à un battement de cœur de la mort. Shela'gh ne répond pas. Elle semble disparaître et, en moins d'une respiration, il est dans ses bras, le mutant toujours à la même place, sa tête roulant jusqu'à s'enfoncer dans un amas de crème au beurre plus loin. L'homme vivra. Et jamais plus il ne doutera de son Capitaine. Il lui doit une vie. La sienne. Elle est à lui sans questions jusqu'à son dernier jour.
Rien n'est fini, il faut continuer ce qui a été commencé. Sans ennemi, elle continue à regarder autour d'elle. Elle a encore un peu mal pour se déplacer. Son cœur bat fort et vite. Elle remet ses dreads longues. Au sol, oubliée, le serpent géant siffle son mécontentement mais aussi son humeur belliqueuse. Il a trois taches sombres, chocolat, au milieu de la tête qui font comme une marque métaphysique.
Rien n'est fini, il faut continuer, encore et encore à saisir ce moment qui passe son temps à s'enfuir. Dans ce monde où rien ne semble être ce qu'il est, le médecin a décidé d'embrasser la folie. Arrêter de réfléchir est la seule façon de chevaucher le monstre qui a pris ses concitoyens et les humains difformes qui les attaquent depuis le début. Et ses mains au contact mortel semblent brûler les écailles du monstre qui hurle, tousse et s'écroule, le dessin des lignes de la main du trinitaire imprimé à l'anesthésiant sur la peau. Derrière le cri de douleur de la bête blessée, un chant étrange. Les lumières de la pièce s'éteignent et se rallument à moins qu'il n'ait fermé les yeux sans s'en rendre compte, il ne sait pas. Il ne sait plus. Et soudain, une lueur qu'il aurait aimé qualifier d'espoir dans le terrier du mutant blanc mais qui n'est que très banalement celle de la porte qui s'ouvre un peu plus. Il n'a jamais rien vu d'aussi beau que cette porte et sa clarté pleine de promesse. Il se retourne vers le groupe de vieillards et de blessés qu'il a protégés depuis le début des opérations avec une obstination de dogue. Ils ne prient pas l'Unique, ces oubliés du monde mais leurs actions de grâce vont vers lui. Il les a sauvés et s'ils ne savent pas si le médecin le sait, eux le savent. Et vice et versa.
Une main se pose sur l'épaule du timide corsaire. Pas de cris de joie ici, ni de longs discours. Tout se dit dans un échange de regards. C'est sa place dans le grand orchestre des choses, il est celui qui soigne et défend et rien ne changera jamais la gratitude de ceux qu'il a, presque sans le faire exprès, sauvés.
La porte entre-baillée s'ouvre un peu plus et, derrière, l'on peut voir un staff plus ou moins debout, armé. Dans la lumière, elle peut voir l'ombre de son géant de mari qui semble anxieux et presse les autres d'accélérer le by-pass de la porte. Les enfants que l'on devine au fond semblent en bon état et le petit à qui elle a confié le groupe se tient très fier entre les jambes du gérant. .C'est un nouveau sifflement du Näa'ngi qui fait reculer un petit qui semblait vouloir lui sauter dessus et porte le regard plus loin.
La porte entre-baillée s'ouvre un peu plus, c'est le moment qu'il attendait. Son adversaire est extrêmement fort, peut-être l'un des hommes les plus fort de la galaxie. Ses gestes n'ont rien à envier au plus expérimenté des épéistes humains, amplifié par des capacités surhumaines. La porte est une fissure dans laquelle l'infiltré s'engouffre. Il y va avec méthode, application mais aussi toute la colère et la frustration qu'il éprouve. Chaque rencontre est une onde de choc. Ses bras deviennent engourdis par la fatigue mais il continue, porté par l'angoisse, par la peur qu'il éprouve non pour lui mais pour les civils qu'il voulait protéger. Et c'est une blessure qu'il inflige à son adversaire. Celui-ci recule, plus ébranlé par le sang coulant sur sa poitrine que blessé. Il n'y a pas le temps de regarder autre chose. Un étrange chant porte l'impérial vers la victoire. Ils ont repris l'échange mais il voit maintenant les ouvertures, presque lumineuses comme la porte réelle qui est forcée et d'un coup, c'est un éclat de lumière et l'ennemi s'effondre à ses pieds. Il se retourne, regarde autour de lui la victoire de son camp qui se concrétise. Shela'gh est là, et elle est belle, sombre, mortelle. Raedhun est là et elle est belle, lumineuse, vivante. Il ne se rend pas compte que son épée est tombée à ses pieds. Qu'il est à genoux. Qu'on le félicite.
On ne connaît pas son nom, on ne sait pas qui il est, il n'est pas sûr qu'on le reconnaîtra dans l'avenir mais il y avait dans la foule de ceux qui l'ont protégé un professeur d'escrime qui ne laissera jamais oublier la véritable leçon de combat qu'il a reçu. La Leçon de l'Homme d'Honneur.
Vraiment, cette musique est trop forte pour n'être que dans sa tête. Raedhun continue à tourner autour d'elle. Une ombre attire son attention à travers les hublots. Quelque chose de gris foncé dans le noir de l'espace. Elle y court, met ses mains sur la vitre comme une enfant. Le morceau de verre est tombé à ses pieds devant l'image qui danse devant ses yeux. Des baleines nagent dans le vide, immenses, énormes, gracieuses. L'une d'elle se retourne. Leurs regards se croisent, chargés de musique. L'espace d'un instant, elle a perdu sa voix.
C'est la fin. Tout guerrier connaît ce moment. Il a lancé sa première attaque à toute vitesse, jetant sa jambe améliorée vers le genou de son adversaire qui n'a que le temps de sauter, surpris par la rapidité de son adversaire qu'il prenait jusqu'ici pour un rigolo sans grand talent. La marque d'un bon guerrier, c'est de savoir revoir très vite ses premières impressions et savoir s'adapter. Le combat est trop rapide pour qu'un œil humain puisse en admirer toutes les subtilités. Ils sont sensiblement au même niveau et ce n'est pas une porte qui s'ouvre dans son dos qui va déconcentrer le chef. Une bulle de combat s'est formée instinctivement devant les deux combattants. Zelio peut voir toute la force de ce leader né dont le corps est FAIT pour le combat à main nue et rapide. Il doit esquiver les lames naturelles sortant de l'armure partielle d'écaille et riposter aux bons endroits. Son entraînement lui permet d'improviser des enchaînements inédits et l'aide de ses prothèses est précieuse.
Comment sait-on qu'un combat se termine ? Ce n'était pourtant pas l'apparition et la disparition des trous, ni ce moment curieux où l'électricité a eu un raté ni même la porte d'entrée qui s'est ouverte. Ce ne sont pas les cris d'encouragement qui entourent sa bulle de combat alors que l'adversaire se retrouve seul mutant vivant dans la salle. Peut-être les battements de main des spectateurs encourageant leur champion. Il sent cette ouverture plus qu'il ne la voit. Il n'a pas le temps de penser et l'ennemi s'effondre, nuque brisée. Il lève la tête, ses cheveux longs tombant sur son regard ténébreux et voit... des baleines.
On a terminé d'ouvrir la porte. Les gens s'accolent. Les corps sont tirés, regroupés dans un coin entre humains et mutant. Certains ont voulu rendre les effets de valeurs mais, sans se concerter, tous ont décidé de l'offrir au Crust pour la fondation de Raedhun. Ils y a des pleurs, des rires, des éclats de voix. La foule semble hésiter. Jusqu'à ce que l'aîné des enfants pousse un cri de joie comme seuls les très jeunes savent le faire. De la porte maintenant grande ouverte, sur un chariot à roulettes vient d'entrer une belle pièce montée, en chocolat et en framboises. Celle commandée pour les employés qui, par affections, ont décidé de l'offrir à leur maîtresse et à ces hommes et femmes qui viennent de vivre un enfer. Pour le reste de la soirée, l'on en saura pas plus.
Consignes HRP
L’event est terminé ! J’espère que cela vous a plu. Vous pouvez réagir de façon libre à tout ce qu’il s’est passé jusqu’à la fin officielle du rp mais le maître du jeu ne répondra plus. A bientôt pour plus d’explications. J’ai eu grand plaisir à vous meujeuter, vous avez été géniaux.