Mère mo'at, raconte-nous une histoire [Way'si & Croyance]

Moi, je suis tellement emportée par l'histoire que moi je suis debout sur le par terre maintenant, juste à côté du lit, je me suis rapprochée de Way'si, un peu. Elle laisse le suspend, et même elle me demande à moi ce que moi je pense que Tumat'sin il doit faire pour passer. Je réfléchis un peu, alors, mais je sais pas moi...

- Mais je sais pas, moi...

Et je réfléchis encore en fronçant les yeux, et puis je lève la tête vers Way'si et je me rassois sur le lit les jambes croisées.

- Moi je crois que il doit sauter. Il peut pas tomber d'abord, parce que il est aidé par la super-héros, ça c'est sûr ! Et puis aussi, il a pas fait tout ce chemin pour que il est bloqué par le gouffre !

Je souris à sa réponse. "Le cerf ne répondit plus. L'écho se tû. Tumat'sin continuait à aller et venir. Il avait peur. Peur de tomber, de mourir. Mais pas une seule fois il pensa à revenir sur ses pas. De l'autre côté, les bois de l'animal continuaient de fleurir.

"Si seulement j'avais un couteau, je pourrais couper tes fleurs et m'en faire un pont." Mais au moment même où il disait cela, un grand froid lui vint au coeur et il su que c'était une idée soufflée par la destruction et la frustration. Les lumières semblèrent hésiter d'un coup, les fleurs se refermèrent. "Non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire !" Mais c'était trop tard.

Dans le noir, le chasseur s'assit.Il resta longtemps à regretter amèrement sa bêtise. Il comprenait à présent que couper les bois du Tirea'ioang était comme lui enfoncer un couteau dans le coeur.

"Tu ne peux pas façonner le monde ici, c'est lui qui te façonne."

La voix de l'écho s'éleva sous la lune mais sortant cette fois de la bouche d'une jeune femme aux cheveux noirs comme la nuit, à la peau brune comme la terre et aux bleus comme la mer. Elle était vêtue de lianes tressées qui poussaient autour d'elle, décorées de fleurs rouges à l'étrange pistil noir. Un rayon fit alors briller les pierres sans que cette fois, aucun arc en ciel ne se manifeste.

"Tu voulais m'attraper, Tumat'sin du clan Ajnya. Me voici. Comment comptes-tu t'y prendre ?"

Moi ça me fait mal dans le coeur quand il veut couper, Tumat'sin. Ca, c'est pas gentil, c'est sûr. Ca me rend triste, comme lui il est triste et puis aussi comme les fleurs elle doit être triste aussi. Et il est tout seul dans le noir, et y a plus rien, mais là, y a quelqu'un qui revient et puis la voix de Way'si, c'est comme si elle est pas la même. Alors moi je souris et je me redresse sur le lit, sur les genoux mais levée au maximum là.

- Khiysa'd !

C'est un cri de mon coeur de joie que je pousse avec un grand sourire et puis j'attends ce que Tumat'sin il va dire et qu'est-ce qu'il veut lui. Elle apparait comme ça, et puis elle l'a laissé la suivre aussi !

La parole est un pont qui rapproche les gens par la compréhension qu'il engendre. C'est trop la vérité, ça ! Mon coeur il bat bizarrement dans moi, et puis ça me fait des frissons sur tout mon corps, et la lumière elle rentre dans la chambre comme dans la grotte, et Way'si c'est Khiysa'd, et moi je suis Tumat'sin. Moi, je pose des questions et puis c'est Way'si qui elle a les réponses de ces questions. Way'si c'est un super-héros et puis moi je suis l'enfant mo'at du village qui sait rien et qui veut savoir. Tumat'sin et moi on est les mêmes, on veut savoir, et puis on veut aussi plus que Khiysa'd elle est triste comme ça.

Là je fronce les yeux et je m'avance le haut de mon corps vers Way'si.

- Hein ?! Cent aaaaans ! Mais alors, mais... Mais...

Je sais même pas comment je peux dire moi, je veux pas que Tumat'sin il soit coincé cent ans, c'est trop gros ça ! Déjà cent secondes c'est trop beaucoup, alors cent ANS. Je retiens mon souffle, même parce que je sais pas comment c'est après, l'histoire là. Et puis pourquoi elle fait ça, Khiysa'd ? Et pourquoi elle dit ça comme ça ? Et puis elle fait quoi, elle ? C'est une super-héros ou pas ? Elle va l'aider ou le laisser comme ça ? Elle fait quoi avec les enfants ? Et puis lui, c'est aussi un enfant que elle enlève ou alors c'est un autre ?

Woaaaaah ! Ils font quoi là, les enfants ? Ils jouent tranquillement, mais ils sont pas perdus ? Ils sont morts peut-être ? Ca serait trop bien que la mort c'est ça ! Que moi je joue avec des autres enfants pour toujours de toujours ! Ca, ça serait trop coooool ! Alors moi j'attends avec beaucoup de l'impatience la suite de l'histoire, et puis à nouveau moi je suis en boule, j'ai un peu froid moi, alors mes jambes elle est sous ma veste à moi et mes mains dans les manches aussi pour que j'ai moins froid. Pourtant, moi je suis sûre que il fait pas froid dans la plaine là. Je suis sûre qu'il fait chaud, même, mais pas trop chaud. Les enfants, il a l'air heureux.

Là, moi, je souris trop beaucoup. J'le savais que c'est pas Khiysa'd le vilain monstre, ça c'est sûr ! Moi je le savais. Je serre mes mains devant moi et puis je regarde toujours Way'si, avec des yeux grands comme ça, et puis j'attends parce que je veux savoir plus sur le vilain monstre sans visage que Khiysa'd elle arrive même pas à attraper et tout ! Et puis je veux savoir c'est qui les enfants qui sont là, pourquoi ils sont là ? C'est des enfants que Khiysa'd elle a sauvé ou quoi ? Moi je suis assis sur mes jambes, les talons sous mes fesses et là je sautille un peu sur le lit en attendant la suite de l'histoire trop cool.

- Un sage ?! Tumat'sin c'est un sage ?! Mais... Les enfants ? Et Khiysa'd ? Et le MOOOOOONSTRE ?!

Là, les questions elle est parti tout seul de ma bouche à moi, et même que je suis toujours à genoux sur le lit mais aussi droite que je peux, pour être plus grand et mieux voir Way'si. Je veux des réponses à les questions là, cent ans c'est long d'abord, et puis les enfants il devient quoi, et Khiysa'd elle fait quoi aussi dans tout ça ? Pourquoi c'est un sage ? Ca veut dire que lui il fait pas des bêtises ? Pourquoi il doit faire ça ? Moi je sais pas ! Raaaaah !

"Ce sont d'autres histoires Axi'la. Il y a beaucoup d'histoires avec Khiysa'd et le monstres car les monstres sont difficile à vaincre, surtout ceux qui vont dans les coeurs des gens." Je me lève doucement, et vais fouiller au fond d'une de mes malles d'où sortent des habits en tissu des sachets de plante odorantes. J'en attrape un gros carnet et viens m'asseoir aux côtés de la jeune fille avant de l'ouvrir. En son centre, séchée, se trouve une grosse fleur rouge avec un pollen noir. On frappe à la porte.

- Des autres histoires ?!

Moi quand Way'si elle vient s'asseoir sur le lit, ben je lui fais un gros câlin. Moi, je l'aime bien Way'si, elle est gentil, et son histoire elle est trop COOOOOOOL. Et en plus là, elle me montre...

- La fleur de Khiysa'd !!!

Ca me fait ouvrir des yeux grands comme ça. Woaaaaaaah ! Alors c'est vraiment vrai en plus !

- Woaaaaaaaaaah ! Elle est trop trop belle ! Dis Way'si, c'est toi Kiysa'd, pas vrai ?! T'es belle comme elle et tu brilles, et tu racontes l'histoire et c'est toi, c'est sûr.

Et puis ça frappe dans la porte, et moi ça me fait sursauter un peu, mais après je sais pas c'est qui, moi. Pas quelqu'un de le couvent, ça j'espère pas, parce que je serai trop triste, mais je crois pas que Way'si elle veut me faire ça à moi, ce sera trop méchant, d'abord !

La petite me prend dans ses bras et je dois avouer que cela ne me laisse pas indifférente. Je la serre aussi, par mimétisme et sourit à sa réaction. Je savais bien que ça lui plairait. Doucement, je la regarde s'exstasier dessus et imaginer mille et mille choses. Je n'ai pas envie de lui dire que Khyisa'd n'est qu'un personnage de légende. Quelque part, tant qu'on raconte son histoire, elle existe.

"Je n'ai pas les yeux bleus comme la mer, Ax'ila, les miens sont noirs comme la nuit."

Le toquement à la porte nous interrompt. Je prends une seconde pour poser doucement ma main sur la tête de la petite fille qui semble nerveuse et vais ouvrir. C'est le régent qui apporte les deux soupes, du pain et trois desserts. Je le remercie doucement en mojat, attrape le plateau et le pose entre nous deux, sur le lit.

"Bon appétit à Serge et toi." fais-je poliment avant de rompre un morceau de pain en signe de paix.

Elle dit que elle, et bah elle a pas les yeux bleus comme la mer. Moi ça me fait hausser l'épaule.

- Ben ça, ça veut rien dire. Parce que même que, dans le fond de la mer, ben il fait noir comme tes yeux noirs à toi. Donc ça peut être des yeux bleus comme le noir du fond de la mer, ça ça marche bien. Moi je suis sûre que c'est toi, d'abord.

Et là, y a le manger il arrive et moi j'ai super trop faim et puis Serge aussi, il a son dessert à lui alors il est trop content !

- Miam, ça sent trop trop bon ! Merci Way'si !

Et comme j'ai trop faim, bah je commence à manger et c'est trop booooon !

- MMMMMMMH MIAM, c'est trop booooooon !

Je souris trop fort parce que c'est trop bon et puis je prends le bol de soupe dans mes mains et je bois tout comme ça, même si c'est un peu chaud c'est pas grave, ça me fait du bien à moi que j'ai trop froid, d'abord. Quand j'ai fini le bol, ben je le pose dans le plateau et je fais HAAAAAAAAAH.

Je ris devant une telle démonstration de logique. Je ne suis pas Khiysa'd, c'est une légende de mon peuple, un être fabuleux qui n'existe pas ou une incarnation de la Dame qui sait. Pour moi c'est une allégorie de Moat'uni, notre planète qui nous protège et nous force à aller de l'avant. Mais qu'elle croit ce qu'elle veut, elle saura plus tard se rappeler de mes mots et des vrais messages qu'ils portent. Une histoire n'a que la morale que l'on comprend. La nourriture arrive et j'avale moi aussi mon bouillon de viande, plus doucement pour ne pas me brûler, souriant de nouveau devant son enthousiasme.

"Ne te brûle pas, tu as tout le temps pour manger, personne ne va venir te la voler. Tu veux dormir ici cette nuit ou tu vas repartir chercher ta soeur ?"

Je ne suis pas ravie de laisser une enfant courir seule dans la nuit, seulement c'est sa liberté de le faire ou non. Je me suis jurée de ne plus mettre de chaîne à qui que ce soit, je ne commencerais pas par la fille de mon ennemi.

Moi, je finis mon bol même si Way'si elle me dit de prendre mon temps et tout. J'ai trop faim, moi. Et puis je le tiens dans mes mains, mon bol, sur mes jambes croisées. Ca fait du bien, c'est encore chaud et moi j'ai froid, alors ça fait du bien. Et puis je réfléchis à sa proposition à elle, moi. C'est vrai que c'est bien de dormir ici, il fait bon, ça sent bon, et moi j'aime Way'si alors c'est trop cool. Mais aussi, moi, faut que je trouve Modestie. Parce que moi, dans pas beaucoup de demain, ben je vais être mort, alors faut pas que je perds le temps.

- C'est gentil, mais Serge et moi on va aller chercher Modestie là, parce que peut-être qu'on va la rater sinon, et ça c'est pas cool.

Après, je suis un peu triste de me dire que je vais partir et que je verra plus Way'si.

- Dis, tu m'oublieras pas toi, hein ? Moi je t'oubliera pas, c'est sûr. On se revoira tu crois ?

"Je ne t'oublierais pas, Ax'ila, mais prend le temps de manger ton dessert et laisse Serge avoir le sien, il l'a mérité non ?" Elle est pressée la petite. C'est un trait que j'ai remarqué chez beaucoup d'envahisseurs, cette haine du temps, comme s'il fallait se battre contre lui au lieu de l'accompagner. C'est curieux. Ne voient-ils pas qu'ils en oublient de vivre ? Enfin, cette histoire sera pour une autre fois si la Dame décide à nouveau de croiser nos chemins. "Personne ne sait de quoi demain est fait Croyance mais sache que si l'on se revoit, ce sera pour moi un jour de fête."

- Oui, d'accord, t'as raison toi.

Moi je reste assise. C'est vrai que moi ça me rend un peu triste de partir mais il faut que je trouve Modestie, et ça fait déjà longtemps que moi je la cherche. Et puis elle parle d'une fête, et moi ça me fait pas sourire. Si c'est comme Odanat ou Rosalie... Brrr. Mais je crois que c'est gentil ce que elle dit. Alors je souris quand même.

- Ben, quand on se reverra, moi je libère des amis mo'ats comme t'as dit toi. Tu seras content de moi !

Et puis Serge il manque son dessert, mais pas tout, parce qu'il a pas un gros ventre Serge, alors moi je finis mon dessert à moi et puis celui de Serge aussi. Et après, quand j'ai pris le temps de bien manger, je me lève sur le lit et puis je va faire un gros câlin à Way'si, parce que moi je l'aime bien, Way'si, mais je crois pas que elle veut chercher Modestie avec moi, mais je sais que elle m'abandonne pas aussi.

J'ai raison, dit-elle, sûre d'elle. Peut-être, peut-être pas. Seul le temps le dira. Je la regarde dévorer son dessert et celui de son rat comme s'il n'y avait pas de lendemains. Puis, elle se lève. Me prend dans ses bras. Doucement, j'embrasse sa joue trop maigre pour celle d'un enfant.

"Puisse la Dame éclairer tes pas et les mener jusqu'à celle que tu cherches, Ax'ila."

Ma bénédiction est douce. Et je la laisse partir. L'idée qu'elle soit seule pendant la nuit ne m'inquiète pas. Il arrivera ce qu'il arrivera. Elle a eu le choix et a pris sa décision. C'est sa liberté et je ne suis pas de celles qui limitent sous prétexte de protéger. Je ne l'oublierais pas, quoi qu'il arrive. Elle m'a enseigné que ceux qui sont mauvais avec un peuple, le sont aussi avec leurs propres enfants. Il y a de l'espoir de convaincre ceux-ci de nous laisser notre monde. De l'espoir de changer leur état d'esprit avant qu'ils changent le notre. J'ai aussi appris que je ne détestais pas aveuglément et cela me soulage. Je ne veux pas céder à la colère. Je ne veux pas qu'elle m'emprisonne à son tour.

C'est gentil ce qu'elle dit, Way'si. Elle est vraiment trop gentil, moi je suis sûre que je vais la voir encore un jour, ça c'est obligé.

- Tu vas voir, je vais la trouver, ça c'est sûr ! Et quand on se revoit, toi, tu me racontes une autre histoire !

Et puis je remets mon sac sur mon dos et je prends Serge et puis je lui fais un signe de ma main, et après, moi je sors, de la chambre et puis après de l'espèce d'hôtel, et quand on est à nouveau tout seul Serge et moi, je sais que y a rien de méchant qui peut m'arriver à nous, parce que Way'si-Khiysa'd, elle nous a béni, nous, et elle, elle protège tous les enfants pour pas que il est mangé par les méchants mangeurs d'enfants.