Malaise

Panique. Peur. Bousculade. Des gens plus grands, plus forts, plus sombres se pressent autour de moi, m'entourent, me parlent et je ne comprend plus leur langue. Sur leurs visages, se supperposent ceux de mes ravisseurs d'autrefois. Je sais pourtant qu'ils sont morts, perdus dans le vide intersidéral mais les souvenirs sont trop forts, et je réentends la voix guturale des premiers ordres, la morsure des premières punitions. Je suis tétanisée. Au fond de moi, je sais que je devrais bouger. Au moins m'enfuir. Je ne reconnais rien. C'est tout blanc. Le Chasseur était gris. Ici c'est blanc. Je ne suis pas sur le chasseur. Ils ne sont pas mes boureaux. Et pourtant je sens leur agressivité latente. Je comprends un mot, sauvage. On me pousse encore. On m'explique que ce n'est pas ma place ici, que je devrais retourner dans la cambrousse avec les autres décérébrés, qu'ici, c'est sérieux et scientifique. Ici. Oh. Un laboratoire de médecine ou quelque chose comme ça. J'étais rentrée pour voir. J'ai demandé à voir. La fille derrière le bureau m'a dit d'attendre et ils sont arrivés. Il y en a un qui sent le Nari. J'ai peur. Une panique sourde que je ne m'explique pas, je n'ai pas peur des gens d'habitude. On me pousse. Je trébuche. J'ai un haut le coeur. Je raque. Ils rient. Ah, elle est belle l'autchtone avec sa nausée. L'un d'entre eux me donne un coup de doigt au dessus du nombril, sur la marque. Je tremble de tout mon être. Et je ne bouge pas. Je suis libre. J'ai le droit. Je ne veux pas bouger. Ils me repoussent, me bousculent, l'un d'entre eux m'envoie un coup de coude au creux de l'estomac qui me coupe totalement la respiration. J'ai terriblement mal. Je tousse, je crache, ils m'attrapent, je me débats, et ils me jettent sans mal sur les marches du perron. A terre, tremblante, je vomis bruyamment mon déjeuner. Il n'est pas meilleur dans ce sens là. Je devrais me sentir mieux mais non. Le malaise est toujours là. J'ai chaud. J'ai froid. Je n'arrive plus à penser. Je tremble. Pourquoi je tremble. Je ne veux pas trembler. J'essaie de me relever mais la tête me tourne trop. Au moins je ne pleurerais pas.

Je devrais bosser. Je devrais être derrière mon microscope, dépieuter un nouvel awäk, taper un compte-rendu, un article... je sais pas, un truc comme ça. Au lieu de ça je passais dans le hall pour aller au secrétariat d'un autre pôle demander un truc, et je tombe sur ça. Je devrais intervenir. Je devrais faire quelque chose. Dire. Je sais pas. Je reste juste paralysé sur place et je regarde sans savoir quoi faire. Ou dire. Comme l'autre fois. Et je tremble je crois, je me cramponne à mes papiers comme s'ils pouvaient m'aider. Les mots, ces mots qu'ils lui disent, c'est comme s'ils les disaient à ma mère, comme s'ils les disaient à moi. Wulf aurait cogné. Cassagnac... Moi j'arrive à rien faire. D'habitude je laisse couler quand c'est pour moi. Je les emmerde. Mais elle là, elle ?

Quand ils partent enfin j'ose bouger une oreille. Je sors. Elle vomit. Ils lui ont fait mal ? Je rerentre prendre un verre d'eau à la fontaine à l'accueil, je ressors.

"Je..." ...sais pas quoi dire. Quoi faire. Je m'accroupis, je lui tends le verre. "Ca va ? Parler... standard ? Que mojat ?"

C'est alors qu'il arrive. Il a la peau marquée, pâle, un air de chiot perdu. Ses cheveux sont de cuivre. Il tient un verre d'eau. Sa voix tremble un peu. Il est grand aussi mais pas comme eux. Pas dans la destruction. J'essaie de lui sourire pour le rassurer, je n'y arrive pas vraiment. J'ai l'impression que mes yeux sont écarquillés, je me mord la lèvre, prend le verre. Je tremble et renverse un peu, pas tout. J'essaie de boire. Ma gorge est bloquée. Je tousse, m'étouffe, rend le verre.

"Je...parle ta langue."

[...]

"Un peu."

[...]

"Merci."

Ma voix est entrecoupée de sifflements. J'ai mal. Je porte ma main à mes lèvres, l'autre à mon ventre. Pas de sang pour le moment.

Je sais pas lequel des deux va le plus mal. Ca devrait être elle. Moi je devrais savoir quoi faire. Quoi dire. C'est mon boulot après tout, savoir, non ? Ben pourtant je sais pas. Pas vraiment. Pas consciemment.

"Ca va aller... ça va aller madame. Vous avez mal quelque part ? Comment vous vous appelez ? Moi c'est Wynnstan. Wynn si vous voulez. C'est plus court." Du calme... moins vite. Du calme. "Je suis désolé je... pardon. Je peux faire quelque chose ?"

"Way'si." Way'si, je m'appelle Way'si. Et me le rappeler me fait du bien. Je suis Way'si. Je suis. J'ai le droit d'être. "du clan Tompa" il y a un peu de revendication dans cette salutation traditionnelle malgré mon teint blême et ma respiration toujours douloureuse. Je pose ma main sur la sienne, sans ostentation, pour y puiser de la force. il est gentil. On dirait un enfant. Un enfant dans un corps d'homme. Il y a une histoire derrière ça mais je ne suis pas assez forte pour la voir tout de suite. "Merci de ton aide, Wynn'stan." Je tente de m'appuyer sur lui pour me lever. Mes jambes me portent à peine, je suis penchée en deux mais debout. Et pas beaucoup plus grande que lui accroupi. "Je...ne me quitte pas tout de suite. S'il te plait ?"

Mon aide ? J'ai rien fait. J'ai servi à rien. Je sais même pas comment elle va. Tu parles d'une aide ! Je me foutrais des baffes si j'avais pas peur de me faire mal. A la main j'veux dire.

"Bien sûr."

Et tant pis pour le secrétariat et tout le reste, y a des priorités dans la vie merde. Je la soutiens comme je peux, je sais pas du tout où mettre les mains alors je lui tiens le bras.

"Vous euh. Ca va aller vous êtes sûre ? Vous voulez aller quelque part ?"

"A l'ombre. Dans un arbre. Sous un arbre. Dans un parc ?" Je siffle un tout petit peu moins mais j'ai encore du mal avec le standard. Si je le comprends lui, j'ai du mal à retrouver mes mots. Je crois que j'ai besoin de me retrouver dans la nature de Renaissance, loin des envahisseurs. "J'ai mal au ventre." Ma main touche ma marque sous ma longue tunique. J'ai l'impression qu'elle me brûle.

Des arbres, c'est pas ça qui manque par ici. Euh. Euuuh. Le labo est à l'écart du centre de Vanguard. Y a de quoi faire. Dans un arbre par contre c'est hors de question vu comment elle tient pas droit.

"Y a un bosquet à une centaine de mètres. Là-bas, regardez. Vous pensez pouvoir marcher là-bas ?" je demande en pivotant délicatement dans la direction en question. "Euuuh. Vous voulez que je... euh... regarde ? Je suis médecin. Enfin en formation. Mais si vous voulez pas je... enfin je vous oblige à rien hein vraiment, je..."

J'm'embrouille ouais, et pas qu'un peu.

"Je peux marcher si tu m'aides ?" J'ai encore les jambes tremblantes et je ne me vois pas me déplacer sans appui. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Je ne sais pas ce qu'il me prend. C'est la première fois. Pourtant, je ne pense pas être blessée, ce n'étaient que des coups, sur le centre nerveux du thorax, et un autre dans l'estomac. Peut-être ai-je aussi mal digéré mon déjeuner ? Il n'était pas très bon. Je ne sais pas. Je n'arrive pas à réfléchir pour moi. Et puis je sais qu'il est déconseillé de se soigner soi-même. Je hoche la tête. Je ne sais pas pourquoi, j'ai confiance en lui. Il a l'air bon. Pourtant, ce n'est pas un frère. Je ne crois pas. "Je veux bien que tu regardes."

Je la soutiens. Elle est légère. Mais c'est pas pratique. On se fatigue pour rien. Je sais pas trop comment demander ça. Allez Wynn. Docteur. Pro. Tu sais comment parler aux patients. Un peu. Normalement.

"Je vais... euh... je peux vous soutenir par la taille ? Ca serait plus efficace ?"

Elle veut bien que je regarde. Zut. J'aurais voulu qu'elle dise non. Je l'ai même pas vraiment regardée mais... elle est en robe. Et pas en forme. Même si ça a l'air de se calmer un tout petit peu. Je continue à parler. Et à la faire parler un peu.

"Vous vous appelez Way'si c'est ça ? Way'si du clan Tompa ? Je prononce bien ?" Je fais de mon mieux. Pour moi ça sonne bien. Mais c'est pas pour ça que c'est bon. "Est-ce que ça a un lien avec les arbres chanteurs des plaines ?"

Je hoche la tête. La main à la taille aide en effet et la pudeur n'est pas ma vertu première, c'est une notion étrangère au monde naturel d'où je viens. Si l'on ne m'a touchée sans violence depuis longtemps, j'avais l'habitude de ne pas considérer mon corps comme sacré. De ne pas voir les mains des hommes comme des menaces. Cette fois-ci cependant, je trésaille à son contact qui me rappelle celui des agresseurs de l'endroit blanc. Je me reprends. Je ne veux pas être aussi faible. J'inspire. Me concentrant sur ses questions. "ToMpa" reprends-je avec douceur puisqu'il demande. "Ma mère avait entendu parler des arbres chanteurs. Elle disait que lorsqu'elle m'a vue pour la première fois, je lui avais rappelé la splendeur raconté de ces végétaux et que mon gazouillis était un chant à ses oreilles alors elle m'a appelée comme ça même si elle n'en a jamais vu. Et toi ? Wynn'stan ?"

"ToMpa." je répète, bon élève. La pluie je crois, tompa. "C'est une jolie histoire. Wynnstan ça vient d'une très vieille langue que plus personne ne parle. Ca veut dire "pierre de joie" ou "pierre joyeuse". Je sais pas trop pourquoi mes parents m'ont appelé comme ça j'dois dire... un ancêtre de mon père s'appelait comme ça mais ni lui ni moi on l'a connu. Ma mère a pas voulu nous donner de noms mo'ats, même en deuxième prénom... elle a trop souffert de discriminations à cause de ça. Ni'awtu elle s'appelle. Ca sonne pas corpo comme nom et il y a toujours des imbéciles pour y voir un problème alors..."

Je sais pas pourquoi je lui raconte ma vie. Pourquoi je parle de maman. Ptet parce que j'parle pour parler, pour l'occuper. Pour m'occuper. Pour penser à autre chose. Je sais que j'ai baissé la voix en parlant de maman. Parce que malgré tout j'ai pas envie que ça s'entende trop.

"Peut-être qu'ils pensaient que tu aurais la force d'être non seulement source de joie pour tes proches mais aussi la base, la fondation d'une construction de bonheur ? C'est un joli sens, pierre de joie, pierre joyeuse, cela ne fait pas la différence entre la joie que tu offres et celle que tu ressens." Parler de ces choses éloigne de moi le souvenir de l'agression que je viens de vivre mais mon corps, lui, s'en rappelle et me fait tousser. Lorsque je retrouve mon souffle, je reprends avec douceur. "Ton nom est peut-être plus mo'at que tu ne le penses. Certains clans aiment donner des noms qui signifient des choses, en rapport avec la nature de Renaissance, les vertus que l'on souhaite pour l'enfant. La pierre semble insignifiante mais c'est un symbole de force car c'est elle qui élève les montagnes, construit les maisons, protège. C'est un symbole très bénéfique chez moi."

Ouais ben ils avaient de drôles d'espoirs alors les parents. C'est Sunny qu'ils auraient dû appeler comme ça à ce compte-l... oh merde. On s'arrête, le temps qu'elle se reprenne.

"On a tous des noms de ce genre. Cathwulf le guerrier-loup, Sunngifu le cadeau du soleil, Nynniaw... ah non pas Nynniaw tiens, lui ça vient juste d'un ancêtre. Et Searuweard notre nom de famille ça veut dire "garde en armure" il paraît." C'est vrai que j'ai tellement l'air d'un garde de pierre joyeux en armure... pauvre type incapable d'empêcher une fille qui a rien demandé de se faire cogner par les débiles du service d'ordre. "Allez, on y est presque." je murmure pour changer de sujet.

Et leur mère était mo'at. Je pense que, malgré tout, elle les a nommé dans l'esprit d'un clan que je ne connais pas. Nous ne sommes pas si différents entre nous. Certes, nos modes de vie dépendent beaucoup de nos lieux de campements et certains coutumes sont différentes les unes des autres mais au final, nous sommes tous frères et soeurs. Nous aimons la nature du même amour, vénérons Calypso d'une seule âme. Il n'est peut-être pas près à l'entendre, le demi-frère à mes côtés mais il a probablement plus de nous qu'il le croit. Je me reprends. Me force à avancer. Mes jambes sont toujours faibles et j'ai toujours mal. Surtout maintenant que j'y pense. "Où va-t-on ?" J'ai oublié.

"Sous les arbres, juste là regardez." je pointe de ma main libre. On est à quelques mètres. "Ca va aller ?" Elle a l'air d'avoir mal la pauvre... et elle a déjà oublié où on allait surtout. Je m'inquiète pas, mais bon.

Sous les arbres. C'est bien. J'aime les arbres. Il y a quelque chose de magique à se reposer sous un arbre de Motuani. Plus que quelques mètres. Je tiendrais. J'ai mal mais j'ai la volonté. Je me redresse de mon mieux, reprenant appui sur mon demi-frère. "Je tiendrais bon mon frère." J'ai parlé ma langue sans m'en rendre compte, sans y prendre garde.

Mais euh non. Je suis pas son frère. Un cousin super éloigné à la rigueur mais on va pas commencer avec les généalogies hein bon.

"Allez courage Way'si. Vous m'en voulez pas je continue en standard, mon mojat vaut vraiment pas grand-chose."

Jamais de ma vie j'ai autant eu l'impression qu'un arbre reculait.

Je reprends courage et nous franchissons les quelques mètres qui nous séparent de la pelouse lorsqu'un nouvel accès de toux me prend, couplé à des hauts le coeurs. Je me laisse tomber à quatre pattes sur le sol, crachant un peu une mousse rosâtre. Mauvais. Moins mauvais que si ça avait été brun mais mauvais quand même. Je m'essuie les lèvres du dos de la main. Je me sais pâle et j'ai toujours mal. Je me demande à quel point ils ont tapé fort. Je cille plusieurs fois et le ciel retrouve sa netteté. Il avait dit qu'il était guérisseur le petit ou bien l'ai-je rêvé ? Je ne sais plus. Je suis fatiguée et j'ai du mal à me souvenir du passé immédiat. Curieux. D'habitude, je me souviens toujours de tout. Tout le temps. J'ai été entraînée à ça.

Elle va pas fort Way'si. Elle tombe encore, elle vomit du rouge merde. Hémorragie interne. C'est pas forcément grave mais ça peut l'être. Il faut que je vérifie...

"Allez Way'si, on y est." L'arbre est tout près, on y est, c'est l'affaire de trois fois rien. "Voilà. Comment vous vous sentez ? Vous avez mal quelque part en particulier ? Dites-moi tout surtout." J'écoute avec attention et je continue : "Je vais vous examiner, si vous voulez bien. J'ai étudié la médecine, je vais voir s'il y a un souci. Vous êtes d'accord Way'si ?"

J'ai pris la voix du docteur, la voix du type qui sait ce qu'il fait et qui rassure. Alors qu'en vrai...

On arrive à l'arbre. Je me laisse conduire. Il m'étend, il parle, je me concentre sur ses mots, sa voix, son sens. J'inspire, ferme les yeux pour communiquer avec mon corps, sentir ce qu'il me dit au lieu d'éviter au maximum la douleur. C'est un langage que je dois écouter pour entendre. "J'ai mal au ventre, au niveau de l'estomac, il y a de l'acide qui monte, ça me brûle et m'empêche de respirer jusqu'aux cordes vocales, avec des hauts le coeurs qui me font tousser. Tout ça me donne des vertiges. J'ai du mal à penser." Je n'ai pas rouvert les yeux.

Je prends son pouls pendant qu'elle parle.

"D'accord, je vois. Ouvrez les yeux s'il vous plaît Way'si." Evidemment j'ai rien pour l'ausculter, que la lampe de mon com. J'ai pas envie de la laisser seule dans son état et de toute façon y a pas de matériel au labo. "Vous avez pris un coup à l'estomac c'est ça ? Est-ce que vous voulez bien me laisser regarder ?"

Elle est en robe et à moitié dans le cirage et elle vient de se faire tabasser par les tarés de la sécurité, j'vais quand même pas la foutre à poil sans lui demander son avis !

Je lève les paupières. C'est bien parce qu'il me le demande. Il a prit des coups aussi ce petit. Je tends la main vers son visage, sans le toucher. "Vous êtes marqué." je ne sais plus si je le tutoie ou le vouvoie. Le ciel derrière la rousseur commence à tourner. J'ai assez ouvert les yeux. Je les referme. "Faites ce que vous devez faire, je vous fait confiance." J'ai encore mal. J'ai l'impression que mon abdomen est dur, douloureux. Je ne pense même pas au fait qu'il va voir la Marque du Maître ni qu'il est peut-être du genre à me rendre à lui. Ca m'est égal. J'ai sommeil.

Meh. Pas folichon les yeux. Au moins elle les ouvre, c'est bien.

"Hm ? Ah, oui, je marque facilement. C'est les roux, ça." Tu parles. Les trois autres ils ont pas ma gueule ravagée alors que j'suis sûrement le moins casse-cou(illes) des quatre. "Non non, rouvrez les yeux Way'si s'il vous plaît. Ne vous endormez pas, il faut que vous restiez consciente." M'oblige pas à appeler une ambulance putain. "Je vais vous soulever les jambes si vous voulez bien." Pour le coup c'est plus rhétorique qu'autre chose, vu son état c'est obligatoire pour la circulation et ça me facilitera l'accès à son ventre, avec la robe et tout. Je le fais tout doucement, en faisant attention à pas la brusquer. Merci l'arbre de me la tenir. "Voilà. Je vais regarder votre ventre maintenant. Vous êtes venue au labo pour quelle raison ? Racontez-moi."

Je soulève doucement la robe. J'en ai déjà vu hein, mais j'espère quand même qu'elle a un sous-vêtement. J'en sais rien moi s'ils en mettent les Mo'ats des sous-vêtements...

Les roux. S'il le dit. Je ne me sens pas le courage de poser plus de questions mais il me rappelle à la réalité et je ne peux même pas lui en vouloir, j'aurais fait pareil à sa place. Comme si j'étais une poupée de tissu, il me relève les jambes et soulève ma tunique. Inconsciente de ses craintes et sans véritable pudeur, je ne me demande pas si mes dessous blancs et simples vont être vus ou non. Qu'importe finalement. Il me parle.

"Je suis guérisseuse, j'étais, dans ma tribu, j'étais celle qui soigne et qui sait. Et j'ai appris aussi des bases de soin de votre univers, quand j'étais...pour soigner le Maître. Je ne savais pas ce qu'il avait, c'étaient pour beaucoup des crèmes et des onguents et des massages. Alors quand j'ai entendu parler d'une discussion de médecins...c'est comme ça que vous appelez les guérisseurs qui ont un papier pour le dire. Je n'ai pas de papier, je ne suis pas médecin, alors j'ai voulu écouter pour savoir quelles étaients nos différences. Pour savoir et soigner plus. Je ne pensais pas que vous mettiez aussi vos mots en cage..."