La mécanique huilée

La mécanique  bien huilée  du quotidien  d'un garde du corps  consiste à rester sans cesse aux aguets et à  envisager toutes les possibilités  d'atteindre son client.  C'est justement ce qu'accomplissait actuellement Gillian  pour un  type  douteux qui se fait surnommer le "Renard"  dans le milieu. Il se prétend plus  malin que la moyenne  mais à en croire quelques informations glanées  par-ci par-là,  sa dernière magouille  avait  mécontenté un gang.   Le on-dit  détaillait un peu plus ses activités,  vente de marchandise volées ou issue de la piraterie et d'information.  Légalement, il possédait une entreprise qui s'occupait de désosser les vaisseaux  qui dérivaient dans l'espace.

Gillian avait donc réussi à se faire  engager pour le protéger le temps qu'il liquide le problème  parce qu'elle savait qu'il  avait fricoté avec des gars qui ne rigolaient pas. Du genre  à vous attacher sur une chaise pour vous passer à tabac en guise de punition.  Ce n'était pas la seule raison bien entendu puisque les bonnes grâce d'un contrebandier  dénommé Ferkad Ramirez avait  "orienté" la décision du Renard.  Elle s'était équipée de son épée en mono-filament,  de botte militaire de l'UC, d'un bouclier  inactif, de bracelet autour du poignet et enfin des baguettes et un chignon dans les cheveux afin de réduire les prises en cas de combat.

Craignant pour sa peau, il avait restreint ses déplacements et se limitait à sa planque officieuse  aux allures d'usine abandonnée.  C'est là qu'il entrepose  la marchandise  destinés à ses acquéreurs plus ou moins légaux.  L'ex-douanière  astique  sa lame  héritée de son vieux maitre d'arme décédé il y a une petite décennie.  Elle attend positionné près d'une fenêtre  opaque de l'extérieur, assise sur un bureau  poussiéreux.  

Le Renard, qui ressemblait plus à  une fouine qu'à l'animal dont il avait pris le nom,   semble avoir été victime de nuit blanche même s'il s'efforce  de donner l'impression du contraire avec un costume-cravate  étrangement immaculé malgré l'état des locaux.  Il se cache peut-être mais il a fait passer le mot à ses clients de le retrouver ici pour les affaires.  Sans armes et aucun témoin.

D'autres  personnes s'affairent dans l’entrepôt,   ce sont des hommes de mains du Renard. Leurs mouvements   sont vaguement surveillés  par Gillian mais  la menace viendrait  d'un des cotés du bâtiment.  Lequel elle l'ignore encore mais elle restait près de celui qui l'avait engagée pour le protéger.  Ce genre d'affaires lui rappelait une similaire  qu'elle avait  vécu trois ans plus tôt.  Elle y avait survécu de peu ce qui ne contribuait pas à la réjouir. Néanmoins,  l'argent du Renard  lui permettrait  d'arrondir sa fin du mois.

Ça ne m'étais pas utile, enfin, pas dans l’immédiat, mais j'avais décidé de commencer à faire le tour des vendeurs légaux et... ceux un peu moins, histoire de savoir où me fournir si j'avais besoin de matériel et surtout savoir ce qu'il y avait de disponible dans le coin.

C'est ainsi que je me suis retrouvé avec Carl, à me rendre dans un lieu que l'on m'a indiqué, apparemment, le propriétaire, le "Renard", avait de la marchandise qui pourrait m'intéresser, enfin, si je me trouve un boulot. La première chose que je remarque en entrant, c'est la tenue de l'homme, qui semble être le Renard, qui contraste avec le reste de l'endroit, je m'avance donc vers lui.

-Bonjour monsieur. Dis-je en tendant la main,

-Bonjour. Il ne me semble pas vous connaître, seriez-vous intéressé par ma marchandise ? Me répondit-il tout en me serrant la main et faisant un sourire commercial.

-En effet, mais pour tout vous dire, je ne compte rien acheter pour le moment, je tente de me faire un carnet d'adresses pour savoir où je pourrais trouver des pièces de bonne qualité.

Son sourire s’effaça quelque temps, mais il le reprit bien vite, peut-être y avait-il vu une opportunité, à moins que ce soit pour rester professionnel.

-Je vois, je vois, hé bien, permettez moi de vous présenter une partie de ce que j'ai en stock. Dit-il

Je le suivait donc pendant qu'il me montrait une partie de ce qu'il avait à vendre.

Spoiler:

Gillian émet un soupir discret, elle aurait bien fouillé le client  qui venait d'entrer mais le Renard avait refusé sous prétexte de montrer à ses clients  qu'il leur fait confiance. Comme sa tache consistait à protéger le Renard, elle l'accompagna comme son ombre sans faire de commentaire. A un moment, elle retint tout juste d'ouvrir la bouche en désaccord  au sujet du prix d'un artefact très cher en dépit de sa piètre qualité. Son oncle aurait trouvé de la meilleure facture  avant d'essayer de vendre à ce prix-là.  Elle doute que la pièce tienne  très longtemps mais le Renard semble penser le contraire.

Le Renard  appelle quelques hommes pour qu'ils amènent une caisse de classe militaire. ça devenait intéressant,   comment avait-il mis la main dessus ?  L'histoire devait être très intéressante à entendre.

Regardez-moi ça,  de la technologie militaire ! Vous en dites quoi ?  

Sur ce, le Renard  ordonna à ses sous-fifres d'ouvrir le coffre  qui révéla ses petites merveilles à John. Oh putain de merde. ça vaut son pesant d'or.

Il me présente plusieurs pièces, certaines sont plus ou moins dans mon domaine de prédilection, mais je ne dis rien, j'observe et hoche la tête de temps en temps, j'enregistre ce qu'il me présente et à quel prix, enfin, ce qui peut m'intéresser. Le Renard à d'ailleurs l'air un peu déçu de mon manque de réaction.

Néanmoins, il me sort le grand jeu, il me présente une caisse militaire, qui contient du matériel militaire (on ne s'y attendait pas hein ?), ce qui m'intéresse fortement, je regarde ce qu'elle contient. C'est de la qualité. Je me retourne vers le Renard.

-Vous avez vraiment de la bonne marchandise. Mais dites moi, vous n’auriez pas des pièces de cette qualité en lien avec la propulsion ? Demandais-je alors.

-Vous auriez dû me demander ce que vous cherchiez dès le début, mais suivez moi, je vais vous présenter ce que j'ai, là je vous aie montré un peu de manière générale ce que j'ai. Me répond-il avec le sourire et m'amène de l'autre côté de l'entrepôt après avoir fait signe à ses hommes de remballer la caisse.

Il me présente divers composants, que j'observe attentivement. Oui, je reviendrais sûrement le voir dans le futur. Il a des pièces intéressantes.

En meme temps, le Renard aurait pu s'enquérir de ce que cherche son client mais chercher à l'éblouir en lui montrant sa marchandise  afin qu'il revienne ou achète d'autres chose est une bonne stratégie.  Gillian se demanda s'il n'était pas un peu inconscient ; cet homme pouvait être n'importe qui. Un informateur.  Un officiel  en civil. Un assassin en puissance.

Il est dans l’intérêt du Renard d'écouler son matériel sans se préoccuper de ce que font ses clients mais aussi de tout faire pour préserver son commerce quitte à corrompre et à assassiner.  Elle fit signe à deux hommes de la remplacer à la porte d'entrée anticipant un danger potentiel qui viendrait par là puis elle sentit l'odeur  caractéristique des  feuilles d'Yäiewt qu'on fume et son visage se ferma.  

Heureusement qu'elle avait un contrat avec le Renard et qu'elle avait grand besoin d'argent sinon... Si seulement elle avait su, elle n'aurait jamais travaillé pour lui. Et peut-être qu'elle aurait trouvé un moyen de nuire au Renard car on touchait là  à son UNIQUE impératif moral : JAMAIS DE DROGUE ILLÉGALE.   Si on avait regardé juste à cet instant précis on aurait vu passer un éclair  meurtrier et foudroyant dans les yeux de Gillian.

Mort les hommes qui ricanent en fumant détendus par l'inhalation des feuilles. Le Renard leur enjoignit de cesser leurs conneries et de retourner à leur boulot. Il semble furieux qu'on siphonne sa came dans son dos.

Il ne me posait pas de questions sur qui j'étais, ça ne me dérangeait pas, mais c'est vrai que ce n'était pas très prudent, sûrement pensait-il que je n'étais pas une menace malgré mon bras cybernétique et Carl qui me suivait. Pour le coup, il avait raison, il ne risquait rien de moi.

Pendant que j'observais tranquillement ce qu'avait en stock le Renard, j’entends "éternuer" Carl, je me retourne alors et vais vers lui pour voir ce qu'il le dérange, je trouve assez vite, ce sont les hommes en train de fumer, je ne sais pas quoi, le tabac ne gêne pas vraiment Carl, donc ce ne doit pas en être.

Le Renard à l'air en colère, je me rapproche de lui et demande,

-Qu'est-ce que c'est ?

-Ho ça. C'est très relaxant, vous voulez essayer ?

-Non merci, je ne suis pas là pour ça.

Bon, il ne semble pas vouloir me dire ce que c'est, mais j'ai bien peur que ce soit de la drogue et issu de Dorado sûrement.

Le fait de sentir de la drogue  l'avait mise dans une colère noire, sentiment  qui empira lorsqu'elle se fit la réflexion qu'on ne pourrait pas compter sur ces hommes pour défendre le repaire contre le gang. Autre raison pour laquelle le Renard était  en rogne, devina-t-elle.

Gillian ignorait ce que supposait  le client mais il devait se douter que c'était de la drogue.  Ces types  présentaient tout les signes d'une telle consommations, ils avaient les pupilles dilatés, riaient et se racontent des choses qu'ils n'auraient jamais dites dans leur état normal.  Le Renard parut déçu du refus du client mais ainsi, il obtenait un renseignement sur celui-ci. Mais chèrement payé ; il dévoilait une marchandise que Gillian n'approuvait pas  et qui vaudrait à celui qui dénoncerait le Renard une grasse récompense mais aussi une mort plus ou moins assurée.   Le chantage était une autre possibilité mais il fallait procéder avec soin et minutie dans ce genre d'opération.

Gillian s'approcha d'une fenêtre barricadée pour s'assurer de l'absence de menace  quand un bruit de bris de verre se fit entendre. Brusquement, elle dégaine son épée en s'éloignant de la fenêtre et en se tournant vers la provenance du bruit. Les drogués ne semblaient pas se rendre compte du danger, Gillian ne perdit pas de temps à les secouer. Une lueur  semble indiquer le départ d'un feu.

J'ai besoin d'une confirmation. Pouvez-vous voir ce qui a cassé la fenêtre ?  

Un cocktail molotov ! Au feu ! , cria un homme du Renard.

Le Renard semblait prêt à lui proposer autre chose quand il fut interrompu par un bruit de verre de casser se fit entendre, suivit d'un feu et un homme du Renard qui cria, peu de temps après d'autres molotov furent lancé à travers d'autres fenêtres. La panique s'installe bien vite dans l'entrepôt, les hommes du Renard sortent alors leurs armes, pendant que d'autres tentent de récupérer des extincteurs, pendant ce temps-là, le Renard s'enfuit.

La porte d'entrer vole alors en éclats et des hommes armée s'engouffrent dans l'entrepôt, pendant ce temps, je tente de me mettre à l'abri avec Carl.

Les hommes du Renard sortaient en effet leurs armes à l'exception des heureux imbéciles qui souriaient béatement. Ils ne semblaient pas se rendre compte de ce qu'il se passait.  Gillian activa son bouclier personnel et dégaina l'épée que lui avait léguée son ancien maitre d'arme.  Juste à temps car le bouclier bloqua plusieurs tirs.

La situation dans l’entrepôt était confuse, on ne savait guère  si c'était les assaillants ou bien les Renardeaux qui l'emportaient. Pis encore, des nouveaux feux se déclaraient obligeant une partie des Renardeaux à  tenter de les éteindre. Le temps n'est plus à la réflexion, mais à celui de l'action. Son client, le Renard, ne s'attarda pas et prit aussitôt le parti de s'enfuir,  elle devait suivre car tel était la nature de son contrat, le protéger lui, et non ses hommes ou l’entrepôt.  Néanmoins, elle s'attarda près du malheureux et de son chien animée par l'idée de sauver l'animal. Et cela passait par le sauvetage du maitre puisque ce berger allemand  sans laisse lui avait semblé très attaché et fidèle à son maitre.

Vous ne devriez pas rester ici. L’entrepôt est encerclé et risque de s'effondrer. Suivez-moi si vous tenez à la vie.

Puis elle courut à la suite  du Renard en vertu des termes de son contrat avec lui nonobstant sa découverte sur la drogue.  Ce dernier était  accroupi et occupé à essayer  de soulever une plaque d'égout.  Cette bouche d'égout sous l’entrepôt expliquait  donc son manque de méfiance à l'égard de ses clients.

-Pas besoin de me le dire deux fois ! Répondis-je tout en me mettant à courir derrière elle, je fis un signe à Carl, mais cela était bien inutile, il avait compris qu'il fallait partir. Le Renard essayait de soulever une plaque d'égout, essayé est vraiment le terme, il n'y arrivait pas et la sueur commençait à perler sur son front.

-Je m'en occupe. Dis-je alors, après tout avec un bras cybernétique, même simple, j'aurai plus de force que lui non ? Mais ce n'était pas la force le problème, dans sa panique, le Renard avait oublié ses clés... Oui, ses clés, car il semblerait que la plaque avait été modifiée pour pouvoir être verrouillé, sûrement pour éviter quelques mauvaises surprises si quelqu'un la découvrait.

-Pas le temps de retourner les chercher ! Détournez le regard, je vais percer la serrure !

Puis après ça, j'allumais le chalumeau de mon bras avant de me mettre au travail. Il me fallut assez peu de temps, la plaque enfin débloqué, le Renard s’engouffra dans l'ouverture, limite il me poussait pour pouvoir passer, je m'adressais à la femme.

-Vous pouvez descendre avec Carl ? Je compte passer en derniers pour pouvoir faire en sorte qu'on ne puisse pas nous suivre.

Derrière eux, deux hommes massacraient les Renardeaux drogués aux feuilles de  Yäiewt  et qui ne se défendaient même pas !

 Avec cynisme, Gillian songea que cette histoire allait couter  des crédits et de la réputation au Renard et apprendrait aux prochains qui  seraient tentés de blouser un gang de ne pas commettre la même erreur.  Elle allait se pencher sur le problème de la serrure verrouillé quand le client révéla une fonction de son bras cybernétiques. Elle veilla, l'épée au poing, à surveiller les alentours pour s'assurer qu'aucune menace n'approche des deux hommes.   Les deux assassins des drogués  se rapprochaient.

Plus le choix, elle devait les éliminer pour laisser le temps au bricoleur de dessouder la plaque d'égout.  L'un d'eux pointa même un pistolet dans sa direction pour l'abattre, il tira mais  la balle ne perça pas le bouclier. Gillian lui trancha le membre qui tenait l'arme puis partit à la rencontre de la lame du deuxième tueur. Après quelques échanges rapides, elle l'abattit d'un coup qui laissa des trainées écarlate sur ses vêtements et son visage.  L'amputé tenta de la poignarder  mais ne parvint qu'à lui causer une estafilade le long du bras avant de périr également.

Elle revint vers le mécanicien, la manche déchirée par le couteau  et l'épée à nouveau dans son fourreau et se saisit de Carl de ses mains expertes habituée au contact d'un animal. Le Renard est déjà en bas.

D'accord.

Gillian descendit prudemment avec le chien.

A peine la femme a descendu que j'attrape la plaque et attend qu'elle soit assez bas pour pouvoir m’engouffrer à mon tour. D'en dessous, je remets la plaque en place et commence à ressouder le contour, une fois ceci fait, je descends, je tente de rattraper les autres, mais je ne vois que la femme, on dirait que le Renard s'est senti poussé des ailes.

Je ne sais pas si je retournerai voir le Renard si je m'en sors. J'arrive néanmoins à rattraper la femme.

-Je ne sais pas combien de temps ça tiendra, mais ça devrai nous faire gagner un temps précieux. Et merci pour Carl. Dis-je alors, Carl m'attendait en bas lorsque je suis descendu, même si je le voulais, je ne pourrais pas me débarrasser de lui !

Le chien  pesait lourd dans ses bras  et sa blessure au bras n'arrangeait pas les choses pour la descente de l'échelle.   Il lui était de plus en plus difficile de tenir les barreaux en exigeant  des efforts à son bras blessé.  En sueur et le bras blessé tiraillé par l'effort, elle jeta un regard dans la pénombre pour estimer la distance qui la séparait du sol.  Elle ne se laissa tomber que quand elle fut sure de pouvoir se rétablir même avec le chien entre son bras valide. L’atterrissage n'en fut pas moins rude, faisant plier ses rotules cependant, elle ne s'écrasa pas le dos contre le sol visqueux des égouts.

L'ex-douanière se redressa dans un juron bien espagnol avant de déposer le berger allemand au sol et de déchirer la manche pour se faire un pansement de fortune. Bordel, ou est-il passé ? A-t-il filé sans attendre ? Et ma paie alors ? , songea Gillian en essayant de scruter l'obscurité à la recherche d'un signe du Renard. Le son des chaussures ou des bottes l'informait que le propriétaires du chien descendait à son tour l'échelle. Ce dernier, l'informa  de la soudure de la plaque.

Si personne ne nous a vu dans la confusion qui régnait dans l’entrepôt, nous n'aurons pas de soucis à nous faire. Mais ne comptons pas trop la-dessus.  Auriez-vous une torche ? J'ai peut-être une bonne vue mais je ne suis pas nyctalope.  

Elle fit un pauvre sourire.

J'ai toujours aimé les animaux.

C'est bien vrai, si personne ne nous a vu, alors nous seront tranquille un moment, à moins qu'il y en ait un qui se rende compte de l'existence de la plaque et veuille voir ce qu'elle cachait, donc, dans tous les cas, il ne fallait pas rester là, par contre, une lampe troche ? C'est vrai que ça serait utile là, malheureusement, je n'en ai pas sur moi... a moins que... j'ouvre le comportement de mon bras et... bingo ! J'en ai bien une, c'est pas la meilleure qui soit, mais ça peut toujours être utile, je l’allume donc et en route !

-J'en ai bien une. Pour ma part, j'apprécie également les animaux, même si c'est au final, assez récent, pas que je ne les aimait pas avant, mais... Et merde... La lampe vient de s'éteindre, plus de piles, fait chier, en plus ça, j'en suis sûr, je n'en ai pas de rechange et ce n'est pas une lampe à manivelle. Bon, va falloir faire sans, je la range donc.

-Au pire, j'ai quelques allumettes sur moi, ce n'est pas grand chose, mais ça peut être utile. Dis-je alors, après quelques secondes de réflexions tout en continuant d'avancer dans le noir, nos yeux vont bien finir par s’accommoder au moins en partie de l'obscurité non ?

Et la torche sortie miraculeusement de son bras cybernétiques s’éteignit brusquement, la faisant opter pour un sympathique juron trinitaire appris de son père ou d'un membre de son équipage, elle ne savait plus.   Il lui avait cependant paru approprié à la situation. La mention des allumettes lui rappela qu'elle avait des habitudes de fumeuse et chercha donc une de ces précieuses source de lumière dans ses poches.

Ah, attendez.

Gillian en retira un briquet et un paquet à moitié entamé de cigare dans lequel elle retrouva quelques allumettes non utilisée mais pas de boites d'allumage. Ce n'est pas qu'elle pense qu'il veuille fumer dans un endroit pareil, après tout, elle n'était pas sure que ce soit une bonne idée de craquer une allumette.

J'ai entendu dire qu'il y avait parfois des gaz inflammables dans les égouts, j'ignore si c'est le cas dans ce conduit mais je n'ai aucune envie de découvrir la réponse. Est-ce que l'odeur vous fait penser à ce type de gaz ?

Gillian avait beau difficilement distinguer quelque chose dans le noir, elle se demandait ou avait filé le Renard et comment sortir d'ici. Le paquet de cigare retourna  dans sa poche malgré la tentation qu'elle  ressentait d'un fumer un.

-Si c'est le cas, on aura un peu lumière comme ça ! Plus sérieusement, non, je ne sens rien qui me fais penser à ça, mais je ne suis pas une pointure en odeur de gaz inflammable. Répondis-je.

-Néanmoins, je ne me rappelle pas avoir vu le Renard avec de quoi s'éclairer, donc soit il sait exactement tous les combien de pas il y a une intersection ou autre, soit l'égout est linéaire, soit il ne le sait pas et donc on doit pouvoir le rattraper vu qu'il doit sûrement avancer un peu à taton. Ajoutais-je après quelques secondes de réflexions.

Dans tous les cas, je me mets à avancer, avec ou sans lumière, on doit continuer.

Un peu de lumière était un euphémisme, en fait, cela aurait été trop chaleureux. Avec une magnifique explosion et des  brulures au 3eme degré. Mais Gillian ne tenait pas à tenter l'expérience même si elle ne distinguait que l'odeur  pestilentielle des égouts. Et les HCOM ?

Elle  sortit le sien, pour voir  ce que donnait l'éclairage qui n'était d'ailleurs pas terrible. La faible lueur du Hcom améliorait  légèrement la visibilité.  Son échec à obtenir un éclairage décent la fit soupirer cependant elle s'habituait petit à petit au noir.

Je n'en sais rien mais je comprends qu'une chose :  il a eu l'habilité de disposer d'une voie de secours en cas d'encerclement. Il  peut très bien avoir  caché dans les égouts de quoi  s'éclairer et peut-être une arme.

Son visage s'assombrit, elle  venait d'imaginer un scénario  fort  déplaisant ou le Renard essayerait de les éliminer peut-être pour préserver son secret. Il était trop tard s'il voulait endiguer la nouvelle de la destruction de son entrepôt et la mort probable de ses subordonnées.

Les HCom ? Ouais, ça pourrait fonctionner... En fait non, ça n'éclaire pas assez apparemment. Fait chier, mais bon, on y voit de mieux en mieux. Le raisonnement de la femme n'était pas faux.

-Je comprends votre raisonnement, néanmoins, s'il avait caché quelque chose dans les égouts, en descendant nous aurions certainement vu une boite ou autre chose fixer au mur, vu l'environnement, laisser une lampe torche ou une arme à l'air libre n'est pas trop conseiller. Par contre, vu la lâcheté du bonhomme, je pense que s'il devait avoir une arme, il l'aurait eu sur lui depuis le début.

Continuer d'avancer, il nous faut continuer d'avancer, on va bien tomber sur quelque chose qui nous permettra de sortir, ou sur le Renard, en soit, le retrouver n'est pas vraiment mon problème, moi, je veux juste sortir de là, rentrer "chez moi", ouais, c'est juste un appartement que je loue, prendre une douche, peut-être manger un morceau et dormir. Au bout d'un moment, je me retourne vers la femme et lui tend la main, dans le noir ou non, c'est un réflexe.

-Sinon, on ne s'est toujours pas présenté, John Davis, enchanté, même si j'aurais préféré que ce soit dans d'autres circonstances.

Il  avait raison, les égouts  n'était pas un lieu ou on pouvait laisser des objets sans qu'ils ne s'abiment à cause de l'humidité ambiante. Dès lors, le Renard n'aurait pas été assuré de leur bon fonctionnement avant d'avoir essayé et cela ne semblait pas son genre de prendre des risques. Un paradoxe pour un homme  qui trafiquait de la marchandise illégale. Pourtant n'avait-il pas été sur de lui au point de ne pas avoir gardé la clé de la plaque d'égout sur lui ? Ou était-ce une étourderie ? Elle ne saurait le dire mais le fait était là.

Il aurait eu aussi sa clé pour ouvrir la plaque d'égout s'il se résumait à sa lâcheté. On pourrait se chicaner longtemps sur la psychologie du Renard à partir des faits.  Ce qui m'ennuie, c'est que je ne serais pas payée pour mes services...  Un contrat est un contrat.  Quand je lui mettrai la main dessus...

Le ton était sinistre et empreint de la colère qui l'avait saisie en voyant les hommes se droguer aux feuilles de  Ywaet.  Elle avait en haine  ce commerce jusqu'au tréfonds de son âme. Le Renard avait commis ce qui serait sa dernière erreur à condition qu'elle  parvienne à retrouver sa trace. Il se cachera sans doute. Peu importe.

De même. Gillian Boulanger.

Rien qu'au ton qu'elle avait employé, je savais qu'elle ne plaisantait pas et surtout que le Renard était en mauvaise posture. Ce n'était pas mon problème, le mien, c'était que moi et Carl en sortions vivant et entier. Je gardais donc le silence et continuait d'avancer. Après qu'elle se soit présenté, j'aurai pu lui poser d'autres questions histoire de faire la causette, mais bizarrement, je préférais garder le silence.

-Là ! Il me semble apercevoir une échelle, nous devrions pouvoir enfin sortir d'ici. Disais-je après quelques minutes supplémentaire de marche.

Je m'approchais alors de celle-ci et... regardait Carl... Dommage que les chiens ne savent pas grimper aux échelles, enfin, ce n'est pas grave, ça va juste rendre mon ascension plus difficile, mais j'y arriverai.

-Passez devant, avec Carl sous le bras, je ne vais pas être très rapide.

La découverte d'une échelle annoncée par John  rompit  le silence forcé, elle l'avait remarquée bien avant quand l'échelle n'était qu'une forme indistincte dans la pénombre mais trop éloigné pour qu'elle puisse dire ce que  c'était. Ils allaient enfin sortir d'ici.

Super John !

Gillian dépassa le mécanicien à  sa propre demande et commença à gravir les échelons en prêtant attention aux élancements de sa récente blessure. Mieux valait qu'elle ne monte pas encore une fois avec le chien. Elle se demanda sur quoi débouchait la plaque d'égout au-dessus.  En plein milieu d'une voie  d'Esperanza ?  Dans un jardin ?  Ou dans un autre entrepôt similaire à celui du Renard ?

Un seul moyen d'y répondre. Soulever la plaque. Elle se cala bien sur l'échelle puis utilisa la surface de son avant-bras pour pousser légèrement le lourd cercle de métal rouillé.  Une légère lumière filtra à travers  qui l'éblouit  un instant avant qu'elle ne s'y réhabitue. Je ne suis pas devenue une taupe, songea Gillian avec humour mais elle restait méfiante. L'observation lui apprit beaucoup de chose sur ce qu'elle pouvait voir en surface.

Je crois qu'on est sous une planque du Renard. Je ne sais pas comment vont réagir les hommes du Renard s'ils nous trouvent. Il y a de fortes chance que ce soit tirer et poser des questions ensuite.

J'attendais en bas qu'elle me dise que c'est bon on pouvait y aller, ou alors qu'elle monte tout simplement, j'aurai compris que la voie était libre, j'aurai alors eu qu'à prendre Carl sous mon bras et commencé l’ascension. Une planque du Renard ?

-Dans ce cas-là, il nous reste que deux solutions à mon sens. On tente de passer par là ou on cherche une autre sortie. Sachant que le Renard sait qu'on l'a suivit ou alors il croit que nous n'aurions pas trouvé ce passage.

Je ne faisais pas de suppositions, je ne faisais qu'énoncer ce que je savais, je ne voyais pas l'utilité d'en faire plus, car pour moi, le Renard avait dans ce cas-là, donné des ordres pour qu'on nous laisse ou qu'on nous réduise au silence ou alors il n'avait rien à ces hommes. Par contre, se pouvait également être la planque de quelqu'un d'autre, même si je n'y crois pas trop.

Il avait raison. Quel que soit notre choix, ils étaient face à une inconnue. Entre le Renard qui savait que nous étions dans les égouts et se doutait probablement que nous finirions par trouver cette bouche et le risque de ne jamais retrouver la surface du jour. Gillian ne tenait pas à mourir aujourd'hui. Elle se décida en activant son bouclier et en soulevant la plaque d'égout le plus rapidement possible pour faire à un éventuel adversaire.

La pièc était vide, une fine couche de poussière s'était déposée au sol avec les années à l'exception des traces de pas du Renard. Je crois que le Renard est le seul à connaitre l'existence de ces passages sous les égouts. Mais rien n'indique qu'il ne peut y avoir personne.

Elle éternua, le nez chatouillé par la poussière. Sa blessure au bras avait pulsé quand elle avait fait cet effort physique et le tissu se couvrait de sang.

Fais chier. , grommela-t-elle en zieutant le pansement de fortune. Si j'avais un toubib peu curieux sur l'origine de mes blessures sous la main...

L'ex-douanière ne pouvait rien y faire maintenant, elle n'était pas sortie de cette maison hantée avec le client du Renard et son chien. Gillian décida donc de surveiller la porte de près prête à son défendre au cas ou leur intrusion aurait été remarquée.

Activation de bouclier et sortie des égouts pas là ? Ok. Attends, activation de bouclier ? Ce n'est pas quelque chose que l'on trouve n'importe où ça, je me demande bien comment elle l'a eut. Non en fait, je ne préfère pas savoir, on sait jamais, ça pourrait m'attirer plus d'ennuis qu'autre chose.

Je prends alors Carl avec mon bras fait de chair et je commence l’ascension, c'est assez lent je dois dire avec un seul bras, mais je finis néanmoins par atteindre le sommet. Arrivé en haut, je déposais Carl et regardais ce qui se trouvait autour de moi. Gillian, quant à elle, surveillait la porte, mais personne ne se présenta.

-Bon, on regarde vite fait s'il n'y a pas quelque chose qui pourrait nous servir ici ou on tente de sortir directement ? Demandais-je alors à voix basse.

Il était évident que l'endroit n'avait pas servi depuis des lustres à l'exception des traces laissées par le Renard sur le sol recouvert de poussière. Elle ne se retourna pas, continuant à regarder la porte.

Tu as remarqué la poussière ? Elle me dit qu'un seul homme est passé par là récemment, le Renard. Il y a un vieil établi en bois un peu rongé par les termites qui devait servir pour le bricolage, des toiles d'araignées d'une certaine taille sur les étagères et l'établi. Et une armoire métallique rouillée, tu y trouveras sans doute des outils dans le même état. Mais si je devais planquer quelque chose de précieux, ce serait dans l'établi.