Sois un homme, mon frère

...

...mékeskelfé ? Professeur Gardenia qu'elle est belle, qu'elle est bleue, qu'elle a les mains chaudes. Et moi j'ai pas l'habitude d'avoir le cerveau aussi vide. Où ils sont passés tous mes neurones ?

"...j'ai jamais été très doué pour les travaux pratiques." j'm'entends dire.

Aussitôt, j'ai envie de me filer des claques. Ouais, je sais pas où ils sont mais ils ont tous déserté. Tous. Sauf le taré congénital de la famille, visiblement... qui en a profité pour se réveiller. Parce que ouais j'ai bien envie de réessayer. Mais ça serait mal. Et pas bien. Et... et je sais pas pourquoi je fume toujours pas des oreilles. Et j'ai les foies. Et quoi que je fasse de toute façon ça va être catastrophique. Je vais être totalement ridicule. Enfin c'est déjà fait et ça tue pas... la preuve... mais mais mais...

...

...pourquoi j'ai ma main sur la sienne sur ma joue ? Oskouuur.

Laylia voit la gène, la confusion et un semblant de panique traverser les yeux du jeune homme, mais il parvient à parler. C'est néanmoins derrière toutes ses émotions que la Compagnonne perçoit enfin la réponse à sa question. Elle y lit l'envie et le désir qu'il ressent pour elle, et Laylia se rapproche encore un peu de lui. Elle souhaite être ce dont il a besoin, ce qu'il désir, au moins pour ce soir, et son but est de l'aider à ne plus avoir peur et libérer ses envies. Aussi, c'est une victoire, autant pour lui que pour elle.

Lorsque la main du rouquin vient se poser sur la sienne, comme la permission qu'elle attendait, Laylia vient souffler tout comme ses lèvres :

"Alors laissez moi vous montrer..."

Ses lèvres viennent chercher les siennes de nouveau, avec douceur, mais sans la brièveté de son baiser précédent. Cette fois, elle prend le temps qu'il puisse savourer et apprendre à connaître chacune de ses nouvelles sensations. De très sages et immobiles, ses lèvres viennent finalement bouger doucement contre les siennes, lui laissant le temps de les mines pour le guider, alors que son autre main glisse sur la nuque du rouquin afin d'approfondir leur baiser.

...

...c'est euh...

...pas du tout comme ça que j'aurais imaginé ça.

Je sais ni quoi faire ni quoi dire avant et pendant et surtout après. Pendant encore je pouvais pas trop dire grand-chose ça va. Faire... je sais pas. J'ai suivi la fée Clochette sans trop chercher à comprendre. Le problème c'est après. Euh.

Je dis rien. J'ai pas envie de parler. Professeur Gardenia qu'elle est belle dans les lumières et la nuit avec les étoiles dans ses yeux. Mais moi je me sens pas bien. Enfin bizarre. Très bizarre. Euh. En plus je suis toujours aussi grand et encore plus empoté que d'habitude et j'ai peur de dire ou de faire une bêtise qui va tout casser. Ou d'être une bêtise. Alors euh... je bouge pas.

J'crois que j'ai envie de la prendre dans mes bras. J'ai peur de bouger et de faire une bêtise et de tout casser. Je devrais pas bouger. J'ai peur de bouger. Mais le temps il s'arrête pas, et elle va finir par parler, toujours elle parle entre deux pauses, et moi je veux pas parler et je veux surtout rien savoir alors c'est ça qui finit par me décider et je serre fort. J'crois que j'ai été trop sec. Ca y est j'ai cassé un truc, j'ai tout cassé.

J'ai presque envie de pleurer sur son épaule. C'est con, elle est beaucoup trop basse. Même sa tête elle est trop basse. Alors je ferme juste les yeux.

Elle le sent nerveux et comprend qu'il n'a aucune idée de comment agir, malgré son intention de lui montrer en douceur, aussi Laylia ne fait pas durer leur baiser bien longtemps. Elle ne souhaite pas l’embarrasser outre mesure, d'autant plus qu'ils sont dans un lieu public.

Puis, reconnaissant la peur chez lui, la brune fronce les sourcils et vient alors pour tenter de le rassurer et lui demander ce qui ne va pas, mais il la prend alors dans ses bras. Si elle est d'abord surprise, son air inquiet passe rapidement à un doux sourire et elle passe ses bras autour de sa taille pour le serrer contre elle. Leur différence de taille est importante, mais ne dérange pas la Compagnonne. Celle-ci lui permet plutôt d'appuyer sa tête contre le torse de Wynnstan. Le sentant émotif, Laylia ne dit rien, restant simplement dans ses bras, caressant doucement son dos d'une main, en lui laissant le temps de vivre le moment. Ce n'est que lorsque les minutes auront passé qu'elle parlera de nouveau, sans se détacher de lui et d'une voix douce et juste assez forte pour que lui seul l'entende.

"On est bien, comme ça."

Elle le sait profondément troublé, aussi elle attend encore quelques instants avant de mettre fin à leur étreinte. Sa main vient néanmoins chercher la sienne, l'incitant doucement à la suivre.

"Venez. Je connais un endroit où nous pourrons être plus tranquilles qu'ici."

Elle est pas si petite que ça en vrai, enfin elle est pas grande mais... mais elle est toute petite. Par rapport à moi t'façon tout le monde est tout petit. Mais j'avais même pas capté avant à quel point elle m'arrivait bas. Elle a trop de présence...

Elle dit rien. Ca va. J'ai le temps de stresser et d'avoir le coeur qui tape dans les oreilles et la gorge et de me demander dix fois quoi faire et quoi dire et... et ouais elle a raison on est bien. Je suppose. Je suis pas encore tombé dans les pommes en tout cas donc c'est bien. Et puis ça veut dire que je la serre pas trop fort et que je lui ai pas fait mal et que je suis moins un abruti fini que prévu. Et une fois de temps en temps ça fait bien plaisir.

Et puis elle s'en va et ça me fait tout froid et elle parle encore et... normalement là c'est le moment où je panique. Sauf que je crois que j'ai même plus assez de neurones disponibles pour ça, alors je hoche juste la tête comme si j'avais, je sais pas, la tête pleine de coton, et je suis, les doigts refermés sur les siens.

Ils ont besoin d'un endroit calme, tranquille et à l'abri des regards qui pourraient augmenter l'inconfort de Wynnstan. Aussi, Laylia les mène au travers la foule jusqu'à une petite auberge aux grands jardins fleuris. La nuit ne leur permet pas vraiment d'apprécier ces derniers, ce qui est dommage, mais la Compagnonne connait bien l'établissement et sait déjà que l'intérieur est aussi agréable et confortable.

Elle les fait donc entrer à et laisse son client un bref instant, simplement le temps d'aller saluer la propriétaire et de lui glisser sa carte de crédit de Compagnonne, qui sert tout autant d'explication sur sa présence, de demande de discrétion et de paiement. La femme, qui l'a d'ailleurs reconnue rapidement, hoche alors la tête et tend les clés d'une suite à l'étage. Laylia la remercie puis revient vers le rouquin, reprenant doucement ses doigts entre les siens tout en s’enquérant silencieusement de son état avant de l'encourager à la suivre de nouveau. Il n'a rien dit depuis leur baiser, ce qui l'inquiète et lui fait se poser beaucoup de questions, mais elle ne le sent pas prêt à lui répondre quoi que ce soit.

Une fois à l'étage, la brune referme la porte derrière eux et enfin, ils ne sont plus que tous les deux. Elle n'allume alors qu'une lampe d’appoint, sans lâcher sa main, puis se retourne vers lui. Sa main vient alors caresser sa joue et elle murmure doucement :

"Vous n'avez pas à avoir peur."

...OK là c'est le moment où je commence à paniquer. C'est quoi cette bâtisse ? C'est beaucoup trop cossu et grand et privé et surtout privé et en plus y a même pas de témoins et oskour. Extérieurement j'ai surtout l'air de me ratatiner je pense. De vouloir rentrer dans un trou d'awäk. Mais ce qui est bizarre c'est que pas une seconde j'envisage de me casser. Je pourrais pourtant hein. Mais je sais pas... j'y pense qu'une fois qu'elle revient me chercher. Et là évidemment il est plus question de quoi que ce soit, alors je suis. Un peu comme si j'allais à l'abattoir, mais je suis. Qu'est-ce qui se passe encore, où elle m'emmèèène...

...

...mais euh. Mais non. Non quoi. Non. Pis j'aimerais bien l'y voir elle d'abord ! Je je je... tout ça c'est la faute de la fleur. Je savais que les roses rouges c'était piégeux. Je l'savaiiis...

"On fait ce qu'on peut ?" je tente en réponse. Enfin surtout moi quoi.

Elle sent qu'il panique désormais et tente aussitôt de le rassurer.

"Je vous le répète : rien n'arrivera ce soir sans que vous soyez d'accord. Nous ne sommes obligés à rien. Vous n’êtes obligé à rien."

Laylia caresse un instant de plus la joue de Wynnstan, ses yeux dans les siens tentant de lui transmettre sa sincérité. Elle a l'impression que ses mots le traversent sans toucher leur cible. Malgré ses années d'expertise, elle ne sait plus comment s'y prendre pour qu'il la croie. La brune n'a que très rarement au de client aussi difficile en terme de gêne, malgré la connexion entre eux qu'elle estime avoir un excellent potentiel. Elle l’entraîne donc vers le canapé, le fait s'y asseoir et prend place à côté de lui. Maintenant qu'ils sont seuls, peut-être que la bonne approche est d'attaquer le nœud du problème de front?

"Je vous avoue avoir du mal à comprendre vos désirs, Wynnstan. Ce n'est pas un reproche, loin de là, rassurez-vous. Si faute il y a, elle est mienne. Je vous sens... en conflit, vis-à-vis ceux-ci. Est-ce que je me trompe? D'un côté, je crois percevoir que vous appréciez ma présence, que vous avez aimé notre baiser également. Et vous n’êtes pas partis, alors que vous en avez la possibilité depuis le début. Mais de l'autre, vous avez peur, comme si vous considérez ce moment que l'on partage ainsi que vos désirs comme étant... mal, immoraux. Je me trompe?"

Encore heureux je suis obligé à rien, n'empêche que c'est super pas confortable comme situation. Elle doit avoir l'habitude elle, mais moi euh... non. J'ai l'habitude de rien dans tout ça moi. Rien du tout. J'aime pas ça. Être lâché dans le flou sans prévenir.

"..."

Si seulement je les comprenais moi-même mes désirs. Enfin je voudrais surtout arrêter et être tranquille et retourner bosser sur mes liselles comme si rien ne s'était jamais passé, mais sans parler de la dérouillée que le frangin me collerait... y a toujours une part de moi qui dit que si je me casse je pourrai pas bosser de toute façon, et peut-être même je m'en voudrai toute ma vie. J'ai assez de trucs déjà que je m'en voudrai toute ma vie.

"...j'en sais rien." je finis par avouer, le dos voûté, en regardant mes pieds.

La morale, est-ce que j'y ai pensé seulement à la morale ? Je sais plus. Je sais même plus où j'étais y a une heure. Je sais même pas si elle était là y a une heure.

"C'est surtout que... je crois que j'ai juste jamais pensé à euh. Tout ça ?"

Ouais, bon résumé. Pas clair du tout, mais ouais.

Elle lui laisse le temps de réfléchir et de répondre, à l'écoute de ce qu'il dit comme de ce qu'il ne dit pas. Laylia fronce légèrement les sourcils, plus intriguée encore par la réponse de Wynnstan qu'éclairée sur ses sentiments.

"Et maintenant que vous y pensez, qu'en dites-vous?"

S'il n'a simplement jamais pensé à ce genre de choses, pourquoi en être aussi mal à l'aise, presque honteux? Pourquoi en avoir peur? Uniquement parce que ce serait nouveau, inconnu? Qu'il aurait peur de mal faire avec ce qu'il ne connait pas, même s'il en a envie? Peut-être. Ou peut-être que...

"Est-ce votre manque d'expérience qui vous gêne? Si c'est le cas, je vous en prie, rassurez-vous. Je ne suis pas là pour vous juger, bien au contraire. Si c'est quelque chose qui pourrait vous faire plaisir, je peux vous montrer, vous apprendre, à votre rythme et sans pression. C'est un aspect magnifique de l'expérience humaine, et si je peux accompagner vos premiers pas, ce serait un honneur et un plaisir. À moins bien sûr que ce ne soit pas avec une femme que vous souhaitez le vivre."

Elle-même n'a jamais eu aucune préférence entre les hommes et les femmes, appréciant les deux non pas pour leur genre ou leur sexe, mais bien pour la personnalité de l'individu en lui même. Elle sait néanmoins que certaines personnes ont des préférences bien marquées, qu'ils en ont parfois honte même. Peut-être est-ce ce qui explique son si grand malaise?

Beeen... pas grand-chose de plus. Ou beaucoup trop de choses. Je sais pas. C'est le bordel sous le poil de carotte. Je hausse les épaules d'impuissance.

"..."

Bah évidemment que j'ai aucune expérience, elle croyait quoi elle. Pis elle est gentille mais ça s'apprend pas en un soir ça. Mais par contre... attends ouate ?!

"Ben j'en sais rien moi. J'y ai jamais réfléchi j'vous dis, j'ai autre chose à faire." Et puis je suis tellement surpris que j'enchaîne, parce que je suis con et que j'ai pas envie de la laisser complètement sans réponse : "'fin je sais pas mais euh j'me vois pas faire euh... ça... si j'aime pas la personne vous voyez ?"

Oh merde. D'un coup je bous en réalisant ce que j'ai dit.

Oskour.

Un sourire étire les lèvres de la Compagnonne. Voilà, enfin il lui parler sincèrement. Il semble en prendre conscience lui même avec un instant de retard puis d'en être hautement mal à l'aise, mais Laylia pose une main rassurante sur son bras.

"Je vois tout à fait. C'est un souhait particulièrement beau, d'ailleurs. Vous êtes quelqu'un de bien, Wynnstan. Vraiment."

Maintenant qu'il lui a dit clairement ce qu'il souhaitait, le voile est levé sur l’ambiguïté qu'elle sentait chez lui, et elle peut se concentrer sur le reste de leur soirée. Car Laylia n'a pas menti, avec ou sans rapprochement intimes, elle compte bien lui faire passé une belle soirée.

"Merci pour votre honnêteté. Je vous comprend mieux maintenant. À partir de maintenant rassurez-vous, si vous n'abordez pas le sujet vous même d'abord, je ne le ferais pas non plus."

Elle lui offre un nouveau sourire puis se lève en direction de l'étagère entre l'espace salon et l'espace chambre de leur petite suite. La brune en sort deux verres à vin, puis en observant les bouteilles mises à disposition des clients, demande à Wynnstan :

"Préférez vous le vin blanc ou le vin rouge? Ils ont une excellente sélection des deux."

Tout en observant les étiquettes, elle songe à son plan d'action pour la suite. Elle regrette d'ailleurs de ne pas avoir pu apporter son violoncelle, mais il lui reste toujours le chant et la danse.

...merde. Ca a marché. Bah merde alors. J'en reste tout con quand elle se lève. Je suis moitié "c'était donc aussi simple" et moitié "mais c'était pas assez clair que je voulais pas ?!"... et inexplicablement y a un fond, un tout petit fond de déception. T'es con Wynn.

Et maintenant j'me vois mal lui expliquer que je bois jamais...

"J'y connais rien du tout. Je vous fais confiance ?"

Laylia choisit une bouteille de bon vin rouge qu'elle connait pour être délicat et particulièrement fruité. Si Wynnstan n'a pas l'habitude de boire du vin, elle s'assure ainsi de ne pas lui faire goûter quelque chose de trop corsé. Revenant vers lui, elle leur sert chacun un verre puis tend sa coupe au rouquin avant de lever la sienne pour porter un toast.

"Je propose de boire à la réussite de vos recherches. Qu'elles vous permettent d'atteindre vos objectifs et d'aider un grand nombre de personnes."

La brune profite de l'occasion pour sonder l'état de son client. Il semble soulagé désormais, ce qui lui fait particulièrement plaisir, mais pas encore vraiment détendu. Peut-être que le vin aidera? Elle croit également déceler une part de déception dans ses yeux, mais ne s'y attarde pas. Elle lui a promis qu'elle n'aborderait plus le sujet s'il ne le fait pas lui même d'abord. S'il change d'idée, il n'aura qu'à lui dire et elle avisera en temps et lieu.

Rouge. Bon. C'est pas pour les environ trois secondes et demi que je reste seul que j'arriverai à prendre soudain une attitude sereine et détendue... mais on va essayer ? Heureux déjà si j'en fous pas partout et que le verre finit la soirée... et moi avec...

Je trinque en forçant un sourire un peu coincé et beaucoup timide. Comment je sais moi ce qu'elle appelle "aborder le sujet d'abord", que j'évite surtout de l'faire sans faire exprès ? La rose c'était piégeux OK, mais un sourire, quand même... ça devrait aller ? Non parce que sinon moi je me roule en boule dans un coin et je parle d'algues jusqu'à demain hein. Ouais tiens parler d'algues ça serait ptet un bon plan. C'est pas piégeux ça les algues. Enfin d'autre chose dont on aurait pas parlé ? De quoi ? J'en oublie que d'habitude j'aime pas l'arrière-goût d'alcool du vin - et que j'veux surtout pas connaître le prix de la bouteille - et j'le trouve juste bon.

Et je sais toujours pas quoi dire. Elle doit commencer à avoir l'habitude alors ça va. Mais d'un côté ça se fait pas, faudrait que je trouve un truc à dire... au moins... tant que j'dis rien, il peut rien s'passer de si terrible... mais bon.

"Vous savez d'où il vient ?" je demande. A ma connaissance, c'est pas marqué dessus et regarder la bouteille quand on est l'invité j'suis à peu près sûr que ça se fait pas.

Un silence s'installe ensuite, et si Laylia est d'abord tentée de l'occuper pour éviter tout malaise, elle choisit plutôt de laisser à Wynnstan le temps de rassembler ses pensées. Personnellement, elle ne voit aucun inconvénient à rester simplement silencieuse ainsi, à profiter du moment, et elle en profite même pour s'installer plus confortablement sur le canapé. Lorsque le rouquin se sent prêt, il lui pose lui même une question et Laylia l’accueille avec un nouveau sourire.

"C'est un vin originaire de Renaissance. Le vignoble est installé dans la campagne environnante de Vanguard depuis plus de trente ans, et ils ont une bonne réputation pour la qualité de leurs produits dans le système. Cette cuvée date de..."

La brune tend le bras et fait pivoter la bouteille de sorte à réorienter l'étiquette vers elle pour confirmer la date inscrite en lettres cursives sous le nom du vignoble.

"Ah, oui, 108 ADD."

Les vins Doradiens, comme tout autre type d'alcool, sont rarement vieillis très longtemps, le système et l'économie locale étant encore jeunes.

"Leurs vins sont reconnus pour porter les notes de fruits originaires de Rennaissance d'ailleurs. Celui-ci st notamment infusé avec des baies d'Ukeu selon un dérivé de la tradition mo'at. Comment le trouvez-vous?"

Des baies d'ukeu ? Merde alors. On doit bien voir ma surprise. Je regarde mon verre comme s'il allait me donner la réponse - mais le vin se tait. Tant mieux d'un côté, ça veut dire que malgré la compote dans ma tête là tout de suite je délire pas encore. Enfin... vu que j'ai l'air d'être dans une suite beaucoup trop chère pour moi avec la plus belle femme du monde, j'pense qu'il y a quand même deux-trois questions à se poser.

"De l'ukeu, vraiment ? C'est tellement amer d'habitude les trucs à base d'ukeu." Je goûte encore, mais l'amertume je la sens pas, ou alors c'est juste que je la confonds avec le goût de l'alcool je sais pas. "Je le trouve... je sais pas. Bon. Pas amer en tout cas. Mais alors après..." J'essaie un sourire d'excuse. "Quand j'vous dis que j'y connais rien en vin."

Le rouquin semble perplexe, mais au moins, son intérêt parait piqué et il se laisse tenter par le jeu du gouter. Une étincelle de joie sincère s'allume alors dans les yeux de Laylia alors qu'elle l'observe en souriant, un sentiment de victoire lui gonflant la poitrine. Avec Wynnstan Searuweard, la Compagnonne a plus que jamais appris à apprécié les petites réussites. À son excuse, elle s'empresse alors de secouer la tête à la négative pour le rassurer.

"Ce n'est pas un mal. C'est plutôt une opportunité pour moi d'avoir l'honneur de vous faire découvrir quelque chose de nouveau. Les découvertes sont quelque chose de précieux après tout."

Elle lui offre un sourire puis porte sa coupe délicatement à ses lèvres, goûtant les subtilités du vin.

"L'amertume est là, mais très diffuse. Leur processus doit en neutraliser les effets, ne laissant que les notes fruitées. Dites-moi, que goûtez-vous d'autre?"

Oui certes m'enfin maintenant que j'suis plus trop en panique j'me sens au-delà du ridicule, mais à un point... pataud et maladroit et ignare en plus. J'ai tellement rien à faire là. Ici. Avec elle, si belle et si bleue et tout. Et avec une bouteille de vin en plus. Du vin quoi, du vin. 'fin au moins c'est pas du rhum ? J'suppose que c'est toujours plus adapté ?

"L'alcool."

Qu'est-ce qu'elle veut que je sente, j'suis pas oenologue moi, les notes boisées et fruitées de noisette rondes en bouche et la verdeur du cépage de je sais pas quoi j'y pige que dalle... Pis pour essayer de pas avoir l'air encore plus con, j'en reprends un peu, un tout p'tit peu, et j'essaie de me concentrer. Après tout comme elle dit c'est toujours l'occasion d'apprendre des trucs, et ça c'est toujours bon à prendre. Pis dire des bêtises ça sera toujours moins pire que de rien dire, j'suppose. Quoi que. Quoi que...

"...l'alcool. Et une espèce de... euh... d'arrière-arrière-goût quand ça a fini de brûler ? On dirait des... ah mince comment ça s'appelle. Vous savez les p'tits fruits là, avec plein de grai-framboises !" Trop fier d'avoir réussi à sortir le fruit préféré de la moitié des enfants de l'univers, et même pas honte d'avoir mis trente secondes à le trouver. Enfin si, ça m'a énervé et j'suis pivoine maintenant mais ça y est, trouvé. "Un arrière-arrière-goût de framboise. Ca ressemble un peu ?"

La brune rit doucement devant l'enthousiasme soudain de Wynnstan. Elle doit arriver à allumer cette étincelle d'avantage, et le vin semble finalement une bonne manière d'y arriver.

"Oui, je vois ce que vous voulez dire, je le goûte également. Les gens ont beaucoup tendance à comparer le goût d'alcool à l'odeur de parfums, mais votre comparaison me plait d'avantage. Elle est plus nuancée et agréable surtout."

Laylia s'autorise une nouvelle petite gorgée avant de prendre son HCom en main et rapidement connecter son appareil au système de son de la chambre. Quelques instants plus tard, les notes douces et agréable d'une musique qu'on entend souvent dans les restaurants et autres lieux de rencontre tranquilles de l'UC s'élèvent dans la pièce.

"J'aurais aimé pouvoir vous jouer de mon violoncelle, mais malheureusement je n'ai pas pu l'emmener avec moi. C'est l'inconvénient d'un tel instrument encombrant."

Elle a un nouveau rire léger avant de poursuivre.

"J'ai toujours ma voix néanmoins, si le chant est quelque chose qui vous intéresse."

Bah c'est surtout que j'ai pas d'autre point de comparaison moi. Quel parfum ? Du Delacroix ? J'ai une gueule à m'y connaître en parfums, avec mon costume de location pas à ma taille parce que j'suis impossible à saper correctement il paraît, ma tronche de balafré que si j'avais pas l'air aussi paumé on m'prendrait pour un caïd pire que Wulf, et le mal que j'ai eu à trouver le simple mot "framboise" ? Ben non. J'y connais rien. Ni en vins, tant qu'on y est.

Qu'est-ce qu'elle fait d'un coup avec son com ? J'suis si chiant ? Elle a eu un appel ? C'est l'autre débile qui veut savoir comment ça s'passe ? Ah non, c'est juste pour la musique. Discrète. Ca va. J'ai eu peur. Oh elle joue du violoncelle ? Ah mais elle l'a pas. Bah... tant pis. C'est pas comme si j'étais bon public... la musique non plus j'y connais rien. J'me suis jamais senti aussi ignare de ma vie je crois. C'est tellement déprimant d'un coup.

"Euuuh."

Je bugue. Ca change. Mais si elle chante... elle a déjà une si jolie voix quand elle parle, alors si elle se met à chanter moi je vais mourir au moins.

"J'y connais rien non plus vous savez." j'me gratte la tête. "Mais si vous avez pas peur que j'vous fasse une tête de merlan frit... 'fin. Plus que d'habitude ?"

Parce que ouais j'vais la faire la tête de débile hypnotisé... aucun doute.

Laylia rit doucement, sans se moquer, puis offre un large sourire à Wynnstan, sincère comme rassurant. Il s'en fait beaucoup trop avec tout, comme si son esprit ne cessait jamais d'angoisser et de tourner à toute vitesse. Elle souhaite qu'il comprenne, au moins un peu, qu'elle passe un bon moment avec lui et que rien de tout ce qui l'inquiète n'a aucune importance.

"Je vous rassure, vous êtes infiniment plus charmant qu'un poisson."

Prenant ses paroles comme un assentiment, Laylia pianote de nouveau sur sa tablette un bref instant. La musique change alors, avec un peu plus de volume, et les notes de piano emplissent l'espace.

"J'espère que vous apprécierez. C'est un morceau classique de jazz en vieil UC qui date beaucoup, mais que j'apprécie énormément. J’essaierais de lui rendre justice."

Elle lui offre un nouveau sourire, amusé cette fois, puis redresse le dos en posant délicatement ses mains sur ses genoux. Lorsqu'elle se met à chanter, elle ne le regarde pas directement dans les yeux, sentant que cela le mettrait mal à l'aise, mais se concentre tout de même sur lui et ses réactions pour lui transmettre les paroles et l'émotion de la chanson.

"Come away with me in the night. Come away with me. And I will write you a song..."

Musique:

Mais euh mais mais non. Je suis pas charmant moi. Elle insulte les poissons là. Mais je crois que c'est le premier compliment de la soirée qui m'atteint un peu, mais genre pour de vrai quoi, qui passe à travers la coquille et où j'me dis que peut-être elle le pense vraiment et qu'elle est pas juste payée pour le dire. Je sais pas, c'est ptet parce qu'elle rit et qu'elle sourit et qu'elle est belle comme le soleil et la lune, ou ptet juste parce que je m'y attendais tellement pas, je pensais qu'elle aurait laissé tombé en même temps que le reste en fait mais voilà. Et bah n'empêche que j'suis ptet plus charmant qu'un poisson mais là j'dois ressembler à un homard. Roux. Comme un renard. Et souverainement idiot quand elle commence à chanter.

Que c'est beau. J'la fixe, j'aime pas ça, j'aime pas fixer les gens et surtout pas les belles dames bleues alors je ferme les yeux. Un homard roux comme un renard qui fait l'autruche... et plus charmant qu'un poisson. On a de quoi ouvrir un zoo.

Charmant. T'es con Wynn.

Qu'est-ce qu'elle chante bien. Je crois que j'aime pas trop la musique, je comprends rien aux paroles, mais quelle belle voix. Est-ce qu'il y a un truc qu'elle sait pas faire ?

Et puis d'un coup je réalise que c'est fini et que je sais absolument pas quoi dire. J'ose rouvrir les yeux, un peu benêt. J'crois qu'ils brillent un peu.

La chanson se termine et Laylia laisse les notes finales vibrer en elle encore quelques instants. Elle a observé Wynnstan tout en chantant pour savoir s'il appréciait, mais ce n'est que maintenant qu'elle s'en enquiert réellement. Le rouquin ayant fermé les yeux, elle ne pouvait lire ses réactions avec facilité.

"Comment avez vous apprécié? Le vieil U.C. ne plait pas à tous, je le craint..."

Une légère barre inquiète s'est formée sur son front, et la Compagnonne penche la tête sur le coté en, attentive aux retours. Cette fois, elle craint vraiment s'être trompé, même si ses yeux brillants la rassurent un peu. Aussi, la brune s'occupe les mains en remplissant une nouvelle fois leur coupe.

Ah mais mais pourquoi elle fait cette tête ? Mais non ! Non non non faut pas ! J'aurais pu pleurer je crois, mais là j'ai juste envie de me ranger sous le tapis. Et de chialer ensuite.

"C'ét..."

Ca a couaqué. Non non non, on couaque pas Wynn, on couaque pas. J'me racle la gorge, en panique, et ça fait mal. J'l'ai raclée trop fort. Voilà, c'était pas gracieux mais au moins si ça recouaque j'aurai une excuse. J'inspire.

"Pardon. C'était..." Ca règle pas le problème de trouver quoi dire. "...y a pas de mots." Bah au moins ça règle le problème ? J'suppose ? "Z'êtes merveilleuse."

Et moi toujours aussi con et encore plus rouge fluo. C'est à quel stade qu'on peut faire cuire un oeuf sur les gens déjà ?

Laylia sourit doucement, rassurée, et ses joues rougissent légèrement, touchée par le compliment. Elle a l'habitude de se faire offrir flatteries et compliments, mais rares sont ceux qu'elle percoit comme réellement désintéressés, et donc particulièrement sincères.

"Merci... je suis touchée, vraiment."

Elle voit bien qu'il est mal à l'aise et se trouve maladroit, et Laylia aimerait trouver une manière pour lui dire à quel point elle n'en pense rien, ou du moins qu'elle l'apprécie vraiment et qu'il n'a pas à s'en faire. À court de stratégies, elle lui remet donc sa coupe de vin et prend la sienne.

"Je ne fais que de mon mieux pour rendre les gens en ma compagnie heureux. Je n'ai rien de particulièrement spéciale, ou digne de vos éloges. Contrairement è vous qui travaillez pour guérir les gens, sauver des vie... "