Le fond de l'oeil est... Frais ? [Billy & Dodu-le-stylé]

Nous nous installouillons dans l'herbinette en l'écoutouillant avec une grande attention, ah ça oui. J'hochouille la tête, et je fais un signe à Dodu qui cherche et sort un carnet avec un crayon et puis il me le tend. Je le prendouille et je commence à noter tout ce que Monsieur Vako me dit, en faisant des "mmh-mmh" régulierounets.

- Vous pouvez m'en dirouille plus sur les molécules de synthésinette que vous prenouillez ? Ou sur votre parcourinet, peut-être ? Enfin, si vous voulez bien, bien sûr ! Je pense bien que ça doit pas être très évidouillant de parlouiller de ça, et je voudrais pas vous mettre mal à l'aise, ah ça non !

Mais si il m'en dit assez, je pourrais véritablouillement me penchouiller sur la questionnette, et ce serait bien fantastiquounet, ah ça oui ! J'aime beaucoup les nouveaux définous médicaux, et me cassouiller la tête pour trouver de bonnes solutionnettes.

- Et puis comme ça, je pourrais vous exposouiller plusieurs solutionnettes, et si vous voulez bien être mon cobayinet, on pourrait faire des testinous réguliers.

- C’est beaucoup plus facile d’en discuter avec une consoeur.

C’est vrai, encore plus lorsque la consoeur en question est une aussi fantastique personne que Billy. Elle ne lui donne pas envie de se dissimuler dans sa carapace pour se protéger, au contraire : elle l’encourage à en sortir pour tâcher de trouver des solutions grâce à son apparent intérêt pour le défi médical. Et rien que pour ça, il a envie de la prendre dans ses bras et de lui dire cent et cent fois merci.

- Je serais enchanté d’être votre cobaye. Je l’ai un peu été pour mon père, je suis paré pour la puberté à retardement et les effets secondaires étranges. J’ai déjà tout affronté.

Ca n’a pas l’air de beaucoup perturber Vako, de devoir repasser par ces essais infructueux. S’ils permettent d’aider d’autres personnes il se sent prêt à subir de l’acné juvénile une troisième fois dans sa vie.

- J’ai commencé mon traitement il y a un peu moins de dix ans. Je peux vous fournir mes dosages exacts pour mes injections, elles me font un mois à chaque fois. Qu’est-ce que je peux vous dire d’autre… Hmm. Que le pire c’est de trouver le bon dosage ? Mais vous devez vous en douter.

Je l'écoutouille bien, avec un air bien sérieux mais je lui fais des petits sourirounets, et je note surtout toutes les informations importantinettes qu'il me donne, ah ça oui ! Il ne faudrait pas que je rate quelque chose de primordialinou, ah ça non ! Ca pourrait bien être une avancée formidablinette, si on arrivait à faire quelque chose avec les plantinettes et les hormones... Ca pourrait bien aider des centaines et des centaines de personnettes, ah ça oui ! Et ça me remplit de joie et d'excitouillation !

- Je ferais bien ce qu'il faut pour évitouiller les effets secondaires bizarres le plus possible, ah ça oui ! C'est bien l'intérêt de faire ça avec des plantinettes, ah ça oui ! Les hormonounettes forment des réactions chimiquettes dans le corps qui fluctuent, et donc règlent et dérèglent le reste de l'organismou. Mais ça, j'imaginouille que vous le savez bien par coeur et par coeur ! Mieux que moi encore, ah ça oui !

Je continue à écrirouille.

- Les plantinettes ne vont pas directement apporter des hormonounettes, et le but c'est pas de remplaçouiller des hormones par d'autres hormones, vous voyez ? Non, notre butinou, à nous, ça va bien être de reproduire les conséquences positivettes de vos hormonettes sans les côtés négatifs, et donc de façon plus saine et naturellinette pour tout votre corps, pour qu'il puisse y avoir ces changements que vous voulez sans pour autant risquer des soucinets de santé plus gravinous, ah ça oui !

- J’ai une assez bonne idée des dérèglements, oui.

C’est une affirmation posée avec tendresse, très loin d’être agressive. Il a l’impression d’être à la croisée des chemins entre ses propres domaines de connaissance et ceux de Billy et il est certain que s’ils s’y prennent bien, ils pourront arriver à quelque chose d’intéressant. C’est une impression agréable.

- Les conséquences positives, je vois… La liste est facile à faire !

Les yeux au ciel, il compte sur ses doigts.

- La voix, même s’il faut la travailler en plus du traitement, et la pilosité. Ce sont les choses que les autres personnes voient le plus. La morphologie générale ensuite, la mâchoire, la silhouette. Ca aussi se travaille beaucoup à côté des médicaments.

Ce qui le fait rire un peu.

- Je ne faisais pas de sport avant, j’ai dû tout rattraper. Mais en tout cas, ce sont les effets les plus visibles recherchés par les patients en transition. Vous pensez vraiment que des plantes peuvent traiter autant de domaines ?

Qu’il demande, sincèrement curieux, prêt à être impressionné.

Je souris bien tendrouillement à Monsieur Vako. J'imaginouille bien que ça doit pas être bien simplinet, ah ça non ! Et je l'écoute bien, et je notinouille tout ce qu'il me dit, c'est bien importantinet, ah ça oui ! C'est bien des choses que je ne connais pas trop, je dois bien avouer que je ne me suis jamais posouiller ces questions-là avant, ah ça non de chez non !

- La voix et la pilositounette, ah ça oui ! Ca dispensouillera pas de travail, pour sûr... Même si je suis bien certaine qu'on peut arrivouiller à des résultats tout à fait impressionouillants !

J'ai déjà bien plusieurs idounettes qui pourraient fonctionnouiller avec ça, ah ça oui !

- Pour la silhouettinette... Je peux vous faire des sitmulouillants musculairous. C'bien naturellinet, et ça vous aidera à prendrouille des épaulinettes carrées plus vite. Je sais pas bien si on peut trouvouiller autre chose, mais je crois bien que oui. Les plantinettes sont étonnantes, vous savez ! Il y a mille et une façon de les utilisouiller.

Impressionné il est, sans doute possible. Même sans avoir le nom des plantes qui pourraient accomplir ces miracles, l’idée même que leurs principes actifs puissent être si variés et utiles souffle proprement Vako.

- Je vois ça. Je me rends compte que ne pas étudier de traité d’herboristerie a été une erreur.

Qu’il compte, bien entendu, rattraper très vite. Il n’aura qu’à pousser son père à en acheter quelques uns et lui en emprunter lorsqu’il remontera à bord du Vanguardia.
D’ailleurs autant commencer ce plan de suite et envoyer un message à Aldéric. “Achète-toi des livres d’herboristerie pour ton anniversaire”, fait le message. “Pour te faire pardonner de m’avoir abandonné au milieu de vieux bizarres.”

- Vous m’ouvrez tout un nouveau domaine d’études, Billy… Merci. Merci, merci, vraiment ! Je sais que je radote un peu…

Ce qui l’embarrasse, s’il faut se fier à sa manière de baisser les yeux soudainement.

- Mais je vous trouve formidable. Sincèrement.

Moi je souris et je rougis bien, oh ça oui.

- Oh, heu, ah... C'est-à-dire que les plantinettes... Mmh-mmh. Les plantinettes sont bien pleines de surprisettes, oh ça oui ! C'est bien pour ça que j'adorouille travailler avec ça depuis toujours, ah ça oui. Y en a des milliers et des milliers toutes différentounettes, et si on leur donnouille de l'amour et de l'attention, on peut bien tout faire ou presque avec, ah ça oui. Et puis, généralouillement, c'est bien plus saininou que des produits chimiquounets tout fabriquouillés, ah ça oui.

Je rougis toujours, j'ai chaud aux joues, ah ça oui ! Je suis un peu gênouillée par tant de gentillesse et de sincériténette. Olala !

- Heu... Si... Si vous voulez, Monsieur Vako, je... On pourrait se fixouiller un rendez-vous pour que vous veniouillez voir mes plantinettes personnellinettes, dans ma maison ? J'ai... J'ai bien des travaux et des notinettes que j'ai jamais fait publiouner, mais qui pourrait... Qui pourrait vous intéressouillez, peut-être.

Parfait, les voilà donc tous les deux embarrassés ! C’est une boucle auto-entretenue, avec Vako qui ne cesse de regarder le sol pour maintenir un semblant de contenance le temps que ces rougissements inopinés passent.

- Je serais très heureux de venir vous voir, oui.

Et très enthousiaste à l’idée de le faire. Ca s’entend dans sa voix à défaut de se voir sur son visage. Il le relève après avoir pris une grande inspiration supposée le recentrer.

- Je suis encore à terre le reste de la semaine… Mais je reviens régulièrement pour voir mon père alors si vous avez un moment qui vous convient le mieux je peux essayer de m’arranger. Il faudra simplement que je n’oublie pas de vous ramener une tarte décente.

Il n’a pas oublié l’idée de faire un goûter -certainement studieux- et si Billy lui montre ses recherches, le moins qu’il puisse apporter est une contribution alimentaire en échange.

Je n'avais pas bien prévuillou de retourner si tôt dans ma maisonnette, mais bien, pourquoi pas... Je pourrais bien en touchouiller un mot au capitaininou, je suis sûre qu'il comprendra et qu'il voudra bien, ah ça oui !

- Oh eh bien... Ma maisonnette est sur Renaissance. On peut y accédouiller en pas bien longtemps depuis Vanguard, ah ça oui ! On pourrait bien se fixouiller un rendez-vous... Disons dans deux mois tout pilinou ? Si vous pouvez bien. Si vous ne pouvouillez pas, c'est pas bien gravinet. Je vais vous donnouiller une adresse à laquelle on pourra se retrouvouiller dans Vanguard, et puis comme ça, on ira ensemble jusqu'à chez moi.

Je souris bien, mais je suis toujours un peu gênouillée. J'aime beaucoup ce Monsieur Vako, ah ça oui de chez oui !

Deux mois semble être un délai raisonnable. Il pourra tout à fait avoir une permission à ce moment s’il demande à sa propre Capitaine. En lui faisant miroiter la possibilité d’améliorer ses services sur le Vanguardia en échange d’une escapade au loin de quelques jours, ce devrait être suffisant. Il ne devrait même pas être absent trop longtemps.

- Je serais à Vanguard dans deux mois, vous pouvez compter sur moi !

Et sur son manifeste enthousiasme. Il refuse de laisser passer une occasion de discuter encore avec cette formidable personne qu’est Billy.

- S’il faut que je m’enfuie de nuit avec une navette de secours je le ferais.

La plaisanterie n’en est pas exactement une, mais c’est un secret malicieusement gardé.

- Si à l’occasion vous êtes à Espoir, n’hésitez pas à passer au cabinet de mon père. Si j’y suis je serais heureux de vous accueillir et si je n’y suis pas… Hé bien mon père ne mord pas et il est très bon médecin. Je suis certain que vous le trouverez plus intéressant que moi pour parler boutique.

Je suis bien enthousiasmounette ! De toutes façons, il faut que je retourne à ma maisonnette dans pas trop longtemps, puisque mes stockinous commencent à manquer. Je peux bien obtenir une grosse semaininette à terre, pas vrai ? J'en parlerouillerai à Monsieur Tadinou, et puis au capitaine !

- Oooh, c'est excitouillant ! Vous êtes le tout premier médecin que j'invitouille dans ma maisonnette.

En fait, c'est bien un des premiers que j'invitouille tout court, olala. J'espère bien que je vais savoir le recevoir comme il faut, ah ça oui ! Et puis j'hochouille la têtinette.

- Je reviens souvent par ici, ah ça oui ! Je donnouille encore des coups de mains à mes parents et puis à la terraformation et aussi quand y a besoin de soins, ah ça oui ! Alors j'y manquerouillerai pas, ah ça non !

Je souris bien.

- Dites, vous voulez continuer notre tourinet ? Il y a de jolis arbres très colorouillés un peu plus loin, ah ça oui !

C’est un honneur que d’être le premier médecin invité chez Billy. Cette exclusivité rend Vako encore plus déterminé à amener avec lui la meilleure tarte qu’il puisse cuisiner, et certainement un cadeau en plus. Est-ce qu’une plante ferait plaisir à sa collègue ? S’il arrive à en trouver une qui soit jolie, rare peut-être, utile certainement, ce pourrait être convenable… Il y réfléchira en tout cas, c’est promis.

- Volontiers !

Il faut donc se relever pour voir les arbres. Il est le premier sur ses pieds et il tend sa main à Billy pour l’aider, bien entendu.

- Les arbres peuvent avoir autant de propriétés utiles que les plantes plus petites, j’imagine ?

J'apprécie bien qu'il m'aidouille à me relevouiller, ah ça oui ! Ca me fait faire un petit "ouf" d'effortinet, et Dodu et bien plus agilou que moi pour se remettrouillouter sur ses petits pieds. Monsieur Vako a l'air bien contentinou, et moi aussi je le suis, ah ça oui de chez oui de chez oui ! Et puis on reprend bien nos sacinets avant de se remettrouiller en routinette. Je souris bien quand il me demandouille si les arbrinet ont des propriétés comme les autres plantinettes.

- Oh ça oui ! Les écorcinettes, les feuillous, les branchous, le bois en lui-même... Tout est bien riche, ah ça oui ! Mais... Les arbrounets doivent être traités avec encore plus d'attention et de précautionnettes que les autres plantinettes. Vous voyez, quand je prélève plusieurs feuillettes ou des fleurinettes à mes plantes favorites, je fais bien en sorte qu'elles ne souffrouillent pas, et souvent, tout repousse bien vite, ah ça oui ! Mais prélever une écorce à un arbre, c'est bien comme lui arracher un bout de peau... Beaucoup d'entre eux grandissouillent depuis des années et des années. Certains sont même plus vieux que vous, Dodu et moi réunis, ah ça oui ! Alors il faut bien être respecutueuninous.

Et je boitilloune doucement avec ma canninette vers les plus hauts des dôminets, sous lesquels poussent de très beaux arbrinous.

Tiens, il y a des feuilles jaunes qui se rapprochent. Haut au dessus des autres arbres, il y a une couronne presque dorée qu’il fixe tout en écoutant Billy, qui le fascine déjà. Il aime vraiment le jaune. Il ne peut plus le nier.

- Est-ce que que prélever l’écorce d’une branche tombée suffirait ?

Certainement pas, les quantités seraient négligeables. Voilà qui est un problème complexe autant qu’il est passionnant, une nouvelle déclinaison des problèmes d’éthique inhérents à la médecine.

- Je vois, s’ils poussent plus lentement, ils mettent beaucoup plus de temps à guérir des prélèvements… Et vous ne voulez que leur bien. Les médecins sans empathie ont la vie plus facile, soupire-t-il, vous ne trouvez pas ? Mais je n’aimerai pas du tout être l’un d’entre eux.

Et il finit sa phrase tellement tranquillement, avec un air tellement aimable sur le visage, que personne ne pourrait douter de ses bonnes intentions en tant que médecin. Pas plus que sa collègue il ne pourrait se résoudre à peler un arbre vivant.
Et en parlant d’arbres…

- Les feuilles jaunes en face de nous, qu’est-ce ?

Je sourinouille bien. Je trouvouille ça très touchant de voir qu'il essaie de trouvouiller des solutionnettes pour faire le moins de torninou possible aux arbrinets.

- Eh bien, le probléminou de l'écorce des branchinnettes est que bien souvent, elle est plus fragile et plus friable. Souvent, on n'en tirouille rien du tout. Ce qui est souvent intéressouillant dans l'écorcinette, c'est le suc qu'on peut en tirouiller. Mais ce suc-là est pas présent sur toutes les partinettes des arbres.

Je rigolouille un peu à sa remarquinette.

- Oh ça... J'ai vu bien des médecinets malhonnêtounets, qui voulaient simplement gagner de l'argentinou. Les bons professionnels honnêtinous sont bien trop rarinets à mon goût... ah ça oui ! Surtout par ici. La vie n'est pas bien facile, alors ce n'est pas toujours évidouillant de résister à la tentation pour certains d'entre nous... Mais je ne détruirouillerai pas la forêninette ! Tout est dans l'utilisation intelligente et mesurée des ingrédientinous. Prenez soin de la nature... Et elle vous le rendra !

Et puis je regardouille l'arbrinou qui fascinouille Monsieur Vako.

- Venez, on va s'approchouiller. Cet arbre-là, c'est bien un de mes préférounet, ah ça oui. Je pensouille que vous allez adorouillez, ah ça oui !

On s'avançouille jusqu'à l'arbrinet.

- Tenez, prenouillez une feuillinette dans vos mains, et essayez de cachouiller la lumière. Vous allez avoir une belle surprisette, ah ça oui !

Il lâche le bras de Billy en faisant attention à ne pas être brusque, et il se penche vers le sol pour y ramasser une des feuilles. En prendre une sur l’arbre ne lui vient pas à l’esprit, pas après leur discussion. Celles tombées sont tout aussi efficaces pour…

- Laisser passer la lumière… ?

Derrière la membrane jaune, il voit la lumière aussi clairement que sans protection. Vako vérifie plusieurs fois cet état de fait surprenant. Mais oui, il n’y a pas de différence de luminosité, seulement de teinte. C’est incroyable.

- Elles semblent opaques pourtant. Comment est-ce que c’est possible ?

Une nouvelle fois, il regarde à travers la feuille, les yeux grands ouverts d’émerveillement.

- Pourquoi faire des lunettes de soleil hideuses au lieu d’utiliser des feuilles !

Et son joli rire sincère de s’élever sous les branches au souvenir de leur sac de lunettes et de leur efficacité douteuse.

Je souris bien, absolument ravinounie qu'il soit surprisounet comme ça, ah ça oui ! Et je rigolouille même un peu devant ses yeux grand ouverinet, et puis sa réflexionnette sur nos lunettes de soleil, que Dodu semblouille avoir adoptouiller, d'ailleurs !

- En fait, cette feuillinette ne laissouille pas passer la lumièrinette. Elle fait mieux que ça, ah ça oui !

Dodu ramassouille une feuillinette sur le sol pour me la donner. Je le remercie, et puis je la plie douçouillement, jusqu'à pouvoir bien la mettre dans mes mains fermées en une coupe avec un tout petit trou sur le dessus. Je la montrouille ensuite à Monsieur Vako. Il devrait faire tout noir à l'intérieur de mes mains, mais il y a une lumière éclatouillante dedans.

- Tenez, regardouillez !

Je continue à bien sourirouiller.

- Cette feuillounette a la capacité de recueillir la lumièrinette, et de... De la recrachouiller. Dans la nuit, on voit ces arbrinets briller de loin. Dans la jungle, ce sont des lampadairinous naturels ! Bien pratiquounets pour se repérer, pas vrai ?!

Il ne peut détacher ses yeux de la feuille cachée dans la coupe des mains de Billy. Il n’essaie pas vraiment de s’en éloigner mais même s’il le voulait, il en serait bien incapable. Cet arbre est incroyable et même s’il a utilisé ce mot à tort et à travers depuis leur arrivée dans la terraformation, il n’a jamais été aussi certain que ce soit celui correspondant au miracle qu’il voit.

- C’est… Vraiment beau.

Tellement beau qu’il en a la gorge un peu serrée. Peut-être qu’une partie de sa foi remonte, s’y bloque, enfle doucement… Mais lorsqu’il s’en rend compte, il l’écrase mentalement.

- Pourquoi ne remplacent-t-ils pas les lampadaires avec ces arbres ?

J'souris bien. C'est une questionnounette intelligentinette, ah ça oui ! J'gardouille bien mes mains fermouillés autour de la feuillinette.

- Le probléminou de cet arbrinou c'est bien qu'il gardouille pas longtouillant la lumièrinette, ah ça non. Il est d'abord de ce jaunou éclatouillant en plein jourinet, et puis dès qu'il y a plus de lumièrette pour l'alimentouiller, il perd de son éclat un peu plus chaque minutounette, jusqu'à reprendrouille sa teintinette initiale, qu'est un beau bleu luminescent qui brille dans l'noir, mais qu'éclaire pas bien, ah ça non ! Et les arbrinets les plus robustes et ancieninous peuvent gardouiller la lumière deux ou trois heures, pas bien plus. Mais c'est déjà de gros arbrinous capables de faire ça, ah ça oui ! De jeunes pousses gardouillent la lumière à peine quelques dizaines de minutinettes.

Tout ça me met de bien bonne humeur !

- En revanchou, ça fait de bien jolie décorationnettes de jardinets, ah ça oui ! Et vous vous doutouillez bien que c'est pas sa seule utilisationnette, ah ça non ! Si on peut pas utilisouiller pour remplaçouiller les lampadairinous, ça fait de très chouettinous repèrinets dans la nuit, ah ça oui ! Pour être bien sûr de jamais se perdrouillouter, ah ça non ! Et puis, la poudrinette qu'on peut faire à partir de ces feuillounettes peuvent être utilisouiller pour faire des colorations alimentaires ou dans des objinets, ah ça oui ! C'est aussi très bien pour fabriquouiller un remédinou contre la nausée, ah ça oui !

Tout le temps de l’explication, il ne cesse de regarder la feuille. Que quelque chose d’aussi beau, d’aussi simple, puisse exister est une preuve de quelque chose. Il ne sait pas exactement de quoi mais Vako en est certain : cet arbre prouve une chose. Peut-être l’existence de l’Unique. Peut-être, plus pragmatiquement, que la Nature est fabuleuse et doit être respectée.

- Les forêts de ces arbres doivent être incroyables à traverser juste à la tombée de la nuit.

Juste comme ça, il ressent l’envie de s’allonger sous les feuilles lumineuses et de les observer passer de l’or au bleu. Ce serait une bonne idée de sortie à faire avec son père.

- Et les gâteaux contenant ses pigments doivent être beaux.

Là, il daigne lever le nez des mains de Billy pour lui offrir toute l’étendue de son émerveillement.

- La poudre ne change pas le goût de la nourriture ?

Si la réponse est “non”, il ne se gènera pas pour en incorporer au gâteau promis pour leur goûter futur.

J'hochouille la têtinette avec bien beaucoup d'enthousiasminet, ah ça oui ! J'ai pas bien beaucoup de souvenirounets, mais des arbrounets comme ça, j'en ai bien vu durant mes longues baladinettes.

- Oh ça oui que c'est bien fantastiquounet ! C'est bien dommaginou qu'il ne soit pas très très conseiller de se baladouiller dehors après le coucher du soleil, ah ça non ! Les prédateurinous nocturnes de la jungle de Renaissance rigolouille pas, ah ça non ! Mais depuis ma maisonnette, on peut en voir quelques uns, ah ça oui ! C'est pas bien une forêt, mais ça fait déjà son petit effet, ah ça oui !

Puis je sourinouille quand il me demandouille si les feuillinettes changent quelque chose au goûtinou. Je me mets sur la poitouillette des pieninets pour effleurouiller les feuilles les plus basses. J'en touchouillle plusieurs avant d'en trouvouiller une qui se détache d'elle-même, déjà prête à tombouiller. Je fais quelques pas en direction d'un robinetounet d'eau qui est mise là à disposition pour les personnettes qui travaillent ici, et pour les arrosaginets aussi. J'ouvrouille le robinet, et je passouille doucement la feuillinette à peine dessous, juste pour l'humidifouiller un peu. Puis, je reviens vers Monsieur Vako. Je sors un petit mortier d'un de mes sacs, et j'écrasouille la feuillinette jusqu'à avoir une pâte intéressouillante. Je tends le tout à Monsieur Vako.

- Tenez, goûtez donc ça !

Tiens, oui, il n’avait pas pensé aux prédateurs. L’habitude de la ville, certainement… Son image d’une soirée tranquille sous les frondaisons se transforme en course-poursuite avec des créatures beaucoup trop pleines de crocs et d’yeux brillants pour ne pas faire peur, et il grimace un peu.

- Je n’irais peut-être pas dans la jungle alors…, souffle-t-il.

Il n’est vraiment pas équipé pour y survivre plus de dix minutes. Il va éviter de mourir si bêtement.
Il va plutôt observer Billy, noter qu’elle prend soin de ne pas prélever brutalement de feuille, qu’elle la nettoie avant d’en faire une pâte. Vako y trempe sans hésiter un doigt et le porte à sa bouche.

- C’est…

Qu’est-ce donc ? Il fronce les sourcils, incapable de trouver le mot convenant au goût qu’il expérimente.

- Sucré ? Mentholé ? Euh, pimenté ? Je ne… Sais pas…

Tout ça à la fois, et même plus. Et extrêmement confusant, ce qui ne l'empêche pas d’en reprendre un peu pour essayer de trouver l’adjectif adéquat. En vain.

- Bon. C’est bon. Mais un peu étonnant !

- La junglette c'est bien beau, ah ça oui ! Mais il vaut mieux bien y aller avec des personnettes qui connaissouillent bien, ah ça oui ! Quand vous viendrouillerez par chez nous, on pourra bien vous montrouiller des chosinettes bien sympathounettes, ah ça oui de chez oui !

Je comptouille bien lui montrouiller des tas de chosinettes incroyablounettes, oh que oui ! Je suis bien sûre qu'il va appréçouiller, en tout cas j'espère bien ! On va bien tout faire pour qu'il aime bien son séjourinou avec nous, et qu'il trouvouille ça aussi chouettissime que possiblou ! Et puis je le regardouille goûtouiller la feuillette avec un grand sourire que je peux pas bien retenir.

- C'est bien vrai que tout seul, c'est pas bien commun comme saveurinette. Les fruitinous sont encore ben meilleurs qu'ça ! Ils ont ben le désavantage d'être mûrs que très peu de tempinous dans l'année, alors c'est bien souvent qu'on rate la périodette pour en mangeouiller. Mais si vous aimouillez ça, vous aimouillerez forcément les fruits, ah ça oui !

J'souris bien.

- Bon, la feuillette on l'utilisouille pour plein de produits, mais les fruits ils ont pas d'autres utilités que d'être sapristouillement goûtus, ah ça oui ! Je pensouille que ce fruit là serait bien merveillinou en tarte, d'ailleurs...

Oui, il peut presque goûter les fruits, imaginer une tarte faite à partir de leur chair. Il les imagine plus forts que les feuilles, peut-être un peu plus sucrés. Délicieux dans un clafoutis peut-être. Dans quelque chose de plus complexe dont il n’ose même pas rêver, n’étant pas vraiment pâtissier lui-même.
Les rêves de Vako restent donc modestes pour ce qui est des tartes.

- Sur des amandes pilées… ?

Et si ils brillent eux aussi, et s’ils ont une couleur intéressante, peut-être pourra-t-il s’en procurer à l’occasion. Essayer de les cuisiner.

- Quand est leur période de maturité ?

La question n’est pas innocente. Le ton du médecin comme son air d’une gentillesse désarmante le sont, par contre, certainement parce qu’il espère dissimuler ses intentions comme ça.

Je réfléchis bien quelques secondinettes quand il me parlouille d'amandinettes pillées, avant de bien sourire et d'hochouiller la têtinette. Dodu fait la même chosinette à côté de moi, peut-être bien plus par imitationnette que parce qu'il a compris ce que Monsieur Vako disouille.

- Oh oui ! Des amandettes pilées peuvent bien être parfaitouillement adaptouillée pour une tartinette avec ces fruits-là, ah ça oui oui oui !

Et puis il demandouille la périodette de maturitouillée, et je souris bien, parce que c'est bien vrai que je suis un peu excitouillée.

- On voit pas bien parce que les fleurettes ressemblouilles à s'y méprendre aux feuillinettes, mais cet arbrinou-là en est couvert, ah ça oui ! Les fruitinets devraient bien arrivouiller à maturation d'ici un mois, peut-être deux ! Et peut-être bien qu'on va pouvoir en profitouiller un peu cette année, pas vrai Dodu ?

Cette fois-là, Dodu comprend bien et il fait des grands cris de joie en sautouillant. Il a toujours ses lunettinettes sur son nez, olala, il fait bien sa starinette, ah ça oui !

Un mois. Ou deux, et c’est une information qui plaît déjà bien plus à Vako. Il prend le tend de sortir son HCom pour se noter lui-même un rappel puis envoyer message mi-menaçant, mi-suppliant à son père pour lui demander de prendre des fruits de… De…

- Quel est le nom de cet arbre ? C’est pour le donner à mon père.

La demande s’accompagne d’yeux relevés de son écran. Et d’un sourire amusé en voyant Dodu être si joyeux avec toujours ses lunettes sur le visage.

- Elles vous vont toujours parfaitement, se sent-il obligé de dire à l’assistant animal.