Des jouets par millier [Suu & Hush]

Il faut avouer un truc : c’est plutôt mignon les enfants. Enfin celui-là est plutôt mignon, ceux du reste de l’univers il n’en sait foutre rien et ça ne l'empêche pas de trouver Tobias relativement adorable.
Ca ne dérange donc pas Suu d’entrer dans la boutique et de suivre la petite famille de Hush entre les présentoirs. Il jette un coup d’oeil, constate que c’est coloré partout, se désintéresse de l’affaire. Priorité peluches.

- Ouais ?

Mais que veut bien dire le mini-humain… Hm. Décision au hasard, il veut de l’aide dans le choix d’un animal en fausse fourrure. Le pilote se penche sur le soucis avec beaucoup de sérieux.

- Je suis pas très convaincu par le singe, Tobias.

Il a l’air débile. Il faut mieux.

- Le Kao est assez banal.

Mais il le prend dans une main et de l’autre il attrape…

- Une hyène ! Qu’est-ce que t’en dis ?

Et Suu d’agiter les deux animaux pour voir lequel est le mieux.

Hush sourit, tandis que Tobias regarde tour à tour les peluches que Suu désigne et agite. Il semble hypnotisé par ce qu'il voit. Et finalement, il tend ses petits bras en direction des deux - eh bien oui, il a deux bras après tout, ce n'est pas pour rien.

- Kao ! Ène !

Et il rit, comme s'il s'était agi de la chose la plus drôle du monde. Il s'agite pour que son père se rapproche, et ce dernier s'exécute. Tobias pose alors une main sur le Kao et une main sur la hyène, et il regarde à nouveau Suu, comme s'il attendait son approbation.

- Doux ! Doux !

Tobias semble visiblement heureux de pouvoir parler avec quelqu'un capable de lui répondre, et il n'a pas l'air d'avoir envie de s'en priver. Alors il repart dans un long monologue difficilement compréhensible, où ressortent quelques semblants de mots, comme le nom des animaux, "doux", "beau", ou encore "bleu".

Tiens, il n’avait même pas pensé que “les deux” puisse être une réponse. Il est pas bête, ce petit humain ! Il est même carrément intelligent !

- Ouais, Kao, hyène.

Il y a quelque chose sur le visage de Suu. Il y a des petits éclats de profonde affection, de gentillesse douce qui se montrent, tellement éphémères qu’ils sont difficiles à attraper. Mais c’est là, juste sous la surface. Juste un peu visible alors que Tobias parle et qu’il l’écoute.

- Bleu ?

Le pilote relève les yeux sur le père de famille. Bleu, c’est la couleur préférée de l’enfant ?

- Y’a une… Qu’est-ce que ce qu’est que ce machin ?

Il y a du bleu dans le bac à peluches. On dirait un animal bizarre, il n’a pas le nom de la chose. Un mammifère ? Un poisson ? Impossible à dire. C’est bleu et ça a des ailes ou nageoires en tout cas, c’est donc ce que Suu pioche de la main qui tient la hyène.

- Ce… Animal là ?

Hush maintient Tobias en équilibre, debout sur le rebord du bac remplit de peluche. Ils ont l'air seuls dans la boutique, mais ça ne perturbe vraiment pas l'homme, trop concentré sur les interactions absolument délicieuses entre l'homme à roulettes et le petit être babillant. Tobias peut désormais toucher les peluches tenues par Suu, et il ne s'en prive pas, en les caressant de sa petite main malhabile. Et quand Suu sort la peluche bleue du bac, le regard de Tobias s'illumine. Il tourne la tête vers on père en lui montrant le machin du doigt, tout en faisant de petits sauts marqués par une excitation certaine.

Hush penche la tête sur le côté pour essayer de comprendre quel genre d'animal c'est. Il est... Très laid, mais étrangement, ça parvient à le rendre absolument adorable. Et visiblement, Tobias l'adore. Il se penche en avant pour le caresser, et en répétant bleu, bleu, bleu. Hush sourit, attendri à la fois par Tobias et par Suu qui se débrouille vraiment très bien avec l'enfant. Enfant qui se met à pousser des cris de joie, et à rire aux éclats. Il lui faudrait bien une troisième main pour pouvoir attraper les trois peluches et les serrer contre lui, comme il semble avoir envie de le faire.

Bon, ce machin-là alors. Appelons-ça un “Bleu” à défaut de savoir ce que c’est et n’y réfléchissons pas. Tout ce qui importe à Suu c’est que ça a l’air d’être le préféré de l’enfant.

- T’as pas un peu des petits bras pour tout porter… ?

Mais si. Et c’est très mignon de le voir essayer malgré tout. Le pilote tâche donc d’aider en tenant fermement veaux, vaches et cochons le temps qu’ils soient câlinés. Et il lève les yeux vers le père, un demi-sourire au pif.

- Je crois qu’il va falloir qu’il reparte avec le Bleu… Ca t’ennuie si je lui prend ?

Parce qu’il en a envie. Aussi bizarre que ce soit, il a envie d’offrir l’animal improbable à Tobias histoire de lui faire plaisir.
Vraiment, c’est très inattendu. Ca lui donne un air un peu drôle quand la réalisation le frappe soudain.

Grâce à l'aide de Suu, Tobias parvient finalement à câliner les peluches. Mais son amour se porte définitivement sur l'étrange Bleu. Hush sourit idiotement devant cette image terriblement attendrissante, de son fils qui semble absolument fou amoureux de la peluche, aussi douce et adorable qu'étrange et incompréhensible. Il la prend d'ailleurs entre ses petites mains, et il finit par la câliner en riant. Hush rit aussi, contaminé par la joie de son fils. Cependant, il s'arrête et affiche un air véritablement surpris quand Suu lui avoue ses intentions. Il reste immobile et interloqué, bouche bée. Finalement il regarde Tobias et sa peluche, puis à nouveau Suu, et il hoche la tête avec son sourire le plus éclatant, profondément touché par le geste.

Cependant, il n'écrit rien. Il porte toujours Tobias, qui semble avoir oublié tout le reste du magasin pourtant absolument attrayant pour un enfant, au profit de l'imposante peluche bleue qu'il tient dans ses bras, et avec qui il semble déjà s'être lié d'amitié.

- Merci.

Pour l’autorisation. Parce que ce n’était pas obligé que Hush accepte, après tout.

- Du coup Tobias, va falloir lui trouver un nom.

Et c’est un peu sérieux les noms, alors Suu l’est aussi. Vaguement. Sur les bords quoi, là où il ne sourit pas, là où il fixe intensément le Bleu pour essayer de voir quel genre de nom pourrait lui aller.
Il ne trouve rien. C’est dur de baptiser une peluche. Comment font les enfants qui en ont ?

- Si tu veux en suggérer Hush…

Il va quoi, écrire dans les airs avec des mouvements ? Stupide. Il faut libérer ses mains.

- Je peux porter Tobias le temps qu’il faut.

Hush ne comprend pas pourquoi Suu le remercie, mais il ne cherche pas non plus à le savoir. Il est immédiatement happé par la tâche de la plus haute importance, qui consiste à trouver un nom à la peluche que Tobias s'évertue à appeler "Bleu, Bleu, Bleu", en battant des bras. Hush réfléchit intensément, et lorsque Suu lui propose de prendre Tobias pour qu'il puisse écrire, le mo'at accepte en hochant la tête avec gratitude. Il dépose le petit garçon délicatement sur les genoux de l'homme - ce qui n'est pas pour déplaire à Tobias qui se met à câliner Bleu et Suu avec le même entrain.

Hush reste un instant totalement immobile, observant simplement ce qui se joue entre son fils et l'homme qu'ils ne connaissaient pas quelques heures auparavant. Il y a beaucoup de douceur et de tendresse dans son regard. Il ouvre ensuite son sac pour en sortir son carnet d'écriture ainsi qu'un crayon. A nouveau, il se fige. Son regard fait des aller-retours entre la peluche et la mine de son crayon, posée sur le papier. Après une dizaine de seconde d'immobilité totale, le crayon commence néanmoins à danser sur le papier. Mais ce ne sont pas des lettres qui se forment. C'est un dessin. Le dessin de l'instant qui fait battre son cœur à toute vitesse. Le dessin qui résonne si fort en lui qu'il est obligé de le coucher sur le papier. Il sait déjà comment il l'appellera. Il l'appellera "Portrait de famille".

C’est surprenant. Que Tobias se tourne pour le mettre dans ses minuscules bras avec Bleu entre eux deux -ça lui fait une tête vraiment bizarre- c’est très surprenant, ça fait se lever les bras du pilote en signe de reddition.
D’accord. Il a perdu. Il s’est fait avoir par un humain miniature et c’est tout, voilà. Y’a rien à faire de plus que de se pencher un peu et de répondre au câlin par sa propre affection. Suu pose donc ses mains dans le dos du petit garçon, lui sourit gentiment en continuant de discuter.

- Bleu c’est un bon nom.

Et il ne se rend même pas compte qu’ils se font dessiner. C’est fantastique.

- Peut-être que ton père en aura un mieux mais tu sais, j’avais un pote qu’on appelait Blu. Un type sympa. Avec un peu la même tête que ta peluche en fait… Non en fait c’est un nom parfait. Hush y’a pas besoin de…

Il relève le museau pour voir l’artiste concentré. Il finit donc tout bas pour ne pas le déranger.

- … chercher autre chose, je crois.

Hush se sent emporter par les émotions, et dans sa poitrine, son coeur bat si vite qu'il ne sait pas comment gérer tout ça. Alors il n'essaie pas de le gérer. Il se contente de le poser sur son papier, et sa main file à une vitesse folle, retranscrivant au mieux tout ce qu'il peut ressentir, tout ce qu'il peut voir. Il est très ému de voir son fils parler comme si il ne souffrait pas de retard de développement, de voir un homme l'aimer comme s'il le connaissait depuis des années.

Il est tellement concentré qu'il ne fait pas attention à la vendeuse qui s'approche d'eux. C'est comme s'il n'existait rien d'autre que Suu, son fauteuil, Tobias et Bleu. Même le magasin coloré regorgeant de trésors à découvrir n'a plus d'intérêt alors qu'Hush dresse son portrait de famille.

- Je peux vous aider ?

La bonne femme est derrière Hush. Il ne l'entend pas. Elle pose finalement une main sur son bras.

- Monsieur ?

Hush sursaute, regarde Suu et la femme d'un air perdu, encore trop profondément perdu dans son art, déconnecté de la réalité et de ce qu'il peut s'y passer. Alors il fait la première chose qui lui passer par la tête : il hausse les épaules et cherche l'aide de Suu, juste en le regardant.

RHA LA VACHE. Elle fait sursauter Suu aussi, la dame, parce que Hush bouge et qu’il y réagit. Son réflexe premier est d'entourer un peu mieux l’enfant dans ses bras, et le suivant est de chercher son arme. Heureusement qu’il s’attrape à être idiot avant de l’être vraiment. Il ne dégaine rien. Il relâche même Tobias, vient appuyer tranquillement ses doigts contre la hanche de l’artiste pour le calmer.

- Hush. Ca va. Ca va, je suis avec toi.

Retour vers la boutiquière pour lui faire un truc qui ressemble à un sourire calme.

- Désolé, il était concentré. V’savez, les pères qui regardent leurs fils...

Il en sait fichtre rien lui-même mais ça fait rire la femme, c’est qu’il doit avoir fait mouche. Un point pour l’équipe Galwaïn.

- On va prendre Bleu, là, et euh… On continue de regarder, Hush ?

Il faut bien les doigts de l'homme à roulettes sur sa hanche pour que Hush sente enfin les battements de son coeur qui se calment. Il frissonne même et pose lui-même une main sur l'avant bras de l'homme, en un réflexe d'un naturel affligeant. Hush finit par rire silencieusement, et se passe une main sur la nuque, toujours un peu confus. Il regarde la femme d'un air désolé et puis à nouveau Suu.

Quand il demande si ils continuent à regarder, Hush marque un nouveau temps d'arrêt. Il hausse les épaules, et capte l'attention de Tobias pour signer quelques mots. L'enfant se met à réfléchir et puis il regarde autour de lui avant de faire oui de la tête. Alors Hush regarde encore Suu dans les yeux et hoche positivement la tête, lui aussi. Tobias a dit qu'il voulait continuer à explorer le magasin de jouets. Alors c'est ce qu'ils vont faire. Cela ne veut pas dire qu'ils achèteront autre chose. Tobias a l'habitude que son père lui fabrique beaucoup de jouets, mais il n'est pas un petit garçon capricieux, et encore moins un petit garçon demandeur.

Hush tourne la tête pour essayer de décider où est-ce qu'ils vont bien pouvoir commencer cette exploration, et finit par pointer toute une étagère emplie de jouets en bois colorés et d'instruments de musique pour enfants. Il pense que s'il y a bien quelque chose qui peut plaire à Tobias, c'est ça.

Ce qui est drôle c’est que Tobias ne perd toujours pas le nord. Malgré la surprise causée par la vendeuse et Bleu dans ses petites mains d’enfant, il veut continuer de regarder. Ca c’est un petit humain qui va grandir avec de la suite dans les idées.

- On continue de regarder alors.

L’information est offerte de la voix la plus tranquille de Suu à la dame, qui repart tenir la boutique pendant qu’eux se dirigent donc vers les jouets en bois.
Et c’est le pilote qui tend le premier la main pour en prendre un. En faisant très attention à ne rien faire tomber, il dégage un petit vaisseau sculpté ressemblant bizarrement au Némésis. Il lui fait même un sourire avant de le présenter à l’enfant.

- Tu veux pas piloter quand tu seras grand ?

Le grand mo'at suit paisiblement le cortège tenu par l'homme à roulettes, l'enfant et Bleu. Ils arrivent devant les petits jouets en bois, et c'est à travers son œil d'artiste critique qu'il observe tout dans ses moindres détails, sans rien toucher dans un premier temps. Il remarque avec amusement que ce n'est pas le cas du pilote, qui a déjà attrapé un des jouets dans ses mains, et qui l'agite devant les yeux curieux et avides de son fils. Tobias est captivé, et suis chacun des gestes et des mots de l'adulte avec un intérêt flagrant. Et puis, après un petit instant de flottement, l'enfant rit et agite vigoureusement ses bras.

- Pi'o'ter !

L'idée énoncée semble lui plaire beaucoup - sans qu'on ne soit capable de dire s'il comprend ou non ce que cela implique. Pourtant, avec bleu tenu par ses deux petites mains - une seule ne suffit pas tant la peluche est imposante -, il commence à faire des petits mouvements en mimant ce qui pourrait être un bruit de moteur. Il crache un peu, mais rit beaucoup, en cherchant sans cesse l'approbation de Suu dans ce qu'il fait.

Ouais. Ca, c’est une réaction de futur pilote, en tout objectivité.
Ou pas.
Mais en tout cas, c’est l’avis de Suu : il porte sur ses genoux un petit humain destiné à guider dans l’espace de gros assemblages de métal, de carbone et de moteurs surpuissants. Ca se voit dans ses gestes, dans son imitation de moteurs. C’est donc avec beaucoup de gravité que le pilote adulte relève les yeux vers Hush.

- Il a l’air partant pour le métier. Un jour peut-être qu’il fera voler le meilleur vaisseau de ce coin de galaxie, t’en dis quoi ?

Hush sourit avec tendresse en regardant son fils et l'air tout à fait sérieux de Suu. Il se décide à reprendre son carnet d'écriture et son crayon pour lui répondre - ce qui veut dire détacher son visage de l'adorable scène et du dessin qu'il avait laissé en suspend.

"Si c'est ce qui le rend heureux, alors il le fera. Je veux que Tobias puisse être libre d'avoir le destin qu'il veut avoir. Qu'importe ses rêves, il les réalisera.
Alors, quel est selon toi le meilleur vaisseau de ce coin de la galaxie ? Histoire que je sache ce que mon fils se destine peut-être à piloter."

Intéressante question. Très compliquée aussi, assez pour que Suu se repose vers le dossier de son fauteuil en faisant des petits bruits de moteur, le vaisseau en bois volant entre ses mains, pour occuper Tobias le temps de sa réflexion.

- Je crois…

Il fixe ses mirettes dans celles de Hush, sans ciller.

- … Que j’en sais p-... Purée de rien. Celui que j’aide à piloter est bien mais ça doit pas être le meilleur. Celui qui lui fait le plus plaisir alors ? Un qui soit sympa et rapide. Bleu comme la peluche ? J’sais pas.

Hush est réellement et sincèrement intéressé par la réponse de l'homme. Il est relativement nouveau dans le milieu de la piraterie - et de la liberté - alors il ne connait pas bien encore la flotte qui compose ce monde. Il a pu entendre quelques noms, s'est renseignés aussi sur des vaisseaux qu'il peut croiser fréquemment lors d'escales, mais ses connaissances s'arrêtent là. Alors il est presque déçu en entendant la réponse de Suu. Presque parce que c'est tout de même une très jolie réponse qu'il lui offre.

"Je n'ai jamais encore vu de vaisseaux bleu comme Bleu. Ca doit être joli, et ça plairait sûrement à Tobias. Je crois qu'il aime déjà le rouge de notre vaisseau à nous. Celui que tu pilotes maintenant, est-ce que c'est ton premier vaisseau ?"

- Rouge ? Marrant comme couleur.

Pas très discret mais hey, est-ce qu’il faut être discret dans l’espace ? Sans doute pas. Et entre voir un vaisseau arriver et bien réagir en retour, il y a un monde.
Enfin l’avantage d’un vaisseau si voyant c’est que maintenant Suu va garder les yeux ouverts pour trouver à quel vaisseau correspond la peinture criarde. On ne sait jamais, il pourrait passer dire bonjour un jour s’ils sont au même port.

- Ouais, c’est le premier que je pilote. A la base moi c’est des speeders sur lesquels je bosse... C’est plus adapté à ma taille.

La remarque est assortie d’un immense sourire en tranche de courge de la part du nabot rendu encore plus court sur pattes par son fauteuil.

- Mais le Némésis est un gros machin très sympa pour les pilotes débutants. J’me plains pas.

Hush ne sait pas vraiment si rouge est une couleur marrante. Elle lui rappelle beaucoup de choses, belles ou moins belles. Des couchers de soleil, des flammes ou du sang, mais aussi certaines des plus belles fleurs que l'on peut trouver sur Renaissance. Des fleurs dont sa mère se servait pour faire de la peinture, par exemple. Ce n'est pas une couleur qu'il trouve spécialement marrante, mais c'est une jolie couleur, c'est certain. Alors, puisqu'il ne sait pas, il décide de poser la question, en toute innocence.

"Pourquoi est-ce que tu trouves le rouge marrant ? De quel couleur est-ce qu'il est, le Némésis ? Je ne suis pas certain de l'orthographe."

- C’est pas une couleur très courante pour un vaisseau. C’est ça qui est drôle.

Ou en tout cas il croit. Ca le fait froncer les sourcils, finalement.

- ‘fin je pense. Mais les pirates sont… Utilisent moins de gris et de noir que ce dont j’ai l’habitude. Peut-être que rouge c’est banal dans ce système. Je suis pas là depuis assez longtemps pour bien savoir, en fait, mais le Némésis aussi est noir.

Si ça se trouve c’est lui qui attire les bâtiments sobres, assortis à son fauteuil et ses vêtements. L’idée l’amuse immensément.

- Le rouge est pas une mauvaise couleur. C’est même joli, ça doit bien rendre sur un vaisseau, non ?

Hush est un peu perplexe, mais il tâche de ne pas trop le montrer. A la place, il reprend son carnet d'écriture, rendu curieux par les constatations de son ami. Et il écrit beaucoup, pendant que Tobias joue toujours joyeusement sur les genoux de Suu, explorant ce nouvel univers avec Bleu.

"Je n'ai pas vu beaucoup de vaisseaux au cours de ma vie, alors je me fie à ton expérience. Moi non plus, je ne suis pas vraiment dans ce monde-là depuis très longtemps. Dans les ports pirates, j'ai l'impression qu'il y a de tout, mais je ne crois pas avoir encore tout vu, loin de là.
Le rouge sur mon vaisseau est très joli, oui. Je te montrerai tout à l'heure, si tu nous accompagnes jusqu'au port.
Tu viens de l'extérieur de Dorado, alors ?"

- Je s’rais très content de voir ton vaisseau rouge.

Mais oui, et puis il en a l’air. Même occupé à continuer de faire voler le non-Némésis en bois pour amuser Tobias, il trouve de quoi lever la truffe et regarder Hush après avoir lu ses mots, histoire de montrer à quel point il est sincère.

- Je viens d’à peu près l’autre côté de la galaxie en passant par le milieu. A l’autre bout des système minuscules pour lesquels personne ne sait pourquoi on se bat. Caillou gris. De la boue partout. C’est pas un endroit super sympa… Je préfère ici. Même si j’y resterais pas trop longtemps, c’est plus joli Dorado que… Je me souviens même pas du nom du trou d’où je viens, tu vois...

Hush l'écoute avec beaucoup d'intérêt. Il n'a aucune idée d'à quoi ça peut ressembler, au-delà de Dorado. Pas qu'il ne se soit jamais posé la question, mais pendant très longtemps, il a considéré l'extérieur des murs des domaines de ses maîtres comme étant son ailleurs à lui. Il a rêvé longtemps de ce qui pouvait se trouver en dehors de toute la misère de ses frères et sœurs, de ce qu'il pouvait y avoir de l'autre côté. Aujourd'hui, il en sait beaucoup plus, mais il lui reste tant à découvrir... Et cette perspective l'enchante, parce qu'il est libre d'explorer comme il veut, maintenant. En revanche, ce que lui décrit Suu ne lui parait absolument pas attrayant.

"Pourquoi est-ce que tu es venu en Dorado ? Pour fuir ton caillou gris boueux ?"

Hush détourne un instant le regard, s'intéressant aux petits objets en bois une nouvelle fois avant d'initier un lent mouvement vers d'autres objets colorés.

Il suit le mouvement vers ailleurs après avoir posé le quasi-Némésis et occupé Tobias en bougeant les mains à la place. Bleu finit par lui être mis entre les doigts et il lui gratte le truc qui ressemble à une tête comme si c’était un vrai animal.

- Nan, je suis venu pour pas finir fou. Ou mort. Dans un ordre ou l’autre, ça a pas trop d’importance, c’est ce qui aurait fini par arriver.

Ca finira encore par arriver, Suu en est certain. Il a la décence de comprendre qu’il ne va pas bien. Il sait parfaitement vers quoi son chemin mène mais que peut-il faire pour le changer ? Rien du tout. Il n’a qu’à faire bonne figure, c’est tout, voilà.

- J’ai rejoint la Légion pour me barrer de mon caillou, par contre. J’ai vu plein d’endroits différents en échange de mon service. J’suis même passé à Dorado quelques heures pendant un transit, mais je sais pas si ça compte comme une première visite...

Hush l'écoute. Il ne connait pas suffisamment l'endroit duquel Suu vient, ni même Suu, pour pouvoir lui assurer qu'il se trompe et qu'il n'aurait fini ni fou, ni mort. Prétendre qu'il en sait davantage que lui serait simplement prétentieux et mal avisé. Il ne sait par contre pas ce qu'est la légion. Alors, il demande, poussé par sa curiosité.

"C'est quoi, la légion ?
Est-ce que tu as vu des endroits sympas, pendant tes voyages ?"