Petite fille pour grands problèmes [Zélio & Croyance]

Le monde, c'est joli. J'ai fait que marcher depuis que je suis partie du couvent. Toute une nuit, et puis tout un jour, et puis encore toute une nuit. Bon, Serge il avait la fatigue alors on a dormi un peu aussi. Et puis on a pris une machine qui va vite, et on a encore marché. Et puis dès qu'on a croisé un quelqu'un, on lui a demandé si il a pas vu Modestie. Et il nous a dit non. Mais c'est pas grave, y a l'air d'y avoir plein de gens par là-bas. On sait pas trop où on est, mais c'est vachement plus chouette que chez nous. Je vois un monsieur rigolo avec une grosse moustache, alors je m'approche de lui en souriant.

- Bonjour Monsieur, vous connaitrez pas Modestie Profitendieu s'il te plait ?

Il me regarde presque pas et puis il me dit quand même que non. Je demande à un autre monsieur qui est moins rigolo, et puis lui, il s'arrête même pas. Alors je lui tire la langue. Mon ventre il grogne, mais si on cherche bien, on devrait trouver Modestie avant la prochaine nuit, et puis elle nous donnera de la nourriture, elle. Je demande encore à une madame aux cheveux moches et puis je vais vers un monsieur qui est tout sale.

- Bonjour Monsieur, vous connaitrez pas Modestie Profitendieu s'il te plaît ?

Il me regarde longtemps avec ses yeux bizarres. Je me demande si il est stupide et qu'il comprend pas, mais il me répond enfin. J'ai pas toute la journée pour attendre, moi.

- Modestie ? Ah, oui, je connais une Modestie. Suis-moi, petite.

J'éclate de rire et puis je le suis. Il m'emmène vers des rues un peu sombres, et ça pue le vieux rat tout pourri. Enfin, Serge il pue même pas comme ça. Moi je me dis que pour une héroïne qui a survécu aux mangeurs d'enfants, c'est quand même un endroit pas très chouette. Il me fait signe d'avancer, alors moi je me penche pour regarder, et puis il me pousse.

- Eh les copains, regardez ce que j'vous amène ! D'la chaire fraîche.

Là, j'entends des rires de vieux cochons dégoûtants et tout sales, et puis y a au moins quatre monsieurs tout sales qui viennent vers moi. Le premier, il m'attrape par le bras, et il me fait mal.

- EH ! LÂCHE-MOI GROS MOCHE.

Je secoue mes jambes dans tous les sens, et puis je crie très fort. Y en a un, il me met sa grosse main poilue devant la bouche, et alors je mords. Beurk, il a pas bon goût ! Il a mal, et puis il me lâche, alors je crie encore. Ils me prennent plus forts, et moi je peux rien faire du tout, mais je suis une super héros, moi, je me laisse pas faire par des vieux tout ramollis du cerveau.

- Tu déchires pas ma veste sale tête de fesses poilues !

Zélio flâne dans les rues de Vanguard. Il vient de subir une opération pou se faire greffer une nouvelle jambe. Mais pour le moment il ne veut pas réfléchir aux événements passés. Alors il reste dans le présent et se concentre sur faire fonctionner ses jambes. Il n'a pas le droit de forcer pour le moment, il est officiellement en convalescence et c'est quelque chose qui le fatigue beaucoup. Il a encore des traces des autres blessures partout sur le corps et sur le visage. Mais dans l'ensemble il va mieux. Il trouvait que la tranquillité avait du bon lorsqu'il entendit des cris dans la ruelle.

- et merde. dit-il avant d'avancer en direction de cette dernière.

Il ne court pas, il n'a pas le droit. Et arrive finalement sur une scène étrange avec quatre clochards entrain d'essayer de maitriser une gamine. Le pire c'est qu'ils rament.

- un coup de main ? demande Zélio d'une voix grave accompagné d'un regard mauvais.

Y a un monsieur moins moche que les autres qui arrive et ça surprend un peu les vieux qui puent. J'en profite pour mordre encore très fort la main qui est à portée de moi et puis il crie fort et il me lâche. Les autres, ils sont déséquilibrés et puis je tombe les fesses sur le sol.

- Ouille ouille ouille.

Je me masse les fesses et puis je tire la langue à celui qui se tient la main toute pleine de sang. Moi, je mords fort si on m'embête, il avait qu'à pas m'embêter comme ça, et puis ils auraient pu déchirer ma veste et ça, c'est même pas dans leurs rêves de gros moches.

Les gars se tournent vers Zélio et ce dernier leur lance une sourire mauvais. Du genre qu'il va les étriper et ensuite les manger au petit déjeuner.

- j'aime pas vraiment qu'on agresse les gamines sans défense. Mais c'est votre jour de chance… j'ai autre chose à faire que de vous éparpiller dans la rue façon puzzle. dit Zélio.

Dans son regard une lueur sauvage, pleine de violence et de haine. Il se retient … parce qu'il est en convalescence, parce qu'il veut pas passer la nuit au poste à expliquer qu'il a agit en légitime défense étendue, parce qu'il veut pas se prendre la tête après ce qui lui ait arrivé récemment.

Je regarde le monsieur joli avec des yeux grands comme ça. Il est trop coooool !

- Wouaaah.

Les autres méchants pas beaux, ils se regardent, pas trop sûrs d'eux. Ils sont pas vraiment malins, ceux-là. Moi, ça me fait rigoler.

- Non, nous on te laisse une chance de nous foutre la paix. C'est pas tes affaires ! On l'a vue avant, cette gamine.

Ils veulent se tourner vers moi et me maintenir, mais je profite qu'ils regardent ailleurs et je file entre leurs jambes. Je vérifie que Serge il est dans ma poche et il va bien, et puis je me réfugie derrière le monsieur joli qui sent bon.

Les gars comprennent pas. Il soupire et lève les yeux au ciel. Reste l'autre solution avant le drame. Il tombe sa veste en cuir et se retrouve en t-shirt moulant. Outre sa musculature d'athlète ce dernier dévoile aussi son bras cybernétique peint pour correspondre au tatouage que l'on retrouve sur son bras de chair. Des ailes magnifiques d'un rapace que l'on imagine aisément majestueux.

Il attrape de sa main droite un morceau de métal tordu qui traine dans "les trésors" du groupe de clochard. Et il vient le frapper sur son bras au moment ou il allume la garde monofilament. Le morceau de métal se fait découper dans une projection d'étincelle.

- Comme vous voulez. Mais certains d'entre vous vont perdre des membres. Vous avez une bonne couverture santé j'imagine ? dit-il avec les yeux d'une personne qui ne bluffe pas.

Sans doute parce qu'il ne bluffe pas en fait. S'il le pousse dans ses retranchements il va leur faire mal.

Le gentil monsieur, il est trop coooool ! Il enlève sa veste trop jolie et il montre un bras en métal, et puis un oiseau sur son bras. Je vois pas trop si c'est un poulet, mais je crois pas. J'suis derrière lui, et les monsieurs qui puent, ils ont l'air d'hésiter là, surtout quand le monsieur trop cool il découpe un bout de métal comme si c'était une barre de nutrisoja qui est restée trop longtemps au soleil.

Ils sont pas contents, ils grognent comme des animaux pas contents, mais ils ont peut être le cerveau moins vide que je crois. Celui qui m'a amené là, il fait signe à ses amis qui puent et ils partent tous. Quand ils sont plus là, je sors de derrière le monsieur.

- Dis, je peux toucher ton bras ?

Zélio s'assure que les gars se barrent. Tant mieux. C'est pas qu'il aurait échoué à les maitriser … mais c'est pas le moment. Une fois satisfait il se tourne vers la gamine qui… n'a pas vraiment l'air traumatisé. Ce qui est pour le moment étrange. Sa fille aurait été en larme là.

- c'est que du métal. Mais vas-y. dit-il simplement.

Je continue à le regarder, un peu intimidée et surtout super impressionnée. J'approche un peu ma main et je le touche une seconde et après je retire ma main. Et puis je le touche encore un peu plus. C'est super solide et tout froid, j'avais jamais jamais vu un truc comme ça.

- Cooooool.

Et puis je donne un petit coup et ça fait un sacré joli bruit.

- T'as un mi juste ici. Dis, ça fait mal quand je fais ça ?

Elle lui demande quoi ? Il a rien compris à part la fin.

- non c'est le principe, ça fait me fait pas mal à moi. Beaucoup plus aux autres. explique le grand bonhomme. Qu'est-ce que tu fais dans la rue à trainer avec ce genre de gars ?

Il s'inquiète un peu. Visiblement elle traine pas depuis longtemps dans la rue, elle est encore propre et les habits ne sont pas trop crades. Donc elle est perdue ? C'est parent la cherche ?

Ca lui fait pas mal. Encore plus mieux cool. Alors avec mes deux poings, je frappe doucement sur son bras à plusieurs endroits, et puis ça fait des jolies notes. Mi, mi, la, do, mi. Cool.

- Je cherche ma grande soeur. Le monsieur qui pue, il m'a dit qu'il la connaissait, mais en fait, il raconte que des gros mensonges trop vilains.

Mi, mi, la, do, mi.

A quoi elle joue là. Bon le pire c'est que ça sonne pas trop mal. Mais bon c'est quand même pas instrument alors il dégage son bras.

- arrête c'est pas un instrument de musique. dit-il simplement. Tu étais avec ta sœur et vous vous êtes séparés ? Elle s'appelle comment ? Tu as son IdCom ?

Il retire son bras, alors je fronce un peu les sourcils. Mais après, il pose des questions gentilles.

- Ben non. Papa et maman, ils ont dit qu'elle s'était fait manger par des méchants mangeurs d'enfants, quand j'étais pas née encore. Mais moi, je sais que ça aussi, c'est des vilains mensonges pas beaux. C'est Modestie Profitendieu, tu la connais ?

Le nom ne lui dit rien, mais d'un autre côté elle espère quoi la petite trinitaire ? Que tout le monde connait tout le monde. Même pas en rêve.

- c'est pas en la cherchant dans la rue que tu vas la trouver. Et tes parents doivent te chercher, ils sont surement inquiet en plus. dit Zélio qui se met à leur place avec une facilité déconcertante.

Il a connu la peur de la perte lorsqu'un fois ils ont été séparé dans un mall. L'angoisse qu'il a ressenti à l'époque était terrible avant qu'il finisse par la retrouver dans un magasin de glace.

Je secoue la tête.

- Mmh-mmh, ils m'ont dit que je suis morte, papa et maman, parce que j'étais trop embêtante. Ca fait...

Je compte sur mes doigts, et puis je tends une main et mon pouce.

- Tout ça que je les ai même plus vus.

Zélio hausse un sourcil et ne comprend pas son histoire à la petite. Les trinitaires sont des gens étranges parfois, il font des enfants et ne s'en occupent pas vraiment tellement ils en ont. C'est quelque chose qu'il ne comprend pas. Il n'en a eu qu'une mais il l'a couverte d'amour.

- je comprends pas. C'est que cette histoire, tu es pas morte. demande Zélio en prenant la main de la fille de sa main de chair pour la sortir de la ruelle mal famée.

J'ai pas envie que le monsieur gentil il apprend pour ma maladie, parce que sinon, il va me laisser là, c'est sûr.

- Ben si, c'est facile. C'est parce qu'on est beaucoup nombreux dans la famille. Y a Jean, Modestie ma soeur que je cherche, Douce, Léon, Finaude, Martin, Philippe, Charité, Alexandre et Prévoyance, Modération, moi, Louis, Tempérance, Matthieu, Espérance, Persévérance et puis maman, elle attendait encore le nouveau bébé. Et alors moi, je coûtais des sous chers à mes parents, et puis j'étais pas sage, alors ils m'ont dit que je suis morte et je suis partie au couvent. Mais au couvent, soeur Louise c'était une grosse méchante et moi, j'avais pas envie de rester là, parce que c'était tout pourri. Donc après, je suis sortie et puis j'ai marché toute la nuit, tout le jour, toute la nuit encore, et puis un peu le jour. Avec tout ça, c'est sûr que c'est bientôt que j'arrive au bout du monde !

Diantre qu'elle parle vite la petite. Elle essaie de le noyer sous un flot de mot sans doute. Mais il n'est pas un poisson et il reste très critique en ce moment sur tout un tas de sujet.

- Tu as une famille nombreuse et tes parents ont décidé de se passer de toi comme tu n'étais pas sage ?c'est pas crédible.

Encore un truc de fugueuse.

- si tu veux que je t'aide il faut me dire la vérité. dit simplement le grand bonhomme en gardant la main de la petite dans la sienne. Parce que si tu ne me fais pas confiance alors je ne peux pas t'aider.

Je le regarde et puis je soupire FORT. J'veux pas lui parler de ma maladie parce qu'il va me laisser toute seule encore.

- Mais c'eeeest la vérité ! J'suis pas une sale racontrice de bobards !

Je boude fort aussi, mais j'ai enviiiie qu'il m'aide. Il est gentil, le gentil monsieur.

- HMPF. Beeeeen. Avec une famille grande comme ça, on a pas beaucoup d'argent. Et j'ai assez souvent des maladies moches, alors ça coûte beaucoup des sous. Et comme mes parents ils peuvaient pas payer pour ça, ils m'ont envoyée dans le couvent. Et tout le reste c'est la vraie vérité, par contre !

Je dresse le torse, toute droite, pour bien lui montrer que je suis pas une menteuse !

Donc elle a été mise au couvent parce qu'elle a une nature fragile et qu'elle attrape des maladies moches. Les enfants de ce genre sont en effet des nids à emmerdes quand on a pas d'argent. Sans doute que les bonnes œuvres payaient les soins du couvent. Il n'y connait rien dans l'organisation de la société trinitaire.

Donc ta sœur a fugué, et tu es partie toute seule dans le monde gigantesque pour la retrouver sans savoir où elle se trouve ni avoir le moindre indice ? demande Zélio.

Il ne sait même pas si la petite est en vie en fait. C'est n'importe quoi, un truc de gosse.

- et tu vas faire comment pour tes médicaments ? ajoute Zélio.

Je réfléchis un peu à ce qu'il me dit et puis j'hoche la tête avec un grand sourire.

- Mmh-mmh, oui, t'as tout compris. Sauf que je sais qu'elle a...

Ma langue se tire toute seule quand je réfléchis en regardant mes doigts pour compter

- Quinze ans de plus que moi, et qu'elle s'appelle Modestie, et puis qu'on a les mêmes z'yeux, elle et moi. Regarde, t'as vu mes z'yeux à moi ?

Je m'approche de lui pour être sûre qu'il les voit bien, et je les ouvre très très grands. Et puis je rigole, parce que sa question elle est vraiment trop bête.

- Ben comme j'aura retrouvé Modestie ce soir, elle pouvra m'en donner, des médicaments !

Il soupire en trainant la petite fille dans les rues de la ville. Il n'est pas sûr que retrouver Modestie soit possible et quasiment certain que ça ne se fera pas dans la journée.

- ta sœur a peut-être quitté la planète tu sais. Et peut-être qu'elle a changé de nom. commence Zélio. Et il y a bien trop de monde dans les astroports pour tomber sur quelqu'un qui la connait si elle est partie.

Il sort son HCom et déclenche la commande vocale pour ne pas lacher la main de a petite. Hey ! Blaireau. Trouve l'adresse de Modestie Profitendieu. demande Zélio au système interne qu'il a volontairement renommé Blaireau.

Le logiciel cherche et affiche que personne avec ce nom, ce prénom ou les deux n'habite dans cet astroport.

- visiblement elle n'est pas recensé sous ce nom ou ce prénom d'ailleurs. explique Zélio.

Il va vite le monsieur, mais la rue, elle sent plus mieux bon. Et j'ai les z'yeux levés vers tout ce qu'on peut voir. C'est joliiiii.

- C'est quoi un astroport ?

Et puis je rigole beaucoup en mettant ma main libre devant ma bouche.

- Ffff, blaireau. T'es trop rigolo, toi !

Et il dit que Modestie elle est pas là.

- Ca veut dire quoi rencensé ? Ca se mange ? Dis, j'ai faim monsieur.

- ouais je suis un marrant. Ca veut dire que personne la connait ici ou qu'elle a changé de nom et que ça va être très dur de la trouver. lâche ensuite le grand bonhomme.

Forcement la fugueuse à faim et pour ça il peut faire quelque chose.

- je connais le meilleur poulet frit et frite des environs. Tu veux ? qu'il demande ensuite.

Je baisse un peu la tête, un peu déçue.

- Ooh... Ca veut dire qu'on la trouvera pas avant demain ?

Mais bon, quand il me parle de frites et de poulet frit, je rigole encore, et puis je suis plus si déçue que ça. Je la trouvera bien, Modestie, de toutes façons. Et si le gentil Monsieur il me fait manger des frites en nourriture, c'est pas grave si on attend un peu. Mon ventre, il gronde vraiment fort.

- Ouuuups. Je crois que mon ventre il est d'accord pour ça ! Et dis, monsieur gentil, tu t'appelles comment toi ?