J'ai dû vous confondre avec quelqu'un désolé. [PV Felipe]

Le Crust était un endroit merveilleux, un endroit où tout semblait disparaitre. Il suffisait de payer quelques verres et d'oublier que dehors c'était une guerre permanente. Voir un inquisiteur intéressait à ses affaires n'avaient pas été du goût d'Aimée et la jeune femme broyait du noir plus qu'elle ne devrait. Elle savait qu'elle devrait tôt ou tard relevait la tête et faire face à cette nuisance, mais pour l'instant elle devait se ressaisir, faire un plan pour éviter le pire. Peut-être avec un coup ou deux aidant et quelques plans aussi diabolique qu'impossible en vrai elle finit par croire reconnaître un vieux monsieur.

-Je vous reconnais, ça fait combien de temps depuis que vous avez...

Il avait quoi? Les traits qui lui semblait il y a quelques instants si familier se dissipèrent pour laisser la place pour un parfait inconnu. Certes élégant.

-Je me souviens plus... Désolé.

Un ou deux verres pour oublier cet accident et elle profiterait de la gueule de bois du lendemain pour se rappeler qu'elle avait un vaisseau à maintenir en un seul morceau et que les bêtises c'étaient toujours à consommer avec modération.

Au bar, Felipe passait le temps. Si le Crust était un lieu de loisir et de détente, c'était aussi un moyen de se souvenir. Il avait presque passé la frontière cette soirée là. Pour quelques heures, ils étaient redevenus adolescents. Amoureux. Ils n'avaient rien fait - c'était contre les règles - ils auraient pu. Lui l'aurait voulu. Elle, il ne savait pas. Il leva un verre silencieux à sa mémoire. A cet instant, une femme l'interrompit.

Un homme plus superstitieux y aurait vu un signe. Celui qu'on lui envoyait une jolie blonde pour oublier son amie d'enfance. Il ne cherchait pas de signes. Il n'était pas non plus contre un peu de compagnie, quelle qu'elle soit.

"Je ne vous reconnais pas mais pour répondre à votre question, cela fait bien trop longtemps depuis que j'ai bu un verre en si charmante compagnie. Puis-je vous offrir quelque chose ?"

Il sourit. On ne le prenait pas souvent pas surprise mais quand ça arrivait, il appréciait de voir qu'il retombait toujours sur ses pieds. Figurativement parlant. Il n'en avait plus beaucoup, des pieds.

Il l'invitait à boire un verre? Et vraisemblablement il avait décidé de flirte. C'était... Inconvenant. Sans sa bourde de tout à l'heure elle lui aurait jeté un regard froid et serait parti sans même un au revoir. Cependant, elle avait besoin d'un verre et surement d'un peu de compagnie qui se désintéressait de ces histoires de trinitaires. Puis, pour une fois qu'on lui proposait de se comporter ni en capitaine, ni en femme rebelle... Non vraiment, c'était une occasion idéal pour se reposer. Sans doute sous les effets de l'alcool et parce que ces nerfs avaient été mis à mal, elle rigola comme une adolescente attardée.

-Vous êtes fort aimable, vous au moins. J'accepte votre verre.

Elle commanda, sa boisson préférée sur le Crust.

-Si je puis me permettre, il vous ai arrivé quoi à vos pieds? Vous êtes un vétéran je paris. De quel faction?

A la franchise sous alcool. Cela ne la découragea cependant pas, trop heureuse d'avoir quelqu'un qui pouvait raconter un peu sa vie et ses malheurs. Avec un peu de chance, elle se dirait que sa situation n'était pas si horrible que ça.

Lui, au moins, nota-t-il avec un sourire. Mademoiselle blonde avait un grief contre quelqu'un, probablement un homme se dit-il, amusé par la formulation. Il n'était pas du genre à s'en formaliser. Son honneur était plus solide que ça. La remarque sur son état de santé, par contre, le rembrunit quelque peu. Il n'aimait pas qu'on le prenne pour un infirme. Il soupira, vida son verre et en commanda un autre. Cela ne pouvait être évité. Il avait l'air d'un idiot, il le savait.

"Je suis Capitaine Impérial. Toujours en service mais convalescent, comme vous le voyez." Il sourit un peu tout de même. Pour autant qu'il sache, elle n'était pour rien dans l'attaque mutante. Il tendit la main.

"Felipe de Golazzo, Maître Artilleur, pour vous servir, Mademoiselle ?"

Capitaine impérial et maitre artilleur? Rien que ça. Intéressant. L'individu était donc assez haut placé, et donc, à garder parmi ces amis. Puis, il était plus classieux, il fallait bien l'avouer. Elle se sentait presque en confiance. Toutefois, il y avait un hic, c'était à son tour de rendre la politesse à l'impérial. Son titre à elle, était beaucoup moins glorieux, mais surprenant. Puis tant pis, elle verrait bien sa réaction, de toute façon, s'il devait lui aussi ne pas apprécier ses fonctions, autant le savoir de suite.

-Cela va vous surprendre je vous préviens.

Dit la vipère en sirotant son verre. Elle pris quelques secondes, plus pour faire un peu d'ordre dans sa tête que par effet de style.

-Je suis Aimée Favreau, Capitaine de la couleuvrine, Vaisseau civil trinitaire pratiquant notamment des activités de mercenariats visant les pirates.

Énonça fièrement Aimée avec un grand sourire. Puis son sourire disparu petit à petit pour faire place à une grimace.

-Et j'ai été trop gourmande, j'ai attiré l'attention des inquisiteurs. Je ne sais pas encore comment m'en sortir...

"Mais je m'en sortirai avec brio" se promit Aimée.

Il était prévenu mais il avait l'habitude, à présent, que Dorado le surprenne et n'était pas à ça prêt. Il hocha donc galamment la tête à la présentation, étonné, oui, qu'une femme aussi jeune puisse être à la tête d'une bande de mercenaire - peu connus pour leur sensiblerie - mais il ne jugea pas. S'il n'avait pas pu prendre part à l'armée, qui sait ce qu'il aurait fait. S'il était mis à la retraite ou déclaré n'être bon qu'à faire de la paperasse dans un bureau, qui sait ce qu'il ferait ? Bref.

"Je ne comprends pas, l'Inquisition désapprouve l'affaiblissement des pirates ?"

Ce n'était pas ce que lui avait dit l'Evêque Lazare.

La question n'eut pas l'air de la prendre ni en pitié, ni un dégout ni rien. Il réagissait en professionnel. Il se demandait juste ce qui se passait dans ce bout de système solaire. Un vrai pro. Elle répondit donc en professionnel.

-Je pense que les inquisiteurs se soucient des pirates, le principal problème me concernant étant que je suis une femme, faisant un métier peu glorieux qui plus est. Ils veulent donc faire d'une pierre deux coups en me mariant et en faisant dissoudre ma compagnie. Vous savez ce que veut dire se marier pour une femme trinitaire?

Évidement, ça n'avait pas été dit de manière aussi frontal... Enfin,qu'elle se marie si. Il fallait juste un peu de jugeote pour comprendre ce qui en résulterait.

"Elle perd tous ses droits et devient la responsabilité de son époux qui fait fructifier ses avoirs tandis qu'elle s'occupe de la maison, je crois." Il n'est pas un expert en Trinité mais, inégalité mise à part, le sort de leurs femmes n'est pas tellement différent de celui des nobles de l'Empire. Si ce n'est que l'époux n'a pas tout droit sur elles, qu'elles peuvent prétendre à de hautes fonctions si elles le désirent malgré la difficulté à trouver un bon parti après cela et que l'impérial moyen est tout de même plus décent que le trinitaire de base.

"Vous êtes certaine de ne pas confondre l'inquisition dans son ensemble avec un particulier qui aurait un intérêt à dissoudre ou récupérer votre compagnie ? De plus, si je ne me trompe pas, seul votre père peut vous marier et seulement si vous êtes trinitaire. Si vous voulez changer, je crois que la Légion permet d'échanger des années de combat contre la nationalité corporatrice. Cela vous mettrais à jamais à l'abri de l'inquisition, non ?"

Il n'est pas en mesure d'offrir une aide concrète et bien trop intelligent pour la proposer. Mais rien n'interdit de réfléchir à voix haute, non ? Cette fille aurait pu être Mia, dans une autre vie.

Elle était avec un parfait inconnu en train de boire un verre, et c'était celui-ci qui lui donnait des conseils. Aimée eut soudain la révélation. Il avait raison, des hérétiques et des parias à Port Salem, certains plus puissant qu'elle ce n'était pas ce qui manquait. Elle avait été leurré par le fait qu'elle les avait toujours éviter, qu'elle avait encore foi en la trinité au fond d'elle. Plus maintenant, on lui avait déclaré un ultimatum inacceptable, il fallait qu'elle se défende et qu'elle joue finement. Il devint évident que ce n'était pas vraiment elle qui était visé, mais le gouverneur de Port Salem à travers elle. Une fois qu'elle serait partit les moyens qu'il avait de se défendre serait plus limiter et donc l'inquisition serait plus à même de "purger" la ville. Elle leur souhaitait bien du courage.

-Vous avez raison, dit elle sobrement. A croire que j'avais besoin d'un regard extérieur comme le votre pour y voir plus clair.

Il fallait vraiment qu'elle se reprenne, même si l'évidence commençait à lui échapper elle était fichue.

-Vous méritez au moins que je vous repaye un verre, voire un repas. J'insiste.

Elle ne pû s'empêcher de demander cependant:

-Bien que votre idée d'intégrée L'UC soit tentante, n'y a t'il pas moyen d'intégré l'empire avec mon vaisseau?

En espérant qu'il s'y connaisse sur le sujet. Il serait idiot vu sa situation de négliger toutes solutions de repli.

Un regard extérieur, certainement. Peut-être que l'âge avait joué à quelque chose aussi. Les jeunes pensaient beaucoup en noir et blanc, se croyaient malins mais n'arrivaient jamais au cynisme qu'apporte l'âge et c'était tant mieux. Il hocha la tête, souriant une nouvelle fois, une pointe d'amusement dans l'oeil. Il ne savait pas si elle le draguait mais il s'amusait bien.

"Ce serait un plaisir et un honneur mais seulement si vous me permettez de payer le dessert." Oui, il y avait un sous entendu dans ce dernier mot. A elle ne le saisir ou non. La chasse était un jeu où il fallait être prêt à perdre pour mieux gagner une autre fois. Et puis une si belle fille qui se donnait d'elle-même, cela cachait toujorus quelque chose.

Et voilà.

S'y attendant, le capitaine ne perdit pas une seconde son sourire. C'était de bonne guerre. Il n'avait rien à offrir sans "payer" maintenant.

"L'Empire ne fait pas dans la naturalisation, je crois. Si vous voulez travailler pour l'Empire, il faudrait faire une demande auprès de la Milice. Je ne connais pas leurs critères. Mais je vous le répète, ce n'est pas la légion. Je n'irais pas vous bercer avec de fausses promesses d'adoption."

C'est à vous de vous renseigner auprès des autorités compétentes fut la phrase qu'il n'ajouta pas.

La méthode classique pour un homme de garder contenance devant une femme, au moins payer un petit quelque chose. Il ne semblait pas avoir oublié sa volonté de séduire la vipère... Hurf. Embêtant. Surtout qu'ici, elle n'était qu'une femme parmi tant d'autres, cela avait certes ces avantages, mais aussi beaucoup d'inconvénients.

-Si cela vous fait plaisir. Je présume que c'est parce que vous n'avez pas pu entièrement me satisfaire.

Dit Aimée non sans une pointe de malice, on ne vivait pas dans un milieu très masculin sans apprendre quelques trucs niveau blagues bien lourdes et séduction. Peut-être y avait elle été un peu fort avec ce Felipe... Ou au contraire pas assez. Elle le saurait sûrement bien vite.

-Toutefois, je comprends très bien. Vous êtes de bons conseils, mais vous ne pouvez pas être spécialiste en tout.

La vipère sourit, elle cherchait plus à s'amuser qu'autre chose maintenant... Mais sans obtenir les amusements que semblait lui proposer Felipe.

Le sous entendu renvoyé par la jeune femme, au lieu de le blesser, le fait sourire. Il ne satisfait jamais complètement a ce stade de la discussion, c'est évident. La satisfaction prend du temps à monter et est d'autant plus délectable qu'elle devient inéluctable.

Laissez-moi le temps et nous en reparlerons aurait été la réponse parfaite dans une optique de pure séduction. Cependant, le sous entendu de la conversation fait qu'il y a une part de travail dans le jeu et il refuse de dire quoi que ce soit qui pourrait être retenu comme un engagement de sa part. Fils et frère de nobles commerçant, il a bien retenu les leçons de son enfance, y compris la plus importante "si une fille met ses seins sur la table dès le début de la conversation, méfie-toi".

"En effet. Que diriez vous de quitter un moment ces sujets rébarbatifs et de passer à une conversation plus légère ? Je vous promet qu'aucun trinitaire ne vous fera du mal tant que vous serez en ma compagnie." Ils n'oseraient pas. Et oseraient-ils qu'il était armé et n'avait rien perdu de son acuité visuelle. "Pardonnez ma curiosité mais vous l'avez réveillée. Vous êtes donc née en terre trinitaire ou déjà en Dorado ?"

Il était solide le vieux, certains l'auraient insultés, d'autres auraient rougis, voire même partis sans demander leurs restes. Lui n'avait même pas broncher, il se permit même le luxe de sourire. Étrangement, la vipère lui rendit son sourire. Cela se voyait qu'il n'abandonnait pas à la moindre contrariété, et ça c'était intéressant... Aimée prépara néanmoins quelques phrases blessantes bien sentit s'il venait à se montrer trop envahissant.

-Aucun trinitaire? Ah s'il s’agissait que de moi je me serai débrouillée, mais ma famille et mon équipage compte sur moi... Dans l'idéal il faudrait les protégés eux aussi.

Elle marqua une pause avec un petit sourire espiègle.

- Mais le temps d'un repas ils sauront certainement se débrouiller tout seul.

Il abordait une approche plus subtile, il était malin.

-Vous savez, je suis né en terre trinitaire évidement.

Elle remarqua une pause comme pour se souvenir de sa répartie.

-Mais bien des endroits en Dorado sont une terre trinitaire, je peux donc être né dans les deux non?

Taquina t'elle en laissant planer un doute sur la vérité.

-Vous en revanche, je paris que vous êtes né Hors Dorado. ça se sent. L'accent peut-être. Vous êtes content d'être ici?

Avait elle un plan pour faire tourner en bourrique son interlocuteur? Non pas vraiment, elle improvisait tout entre deux gorgés... et l'alcool lui était déjà bien monté à la tête. Ainsi changeait elle souvent d'avis, voire parfois, ne demandait qu'à être séduite. Il manquerait plus que ça.

Que cherchait cette femme ? Il était certes capitaine mais ne commandait aucun vaisseau et n'avait par ailleurs pas les capacités pour mettre quelqu'un -et encore moins un vaisseau tout entier- sous protection de l'Empire. Encore que, s'il était persuadé que celui-ci s'en sortirait grandi, il n'ignorait pas à qui demander mais il avait la politique en horreur et ne voyait pas du tout ce que son parti pourrait tirer de cette seule femme. Elle devait vraiment être désespérée pour tenter comme ça de se mettre entre les mains du premier venu. Elle était jolie cependant alors cela ne le gênait pas de nager en eaux troubles.

"C'est aussi ça, l'éducation. Prendre le risque de laisser ses petits se débrouiller seuls, quand bien même on est inquiets pour eux." Il ne se faisait pas trop de soucis pour Danilo. Quand il était loin de sa mère, c'était un bon garçon. "Je suis né hors système, en effet mais je trouve le votre rafraîchissant. Il est rare, dans l'Empire, de cotoyer aussi facilement d'autres cultures. Savez-vous si les coutumes trinitaires de Dorado et celles plus proches de Terra Mater sont très différentes ?"

D'un geste, il demanda la carte pour manger et on leur indiqua une table. Il se leva, galant, proposa son bras avant de tirer la chaise de son invitée.

-Il faut toutefois leur donner les clefs en mains pour qu'ils ne fassent pas n'importe quoi. Parfois, certains, les oublieront, mais ils repenseront aux bons conseils qu'on leur à donner. Enfin, c'est ce que l'on peut espérer.

Les siens se débrouilleraient ils bien sans elle? Une tête ou une autre émergerait elle du lot pour faire prospérer Couleuvrine? Peut-être. Certains au sein du vaisseau voulait clairement sa place, mais seraient ils capable mieux qu'elle de maintenir les inquisiteurs à distance? Éviter d'être trop gourmand pour que les seigneurs pirates décident de lui régler son compte? Elle avait bien sa petite idée, mais elle pouvait avoir de bonnes surprises... ou des mauvaises.

A la deuxième questions Aimée eut envie de rire, d'un rire clair et cristallin. Bien sûr, ce n'était pas de sa faute. Il ne la connaissait pas et donc pouvait pas savoir. Elle lui répondit d'un ton joyeux.

-Si les coutumes de Dorado étaient proche de terra mater penseraient vous que les inquisiteurs sont autant décidé à purifier tout ce petit monde? On a peur d'eux, mais au fond, en vous parlant, je me rends compte que c'est eux qui doivent avoir peur de nous.

Elle sourit à cette idée, qui lui semblait avec l'alcool pas si ridicule que ça.

-Je pense néanmoins pouvoir vous retournez la question? Je vous avoue ne pas être spécialiste de l'impérium.

Pourtant, elle pourrait en apprendre des choses utile pour le future.

En effet. Néanmoins, un parent ne faisant pas au moins cela ne méritait pas ce titre prestigieux. Arg et lui avaient beau se disputer sur la forme des enseignements dispensés à Dani, au moins lui en donnaient-ils et le temps passé ensemble avait conforté l'impérial dans l'idée que, loin de l'influence néfaste de sa mère, le petit pouvait devenir. Il l'aida à s'asseoir, content de la voir rire (femme qui rit...etc) puis pris place, un peu raide toujours, en face d'elle. Elle lui retournait la question sans vraiment y répondre. Ce n'était pas grave.

"L'Empereur règne sur l'Impérium. Ici ou ailleurs, ses hommes et femmes réagissent aux mêmes idéaux d'honneur et de travail. La seule différence est de devoir avoir des relations avec des personnes d'autres factions et donc habituées à d'autres valeurs. Mais cela n'est pas un problème, ce n'est qu'une question d'adaptation." Il ne dit rien sur les pirates. C'étaient des criminels et, en tant que tels, ils n'avaient pas le droit de mettre leur empreinte sur le système. "Contrairement à ce que vous dites de la Trinité, nous n'avons pas besoin de menace pour servir l'Empire, nous le faisons par principe." Et c'était ce qui rendait les impériaux plus fiables que les autres. Les corporatistes ne juraient que par l'argent. Les trinitaires que par la peur.

Vu comme ça, la trinité et l'impérium se ressemblait beaucoup. La seule différence c'était que les inquisiteurs semblaient avoir gagné. Ils semblaient avoir vraiment fait croire à la population que tout était suivant leur propre vision. Peut-être qu'ils étaient moins exigeant, ou plus efficace... Ou les deux. Étrange, cela éveilla l’intérêt de la vipère, après tout, si elle voulait se faire un nom dans ce coin de la galaxie la compréhension des autres factions lui semblait indispensable. Les membres de l'impérium, lui semblait, aux dires de Felipe les larbins parfaits. Cependant, elle parlait à une personne importante de l'impérium. Peu probable qu'il raconte tout les problèmes de l'impérium, et même s'il le faisait la vie lui avait surement plus douce qu'un autre membre moins bien loti. Elle répondit néanmoins poliment.

-Les impériaux que j'ai rencontré était en effet tous courageux, et très intègre. C'étaient des personnes remarquables.

Cela l'avait toujours impressionné, néanmoins cela pouvait être à double tranchant, quelque chose la mettait mal à l'aise avec les valeurs de l'impérium. Comme une couche de crasse sous le vernie.

-Nous avons aussi notre foi en l'Unique qui nous aide, nous servons sa volonté et cela nous suffit bien souvent.

Mais l'Unique lui disait à elle que son frère devait être retrouver, et sauver. Quel qu’en soit le prix.

-Puis, Le problème avec la menace, c'est que certains corrompu profite de leur autorité pour détourner les fidèles de l'Unique à leur insu.

Et Lode faisait partit de ces personnes.

"Il y a des corrompus dans tous les systèmes, vous savez. Le pouvoir attire souvent des personnalités limites qui se laissent détourner de leur devoir par la promesse vide d'honneurs ou d'argent. L'Empire, cependant, ne présume pas avoir la connaissance ultime et l'Empereur ne peut pas être détrôné. Cela permet de circoncir les ambitions des plus furieux. De plus, le système de caste que nous utilisons applique un filtre sur les possibilités de chacun."

L'Empire était la meilleure façon de gouverner. Les nobles étaient éduqués pour prendre des décisions, les gens du peuple pour obéir et faire vivre l'économie. Contrairement aux prêtres, seule la naissance prévalait et si ce n'étaient les vendettas et les duels, tout était parfait. Felipe était cependant bien trop impérial pour ne pas accepter que son besoin de vengeance passait lui aussi par le sang versé de l'ennemi. C'était ainsi.

"Mais je vois que vous commencez à accepter l'idée que votre inquisiteur n'était peut-être pas représentatif de sa hiérarchie, c'est bien. Vous auriez son nom ? Que je sache devoir me méfier si je le rencontre ?"

Étrangement, la conversation était agréable et Aimée se surpris à prendre plaisir à être en compagnie du vieux capitaine. Sa vision du monde avait le mérite d'être clair, et de ne pas laisser la parole de l'Unique à n'importe qui. C'était normalement le rôle des inquisiteurs de faire le trie dans la parole divine. Cependant, eux même pouvaient s'avérer corrompus, surtout ici en Dorado. Que fallait il donc en penser? Pour l'instant, elle était sûr d'une chose. L'Unique la guider et semblait ne jamais lui avoir fait défaut. Pourquoi alors lui avait faire rencontrer le cruel inquisiteur? Il n'y avait qu'une raison possible à cela. Elle devait le combattre, et mettre un terme à son plan.

En écoutant Felipe, une petite voix dans sa tête lui disait que ça aurait été stupide de signer pour l'impérium sans raisons valables. Elle serait sûrement dans un système de caste pas très bien placé... Et elle verrait les choses pas tout à fait de la même façon que Felipe. Toutefois, elle écouta ce dernier avec attention, mais la question qu'il lui posa glaça le sang de la vipère, et elle tira une sale tête durant plusieurs secondes. Que voulait cet homme au juste? L'avait elle vraiment croisé par hasard? ?

-Monseigneur Lodewijk Lazare.

Dit elle presque à voix basse, comme s'il pouvait les entendre.

-Le connaissez vous? Que vous a t'il promis?

Elle paniqua peut-être un peu, la conversation la trop récente conversation avec l'inquisiteur l'avait ébranlé plus qu'elle l'aurait cru.

Ah. L'image de l'homme à la cane rencontré dans un bal quelconque lui revint en mémoire. Cet inquisiteur était pire que corrompu, il était fanatique et aussi séduisant que dangereux. Comme promis, Felipe avait remonté ses propositions à sa hiérarchie, laissant les vieux bureaucrates se débrouiller avec le torchon brûlant. Sa vie à lui était derrière ses canons et s'il aimait - beaucoup - la stratégie, la politique, elle, le faisait bailler. Ne souhaitant pas mentir à la jeune femme cependant, il hocha la tête.

"Je l'ai croisé, une fois, dans une réunion officielle. Il voulait me parler d'un projet d'union entre faction pour lutter contre la menace mutante."

Il haussa les épaules, cherchant à éviter de repenser à ces horreurs, ce qu'elles lui avaient pris et à quel point il donnerait jusqu'à son honneur pour les détruire à tout jamais.

"Ne vous inquiétez donc pas. Je ne l'intéressais pas personnellement, il ne cherchait qu'un porte parole et je l'ai redirigé vers les personnes habilitées. Je suis un soldat, je ne suis pas de ceux qui prennent les décisions et c'est tant mieux."

ARG était incapable de le comprendre, ça. Qu'il préférait la franche camaraderie d'une unité à se demander quelles étaient les motivations de son prochain dès qu'on lui proposait un café.