Trust and lashes [Jezabel & Thaddeus]

Tu l'écoutes, la laissant faire sur tes lèvres, légèrement amusé par l'geste, mais vu c'qu'elle t'raconte, l'sourire glisse d'tes lèvres tout douc'ment.

- J'vois. Pour ma part, ma mère, même si elle m'aimait, n'avait pas vraiment la fibre maternelle. C'est mon père qui m'a élevé sur son vaisseau. Pour ma part, j'aime mes enfants, mais je n'suis pas un père très présent.

Tu connais l'opinion d'bien des gens sur l'sujet, on a largement eu l'temps avec les années d'te cracher ça a la gueule. Tant pis. L'idée même de débarquer définitivement à Tortuga... Tu n'peux pas. Ça te tuerait de l'intérieur jusqu'à c'qu'il n'reste plus rien.

Un rire dépourvu de joie s'échappe d'entre mes lèvres.

- Loin de moi l'idée de dire du mal de feu ma mère ; elle était une femme admirable. Cependant, je dois dire qu'elle n'avait pas plus la fibre maternelle que mon père n'avait celle paternelle. Malgré tes absences, tu aimes tes enfants. Et parfois, il s'agit du plus important. Deux des pères des miens ne sont plus de ce monde. Quant au père de mon fils, il est... Particulier, dirons-nous. Il me semble que j'aurais aimé pouvoir offrir une famille stable et équilibrée à mes enfants. Le destin en a choisi autrement, alors inutile de se lamenter, n'est-ce pas.

En prononçant ces dernières paroles, j'ôte ma main de la peau de Thaddeus, et je me redresse afin de m'asseoir sur le bord du canapé, dos à lui.

T'l'écoutes sans commenter avant d'te redresser lentement pour t'asseoir également pour poser la main sur son épaule.

- Ils ont une mère aimante, non ? Ça compte pour beaucoup. D'mon côté, être qu'un père aimant, c'n'est pas assez. Sauf que j'ne saurais pas leur être agréable si j'devais garder les pieds au sol. Ça rend fou. L'espace, j'en ai besoin, c'est l'endroit où j'suis l'mieux. J'ose croire qu'tu peux comprendre c'que c'est.

Tu n'doutes pas qu'l'âme d'Jezabel Alvarez soit réchauffer d'une puissante lumière.

Je lui offre un sourire certainement plus fade que les précédents - bien plus amer, pour sûr.

- J'essaie de l'être autant que faire se peut. Je n'ai pas exactement bénéficié des meilleurs modèles. De plus, j'exerce trois métiers très prenants, qui sont parfois délicats à conjuguer entre eux : je suis à la fois mère, capitaine et femme. Je ne saurais dire lequel de ces postes m'occupe le plus.

Je plonge mon regard dans le sien, et je pose ma main sur sa cuisse.

- Je mourrai si l'on me forçait à demeurer sur la terre ferme. Je ne peux que te comprendre, Thaddeus. Et j'imagine que tu offres à ta famille tout ce dont tu es capables. Nous sommes des êtres imparfaits. Je crois qu'il nous faut l'accepter.

- J'vais oser m'avancer et dire qu'ça semble assez te préoccuper pour qu'tu tentes d'faire au mieux et qu'ça vaux déjà beaucoup en soi. La vie et l'quotidien sont des choses complexes sur lesquels on n'a pas tout contrôle bien qu'on l'voudrait.

Tu soutiens son regard, la laisses poser sa main sur ta cuisse, alors qu'tes doigts viennent retrouver sa main pour la serrer légèrement.

- J'ai essayé une année. Tu étouffes un petit ricanement. J'pense qu'ce fut la pire d'ma vie même s'ils étaient là. J'suis pas parfait, ça non. J'le vis pas si mal, personnell'ment, mais c'est plus difficile à faire comprendre. Après, mes enfants sont grands maintenant, des tensions restent, mais c'n'est plus comme quand ils étaient p'tits.

Peut-être comprendront-ils un peu mieux en créant leurs propres familles, en découvrant qu'ce n'est pas si facile.

Je serre mes doigts autour des siens avec davantage de force.

- Lorsque j'étais plus jeune, je me suis faite la promesse que mes enfants ne subiraient jamais ce que ma jeune sœur et moi-même avons subi. Une fois adulte, j'ai réalisé que tout n'était jamais aussi simple que l'on souhaite bien l'imaginer. Résultat des courses, ma fille aînée songe que j'ai souhaité me débarrasser d'elle lorsqu'elle n'était qu'un nourrisson et elle me hait plus que tout, ma seconde enfant est angoissée et craint la mort, et mon fils devra certainement grandir sans sa mère, fis-je, amère.

J'ignore pourquoi je m'ouvre ainsi à cet homme, et cela m'agace.

- Mais j'ignore pourquoi je te raconte tout cela, je... Cela est d'un ennui profond.

Je soupire et l'observe, attristée.

- Je... Je songe que tu as fait ce qu'il fallait pour qu'eux comme toi ne souffrent que le moins possible de la situation. Peut-être le comprendront-ils, un jour. Il est impossible de lutter contre sa nature profonde, même avec la meilleure volonté du monde.

L'tableau qu'Jezabel t'peignait n'avait rien d'réjouissant et sentir sa souffrance au travers d'ses morts, d'ses gestes, manquait pas d'tirailler quelques cordes dans ta poitrine. Et qu'elle qualifie ça d'ennui profond. T'fronces un peu les sourcils et tes bras passent autour d'elle pour la tirer douc'ment contre toi, lui laissant la marge d'te r'pousser sans mal si elle l'désir.

- J'pense pas qu'ce soit d'un ennui profond, Jezabel. Ça compte pour toi comme pour eux. J'peux difficil'ment t'conseiller d'façon éclairée, mais j'sais bien écouter et j'suis une tombe.

Tu lui souris douc'ement, difficilement capable d'faire mieux.

- Peut-être qu'ils comprendront quand ils découvriront eux-mêmes les réalités d'la vie, peut-être qu'non. Ça m'empêch'ra pas d'r'venir vers eux quand j'peux.

Même si c'est pour recevoir des reproches, pour des engueulades. Tu restes leur père et malgré les soucis, tu sais qu'ils t'aiment et qu'c'est qu'les reflets d'leur peine. Ils t'manquent aussi.

Je m'abandonne tout à fait à son contact lorsqu'il m'attire contre lui. Il y a quelque chose en cet homme que je trouve profondément réconfortant, et qui pousse tout naturellement à s'ouvrir à lui. Je sais qu'il connaissait mon père mieux que je ne l'ai jamais connu. Cela devrait peut-être me rebuter, mais il n'en est rien, bien au contraire. Je pose ma tête contre on épaule, et je soupire à nouveau.

- Effectivement, cela compte énormément. J'ignore quelles ont été mes erreurs, et comment il m'aurait été possible d'éviter tout cela. J'aurais voulu être une vraie mère.

Ma voix se meurt dans ma gorge, tandis que je ravale mes sanglots au prix d'un effort colossal. Heureusement que Thaddeus ne peut point voir mon visage. Je ne tiens pas à ce qu'il sache que je suis faible et misérable. Bien évidemment, je songe à ma propre mère et son souvenir me fait terriblement souffrir.

Les dernières paroles de Thaddeus résonnent un moment en moi. Je les trouve emplies d'une certaine sagesse. Il n'est peut-être point le père idéal, mais tout en lui me semble venir prouver tout l'amour qu'il ressent pour ses enfants. Terrible et dévastatrice, une idée s'insinue en moi : j'aurais aimé qu'il soit le père de mes enfants. Perturbée par tout cela, je m'arrache à son étreinte pour me mettre à califourchon sur ses genoux. Mes mains se perdent dans sa chevelure folle, et je l'embrasse.

Elle s'laisse aller contre toi et t'la serres mieux, l'enveloppant au mieux d'une fugace protection contre les malheurs d'ce monde qui sait être à la fois si beau et si terrible. Si palpitant et bourré d'écueil où on n'peut qu'se prendre les pieds.

Pas besoin d'la voir pour savoir qu'elle se montre probablement plus fragile contre toi qu'elle n'la été depuis longtemps contre qui qu'ce soit. Ça n'entache pas une seconde la considération qu'ta pour elle, mais ça y mêle une tendresse qu'tu n'aurais pas cru éprouver.

- On fait tous des erreurs. Ça n'existe pas un parcours sans erreurs. Et t'es une vraie mère. Pas parfaite, c'est une utopie... Mais t'es certain'ment une vraie mère.

Tu n'rajoutes rien parce qu'elle s'arrache à ton étreinte pour grimper sur tes genoux, ses mains s'glissent dans tes cheveux et tu réponds aux lèvres qui viennent sur les tiennes, tes bras r'tournant s'enrouler autour d'sa taille pour la garder contre toi.

Je suis touchée par ses paroles, que je songe être tout à fait sincère. Elles ne rendent mon baiser que plus profond, tandis que mes mains abandonnent ses cheveux, et mes bras se croisent autour de sa nuque. Sa chaleur corporelle me semble tout à coup essentielle pour lutter contre le froid glacial et mortel qui s'empare de mon esprit. Mes lèvres cherchent finalement son cou, puis son torse, et glissent le long de son corps. Je ne désire plus parler pour l'heure. Il me faut simplement oublier et m'agripper à tout ce qui est à ma portée en cet instant.

Je ne veux point sombrer.

Les mots d'semblent plus d'conséquence alors qu'tu la sens comme la voit faire. Pourtant, t'sais c'que ça veut dire. C'qu'elle est en train d'faire. Tu n'saurais l'en empêcher. T'comprends. Alors tu réponds à ses caresses, à ses attentions, vous laissant porter par l'moment et l'intimité plus qu'corporel qui semble vouloir s'installer entre vous.

Peu importe l'temps, où vous êtes, vous vous oubliez à nouveau l'un en l'autre.

Le temps s'efface autour de nous, tandis que nous nous abandonnons à nouveau. Lorsque nos ébats cessent à nouveau, je demeure plaquée contre lui, essoufflée mais temporairement sauvée de la noyade. Je suis assise sur ses cuisses, ma poitrine plaquée contre son torse, mon visage enfouit contre son cou. Mes paupières se closent tandis que je profite de cette proximité avec cet homme à la fois doux, réconfortant et à l'écoute. Peut-être aurais-je pu m'endormir ainsi, si une soif brûlante ne s'était point rappelée à moi.

- Songes-tu que le thé est toujours chaud ? demandé-je, un rire dans la voix.

La réponse est évidente. Il faudrait que je me redresse ; pour autant, je n'en éprouve nullement le désir.

T'es bien. Vraiment bien. T'la garde étroitement contre toi, reprenant ton souffle alors qu'tes doigts jouent légèr'ment dasn son dos. Sa question t'fait cligner des yeux avant qu't'étouffe un p'tit rire.

- Va p't'être falloir s'en refaire. J'suis pas fan du thé glacé. Qu'tu souffles avec une pointe d'humour, sourire aux lèvres.

Mais t'bouges pas.

- Je préfère également le thé lorsqu'il est encore fumant, je souffle.

Dans le dos de l'homme, mes doigts tracent un millier d'arabesques complexes. Ma respiration est calme ; je me sens apaisée. Sa peau est brûlante contre la mienne, me réchauffe et me donne la sensation d'être dans un cocon doux et confortable, qui m'enveloppe entièrement. Finalement, la soif prend le pas sur le reste. Mes lèvres effleurent l'angle de la mâchoire de Thaddeus, et je me lève élégamment. Je me tourne et roule des hanches pour finalement disparaître dans la cuisine sans un mot.

Elle est d'accord avec toi, dur d'faire autrement, au moins à c'sujet. Ses doigts jouent encore un moment dans ton dos, d'façon fort agréable, avant qu'la promesse d'une boisson chaude n'te l'enlève. Tu la regardes aller sans un mot... Haussant un sourcil alors qu'ton regard fort intéressé n'se pose sur ces fesses qu'le roul'ment d'hanche -Calypso, elle doit bien faire exprès, là!- met terriblement en valeur. Tu t'mords légèr'ment la lèvre avant d'te lever pour la suivre, faut dire qu'vos vêt'ments sont plutôt quelque part dans la cuisine, traînant à même l'sol.

T'récupères l'tout, posant ses vêt'ments sur l'dossier d'sa chaise avant d'enfiler sous-vêt'ments et pantalon.

- J'vais r'faire bouillir d'l'eau.

Et tu allies l'geste à la parole, sans t'départir d'ton p'tit sourire.

Une fois à la cuisine, je me permets de prendre un verre et de me servir de l'eau, afin d'étancher une partie de ma soif. Puis, il me rejoint et se rhabille. Quant à moi, je demeure nue et me tourne en sa direction.

- Songes-tu que je pourrais utiliser la salle de bain ? Cela sera rapide, bien entendu. Il me faut juste me rafraîchir.

Je souris, attendant qu'il m'indique la direction de l'endroit - ou peut-être qu'il m'y accompagne.

Tu mets l'eau à bouillir, à nouveau, puis ton regard s'pose sur elle et sa question. T'lui souris, amusé par sa r'tenue et sa... Non r'tenue, tout à la fois.

- Bien sûr. J'vais t'montrer où c'est.

T'attrapes sa main dans une prise lâche avant d'la guider dans la maison jusqu'à une p'tite salle de bain qui à défaut d'avoir quoi qu'ce soit d'impressionnant, est parfaitement utilisable.

- C'pas un souci si t'as envie d'prendre une douche. J'laiss'rai pas l'eau r'froidire.

T'lui adresses un sourire taquin à ces derniers mots.

Je le suis, abandonnant mes doigts entre les siens. La maison me semble étonnamment grande et sinueuse. Je suis heureuse lorsque je découvre la salle de bain. Certes, elle n'est point aussi grande et confortable que celle dont je dispose au quotidien ; cependant, elle fera tout à fait l'affaire. J'offre à Thaddeus le plus charmeur de mes sourires. Sans m'en départir, je dépose un baiser léger au coin de ses lèvres, en laissant mes doigts courir sur son torse.

- Je ne m'inquiète nullement à ce sujet, soufflé-je.

Difficile d'résister à pareil sourire. Tu t'attardes un peu, y gagnes un baiser et des doigts qui glissent sur ton torse alors qu'elle te répond. Tu souris en r'tour, ta main vient chercher sa taille, y glisse lentement sur sa hanche.

- J'apprécie ta confiance.

T'lui réponds sur l'même ton, effleure ses lèvres des tiennes, presque tenter d'rester avec elle dans c't'étroite salle d'bain.

Puisque nous sommes lancés, et que malgré l'étroitesse de la salle de bain, la douche semble suffisamment large pour accueillir deux corps mêlés, je n'éprouve point la moindre once de remord à me défaire de son étreinte juste suffisamment longtemps pour clore la porte. Un air joueur sur le visage, je cherche ses lèvres.

- Il me semble que l'eau ne pourra pas refroidir si tu n'as point l'occasion de la faire chauffer, soupiré-je contre lui.

Je glisse délicatement mes doigts entre les siens, toujours dénudée tandis qu'il s'est revêtu. J'ouvre les robinets. L'eau délicieusement chaude coule sur ma peau. Je m'installe tout à fait au-dessous du jet, tout en attirant Thaddeus à moi, pour l'inviter à me rejoindre.

La porte s'ferme derrière toi... Et tu peux difficile réprimer un rire.

C'est pas comme si t'allais protester, quand même !

- Hmm... J'te l'accorde.

Et tu l'embrasses, d'abord lentement, puis plus passionnément. Vos doigts s'mêlent, t'entends l'eau, sourit contre ses lèvres. Elle cherche à t'attirer, tu r'lâche ses lèvres et ses doigts.

- Si t'permets...

Et tu t'débarrasses d'tes vêt'ments, les laissant traîner par terre avant d'la r'joindre sous l'eau chaude qui t'tires presque un soupire d'satisfaction, si c'est pas plutôt l'corps d'la femme contre l'tien. Tes bras glissent autour d'elle, les mains caressantes.

Je l'observe tandis qu'il se déshabille encore. Combien de temps a-t-il conservé ses vêtements ? Cinq minutes tout au plus. Nous voilà à nouveau enlacés, l'eau glissant contre nos peaux délicieusement chaudes.

- Nos pansements vont déjà être abîmés, soufflé-je contre ses lèvres.

Cela a-t-il la moindre importance ? Bien sûr que non. Je profite tout à fait de cet instant de bien-être. Je laisse échapper un soupir d'aise, tandis que nos corps se mêlent à nouveau.

- On a d'quoi les refaire.

Alors autant dire qu'c'est l'dernier d'tes tracas alors qu'Jezabel est ainsi contre toi, frémissante sous tes doigts, abandonnée aux bienfaits d'l'eau chaude qui s'déverse agréablement sur vos corps. T'la cartographie, l'apprends jusqu'à en connaître l'moindre délié, lui rappelle la contraste du carrelage froid contre un derme rougie par la chaleur d'l'eau et l'contact agréable d'une main savonneuse qui glisse sur une courbe.

Nous passons une nouvelle fois un moment fort agréable. Lorsque nous sortons du confort des jets chauds, nous dégageons tous les deux une forte odeur fleurie. Sans l'eau et sans son corps pour réchauffer ma peau, il me semble faire tout à fait froid. J'enroule une serviette propre autour de mon corps, et je m'admire un instant dans le miroir. Il ne me faut pas bien longtemps avant de remettre de l'ordre dans mes cheveux, et de les attacher en un chignon haut - sans être trop serré.

- Songes-tu que nous parviendrons finalement à boire ce thé ?

Je le regarde à travers le miroir, le regard rieur.

Une fois sortie, t'attrapes une serviette pour t'sécher, remarquant son p'tit manège avec l'miroir avec un p'tit sourire sans moqu'rie. Puis, tu r'mets tes vêt'ments, avant d'rire sincèr'ment à ses paroles.

- Nous pouvons faire ça maint'nant. On pourrait voir pour faire sécher un peu tes vêt'ments, j'sens qu'les mettres s'ra pas très agréable autr'ment.

Tu passes une main dans tes ch'veux encore humide, les r'poussant vers l'arrière.

J'acquiesce en silence, quittant la salle de bain afin de reprendre la direction de la cuisine.

- En effet ; les tâches de sang doivent être dissoutes, désormais.

Toujours avec pour seul vêtement la serviette enroulée autour de moi, je retire mes vêtements blancs de l'eau devenue rouge. Il ne me faut nullement frotter longtemps avant que les tissus recouvrent un aspect tout à fait correct. Je les essore avant de les suspendre là où le mobilier me permet de le faire. Puis, je remets mes sous-vêtements ainsi que mon pantalon et mes bottes. Je mets également la serviette à sécher, avant d'enfin m'asseoir à la table.