Trust and lashes [Jezabel & Thaddeus]

Il retire son haut sans se faire prier, malgré ses paroles qui minimisent encore ses blessures. Je m'approche doucement de lui, observant son torse bien taillé. Je l'effleure avec douceur, retraçant le voyage des estafilades sans jamais les toucher.

- Eh bien, trois fois rien qui mérite de l'attention, Monsieur Scherrer. Restez ici, ne bougez point.

Je me détourne de lui, rompant le contact de mes doigts sur son torse ; je m'en vais chercher la trousse de secours abandonnée à peine plus tôt, ainsi qu'une bassine d'eau tiède et un torchon propre. Puis je reviens à ses côtés. Je dépose le tout sur le sol, et je m'agenouille devant lui en prenant garde à ma propre blessure. Je lève un instant mes yeux vers les siens, avant de prendre le torchon, de le plonger dans l'eau, et d'entreprendre de nettoyer le sang qui macule le torse de l'homme. J'essore le tissu lorsqu'il est imprégné, puis termine mon œuvre.

- Vous ne songiez tout de même point que j'allais vous laisser vous en tirer à si bon compte après ce que vous avez fait pour moi, n'est-ce pas...

Je m'arme du désinfectant, non sans un sourire satisfait sur mes lèvres.

- Cela risque d'être un brin désagréable, susurré-je.

Puis, avec des gestes lents mais efficaces, j'entreprends de désinfecter chacune de ses plaies, et particulièrement celle qui fend son flanc.

Ses doigts effleurent ton derme qui frémit légèrement du toucher léger sur une peau que les lames ont malmenées. Si l'contact est vite rompu, elle t'enjoint d'pas bouger et tu n'te vois guère faire autrement, hochant du chef en l'observant aller.

Elle n'tarde pas à revenir auprès d'toi avec tout c'qu'il faut et tu peux difficile détacher ton regard d'la blonde alors qu'elle s'agenouille. Ton regard croise l'sien, s'y accroche un instant, avant qu'elle n’entreprenne de nettoyer l'sang qui tache ton torse.

Si l'sens d'ses paroles t'échappe d'abord, ça n'tarde pas à changer alors qu't'avises l'désinfectant et l'sourire qui ourle ses lèvres.

Bon sang.

Elle r'prend même tes propres paroles, les susurrant.

- Mais pas aussi désagréable qu'lorsqu'une lame monofilament vous fend l'flanc, n'est-ce pas ?

T'as d'la verve l'temps d'lui répondre ces mots, puis plus du tout, davantage occupé à serrer les dents face au désinfectant qui mord sans pitié les plaies, comme pour mieux les rappeler à ton souv'nir.

Je souris davantage lorsqu'il entre dans mon jeu et me répond avec ferveur.

- Il semblerait, en effet.

Je tâche de faire cela suffisamment rapidement pour lui éviter de souffrir inutilement. Lorsque je termine de désinfecter l'ensemble de ses plaies, j'applique un pansement seulement sur la plus importante - celle qui traverse son flanc. Elle demeure superficielle ; cependant, avoir tous deux un pansement à cet endroit-là me semble équitable. Malgré mes faibles compétences en premier secours, avoir des enfants m'a appris à panser les plaies. Lorsque tout cela est terminé, j'approche mon visage de son torse et je dépose un baiser léger à l'emplacement du pansement, sans appuyer pour autant.

Provocatrice, je prends le temps de m'éloigner de lui, et je le regarde à nouveau dans les yeux pendant quelques longues secondes. Puis, je me redresse, range l'ensemble du matériel et regagne ma place avec grâce et élégance. Je croise à nouveau les jambes avec lenteur, en un geste que j'ai effectué des centaines de fois afin de parfaire ma technique. Un sourire provocant flotte toujours sur mes lèvres.

- Quel goût a le thé que vous nous préparez, Monsieur Scherrer ?

Elle apprécie tes paroles, pas d'doute là-dessus. Tu lui adresses un sourire légèrement crispé par la douleur que tu ravales. Pourtant, elle s'attarde pas plus qu'il faut, posant un pansement sur ton flanc... Avant d'y poser les lèvres.

Calypso, cette femme est en train d'jouer avec toi. Un jeu qui titille invariablement tes nerfs autant qu'ton envie. Tu soutiens son regard alors qu'elle s'est éloigné d'toi, un échange qui dure certainement un peu trop longtemps pour être innocent... Avant qu'elle ne retourne tout simplement à sa place, en des mouvements qui n'manquent guère d'prestance, surtout quand elle croise les jambes.

Sa question met une seconde a s'faire comprendre et t'hausses les sourcils en t'levant pour récupérer la bouilloire, les sachets d'thé et les tasses.

- Semblerait qu'on doive s'cantonner à vert ou noir. Une préférence ?

Tu disposes le tout, remplit les deux tasses d'eau.

- Et merci pour vos soins, ma dame.

Et d'ailleurs, Tad ? Tu la r'mets ta chemise, ou merde ?
Merde.

T'es pas sans rater la légère tension qui s'fait sentir, une tension qu'tu hésiterais pas à soulager, mais Jezabel Alvarez semble s'être lancé dans un p'tit jeu et tu n'voudrais guère la décevoir.

Il me semble troublé. Cela ravie absolument mes sens. Il met un instant à réagir, et mon sourire persiste sur mes lèvres. Il ne fait cependant point la moindre remarque. Cela aurait été profondément inutile. Son attitude et son regard parlent pour lui. Son désir attise le mien avec force. Peut-être devrais-je entamer sur le champ cette danse que nous attendons tous deux ? Cependant, cela serait mettre fin bien trop rapidement à l'ardeur naissante. Je préfère attiser les flammes jusqu'à ce qu'elles deviennent un brasier puissant, qui menacera de nous consumer entièrement.

- Noir, je vous prie.

Je détache mes cheveux et les secoue délicatement tandis qu'il s'occupe de notre thé.

- C'est un plaisir, Monsieur. Il est bien naturel de prendre soin de vous, n'est-ce pas.

Ma voix est douce et chaleureuse ; un murmure suave et pourtant presque innocent. Il ne remet point sa chemise, et cela ne me laisse point indifférente. Sans la moindre gêne, je laisse mon regard courir sur sa peau dénudée. Je dépose une de mes mains sur le haut de ma cuisse toujours couverte par mon pantalon - pour combien de temps, encore ?

- Vos désirs sont des ordres, ma dame.

Tu parles du thé. Noir. Et en même temps, pas du tout. Tu convoites d'autres envies, d'autres ordres, d'un genre qui t'rapprocherait inéluctablement d'la blonde. C'qui n't'empêche pas d'lui servir son thé avant d'faire le tien, sans rater la moindre parole d'la capitaine avec qui tu t'adonnes aux plaisirs du flirt.

- C'fort appréciable. J'suis tout'fois pas l'genre d'homme qui prend sans rendre, ce s'rait fort dommage, n'est-c'pas ?

Je le remercie lorsqu'il sert le thé. Je prends délicatement et précautionneusement la tasse, et je souffle sur le liquide fumant, sans cesser de lui lancer quelques regards lourds de sens. Je décroise les jambes et avance légèrement mes épaules en direction de la table. Cette position a pour effet de mettre en valeur ma poitrine déjà visible à travers la dentelle semi-transparente de mon soutien-gorge.

- En effet, cela serait regrettable. Que songez-vous pouvoir offrir à une femme telle que moi, Monsieur Scherrer ?

Ma dernière phrase est prononcée sur le ton d'une confidence, ou tout du moins, d'une demande intime et secrète.

Tu t'sers également un thé, sans la moindre envie d'le boire, pourtant. Qu'importe, tu l'fais, avant d'aller reposer la bouilloire à sa place. Ça s'rait dommage d'se brûler d'ssus, n'est-c'pas ? Tu reviens vers elle, embrassant sa vue du regard, un sourire bourré d'promesses aux lèvres.

- Ça dépend de c'qu'une femme telle qu'vous m'laisserait faire, ma dame.

Tu t'penches par d'ssus la table, ta main d'chair effleure l'angle d'la mâchoire d'Jezabel, glisse jusqu'à son menton pour le lui r'lever vers toi, les lèvres effleurant presque celles d'la blonde.

- Si elle s'laisserait chérir un peu.

La tasse entre les main, toujours très légèrement penchée en avant, je soutiens sans difficulté son regard de braise de l'homme qui me surplombe désormais. Dans un premier temps, je demeure immobile, attentive à ses mots ainsi que ses gestes. Passé ce temps, je joue un instant avec ses lèvres, les effleurant volontairement sans pour autant y déposer les miennes.

- J'imagine qu'il ne réside nul mal dans le désir de ressentir de la chaleur et de l'amour, n'est-ce pas, soufflé-je.

Mon sourire se fait aguicheur, tandis que je dépose ma tasse sur la table et glisse très lentement l'une de mes mains le long du torse toujours nu de l'homme, du haut vers le bas.

Vos lèvres s'effleurent, en contacts légers, juste assez pour sentir la douceur de ses lippes, pour donner envie d'un contact autrement plus franc.

- Certain'ment pas. C'est sans doute un des désirs les plus élémentaires, il s'rait mal avisé d'le faire taire inutilement, non ?

Tu lui réponds sur le même temps, ta peau tressaille sous son touché, n'attendant qu'une parole d'elle pour venir prendre possession d'ses lèvres, d'la chérir l'temps qui vous est accordé.

Nos regards sont toujours attachés l'un à l'autre ; ma main poursuit sa course, en évitant soigneusement ses blessures, et ce, jusqu'à la limite tracée par son pantalon. Je souris toujours, avec une grande tranquillité. De mes deux mains, j'entreprends de détacher doucement la ceinture de l'homme. Je prends tout le temps qu'il m'incombe pour le faire attendre encore, jusqu'à ce que mon propre désir ne menace de déborder.

- Alors soit.

T'manques pas une miette d'l'avancée d'cette main sur ton torse, puis sur ton ventre, jusqu'à la boucle d'ta ceinture. L'ambiance a cette électricité prometteuse, t'es à deux doigts d'l'embrasser alors qu'elle t'donne son accord... Avant qu'un détail n't'agace assez pour t'faire t'r'dresser, détachant les doigts habiles d'la blonde d'ta ceinture... Pour faire l'tour d'la table en moins d'temps qu'il n'en faut pour l'dire avant d'attraper enfin son visage pour l'embrasser à pleine bouche.

T'as toujours pas bu une goûte d'thé.

Enfin, nos lèvres se trouvent réellement, et je m'abandonne à ce contact à la fois doux et puissant. J'enroule mes bras autour de sa nuque, tandis que je me redresse. Je plaque ma poitrine contre son torse, et je profite un instant de notre baiser, avant de le pousser jusqu'à sa chaise pour le forcer à s'asseoir, rompant le contact entre nos lèvres. Avec un sourire, je m'assieds sur ses genoux et plonge mon visage contre son cou. Je songe que la journée prend une tournure tout à fait agréable, alors même qu'elle avait terriblement mal débuté.

Tu t'laisses pousser... Pour finir à nouveau sur ta chaise. T'en étoufferais un rire si t'étais pas autant occupé à t'délecter d'ses lèvres. Elle grimpe sur tes genoux et tes mains trouvent sans la moindre hésitation la courbe d'ses hanches. Son nez contre sa gorge, tu penches un peu la tête pour mieux la laisser faire alors qu'tu dessines les lignes d'son corps, cherchant avec légèreté, ces endroits qu'un effleurement f'rait frémir, qui la rendrait dingue, à fleur d'peau. Loin d't'en contenter, tes lèvres glissent sur son épaule, tes dents effleurent sans marquer et t'as besoin d'tout ton contrôle pour n'pas la renverser au sol, laissant encore s'allonger un peu. Juste un peu, c'jeu qui est l'vôtre.

Je poursuis mes caresses avec un savant mélange de douceur et d'empressement, tandis que ma respiration s'accélère sous les lèvres de mon amant. Mes hanches entament un léger mouvement au-dessus de lui, tandis qu'une de mes mains s'aventurent à nouveau sous la ligne des interdits. Je tire doucement ses cheveux pour l'obliger à me regarder, avant de plaquer mes lèvres contre les siennes avec force.

Ton regard se plonge dans l'sien alors qu'tu l'embrasses, le regard dévoré par la flamme d'l'envie. La ret'nue est morte lorsqu'sa main s'est fait plus aventureuse et vous passez à la vitesse supérieure, plongés dans votre bulle d'chaleur humaine et d'amour éphémère.

Sur la table, les deux tasses r'froidissent pour c'que vous vous réchauffez mutuellement, à l'abri des r'gards dans cette p'tite maison d'Port Salem alors même qu'des hommes d'la Trinité s'épuisent à vous chercher à travers ses rues.

Le moment est fort agréable. J'ignore à quel moment exactement nous nous retrouvons sur le canapé. Quoi qu'il en soit, je suis essoufflée et souriante lorsque nous terminons. Je demeure allongée contre son torse, profitant du contact tendre et doux qu'il m'offre.

- Eh bien. Tu ne m'as guère menti, Thaddeus Scherrer ; tu sais offrir ce qu'une femme mérite.

Une chape d'bien-être, la douce étendue sur toi, tes bras refermés sur elle dans une étreinte lâche et détendue. Tu soupires légèrement, sans avoir la moindre envie d'bouger. Ses paroles te tirent un sourire en coin et tu embrasses l'sommet d'sa tête.

- Hm... Il aurait été fort mal avisé de n'point tenir parole, ma dame. J'viens d'passer un moment incroyable. J't'en remercie.

Ta main remonte dans son dos en une caresse légère.

Mes doigts dessinent des arabesques complexes sur son torse, tandis que je redresse la tête afin d'emprisonner son regard au sein du mien. Je souris, amusée, mais ne fais cependant aucun commentaire sur ses paroles. Il n'est pas le premier de mes partenaires à me faire pareille remarque après l'union.

- J'ai ouï dire que tu es un formidable conteur, soufflé-je. Peut-être accepterais-tu de me conter une histoire ?

Ses doigts sur ta peau sont fort agréables, mais c'est quand elle parle qu'ton sourire s'étire sensiblement. Difficile d'te faire plus plaisir après tout ça. T'prends quelques s'condes pour réfléchir à c'que tu pourrais lui raconter, avant d'te lancer avec l'aisance qui t'es coutumière.

"Il y a très longtemps, avant même qu'les hommes foulent l'monde du pied, l'Soleil s'adressa à sa chère amie la Lune :

- Dame Lune, n'voyez vous pas ô combien nous avons trop d'enfants qui picotent l'ciel ? Nous devrions les manger !

La Lune, après quelques secondes d'réflexion, lui répondit :

- Vous avez bien raison, mon ami. Mais j'n'ai point envie d'manger mes enfants. Servez-m'en l'un des vôtres et j'ferai d'même !

C'est ainsi qu'le Soleil envoya un premier enfant à la Lune, mais celle-ci n'le mangea point. Elle l'trempa dans la sauce et l'renvoya au Soleil qui loin d's'apperc'voir d'la superch'rie, mangea son enfant. Fière d'sa réussite, la Lune continua ainsi servant tous les jours au Soleil un d'ses propres enfants."

Je l'écoute me narrer une histoire qui me laisse avec un goût amer dans la bouche. Je me redresse légèrement, afin de pouvoir le regarder dans les yeux. Je suis presque sur le ventre, ma poitrine collée à moitié contre le torse de l'homme.

- Voilà qui est affreusement barbare. Le soleil est un rustre. Qui diable pourrait être suffisamment barbare pour manger ses propres enfants ? Pire ! Qui est assez odieusement imbus de lui-même pour ne pas même s'apercevoir que l'on nous force à dévorer nos propres enfants à notre insu ?

Oh, je ne sais que trop bien qui le pourrait, si l'on suit la métaphore. Cependant, je ne souhaite point y songer. Cela rendrait ma journée maussade, et je n'ai point envie qu'elle le soit.

- J'aime beaucoup le fait que la lune surpasse le soleil. L'on nie trop souvent la beauté et la puissance de cet astre pourtant magnifique.

Tu t'arrêtes un instant, laissant l'début d'l'histoire maturer un peu dans les esprits et la réaction s'fait pas attendre, tu lui souris en coin.

- Sa propre lumière l'aura aveuglé, qui sait.

Tu replaces une des mèches blondes, presque blanche, derrière l'oreille de Jezabel Alvarez.

- Je suis d'accord. Laisses-moi te raconter la fin d'cette histoire.

T'prends une petite inspiration, continue.

- Lorsqu'il n'resta plus un seul enfant au Soleil, c'lui-ci s'rendit enfin compte du vilain tour qu'lui avait joué Dame Lune. Fou d'colère, il entreprit d'la poursuivre dans l'ciel pour lui régler son compte, mais cette dernière était fort insaisissable, tant et si bien qu'il continue encore à ce jour à la poursuivre, et si parfois, il la rattrape, celle-ci parvient toujours à lui échapper.

Ainsi, le Soleil qui voulait voir disparaître les enfants est maintenant seul dans le ciel tandis que la Lune à encore tous les siens, des milliards d'étoiles qui l'accompagnent chaque nuit.

T'aimes bien cette histoire, même si elle respire pas la joie. Celle du Soleil trop brillant et imbu de l'attention qu'on lui accorde et de la Lune discrète et maternelle.

Je l'écoute me conter la fin de l'histoire, pensive. Je ne reprends la parole qu'au bout de longues secondes de silence.

- Eh bien. J'ignore si cette histoire me plaît ou m'horrifie. J'imagine que cela signifie que tu as parfaitement bien effectué ton rôle de conteur, n'est-ce pas.

Je souris, espiègle.

- Il me semble que je préfère songer que tous les hommes ne sont point des idiots aveuglés et manipulables par la femme, et que toutes les femmes ne sont point des manipulatrices, cruelles et profiteuses. Mais peut-être devrais-je me contenter d'apprécier la poésie du conte.

Je ris, tandis que mes doigts caressent la joues de l'homme avec qui je partage ce moment intime privilégié.

- Je dois faire un piètre public, pardonne-moi.

Tu la laisses réfléchir au tour, caressant lentement un de ses flancs... Avant d'sourire à ce qu'elle dit.

- Tututut. T'fais un bon public. L'Conteur raconte et l'public interprète. Certains s'contenteront d'y voir une histoire amusante sur l'cycle du jour et d'la nuit, les éclipses, les étoiles, juste bon à expliquer joliment une science complexe. D'autres vont chercher des messages derrière, comparer avec d'autres histoires, leur histoire. Parfois, ils me raconteront c'qu'ils en ont compris et j'aurai jamais pensé à cette interprétation. C'est la beauté de c'genre d'histoires, de faire réfléchir et d'faire échanger. Tout l'monde aura sa vision, son opinion, aimera ou détestera. J'suis contente quand on prend l'temps d'réfléchir un peu sur c'que j'raconte.

Je souris à mon tour, mes doigts et mon regard effleurant ses lèvres.

- Bien en ce cas... J'y vois personnellement une métaphore liée aux pères et aux mères, et au rôle que chacun joue. Comme si les hommes étaient, par essence, moins proches de leur progéniture que ne le sont les mères. Cela m'évoque l'instinct maternel dont on nous parle parfois. Pour autant, je suis bien consciente qu'il existe des exceptions, comme dans chaque chose que le monde fait. J'imagine que ces exceptions ne doivent point être si rares que cela ; seulement que mon expérience en la matière fut particulièrement mauvaise.

Tu l'écoutes, la laissant faire sur tes lèvres, légèrement amusé par l'geste, mais vu c'qu'elle t'raconte, l'sourire glisse d'tes lèvres tout douc'ment.

- J'vois. Pour ma part, ma mère, même si elle m'aimait, n'avait pas vraiment la fibre maternelle. C'est mon père qui m'a élevé sur son vaisseau. Pour ma part, j'aime mes enfants, mais je n'suis pas un père très présent.

Tu connais l'opinion d'bien des gens sur l'sujet, on a largement eu l'temps avec les années d'te cracher ça a la gueule. Tant pis. L'idée même de débarquer définitivement à Tortuga... Tu n'peux pas. Ça te tuerait de l'intérieur jusqu'à c'qu'il n'reste plus rien.