Felipe cumpleaños!

Je regarde le plateau, pour m'assurer qu'elle me dit vrai et que je n'ai plus aucun échappatoire. En effet, je vois mon roi bloqué par tous les côtés, y compris par le fou. Perdu pour perdu, je me décide pour le panache et déplaçais ma pièce maîtresse sur la trajectoire de la reine ennemie. "Je ne me rendrais jamais, Capitaine ! Je préfère tomber par mes choix que de me les laisser dicter par une pression ennemie !"

On aurait dit un enfant qui joue avec ses petits soldats. Si l'ancienne championne en moi criait à l'outrage, la femme-enfant cachée quelque part, elle, se délectait de ce petit jeu à venir. « Vous serez déçu d'apprendre, Capitaine, que je ne m'engage jamais sans escorte », fis-je en pointant les trois pièces qui protégeaient ma reine, tout en supposant que j'étais cette dernière.

J'étais amusé, rieur, mes yeux brillant d'amusement et pourtant je ne savais pas quoi dire. Plusieurs répliques, toutes aussi mauvaises les unes que les autres me venaient en tête et partaient aussitôt. J'aurais pu être déçu de moi si je ne me sentais pas aussi euphorique d'un coup. Alors, plutôt que de parler comme elle s'attendait à ce que je le fasse, ou de la prendre dans mes bras comme je mourrais envie de le faire, je décidais de rire, encore. Puis je me levais, essayant au mieux de dissiper cette soudaine montée d'énergie en quelques enjambées dans la pièce.

"Tu sais quoi ?" fis-je en me retournant soudain vers elle. "Ca m'avait manqué."

Je riais de concert, avec sincérité. Je devais l'admettre, cela m'avait tristement manqué, à moi aussi. « Et moi donc, quoi de mieux que de s'occuper d'un enfant de 56 ans ? » Avant de glousser de plus belle, moqueuse, en le voyant faire ses cents pas comme un bambin trop guilleret.

"Attend un peu Timcer qu'on se fasse une soirée en salle d'arcade et on verra quel est l'enfant des deux." Je savais à quel point mon amie n'aimait pas perdre et autant je ne lui arrivais pas à la cheville question échecs, autant en tir brut, qu'il soit à l’affût ou en réflexes, je ne craignais personne. Surtout avec de grosses machines. "Tu veux boire quelque chose ? Au départ j'étais parti pour terminer une bouteille dans ma cabine mais je peux aussi bien boire ici avec toi. Comme cette fois dans le gymnase de l'Ecole Militaire après le couvre feu, tu te souviens ?"

En temps normal, j'aurais refusé la proposition. Mais dans cette situation, et vu notre historique, je me voyais mal refuser. « Juste un verre », débutais-je. « Mais autant éviter de briser des bancs de gymnase, cette fois. » Je lui souriais, amusée.

"Ils étaient déjà abîmés !" rétorquais-je, rouvrant délibérément un très très vieux débat, amusé de le refaire après plus de quarante ans de silence. La petite bande d'alors s'était délitée au fil des saisons, des spécialités, des amours, de la vie. Certains étaient morts, d'autres avaient eu d'autres destins. Je regardais parfois les rubriques officielles de l'armée pour surveiller les noms connus comme j'avais gardé un oeil sur la carrière de mon amie d'alors mais je le faisais sans arrières pensées. Je me rendis au distributeur, commandant deux verres d'un alcool léger, pétillant et au gout de poires. Elle serait étonnée, pensais-je, de se rendre compte que je n'essayais pas de la saouler. J'avais promis de lui laisser le temps. J'entendais le faire proprement. Je lui tendit le verre.

"Au Cerberus." A défaut d'autre chose.

« Au Cerberus », fis-je à mon tour avant d'en boire une gorgée. Qu'il ait choisi une boisson légèrement alcoolisée ne me surprenait pas tant que ça : sans doute avait-il remarqué que je ne buvais pas beaucoup, au sein du vaisseau. La peur de me faire surprendre saoule par mes subordonnés, peut-être.

« Je ne sais pas vraiment où nous allons tous les deux, Felipe, mais je pense que forcer une décision ne ferait que la dénaturer. Laissons le temps et les événements nous convaincre de la bonne marche à suivre, et ne prenons pas de décisions hâtives que nous pourrions regretter. Qu'en penses-tu ? »

Nous buvâmes dans un silence qui aurait pu sonner le glas de notre entretien si Mia n'avait voulu mettre les choses au clair. Tranquillement, je posais mon verre d'alcool et m'approchais d'elle. Proche. Très proche. Au point de sentir sa chaleur contre mon torse sans la toucher. Je baissais les yeux vers elle, cherchant à capter son regard tandis que ma main montait doucement sur sa joue. Je laissais mon pouce caresser sa pommette avec tendresse alors que je luttais contre mon coeur qui s'emballait. Je me mordis la lèvre inférieure. Il ne fallait pas que je flanche. Jamais.

"J'en pense que si j'avais suivi le moment, Mia, je t'aurais embrassée devant Dawn-son. J'aurais déjà ma main autour de ta taille et nous aurions oublié que le monde tourne." J'inspirais, la lâchait doucement et reculais d'un pas. "J'en pense que je ne l'ai pas fait car plus encore que cette attirance entre nous, je te respecte et te chéris. La balle est dans ton camp. J'ai compris que tu avais besoin de moi sur le Cerberus plus que tout le reste, aussi je ne ferais aucune demande pour en partir. Tu sais à présent jusqu'où je peux aller pour toi, ainsi, tu n'as plus cette excuse pour ne pas agir. Tant que tu n'as pas décidé, je me considère cependant comme un homme libre et agirais en conséquences. En contrepartie, je ne mets aucun délai ni aucune autre condition. Juste, traite moi en ami, avec sincérité, honnêteté et transparence."

Je secouais doucement la tête, souriant tendrement. « Te traiter en ami serait bien réducteur, Felipe. Tu as été, et tu es de nouveau, bien plus que cela. Je ne sais pas où nous allons, ni même si nous retrouverons un jour ce que nous avions ; libre, tu l'es, tu l'as toujours été. »

Je n'avais jamais été du genre jalouse ; celle-ci était illogique. Comment lui en vouloir de jouer les enjôleurs comme lors de ce dîner de mi-Tercer - car oui, je les avais observé, elle et lui -, alors que moi-même ne lui offrait ce dont il avait besoin ?

Felipe était libre, dans sa tête comme dans son corps, et je crois que c'est en partie ce que j'aimais chez lui. « Ce que je ne peux pour l'instant te donner, tu es libre de le trouver ailleurs », concluais-je, cachant l'amertume derrière la bienveillance.

J'aimais tout chez elle. Sa dignité, ses sourires et cette façon qu'elle avait, d'un coup, d'abandonner toute prétention, de montrer la véritable femme qu'il y avait derrière le Capitaine. Avec toute sa complexité, toutes ses contradictions car il était difficile de croire qu'on pouvait vous aimer sans une once de jalousie ou de possessivité, spécialement pour moi qui était parfois très sanguin. Mais c'était elle et je la croyais, en partie parce que j'avais envie de la croire, en partie parce que j'avais l'impression de la connaître instinctivement. Elle ne m'avait jamais mis de barrière. Elle n'avait jamais contrarié mon besoin de plaire. En contrepartie, j'avais toujours su rester fidèle malgré un jeu certain avec la limite du concept. Je devais toujours me retenir de l'embrasser. Je repris mon verre et une gorgée d'alcool.

"Alors, nous sommes sur le même chemin Mia. Nous pouvons recommencer à marcher ensemble." main dans la main, en pensée, tout du moins. J'inspirais. "Où en es-tu de ton projet personnel ?"

Je pouvais sentir sa retenue, son désir. En partie parce qu'en l'absence de mon habituel contrôle de soi je serais dans le même état, mais aussi parce je le connaissais, tout simplement. Des décennies d'absence n'avaient pas marqué Felipe au point de le rendre aussi fade que tant d'autres officiers. Il était toujours l'homme de contradictions que j'avais aimé, que j'aimais toujours sans doute, à la fois libre et forcé, joueur et mesuré.

« Es-tu sûr de vouloir en parler maintenant ? J'ai peur de gâcher ton anniversaire. »

"Mais oui. Ca va. Tu sais, les anniversaires, j'ai passé l'âge d'en faire tout un plat." Je m'assieds à table, dos contre le dossier, naturellement droit, avant bras sur le plateau, mes doigts jouant avec le verre. "Il faut bien que nous discutions de quelque chose." Or je n'ai pas envie, ni de partir sur quelque chose de trop intime, de peur de ne pas me tenir, ni de parler légèrement parce que ce n'est pas ce que nous sommes. Stratégie et plans peuvent, plus que tout le reste, nous rendre notre complicité. Je suis bien meilleur aux échecs grandeur nature qu'avec des pions.

Puisqu'il insistait ...

« Bien », abdiquais-je. « Je pense toujours procéder au plan initial en ce qui concerne le manoir de qui-tu-sais, mais j'ai besoin d'y ajouter plusieurs ajustements. A l'heure actuelle, mes contraintes sont simples dans le principe, complexes dans leur réalisation : je souhaite dans un premier temps parler aux deux acteurs de leur famille. » Je prenais soin de ne pas citer les Saldivar, ne doutant pas un instant que Felipe se souviendrait tant de leur nom que de l'énoncé de mon plan : faire exploser leur manoir lorsque seuls ces deux-là sont présents. « L'autre contrainte, c'est que je souhaite qu'ils disparaissent tous deux de manière grandiose, afin que nul membre de la coalition ne se doute de la responsable. Je souhaite leur montrer que s'ils m'attaquent, il y a des conséquences, et que la vengeance est un plat qui se mange froid. Je ne souhaite pas, en revanche, que les cibles aient le temps de prévenir leurs camarades avant de disparaître. »

Je réfléchis à son plan et aux difficultés qu'il comportait. Faire se rencontrer deux personnes à un endroit donné à un moment donné n'avait rien de très difficile. Le faire de façon à ce qu'ils soient seuls dans un lieu protégé et où vivaient en général de nombreuses personnes était bien plus délicat. Pour le spectaculaire, enfin, je ne me faisais aucun soucis, elle saurait bien marquer les esprits. Elle était douée pour se faire remarquer.

"Est-ce qu'ils recrutent toujours ? Utiliser le nom d'un possible asset qui aurait besoin de les rencontrer tous les deux de visu, si l’appât est assez attirant et crédible pourrait permettre d'organiser un rendez-vous dans un lieu isolé. Une fois cette étape achevée, des brouilleurs - je sais où m'en procurer - nous assurerait de leur discrétion et personne ne s’inquiéterait de leur silence au vu de leur mission. Reste à planifier les circonstances exacte de la disparition finale mais le plan en question peut nous permettre de les déplacer au besoin vers un lieu d'exécution plus évocateur."

Je me massais le menton, pensive.

« Ce n'est pas une mauvaise idée. Mais comment les amener à inviter ledit asset chez eux ? Sans les leurs, qui plus est. Note, Felipe », ajoutais avec un bref sourire amusé, « que l'explosion du manoir n'est pas une idée arrêtée. C'est simplement le meilleur message qui me soit venu à l'esprit pour qu'ils ne doutent pas un instant que cela vient de moi, sans pouvoir en laisser courir le bruit. Après tout, c'est ainsi qu'ils ont assassiné Erika. »

"Tu ne pourras pas détruire le manoir sans faire de victimes collatérales. Tu dois choisir. Même un jour de fête, il y a toujours une partie du domestique qui reste sur place. Toujours le risque d'un souffrant qui ait du garder le lit." J'en savais quelque chose, j'avais grandi dans un manoir et dirigeais une maison de maître qui était déjà bien trop peuplée à mon goût. Et pourtant, nous étions modestes. "Après, si l'on dose bien les explosifs, il devrait être possible de ne détruire que l'aile des Maîtres. L'idée serait alors de leur donner rendez-vous à l'intérieur puis une fois les deux hommes maîtrisés, de les conduire jusque chez eux. J'ai peur cependant que cela leur donne plus de courage que nécessaire. Pourquoi ne pas faire ré-exploser l'ancien domicile de feu ta soeur ?"

Je haussais doucement les épaules.

« Parce que je veux que le signal ne soit évident que pour la coalition, et personne d'autre qui puisse se poser la question. S'ils meurent dans une explosion accidentelle, chez eux, je pense que les autorités ne chercheront pas bien loin. A l'inverse, s'ils meurent loin de chez eux dans une explosion à l'endroit même où feu Erika de Asturias et son époux décédèrent, je ne doute pas que quelqu'un fera un jour ou l'autre le lien. Je veux couper court à toute possibilité de vendetta du point de vue du reste de leur famille, tous doivent donc être convaincus qu'il s'agissait d'un accident, sauf la coalition. »

Je m'adossais plus confortablement contre le dossier de ma chaise, pensive.

« Ceci dit, j'aime assez l'idée de les capturer à l'extérieur. Cela nous permettrait de maquiller la scène en un accident plus aisément, et de les questionner avant - voire même d'utiliser la scène pour les faire parler, avant de mettre en marche le plan. »

Cruel, certes, de menacer quelqu'un d'un acte que l'on fera de toute manière quoi qu'il arrive. Mais ne l'était-ce pas tout autant d'assassiner une jeune femme qui n'avait rien demandé d'autre que de vivre en paix ?

"Certes." Ses arguments se tenaient et je n'avais rien à leur opposer. L'idée qu'il y ait des victimes collatérales ne me dérangeait pas outre mesure. Une vendetta ne se faisait jamais sans que souffrent des innocents. C'était elle qui semblait reculer à l'idée de tuer d'autres personnes que les principaux responsables. J'étais un guerrier. J'avais fait exploser de multiples vaisseaux, le plus souvent peuplés de gens qui pensaient sincèrement avoir eu raison, ou ne faire que ce qu'on leur disait. Faire exploser un appartement ne m'ennuyait pas plus. "C'est encore le plus simple. Si tu veux contrôler tous les paramètres d'un environnement, il faut que ce soit le tien. En terrain ennemi, il y a toujours des impondérables." La vie, ce n'est pas comme les échecs, les règles ne sont jamais les même et les pions ne s'alignent pas aussi bien. "S'il se nomment la coalition du cygne, nous pourrions utiliser l'animal en tant que symbole. Les autorités ne le comprendront pas." Je me cale contre le dossier de ma chaise et allonge mes jambes, hésite, puis décide de tester un peu ma supérieure. "Tu es consciente que le meilleur message serait également de tuer leurs femmes ? En ne tuant que les hommes, c'est ton beau-frère que tu venges, pas ta soeur."

« Je préfère limiter les dommages collatéraux au astrict minimum. En tuant plus de gens que nécessaire, je prends davantage de risques d'impliquer les proches les moins crédules. De plus, je me moque des conclusions qu'ils prendront - je tiens seulement à ce qu'ils sachent que cela vient de moi, et puisque je suis la seule à enquêter sur le sujet ... Eh bien j'imagine qu'ils feront assez rapidement le lien, hommes ou non. Je tiens à venger Erika, mais mon seul objectif est qu'ils meurent tous ; qu'ils sachent pourquoi, je m'en moque complètement. »

En définitive, je n'avais besoin d'attirer leur attention que pour les menacer, car on ne commettait jamais autant d'erreurs que sous la pression et la peur.

« As-tu une idée particulière en tête, concernant le cygne ? »

"Tu te contredis." Je ne dis pas ça méchamment, au contraire, je cherche à l'aider et j'espère qu'elle garde l'esprit assez clair pour s'en rendre compte. D'ailleurs, je me redresse, preuve que je suis sérieux et posé. "Et du coup j'ai du mal à comprendre ce que tu veux vraiment mais si je résume, tu voudrais éviter au maximum les dommages collatéraux, faire peur et interroger les hommes en question avant de les exécuter de façon à ce que tes ennemis sachent que c'est toi qui les poursuit mais sans alerter les autorités. Tu te fiches qu'ils comprennent tes raisons tant que tu les décimes à terme. Pourquoi veux-tu les prévenir que tu es après eux si ton but est de les détruire et pas de leur faire peur ? Pourquoi ne pas blâmer un pirate ou détourner leur attention pour les frapper au maximum avant qu'ils aient le temps de se retourner contre toi ? Tactiquement, je ne comprends pas ta stratégie." S'il s'était s'agit d'une autre personne que Mia j'aurais haussé les épaules mais c'est elle et j'ai besoin de comprendre toutes les nuances qui agitent ses méninges. "Pour le cygne, il y a plusieurs façons. En les exécutant dans un endroit qui porterait le nom de l'animal, en laissant des plumes carbonisées autour des corps, avec des dessins ou en choisissant un endroit symbolique. Ce n'est pas un animal rare ou mythique, on devrait trouver."

« Je comprends que ce soit confus, mais voici le besoin que j'ai actuellement : qu'ils soient au courant, mais qu'ils soient les seuls. Ils ont déjà tenté de m'assassiner une fois, et il est important que je leur fasse comprendre qu'on ne me menace pas sans conséquences. Ca ne les arrêtera pas, bien sûr. Au contraire, il est évident que cela redoublera leurs efforts. Mais sous la pression et la peur, peu sont ceux qui ne commettent aucune erreur. Et c'est justement de ça dont j'ai besoin sur le long terme, des erreurs pour identifier et comprendre mes ennemis qui, à ce jour, me sont majoritairement inconnus. »

Je lui laissais le temps d'assimiler et d'analyser ces propos, car je plaçais en haute estime ses réflexions. Felipe était un homme intelligent, et bien que je le sois tout autant - peut-être même plus -, je n'étais pas une femme de terrain ni de complots. Je ne pourrais vaincre en quelques manoeuvres de vaisseaux, cette fois.

« Pour être honnête, je doute fort que mes cibles actuelles aient accès à beaucoup d'informations », ajoutais-je. « Quant au cygne, j'imagine qu'il ne nous reste plus qu'à trouver un établissement qui en porte le nom. » Autrement dit, je validais son idée première.

"Parfait Mia carré, c'est beaucoup plus clair comme ça. Tu vois, quand tu veux." J'avais retrouvé mon sourire maintenant que j'y voyais plus clair. Si je n'étais pas le champion d'échec qu'elle méritait, j'avais une habitude certaine des combats et j'étais l'un des meilleurs tacticien spatial de ma promotion et peut-être de l'Empire. Je n'en avais jamais fait étalage, préférant ma place derrière les canons de mes vaisseaux qu'à un état major mais cela ne m'avait jamais empêché de m'instruire sans cesse. "Un établissement ayant le cygne dans son nom est facilement trouvable. Penses-tu que l'explosion soit assez révélatrice de ta vengeance ? L'ont-ils utilisés pour ta soeur uniquement ou bien risquent-ils de confondre avec d'autres familles qu'ils auraient pu blesser de la même façon ? Il ne faut jamais sous estimer la bêtise de nos adversaires."

A nouveau, je me tenais le menton en baissant les yeux, pensive.

« Tu marques un point. Je n'en ai absolument aucune idée, pour être honnête. Je me base sur le fait qu'ils sont assez intelligents pour comprendre, mais tu as raison je ne peux pas partir de ce principe-là. Mmh ... Tu me poses une colle, Felipe. Je vais devoir à nouveau puiser dans tes idées farfelues », lui lançais-je, avec un sourire amusé.

"Farfelues, tout de suite" répliquais-je avec bonne humeur, pas vexé pour un sou, bien au contraire. Pour une femme aussi fière que ma très chère Capitaine, avouer qu'elle pouvait avoir besoin de moi était une victoire en soi mais surtout une preuve de confiance qui m'émeuvait plus que je ne voulais l'admettre. "Il y a plusieurs façon de signer un crime. Tu peux faire en sorte que le crime parle de lui-même, tu peux laisser un indice - une pièce d'échec par exemple s'ils savent qui tu es vraiment - ou tu peux revendiquer l'action par un communiqué extérieur. Il y a aussi la solution de disséminer des indices mais c'est prendre le risque que les autorités soient pas plus bêtes et te reconnaissent."Je réfléchissais en parlant, ce qui n'était pas des plus facile. Je n'avais pas prévu qu'elle rendrait les armes aussi facilement ! "Cherchons d'abord le lieu, ne nous dispersons pas. Ensuite nous verrons le comment et si nous l'intégrons à la signature, d'accord ?"

« Autrement dit, nous avons le choix entre des indices, un communiqué ou des indices », lançais-je, faussement sérieuse. « Les premier et troisième choix ne me conviennent pas beaucoup, j'en ai peur. La communication pourrait se faire par une tierce personne, mais il ne faut pas que cette dernière puisse parler à la famille de nos cibles. L'idéal serait quelques mots sur le lit de mort, mais ce serait difficile à planifier. Tu as raison, concentrons-nous sur l'emplacement. Est-ce que je peux te laisser t'en charger ? Cela pourrait sembler suspect, si je m'amusais à visiter tous les lieux du nom de la coalition. »