[Vanguardia][She'lagh] Métaux lourds

Shut up, shut up, shut up
Shut up, shut up, shut up

On a fait beaucoup plus subtil que les paroles de la chanson que Vako écoute actuellement, mais vu qu’il tapote sur son bureau en suivant le rythme, il doit apprécier.
C’est le genre de musique qui fait se hausser les sourcils des parents : des instruments saturés, des cris de furie en guise de chant, des paroles agréables en plus de tout ça. Il aurait été dans sa chambre chez lui qu’Aldéric aurait déjà débarqué en enfonçant à moitié la porte, exigeant une cessation des hostilités en échange d’une absence de contact entre ses bottes et les fesses de son fils quasi-adoptif.

Shut up, shut up, shut up
You’re gonna listen to what I say this time

Et le voilà qui se lève. Qu’il se met à humer l’air en montant encore un peu le son, profitant de l’absence de patients dans l’infirmerie pour se faire un peu plaisir. Pour une fois qu’il peut se laisser aller…
Il est tout le temps sage. Personne ne se rendra compte que pour cinq minutes, ce n’est pas le cas.

Shut up, shut up, shut up
Shut your f*cking mouth, this life is mine

Ca devient n’importe quoi, maintenant il mime un guitariste imaginaire. Il a la tête qui fait des cercles, les jambes parfaitement écartées, les bras bas. Il ne manque vraiment plus que l’instrument -et la scène- pour s’y croire.

" Tu vas voir le doc ou c'est moi qui t'y amène de force ? " Tel était l'ultimatum que son frère lui a donné, pour la toute petite égratignure qu'il lui avait faite lors de leur nouveau type d'entraînement presque quotidien. La petite plaie au dessus de son arcade sourcilière, ce n'était franchement pas grand chose. Comme toute plaie à la tête, c'était plus impressionnant qu'autre chose.

Mais... Elle a appris depuis un moment qu'elle perdra plus d'énergie à lui tenir tête qu'à obéir à son - elle tient à le lui rappeler le plus souvent possible - PETIT frère. Donc, c'est en route pour l'infirmerie qu'elle est. Et c'est à l'approche de celle-ci qu'elle commence à entendre une musique des plus... étrange.

Le médecin, trop occupé à s'éclater sur son morceau de musique, ne la verra pas arriver. Elle se contente d'entrer dans la pièce vide, à pas légers étant donné qu'elle est pieds nus pour le coup, avant de se poser contre le renfort d'une porte pour observer la scène avec un regard à la fois surpris, perplexe et fasciné. Et un demi sourire aux lèvres, amusée. Il y en a au moins un qui s'éclate sur ce vaisseau.

Maybe your light will shine on me
No

La tête de Vako se relève, les yeux clos, sa gorge vibrant sur la mélodie qu’il continue à chanter. Entre la musique et sa concentration sur son numéro, il n’a bien entendu rien senti venir.

Shut up, shut up, shut up

Alors quand il dévoile de nouveau ses iris et qu’il voit la Capitaine devant lui, il est pris au dépourvu. Il se fige. Ouvre la bouche. La referme. Pique un fard. Recule à toute vitesse jusqu’à buter sur son bureau et tâtonne pour trouver le bouton qui arrête le son, le tout en continuant de regarder She’lagh. Juste au cas où elle s’énerve. Même si elle sourit, tout à fait.

- Hmmmm je peux vous aider ?

Très sérieusement demandé, alors qu’il est toujours à moitié étalé sur sa surface de travail et rouge piment.

Il chante en plus... She'lagh ne connaissait pas cette particularité chez son médecin. Il est vrai qu'elle a souvent l'image de celui qui lui annonce avoir tout tenté pour sauver son père quand elle pense à Vako... Une image peu plaisante, et peu proche de ce que Vako est en réalité mais... telle est elle. Ce n'est pas pour ça qu'elle lui en veut pour quoi que ce soit. C'est le souvenir d'une de leurs premières rencontres.

Il remarque enfin sa présence. Et She' ne bouge pas. Elle arque un sourcil. Elle sourit doucement, amusée. Mais elle ne bouge pas et le regarde commencer à paniquer sans avoir l'air de réagir le moins du monde. Elle ne rit pas non plus. Elle aura juste un regard vaguement inquiet lorsqu'il butera un peu violemment contre son bureau, mais ne le voyant pas tomber, elle ne fera rien pour l'aider et le laissera s'étaler à moitié dessus et éteindre la musique.

Le silence qui suit est quelque peu... agréable vu la violence du son qu'il remplace.

Elle continue de l'observer quelques secondes après sa question - tout à fait professionnelle d'ailleurs - avant de se décoller du mur et d'approcher.

" Désolée de vous avoir fait peur, Doc'. Mon frère semble penser que ça nécessite quelques soins " Qu'elle notera simplement, en montrant son arcade sourcilière d'où s'échappe encore un filet de sang. Tout ça comme si elle avait simplement une écharde coincée dans un doigt. Et comme si tout était normal.

- Vous m’avez fait peur… ? Nnnnnon...

Non, il n’a pas du tout eu peur voyons. Il est effondré comme un bonhomme de chiffons avec des airs de lapin pris dans des phares mais il n’a pas du tout eu peur, c’est évident.
D’ailleurs il va se remettre sur ses pieds, enfiler sa blouse blanche, et s’approcher. Pas peur. Du tout.

- Votre frère a raison. Même si ça vous déplait que je le dise.

Gants. Gaze. Désinfectant. Et le voilà parti pour nettoyer la plaie.

- Et… Hmmm. Désolé pour la musique “mais papaaaa”. Je m’attendais pas à avoir un patient.

Le patient en question aurait-il été n’importe qui d’autre que sa Capitaine, il ne se serait pas excusé mais tout est très différent lorsqu’il s’agit de She’lagh.

Elle aura un sourire, franchement amusée, simplement taquine, à sa réponse. Elle devrait rester de marbre, en tant que Capitaine, mais Vako a une innocence toute particulière, parfois, qui la surprend de temps en temps, comme aujourd'hui. Non, elle n'apprécie pas forcément qu'il aille dans le sens de son petit frère, mais c'est surtout par principe. Alors, pendant qu'il se prépare, elle vient prendre place sur une des chaises réservées aux patients.

" Je m'en doutais que vous seriez de son côté. " Qu'elle dira avec une plainte surjouée dans la voix, et un soupir à fendre l'âme, mais en lui laissant tout l'accès nécessaire à son visage.

Il s'excuse ensuite... Et elle se retient d'arquer un sourcil, parce que ça fait mal pour l'instant... Mais le regard qu'elle tourne vers lui est assez explicite.

" Il n'y a pas de mal, Doc'. Nous ne sommes pas sur un navire militaire, tant que vous ne transformez pas l'infirmerie en rave party lors de vos soins... "

- Je suis toujours du côté des gens prudents.

Qu’il justifie en étant prudent, justement, dans sa désinfection. La plaie se serait très bien refermée avec juste de l’eau pour enlever le sang et sans soins, mais on ne sait jamais ce qui peut se passer. Secoué d’un rire sincère à l’idée d’organiser des rave parties dans son infirmerie, il s’éloigne pour mieux observer son travail.

- Ce n’est pas mon style musical, vous avez bien entendu. Vous risquez plus le concert de gros boeufs chevelus.

Excellente remarque, qui ne peut que rassurer la Capitaine sur son sérieux.

- Mais ça n’arrivera pas, se rattrape-t-il, promis. Je vais continuer d’écouter ma musique d’enfant rebelle dans mes écouteurs.

La plaie a l’air propre, il commence donc à découper son sparadrap tranquillement.

- Même si je sais que nous ne sommes pas un navire militaire, imaginez si quelqu’un vient inspecter ? Je ne veux pas qu’ils viennent vous chercher des poux sur la tête parce que votre médecin partage sa musique avec tout le pont.

Ça pique. Mais son visage reste pratiquement impassible. Elle se retient de montrer que ça fait un peu mal. Elle est Capitaine. Il est son médecin. Il n'a le droit de la voir souffrir que si la blessure fait au moins la profondeur d'une main. Elle sourit doucement cependant, amusée par ses explications sur l'avenir futur de la musique dans son infirmerie. Son sourire se fane néanmoins à la mention d'une inspection de son vaisseau.

Elle redresse un peu la tête pour l'observer préparer la suite de ses soins.

" Je n'ai pas de poux, Doc'. Et je protège mon équipage. Quoi qu'il lui soit reproché. "

Ca partait sur le ton de la plaisanterie... Ça finit sur une note tout à fait sérieuse...

Alors Vako est sérieux. Et confiant, c’est son regard qui le dit, tout son visage qui l’exprime. Il croit en She’lagh plus qu’en n’importe qui, son père mis à part.

- Je le sais.

Il se met bien face à sa Capitaine et lève son menton pour mieux voir la plaie qu’il soigne.

- Vous avez gardé à bord votre médecin trinitaire et trans même lorsqu’il n’a pas su sauver votre père. Vous auriez eu toutes les raisons du monde de le mettre à la porte mais vous ne l’avez pas fait.

La plaie est tenue, la première bande de sparadrap posée.

- She’lagh, j’ai une confiance aveugle en vous, d’accord ? Je sais que vous me défendrez pour mes goûts musicaux autant que pour des choses plus importantes. Laissez-moi prendre soin de vous aussi, si vous le voulez bien…

Médicalement, ou juste en faisant attention à l’image que lui renvoie, peu importe comment.

Son regard d'or fondu se pose sur le visage du médecin alors qu'il lui faut lever le menton. Il ne la regarde pas elle, il s'occupe consciencieusement de sa plaie, mais qu'importe. Il est tellement sérieux et grave tout à coup... Elle se met à l'observer plus attentivement. Mais elle n'a jamais été de ceux qui arrivent à lire les gens comme des livres.

Sans voix, elle le laisse parler. Son regard est fermé et attentif en même temps. Et elle finit par repondre par un mince mais sincère sourire, touchée par tant de... Fidélité ?

" Personne n'aurait pu soigner les blessures de mon père et vous étes autant trinitaire que je suis impériale. Votre genre m'importe peu dans le sens où vous êtes celui où celle que vous voulez être et c'est tout ce qui importe. " Ce n'est d'ailleurs pas un secret d'état que la Capitaine apprécie autant la campagnie des hommes que des femmes. " Et j'ai accepté le prétexte de venir vous voir alors qu'il ne faut même pas de point à cette plaie... Si ce n'est pas la preuve que je vous laisse prendre soin de moi... "

Non, elle ne viendra à l'infirmerie si elle se coupe avec du papier.

- Mmmh. C’est vrai.

Nouveau bout de sparadrap. Tout devrait tenir le temps que la plaie se cicatrise, pour une fois ce sera proprement.

- C’est fini, vous êtes libre.

Et Vako, lui, peut se nettoyer les mains comme un médecin appliqué qu’il est.

- Mais je parle de prendre soin de vous tout court, pas uniquement en vous soignant. En évitant le festival de musique par exemple. Ou en étant poli quand je met les pieds à terre. Ou en vous disant de manger plus. Je n’ai pas la prétention de vous babysitter, hein…

Et il lève les mains pour dire qu’il est innocent de ce crime. Sa Capitaine n’a aucun ordre à recevoir de lui.

- Et je n’ai pas reçu de script d’Alejandro. Au cas où vous vous le demandiez.

Ca devient confus, cette histoire… Confus et embarrassant. Il aurait mieux fait de fermer sa bouche.

- J’essaie juste de faire attention, c’est ce que j’essaie de dire, je n’ai pas envie que vous ayez à me protéger plus que vous ne le faites.

Fini. Déjà. Elle viendra frôler les alentours de la plaie de ses doigts avant de remettre ses cheveux dans le bon ordre. Sa large mèche noire et épaisse revient cacher une partie de son si beau visage.

" Merci, Doc' "

Libre, enfin. Elle n'a pas l'air pourtant particulièrement pressée de s'en aller. Elle l'observe aller se laver les mains, se doutant peut-être qu'il n'en a pas fini. Ou bien elle n'a juste rien à faire de plus important que de discuter avec le jeune médecin.

Elle se retient cette fois de sourire à son petit discours, l'observant avec un intérêt certain, nouveau, intéressé par cette étrange fidélité ainsi avouée...

" Merci Doc'... " Qu'elle répétera, sur un ton différent, un peu plus grave, un peu plus pensif, un peu plus sombre aussi.

- Vous réfléchissez.

Non vraiment Vako, tu n'as pas plus intelligent comme remarque ?
Non. Mais il a de l'eau chaude, deux tasses, une théière et un plateau de chirurgie pour porter tout ça et le poser à côté de sa Capitaine. Il n’a pas beaucoup plus urgent à faire. Et les moments avec She’lagh sont rares, précieux aussi, si elle semble vouloir rester dans l'infirmerie il peut en profiter.

- Vous réfléchissez parfois un peu trop seule. Qu'est-ce qui vous froisse ? Vous n'êtes pas obligée de me répondre, précise-t-il. Mais ça peut vous aider. Sinon je remets ma musique.

Terrifiante menace...

Au lieu de sembler effrayée, la jeune femme à l'apparence sombre et froide se pare d'un sourire amusé, ses yeux se plissant légèrement sous l'effet du chantage qu'il lui propose. Si elle hésite une seconde ou deux, elle ne le montre pas, prenant une position un peu plus confortable.

" Je suis Capitaine, Vako. Il faut bien réfléchir seule, parfois... " Qu'elle répond, simple, comme si c'était un peu un évidence. " Et je n'ai rien contre ta musique. " Bon, la vérité c'est qu'elle ne l'aime pas non plus. Mais elle n'est pas difficile, et tant que ça ne fait pas grincer ses tympans...

Le silence se fera une seconde.

" Quant à ce qui me froisse... C'est sans doute que... A une époque, il y avait beaucoup plus de membres de la Vanguardia aussi fidèles que toi. A une époque. " Et qu'aujourd'hui, elle n'est pas toujours rassurée de se balader sans armes dans son propre vaisseau.

Elle n’a rien contre sa musique ? Il ne faut pas dire ça… Heureusement que Vako n’est pas homme à faire du bruit sans raisons, sinon il aurait pu prendre ça pour une invitation à n’en faire qu’à sa tête. Là il se contente juste de sourire. Il ne mettra jamais cette menace à exécution.

- A l’époque où mon père était à bord ?

A l’époque où le propre père de She’lagh était le seul maître à bord, avant la vie de Corsaire ? Certainement. L’idée a l’air de le faire réfléchir.

- Il ne doivent pas vouloir que vous ayez l’impression de pouvoir compter sur tout votre équipage... L’Impérium, je veux dire, ils doivent avoir peur à l’idée de vous voir avec de hommes comme mon père, loyaux et amoraux. Mais ils sont un peu idiots. Sans vouloir vous offenser.

Sourire désolé. Insulter l’Impérium face à une Capitaine impériale est une idée idiote et il en a conscience.

- Vous pourriez arriver à rendre fidèle n’importe qui, je pense. Je n’ai pas connu l’avant dont vous parlez alors je peux dire n’importe quoi, bien sûr, mais je garde cette impression. Vous pouvez rendre une bande disparate organisée, pourquoi pas loyale ?

Son père... She'lagh n'avait pas une grande mémoire, mais elle avait fini par se rappeler du père adoptif du jeune médecin, en effet. " Oui... Une belle époque... " Révolue, malheureusement. Ils avaient tous dû en faire le deuil.

Ca sembla le faire réfléchir. Elle le laissa réfléchir. Arquant un sourcil, sous sa tignasse noire, au résultat de sa réflexion. Evitant le côté qu'il vient de panser, d'ailleurs.

" Les mercenaires ne sont généralement loyaux qu'à l'argent. Les militaires sont loyaux à leur patrie. Je doute réussir à détourner ces deux catégories de leur vision principale. Quant aux autres, ... peut-être. Mais on ne peut être loyal qu'à quelqu'un de fiable. " Et elle n'a pas été la plus fiable des capitaines, ces dernières années. Elle tente de se rattraper, aujourd'hui, mais c'est une affaire difficile.

Tranquillement, le médecin sert deux tasses du thé qui doit avoir assez infusé, puis s’installe face à sa capitaine avec sa moitié de la boisson chaude.

- Je trouve que vous êtes dure avec vous-même.

Il a un pauvre sourire, celui qui dit qu’il n’est pas mieux de son côté, que ce n’est pas sa place de faire ce genre de remarques mais que quelqu’un doit la faire parfois. S’il est possible que ce ne soit pas quelqu’un d’aussi délicat qu’Alejandro, c’est probablement mieux.

- Et je trouve que vous faites des efforts. Mmmmh… Mais ça ne suffit peut-être pas. Pas si vous vous rappelez du temps où… Avant. D’avant.

C’est un peu confus, cette histoire, mais il fait de son mieux pour remettre les pensées comme les phrases dans un sens correct avant de les exprimer.

- Ou peut-être que vous ne voyez pas trop bien ceux qui vous sont loyaux ? Les discussions de couloir en présence de la Capitaine… Enfin vous voyez. Vous êtes intimidante. Un peu. Je suis pas intimidé.

Non, pas du tout. Tout le monde y croit, Vako.

Elle prend la tasse qu'il lui propose. Elle n'était pas là pou prendre le thé à la base... mais pourquoi pas après tout. C'est agréable, aussi, de pouvoir discuter avec ses hommes, en tant que Capitaine, certes, mais de manière informelle.

" Peut-être... " Qu'elle note... non sans avoir laissé passer un temps de silence, sous la surprise de la sincérité des paroles du jeune médecin. " Merci pour le thé "

Elle reste pensive le temps qu'il continue, agrémentant son visage d'un sourire à sa conclusion. Il n'est pas intimidé... Tant mieux... Parce qu'elle n'a jamais voulu être intimidante envers qui que ce soit. En tout cas, pas à son bord. Et quand elle essaye, généralement, elle n'est pas encore très douée. Elle manque encore trop de confiance en ... pas en elle. Peut-être en son équipage ? Si elle n'a personne pour surveiller ses arrières, elle ne peut pas toujours jouer de l'intimidation.

" Vous m'en voyez ravie. Et j'essayerai d'y faire plus attention... " Elle prendra une gorgée de thé pour laisser ses idées reposer.

" Et vous, doc' ? Vous intimidez des gens ? "

- Moi ?

La question est tellement imprévue que le médecin pouffe de rire dans sa tasse. Lui, avec sa courte taille, son caractère, ses incroyables non-capacités à distribuer des coups quand il le faudrait ?

- Oh, non.

S’il était comme son père, s’il était grand et qu’il avait des bras énormes et le regard qui tue, peut-être qu’il pourrait intimider plus que les petits enfants. Ce n’est pas le cas.

- Peut-être quand je les menace de leur couper une jambe s’ils ne prennent pas les anti-inflammatoires que je prescris mais sinon, non, je ne suis pas vraiment taillé pour intimider.

Vako souligne involontairement l’idée en ayant l’air de ce qu’il est : un jeune adulte souriant qui a beaucoup trop de coeur pour tenir qui que ce soit en respect.

- Mais du coup j’entends plein de discussions de couloir. Et de patients qui délirent et me racontent leurs vies.

Il fronce les sourcils presque comiquement.

- Je me passerais bien de savoir qui fricote avec qui ici, je vous avoue. J’aimerais être un peu plus intimidant juste pour ça.

Elle retient un sourire, chatouillé par une mèche noire qui se promène à sa guise le long de sa joue. Mais il rit, c'est qu'elle doit avoir un peu d'humour, au fond. Alejandro n'arrête pas de dire qu'elle n'en a pas.

Elle continue de jouer avec sa tasse de thé tranquillement, les yeux rivés sur le charmant jeune homme qui n'est, effectivement, pas très intimidant. Mais sa question n'était pas sérieuse. Le voir jouer le jeu par contre, est effectivement amusant.

" Non, en effet. Mais ce sont des choses qui se travaillent, au besoin. "

Cela dit, la seconde partie de la conversation viendra lui faire froncer doucement les sourcils, et le sourire qu'elle retient vient finalement dessiner ses jolies lèvres. Ses yeux d'or s'éclairent un peu, et se font curieux, posés sur le jeune médecin.

" Oh vraiment ? Pas moi. " Elle croise les mains et pose son menton dessus, fixant son doc' avec un air plus enfantin que d'habitude. " Racontez donc un peu, ça m'intéresse " Et un sourire un peu plus malicieux aussi.

Il faut raconter les petits secrets du Vanguardia ? Il peut le faire, s’il se montre assez malin pour ne pas laisser deviner les identités des personnes impliquées...
Vako s’installe donc un peu mieux pour discuter confortablement.

- Hm, alors…. Vous avez une mécanicienne qui est dans trois relations sans qu’aucune des trois autres personnes ne le sache. Quoi d’autre… Si j’étais vous je n’irais pas de nuit dans les cages d’escalier. Les équipes d’abordages sont pleines de petits lapins qui devraient suivre un cours de mon père sur l’éducation sexuelle, ça ne leur ferait pas de mal d’apprendre à ne pas être idiots.

Ou à ne pas jouer sous la ceinture avec leurs petits camarades, chose que désapprouve audiblement le médecin.

- Il y a même eu des histoires dignes des feuilletons pour mamans désoeuvrées, vous voyez lesquels ? Personne A trompe personne B pendant leurs fiançailles avec personne C à terre, qui est l’ami d’enfance de B. Et c’est moi qui met de la glace sur l’oeil de A pendant qu’on me raconte ça. Je pourrais écrire des romans entiers avec ce que j’entends. Les Abysses de la Passion, proclame-t-il avec un faux accent impérial à couper au couteau, une série torride par le docteur Montagne !

Et il rit, malicieux.

- Je vous reverserais une partie des immenses bénéfices si vous voulez.

Son thé refroidit, mais elle n'a pas l'air de s'en soucier le moins du monde. Elle se fait presque comme une gamine qui écoute une bonne histoire, l'attention fixée sur le jeune médecin. Le sourire qui s'incline vers une émotion où une autre alors que les faits sont relatés de façon à ce qu'elle n'ait pas de noms, simplement des petites histoires croustillantes pour émoustiller son imagination.

Ce qu'elle en retient surtout, c'est qu'il n'y pas vraiment de différences, à ce niveau là, entre son ancien équipage et ce nouvel équipage recomposé. D'anciennes têtes y sont encore. De nouvelles ont fait leur arriver. Mais l'esprit de groupe reste apparemment identique. Elle se souvient, lorsqu'elle n'était que simple membre de l'équipe d'abordage de son père... Son sourire s'accentue encore un peu.

" Je vois lesquelles, oui "

Elle pouffe presque de rire lorsqu'il lui expose sa super idée. Et secoue un peu la tête face au ridicule d'un livre publié sur les histoires de coeur et de fesses des membres de la Vanguardia... Mon dieu... Son père se retournerait dans sa tombe.

" Utilisez un meilleur pseudonyme alors " Qu'elle taquine un peu. " On mettra ça dans un pot commun pour le nettoyage régulier des escaliers "

Elle sourit... mais à bien y repenser, elle pourrait envoyer l'équipe de réserve les nettoyer un peu plus souvent, à bien y repenser...

" Et vous, doc' ? Pas d'histoire de coeur ? "

- Ce sera Kova Colline alors, c’est un meilleur pseudonyme ?

Non, c’en est pas un, il en a assez conscience pour se moquer de lui-même en riant dans sa tasse. Puis il redevient sérieux, légèrement, pour faire une grimace de fausse contrition.

- Est-ce que c’est mon père qui veut avoir de mes nouvelles par votre biais ? Je lui ai dit que je faisais attention…

La blague n’en est pas totalement une : il a vraiment promis de faire attention, il y a juste assez peu de chances que papa Montagne envoie sa Capitaine l’espionner alors qu’il peut lui tirer les oreilles à chaque fois qu’ils mettent les pieds à Espoir.
Vako soupire légèrement, se redresse pour répondre beaucoup plus sérieusement.

- Pas d’histoire de coeur, pas d’histoires de fesses non plus, pas à bord. C’est déjà assez compliqué à terre quand je suis à peu près sûr de ne pas revoir mes partenaires, je ne vais pas jouer avec le feu sur le Vanguardia. Je ne juge pas ceux qui le font, hein !

Non parce que sinon il risquerait de juger She’lagh et ce n’est absolument pas une bonne idée.
Un peu comme la pointe de curiosité qui l’asticote, juste maintenant, sauf qu’il n’a pas vraiment envie de la contenir celle-là.

- Et vous alors ? Vous avez des histoires pour mon futur livre d’auteur reconnu ?

Elle arque légèrement un sourcil à la nouvelle proposition de pseudonyme, et ne peut que se retrouver à le jauger... potable. Voir même intéressant. Alors qu'elle ne peut s'empêcher d'observer l'homme en face d'elle avec l'idée sournoise qui revient la titiller qu'il était une femme. Avant.

" Non, ce n'est pas votre père. Simplement ma curiosité personnelle. A laquelle vous n'êtes pas obligé de répondre si vous ne le souhaitez pas. " Qu'elle rappelle tout de même. Au cas où il se sentirait obligé parce qu'elle est sa Capitaine.

Franchement, c'est pas son genre d'abuser de sa position.
Même si parfois, ça peut s'avérer utile.

Elle hoche doucement la tête à ses propos. Sa sagesse l'étonne un peu pour son âge, mais savoir que son médecin reste prudent est plutôt rassurant. Alors elle sourit de nouveau. Un sourire qui se fane un poil lorsqu'il lui retourne la question.

" Oh, j'en ai eu. Dans le passé. Mais à présent je suis Capitane. Alors c'est différent. Mais vous avez dû entendre les histoires des anciens membres non ? Ou de votre père peut-être ? "

Vako fait une grimace dès que les questions commencent à concerner son père. Avait-il envie d’imaginer qu’Aldéric ou She’lagh ne vivent pas en ascètes sans rencontres charnelles ? Non. Absolument pas.

- Non ! Enfin si mais non !

Et son imagination décidément retorse de se mettre en marche pour lui suggérer des vignettes tout sauf pudiques, poussant le pauvre médecin à se cacher dans sa boisson.

- Ce sont vos affaires et je ne veux pas vraiment savoir ce que vous faites ou avez fait avec des membres d’équipage ! C’est presque pire que de savoir que mon père a une vie sexuelle.

Se rendant soudain compte que toute cette histoire peut être très mal prise, il tente de se rattraper aux branches en se justifiant.

- Parce que vous êtes ma supérieure, c’est juste pour ça ! J’aurais dû fermer ma bouche, non… ?