L'amputé et amputeur

Bon la chambre de la capitaine c'est bien, mais pas vraiment optimisé pour des soins alors Zélio se dirige vers l'infirmerie sur son fauteuil roulant. Il est pas fan du concept, mais c'est pas comme s'il devait se montrer fort pour le moment. Actuellement il doit récupérer le plus rapidement ses moyens et surtout expliquer au médecin de bord ses intentions.

Il n'a pas encore pris le temps de jeter un œil au travail de ce dernier. Non pas qu'il soit spécialiste… mais ce n'est pas son premier membre amputé donc il a une petite expérience personnelle à mettre en avant dans le domaine. Il roule donc dans les couloirs du vaisseau de la belle capitaine. Très belle capitaine. Il en revient toujours pas qu'elle soit contente de le rencontrer, après tout s'il a du charme en plus d'un coté plaisant il ne peut pas dire qu'il fait parti de ces gars aussi beaux que des mannequins.

D'un autre côté il a de moins en moins de chair en lui et ça commence à le déranger beaucoup. C'est certain que certaines femmes seront rebutées par autant de métal. Il parait que des prothèse imitant parfaitement les membres humains seraient à l'étude. Mais dans tous les cas il a besoin de ses prothèses améliorées pour rester performant en combat. Alors il roule vers son amputeur en espérant que le gars soit doué.


Il arrive finalement dans l'infirmerie qui est toujours aussi bondée suite à l'abordage. On ne fait pas d'omelette sans casser d'œufs constate Zélio. Il n'empêche qu'il se pose dans un coin attendant son tour ou qu'une infirmière vienne s'occuper de lui.

En lieu et place d’infirmière canon digne d’un roman de spatioport, c’est malheureusement un médecin. Un médecin qui n’a pas l’air d’avoir assez dormi, qui capte quand même du regard le fauteuil peu discret entrant dans son infirmerie pleine à craquer, qui prend le temps de finir l’injection commencée sur un autre patient mais qui finit par venir se planter devant son amputé de la veille. Les mains sur les hanches, l’air pas commode, il tente vaguement de foudroyer du regard l’autre homme. Il arrive juste à avoir l’air d’un chiot agacé.

- Vous savez que vous êtes sous ma garde ?

Le problème c’est que Vako a l’impression que la moitié de la Vanguardia est sous sa garde à chaque abordage et qu’il ne peut pas courir derrière tout le monde. Il soupire donc puis secoue la tête, chassant l’agacement.

- Va pour cette fois. Roulez vers un lit, que je regarde. S’il vous plait.

Zélio le regarde l'air un peu amusé. Il ne l'a pas vu dormir devant sa porte… donc il ne peut pas être sous sa garde. Mais il ne comprendrait pas. Seule la capitaine si elle était là pourrait réagir à la blague alors il la garde pour lui.

- docteur, vous avez déjà beaucoup de gens de votre équipage a gérer. Et vous avez fait ce qu'il fallait pour moi donc j'étais pas nécessaire à l'infirmerie. Je connais mon corps et les blessures que j'ai. C'était peu probable qu'il m'arrive quelque chose. explique Zélio avec un sourire tranquille.

Lorsque le docteur l'invite à se mettre sur un lit il vient se "garer" avec sa chaise à côté et profite de ses muscles et autres membres cybernétiques pour se hisser sur ce dernier. Il a hâte de jeter un œil pour de vrai à sa jambe sous le bandage.

- pas la peine de prendre de gant avec moi j'ai l'habitude hein. Je vais me faire poser deux jambes jumelles. L'une d'entre elle sera un peu plus violente que l'autre mais les deux seront synchronisées en matière de mouvement et de force dans les déplacements.explique Zélio qui a déjà tout planifié. J'espère que la découpe est au poil pour ça.

- On connaît tous notre corps, marmonne le médecin dans sa barbe de trois jours, jusqu'au moment où on se fait avoir.

Non, il ne va pas le dire à haute voix. Et il ne va pas non plus vraiment aider un type beaucoup plus lourd que lui à se hisser sur le lit s’il peut le faire seul puisque ça lui laisse le temps de récupérer sa desserte à roulettes et les instruments à l'intérieur, histoire de commencer à enlever le pansement le plus rapidement possible.

- Vous n'êtes pas ma première jambe coupée, ne vous en faites pas. Les premiers ont été un peu en biais mais maintenant je suis propre.

C'est sensé rassurer, apparemment, cette affirmation. Ou en tout cas occuper le temps qu'il ne dégage le moignon de la gaze.

- Ca a l'air correct. Bleu mais correct. Vous pouvez regarder.

Et se rendre compte que Vako prend des pincettes dans ses manipulations. Ne pas se faire brutaliser après un opération, voilà qui rend les patients plus aimables et les pousse à revenir.

- Vous pourrez faire poser une jambe quand ce sera cicatrisé. Je vous fait le plan sur les douleurs et les soins avant de parler prothèse. Vous n'avez pas le choix. Vous avez mal là ?

Zélio garde son calme et son sourire.

- c'est pour ça que j'ai dit peu probable. Et que j'ai pas affirmer que c'était sous contrôle. Mais entre dormir ici ou dans une cabine plus calme, mon choix est vite fait. explique Zélio. Et puis ça laisse plus de place pour les patients de l'équipage qui se sont battus eux.

Zélio l'observe travailler et ensuite jette un œil sur son moignon. Ca lui parait bien fait… en effet il a pas coupé de travers. Heureusement ça aurait pu augmenter le prix de la prothèse. Déjà que pour avoir le modèle qu'il désire il va falloir changer les deux jambes. Heureusement qu'il met de côté pour ce genre de d'opération depuis des années.

- j'ai un peu mal oui… mais dans mes souvenirs c'est normal. dit Zélio.

- Ca dépend de la douleur ?

Toujours avec ses gestes délicats, il commence à faire bouger la jambe amputée. A aucun moment les yeux de Vako ne se lèvent pour papoter plus efficacement : il est beaucoup trop concentré sur son travail.

- C’est normal si vous sentez une inflammation, ou une douleur fantôme. Ce n’est pas normal si vous avez mal parce que j’aurais dû poser un drain finalement. Mais si vous me parlez ça doit aller.

Et c’est le retour des sourcils froncés par la détermination, parce qu’il a l’impression que le patient fuyard serait aussi de ceux qui “oublient” de prendre leurs anti-douleurs pour des raisons idiotes.

- Je vous donne de quoi traiter la douleur après. Même si vous êtes un dur de chez dur, oui, vous aurez des antalgiques. Non négociables. Pas de douleur dans le pied qui n’est plus là si vous bougez ?

Est-ce qu’il doit dire que c’est pour donner encore un cachet supplémentaire ? Bonne question. Est-ce que l’amputé le prendrait ? Encore une excellente question. Il pense sincèrement devoir répondre non aux deux, et ça le fait soupirer, mais le professionnalisme aura sa peau.

- S’il y en a vous avez gagné un cachet supplémentaire.

Zélio a l'habitude de tout cela. C'est son troisième membre amputé et il commence à connaitre la chanson. Il n'est pas surpris de voir le docteur lui faire la morale. Il a le physique et le genre à vouloir jouer au fort. D'ailleurs c'est qu'il a fait en restant debout après être tombé dans l'inconscience quand on l'a libéré. Certainement un truc stupide mais c'est comme ça. Par contre les médicaments et les soins c'est tout autre chose.

- docteur. Mon corps, c'est mon gagne pain et je dois le garder en bonne santé. Ce qui veut dire alimentation équilibrée, du sport, du temps de repos, pas d'alcool ou très rarement. Et encore plein d'autre chose. Entre autre vous me filez un traitement et je le suis à la lettre. Et vous pouvez rajouter le cachet pour les douleurs fantômes… j'en ai des petites par moment. explique le combattant.

D’accord, il faut admettre qu’il est étonné. Et qu’il s’est trompé.

- Désolé, je pensais que vous étiez plus du genre à essayer d’ignorer la douleur. Je me suis trompé, vous avez mes excuses.

Avec un sourire en plus, c’est dire à quel point Vako est confus.

- Et je vous passe des neuroleptiques. Ca va vous assommer sans doute, alors ne les prenez que quand vous trouvez que c’est insupportable. En attendant…

En attendant c’est le moment de refaire le pansement, toujours avec précaution. Il irait bien plus vite s’il s’y prenait comme une brute. C’est hors de question.

- Vous restez avec nous combien de temps ? Vous devez savoir faire vos pansements, mais j’aime bien garder un oeil sur les grosses opérations.

Ses yeux se baladent un peu autour du lit, sur les autres patients qui s’entassent, la désorganisation de l’urgence qui en rajoute au capharnaüm. Bon, pour cette fois il consentirait à ne pas veiller sur un de ses opérés.

- Ca par contre c’est sans obligation.

- c'est mon genre, mais pas quand je me soigne et que je suis en convalescence. Au combat par contre. Ou après un épreuve. J'ai cette tendance déplacée à vouloir rester stoïque et debout. explique Zélio.

En effet après avoir détruit le bras du capitaine pirate qui l'avait torturé il était tombé inconscient mais debout grâce à ces deux prothèses cyber qu'il avait bloqué en position. Le bras tenant le montant d'une porte et la jambe tenue droite.

- j'espère que le capitaine d'en face ne va pas récupérer son bras. A moins que vous ne soyez un génie. Ce qui serait dommage parce que je serais dans l'obligation de défaire ce que vous auriez réussi à faire. annonce Zélio.

Il est curieux de connaitre l'état de son bourreau. En plus de sa jambe il a de nombreuses marques de tortures sur tout le corps et ça pique encore.

- Je l'ai coupé.

Qu'il lance donc très calmement, en commençant à faire le pansement de l’amputé numéro un.

- Il n’y avait rien à sauver et même si je lui aurais bien mis un coup de pied en douce, je soigne tout le monde. Donc amputation. Et un pansement sur le nez.

Les questions sur l'état de leur prisonnier, sur la nature exacte et totalement inhabituelle de ses blessures il les garde pour sa Capitaine, mais faire un bulletin de santé d’un patient à un autre ne le dérange pas.

- Je ne suis pas un génie et vous n'aurez pas besoin de… Mmmmh, compenser votre jambe et votre état en torturant celui qui vous a fait ça ? Sans vouloir vous vexer, c'est terriblement Impérial comme idée. Vous devriez plus vous préoccuper de votre propre état que du sien.

- je connais mon état de santé et les mesures à prendre dans ce domaine. Et je suis un impérial. Pire je suis noble de naissance. Et même si mon père m'a renié, l'empereur n'a pas invalidé mon droit du sang. Si mes frères meurent le titre sera mien sauf si l'empereur s'y oppose. Ce que je ferais à sa place. Mais je suis pas l'empereur. explique Zélio. Donc j'ai encore quelques restes de mon éducation. Enfin disons plutôt qu'il y a des parties de mon éducation que je n'ai pas rejeté.

Rien n'arrêterait une vendetta, rien.

Un nouveau marmonnement dans la barbe pour Vako, qui fait des efforts pour que sa réflexion sur le rejet d’éducation ne soit absolument pas comprise. Ce pourrait autant être une réaction à la mise en place du pansement qu’un commentaire sur la météo sur Paradis, pour autant qu’on le sache.

- Ce sont vos affaires, finit-il intelligiblement, de toute façon. Moi je suis juste là pour m’assurer que vous receviez des soins. Pas pour vous dire que le sens de l’honneur est idiot alors que je sers ici.

Ting, font les instruments qu’il repose sur son plateau. Dernière inspection du pansement, et…

- C’est bon pour le pansement. Je vous apporte les cachets.

Et le voilà parti à l’autre bout de l’infirmerie pour mettre ses instruments à stériliser, puis pour pêcher un verre d’eau et des cachets blancs qu’il revient poser dans la main de Zélio.

- Le rond pour les douleurs fantômes, l’allongé pour l’inflammation. Et vous pourrez aller faire une sieste où vous voudrez ensuite, sauf si vous voulez parler jambes de remplacement avant. C’est vous qui voyez.

Le combattant note mentalement la prescription et récupère les cachets et le verre. Il est pas enthousiasmé par le côté assommant de certains médocs.. mais il a un peu l'habitude du concept. Alors il avale le tout et fait passer le truc grâce au verre d'eau. Zélio hausse un sourcil quand le médecin lui propose de parler prothèses cybernétiques. Il en connait un rayon sans doute.

- vous vous y connaissez en prothèse de combat ? demande alors Zélio.

Parce qu'il est toujours d'accord pour avoir de nouveau avis éclairé sur les dernières nouveautés et surtout les jambes qui fonctionnent bien et celle qui demandent beaucoup de maintenance.

La main de Vako fait une vague avant qu'il ne la colle dans une poche pour bloquer le réflexe. Un bonhomme, ça ne parle pas avec les mains.

- Les prothèses oui. De combat, non, pas trop. Je surveille celles que portent certains de mes patients mais je n’en ai jamais posé.

Mais ce n'est pas ça qui va l'arrêter et s’il doit se lire toute la théorie sur le sujet en trois jours… Il ne le fera pas parce que l'infirmerie est pleine. L'idée est néanmoins là.

- Mais je m’y connais un peu en fonctionnement du corps quand on ajoute ou enlève du poids et de la contrainte. Et je sais lire des textes scientifiques. Si vous avez une idée de ce que vous voulez je peux vous dire ce qui contraindra le moins l’organique qui vous reste !

Attention, gamin, t'as l'enthousiasme qui ressort.

Zélio hausse les épaules et sourit tranquillement.

- je suis pas docteur, ni cybernéticien, mais je lis tout ce qui passe en matière de prothèse de combat. Et surtout je paie très cher un cybernéticien professionnel. Et lui sait ce qui est le mieux pour moi. Donc c'est pas que ton avis m'intéresse pas. Mais mon corps et les prothèses associées c'est ma vie. explique Zélio.

Clairement il fera pas n'importe quoi dans ce domaine.

- racontez moi plutôt comment tuas terminé corsaire sur le navire de la belle capitaine She' propose Zélio.

Petit hochement de tête côté Vako de la conversation.

- Ca se tient.

Il sait très bien qu’il n’est pas expert en prothèses, ça lui suffit comme raison pour ne pas avoir son mot à dire. Il ne va pas monter sur ses grands chevaux.

- La belle Capitaine ?

Là c’est le sourcil qui se hausse. La formulation l’amuse et d’accord, peut-être qu’une personne qui ne sert pas sous les ordres de la Capitaine peut se la permettre. Lui tient un peu trop à sa langue pour tenter.

- Mon père a servi son père. Il était médecin. Du coup quand papa Montagne en a eu marre que son enfant ramène des filles à la maison, il l’a mis dans les jambes des La Luz pour prendre la relève.

Du bout des doigts, il tapote sur son plexus pour se désigner.

- Maintenant fils Montagne soigne les… Amis ? Vous êtes un ami de la Capitaine ? Les connaissances de sa supérieure, sinon. Et essaie de l’empêcher de subir ce qui est arrivé à La Luz sénior. Vous ne pouvez-pas la convaincre de prendre ses cachets aussi facilement que vous ?

Ca l’aiderait beaucoup. Il n’y croit absolument pas, mais ça l’aiderait vraiment beaucoup.

Zélio hausse un sourcil face au haussement de sourcil d'en face.

- faudrait être aveugle pour pas voir que c'est l'une des plus belles femmes qui soit. dit simplement Zélio.

Les relations de travail et de hiérarchie doivent sans doute leur mettre une paille dans l'œil, de la taille d'un poteau… comment on ne peut pas voir combien elle est parfaite ? Il comprend pas.

- je suis une connaissance qui tente de devenir un ami. explique Zélio. J'arrive à la divertir ce qui est déjà pas mal. Elle sourit régulièrement avec moi.

Il est fier du concept parce qu'elle a pas une vie facile la capitaine et qu'il doit faire parti des moments sympa de cette dernière… malgré son caprice pour arracher un bras.

- lui faire prendre ses cachets… je pense pas avoir ce genre de pouvoir surnaturel. plaisante le combattant.

D'un autre côté il a pas ce genre d'influence sur elle non plus. Pas encore.

Le problème ce n’est pas qu’il ne voit pas que She’lagh est belle, c’est qu’il se souvient très bien des mots de son père : Vako, avait-il fait de sa voix -tellement de circonstances- de montagne, deux règles à bord. Tu ne dragues pas tes supérieurs et tu évites les fous.
Il est hors de question d’ignorer ces sages paroles, la Capitaine est donc intouchable.

- C’est déjà beaucoup de la faire sourire, je trouverais bien un moyen pour les cachets. Peut-être en adoptant un animal mignon pour la distraire.

Vu le sourire en tranche de courge du médecin, c’est une blague idiote qu’il vient de faire. Comme s’il allait accepter un animal dans son infirmerie…

- Mais d’accord. Une des plus belles femmes qui soient. Je peux reconnaître son charme, au moins ça, mais je ne vais pas vous faire de concurrence pour devenir son ami.

Et tu ne fais jamais, ja-mais les yeux doux à une patiente ! Pour ça aussi, Aldéric avait été très clair. She’lagh est plus hors de portée que le centre de l’univers.

- Vous voulez bien me raconter comment vous avez fini par vouloir devenir l’ami de ma Capitaine, en attendant que les antalgiques fassent effet ?

Il hausse les épaules.

- elle aura toujours besoin d'ami. Sans parler d'ami intime avec elle. fait remarquer Zélio. Vous êtes médecin et souvent les médecins apprennent à devenir de bon conseiller. Personnellement je lui souhaite autant d'ami qu'elle peut en avoir.

Elle n'a pas l'air de sourire souvent et elle va se battre dans des cages pour évacuer la pression. Sans doute qu'elle a besoin d'autant de soutien que possible. Il a senti combien elle avait besoin de personne forte autour d'elle. Même s'il ne sait pas encore toutes les raisons, il connait la principale.

- je l'ai rencontré alors qu'elle évacuait un peu de pression. Il se trouve qu'elle pratiquait une activité dans laquelle j'ai des notions. Donc j'ai engagé la conversation et de fil en aiguille…explique Zélio. Ensuite je raconte plus de bêtise à la seconde que beaucoup de gens, c'est divertissant.

Ca plus le fait qu'on peut percevoir une cassure en lui. Parfois. Dans certaines de ses remarques.

- Vous racontez… Non. Enfin je ne trouve pas. Ou alors vous ne le faites que pour devenir ami avec les très belles dames ?

Encore une fois, Vako rigole tout bas à sa réflexion. Il n'est pas une jolie dame mais il comprend, pour appliquer le même genre de stratégies parfois. Femme qui rit… Possiblement peut-être dans ton lit, avec de la chance et un peu d'ouverture d'esprit de la part de la demoiselle.

- Vous avez raison de vouloir en faire une amie. Et vous avez raison, elle en a besoin. Mais moi je fais un très mauvais conseiller.

Au moins fait-il un bon utilisateur de bouilloire : il se lève et enclenche la machine avec une dextérité certaine, laissant l'eau chauffer pendant qu'il prépare deux tasses de thé.

- Déjà je suis plus jeune qu'elle, au mieux je lui ferait penser à son frère. Au pire au jour où j'ai perdu le seul patient important de ma vie, qui se trouvait être son père. Ce serait horrible pour elle. Et pour moi. Du thé ?

Excellent saut du coq à l'âne de la part du gamin, qui essaie très fort de ne rien montrer de ses émotions. Personne n’a dit que perdre un Capitaine était facile.

Zélio sourit tranquillement.

- je raconte moins de connerie aux mecs… j'ai pas la même motivation pour les retrouver dans mon lit. En fait j'en ai pas. explique tranquillement l'amputé.

- je sais que j'ai raison… j'ai souvent raison d'ailleurs mais la société ne semble pas au fait de ma sagesse et décide souvent de faire des choses totalement opposées à ce que je juge être le bon sens. Je suis un sage méconnu. expose Zélio d'un ton docte et parfaitement sérieux. Cependant son sourire narquois démontre clairement qu'il est en mode connerie.

Puis le jeune raconte une petite partie de son histoire… dur.

- si la médecine était une science exacte ça se saurait. tente-t-il de consoler. Ouais du thé … c'est une bonne idée.

Sauf que de l'eau chaude vaguement aromatisée il a jamais vraiment kiffé… mais bon il prend la perche.

Son patient se proclamant un sage méconnu, ça a de quoi faire rire Vako. Ca ressemble à un petit ronronnement planqué dans les cuillères de thé mais c’est bien présent, à peu près contrôlé aussi.

- Il vous manque la barbe tressée.

Parce que les sages portent des barbes, c’est évident, et l’habit fait le moine.

- Thé.

Tendu dans une incroyable tasse d’un bleu roi infiniment triste, alors que celle du médecin est rouge criard.

- Mais la médecine est une science presque exacte, balance-t-il en s’installant sur un tabouret. Je savais que… Voilà. Pour le Capitaine. Comme je savais que ce serait propre quand j’en aurais fini avec votre jambe. Comme mon père savait qu’elle ne me tuerait pas.

Il tourne distraitement la tête pour montrer qu’il parle de la cicatrice sur son crâne. Ce sera tout ce qu’il montrera, Zélio n’est pas convié au grand épanchement sentimental sur les bienfaits de la médecine pour ceux qui cherchent une place.

- Le problème c’est qu’il n’y a pas que nous qui devons accepter les diagnostics. Tout le monde ne prend pas aussi bien que vous la perte. Ou alors c’est que vous avez juste l’habitude ?

Certainement, au bout du troisième membre. Ca reste intéressant à demander pour le grand curieux en blouse blanche.

Zélio sourit à la remarque sur la barbe. Il vient caresser sa barbe naissante sur son menton.

- ça peut s'arranger ça. dit-il avec un sourire malicieux.

Il saisit l'eau chaude aromatisé.. enfin le thé. Et regarde un peu dubitatif sa tasse.

- merci… je suppose. dit-il un brin, moqueur concernant la boisson en question. - la première fois c'est un choc, la seconde ça fait chier, là ça m'inquiète parce qu'il me restera plus qu'un membre… mais ça m'arrange parce que je vais être plus efficace en combat. explique le tatoué

- Buvez, il est bon.

Compris, le thé c’est pas la tasse de… Bref, son patient n’aime pas ça. Il a quand même le droit à des sourcils qui se froncent un peu comme pour le pousser à apprécier la boisson. En voilà une intervention utile.

- Contre mauvaise fortune meilleures performances. Je vous dirais bien de faire attention à votre bras mais je pense que ce serait inutile.

Le jugement n’est pas méchant, mais Vako est un peu réaliste : quelqu’un qui vient de se faire amputer et qui parle déjà d’être plus efficace en combat ne va pas se sortir du danger si facilement.

- Vous n’avez pas l’air d’être homme à poser les pieds au sol, à acheter une maison et à adopter un chaton avec votre épouse. Même si ça mettrait votre membre en sécurité. Je vais donc juste vous dire de faire attention et d’éviter de mettre votre main à couper le temps que la science trouve un moyen de faire pousser de nouvelles extrémités correctes aux gens qui en manquent. Je vous contacterai quand ce sera le cas.

Avec un petit sourire amusé, celui du médecin qui sait qu'il fait l'idiot.

Zélio boit donc une gorgée. Et sa crainte se confirme, c'est de l'eau chaude vaguement aromatisé avec quelque chose, sans doute une plante.

- excellent en effet. sourit Zélio en sachant qu'il est pas crédible une seconde.


- ben j'ai un métier dangereux, mais j'aime aussi beaucoup les femmes et caresser un corps de femme avec une main métallique sur deux c'est déjà très frustrant. Alors avec les deux ! ça va clairement me saouler. explique Zélio dont les considérations sont visiblement très sérieuses et orientés sur un seul des multiples aspects dommageable d'avoir deux bras cyber. Et c'est pas le plus dommageable en plus.