And then, nothing was ever the same

Ah ouais, si peu. Il a effectivement l'impression que le Crust a toujours fait parti du décor, et s'il a une bonne mémoire, les années commencent à se confondre dans sa tête. Déjà 14 ans depuis l'abordage du Serpent de Mer, d'ailleurs... et il a encore l'impression d'y être, la plupart du temps. Gaël termine de rouler sa cigarette alors qu'une ombre passe sur son visage. Vivement que la drogue vienne engourdir ses souvenirs, s'il souhaite un tant soit peu profiter de la soirée.

Leur commande arrive avant qu'il n'ait pu ajouter quelque chose, aussi Gaël attend que Raedhun soit revenue à table pour enchainer.

"C'est rien. Merci. C'est pas rien quand même, ce que vous avez construit ici. Y a pas deux endroits comme ça dans l'système."

Il attrape une frite qui vient avec son burger et l'avale en savourant son gout comme sa texture croquante avant de poursuivre.

"C'était un rêve de longue date, donc. Comment vous est venue l'idée?"

Je tend une serviette en tissu à Gaël, et je mets la mienne sur mes genoux, avant d'entamer le repas.

- On a mis beaucoup de coeur là-dedans, c'est certain. Du coeur, de la sueur, des larmes et du sang. Y a toujours des petits ajustements à faire çà et là, mais c'est vrai que globalement, on est assez contents de ce qu'on a fait. Et puis on est contents que les gens aiment, surtout.

Je m'assied en tailleur sur la chaise, et repenser à tout ça, ça m'arrache un demi-sourire. Je prends le temps de profiter de ma clope, et je souffle la fumée par le nez.

- Mon beau-père avait un petit resto sympa sur Renaissance. C'était de la bonne cuisine, mais on se voyait pas rester là-bas pour toujours, mon mari et moi. On dirait pas comme ça, mais j'suis une grande rêveuse. J'aime ça, les étoiles, la nature, la beauté, l'aventure et la liberté. Surtout la liberté. J'avais pas beaucoup de temps libre, parce que je travaillais comme une folle au resto', mais j'aimais bien m'allonger sur le toit et regarder nos étoiles. J'rêvais de prendre mon envol, et d'aller là-haut, et en même temps, j'aimais faire la cuisine et bosser au resto. Alors quand mon beau-père a crevé, on a vendu son resto à lui, et on a construit le notre dans les étoiles.

Ca me laisse encore ce petit sourire rêveur.

- Tu nous as découvert comment, toi ?

Alors qu'elle parle de la réalisation de son rêve, Gaël a l'impression de la voir pour la première fois. D'un coup, le sarcasme et les façades semblent tomber, du moins un peu, et ce qu'il entrevoit derrière le prend par surprise. Passionnée, rêveuse et libre. Étonnante, forte et fière. Puis elle sourit. Bon sang qu'elle est belle. Elle lui rappel étrangement Béa, alors qu'elles n'ont rien de similaire en apparence.

Sa question l'arrache à sa surprise, et il détourne les yeux vers son burger pour reprendre se reprendre. Heureusement qu'il est particulièrement doué pour contrer son expression et cacher ce qu'il ne souhaite pas être vu, sinon le moment aurait pu être un joli malaise. Il ne comprend pas pas vraiment sa propre surprise et sa réaction, aussi il met cela sur le compte de la fatigue et du manque de drogue pour l'instant. Gaël prend donc le temps d'allumer son propre joint tout en lui répondant.

"J'avais entendu parler du Crust à quelques reprises à Port Salem, dois-y avoir quatre ou cinq ans. Mais j'y suis venu pour la première fois y a seulement deux ans, avec l'équipage pour lequel je bossais à c'moment là."

Il lui rend son sourire alors qu'il relève finalement les yeux sur elle et ajoute :

"Depuis, c'est un peu devenu un d'ms endroits fétiches pour les rencontres de boulot ne pouvant pas se faire ailleurs, disons, même si ça veut seulement dire que j'viens environ une fois par saison."

Je me reprends finalement, et mon sourire s'efface de mon visage. Je garde mon joint entre mes doigts, et je pioche dans mes frites. Faites maison, avec des patates qu'on s'emmerde à éplucher et à couper une à une. Heureusement qu'elles sont bonnes. Et je l'écoute parler de sa découverte.

- Ca fait donc de toi un de nos clients réguliers. Félicitations, je raille.

Je le fixe en remplaçant à nouveau les frites par ma clope. Il dégage un truc peu commun. Un genre de mystère, et un autre truc aussi qui me dérange ou m'attire. Peut-être les deux. J'saurais pas vraiment dire, et j'en ai pas grand chose à foutre, non plus.

- Enfin, contente que le Crust te soit utile et te plaise. C'est cool de voir qu'il convient à des gens. Ça nous conforte dans l'idée qu'on a fait ce qu'il faut.

La drogue me détend, même si j'aurais bien envie de me piquer là. Autant le joint, j'me le permets parfois en public, autant la seringue, ça passe moins bien. J'connais rien de ce type. Faudrait pas que ce soit un gars des services sanitaires ou pire, un flic.

- J'ai bien envie de te poser des questions sur ton dit-équipage, mais tu vas encore m'sortir que je suis indiscrète.

Elle ne semble pas avoir remarqué son trouble, ce qui est bien. Il n'aurait pas su le lui expliquer, alors vraiment, c'est tant mieux ainsi. Gaël profite un peu de sa cigarette, appréciant au passage la qualité et la fraîcheur des feuilles d'Yäiewt que lui a fourni Raedhun et note de lui demander plus tard où elle se procure un stock pareil. Avec ce qu'il a pu glaner comme information sur l'endroit, il se doute bien qu'elle est au top de la chaîne alimentaire dans ce domaine, mais demander lui permettra peut-être d'entrer en contacte avec l'un de ses vendeurs.

À sa question, Gaël a un demi-sourire amusé et énigmatique, puis la jauge du regard pendant quelques longues secondes. Il évalue ainsi les risques qu'il prenne à lui révéler la vérité, ou du moins une version de la vérité. Ce terme est toujours complexe avec lui, de toute façon. Il décide presque aussitôt qu'il n'y a aucun risque, la femme accueillant officiellement des pirates dans son établissement et trempant dans l'illégalité, mais s'amuse un peu à la laisser patienter, comme si sa décision était vraiment difficile à prendre.

"Nan, ça va pour ça. J'ai fait partie de l'équipage de la Rascasse Volante pendant un an seulement, après tout. Qu'est-ce que tu veux savoir?"

Moi j'continue à fumer tranquillement mon joint, alternant avec mes frites que je mâche avec distinction - habitudes de fille de noble que j'ai conservé. Alors que j'ai les yeux baissé vers mon assiette je remarque qu'il me regarde fixement pendant un moment vraiment long, avant de me répondre.

- T'en es sûr, hein ? T'as hésité longtemps, et tu m'as regardé vraiment bizarrement, là. J'ai pas super envie que tu me rebalances ça sur la gueule, ou que tu ruines ma solide et fière réputation.

J'accentue les derniers mots avec un air désabusé.

- T'façon c'est trop tard, tu as dit que je pouvais.

Et puis je le regarde fixement à mon tour.

- Jamais entendu parlé, de la Rascasse Volante. Ou peut-être que si, mais j'entends tellement de noms d'oiseaux ou d'animaux en tout genres que j'ai p't'être oublié. Mais avec un nom pareil, c'est quoi ? Un vaisseau pirate ?

Puis, quand j'ai fini mon joint, j'écrase le mégot dans un cendrier en verre, et je me frotter les mains délicatement, avant d'attraper mon burger et de mordre à pleines dents dedans.

Il hausse simplement les épaules à sa réaction, un léger sourire amusé flottant sur ses lèvres.

"Bha... faut bien entretenir l'illusion du mystérieux inconnu, non?"

Il délaisse un peu son joint pour prendre une nouvelle frite. C'est qu'elles sont vraiment bonnes en fait, il a hâte de goûter au burger maintenant. Mais ça va attendre. Une chose à la fois, et puis à le voir fumer, il se brûlerait probablement la langue s'il croquait dedans maintenant.

"Et ouai, t'as vu juste, vaisseau pirate. Il faisait surtout dans le transport et la vente de contrebande ceci dit. Donc pirate, mais plus orienté simples criminels si tu vois la distinction. Moins mon genre. Du coup je suis pas resté longtemps avec eux. Et j'ai bien fait d'quitter l'navire après mon contrat d'ailleurs, parait qu'il se sont fait arrêter par l'Impérium, l'an dernier."

Bien sûr, il ne lui dit pas qu'il les a choisis comme équipage spécifiquement car leur tendance plus criminelle que pirate et leur non respect du code en faisait une cible parfaite pour lui... ni que c'est lui qui a transmis suffisamment d'informations à l'Impérium sur eux pour que les FI puissent leur mettre la main dessus, quelque temps après son départ du vaisseau.

Je fais mine de réfléchir un peu à ce qu'il vient de me dire, avec une moue pensive.

- T'as pas tort, ça a son charme, le mystérieux inconnu. 'Fin, jusqu'à ce que le dit mystérieux inconnu te la mette à l'envers, si tu vois ce que je veux dire.

Je prends une nouvelle bouchée du burger, assise en tailleur sur ma chaise mais toujours droite.

- Pas d'bol pour eux. Mais c'est le jeu, il parait. J'sais pas trop, les pirates c'est pas mon univers, même si j'en croise pas mal, finalement. Mais du coup, t'es plus branché liberté et sauveur au grand coeur ? Ca t'irait bien. Diaz, le sauveur au grand coeur.

Je lui dis ça avec un brin de malice, même si je souris toujours pas. Je souris jamais, de toutes façons.

Gaël a un vague sourire à l'évocation de Raedhun sur le mystérieux inconnu se révélant être un arnaqueur, et il hausse simplement les épaules sans rien ajouter. Intérieurement, il est néanmoins amusé, et puis de toute façon, la brune ne semble pas réellement s’inquiéter alors il n'a pas besoin de la rassurer comme quoi ce n'est pas le cas. Il prend alors lui aussi une bouchée de son burger, savourant la qualité de la nourriture. Puis, lorsqu'elle lui demande s'il est un sauveur au grand coeur, son expression se crispe. Même son grand talent pour mentir ne doit pas parvenir à cacher complètement sa réaction, et il prend le temps d'avaler une nouvelle frite maison avant de répondre, en secouant négativement la tête.

"Nan. Juste un type qui essaie de faire au mieux avec ce qu'il a devant lui. J'suis loin d'être un sauveur, mais j'aimerais pas l'idée d'être un sale connard. Donc j'fais c'que j'peux."

Trouvant le sujet trop près de lui-même, il choisit de réorienter davantage vers la piraterie et le Crust et ajoute donc :

"Mais niveau piraterie, ouai, plutôt branchée liberté. On peut dire ça. D'ailleurs, j'ai jamais compris comment vous faisiez ici pour que pirates, simples contrebandiers et gens des factions se côtoient sans s'arracher la gueule. Vous mettez un truc dans les verres des gens?"

À cette dernière phrase, il lui offre un vrai sourire, certes narquois, mais marquant son humour et le peu de sérieux qu'il accorde réellement à ses mots.

J'vois bien qu'il est pas à l'aise. Il tire une drôle de gueule, et je sais pas trop pourquoi, mais je décide de pas insister. Si jamais il veut me dire des trucs, il me les dira sûrement. En attendant, on se connait depuis une heure à tout casser, alors ce serait un peu culotté de ma part d'exiger de lui qu'il me livre tous ses putains de secrets. Du bout de mon doigt, j'essuie un peu de sauce du burger qui a coulé de mes lèvres et je le lèche.

- La clé, c'est de connaître ses clients. J'mettrais pas la capitaine du Némésis et celle de l'Albatros dans la même pièce, par exemple. Bien sûr, on respecte l'anonymat, tous ces trucs-là. Mais bon, autant éviter de verser de l'huile sur le feu quand on peut, hein. Et si y a un conflit d'intérêt entre deux gars, on leur demande gentiment d'aller voir ailleurs. Les gens, ils aiment ça, d'avoir un coin tranquille où manger et se reposer, alors ils viendraient pas gâcher ça.

Je mange une autre frite.

- Sinon, c'est le venin de Waalan, que je mets dans les verres.

L'homme a un petit sourire à l'évocation des deux vaisseaux. Il ne les connait que de réputation, comme l'Impérium s'intéresse assez peu à eu, mais de ce qu'il en sait, l'exemple est bien choisis. De base, mettre un équipage corsaire et un équipage pirate dans la même pièce est une mauvaise idée, mais en plus, les soeurs Alvarez se détestent cordialement, ce qui causerait à coup sûr un magnifique incident diplomatique. Son sourire s'élargit néanmoins davantage lorsqu'elle plaisante sur le venin de Waalan.

"Très bonne idée. Par contre, si j'peux me permettre une suggestion, l'alcool de Kei serait encore plus efficace. Là où le venin de Naä'ngi est un stimulant, le Kei est calmant. Si tout l'monde est plus que zen, y a peu d'chances qu'ils aient envie d'se taper sur la gueule."

Gaël laisse son burger de coté un instant puis prendre une bouffée de sa cigarette tout en observant Raedhun du coin de l'oeil. Il redevient sérieux et, curieux, demande :

"J'imagine que c'est plus délicat lorsque vous avez des clients qu'vous connaissez pas? Vous devez vous renseigner le plus possible sur eux?"

Le sujet l'intéresse tout particulièrement, le sujet des renseignements étant au final sa profession et littéralement toute sa vie.

J'affiche un air faussement confus.

- Merde, c'est pour ça qu'ils sont encore plus intenable après avoir bu leur verre, alors ?

Je termine mes frites et frotte mes mains l'une contre l'autre.

- Merci pour l'info, j'vais revoir nos pratiques, et j'appellerai ça "la méthode Diaz". Eh, ça sonne bien en plus.

Et quand il me pose sa question, je réfléchis un moment, en le regardant fixement. J'sais pas trop pourquoi ça l'intéresse, mais j'ai rien à cacher de ce côté-là.

- Mmh, ouais... Et non. Malgré notre conversation actuelle, je me permets de t'rappeler qu'on aime bien que les clients se sentent anonymes et en sécurité, ici. Parfois, on glane trois-quatre infos à l'arrache, mais c'est souvent à la gueule du client. Ils affichent pas tous leur bord politique sur leur front, mais quand c'est le cas, on le voit nous aussi. Enfin, jusqu'à présent, on a pas eu de grosses emmerdes de ce côté là. Donc si ta question c'est "est-ce que vous espionnez vos clients", la réponse c'est non. Pas trop déçu ?

J'hausse les épaules.

- J'sais donc pas que t'es un abominable tueur à gages sans pitié, qui aime se déguiser avec du latex.

Je mets ma main devant ma bouche, faussement choquée.

- Oups.

Gaël fait une moue appréciatrice devant le nom de la "méhode Diaz" avant de mordre une nouvelle fois dans son burger. Les informations que Raedhun lui offre ensuite ne font finalement que confirmer ses théories sur les méthodes du Crumbs of Stars.

Il s'était peut-être attendu à de la recherche d'information un peu plus poussée chez certains clients particuliers, mais il se doute bien que si c'est le cas, la blonde de le lui dirait pas. Ils se connaissent depuis quoi, après tout, une heure? t pour lui qui cultive le secret depuis plus de trente ans, il comprendrait très bien qu'elle lui cache cette information même s'ils étaient de vieux amis d'enfance.

Lorsqu'elle lui balance sa blague néanmoins, Gaël affiche d'abord une expression surprise puis, à son propre étonnement, éclate de rire. Bon sang... il n'a pas ri comme ça depuis combien de temps? Des mois? Très probable oui. Ça lui fait... étrange. Mais c'est agréable.

"Y a rien de plus sexy que des collants en latex avec ses sous-vêtements par dessus, après tout. Sinon pourquoi tous les super héros des films et BDs en porteraient?"

L'idée même de porter du latex, lui qui ne jure que par ses vieux jeans usés et ses chemises, est absurde, mais il aime jour le jeu.

"Adepte du latex toi-même, peut-être?"

Il cache son sourire hilare derrière son verre, sans pourtant la lâcher des yeux.

Je souris pas, mais je le trouve marrant, le Diaz.

- Ah, c'est donc parce que tu portes des collants en latex et un slip par-dessus que tu m'as sauvé la mise, tout à l'heure ? J'savais bien qu'y avait un truc louche derrière.

Les jambes croisées sur ma chaise, j'sais bien que ça met en avant ma poitrine - faut dire que je suis pas super vêtue, mais bon. J'me surprends à passer un très agréable moment, et je regrette pas d'l'avoir invité à bouffer. Y a Waalan qui s'est endormie sous ma chaise, alors j'fais gaffe de pas bouger. Faudrait pas que je l'écrase, cette grande bécasse.

- Ouais, surtout quand c'est sous le slip des hommes. Tu t'rends compte que tu marquerais presque des points, là ?

Et je le fixe intensément, en mordant à nouveau dans mon burger.

Gaël rit un peu de nouveau à l'image de lui même que Raedhun lui offre, puis hausse les épaules à sa question, un sourire espiègle flottant sur ses lèvres.

"J'me fais p't-être de plus en plus vieux, mais y a des tours qui se perdent pas."

Il lui rend alors son regard tout en terminant la dernière bouchée de son burger. Les assiettes vides restent ensuite un long moment devant eux, alors que leurs conversations se poursuivent au rythme de l'humour ironique et des jeux de charme léger. Il n'y a pas de mal à se détendre et jouer à ce jeu, puisque ce n'est pas sérieux, non? Une petite bulle d'illusion loin de la réalité et du temps qui n'existera qu'une seule fois. Leurs univers sont tellement éloignés l'un de l'autre que l'existence de leur soirée est une exception en elle même et n'aurait probablement pas du exister. Tant pis, Gaël a déjà l'habitude de déjouer les probabilités. Il doute néanmoins fortement qu'ils se revoient ainsi après ce soir. Ils échangeront des salutations polies, voir quelques plaisanteries ou taquineries au passage lorsqu'il reviendra au Crust, mais rien de plus. C'est dommage, néanmoins. Voilà longtemps qu'il n'a pas passé une aussi agréable soirée. La réalité rattrape tout le monde néanmoins, et après quelques heures, Gaël se lève pour prendre congé, prétextant devoir attraper un transport. Quierida, qui s'était endormie près de son fauteuil, s'étire et bâille en grand avant de le suivre.

"Merci pour la soirée. C'était un plaisir, Raedhun."

La soirée passe, et j'me rends à peine compte du temps qui passe. En fait, j'm'en rends même pas compte du tout. Faut dire qu'avec cette fichue nuit éternelle, c'pas simple de voir les jours qui s'éteignent et tout le bordel. Mais quoi qu'il en soit, c'type-là, il m'arrache deux trois sourires au fil de notre conversation, et peut-être un léger rire - mais toujours teinté d'ironie, faut pas déconner quand même. Finalement, c'est lui qui met fin à notre entrevue, et ça me ramène pas mal à la réalité. Les gars en cuisine doivent me haïr, mais ils diront rien, parce que c'est moi la boss. Tant pis, j'ferais un p'tit geste commercial en vers eux et ça passera bien.

- Quelle merde, j'avais pas vu l'heure !

Je me lève, en faisant attention à pas écraser Waalan, et je m'accroupis aussitôt pour que mon gros tas préféré puisse se lover sur mes épaules.

- Y a pas d'quoi. Repasse quand tu veux, Diaz. A priori, on devrait pas trop bouger pour le moment. Tu m'excuseras, mais faut que je file. Te perds pas, hein ?

Mais j'attends pas sa réponse, et déjà, j'suis partie. Il est pas encore sorti de la salle que je jette un coup d'oeil discret derrière moi, avant de filer.