La Fille et le Passeur

Enguerrand entre donc dans une boutique aux odeurs diverses et variées mais toutes de tabac. Ici on vend des cigares et pas que des bas de gamme. C'est sans doute le seul et unique luxe que se permet Enguerrand. Les prix défient toutes concurrences sur Tortuga, mais l'approvisionnement est très aléatoire par contre. Le pirate commence donc à passer devant les étagères où les boites de cigares volées sont exposées. La boutique est petite, bien agencée et plaisante au regard. On dirait presque une vraie.

Le propriétaire fait son apparition, un grand homme fin et à la peau parcheminée. Il aperçoit Enguerrand, il se tait donc. Pas la peine d'embêter le pirate il sait ce qu'il veut ou dans le pire des cas s'il souhaite poser une question il le fera. Il regarde la petite et s'apprête à lui demander ce qu'elle désire quand Enguerrand lève un main pour attirer l'attention du vendeur. Et ajoute un geste mimant une coupure et qui incite visiblement à la boucler. Ce que fait le bonhomme.

- je me débrouille. dit Enguerrand en s'adressant manifestement à la fille. Si ta mère paie ... je peux essayer.

Il n'est pas persuadé qu'elle soit une bonne élève... mais l'argent est important pour lui.

En entrant dans la boutique, l'odeur attaque immédiatement les narines de Jillian. Une odeur avec laquelle elle est peu familière et qui l'écœure un peu. Néanmoins, elle ne laisse rien paraître. En plus de l'odeur, l'intérieure de la boutique est terriblement silencieux ce qui met Jill un peu mal à l'aise. Visiblement, ils sont venus ici pour qu'Enguerrand puisse acheter des cigares.

« Ça coûtera plus cher que de me protéger ? Je veux dire, dans l'idée ça m'aide à me protéger moi même donc... Il me semble que ça fait un peu partie du boulot. »

Elle a un petit sourire narquois en lançant sa phrase. Mais si c'est l'argent qui l'intéresse elle saura probablement convaincre sa mère de payer le supplément, après tout elle veut que Jillian est la meilleure éducation et ce Enguerrand de Cassagnac à l'air d'être un combattant hors pair.

« Je sais déjà me débrouiller un peu avec une épée... Je serais une bonne élève, vous ne le regretterez pas. »

C'est la nervosité qui parle, elle ne sait pas vraiment pourquoi elle dit ça, mais elle a vraiment envie d'être son élève et l'impressionner est peut être un bon moyen d'y arriver.

Enguerrand se choisit deux boites de cigare et les dépose sur le comptoir. Le propriétaire est resté silencieux. On n'embête pas le client, surtout quand c'est un pirate, même s'il a de sale manière.

- Te protéger c'est mon travail, apprendre à te protéger c'est en plus. tranche le pirate de sa voix neutre et froide.

Ensuite elle ouvre la bouche pour raconter des conneries.

- Une argile vierge est toujours plus facile à sculpter qu'une déjà formée par un autre maitre. dit-il simplement. Tu te débrouilles comment ?

HRP:

« Je suppose, sans me vanter, que je suis plus forte que la plupart des membres de l'équipage d'abordage. » dit-elle en haussant les épaules.

Mais en réalité elle n'a jamais vraiment eu l'occasion de vérifier, c'est simplement une estimation. Elle ne s'entraine qu'avec sa mère et même si un autre membre d'équipage acceptait un duel d'entrainement contre elle, il retiendrait ses coups de peur de la blesser. C'est sûrement ça qu'elle cherche d'ailleurs, quelqu'un qui ne soit pas sa mère et qui ne la ménage pas. Peut être qu'elle en a assez des traitements de faveur et qu'on est peur de la réaction de Jezabel Alvarez si on touche à sa petite fille. Elle fixe les boites de cigares de l'homme inexpressif et froid et commence à prendre courage devant lui. Elle a le sentiment qu'elle peut parler librement.

« Peut être que je pourrais vous montrez. Si vous montez à bord du Némésis. »

Sa main se pose lentement sur le pommeau de l'épée à sa ceinture.

Les Alvarez ne sont pas réputées pour être des manches une épée en main. Il se doute bien que la petite reçoit des leçons depuis qu'elle peut porter une épée en bois. Enfin c'est ce qu'il aurait fait à la place de son père... ou de sa mère. C'est vrai qu'il n'a pas entendu parler dans le paysage direct de la petite.

- Allons-y. dit simplement Enguerrand vaguement curieux du niveau de la fille.

Plus forte que les membres de l'équipe d'abordage, ça commence à être honorable, sauf qu'il en a connu des mauvaises dans le passé. Difficile de savoir ce que vaut celle du Némésis. Il paie ses achats et fait un signe pour remercier le proprio. Ce dernier ne fait pas de vague et rend le salut silencieusement. C'est dangereux de faire des vagues en face de certaines personnes et Enguerrand fait parti de ses gens dangereux. Le pirate et ses affaires prennent donc la direction de la sortie. Il ouvre la porte et sort dans la rue. Aucun geste prévenant et il ne la laisse pas passer en premier. Mais si ce n'est pas galant c'est certainement plus sûr. Son regard acéré recherche une menace dans la foule mais n'en trouve point.

Jillian hoche la tête pour acquiescer. Avant de sortir elle salue le vendeur mais il a l'air de ne pas la voir, déjà occupé par les activités de sa boutique. Elle sort donc dans la rue à la suite d'Enguerrand. Cette fois elle reste silencieuse, elle n'a plus de questions et il a accepté sa requête, elle ne sait plus vraiment quoi dire et sa curiosité est un peu retombée. Ses traces suivent celle de l'épéiste dans les rues qui mènent à l'astroport. Assez rapidement elle se perd dans ses pensées, s'il a accepté c'est sûrement qu'il va la protéger, elle espère qu'il acceptera de l'entraîner aussi. A vrai dire elle appréhende un peu la suite des évènements, il ne laisse pas vraiment transparaître ses émotions et si elle doit lui montrer ce qu'elle sait faire elle aimerait bien savoir ce qu'il en pense.

Ils marchent donc dans les rues tortueuses de l'astroport pirate. Les gens ne font pas trop attention aux autres ici et quand ils commencent à le faire c'est généralement mauvais signe. Cependant par un heureux "hasard" personne ne semble faire attention à Enguerrand et à la jeune fille qui l'accompagne. C'est presque étrange.

Au bout de quelques minutes elle peut apercevoir le Némésis qui se profile au loin et elle sait donc quelle direction prendre même si Enguerrand semble parfaitement connaître les lieux. Ils traversent la foule de l'embarcadère et atteignent le vénérable vaisseau de guerre.

- tu guides à partir de là. annonce simplement Enguerrand.

Il regarde autour de lui pour s'assurer que personne ne les a suivi. Mais c'est pas un endroit super adéquat pour repérer d'éventuel fileurs. Tant pis. Il suit la jeune femme désormais. Non sans tirer sur son cigare pour déverser des flots de fumée dans son sillage.

Son regard cherche tout autour d'elle pendant qu'elle marche, se méfiant un peu des gens qu'ils croisent en faisant le chemin inverse, vers le Némésis. Néanmoins, elle se sent quand même protéger avec cet homme. Le retour est aussi rapide que l'aller et ils sont au vaisseau en un rien de temps.

Il est logique que partant de là, se soit elle qui le mène à travers le vaisseau puisqu'elle le connait et lui n'est, a priori, jamais monté à bord ou pas depuis un moment. Dans les couloirs, son pas est léger, rapide et déterminé, ce qui change complètement du sautillement de tout à l'heure. Le vieux vaisseau est un dédale de couloirs, un vrai labyrinthe pour quiconque n'est pas habitué à s'y orienter. L'adolescente le connait comme sa poche et il ne lui faut pas plus de quelques minutes pour atteindre leur destination : une salle d'entrainement. Précisément, la salle d'entrainement où sa mère lui apprend l'épée.

« Ça vous va ici ? »

La salle est circulaire et assez grande pour avoir de l'amplitude de mouvement, elle ne s'est jamais posé la question, mais il est probable que la fonction initiale de la pièce n'était pas l'entraînement. À l'intérieur, on y trouve tout le nécessaire dont une paire d'épées en bois, celles qu'elles utilisent avec sa mère. Elle se tourne vers lui, pour vérifier qu'il a suivi le rythme ou qu'il a suivi tout court... Pas comme plus tôt.

Il avance à son rythme. Ni lent ni rapide. Il est se fond dans la masse des pirates qui écument les rues de Tortuga, un pirate parmi tant d'autres. Lorsque la petite arrive dans son vaisseau et ouvre le chemin il suit toujours à son rythme. Il prend garde de noter mentalement le parcours et d'enregistrer les différents virages. Mais comme toujours ce genre de chose finit par l'ennuyer. Il est donc plus que satisfait d'arriver enfin à destination.

Il jette un œil sur la salle d'entrainement et la trouve très bien. Il voit des épées en bois et se dirige vers ces dernières pour en tester l'équilibre. Finalement il lance la mieux équilibrée à la fille et vient se mettre au centre de la salle. Il n'a pas de garde et son épée est baissée... mais Jillian est assez doué pour savoir que sa position est une forme de garde connue, moins efficace mais qui leurre les imbéciles et débutants. Ce qu'elle n'est clairement pas.

Jillian enlève son manteau pour être dans une tenue plus confortable et adéquate et attrape l'épée de bois à la volée. Au niveau de l'équilibre, ces deux armes d'entraînements sont aussi proches d'une arme réelle que possible, taillés spécialement pour ses entrainements avec sa mère.

Le combat commence au moment où sa main touche la pomme de l'épée, elle le sait. Elle tourne autour de son adversaire pour l'analyser, mais aussi marquant une forme d'hésitation, s'il est aussi bon combattant qu'elle l'imagine ça va être un combat difficile, il faut qu'elle reste concentrer. Dans cette optique, l'hésitation n'est pas permise, mam lui a dit plusieurs fois "En combat, l'hésitation, c'est la mort.", elle efface donc sa pensée de son esprit. Enguerrand fait mine de baisser sa garde, une intelligente tactique qui viserait sûrement à la pousser à une première erreur. Elle se refuse à tomber dans le piège de son protecteur et se met en position défensive face à lui.

Elle ne profite pas de la garde baissée alors il avance vers elle. Garde toujours baissée et entrant dans son cercle. Il n'est pas un bon professeur parce qu'il n'a jamais cherché à l'être et la petite fera pas exception pour le moment tout cas. Il veut jauger ses réactions déjà. Voir ce qu'elle a dans les tripes et ensuite il pourra décider de ce qui est bon pour elle comme type d'entrainement.

Pour le moment c'est juste un homme au visage aussi inexpressif qu'une statue qui s'avance. Ce n'est pas l'art de cachée ses émotions, elles sont justes très faibles et pour le coup reléguée au second plan derrière la science du combat. Comment va-t-elle réagir ? C'est la seule chose qui importe pour le moment au guerrier.

Elle est surprise de le voir avancé toujours garde baissé. Ça l'agace un peu, elle a l'impression qu'il ne la prend pas au sérieux. Ou alors il est aussi difficile à lire en combat qu'en général. À vrai dire, ça la prend surtout de court, car elle est habituée à s'entrainer avec Jezabel et que beaucoup des mouvements qu'elles pratiquent sont devenu répétitif et qu'elle les connait par cœur.

Une idée lui vient. Comme Enguerrand est en mouvement, elle pourrait en profiter pour le surprendre en tentant de le déséquilibrer et en le faisant tomber. Jillian change de posture, son regard fixe l'épaule de l'homme pour donner une fausse information et elle feinte une attaque dans cette direction avec son épée pour le faire réagir. Sans terminer son attaque elle plonge ensuite au sol et essaye de faucher ses jambes en plein mouvement.

La petite à de la suite dans les idées et sa feinte pourrait fonctionner là il lui manque tellement de chose pour avoir la moindre chance. Enguerrand voit le mouvement arriver et s'écrase sur lui même en pliant les genoux légèrement et diminuant la tension dans son corps. Le coup le touche de plein fouet mais tout est fait pour l'absorber suffisamment pour qu'il ne perde pas son équilibre. En effet il reste debout tel un roc fermement ancré dans le sol. Ensuite il se contente de poser son épée sur le crâne de la petite.

- Morte. dit-il de sa voix neutre et sans inflexion. L'idée est bonne, la réalisation pauvre.

Elle n'est pas doué dans ce genre de coup impliquant d'autres techniques que simplement l'épée. On voit qu'elle ne débute pas certes. Elle sait se battre à mains nues et cela fait sans doute partie de son apprentissage. Mais elle ne brille pas dans ce domaine et n'a donc pas la moindre chance contre lui.

Il se recule à nouveau et se met dans sa position de non garde agaçante. Elle voit que quelques ouvertures et sait que ce sont des pièges. Exploitables sans doute avec plus de technique mais difficile pour elle.

Morte. Heureusement pour elle, ce n'est pas un vrai combat. Le compliment la fait tout de même sourire, c'est la première fois qu'elle l'entend dire quelque chose de gentil et ça la satisfait même si c'est suivit par une remarque négative. Il est pragmatique et relève ce qu'elle fait sans l'enrober de sucre et elle apprécie aussi cela.

Jillian se relève rapidement, et sans se faire prier pour la seconde passe. Elle a l'habitude de perdre contre sa mère, même si avec le temps la différence de niveau se resserre. Là, elle sent bien qu'elle n'a clairement aucune chance, mais pas moyen d'abandonner, même si c'est infime elle veut l'impressionner.

Elle se remet en posture défensive et tourne autour de lui à nouveau. Même défense - ou manque de défense - pour lui. Cette fois, l'adolescente ne cherche pas de technique compliquée pour tenter de le prendre par surprise, elle essaye de se faufiler dans une des failles laisser par le guerrier en espérant que ça passe. Un coup droit d'estoc en y mettant tout son élan.

Elle attaque finalement et la forme est très correcte, voir en effet largement supérieur à ce qu'on est en droit d'attendre d'un combattant de cet âge. Elle est dans une catégorie toute autre et c'est en effet impressionnant. Mais comme toujours ce sont des pensées très pragmatique et sans émotion qui le traversent à ce moment là. Il se contente de dévier tout en technique l'assaut et de faire glisser sa "lame" le long de l'autre pour que son tranchant vienne se poser sur la gorge de son adversaire.

Beaucoup mieux. constate le guerrier.

Il ne fait pas l'affront d'ajouter "morte". C'est une combattante plus aguerri qu'il ne le pensait et elle a compris. Il se remet en place et se demande si c'était de la chance ou pas.

Chanceuse ? demande-t-il pour l'exhorter à continuer afin de prouver sa compétence.

Elle pense avoir raté son attaque quand la lame de son adversaire arrive sur sa gorge mais il l'a félicite. Son sourire s'accentue et un sentiment de fierté l'emplit. Elle recule et s'apprête à se repositionner.

« J'ai voulu forcé le passage sur une faille que vous aviez laissé volontairement... La chance fait aussi parti des armes d'un épéiste. »

Jillian reprend sa posture défensive et attend que lui aussi se replace. Elle commence à prendre goût à cet entrainement et aimerait même peut être passer à la vitesse supérieure.

« Encore. » dit-elle, presque sur le ton de l'ordre.

Prête à continuer jusqu'à ce qu'elle le touche ou s'écroule de fatigue.

C'est un ordre qu'elle lui donne ? ça y ressemble. Soit.

Enguerrand attaque, le coup ne semble pas dangereux d'autant plus qu'il vise l'épée. Mais il décide d'user de son bras cybernétique et son mouvement peu ample obtient beaucoup plus de force que prévu. Les épées s'entrechoquent et celle de Jillian est repoussée au loin tandis qu'Enguerrand fait un pas en avant et profitant de l'ouverture il agrippe la jeune femme à la gorge de son autre main cybernétique. Sa technique est parfaite alors qu'il use de sa taille et de son élan pour placer la petite Alvarez dans une position debout mais hautement inconfortable lui laissant peu de marge de manœuvre alors que sa tête est pressée en arrière et qu'elle se retrouve en total déséquilibre avec des appuis au sol très limités.

En une fraction de seconde, c'est lui qui attaque cette fois. C'était inattendu de sa part, Jillian s'attendait à devoir l'attaquer de nouveau, mais visiblement le guerrier donne une autre face à ce combat d'entrainement. Sa rapidité et sa force la surprennent et elle est désarmée en un battement de cœur. Il la tient maintenant dans l'inconfort le plus total : la main de métal froide sur sa peau, la position pas du tout naturelle dans laquelle elle est obligée de se tenir pour ne pas risquer de perdre connaissance, la douleur et la grande difficulté à respirer.

La jeune fille essaie de frapper les bras de son adversaire de ses coudes pour se défaire de la prise dans un mouvement de panique, oubliant que se sont des bras cybernétiques. Elle se blesse plus qu'elle réussie à faire quoi que se soit. Paniquée elle respire plus rapidement, mais avec difficulté dans cette position et l'air commence à lui manquer, sa tête tourne. Poussée dans ses derniers retranchements elle tente un mouvement désespéré et balance ses jambes vers l'arrière autant qu'elle le peut, prenant son élan pour venir frapper l'homme avec ses pieds avec les forces qu'il lui reste.

La petite n'a pas l'habitude d'être dans ce genre de situation et elle panique. Ce qui n'est pas surprenant pour le coup. Si en plus elle avait des nerfs d'acier cela aurait voulu dire qu'elle n'avait pas eu d'enfance. Mais l'adolescence est là et il est temps qu'elle comprenne que le combat c'est une affaire de vie ou de mort.

Elle tente une manœuvre... c'est déjà ça. Enguerrand la lâche aussi soudainement qu'il l'avait agrippé au moment où elle se servait du fait qu'elle était accrochée fermement. Sa tentative est un échec alors qu'elle tombe lourdement au sol et que l'épée en bois d'Enguerrand vient se planter dans son ventre.

Elle est encore morte. Ce qui respecte les niveaux respectifs des deux combattants. L'important n'étant pas de gagner mais d'apprendre. La question étant de savoir si la dernière passe d'arme lui aura appris quelque chose. Il attend donc curieux, les sens en alerte dans une position neutre mais lui permettant de gérer un éventuel accès de colère.

Il la lâche au moment où elle allait le toucher et Jillian ne s'y attendait pas. Le peu d'air qu'il lui restait est chassé de ses poumons au moment où elle heurte le sol. Elle prend alors une grande inspiration sifflante et respire rapidement, reprenant son souffle sans se redresser.

« Morte ? » lâche-t-elle dans une respiration sifflante.

Le sourire lui revient alors aux lèvres. Et dans son esprit, sa détermination n'a pas disparu, ce n'est qu'une chute de plus. Elle se relève encore un peu sonnée et marche jusqu'à son épée de bois qu'elle ramasse. Elle se tourne et court vers lui pour l'attaquer directement. Usant de toute la vitesse de son élan et s'inspirant de la dernière passe du guerrier, elle cible l'arme de celui-ci et tente de le désarmer en frappant avec précision et de toutes ses forces. Un coup balayant l'air et entrechoquant les deux épées de bois.

Enguerrand la regarde faire. Elle court, première erreur, elle tente de le désarmer en force, seconde erreur. Le pirate voit le coup venir et entre plusieurs options disponible il décide de lui apprendre que la force contre la force ne fonctionne pas. Même avec un peu de précision... parce qu'elle frappe au bon endroit en effet. Mais tellement prévisible.

Le guerrier se campe sur ses pied et bloque son bras cybernétique. Lorsque les épées se rencontrent à l'avantage de celle de Jillian pour la zone frappée lui donnant plus de force il se contente d'absorber tout en brutalité l'impact. Les épées émettent un bruit sinistre alors que le bois se fissure légèrement. Enguerrand a anticipé et en profite pour à nouveau user de sa supériorité martiale pour finalement repousser la jeune femme et enchainer d'un coup à la cuisse particulièrement violent. Il vise et touche le muscle, les os ne risquent rien mais sa jambe doit être tétanisée.

- sérieusement ? En force contre un cyborg ? qu'il demande de manière rhétorique pour pointer du doigt son manque de discernement.

« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarrrrh » hurle-t-elle de douleur après le coup de son adversaire.

Elle s'écroule au sol, incapable de bougée sa jambe, persuadée qu'elle est cassé mais toujours déterminée. L'adolescente essaie de se relever une première fois au moment de la remarque d'Enguerrand et s'écroule immédiatement à nouveau sur sa jambe engourdie. Il a raison, elle est plus intelligente que ça et s'est laissé emporté par ses émotions et par le moment. Jamais elle ne le vaincra par la force pure. Deuxième tentative, appuyer sur sa jambe engourdie elle parvient à se relever mais tient à peine debout. Il lui faudrait plusieurs minutes pour récupérer du choc mais Jillian refuse d'abandonner, aveuglée par sa volonté d'Alvarez de ne pas baissé la nuque devant un adversaire qui qu'il soit. Elle se remet en position défensive tant bien que mal.

« Encore. » répète-t-elle.

Elle est têtue... la ténacité est une bonne chose là par contre c'est de l'orgueil selon lui. Il la regarde de ses yeux neutre et sans vie. Comme si tout cela n'avait pas de prise sur lui. La leçon suivante sera celle de la dure réalité. Elle a appris de nombreuses choses aujourd'hui et cela l'aidera surement à l'avenir.

- si tu es intelligente tu prendras le temps de réfléchir à tout ça. Et tu apprendras. explique Enguerrand.

Il se concentre et se met en garde. Dans sa position favorite, la plus efficace, celle qui ne laisse aucune ouverture apparente. Elle veut une dernière leçon alors elle l'aura. Qu'elle tente déjà de comprendre le casse tête d'une défense de maître.

Elle est intelligente et elle apprendra. Pas aujourd'hui, ni demain mais un jour elle se souviendra des détails de cet entrainement et ça l'aidera. Les choses ont pris une tournure à laquelle elle ne s'attendait pas en lui demandant de l'entrainer et maintenant elle s'apprête à lancer ce qui sera sûrement sa dernière attaque de la journée.

Jillian s'avance, sans se précipité cette fois, elle ne pourrait pas même si elle le voulait de toute façon, sa jambe lui fait toujours mal. Elle tourne sur elle-même, et frappe une première fois dans la défense d'Enguerrand sans réussir à la percer. Puis une deuxième, puis une troisième, puis une quatrième frappant avec vitesse plus qu'avec force à chaque coup. Si elle compte l'avoir à l'usure c'est raté, lui ne semble pas avoir à bouger plus que d'un pouce pour parer ses attaques. Agacée, elle tente un nouveau passage en force avec une attaque frontale. Elle est déjà "morte" à nouveau sans le savoir.

Enguerrand n'est plus un professeur dans la passe d'arme qui a lieu actuellement. Il est concentré et ne laisse pas la moindre attaque passer bien entendu, mais il le fait de façon parfaite. La petite est handicapée par sa blessure et la perte de mobilité est un facteur important dans un duel d'escrime. Cependant les bêtes blessées sont aussi les plus dangereuses alors Enguerrand reste focalisé sur son objectif. Vaincre.

La petite commence à s'impatienter de n'arriver à rien, c'est aussi une arme, savoir rester calme. Elle lance finalement une attaque frontale et s'ouvre. L'épée en bois se dirige avec colère en direction du ventre d'Enguerrand, ce dernier dévie tout en technique la lame et fait un pas en avant pour rentrer complètement dans la garde de la petite. Il se baisse soudainement et frappe l'autre jambe de la petite avec la garde de son épée en bois. A nouveau le coup n'est pas suffisant pour briser un os et à nouveau le muscle se tétanise. Enguerrand en profite pour lui donner un coup d'épaule qui la projette au sol. Il se retrouve au dessus d'elle la toisant de son regard neutre.

- tes muscles iront mieux dès demain. dit-il simplement. le médecin de bord te donnera sans doute des onguents adaptés pour ce type de blessures.

Elle n'a pas de marque apparentes au visage, mais certainement deux énormes hématomes sur ses cuisses. Ainsi il évite la colère de la mère.

Vif et agile son adversaire dévie son attaque et passe sous elle pour la frapper à la jambe et la projeter au loin avec son épaule. Sa jambe s'engourdie immédiatement et la douleur est insoutenable puis l'air est projeté instantanément hors de ses poumons étouffant son cri et remplissant sa bouche d'un goût cuivré. Ses jambes sont méchamment amochées mais rien de trop grave, d'après lui elle s'en remettra dès demain avec l'aide du médecin.

Le combat se termine là, elle n'a plus ni la force ni la volonté de se relever. L'adolescente sert les dents pour ne pas éclater en sanglot. Sur le moment elle n'est plus trop sûr que cette entraînement était une bonne idée. Elle détourne le regard pour éviter celui d'Enguerrand. Une colère d'enfant qui passera rapidement.