Sharp blade, sharp mind [w/Jezabel Alvarez]

Patience. J'écoute ses conseils avec la plus grande attention. Ma mère est l'un des meilleurs capitaines de l'univers et je sais devoir suivre son exemple si je veux un jour être à la hauteur de mon rôle. Mon regard déterminé se pose dans le sien et je hoche la tête d'un seul mouvement précis. J'écoute, avec mon cœur et me laisse guider vers la prochaine épée cette fois. Je vais trouver l'épée dont l'âme se rapporte à la mienne.

« Celle-ci. »

Ma main se pose sur le manche d'une lame légère. Je la soulève sans problème et je sens une connexion se créer à travers la paume de main et jusqu'à mon cœur. Je le sens, cette épée est la mienne. Je me recule un peu, dans un magasin d'épée, on peut s'attendre à ce que les couloirs soit aussi large pour faire des mouvements avec l'arme que l'on souhaite tester. Je la fais tournoyer avec précision autour de moi et enchaine quelques passes seules dans la ligne du couloir.

« Oui, je le sens. »

J'affiche un sourire satisfait et lève les yeux vers maman avant de parcourir l'épée du regard du pommeau à la pointe. C'est une belle épée, sûrement un peu vieille, son design est très classique, mais à ses propres particularités, la garde est droite avec quelques décorations descendantes autour du pommeau. La lame est d'une longueur standard et le métal semble être fait d'un alliage, car elle est malgré sa taille assez légère.

Je repose délicatement l'épée que j'ai emprunté, avec un respect infini. Les lames ont une âme. Maman me le répétait sans cesse. Tout en observant Jillian, je sens qu'elle a compris ce que ces quelques paroles, a priori étranges, signifient. Je sens son regard s'embraser, tandis qu'en un instant, elle semble plus mâture, plus calme, plus âgée. Je souris davantage devant la certitude qui devient la sienne. Jusqu'à lors, le propriétaire du magasin n'était pas intervenu. Il s'approche néanmoins de nous pour nous dire que, si l'on souhaite essayer réellement les lames, il possède une salle d'arme dont on peut disposer librement, en arrière boutique.

- Soit. Dans ce cas. Souhaites-tu me faire l'immense honneur de m'offrir votre première danse, Jillian ?

« Avec plaisir capitaine. »

Malgré ma blague, mon ton se fait plus sérieux, un peu prétentieux même. Je me sens si confiante avec cette lame entre les mains. Nous suivons donc le vendeur à travers la boutique et il nous indique l'emplacement de la salle d'armes. Une grande pièce circulaire, bien plus adaptée à l'essai d'une arme que les rangées de la boutique. La pièce est grande, circulaire et vide avec des marques au sol, elle a probablement été conçue pour des entraînements même. Le vendeur allume les lumières et quitte la pièce silencieusement, nous laissant notre tranquillité. Je vais me placer à l'opposer de la pièce et me mets dans la position de garde la plus classique. Celle que nous avons travaillés ensemble des milliers de fois. Mon regard, défie celui de ma mère et mon sourire s'accentue alors que ma main libre lui fait signe d'approcher avec une confiance que je ne me connaissais pas.

Nous suivons ainsi le vendeur. Je n'oublie guère de le remercier distinctement et solennellement avant qu'il ne nous laisse à nos occupations. Je suis habituée à me battre à deux lames ; néanmoins, face à Jillian, je ne ferais usage que de l'une d'entre elles. Je tire donc la lame qui est à ma droite, qui a l'avantage d'avoir un manche légèrement plus allongé, qui me permet donc davantage de libertés pour la manier. Je fais tournoyer un instant ma lame, un sourire concentré et carnassier sur les lèvres.

Sans lui demander si elle est prêt, je fonds sur elle. Elle réagit aussitôt, et nos lames s'entrechoquent en un bruit métallique que j'ai toujours trouvé fort harmonieux. Nous échangeons quelques coups sans que ni l'une ni l'autre ne parvienne à briser la garde de l'autre. Il apparaît évident que cet épée lui convient tout à fait. Néanmoins, quelques coups ne suffisent jamais réellement à poser ce genre d'affirmation.

Je finis par rompre le rythme et recule légèrement, pour lui faire face à nouveau. En garde.

Sa charge ne me surprend guère et je la repousse sans problème. S'ensuit une série de chocs d'épée, au cours de laquelle ni l'une ni l'autre de nous ne semble prendre le dessus. Avec autant d'entraînement ensemble à notre actif, nous nous connaissions parfaitement. En tout cas, elle connait parfaitement mon style de combat, je vais devoir me montrer inventive pour la surpasser. Il est clair, après se premier, échange que je me sens très à l'aise avec cette arme.

Les échanges sont rompus et chacune de nous reculer d'un pas. Elle se remet en garde et je n'attends pas pour reprendre mes attaques. Je tente un mouvement en tournoyant sur moi-même pour prendre mon élan, mais n'étant pas encore habitué à la lame mon emprise se relâche légèrement et elle manque de me glisser des mains. Mon attaque frappe tout de même et ma lame vient frapper la sienne sans force laissant ma défense ouverte.

Notre combat se poursuit, et je puis sans honte avouer que je suis tout à fait fière de ma fille, et qu'elle deviendra une épéiste talentueuse. Elle l'est déjà ; néanmoins, ses passes d'armes dévoilent encore quelques maigres imperfections. De plus, sa nouvelle lame provoque un effet tout à fait édifiant à observer. Elle lui octroie un niveau excellent, tout en apportant de nouvelles lacunes à son jeu.

Ainsi, lors d'un essai maladroit, elle m'ouvre sa garde, et je m'y engouffre aisément. Le combat se termine ainsi ; ma lame frôle sa jugulaire, sans pour autant la toucher d'une quelconque façon. Si elle avait été une réelle adversaire, elle serait morte. Je lui souris, et retire ma lame de cette posture menaçante.

- Joli, trésor. Sans l'enchaînement de fin, tu aurais été tout bonnement parfaite.

A nouveau, je fais tournoyer mon épée.

- Qu'en dis-tu ? Cette lame te convient-elle ?

Comme je l'avais senti, ma défense s'est ouverte et mam étant la merveilleuse épéiste qu'elle est s'engouffre à l'intérieur. J'ai perdu. Ses encouragements me tire tout de même un sourire un peu amer. Mais nous ne sommes plus à l'époque où elle me laissait gagner pour me faire plaisir et maintenant, j'accepte aussi la défaite, et l'accueil comme un enseignement. Je soupèse encore une fois l'épée dans ma main l'air pensive.

« Cette épée est parfaite. C'est un merveilleux cadeau... Merci maman. »

Je la tiens encore dans ma main, ne pouvant pas la ranger. Il me faudrait un fourreau probablement aussi. J'attends d'emboîter son pas pour aller payer le vendeur.

« Je peux lui donner un nom ?... À mon épée ? »

J'y réfléchissais déjà depuis un moment, je trouvais cette idée vraiment cool d'avoir une épée avec un nom. Après tout, si elles ont une âme pourquoi ne pas les nommer aussi.

Je souris, et je range mon épée, fière de ma fille bien davantage que de ma victoire.

- De rien, chérie. Je suis heureuse que tu aies pu trouver ton bonheur.

Lorsqu'elle parle d'octroyer un nom à sa lame, un rire léger s'échappe de mes lèvres.

- Bien entendu ! Ne sais-tu donc guère que toutes les plus grandes épées possèdent un nom ? Il s'agit d'ailleurs d'une excellente façon de reconnaître les lames dignes de ce nom. Et quand bien même ; elle est tienne, désormais. Je suis persuadée que tu sauras en faire bon usage ; néanmoins, ce que tu entends par bon usage ne regarde que toi.

Je me dirige vers la sortie de la pièce.

- Enfin, pour qu'elle soit réellement tienne, encore faut-il la payer. Il te faut également un fourreau, n'est-ce pas ? Demande donc au Monsieur ce qu'il peut te proposer pour ton épée, et choisis.

Caly. Je répète le nom de l'épée dans ma tête en pensant au bon usage de cette épée. Le bon usage habituel d'une épée, c'est de faire couler le sang et de tuer... j'imagine. Je ne sais pas si c'est l'utilisation que je veux en faire. Je le ferais si nécessaire... Oui, voilà, uniquement, si c'est nécessaire. Caly diminutif du nom de la déesse des Mo'ats parce que je trouve que ça sonne bien et que j'aime beaucoup Calypso et la manière dont Nadya en parle - même s'il elle ne doit pas forcément se rendre compte que j'existe, j'en suis consciente.

Une fois sortie de la pièce, je me dirige vers le comptoir de la boutique et demande au tenant en lui montrant ma lame.

« J'aurais besoin d'un fourreau pour cette épée. »
« Bien sûr. Je vais vous chercher ça. »

Il quitte la pièce et se dirige dans un genre de dépôt un sourire commerçant affiché sur son visage vieillit et émacié. Je patiente, en sautillant un peu sur la pointe de mes pieds, ma nouvelle épée toujours en main. Heureusement, il n'est pas long et revient avec 3 fourreaux. Ils sont tous les trois en cuirs et la seule différence est la couleur. J'opte pour le noir, couleur sobre qui se marie plus facilement avec tout type de vêtement puisque le style est le seul point important ici. Je me tourne ensuite de nouveau vers maman épée et fourreau en main.

« J'ai choisi. »

Je lui laisse tout le loisir de faire son choix, et lorsque c'est chose faite, j'hoche à nouveau la tête.

- Fort bien.

L'épée comme le fourreau sont de très bon goûts. Encore une fois, je suis fière de ce qu'elle devient, de ce qu'elle est. De ses goûts, de ses choix, de ses gestes, de son être tout entier. Je sors alors la somme demandée par le commerçant ; il récupère l'argent, me remercie chaleureusement, et Jillian et moi prenons congé.

- Te sens-tu heureuse, chérie ?

Je place le fourreau et Caly à ma ceinture puis suis maman à l'extérieur.

« Je ne pourrais pas être plus heureuse. »

Ma main se place dans la sienne alors que je lui réponds un large sourire sur le visage. J'apprécie chaque instant de cette journée et il en reste encore beaucoup devant nous. Je réfléchis quelques instant repensant à ce qu'elle m'a dit plus tôt par rapport aux épées légendaires.

« Et au fait... Tes épées ont un nom ? Tu ne me l'a jamais dis. »

Nous sommes à présent dans la galerie. Je la regarde attendant de savoir la suite.

« Où va-t-on maintenant ? »

Je me sens à mon tour comblée par le bonheur même de ma fille. Je songe non sans une douce amertume que jamais je n'aurais cru cela possible avant la naissance de Jillian. Je pourrais bien commettre l'impossible, ne serait-ce que pour voir naître quelque poussière d'étoile au sein de son si beau regard. Lorsqu'elle me pose sa question, mon sourire se mue en une pensée emprunt de nostalgie.

- Mes lames possèdent une histoire ; il ne s'agit guère des plus belles ni des plus fortes, néanmoins, leur extraordinaire durée de vie témoigne fort bien de leur résistance ainsi que de leur qualité. Elles ont cependant un nom. Regarde, approche.

Lentement, je tire ma première épée - celle qui pend à ma gauche. Je tiens délicatement la lame entre mes doigts.

- Regarde ; près du pommeau, son nom a été gravé.

De belles lettres dessinent Délicatesse dans le métal. Ja la range, et dégaine la seconde. Au même endroit, l'on peut lire "Douceur". Puis, je rengaine ma lame, tandis que la nostalgie transperce mon être.

- Que songerais-tu, pour la suite de notre périple, d'aller faire graver le nom de ta lame sur celle-ci ?

Mon regard attentif scrute les lames lorsque maman me les présentent. Délicatesse et Douceur, mon regard interrogateur la questionne, ces noms sont bien étranges pour des épées.

« Pourquoi ces noms ? »

Je regarde le pommeau de mon épée, rien n'a été gravé sur celui-ci pour l'instant. Ça me semble être une bonne idée d'y mettre ma marque, je relève la tête vers mam en souriant, pleine d'énergie.

« Oui ! Allons faire graver ma lame ! »

- Il s'agit d'un legs de ta grand-mère. J'y tiens énormément.

Je souris en songeant aux réminiscences que cela provoque, bien que je n'en conserve pas uniquement de bons souvenirs. Je décide néanmoins de partager les souvenirs agréables avec Jillian, taisant le côté plus sombre.

- Lorsque nous nous entrainions, elle me répétait sans cesse cela :

Je me redresse davantage, si cela est possible, et je prends une voix légèrement différente.

- Grâce et élégance, Jezabel ! Bats-toi comme une Alvarez, bats-toi comme une réelle femme. Conserve la tête haute, et n'oublie jamais que tous tes gestes doivent être une caresse. Lorsque l'on tue, lorsque tu arraches la vie, il faut le faire avec Douceur et Délicatesse ; comme la plus belle des danses. La mort, Jezabel, peut paraître laide et repoussante ; il t'appartient de la rendre belle et époustouflante. Approprie toi cette beauté. Allez, recommence.

Sans me départir de mon sourire, et en marchant vers l'échoppe spécialisée dans la gravure, je regarde Jillian.

- Quel nom donneras-tu à la tienne ?

Jillian sourit un peu gênée. Le nom a raisonné dans sa tête mais maintenant qu'elle doit le dire à haute voix à Jezabel, elle trouve qu'il sonne un peu mal et doute.

- Tu ne te moquera pas ?

Elle joue nerveusement avec ses doigts tout en laissant ses pas suivre ceux de sa mère en direction de la boutique de gravure.

J'arrête brusquement ma progression et pose mon regard sur mon enfant quelques instants durant, surprise. Puis, je lui offre un sourire qui se veut rassurant, et du bout de mes doigts, j'effleure son si beau visage.

- Jamais je ne me moquerai de toi, Jillian. Il est important que ce nom parle à ton coeur. Il s'agit de ta lame ; ni de la mienne, ni de celle d'un autre. A toi de lui offrir le nom qui te semble adéquat, et de faire en sorte que l'on vous connaisse toutes les deux pour être une grande pirate et une grande lame. Je ne doute point de la première, quant à la seconde, elle ne dépend que de toi.

Un sourire rassuré se dessina au coin de la bouche de l'adolescente, la confiance la gagnant à nouveau.

- Je pensais l'appeler Caly. dit-elle plus enjouée.

Jillian marqua une courte pause avant de se lancer dans une explication qu'elle savait inutile. Ce n'était pas un secret pour Jezabel que sa fille entretenait une sorte de fascination pour la déesse Calypso.

- Par rapport à la déesse des mo'at... parce qu'elle a l'air d'être très respectée par son peuple, qu'elle est libre et qu'elle nous aide beaucoup.

Et aussi parce que ça me fait penser à Nadya. C'est d'ailleurs de là dont vient sa passion, la seconde lui en parlait en des termes qui impressionnaient la jeune fille et le lien affectif qui les liait toutes les deux constituait l'essence de la fascination de Jillian. Pour quelqu'un d'extérieur, cela pouvait sembler être les mots d'une enfant - et ça l'était probablement en partie - mais elle savait que plus tard ce nom résonnerait dans l'histoire du Némésis et dans l'histoire de Dorado.

Je souris, attendrie par les révélations de ma fille. Il est vrai que Calypose a toujours été une figure importante, au coeur de la vie de ma Jillian, et ce, bien qu'elle ne soit nullement mo'at.

- C'est un très beau choix, chérie. Depuis que Nadya t'as parlé de Calypso lorsque tu étais enfant, elle ne t'a jamais quittée.

Nous arrivons devant l'échoppe de gravure, et nous entrons à l'intérieur. Je fais signe à Jillian de s'avancer.

- Bonjour, Monsieur. Ma fille vient d'acquérir sa nouvelle épée ; puisqu'elle sera une grande épéiste, nous aimerions faire graver le nom de la lame sur celle-ci.

Son sourire s'accentue encore, si cela est possible. En son fort intérieur, Jill souhaite que cette journée ne se termine jamais et qu'elle puisse garder Jezabel pour elle. Elles entrent toutes les deux dans l'échoppe de gravure. Un fort belle établissement, remplit d'objets métalliques gravés, principalement des épées. Le propriétaire est un homme approchant aux cheveux grisonnants, Jillian le salue d'un signe de tête en entrant et lui tend Caly pour compléter les paroles de sa mère.

- Caly, c'est le nom de mon épée. ajoute-t-elle à la demande de sa mère.

Puis elle lui montre précisément l'endroit précis où elle veut que le nom soit gravé. Sous le pommeau, d'une manière presque invisible pour celui qui ne saura pas le voir et en lettres manuscrites. L'homme acquiesce avec un sourire aux lèvres, contaminés par la joie de l'adolescente. En attendant, elle se tourne vers Jezabel et s'approche rapidement d'elle en la serrant à la taille, posant sa tête contre son épaule.

- Merci maman.

Ma Jillian semble sincèrement heureuse. Le graveur ne se fait point désirer ; il attrape précautionneusement la lame de ma fille, et se met d'ores et déjà au travail. S'il n'a pas prononcé le moindre mot, il ne fait nul doute qu'il a reconnu la capitaine Jezabel Alvarez et sa fille unique, Jillian Alvarez. Il sait qu'il serait de fort mauvais ton de nous faire patienter trop longtemps. Cela risquerait d'avoir un impact néfaste sur sa carrière.

Cependant, il me semble que rien ne saurait gâcher cette merveilleuse journée. Ma Jillian semble être la plus heureuse des petites filles au monde. Elle se blottit dans mes bras, et je la serre contre moi, une main sur sa tête blonde, l'autre plaquant le haut de son corps contre moi. Je dépose un baiser sur le haut de son crâne, aussi souriante qu'elle, certainement.

- Je t'en prie, mon amour. Je t'aime, Jillian, plus que de raison. Y a-t-il autre chose qui te ferait plaisir, en cette journée qui est la tienne ?

Jill relève la tête.

- Je dois aller racheter des fournitures de couture... Peut-être qu'on pourrait voir pour un chapeau en même temps.

Bien qu'elle en possède déjà plusieurs qu'elle ne porte que très rarement. L'adolescente a toujours rêvé d'avoir un chapeau comme celui de sa mère, mais n'a jamais trouvé celui qui lui correspond. Peut-être aujourd'hui, aura-t-elle le coup de foudre, comme pour son épée.

D'ailleurs, l'homme revient au comptoir, sa tâche achevée. Au bas du pommeau, à l'emplacement exact où l'adolescente lui a demandé, il a inscrit le nom de la lame. Un vrai travail d'orfèvre, et rapide de plus. Jill tend l'épée à Jezabel, l'air ravis et dans l'attente d'une réaction de celle-ci.

J'hoche la tête, satisfaite par les désirs de ma fille ; en réalité, puisque cette journée lui est entièrement dédiée, nous ferons tout ce qu'elle souhaitera, sans limite aucune. L'artisan ne tarde guère à nous satisfaire, et lorsque je vois son travail, j'affiche un sourire qui, je le sais, charmerait le plus réticent des hommes. Ma Jillian semble ravie, et cela n'a point de prix.

- Elle est splendide. Je vous remercie, Monsieur. C'est tout à fait ce que nous souhaitions.

Je le paie, et non sans remarquer le regard qu'il me lance, je prends la main de ma fille, et la guide à l'extérieur.

- Prends en soin, mon amour. Cette lame est un véritable bijou. Un bijou pour mon joyaux à moi.

Je souris tendrement à ma fille, dépose un baiser sur le haut de son crâne. Je suis fière d'elle, plus qu'il n'est possible de le mettre en mots.

- Bien, je connais l'endroit parfait pour nos prochaines emplettes. Pour être tout à fait honnête avec toi, cela m'enchante ; il me faut également renouveler ma gamme de tissus.

Une boutique guère éloignée de là où nous sommes, qui offre un choix tout à fait épatant de tissus et de matériel en tout genre. Un endroit certainement unique en son genre, dans lequel je vais renouveler mes stocks depuis que je suis enfant.

Le temps que sa mère paye et complimente le vendeur Jillian n'a d'yeux que pour sa lame. Elle la soupèse une fois de plus et la fait tourner d'un moulinet du poignet dans un mouvement gracieux, en prenant soin de ne blesser personne ou de ne rien casser. Puis elle la rengaine en suivant son mouvement avec grâce et discipline.

- Mon petit bijou de la part de ma maman joyaux. rit-elle en se laissant guider à l'extérieur du magasin.

Et la jeune pirate vient se serrer tendrement contre sa mère tout en marchant le long des rues d'Esperanza. Elle relève la tête vers le visage de Jezabel sans vraiment faire attention où elle marche.

- Et après on ira manger ?

Elles avaient petit déjeuné tard, mais le ventre de Jill criait déjà famine, les emplettes ça creuse.

Je me sens incroyablement bien ; réserver ainsi un moment à ma fille unique me procure une sensation de plénitude que je ne saurais décrire réellement. Une main autour de ses épaules, nous marchons à nouveau dans les rues de la ville, sans réellement s'éloigner de cette fameuse galerie marchande. Lorsque ma fille me parle à nouveau de nourriture, je ne puis retenir un rire sincère et joyeux.

- Bien évidemment, mon amour. Si tu as faim, nous irons manger. Tu auras même le droit de choisir l'endroit qui te convient. N'est-ce point le grand luxe ?

Je lui offre un sourire radieux, tandis que nous arrivons déjà au paradis de la couture. Il s'agit d'une immense boutique à la devanture mise en valeur avec beaucoup de goût.

- Nous y voilà. J'ai toujours su trouver mon bonheur, ici-bas.

Nous entrons, et nous sommes accueillies par une femme qui doit certainement être plus âgée que moi, et que je connais depuis que j'ai commencé à fréquenter l'endroit. Nous nous saluons, et échangeons quelques banalités, digne de deux femmes entretenant des relations cordiales. Puis, elle nous rappelle qu'elle demeure à notre disposition si l'on a besoin d'un produit en particulier. Je la remercie, et entraîne Jillian au travers des vastes rayons.

- Alors, chérie. As-tu des idées particulières quant aux tissus que tu souhaites acquérir ?

Elle sourit, satisfaite de la réponse, son estomac ne l'est pas pour l'instant, mais elle l'est. Portez par l'air matinal et leur énergie, elles arrivent bien vite à l'échoppe de tissu. Ce n'est pas la première fois que Jill vient, mais chaque fois qu'elle pose le pied dans l'entrée de l'échoppe ses yeux s'illuminent devant toutes ces couleurs et son esprit s'active en imaginant tout ce qu'elle pourrait faire avec ces tissus. La boutique est immense et il y a de nombreux client que Jillian ne manque pas d'observer un par un avec curiosité, chaque fois en plissant les yeux. Tiré de sa torpeur, elle avance en suivant le pas de Jezabel.

- Mmmh... Probablement du coton de couleur sombre. Je voudrais me fabriquer une nouvelle cape. Il m'en faudra suffisamment pour faire une capuche aussi. dit-elle en se tapotant le bout du menton avec l'index.

Au détour d'un rayon, elle s'arrête net devant une étoffe noire brillante qu'elle ne peut s'empêcher de toucher. Ne prétends pas attention, si sa mère s'est arrêtée avec elle ou pas. Elle passe l'étoffe plusieurs fois entre ses doigts, le toucher est doux et très agréable et le tissu a l'air, malgré cela, très résistant.

- Quel est cette étoffe ?

Elle songe quelques instants et un peu gênée demande.

- Tu crois que... Je pourrais fabriquer une robe avec ?

Une question peu usuelle pour Jillian qui n'a jamais porté de robe de sa vie et en a seulement vu des images auparavant.

Nous progressons à travers le magasin. Plusieurs pièces de tissu attirent mon attention, et j'ajoute également à mon panier du fil, des aiguilles, des boutons en argent joliment décorés. Je laisse également le temps à ma Jillian de regarder ce qu'elle souhaite. Je suis heureuse d'avoir su lui transmettre le plaisir de faire ses vêtements toute seule. Tandis que Jillian papillonne d'une étoffe à l'autre, il y en a une très belle qui attire son attention. Je m'approche, et la touche du bout des doigts.

- Il s'agit de velours. Cette pièce est très belle.

Je suis très légèrement surprise lorsqu'elle dit vouloir se fabriquer une robe. Il est vrai qu'il s'agit là de beaux habits, que je ne porte cependant jamais, par soucis de praticité. Se battre avec une robe, ça n'est définitivement point une idée convenable. Néanmoins, Jillian est jeune, et il existe quelques occasions pour lesquelles elle pourra parfaitement porter une robe ; son anniversaire, les différentes fêtes organisées sur le Némésis, les grands évènements et les sorties.

- Je songe que cela t'ira à merveille. La couleur fera ressortir le bleu de tes yeux et la magnificence de ta chevelure. Il doit être agréable de le porter, et je suis certaine que tu sauras faire une robe tout à fait sublime avec cela. Si tu le souhaites, je pourrais t'y aider. Je dois avoir en ma possession quelques vieux patrons de robe dont tu pourras te servir.