Une personne en plus ?!

 
 
 

Ses cheveux d'ivoire ayant été tressé par des baguettes fines et aiguisées qui pouvaient aisément se loger dans un œil ou une autre partie molle du corps,  révélaient des traits métissé d'Impérial et de trinitaire, la trentaine à moitié entamée. Assise dans un siège à proximité de son employeur, Victor Sacré-cœur,  ses yeux bleus océans semblent parcourir un magazine qui traitait de l'éducation des jeunes. L'innocence de cette lecture la désignait à tout agresseur potentiel comme une simple passagère, sans doute mère de famille.  Enfin pas si simple que ça vu qu'elle voyage

Ce qui l'aurait été effectivement sans trois détails premièrement, le magazine masquait une constellation de cicatrices encore vive sur une joue. Deuxièmement, une lame  d'une facture supérieure à la moyenne et des bottes  qui provenaient indubitablement des fournitures militaires de l'UC. Enfin, troisièmement, il émanait d'elle une réelle et impressionnante conscience de son environnement.  Pas de doute. Elle sera difficile voire impossible à surprendre même si elle était préoccupée par l'idée qu'un plaisantin pourrait bien essayer de les abattre en plein vol. Elle ne pouvait rien faire pour contrer cette menace hélas.

La voix de  ténor retentit dans les compartiments. MESDAMES, MESSIEURS, VOTRE ATTENTION, S'IL VOUS PLAIT, NOUS ALLONS ACCOSTER A L'ASTROPORT DE PARADIS. NOUS VOUS SOUHAITONS UNE BONNE VISITE ! Bruit.  Coulissement des portes. Lever des passagers. Idéal pour assassiner Sacré-coeur cette cohue.  Il n'en avait pas démordu de prendre un vaisseau-paquebot civil. Celui-ci tenait la laisse d'un Kao idiot et prit la sortie avec Gillian.

 
 
 

Marée humaine. Noire de monde qui descend. Elle cauchemarderait des années après en revoyant tout ce qui aurait pu mal tourner. Merde. Il aurait même pu se faire poignarder avant qu'elle puisse intervenir.  Ce qui lui aurait fait manquer son discours, celui qu'il rabâchait sur l'idée de remplacer les Mo'at par des machines dans les plantations. Gillian  y voyait là cyniquement une douce utopie puisque  les esclavagistes ne voudront jamais dépenser pour acheter le matériel nécessaire aux Corporatistes.  Il était plus simple de faire trimer la population locale qui n'étaient que des barbares inférieurs à leurs yeux. Quoique, la rhétorique de Sacré-coeur   séduisait  les Corporatistes qui y voyaient l’occasion de se faire du blé. Soulagement à la sortie de la cohue. Elle repéra d'emblée l'équipe de sécurité comme un danger potentiel.

Sacré Cœur était peut-être un brillant orateur mais il était aussi le pire cauchemar des gardes du corps.  Il écoute poliment les recommandations  et les suivait... au gré de ses envies. Après tout, un garde du corps devait  le préserver de tout danger en toutes circonstances ?  C'est pourquoi si Glenn s'était retourné, il aurait vu la pitié discrète au fond des yeux de Gillian. Elle  le plaignait  et espérait qu'il aurait plus de chance qu'elle à faire accepter les mesures de sécurité à Sacré-cœur.

Aye. Et vous, vous êtes la relève ? Le ton est assez bas pour que Sacré-cœur ne puisse entendre. Dieu merci ! Je commençais à craindre  de devoir me débrouiller seule avec lui.

Elle craignait de devoir se débrouiller toute seule ? Pourtant Sacré-Cœur ne donnait pas l'impression de quelqu'un de difficile à protéger mais il garderait cette information dans un coin de sa tête, juste au bas où. Il chuchota à son tour à son second de toujours garder un œil sur Victor. Mais il n'eut même pas le temps de terminer sa phrase que l'homme n'était plus avec eux. Les yeux de Glenn s'écarquillèrent et son cœur battit si fort qu'il aurait pu sortir de sa poitrine. Ils se mirent tous rapidement à sa recherches. Heureusement le client n'avait pas eu le temps d'aller très loin, il était juste en train de se disputer avec un trinitaire à propos de l'esclave de ce dernier. Glenn le saisit par l'épaule, le coupant dans sa discussion.

- Monsieur Sacré-Cœur, je crois que nous ne sous sommes pas bien compris. Vous ne devez pas vous éloigner de nous où nous risquons d'avoir de graves problèmes, vous comme nous.

Glenn poussa un long soupir. La femme avait raison, cette mission n'allait pas être une partie de plaisir. Puis, il rejoignit le reste du groupe en espérant que cette fois Victor avait bien retenu la leçon. Mais pour une raison étrange, Glenn sentait bien que cette mission n'allait pas être une partie de plaisir. Il se retourna vers la jeune Gillian.

- J'aimerais de plus amples informations sur notre...client. Qu'est ce que vous craigniez ? Et ne me dites pas qu'il disparait à la première occasion...

Sacré-coeur se mit à protester arguant  qu'il expliquait respectueusement à son semblable en quoi posséder un esclave et lui donner des ordres était mal, et qu'il vantait les mérites de les remplacer par des machines. Il le faisait sur un ton si raisonnable et mesuré  qu'on pouvait difficilement le contester ou le disputer. Aussitôt Glenn entendit Gillian pousser un soupir de désespoir.  On sent  également son irritation à la façon dont elle serre son magazine d'éducation.

Trop tard. Il vient de commencer.  grinça-t-elle tout bas avant de lâcher dans un murmure. Putain d'ergoteur. Il a rendu fou mes collègues qui ont démissionné. Elle ne précisa pas qu'elle était restée parce qu'elle avait besoin d'argent. Toujours en rade comme d'habitude. Mais il valait mieux faire croire que c'était autre chose qui l'avait fait rester. En plus, c'était nécessaire pour se construire une réputation.

Autrefois elle en avait eu une quand elle vivait sur Oscuro. "Oeil de Lynx" qu'on l'appelait. Parce qu'elle n'avait pas les yeux dans sa poche. Parce qu'elle remarquait toujours ce qui échappait à d'autres. Ce n'était plus le cas maintenant.  Sa réputation avait été réduite en miette par des accusations fallacieuses en partie et avait fui pour sauver sa vie.

C'est alors que le trinitaire répliqua à Victor qu'il insultait la femme qui lui avait donné quatre enfants avant de s'éloigner furibond du malotru accompagné de la Mo'at qui essaya de l'apaiser. Gillian n'était pas mécontente de le voir se faire clouer le bec après une diatribe pareille.

 
 
 

Gillian, non sans être satisfaite de le voir se taire pour une fois, veilla à garder  la foule et Sacré-cœur dans son champ de vision cherchant le moindre indice concernant une menace potentielle tout en réfléchissant à ses compétences.  Elle remarqua naturellement plusieurs personnes  qui avaient d'une manière ou d'une autre les compétences pour représenter un danger puis nota que quelqu'un les observait en essayant d’être discret.

Je ne connais pas Paradis. En plus, je n'ai pas été briefé sur les autres dispositions de sécurité  ni sur le trajet prévu de notre client. Par contre, je sais qu'il va aller faire un discours pour la robotisation des plantations et la libération des esclaves. Avenue de la Liberté*, c'est ça ?  

La jeune femme rejoignit Hearst qui marchait en tete et continua tranquillement. Je peux vous dire qu'il y a au moins  quinze personnes qui savent se battre dans cette foule.  Et qu'une nous observe en faisant semblant de lire un journal.  J'imagine qu'il est là pour confirmer l'arrivée de la "cible". Hmmm... ajouta-t-elle tout bas en coservantune expression neutre pour ne pas signaler à l'espion qu'il était grillé et que.

Cela ne voulait pas dire que ces quinze personnes leur tendraient une embuscade  à l'intérieur d'un astroport ou ils risqueraient de causer des victimes collatérales parmi les voyageurs en plus de la cible. Néanmoins l'observateur qu'elle avait repéré signifiait qu'une menace les attendrait quelque part...

Spoiler:

 
 
 
 

Autre chose. Je ne sais pas me servir d'une arme à feu. Je serais plus utile en servant de bouclier humain à notre client  si on se met à échanger des balles.

En se faisant confirmer ses soupçons, Gillian releva  le fait que le dispositif de sécurité prévu par le chef du détachement comprenait des hommes  en observation sur les toits. Des snipers sans doute.  Ce qui l'ennuyait  en revanche c'est qu'elle ne pourrait rien contre des armes à feu, sa formation étant basique en ce qui concernait les armes à feu. La seule option possible consisterait à faire rempart de son corps pour empêcher Sacré-Coeur d’être abattu.  

Elle remarqua la tension du bonhomme qui les suivait puis  nota une bosse louche sur l'une des personnes qu'elle avait identifié comme dangereuse. Celle-ci  essayait remonter en même temps qu'eux l'avenue.  Il ressemblait à un de ces fanatiques qui  se  sacrifiaient pour abattre leur cible. Et Dieu seul savait combien avait réussi à  traverser la sécurité d'une escorte et réussi leur objectif avant de mourir.

Hostile à droite. Une bosse suspecte dans sa poche gauche !

L'expression de Gillian s'assombrit, quand  il sortit son arme et la braqua vers l'escorte.  L'idée lui vint que ce type allait faire avorter l'embuscade qu'on leur tendait probablement à en croire le suiveur ne la réjouit que brièvement.  Elle se décala de façon à  l’empêcher d'ajuster Victor. En effet, l'homme  brailla  des invectives contre les chantres de la technologie en  déchargeant son arme sur l'escorte.

 
 
 

Au souvenir d'une explication   concernant les bonnes réactions en cas d'attaque, Victor Sacré-coeur s'était miraculeusement baissé par terre à l'annonce de l'alerte. Au contraire de Gillian qui s'était tout bêtement placé sur la trajectoire potentielle des tirs du détraqué.

Le tireur, ne tenant que d'une main son arme de poing, faisait des tirs dispersés  ce qui épargna en grande partie Gillian. La peur  d’être touchée se disputa au soulagement de le voir  échouer à l'atteindre mais la chance ne dura pas.  Elle fut atteinte par une balle qui perfora les chairs juste sous les cotes et qui provoqua une hémorragie interne.  Un organe  avait du être touché. Aussitôt le responsable fut atteint à l'épaule  et se suicida plutôt que d’être arrêté.   L'homme qui suivait l'escorte sembla porter la main à son oreille puis dit quelque chose et préféra s'éloigner des lieux.  

Comment se sent-on quand on se sacrifie délibérément en danger pour protéger un client ? Pas terrible surtout après avoir constaté que Sacré-Coeur avait quand même écouté  ses recommandations à ce sujet. La douleur était vive mais limitée au seul trou qu'on lui avait fait. Ne pas bouger pour ne pas aggraver les dégâts pendant qu'on la soignait sommairement.  La seule chose qui lui venait à l'esprit en plus de ne pas s'évanouir.

 
 
 

Douleur. Souffrance. Mal. Elle poussa un gémissement.  Mais la douleur finit par éclaircir les idées de Gillian. On s'était occupé sommairement de sa blessure.C'était un bandage unique destiné à stopper l'écoulement du sang constata-t-elle en posant la main dessus.

Nom d'un Kao. ça fait mal. Une grimace de douleur.

Autour du groupe de garde du corps, la foule s'éparpillait permettant aux nouveaux assaillants de se couvrir. Ils étaient difficile à suivre  caché  dans cette foule et la douleur qui la tenaillait en arrière-plan.  Tout se précipita,  l'un d'eux s'élance avec une arme blanche, elle vit alors Hearst l’arrêter  et le plaquer au sol.

 L'hostile  qu'elle parvint à repérer recourut à une civile comme bouclier humain et ouvrit le feu sur les collègues de Hearst tout en se rapprochant. Ceux-ci essayèrent de l'ajuster, stressés par le risque de toucher le civil. Il les distrayaient, comprit-t-elle,  permettant à son troisième acolyte  de charger.

Attention ! Attaque à l'arme blanche ! cria Gillian pour avertir ses homologues. Ils l'entendirent et réagirent avec un léger retard. La jeune femme vit un des gardes  contrer l'assaut  tandis qu'un autre tombait  atteint par le tireur avec son bouclier humain. Fébrilement, elle attrapa l'arme de poing  sans se soucier  de la survie du garde. Plus tard.  Se rappelant les explications sur le maniement d'armes à la douane, elle tint l'arme à deux mains et tira à bout portant sur l'agresseur de l'agent. Il lui adressa un signe de remerciement puis alla s'occuper du dernier.

 
 
 

Deux des hommes de Hearst se mirent en devoir de couvrir Sacré-Coeur exactement comme il fallait le faire selon le manuel en cas d'attaque et Le troisième se mit en devoir de relever Gillian qui peinait à le faire à cause de sa blessure. Celle-ci, toute pale, grimaça de douleur sous le coup de l'exercice mais elle ne lâcha pas l'arme de poing ramassée. En revanche, elle se résigna à abandonner son magazine d'éducation derrière elle. Dans sa situation, les loisirs étaient secondaires désormais.

Un pas. Une torture et un léger vertige qu'elle s'infligea pour avancer et suivre le groupe avec l'aide d'un des collègues de Hearst qui la pressait délibérément pour qu'ils sortent de ce piège. Heureusement que ce n'était pas la jambe qui était endommagée. Vite, vite, vite. Un autre agresseur pouvait surgir à tout moment mais elle ne percevait toujours pas de menace dans le chaos ambiant. A moins que l'espion ne les suive encore même s'il s'était apparemment retiré ?

 

Du professionnalisme, ces tueurs-là en avait à revendre mais les garde du corps aussi. L'un d'eux s'était placé devant Sacré-coeur avant même les nouveaux coups de feu pour réduire son exposition à ces menaces potentielles. Quelqu'un veut désespérément abattre Sacré-Coeur. Pourquoi ? Peut-être que le prisonnier avait la réponse néanmoins il était possible que ce ne soit qu'un simple sous-fifre à qui on ne dit pas tout...

Les tirs de couverture de Glenn étaient efficaces permettant à son d'atteindre sans encombres le cul de sac mais il était distrait et son prisonnier en profita pour tenter d'agresser les hommes d'Hearst. Malheureusement pour lui, tendu comme était l'agressé, il contra le coup de pied et frappa à son tour méchamment pour lui faire passer le gout de réessayer puis le balança en premier dans l’égout qu'avait ouvert entretemps ses deux autres collèges. Un hurlement qui se stoppa brutalement au contact de la pierre, le garde du corps espéra, après coup, qu'il ne s'était pas cassé la jambe. Il avait conscience d'avoir commis une bavure ce coup-là et ses collègues le regardait d'un air étonné, Sacré-cœur d'un air effrayé.

Gillian ne fit aucun commentaire, occupée à supporter les vagues de douleur de sa blessure. Elle descendit avec empressement tout en grimaçant à la suite du malheureux prisonnier. Les égouts étaient sombres et malodorants comme tout les égouts, la jeune femme soupira en regrettant de ne pas avoir de torche. Puis fronça des sourcils, un fil projetait une faible lumière dans les ténèbres.

 
 
 

Gillian renifla, l'endroit était évidemment piégé. Mais avec quoi exactement, elle l'ignorait ni par qui.  Elle se rapprocha du fil et s'agenouilla pour essayer de repérer le mécanisme du piège sous les yeux nerveux de ses homologues.  Voyons,  à quoi est relié le fil ? Amenez la torche par ici, humm... Elle grimace à nouveau, les mots lui coutent avec sa balle dans le bide.

Fais attention, je n'ai pas envie de sauter dans ce trou à rat.  l'avertit le garde du corps qui braquait le faisceau de lampe pour permettre à Gillian de trouver la petite surprise.

Le prisonnier  continua à défier du regard Glenn mais un observateur remarquerait qu'il tiquait également sur le canon de l'arme. Très difficile de ne pas redouter le petit oiseau qui risquait de sortir s'il ne faisait pas attention. Mon costume est sale maintenant, je ne peux pas me présenter ainsi à la tribune.Pourquoi on n'avance plus ? Que faites-vous ?   râla d'abord avant de demander  Sacré-Coeur. Vous n'avez pas le droit de vous instituer bourreau ! Vous n'allez pas le descendre !

De l'explosif civil. Destiné aux démolitions ou aux mines. constata enfin Gillian qui venait de trouver la connexion du fil.  Elle avait passer ce type de marchandise qui était nécessaire à  une planète minière comme Oscuro pendant ses années à la douane.Si on l'active, la galerie va s'effondrer  et probablement les bâtiments au-dessus. dit-elle en se souvenant d'une conversation avec un ingénieur. Bonjour le stress supplémentaire.

 
 
 

Ouille. Mais mérité. Avant de balancer le prisonnier dans les égouts, il aurait du penser aux risques de fracture des jambes et donc que ça entraverait leur progression. Le fait accompli, il n'était que justice qu'il le porte. Gillian avait suivi l'affaire que du bout des oreilles. Elle se sentait affaiblie, la fièvre menaçant. Il faut se dépêcher, comprit-elle en ressentant ces sensations. Elle avait grandement besoin de soin.

On... perd du temps.

La jeune femme se redressa sur ses jambes, moins assurée qu'avant, se secoua la tete pour chasser le voile brumeux de l'inconscience et serra plus fort son arme de poing. Le garde du corps qui braquait sa torche sur le fil comprit ce qui se passait. On ne pouvait pas risquer leurs vies sur le pari qu'elle arriverait à surmonter sa blessure pour passer. Bon, je vais t'aider à enjamber ce fil de détente, d'accord ?

Compris...

Bien.

Délicatement, il la souleva en lui faisant redresser les jambes pour qu'elles ne touchent pas le fil de détente et lui abandonna la torche pour qu'elle éclaire correctement le fil à esquiver. Le garde du corps stressait en sachant que s'il se loupait, ils explosaient tous. Heureusement, il parvint à passer presque sans encombre malgré un instant de flottement, ou il faillit tomber à la renverser déséquilibré par la répartition du poids de Gillian.

Patron, je pars en éclaireur pour vérifier si la voie est libre. Je reviens vers vous dans... 5 minutes. D'accord ?