You were always close, like you were never gone [Enguerrand]

Les lumières artificielles du port s'allument à peine, répandant une douce lumière orangée à travers les larges hublots de la salle d'entraînement. Elle s'est levée aux aurores, habillée à la hâte avec le coeur tambourinant dans la poitrine. Elle a attendu une petite semaine pour ne pas paraître trop ... Empressée, justement. Mais aujourd'hui elle ne peut plus attendre. Eviter de confronter Enguerrand a été une torture, tout son être la pousse à aller voir son géniteur.

Elle l'a observé de loin, craintivement, notant sa routine, son rythme d'entraînement. Il passe ses journées dans cette salle, interagit rarement avec le reste de l'équipage, s'entraîne majoritairement seul ... Et est bien le seul à s'entraîner autant. Elle l'admire, cet homme passionné par le combat. Elle se sent fière, aussi, profondément. De pouvoir prétendre à un tel paternel. Et si cela doit rester secret, ça n'incombe pas son engouement. Elle seule peut bien savoir la vérité, ça suffit à son bonheur et à sa fierté.

Elle pose ses affaire dans la salle vide et commence à s'étirer, autant être opérationnelle dès l'arrivée attendue du bretteur. S'il doit juger de ses aptitudes, elle préfère être en pleine possession de ses capacités et parfaitement échauffée. Il ressemble un peu à Ignacio, feu son Maître d'armes, intransigeant et impartial. Elle a passé des années à se demander à quoi pouvait-il ressembler, quel genre d'homme il était, quelles étaient ses passions, à quoi étaient destinés ses sourires ... Elle est bien décidée à obtenir l'affection de cet homme qu'elle idolâtre, au moins son respect, pour commencer.

Suspendue tête en bas par une barre coincée derrière ses genoux, elle commence une série d'abdominaux en réfléchissant à comment engager la conversation avec son père. Ils n'ont pas de rendez-vous, ne se sont pas adressés la parole depuis son arrivée sur le Némésis, mais elle sent qu'aujourd'hui est le jour opportun pour un premier contact. Se laissant glisser de la barre de gymnaste, elle se maintient quelques secondes dans cette position, ses pieds accrochés à la barre, avant d'effectuer un petit salto et de retrouver le sol.

Enguerrand s'entraine comme toujours. Réglé comme une machine il ne cesse de polir ses compétences. Et s'il est désormais difficile de progresser, c'est une lutte contre l'âge qu'il a engagé. Un jour il se fera rattraper par ce dernier il devra changer de profession. Mais ce n'est pas encore pour tout de suite. Il est présentement au sommet du mélange des capacités techniques, sportives et de l'expérience qui fait un bretteur hors pair.

Il est dans la salle divisée en box. C'est plus simple. Il a un entrainement de groupe par semaine et parfois donne quelques leçons à Jillian. Mais la plupart du temps il est seul. Les autres ne sont pas assez performant pour s'opposer à lui et l'aider à maintenir le tranchant de sa technique.

Il a repéré la nouvelle, il a toujours un sentiment qui lui gratte le cerveau quand elle est présente. Sans doute sa flamme qui le titille. Il ne voit pas quoi d'autre. Comme elle est plus jeune que lui ce n'est pas la même chose qu'avec son ancien capitaine. Ca doit être ça.

Pour le moment il enchaine des figures simples contre un robot aux bras multiples. C'est un entrainement vraiment particulier qui ne reflète pas la réalité mais l'aide à garder sa vigilance de tous les instants. Indispensable dans une mêlée complexe, moins lors d'un duel.

A la seconde où ses pieds touchent le sol, elle se rend compte qu'elle n'est plus seule dans la salle. Perdue dans ses pensées, elle n'a pas entendu la personne arriver ... Et quelque chose lui dit qu'elle connaît d'ores et déjà son identité. Prenant une profonde inspiration, redressant son éternel bonnet sur son crâne, elle se pare de tout le courage qu'elle peut avoir avant de se diriger vers le box voisin.

Pendant un moment, sur le seuil de la petite salle d'entraînement, elle se permet de détailler les mouvements d'une rigueur et d'une fluidité incroyables. Elle n'ose pas l'interrompre dans son enchainement. Incertaine de la bonne façon de percer la glace elle toussote un peu pour signaler, inutilement, sa présence et d'enfin prononcer :
- M'sieur de Cassagnac ? Voudriez-vous ... D'une partenaire d'entraînement ? Si j'vous dérange pas ...

Elle se mordille l'intérieur des joues en regardant ses pieds, pas trop sûre qu'il l'ait entendue entre les grincements du robot et les coups assenés.

La petite s'approche et lui parle. Mais il continue l'enchainement et attend que le robot termine son cycle et s'arrête. Il n'a pas été touché une seule fois mais n'a pas touché souvent sa cible. Il préfère assurer sa défense plutôt que de toucher dans ce genre de situation. Les abordages ce n'est pas vaincre son adversaire, c'est survivre.

- pas le bon jour. répond froidement le combattant. Mais autant te tester pour décider du bon jour.

Ajoute le combattant en se dirigeant vers la zone de duel. Une partenaire d'entrainement, la petite à beaucoup d'humour. Comme si elle pouvait avoir la moindre chance d'être une partenaire. Il n'a pas les moyens de l'aider à progresser. Donc au mieux elle sera une élève, enfin si elle parvient à lui montrer quelque chose.

Une fois arrivé dans la zone il prend deux épées d'entrainement et en jette une à la petite. Puis il se met en garde. Il n'aime pas perdre son temps en vaine palabre.

Elle rattrape l'épée avec la nonchalance de celle qui en a l'habitude mais dans sa tête se joue un conflit tout autre. La morosité de son père lui fait un peu peur, son moment semble mal choisi et elle a l'impression désagréable d'être passée au statut de "défouloir" bien involontairement ...

Elle se félicite de s'être échauffée juste avant; ce qui l'attend ne semble guère de bon présage. Glissant un pied en arrière, le corps vouté comme celui d'un félin, elle adapte sa posture. Elle sait qu'elle n'a pas la tenue d'un grand épéiste, tout en élégance et en finesse. Son style de combat est bien plus animal, plus sauvage. Elle se bat comme un guépard, toutes griffes sorties, tournant autour de sa proie. Elle tient plus de la gymnaste mortelle que de l'escrimeur.

La main fermement enroulée autour du pommeau, le souffle calme, elle attend. Si Enguerrand veut avoir la preuve qu'elle sait se montrer prudente, il l'aura. Elle a tout à prouver dans ce combat.

Elle se met en garde… enfin une posture ressemblant vaguement à une garde. Les jeunes et "leur style personnel" il soupire intérieurement. Puis il se met en garde. La garde la plus basique au monde, celle qui offre la plus grande polyvalence et qui est simple à tenir, parce que tout le monde commence avec elle.

Déjà elle ne lui saute pas de dessus ce qui est pas mal. Il avance donc lentement vers elle. Il sait que sa présence seule pressure les gens. Il veut voir si elle attaque un jour ou si elle préfère se dérober. Il a l'œil vif et son visage impénétrable par nature devient une arme dans un duel. Il ne sait pas mentir. Mais rester de marbre est une seconde nature chez lui. C'est gênant dans ses relations sociales, c'est magnifique une épée à la main.

Son coeur bat la chamade alors qu’elle suit attentivement les pas de l’homme qui se rapproche. Il est impressionnant, presque intimidant. Sa posture est bien plus nette, plus fière que ne le sera jamais la sienne. Elle se tasse d’avantage sur elle même alors qu’il approche sans crainte aucune. Pourquoi avoir peur, aussi ? Une crevette comme elle ne fera jamais le poids. C’est quelque chose dont elle est sûre avant même de l’avoir vu à l’oeuvre. Il respire trop le calme et la confiance. Et puis ... Les histoires à son sujet suffisent à lui créer une sacrée figure.

Quand il n’est plus qu’à un pas d’elle, elle s’élance. Elle se sait très rapide, sa souplesse et son endurance sont son meilleur atout au combat. Elle peut miser sur son agilité et sa vigueur, c’est certainement la seule chose qui pourra la valoriser lors de cet affrontement. Avec une feinte et un glissement habile vers le flan gauche d’Enguerrand, elle tente d’assener son premier coup.

La pression d'une personne qui avance et va tôt ou tard déclencher une attaque est généralement la plus forte et la petite lance une attaque préemptive. Rapide et agile, elle feinte et tente de l'atteindre sur le côté gauche. La parade d'Enguerrand est violente et seul le bras cyber de la petite lui permet de ne pas se faire repousser au loin. Enguerrand en profite pour lancer un coup basique tout en puissance à la tête de la jeune femme.

Ce genre d'attaque est un problème si on ne sait pas dévier correctement une lame et elle le reste malgré tout quand c'est Enguerrand qui attaque. Le coup est rapide, précis et pourtant aussi puissant que s'il avait pris deux pas d'élan.

Dayanara serre les dents en contrant de tout son poid la parrade de l’autre. Les yeux grand ouverts, le regard à l’affut du moindre mouvement brusque, elle voit la lame ennemie dévier et se précipiter vers elle. Trop puissemment pour qu’elle s’y oppose, et ce malgré la banalité de la trajectoire. Elle lâche sa position brusquement pour tourner son corps de biais en chassant de côté. Le sifflemment de la lame résonne à son oreille. Elle comprend aisément qu’elle ne peut rivaliser avec sa puissance de frappe.

Elle raffermit sa poigne sur son épée et se repositionne face à Enguerrand.
- J’peux vous poser une question ?

- pose. dit simplement le bretter en reprenant position.

Il aurait pu enchainer, c'est ce qu'il aurait fait dans un vrai combat. Les coups brutaux qu'il assène ne sont qu'une ouverture pour un enchainement plus mortel ou chaque attaque est là pour tuer. Mais ce n'est pas le but de cet affrontement. Les parleurs commettent généralement des erreurs. Il attend patiemment le début de la question. Si ce n'est pas intéressant il attaquera avant la fin.

Campée sur ses pieds elle le dévisage, son arme toujours haute, prête à parer une potentielle attaque.
- Vous avez commencé à quel âge, l’épée ?

Sa question est certes anodine, pas des plus intéressantes, mais elle veut en savoir plus sur son père. Elle veut avoir de quoi se comparer à lui et d’une certaine manière de quoi s’accrocher à lui. Elle a mille questions qui lui tournent dans le crâne, autant commencer en douceur.

La question qui débute n'est pas intéressante alors il ne la laisse pas terminer et attaque. L'âge où l'on débute est certes important, mais ce qui fait la différence c'est le talent et la volonté indéfectible de s'améliorer. Il faut les deux. Sinon même en commençant tôt on arrive jamais à atteindre le sommet. C'est malheureux pour tous les travailleurs acharnés qui n'ont pas de talent.

Enguerrand se fend subitement et enchaine deux attaques de taille, ces dernières mettent déjà une grand pression sur un combattant. Mais elles sont surtout un moyen de rompre la distance pour balancer son poing dans le ventre la jeune femme. Un bretteur se doit d'être doué avec ses poings. Sinon il n'est qu'un simple duelliste impérial. Il tue ce genre d'imbécile facilement. Le combat n'est pas un duel impérial.

De toute évidence, la question ne méritait pas de réponse, raté pour la tentative de conversation.
Si la jeune pirate arrive à parer à la hâte les deux attaques à l'épée, le corps à corps la prend par surprise. Elle n'a le temps que de contracter ses abdominaux avant de se prendre le poing de plein fouet dans l'abdomen.
Elle souffle bruyamment en fronçant les sourcils, totalement concentrée sur sa tâche alors que la hargne monte graduellement. Elle ne s'accorde pas une demi-seconde d'hébétement. Elle élance son genoux gauche vers les côtes de l'homme, mais feinte à la dernière seconde avec un jeu de jambes rapide pour venir frapper son genoux avec son talon droit.

C'est pas mauvais dans l'idée. Mais elle est encore trop jeune pour ce genre de tactique et surtout pas assez puissante pour gérer un homme comme lui dans ce genre de configuration. Il pare donc les coups sans se laisser surprendre une seconde et il dérobe son genou au dernier moment. Sa contre attaque est fulgurante et il fauche la jeune femme d'un low kick très puissant.

Le coup est donné à la perfection alors qu'elle est encore en déséquilibre. Il frappe exactement là où il faut pour que la jambe soit fauchée sans exercer une force monstrueuse. La technique est juste parfaite et il est impossible de résister malgré le fait que la jeune femme soit pourtant extrêmement douée pour son âge.

- parler ou combattre. dit-il simplement.

En fait il n'a rien contre faire les deux mais il faut un certain niveau pour réussir à le faire bien et elle n'a pas le niveau. Elle est jeune, elle va s'en doute devenir de plus en plus forte de manière exponentielle dans un futur proche. Ensuite elle heurtera le second mur.

Le coup la renverse au sol. Sans se laisser démonter elle roule sur le côté et se redresse d’un bond souple avec la force de ses bras. Elle n’attend pas une seconde avant de s’élancer à nouveau vers Enguerrand. Elle enchaine des coups pourtant rapides qu’il bloque avec la facilité de celui qui connait que trop bien son art. A croire qu’il a déjà tout vu, tout fait, tout essayé.

Elle pousse sur la résistance de son bras métallique pour parer la garde de l’autre, associe pirouettes et feintes pour tenter de l’atteindre ... Attaque, attaque, attaque. Elle se rend compte quelque part au milieu du bourdonnement de sa tête qu’elle est entrée dans cette frénésie qui lui est coutumière. La silhouette d’Enguerrand s’efface pour laisser place à un ennemi sans visage, un ennemi à abattre. Elle n’est plus dans la salle d’entrainement mais au milieu d’un combat, elle peut sentir l’odeur du sang, des viscères, et la lourde odeur de la mort.

Ignacio lui disait « C’est un combat contre la mort, gamine, la seule chose qui justifie que je sois encore en vie, c’est que t’as encore beaucoup trop à apprendre ! Alors attaque ! » Il y a bien quelque chose qui s’apparente au désespoir dans son acharnement.

La petite se relève et continue à attaquer... perdue dans sa routine et ses enchainements. Elle ne perçoit plus le monde extérieur mais seulement son adversaire qu'elle veut vaincre à tout prix. Alors Enguerrand l'entraine doucement en reculant vers le bord de la salle d'entrainement. Elle ne voit rien, aveugle, il reste stoïque et pare encore et toujours avec une technique impeccable et une fois proche d'un mur il attend l'attaque de trop. Celle finit par finir parce qu'elle est incapable de se retenir, incapable d'abandonner. Il est triste pour elle. Mais elle doit apprendre.

Lorsqu'elle lance son attaque il fait un petit pas de côté et elle cogne le mur de son arme d'entrainement. Le bras cybernétique ne flanche pas, sa poigne sur la garde est impitoyable. Alors c'est l'épée qui se brise contre le mur. Enguerrand a déjà mis un espace entre lui et son adversaire. Épée en main, toujours prêt à se battre. Alors qu'elle vient toute seule de se désarmer. Il attend de voir la réaction de la petite.

Le bruit de l'épée qui explose contre le mur en métal fait un bruit assourdissant, un crissement désagréable qui la crispe d'avantage, alimente sa colère. D'un mouvement de poignet elle change la position de l'épée dans sa main, les quelques centimètres restants de lame vers l'arrière.

«Si j'étais un ennemi tu serais déjà morte, gamine, tu penses pouvoir compter sur la pitié de tes adversaires pour survivre ? C'est pathétique, attaque ! »

D'un bond souple elle se sert du mur pour se propulser sur l'homme qui s'est éloigné. Avec un rugissement elle continue à attaquer, se faufilant au plus prêt de son adversaire pour tenter de parer sa garde infaillible, enchaînant les coups de pieds, de poings, aidée par le couteau improvisé. Elle est rapide, indéniablement, ses attaques incessantes suffiraient à déstabiliser ou essouffler n'importe qui, mais pas lui, de toute évidence.

Elle ne comprend pas et ne sait manifestement pas reculer. Elle ne vivra pas longtemps avec cet état d'esprit. Les survivants sont ceux qui acceptent la défaite et ne se laissent pas tuer. Qui a parfois mordre la poussière et à faire profil bas. Enfin pour les bretteurs en tout cas. Elle a la hargne qui sied à un capitaine pirate. Mais définitivement pas les qualités pour bretteuse d'exception. Parce qu'elle va se faire tuer avant.

Il pare sans transpirer et finit par frappe avec un geste fulgurant. Son poing cybernétique la prend au dépourvu et s'écrase sur la cuisse de la petite. Les muscles sont compressés avec violence par l'acier et la jambe est temporairement inutilisable. Il se recule pour regarder à nouveau la réaction de la petite.

Sa jambe se plie et elle chute, un genoux au sol, le membre tétanisé par la violence de l'impact. Elle souffle bruyamment, prenant conscience de sa respiration rendue sifflante, d'avantage par fureur que par fatigue. Elle lève les yeux vers l'autre homme, déstabilisée.

Le voir d'en bas le distancie encore d'avantage. Comme un rêve impossible à atteindre, une figure lointaine, un mirage. Elle se savait loin d'être à la hauteur, mais sa défaite est cuisante alors même qu'il ne semble même pas affecté par l'échange. A quoi pensait-elle en voulant l'impressionner ?

Elle serre la mâchoire alors qu'elle se redresse en titubant, se gardant de prendre appui sur sa jambe meurtrie. Elle lève son épée d'une main un peu plus molle tout en grinçant entre ses dents :
- Je peux continuer.

Il note la main et la tension dans son corps qui parait plus molle. Une feinte ? il ne sait pas mais compte le découvrir. D'un pas rapide il avance et frappe de toute sa force. Le geste est facile à percevoir et la menace réelle. Avec son petit morceau d'épée il convient d'esquiver. En fait elle n'a pas le choix. Et alors qu'elle parvient difficilement sur une jambe à sortir du champ de l'attaque violente elle s'aperçoit qu'Enguerrand a un coup d'avance, voir plusieurs. Froid comme la glace il a profité de son élan pour se retrouver au contact et cette fois il se contente d'un coup d'épaule peut violant mais placer parfaitement pour l'envoyer rouler au sol. Il vient suite poser un pied sur la main tenant l'épée.

- c'est pas mauvais pour ton âge. dit-il en la comparant mentalement à Jillian.

L'enchaînement rapide lui fait cligner des yeux et elle n'a le temps que de penser "Putain." avant de rouler par terre. Elle papillonne plusieurs fois et fini par grimacer en avisant Enguerrand au dessus d'elle, triomphant sans en avoir l'air. La jeune pirate aborde son plus bel air boudeur, vexée comme un poux, avant de rougir très violemment à l'entente de ce qu'elle décide de prendre comme un compliment.

Avec un petit bond, elle se redresse à la hâte, un grand sourire plaqué aux lèvres et retrouvant tout son entrain habituel :
- Ouep, on m'a déjà dit que j'étais pas mal douée ! Les gars à l'abordage -sur un sloop, vous connaissez certainement pas, le Gladios qu'il s'appelle, j'y étais deux ans, v'savez ?- ils disaient que j'étais comme une flèche ! Rapide et mortelle !

Elle mime un mouvement de lame et un coup de pied retourné, manque de trébucher en s'appuyant sur sa jambe abimée, et se calme un chouia :
- J'suis un bon élément avec une épée, M'sieur de Cassagnac. Vous avez raison vous savez, je fonce un peu trop et je pense pas assez, mais j'peux apprendre si vous voulez bien m'enseigner ! Vous êtes le meilleur après tout.

Elle le regarde de ses grands yeux ambre brillants de fierté et d'attente ; ses joues toujours un peu rouges et son bonnet de travers lui donnant 5 ans de moins.

- je peux t'apprendre ... mais il faut changer ton caractère si tu veux devenir une grande bretteuse. Au combat i n'y a pas de place pour les émotions. Tout est analyse et réflexe. Seuls ceux qui survivent apprennent. explique le dangereux pirate. Pourquoi tu as quitté ce navire ? demande Enguerrand.

La petite est beaucoup trop dans l'émotion, une boule d'énergie désireuse de bien faire et têtu comme une mule. Généralement ils meurent tôt, comme des héros ou stupidement, c'est très variable. Mais s'il lui met du plomb dans la tête.. on ne sait jamais.

Pas d'émotions. Analyse. Réflexe. Ok. Ça semble pas trop dur non ? Les réflexes elle les a déjà. L'analyse ... Ca viendra. Les émotions ... Elle incline la tête de côté en observant son géniteur, il semble bien maîtriser le sujet. Elle se crispe un peu à l'entente de sa question, peu certaine de comment avancer la chose, vraiment pas fière de ce qu'il s'est produit, aussi.
- Le Gladios ... C'était un bon équipage et tout ... Mon premier vaisseau pirate ! J'ai tout appris là bas ... Même si c'était pas le plus ... Correct, niveau piraterie ... C'était bien. Vraiment bien. Je suis partie ... Sur décision du Cap' en fait.

"Je ne veux pas te perdre Daya. Je préfère te savoir loin et vivante qu'assister à ta mort, et à la nôtre de fait, à bord."
- J'ai désobéi, alors qu'il voulait me, -nous, protéger. Je l'ai défié ... Souvent. Et puis il m'a banni.

Elle se gratte à nouveau la tête, un peu morose et embarrassée.
- C'est une erreur que j'ai bien comprise, M'sieur. On écoute son Capitaine.

Les pirates ne sont définitivement pas les personnes les plus obéissantes de la galaxie et de Dorado, donc pour qu'un capitaine la dégage c'est sans doute qu'elle a poussé le bouchon trop loin. Ce qui arrive souvent aux Flammes aussi flamboyantes.

Je m'en fiche de ça. Le capitaine fera régner sa discipline, ce qui m'importe c'est la discipline en combat. Obéir et être capable de rester calme pour ne pas entrainer des collègues à la mort parce qu'on a soudain envie de venger un ami. C'est un travers pirate, je déteste. explique le pirate.

Elle fronce un peu les sourcils, se renfrogne, fait le poisson avec sa bouche. Peu sûre si son intervention lui vaudra les faveurs de son père, certaine du contraire, mais en même temps ça la démange ...

- Les morts doivent être vengés ! C'est ... La justice pirate ! C'est ce qui nous donne la force de continuer à nous battre. La rage. Vous allez dire que j'suis jeune, c'est vrai hein, mais j'en ai vu des gars se faire éventrer. Les boyaux qui volent partout, les mecs qui pleurent les pertes ... Bah aucune de leur mort n'a été inutile. Ma plus belle mort, ce sera au combat ! Pour la liberté, M'sieur de Cassagnac, pas seulement la mienne, celle de tout l'équipage !