Au secours ? [Theo]

T’aurais peut-être pas dû venir.

C’est ce que tu dis à chaque seconde qui s’égraine alors que tu essaies gentiment de faire comprendre à ces deux mecs qui sentent beaucoup trop l’alcool que…

Non, t’es pas intéressé.
Non, tu vas pas rentrer avec eux.
Non, pas non plus dans la ruelle, par Calypso !
Non, toi, tu veux juste vérifier que la personne que tu cherches, elle est pas à l’intérieur.
Non, t’as pas besoin d’escorte.
Non, n’approchez pas plus.

S’il vous plaît ?

T’es toute pâle, définitivement mal et dans ta capuche, Hilton commence à émettre des sons peu jouasses, plus déterminé que sa maîtresse à faire comprendre aux deux abrutis qu’il faut vous foutre la paix.
Tu tressailles quand une main trop forte pour toi se referme sur ton poignet, prête à te tirer va savoir où pour faire des choses que tu ne veux même pas imaginer. Tu protestes, ta voix étouffée par l’angoisse ressemblant à celle d’une minuscule souris alors que tu tires sans résultats pour te libérer.

T’aurais pas du tout dû venir ici.
Au secours…

P'tite tenue décontractée. Un jog', un tee-shirt tâché, mes bottes de boulot, et rien d'autre. J'fais mon footing du matin, dans les rues d'Hope. J'suis là pour des rendez-vous pro, comme d'hab. Mais là j'suis libre aujourd'hui, 'fin normalement. J'entends des couin'ments d'rats, j'tourne la tête. Une gosse, deux gars. Classique. J'les emmerde, j'suis pas nounou. Si elle peut pas s'démerder seule, 'l'a qu'à pas s'foutre dans c'genre de merde. Et j'cours d'puis vingt minutes. Si j'arrête maint'nant, ça va tout foutre en l'air.

Et là. Là l'gars, un des deux connards, il dit un truc.

Vous êtes toutes des salopes.

J'te fais un d'ces demi-tour fissa, un truc de dingue. Fais chier, mon footing.

- Eh, l'sac à merde. Qu'est-ce' t'as dit, là ?

T'es dans un milieu de pirates, oui, mais avec une femme Capitaine et de sacrés caractères chez les membres féminins de l'équipage, ce genre de commentaires, t'en entend pas tant que ça. Pour le coup, ça te fige. Et t'as envie de lui dire. Que non, c'est faux. Vraiment très faux et que lui, c'est qu'un immonde sale type pour te tenir, insister et vouloir ça de toi.

Mais t'arrives pas à le dire et c'est tellement frustrant. T'en pleurerais de frustration, mais aussi de peur. Parce que t'as tellement peur.

Tu tressailles en entendant une voix féminine pas très commode, tourne la tête vers la femme qui approche... Et que les types envoient balader... Pire, proposent de venir elle aussi, qu'elle en aurait bien besoin.

Ils devraient pas. Ton regard observateur, il a déjà capté qu'elle était pas très commode la dame et qu'ils devraient vachement pas la chercher.

J'roule des yeux, et j'fais l'bruit d'un buzzer.

- HIN, mauvaise réponse.

J'm'approche d'lui. Deux pas, très grands, et ma main d'métal vient assommer l'premier, se r'ferme sur la gorge du con.

- J't'explique la situation mon cochon. J'en ai rien à batt' qu'tu t'vides les couilles dans une mioche. C'pas mon problème. Mais c'à cause de gros machistes de merde comme toi qu'c'est si dur d'être une femme, et ça mon biquet, ça, c'passible de la peine capitale dans mon monde à moi. Et en plus, t'm'as obligée à arrêter mon footing. Alors ç'va être très simple, ouvre grand tes oreilles d'enculé, j'le r'dirai pas cent fois.

Ma main t'jours sur sa gorge, j'prends un peu d'élan, mon poing l'frappe une première fois dans la gueule.

- On.

Deuxième coup.

- Ne parle.

Troisième.

- Jamais.

Bim.

- Des femmes.

Encore.

- Comme.

Et encore.

- Ça.

Sa gueule est explosée, ma main aussi.

Okay.

Elle est pire que pas commode, elle est effrayante. Très effrayante.

T'as à peine le temps de reculer qu'un des types est assommé, l'autre à une main en train de l'étouffer... Et tu profites de ta nouvelle liberté pour t'éloigner... d'au moins 5 mètres. T'espères vraiment qu'elle va pas t'assommer aussi parce qu'ils ont parlé des femmes comme ça en te parlant.

Et puis c'est glaçant. Tu veux pas que personne se foute qu'un type comme ça se... ..............

En toi.

Et elle frappe. Frappe. Frappe. Il y a du rouge partout, mais c'est vachement moins joli que le Ni'huan. T'es toute pâle, un peu tremblante, incapable de bouger alors que tu regardes et qu'en même temps, tu voudrais pas regarder.

Tétanisé.

Quand j'le r'lâche c'fils d'pute, il tombe comme une p'tain de mouche. Pouf. J'lui crache d'ssus, et j'fous un coup d'pied dans son pote.

- J'vous emmerde.

J'essuie ma main sur mon jogging, et puis j'lève les yeux vers la mioche. Elle a pas l'air bien. Sans déc.

- Toi là. Qu'est-ce qu'tu foutais là avec ces deux connards ?

Très très terrifiante.

Tu tressailles quand elle te parle. Oui, toi là.
Tu déglutis, cherches un peu tes mots avant de couiner à ton grand désarroi.

-... J... J'cherchais quelqu'un e..et ils m'ont abordé.

Tu voudrais rentrer dans le sol. Très loin. Hilton l'entend pas comme ça, toute ébouriffée et prête à coller des coups de griffe au premier qui revient encore essayer de te faire du mal. Même la femme, là.

Ce qu'elle est courageuse -et un peu inconsciente-, la petite mo'eylan !

- T'cherchais quelqu'un et y t'ont abordé hein ?

Sans déconner. J'fais un pas en sa direction.

- Y t'ont abordé, et donc toi, tu t'es laissée faire, c'bien ça ? Tu t'es laissée faire parce qu'ces gars-là sont au moins dix fois plus forts que toi, et qu't'as jamais appris à t'battre. T'as jamais appris à t'battre mais t'viens quand même t'perdre dans c'trou à rats infesté d'connards.

Elle a l'air terrifiée. Ca c'plutôt drôle, même si j'fais pas si peur que ça, merde.

- J'm'en branle d'tes raisons. J'm'en branle de si c'ton kiffe de t'faire baiser par des pervers dans des ruelles sombres. T'es libre ma grande. Sauf pour une putain d'choses. T'as pas l'droit d'te laisser traiter comme ça par des types qu'ont une bite à la place du cerveau, t'entends ? On s'bat pas tous les jours pour les droits d'la femme pour que des mioches sans cervelles ruinent tout.

Elle avance vers toi. Un pas. T'as envie d'en faire dix pour t'éloigner, mais t'es tétaniser comme un foutu ikaneegh devant les lumières d'un speeder... Avec tes yeux qui s'agrandissent au fur et à mesure qu'elle te parle. Et qu'elle dit des choses vrais, des choses blessantes avec des mots qui te feraient grimacer et te détourner d'embarras.

Sauf que pour le coup, t'as surtout envie de pleurer. Et que tu te retiens. Tu veux pas pleurer devant elle et avoir l'air encore plus pitoyable que t'as déjà l'air. Tu sais pas quoi répondre. Rentre lentement la tête dans les épaules.

On dirait une victime. Tu détestes ça.

- D... désolé.

Et t'as tellement pas l'impression que c'est la bonne chose à dire.

- Désolé ? T'es désolée ?! Pas autant qu'moi, ouais. Non mais secoue toi un peu, merde ! J'rêve là. Si t'es assez grande pour t'faire baiser, t'es aussi assez grande pour assumer tes conn'ries.

J'fais un geste d'la tête vers l'sol.

- Allez, t'me fais dix pompes, ça va t'faire les pieds.

Mais. Mais... Justement ! T'es pas "assez grande" pour te faire b... Brrrrrrrrrr.

Tu cherches répondre, elle te pointe le sol. Tu regardes le sol. Elle pense elle aussi que tu devrais t'enterrer ?

Ah. Non. Pire. Ta mâchoire en tombe légèrement.

- h...hein?

- Allez bordel, j'pas toute la journée ! Dix pompes, et si t'insistes, j'te fais faire dix putain d'pompes de plus, et ça va augmenter comme ça. Alors soit tu bouges ton cul, soit j'te jure que ça va être très long.

Et j'rigole pas là. Elle va voir c'te mioche, si elle peut s'en prendre à la cause d'la femme comme ça. Y a un des deux connards qui bouge un peu, j'lui remets un coup d'pompe dans la gueule.

- Allez hop, et qu'ça saute !

Ok. T'as visiblement pas le choix.
Mais t'as jamais fais ça. Tu baisses encore les yeux... Déglutis.
T'as déjà vu d'autres le faire. Aller. Plus vite c'est fait, moins la dame terrifiante va rester longtemps et tu pourras aller passer le reste de la journée dans une couverture avec une série et des gâteaux.

Tu t'abaisses, prends à peu près la position que tu penses bonne, essais de te soulever.
Calypso. Faut en faire 10 ?! T'arrives à peine à en faire une !

Aller. Une de plus, tu trembles, se mord la lèvre en essayant toujours de pas pleurer.
Oh, une fois dans ta couverture, tu vas pleurer. Là faut que tu te retiennes !

J'la r'garde faire.

- Allez gamine, un peu d'nerfs. Contracte les abdos ! Contracte moi ça ! C'pas avec ton corps d'larve qu'tu vas pouvoir mieux t'défendre la prochaine fois !

J'm'approche, j'replace un d'ses pieds pour qu'ce soit un peu moins serré, et j'mets mon pieds sous son ventre.

- Soulève-moi ça, allez.

Les abd-quoi ?!
Calypso, il est un peu confo, ton corps, mais c'est pas une larve... Bon, t'es pas très sportive...
Mais quand même !

Après, est-ce que tu vas répliquer à cette femme ?
Oh que non.

Tu tressailles quand elle replace ton pied avant de mettre le sien sous ton ventre... Une seconde, t'as eu peur qu'elle te frappe... Mais non. Tu pousses encore pour te soulever en serrant les dents pendant qu'Hilton apprécie moyen tout ça, observant la femme en rabattant ses oreilles vers l'arrière, sifflant légèrement.

- Voilà, c'mieux comme ça. Tu vois qu't'es capable d'faire un truc gamine. Allez, plus qu'huit comme ça. Faut d'la volonté, allez, allez, allez. Plus vite que ça.

Et j'regarde son chien qui siffle à côté.

- Si ton chien m'attaque, j'lui apprends à voler au-d'ssus des toits, tu piges ?

Encore 8. T'as l'impression d'en avoir déjà fait dix mille. Minimum. Tu souffles, encore une... Ah !

Tu grimaces.

- C... c'pas... chien.

Elle est terrifiante, sadique ET myope. Mais t'es pas dans une ruelle.
Ouais, mais t'es pas bien pour autant. Tu veux juste faire les sept derniers et courir à l'Albatros. Et plus jamais descendre sur Hope. Au cas où.

Encore une... Merde. T'as chaud. Et t'as du mal. Et tes bras, ils t'en veulent tout plein !

- J'm'en branle de c'que c'est. Allez, encore six.

J'l'accompagne avec mon pied d'ssous son ventr'.

- A ton âge, j'savais d'jà en faire plus d'cent.

Et j'enlève mon pied, j'me mets en position d'pompe, et j'descends, puis j'remonte.

- Descends bien jusqu'en bas, faut qu'ton p'tain d'ventre il touche l'sol, t'entends ? Comme ça.

Cent?!

Mais tu pourras jamais en faire cent !!! Et elle commence à faire des pompes à côté de toi, tu la regardes avec de grands yeux... Et essaie de baisser autant... Tes bras tremblent de plus en plus. Te lâchent.

- hmpf!

Mince. Faites qu'elle ne t'en rajoutes pas ! Tu reprends ta position, remontes encore.
Descends... Remontes.

Elle s'casse la gueule. Mais elle abandonne pas. Elle revient sur ses bras, réessaie. J'fais les pompes en même temps qu'elle. C'pas utile que j'fonce comme une tarée, hein. J'sais d'jà qu'j'suis mille fois meilleure qu'elle. Nan, cent mille fois meilleure qu'elle.

- Encore quatre, allez. C'pas mal ça, t'vois qu'tu sais faire.

Ah. Et maintenant elle t'encourage ?

Quatre. Bref. Deux cent mille, quoi.

Un. Deux. HMPF, d'la terre ! Argh ! Trois.

Juste. Une autre.

Merde, t'es en sueur. C'est débile. Tu veux une douche avant ta couverture.

Quatre.

Pas question de rester plus à terre que ça. Tu te redresses, légèrement chancelante. Souffle court. Hilton semble apprécier, se blottit dans ton cou en jetant un regard pas commode à la femme.

Elle finit par arriver au bout, j'me la pète en m'relevant en un saut bien contrôlé, et j'la r'garde.

- Pas mal gamine. T'sais courir ? On va faire un p'tit tour en courant pour finir ton échauffement. Allez.

J'indique la direction avec la tête.

Ça semble beaucoup trop facile pour elle. Toi t'es au bout de ta vie... Et agrandit vivement les yeux devant ses paroles...

Avant de secouer la tête en petites négations rapides.

Oh. Non.

Pas courir.

- Je... faudrais qu'j'rentre...

Très convaincant.

J'regarde ma montre.

- Pas question, t'rêves. Ces gars-là en aurait eu pour au moins trente minutes avec toi, voire plus. J'te r'lâche pas avant. T'as foutu en l'air mon footing avec tes conn'ries, alors j'vais m'assurer qu'tu sois plus jamais en mesure d'le refaire.

J'la r'garde, j'plaisante pas.

- J'ai dit allez.

T'as pas besoin qu'on t'en reparle. Tu grimaces en détournant le regarde... Et puis ça fait sacrément long à courir... Tu me mords la lèvre... Tressailles au ton qu'elle a. Elle rigole pas.

Toi non plus, remarque.

T'inspires un coup... Et te mets en branle, cherchant une cadence que tu pourrais garder... un peu ?