Au secours ? [Theo]

Elle choppe mon poignet. Pas hyper fort, m'enfin, ça f'ra l'affaire.

- M'lâche pas, et r'garde bien.

J'fais tourner mon poignet d'un coup brusque et j'me libère. J'la r'garde.

- M'lâche pas, j't'ai dit. Reprends l'poignet.

Tu écoutes, regardes, attentive. Enfin curieuse de voir comment elle va faire.

Oui, parce que savoir te libérer d'une poigne pour te carapater, c'est sacrément plus dans tes cordes.

T'agrandis les yeux quand elle se libère sans grand mal... t'es pas sûr de comprendre très bien comment elle à fait... Mais quand elle te dit de le reprendre, tu obéis, serrant plus fort.

Ne pas lâcher.

J'refais l'même mouvement. Mon poignet est libre.

- T'as capté ou pas ? S'agit pas d'tirer, mais d'tourner et d'passer ta main sur l'poignet d'ton agresseur. A mon tour.

Sans attendre qu'elle m'donne son accord, j'rechoppe son poignet, fort.

- T'tournes et t'passes sur mon poignet.

Ça semble tellement facile quand elle le fait...

Tu hoches doucement la tête en l'écoutant...

- Oui, j'pense.

Elle t'attrape encore le poignet, tu cherches à imiter le mouvement... avant de comprendre. Là, l'espace où les doigts rejoignent le pouce. Tu tournes, passe ton poing au-dessus de son poignet... Et là ! Tu tires en utilisant le coude et te retrouves libre.

OH.

Et là j'souris.

- T'vois qu't'es pas si sotte qu'ça, quand t'veux. Allez, on r'commence une aut' fois et j'plaisante plus.

Et j'la choppe pour d'bon, comme f'rait un agresseur d'merde.

Elle a souri.

C'est possible ?!

Tu la regardes, trouvant pas son "compliment" très agréable... Et tressaille quand elle attrape ton poignet aussi fort. Un peu comme l'homme plus tôt. T'as toujours envie de reculer en tirant, mais tu te laisses pas faire et cherches à répéter la manœuvre. C'est vachement plus difficile, mais tu finis par y parvenir avec une petite grimace.

En vrai, c'est toujours ça de gagné. Même si tu veux juste rentrer. Peut-être qu'elle te laissera filer maintenant ?

Elle galère un peu mais elle y arrive, c'déjà ça, enfin j'crois bien. J'lui fais pas d'cadeau alors bon, c'plutôt bon signe qu'soit libre. J'marche autour d'elle, l'bras derrière l'dos.

- C'pas trop mal gamine, c'pas trop mal. S'tu t'entraînes un peu t'pourrais être plutôt capable d'te casser la prochaine fois. Et...

J'lui saute d'ssus, dans son dos, j'l'entoure d'mes bras comme si j'voulais la kidnapper. J'fous une main d'vant sa bouche, d'l'autre j'la tiens ferm'ment.

- T'fais quoi là ? Hein ? T'fais quoi ?

Tu la suis du regard, mais elle disparaît derrière ton dos et ça te met mal à l'aise... Ce qui semble plutôt légitime vu qu'après t'avoir presque complimenté, elle te saute dessus, te faisant couiner de surprise.

C'est fini, elle va te tuer. Beth va te chercher et jamais te trouver.

Tu paniques net, plante les dents un grand coup dans sa main en te tortillant dans tous les sens.

L'goût du sang explose dans ta bouche, te donne envie de cracher, de vomir, mais pas possible. Elle va t'étouffer si elle vire pas sa main !

Elle mord la p'tite garce. Elle mord fort, même. J'la tiens t'jours, j'la lâche pas, et j'rigole même.

- C'pas mal gamine, c'tout c'que t'as dans les dents ? Allez, t'mords plus fort qu'ça, et ton coude ! J'suis super mal placée là, j't'agresse d'dos. C'quoi tes armes ? C'QUOI TES ARMES HEIN ?!

Elle est complètement dingue ! Tu te tortilles de toutes tes forces, t'as du mal à réfléchir. Tu serres plus les dents, t'as l'impression que tu vas finir par partir avec un bout de chair. Pourtant, elle lâche pas. Elle rit, te dis des trucs que tu peines à comprendre. Elle cri.

Coude.

Ton pied écrase le sien.

Coude ?

Et tu lui colles enfin un coup de coude. Maladroit et paniqué.

Tu veux juste t'en aller. Et vite. Qu'elle te lâche et que tu partes !

P'tain elle mord bien la môme. J'vais avoir une sacrée marque. Pas intérêt qu'ça m'empêche d'bosser correct'ment. Elle met du temps, j'r'serre mon étreinte autour d'elle, j'pourrais lui faire tout c'que j'veux là. Finalement, elle s'met en mouv'ment. Elle m'écrase l'pied, m'fous des coups d'coude. Faible et un peu pathétique. M'enfin, c't'un début. J'grogne et j'étouffe un p'tit cri sous la douleur parce que bordel, ça fait quand même mal. Qu'on m'dise pas qu'j'suis pas dévouée, hein. Mais j'choppe son coude.

- Bonne idée, pas bon timing. Trop lente gamine.

J'lâche pas son coude, et j'lui fais une clé d'bras en la t'nant fermement.

- Pas mal l'pied, faut qu'tu foutes tout ton poids d'sus et qu't'enchaînes plus vite l'coup d'coude, en visant les côtes s'tu peux. Et c'pas mal aussi l'coup d'tête en arrière. Oublie pas non plus qu'les mecs ont une bite, et ça, c'est super sensible.

J'appuie sur son bras pour la faire s'coucher sur l'sol. Ma main pisse l'sang. Elle m'a pas ratée cette connasse.

- J'peux t'violer là, si j'veux. T'as d'la chance d'pas être mon genre. Mais tu t'es bien foutue dans la merde. T'fais quoi là, maint'nant ?

Tu paniques.

Tu lui fais mal. Tu détestes ça, même si tu l'aimes pas. Pour ta part, tu couines quand elle te fait une clef de bras, commentant tes tentatives pour la faire lâcher... Avant d'te forcer à t'coucher. Ton regard croise celui d'Hilton qui s'est probablement échappé d'ta capuche quand la femme t'as attraper par-derrière et qui maintenant t'observe, tapie derrière un débris, visiblement indécise quand à c'qu'il faut faire.

T'as du mal à réfléchir, tu t'contentes d'la regarder quelques secondes avant qu'les paroles d'l'autre t'détourne vite de la mo'eylan alors que tu figes, agrandissant les yeux. Oh non.

Quoi faire ?!

T'en a fichtre aucune idée ! Il essaie de te débattre, mais ça fonctionne pas, tu t'fais mal au bras et l'découragement t'surpasse alors qu'tu craques pour finalement fondre en larmes.

- Lâche moi.

Qu'tu articules difficilement entre deux sanglots, complètement dépassée.

J'appuie un g'nou cont' son omoplate et j'tire sur son bras pour la bloqué avec mon poids. En plus elle s'met à chialer comme une gosse.

- C'pas en chialant qu'tu vas t'en sortir gamine. On est dans un quartier d'bouseux. Si j'te laisse aller seule, t'vas probablement t'faire violer, puis découper et ils bouff'ront ton cadavre. C'est c'que tu veux ? Hein ?!

J'appuie plus fort sur son dos avec mon g'nou. Bordel, c'que ça m'énerve les larves comme ça !

T'arrives pas à te retenir de pleurer. C'est juste trop. Trop. Trop. Trop. Et tant pis si ça la saoule, si ça la dégoûte, t'en peux plus, tu pleures. C'est tout.

Pas que t'en es fière, pas que ça te fait plaisir de finir dans cet état. C'est vexant, frustrant. Et en même temps t'as tellement peur et t'es tellement à bout.

Elle tire sur ton bras, ça fait mal, tu geins sourdement, n'arrive plus à te débattre sans que ça ne fasse que plus mal encore.

- a.. 'ache moi.

T'arrives pas à articuler. Tu voudrais juste que quelqu'un arrive, t'aide. Fasse de quoi. N'importe quoi.

Son comport'ment, c'vraiment d'la merde. P'tain encore une gosse d'merde qui va s'faire buter et humilier par l'premier v'nu. J'enfonce encore plus mon g'nou sur son omoplate et j'tords son bras pour la main'tnir tranquille.

- Ben vas-y. T'as qu'à m'faire lâcher. Utilise ton corps, merde.

Ça fait mal. T'oses pas bouger, t'as peur que ton bras lui reste dans la main. T'étouffes un son douloureux, toujours secoué par des sanglots que t'arrives pas à contenir.

- Sais... pas. l... ache moi.

Tu détestes ça. Tu la détestes elle aussi. Bon sang, tu veux rentrer ! Tu manques de souffle, tu vas finir par suffoquer !

- Nan gamine, j'vais pas t'lâcher. J'suis pas pressée, on peut rester longtemps comme ça. C'toi qui choisis. Moi j'm'en branle, t'entends.

J'm'en branle mais j'suis p'tain d'agacer par c'te mioche sans couilles qui s'en sortait pas si mal qu'ça et qu'est juste une p'tain d'larve au final. Tellement agacée qu'j'appuie d'plus en plus sur son bras qu'j'tords d'jà comme une malade.

Elle veut pas. Tu vas rester coincé là tant que t'arriveras pas à la repousser. Elle n'a pour réponse qu'un lourd sanglot avant qu'elle rende la prise sur ton bras plus désagréable qu'elle l'est déjà. Trop désagréable. Tu lâches un cri quand ça craque avant qu'il ne se noie dans davantage de sanglots.

Ça fait mal. Ça fait tellement mal. T'arrives même plus à réfléchir, tu cherches ton souffle, incapable d'articuler quoi que ce soit.

Et ça fait crack. Et elle chiale encore plus. Bordel j'arriv'rai à rien avec c'te gamine. J'soupire. J'crois qu'son bras est cassé. Alors j'la lâche. J'suis pas non plus un monstre.

- Oh ça va hein. Ca s'rait jamais arrivé si t'avais mis un peu du tien, gamine. Et un os, ça s'répare. Estime toi heureuse qu'j't'ai pas arraché l'bras. C'pas la même chose, crois moi.

J'la choppe par l'bras pas pété et j'la r'lève. Son bras fait un angle chelou.

- Quand on t'plaque au sol comme ça, faut t'servir d'la force d'l'autre, merde. T'as d'jà oublié tout c'que j't'ai dit ?

Elle t'lâche. Ton bras tombe sur le sol et tu couines ta souffrance. Tu comprends à moitié ce qu'elle te dit... Et t'aurais préféré ne rien comprendre.

Elle t'attrape te soulève, t'es blême de douleur, ton regard se baisse sur ton bras... S'écarquille.

La douleur, la vue de l'angle anormal de ton bras... C'est trop. Trop avec tout le reste. Ta vision se brouille, tu chancelles. T'as envie de vomir ton dernier repas. Un pas malheureux pour essayer de garder ton équilibre déclenche un nouvel éclair de souffrance et tout lâche. Ton cerveau se décommande avant même que tu ne touches le sol.

Et v'là qu'elle tombe dans les pommes maint'nant. P'tain, j'me s'rai foutue des claques si j'avais été comme ça à son âge. J'soupire. Elle s'est sûrement fait mal en tombant, en plus. P't'être qu'j'aurais pu la rattraper. Bah, c'trop tard. Tant pis du coup. J'prends l'temps d'm'allumer une d'mes clopes tordues. J'tire deux taffes et j'l'éteins avant d'la remettre dans l'paquet. Puis j'choppe la mioche comme un sac. T'façon c'pas elle qu'va s'en plaindre. J'la tiens par les jambes, la tête en bas. Et j'pars vers l'centre ville. J'vais bien lui trouver une taverne.

Et d'ailleurs, c'est c'que j'fais. J'trouve une taverne qu'y a l'air potable, j'demande une p'tite chambre l'temps qu'elle s'réveille, j'paye un peu plus cher pour qu'le mec s'la ferme. Et puis j'vais déposer la belle au bois dormant dans l'lit. J'prends l'temps d'foutre un mot quand même.

"G payai la chambre. Va voir qqn pour ton bra"

Et puis j'me casse. J'vais pas la veiller non plus. J'suis pas une putain d'babysitter.

Tu te réveilles avec un son douloureux, tes yeux hagards s'ouvrant sur la bouille d'Hilton qui est coucher sur ta poitrine et te fixe. Tu grimaces, regardes autour... Écarquille les yeux et t'redresses vivement en te rappelant... De tout. Enfin, presque. Parce que ton bras, tu l'avais oublié et il se rappelle aussi vivement que douloureusement à ton souvenir, t'arrachant un petit cri alors que tu refermes ta main valide dessus pour le tenir contre toi, grimaçant.

Tu regardes autour, il n'y a personne. Tu hésites... Fini par remarquer le mot. Tu déglutis. Inspires et expires lentement... Puis sors ton Hcom pour voir l'heure et surtout savoir où tu te trouves. Tu veux rentrer le plus vite possible à l'Albatros... Et ne plus en sortir.

T'inspires, expires encore, te cherches du courage... Puis, lentement, tu te lèves alors que Hilton se faufile dans ta capuche, te tirant une grimace même si tu le laisses faire. Tu chancelles un peu, serres mieux ton bras... Avant de sortir de là, ignorant les regards qu'on pose sur toi alors que tu files hors de l'établissement pour retrouver le port et l'Albatros, secouant vaguement la tête quand les membres de ton équipage de garde devant la passerelle font mine de t'arrêter pour te questionner, ne manquant pas ton état. Non. Tu veux juste... Voir Hannabeth, puis En'theven. Et finir sous une grosse couette. Pas de bouffe. La douleur te passe ce genre d'envies.