Who are you and what do you want

Nous avions quitter notre dernier port il y a quelques jours déjà après avoir été récolter quelques provisions pour le Némésis. Les derniers mois avaient été... éprouvants. D'abord l'attentat sur la vie de Jillian, ma tendre filleul, puis la maladie de Jezabel... mais rien n'aurait pu me préparer à la nouvelle qui m'était tombé sur la tête il y a quelques temps: ma douce attendait un enfant...

Je ne savais toujours pas comment le prendre. Tant d'incertitudes m'accablaient. Comment cet enfant allait influencer notre relation ? Était-ce toujours possible d'être heureuses avec cet enfant dans nos vies ? Car oui, invariablement, il allait influencer la mienne. Jezabel était la femme que j'aimais, tout ce qu'elle traversait m'affectait aussi... Mais la plus grande question demeurait celle de cet étranger qui était monté à bord du Némésis... Cet "Enguerrand de Cassagnac"... Je ne savais pas qui il était, mais il ne m'inspirait guère confiance...

J'avais surveillé ses mouvements du coin de l'oeil depuis quelques semaines déjà. J'avais remarqué sa proximité avec Jezabel... Éventuellement, j'ai compris qu'il devait être le père de cet enfant que ma tendre attendait. Cette nouvelle ne fit qu'accroître toutes inquiétudes que je m'étais fait à son sujet. Ça me rendait folle... Qu'était ses véritables intensions ? Allait-il envahir nos vies, à Jezabel et moi ? Ces questions bourdonnaient incessamment dans mon esprit, presqu'à m'en rendre complètement dingue. Si cela continuait, je craignais vraiment d'y perdre l'esprit...

Alors je l'ai attendu, devant la porte de sa cabine. Elle se trouvait à proximité de la mienne après tout. Je me suis appuyé contre la porte, les bras croisés, la tête baissée jusqu'à ce que j'entende le bruit de ses bottes approcher. Mes yeux rencontrent alors les siens, sérieux et froids.

- On doit s'parler...

Je me décolle de la porte, reculant pour l'inviter à passer la porte de sa cabine.

Enguerrand s'acquitte de sa mission. Après tout il est bien payé et il n'a pas trop de travail pour le moment. Juste rester proche de la capitaine et demeurer vigilant. Ensuite il ne compte pas passer non plus sa vie collé à elle. Rapidement ça deviendrait inconvenant et lourd. Alors il s'assure d'être présent dans les moments importants. Pour le moment elle se repose dans sa cabine et n'a donc pas besoin de lui pour ça.

Il arrive pour rejoindre sa propre cabine et tombe sur la Second. Il ne la connait pas, parait qu'elle est mystique. Pas qu'il soit vraiment superstitieux mais il fait attention tout de même. Elle n'a pas l'air d'être totalement mo'at mais il note surtout le fait que comme la capitaine c'est une femme qu'il est difficile d'oublier. Intense et vivante. Elle lui jette un regard froid et lui répond de ses yeux neutres et charriant la glace de la banquise.

devoir ? qu'il demande alors.

Il ne saisit pas vraiment ce qui nécessite une discussion entre eux. Mais elle a l'air de prendre ça à cœur. Il s'avance pour ouvrir sa cabine et entre. La pièce est petite, il n'a pas besoin de beaucoup d'espace, parfaitement rangée elle démontre l'esprit méthodique mais surtout très discipliné de son locataire. Elle n'est pas immaculée sans être sale, ce qui montre qu'il n'est pas maniaque non plus. Un juste équilibre semble-t-il. Il tire un cigare et l'allume en suivant son rituel. Gestes précis comme toujours.

Je grimace légèrement à la froideur de son regard. En même temps, fallait s'y attendre avec la tronche que je lui tirais. Je le suis quelques instants après dans sa cabine, prenant soin de refermer la porte derrière moi. Je m'adosse ensuite contre celle-ci, croisant les bras de nouveau sur ma poitrine.

- J'vais faire vite. On a sans doute tous les deux mieux à faire en ce moment alors j'vais pas passer par mille chemins: je suis au courant pour votre précédent "engagement" que vous avez eu avec ma-... avec la capitaine... et je suis également au courant de ce qui en est découlé.

Je me décolle de la porte, effectuant quelques pas vers lui.

- La raison pourquoi je voulais te parler... c'était pour savoir quelle était tes intensions envers elle ?

Je le sonde du regard, tentant de lire dans ses yeux glacials qui me rappellent étrangement ceux de Jezabel.

Elle vient pour le questionner sur ses intentions. Sérieusement ? Il hausse un sourcil cherchant à comprendre ce que lui veut vraiment la femme en face de lui. Déjà elle ne le drague pas ce qui est un bon point. Pour le reste il sent bien qu'il y a quelque chose qu'il devrait noter dans sa façon d'être mais c'est lié à des émotions et il n'est pas doué avec ça. Il se contente donc tirer sur son cigare et de laisser la fumée l'envelopper un peu.

- aucunes intentions. dit-il simplement.

Elle pose une question qui a l'air de lui tenir à cœur même s'il ne comprend pas pourquoi et la réponse est tellement simple qu'il se contente de répondre.

J'arque le sourcil, incrédule. Je ne suis pas convaincue de ses propos. Il devait bien y avoir une autre raison outre que la protection de la capitaine qui expliquerait sa présence sur le Némésis...

- Rien ? Vraiment ? Vous m'étonnez...

Je soupire doucement, réalisant que je me laisse emportée par mes émotions, mais comment faire autrement lorsque cela conscerne ma bien-aimée ? Je m'inquiète tellement pour elle, pour nous... et j'ai la profonde impression que cet homme dont je connais que le nom va tout venir bousiller.

- La raison pourquoi je viens vous déranger avec cette question, monsieur de Cassagnac... c'est parce que Jezabel et moi entretenons une relation plus qu'amicale... et j'ai besoin de savoir que rien ne s'interposera entre nous, si vous voyez ce que je veux dire...

Elles sont amantes et la second en pince pour la capitaine. C'est déjà plus clair quand c'est dit et il comprend mieux les émotions. Décidément ce n'est pas son truc. Les épées et les combats sont tellement plus simples que les relations sociales.

- toujours aucunes intentions. dit-il avec sa voix froide charriant des glaçons. vous avez des intentions concernant l'enfant à venir ?

La réponse a intérêt à être limpide. Chacun ayant son pré carré ici. Elle la capitaine et lui le marmot.

Mes yeux se froncent à la question de l'homme. J'étais partie pour lui dire que ça ne le regardait pas, mais je me suis ravisé, constatant que ce n'était nullement le cas. S'il était véritablement le père de l'enfant à Jezabel, ça le regardait, et il avait le droit de savoir ce qu'elle préparait pour l'enfant.

- J'honorerai les choix de Jezabel, et les vôtres par conséquent, conscernant l'enfant... Cependant, si Jezabel venait à changer d'avis, j'ai bien l'intension de m'occuper de cet enfant avec elle si elle choisit d'emprunter cette voie.

Nos regards se soutiennent toujours, impassibles.

- J'espère que cela ne vous inconvient pas.

Il n'est pas sur de vraiment comprendre ce que vient de dire la femme en face de lui. Mais il va devoir être clair pour le coup. Son ton est toujours neutre comme toujours. Sans doute le manque de charisme qui le caractérise. Il ne possède pas cette étincelle qui fait de Jaziel un être froid mais parfois craint ou respecté tel le blizzard. Lui est juste froid comme la banquise immobile... mais inéluctable.

- tant que vous ne vous mettez pas en travers de mon chemin et mes intentions pour l'enfant. dit-il avec sa voix charriant désormais des icebergs.

La fumée de son cigare s'élève autour de lui alors que la tension dans ses muscles vient d'augmenter d'un cran.

Je commence à moins aimer le ton qu'il emploie avec moi et ma stance vient se faire plus carrée. J'ai toujours été reconnue pour être quelqu'un de très protecteur, surtout lorsqu'il s'agissait de Jezabel et de sa famille. Il n'y a absolument rien que je ne ferais pas pour eux, pour assurer leur sécurité.

- Et quelles sont tes intensions envers cet enfant, si vous me le permettez bien ? Il faut bien que je les sache si je peux espérer les honorer...

Mes poings se serrent un peu plus sur mes bras croisés. La tension dans l'air est presque palpable.

- je vais honorer personnellement mes intentions pour l'enfant. Vous n'avez pas ce qu'il faut pour le faire. explique Enguerrand.

Il n'a jamais aimé discuter avec les capitaines et en fait encore moins avec les seconds. Ces derniers n'ont pas le pouvoir d'un capitaine mais se croit souvent aussi puissant. Et quand en plus il y a des histoires de coucherie alors les choses deviennent franchement irritante.

Je plisse les yeux. Ses paroles n'ont rien de rassurant et je commence à avoir du mal à masquer l'énervement et l'expression dégoûtée sur mon visage.

- Si vous vous êtes mis d'accord avec Jezabel sur ce que vous... "préparez" pour l'enfant, je peux difficilement m'y opposer... Mais que ce soit mis au clair...

Je m'avance de nouveau vers lui, lui sondant le regard avec un air sévère.

- L'unique raison pourquoi je tolère votre présence sur le Némésis c'est parce que vous êtes ici pour protéger Jezabel, et que la dernière chose que je veux, c'est que quelconque malheur lui arrive... Pour le reste, sachez que vous n'êtes pas le bienvenue. Jezabel est à moi, et je n'ai aucune intension de la "partager" avec qui que ce soit...

Mes yeux se font plus perçants alors qu'ils se plongent comme des dagues dans ceux d'Enguerrand.

Enguerrand ne cille pas. Ces yeux neutres et parfois sans vie le demeurent alors que la glace de son âme s'y répand. Il ne va pas perdre son calme pour si peu. Cependant il ne va pas non plus faire preuve de retenue puisque son interlocuteur aime le franc parler.

- Vous n'êtes pas capitaine, votre avis sur ma présence à bord ne présente donc pas le moindre intérêt. commence le Passeur de sa voix charriant la glace. Vous n'êtes pas la mère de l'enfant, ni son père, vous n'avez donc rien à dire sur son avenir. continue-t-il serein.

Elle s'est avancée pour planter ses yeux dans les siens mais se trouve se faisant dans la zone de confort d'Enguerrand. Physiquement il maitrise l'espace de bataille. Pour le reste il ne va pas débattre mais poser clairement son opinion.

- Votre relation avec la capitaine m'indiffère au plus au point et il n'est absolument pas dans mes intentions d'accaparer la moindre de seconde de son temps à mon profit. Je suis là pour l'enfant, et il se trouve que temporairement il ne fait qu'un avec sa mère. explique l'ancien légionnaire.

Il est dissert et très factuel pour le coup, visiblement il tient à ce que ses propos soient limpides.

Mon regard s'embraise, ma colère brillant de milles feu derrière mes prunelles brunes. Ça prend toute ma volonté pour ne pas lui envoyer mon poing à la figure et on peut visiblement voir mes muscles se tendre sous la rage qui brûle dans ma poitrine.

- Je ne suis peut-être pas la capitaine de ce vaisseau, Monsieur de Cassagnac, mais je suis seconde au commandement, et si vous croyez que ma parole n'a aucune influence sur les décisions prises sur ce vaisseau, détrompez-vous.

J'ai haussé le ton cette fois et on reconnait alors bien la fibre de leadership que j'ai su aiguiser au fil de mes années de service sur le Némésis. C'est en grande partie grâce à Jezabel qui j'ai pu parfaire à mon poste de seconde. Elle et sa mère ont toujours été de grands exemples de leaders pour moi.

- Et je n'ai peut-être aucun lien de sang avec l'enfant de ma bien-aimée, mais il fait partie de sa famille et par extension, de la mienne. Vous, en revanche, n'en faites pas partie, alors contentez-vous de compléter votre contrat avec la capitaine et tachez à ne pas entraver avec nos affaires personnelles...

Je pense que je me suis fait assez bien comprendre et ne vois plus l'intérêt de rester plus longtemps. La présence de cet homme est encore plus insupportable maintenant que je l'ai rencontré, tellement que je le bouscule d'un coup d'épaule tellement que je me presse à quitter ses quartiers, bouillonnante de l'intérieur.

Visiblement la seconde n'aime pas se sentir inutile et sans influence. Pourtant c'est bien la réalité pour ce qui a trait à la présence d'Enguerrand. Il sait que Jézabel ne prendra aucune décision sans lui et que la seule façon qu'elle aurait de le faire quitter le navire c'est en le tuant. Sauf qu'un capitaine pirate ne peut s'offrir luxe qu'un pirate connu comme lui disparaisse à son bord. Des gens viendrait poser des questions gênantes, des gens dangereux.

Elle se met en colère et décide de prendre congé de manière extrêmement mal polie même pour un homme comme Enguerrand qui n'aime pas faire énormément de manière pour prendre congé. Elle le bouscule au passage… enfin elle se heurte à un bloc de granit qui ne bouge pas d'un pouce. Son corps et son esprit agissent de manière réflexe lorsque la distance entre eux se réduit subitement. Ses yeux cherchent la menace, tandis que son bras droit se tient près à se déployer avec violence si nécessaire. Mais visiblement elle rebondit sur lui et tire sa route.

Pourquoi Jezabel a accepté cet étranger dans notre vie ? Cet ex-amant... Pourquoi suis-je contraint à devoir endurer sa présence sur le vaisseau ? Dans ma maison ? On ne m'a même pas consulté pour savoir si j'acceptais de l'embrigader sur le Némésis... Si ce n'était pas de cet assassin, Enguerrand de Cassagnac n'aurait aucune raison d'être ici... Toutes les frustrations ne faisaient que s'accumuler depuis des mois et j'étais à un point où je sentais le sang dans mes veines bouillir de rage.

Qu'ai-je bien pu faire pour mériter cet Enfer dans lequel je vis ?

J'entre dans ma chambre, explosant la porte ouverte. Tout semble soudainement se mettre dans mon chemin et je fais tout tomber, hurlant ma rage à plein poumons. En l'espace de seulement quelques secondes, mes appartements se transforment en un véritable champ de guerre, et lorsque j'ai finalement vaincu chaque ennemi imaginaire, je m'écroule au sol, la colère se faisant remplacée désormais pas la peine... Je n'ai toujours souhaité qu'avoir le bonheur, avec Jezabel, et notre grande famille qu'est le Némésis... mais tout était fichu maintenant, et j'étais complètement impuissante de l'en empêcher...