Quand le chat n'est pas là, les souris explosent [w/Eugène de Chateaubriand]

« Lâche moi Eugène ! C'est... C'est un ordre ! » cri-t-elle sur un ton qui commence à s'agacer.

Elle commence à se débattre des bras et des jambes, frappant le ventre et le dos de Loose canon, mais sans la moindre force. Difficile de dire si c'est du théâtre ou si ça l'énerve vraiment mais elle continue non-stop. L'indice et la clef pour le savoir, c'est le fait qu'elle "ordonne", ce n'est pas son genre du tout et elle a l'habitude de jouer à la petite capitaine uniquement pour rire. Elle ne prend pas ça au sérieux, pour l'instant.

L'adolescente s'arrête subitement et contracte tout ses muscles en avançant tout son poids vers l'avant et, profitant du fait qu'Eugène ne la serre pas trop fort et de son petit gabarit, se laisse glisser en avant. Touchant le sol elle roule avant de se redresser dans un mouvement, qui certes manque d'élégance, mais a été efficace pour s'échapper des griffes de l'artilleur. Jillian se redresse en projetant sa longue chevelure en arrière, encore un mouvement qu'elle utilise pour en rajouter, et tire la langue à Eugène en gonflant les joues et en soufflant de l'air pour faire vibrer ses joues blblblblblblbl.

« C'est grâce aux légumes ! »

Sa posture redevient normale, elle avance jusqu'à Eugène et lui tape dans le dos. Son ventre gargouille encore.

« Cuisine ? Je te garantis que je ne mangerais pas de légumes. »

Son choix risque plutôt de se porter sur des sucreries.

Étonné de voir la crevette se glisser entre ses bras et se retrouver à terre, Eugène lève les mains en l'air signe de paix.

"Ok ok miss j'te laisse sur la terre ferme du vaisseau."

Il se gratte le menton.

"Cela dit tu d'vrais vraiment faire gaffe à pas manger trop d'herbes. S'tu veux d'venir aussi musclé qu'moi faut manger des animaux."

Il plisse les yeux. C'est sorti tout seul. Il vient de se rendre compte que Bullet est aussi potentiellement un animal. Eugène balaye cette pensée d'un mouvement de la main.

"Bon pas TOUS."

Devant la cuisine, Eugène colle son oreille à la porte. Il préfèrerait ne pas croiser Anouk. Bullet n'est pas la bienvenue dans sa cuisine et il a déjà dit qu'il voulait la passer à la casserole, même pour rire. Eugène aime bien Anouk et il n'a pas envie de l'énerver. Pas encore au moins.

"T'amadoues Anouk s'tu le vois ? J'aimerais bien l'faire mais il dit qu'j'suis laid et ébréché."

Nous nous faufilons tous les deux près de la porte des cuisines et j'attends patiemment pendant qu'Eugène colle son oreille. J'ouvre ensuite la porte et je passe prudemment la tête dans le cadre de la porte. La cuisine est vide, parfait.

« Pas d'Anouk à l'horizon. Coast is clear Loose Canon. »

Je simule un son de talkie-walkie tshhh avec ma bouche en parlant en langage militaire. Nous sommes en infiltration de la cuisine et Anouk ne doit pas tomber sur Bullet. J'avance ensuite lentement dans la cuisine vide vers les tables et monte sur la première en vu en faisant mine de scruter les environs du regard pour m'assurer que personne n'est présent.

« Pas d'ennemis en vue, l'opération est un succès. »

Mon ventre gargouille de plus belle et je baisse la tête vers celui-ci en m'adressant à lui et en tapotant dessus.

« Oui, oui, j'ai compris. Allez, à table. »

Je me rue avec avidité vers les placards de nourriture sans attendre le maître artilleur et je dévalise tout ce que je peux embarquer comme sucrerie notamment plusieurs boites de gâteaux au chocolat. Puis je me retourne vers Eugène en me dirigeant vers les tables pour poser mon butin.

« Bah quoi ? C'est pas des légumes. »

"R.A.S pour l'arrière, on rapplique."

Il simule aussi un son de talkie-walkie défaillant et arrive, baissé, souple comme à son habitude. On voit ses dreads dépasser par-dessus les tables.

"T'as un estomac capricieux mad'moiselle."

Les petits sabots de Bullet cliquètent sur le carrelage de la cuisine. Ils ne sont même pas encore arrivés que la petite se rue sur les placards et arrive les bras chargés. Eugène est amusé, son regard brille, c'est un grand gamin et il aime se retrouver avec une grande gamine comme Jill, avec elle il peut être lui-même.

"J'suis fier d'toi. Un vrai r'pas sain et équilibré."

Il ne ment même pas, il fouille aussi dans un tiroir, prend un énorme couteau, attrape un saucisson qui pend et une planche.

"J'suis pas très chocolat ... enfin celui d'la guimauve j'aime bien."

Il se reprend en coupant un peu trop brusquement les dix premières tranches. Tout en lançant une tranche à son Kao, il réceptionne lui aussi les siennes en les attrapant entre ses dents.

"Est-ce que tu peux faire ça ?"

Regard de défi et grand sourire. Il lance trois tranches les unes après les autres avant de les croquer... les unes après les autres.