In darkness we do what we can

Combien n'est jamais une question évidente. Proposez trop et vous passez pour un faible qui n'a pas idée de la valeur des choses – et l'on ne vous respectera plus. Proposez trop peu et l'on pense que vous vous moquez et non seulement la transaction ne se fait pas mais en plus, la mission est compromise. Les gens vexés parlent. Il a longuement réfléchi à la question pendant que Leo travaillait sur lui et réuni une somme en doublon qui lui paraît correcte. C'est celle-ci qu'il pose doucement sur la table pour la faire glisser vers l'homme en face de lui.

« Il est possible qu'il s'attende à des ennuis. » rajoute-t-il. Un risque qu'il a pris en compte dans l'évaluation de la rémunération, bien entendu. Dans le cas contraire, et bien l'autre aura fait une bonne affaire en lui sauvant la vie et se rappellerait qu'un Jaziel vivant est plus rentable qu'un Jaziel mort.

Enguerrand prend la bourse, la soupèse et jette finalement un œil à l'intérieur. C'est une somme juste. Après se l'homme s'attend à beaucoup d'ennui ça risque de complexifier l'affaire. Surtout s'il a des moyens. Mais bon. C'est pas comme si Enguerrand était sans ressources. A Tortuga les hommes de mains rompent rapidement leur contrat si on leur explique qu'il va se déplacer. Et comme il n'est pas suicidaire il engage parfois lui même sa propre petite équipe triée sur le volet. Les pirates ne sont pas des mercenaires. Il n'y a pas de code d'honneur. Ils font souvent un travail parce qu'il savent les risquent limités. Ou par idéal.

- Qui ? demande finalement Enguerrand en posant la bourse devant lui.

Il a besoin d'argent alors il ne va pas faire la fine bouche. Mais il veut un nom avant. On est pas à l'abri que la cible soit beaucoup plus dangereuse que l'estimation du capitaine. Et dans ce cas là.... Il pourrait refuser ou demander une rallonge.

Enguerrand écoute et prend les éléments au fur et à mesure. La cible n'a pas l'air bien dangereuse. Mais si elle a commandité l'action ou en a fait partie... Alors des gens plus dangereux sont derrière. Le pirate se lève et regarde son vis-à-vis.

- quelqu'un pourrait vouloir le faire disparaître. dit simplement Enguerrand

Donc le facteur temps n'est pas à négliger. Il ne compte pas échouer dans sa mission, dans le pire des cas il pourra montrer qu'il a pensé à ce qu'il fallait faire.

- Autre chose ? qu'il demande au capitaine

Si les capitaines sont capitaines... C'est souvent parce qu'ils sont plus intelligent. Enguerrand se considère être un homme plein de bon sens mais ça ne va pas plus loin. On ne peut pas être supérieur dans tous les domaines.

Il hoche la tête. En effet, le facteur temps est à considérer. Il est encore plausible que les hommes ne soient pas revenus de leur mission mais plus pour longtemps et la réactivité du mercenaire est toute à son honneur. Il n'est pas de ces Capitaines qui exigent qu'on leur demande la permission d'aller et venir. Il lève les yeux sur le quadragénaire déjà sur le départ.

"Ramener notre homme est la mission première. Toutefois, si vous en avez le loisir ou si vous tombez dessus par hasard, je serais intéressé par son livre de compte et/ou les papiers qui traîneraient sur son bureau. Inutile de trier, je m'en occuperais. Voici l'adresse où il devrait se trouver."

Il tend un papier neutre avec une adresse imprimée, lisible et intraçable en cas de problème.

Enguerrand prend le dit papier et jette un oeil rapide dessus. Il le garde précieusement il n'est pas de ceux qui retienne facilement ce genre de chose. Il devrait. Mais ça voudrait dire qu'il est un mercenaire efficace. Et il est un pirate. Parfois à vendre. Mais un pirate quand même.

Je fais ça. dit-il simplement.

Il fait un petit signe de tête pour signifier qu'il s'en va et prend la route.