I look so good in black

Il n'y a rien que j'aime plus que passer mes permissions en boite. J'adooore les boites de nuit, l'ambiance, les corps qui dansent, la musique rythmée et les lumières psychédéliques. C'est aussi mon terrain de chasse préféré, loin de la rigueur du navire, et où toute forme de subtilité n'est plus qu'un luxe dont je me réserve le droit.

J'était vêtue pour l'occasion de ma tenue de soirée "BlackBerry", la plus affriolante de ma petite collection. Elle se compose très simplement d'une robe noire taillée pour mettre ma silhouette en valeur, exposant le buste jusqu'au cou, couvrant les bras de fines manches sombre mais transparente, tenant elles-même en place par un collier de tissu noir placé sur mon cou. La robe descend quand à elle jusqu'à hauteur de genou, mais s'ouvre cependant sur les flancs une dizaines de centimètre sous les hanches, dévoilant vaguement un porte-jarretelle maintenant en place mes bas noirs aussi opaques que mes manches.
Cette tenue ce complète avec des chaussures fermée à talons hauts et épais, un vernis obscur sur les ongles et un rouge à lèvre foncée.
Naturellement, j'avais quitté le vaisseau avec un long manteau cachant ma tenue, afin d'éviter des rapports indélicats, mais tout les établissement que je fréquente possède généralement un vestiaire où poser les vestes.

Avant de danser, j'ai pour habitude de me faire offrir ma première boisson par l'un des clients. Qu'il me l'offre ne lui garanti pas de finir sa soirée avec moi, bien que ce soit un bon début, c'est surtout à l'heure de danser que je valide mon choix. Aussi, je prend place au bord du comptoir avec mes plus belles postures de pin-ups, tournée vers la piste de danse et affichant un regard faussement désintéressée. J'avais remarqué deux filles plus loin au comptoir, attendant surement elle aussi qu'un prétendant leur offre un verre. Bien qu'elles ne soient pas vilaines, ma simple présence risquait de rendre leur chasse vaine. Poor girls.

Si j'en crois mon expérience, mon verre gratuit ne devrait plus tarder. Hu boy!

J'en avait marre, je voulais sortir, voir du monde, m'amuser, oublier l'espace de quelques heures les responsabilités qui m'incombait pour redevenir une jeune femme qui s'amusait, idéalement avec une copine. J'avais demander l'aval de Jaziel pour sortir, ne voulant pas manquer en cas de problème, et puis c'était mon capitaine, avant de déclarer à Catherine que nous sortions entre filles pour la soirée. Je l'avertis aussi que notre destination serait le Crust avant de rejoindre ma cabine pour me changer. Certes, je ne mettais pas de robe, mais je pouvais tout de même m'habiller plus classe que dans mes tenues du quotidien. Par contre, ce que je n'avais pas prévu, c'était le paternel qui n'était pas d'accord avec mon idée de sortie. Ce qu'il se passa dans la cabine, y reste, mais des éclats de voix furent échangés et il partit en claquant la porte, grommelant contre sa fille indigne et irrespectueuse tandis que moi je ressortais bientôt, prête pour la soirée. J'avais enfilé une combi-short noir avec des collants couleur chairs et comble du saugrenu, une paire de talons dans les pieds. J'étais même  coiffé et maquillé pour une soirée.

Récupérant Catherine sur le chemin, on ne tarda pas à entrer dans le Crust et je regardais autour de nous en souriant. C'était officiel, la soirée commençait et je l'espérais, serait inoubliable

Une sortie entre filles. Un concept qui ne lui parlait pas, mais alors pas du tout. Elle était déjà sortie sur le port avec Mod quand elles étaient petites, évidemment, mais elle avait comme l’impression que ça n’avait rien à voir. Et Idayo semblait très enthousiaste et… ne lui avait pas vraiment laissé le choix, en fait. Elle avait balayé ses objections – elle avait des articles à lire – d’un geste de la main et avait rejoint sa cabine en lui disant de se préparer. Mais… se préparer à quoi ?

Quand Idayo repassa la prendre pour se rendre sur le CRUST, toutefois, Cathy était prête. Enfin… Sa garde-robe n’étant pas très fournie, elle avait donc revêtu un pantalon noir – hors de question qu’elle mette une de ses jupes trinitaires – et un chemisier rose pâle arborant des motifs d’un rose plus vif, assortis à sa ceinture. Et une veste, noire également. Mais lorsqu’elles arrivèrent sur le vaisseau neutre, Catherine se sentit totalement déplacée. Tout était bien trop luxueux, elle n’avait rien à faire là. Et l’ambiance de la boîte de nuit n’arrangeait pas les choses.

« Vous êtes sûre que c’est là ? » ne put-elle s’empêcher de demander à la maître d’abordage.

Son regard détaillait les environs, avant de s’arrêter sur une femme en robe noire… dont la tenue n’avait rien à voir avec la combi-short d’Idayo.

« Oh, par l’Unique ! » souffla-t-elle, écarlate.

La salle du Crust, ses lumières et leur danse frénétique, la musique qui emplit tout l'espace comme une brume multicolore me rappellent toutes les permissions passées avec les camarades de la Urraca, il y a bien longtemps.
Je ne suis plus aussi jeune qu'à l'époque, et je doute de tenir longtemps sur la piste de danse. Mais j'ai quand même un bon pressentiment quant à ma première soirée libre depuis trop longtemps.

Cependant, en regardant les danseurs et leurs vêtements voyants, j'ai l'impression de faire tache avec mon pantalon noir et ma chemise gris clair, mon absence totale de bijoux et de couleurs vives dans les cheveux. J'ai passé l'âge de ces bêtises, qui ne m'ont de toute façon jamais intéressé. Je suis un militaire, pas un mannequin de mode Corporatiste.

En me dirigeant vers le bar, j'aperçois une femme qui semble s'ennuyer. Mais plus je la regarde, et moins j'ai envie qu'elle continue de s'ennuyer. Si je n'avais pas un minimum d'éducation noble, je pense que je baverais sur ma chemise! Comment se fait-il que personne ne soit encore venu la voir?

Je m'approche d'elle, passant près de deux autre jolies jeunes femmes bien plus vêtues - cette soirée commence décidément sous de bons auspices! - et m'adresse à la brune en noir:
Bonsoir mademoiselle! Vous me semblez morte d'ennui, me permettez-vous d'essayer de vous ressuciter?
Je n'ai jamais su faire preuve d'originalité. Mais quelque chose me dit que ce n'est pas ce que Dame Jolie Robe recherche...

Alors que je regardais tout le petit monde s'agiter à bord du Crust, musique battante, je n'avais pu m’empêcher de remarquer quelques personnes. Surtout cette femme qui me regarde. Elle à l'air trop innocente pour se rendre dans ce genre d'endroit. Well, je dois bien admettre avoir rencontré des bouilles d'ange qui étaient loin d'être innocente, c'est peut-être son cas aussi, who knows ? En revanche, je ne sais quoi penser du fait qu'elle rougisse en me regardant.

Je n'ai d'ailleurs pas vraiment le temps d'y penser davantage, car me voila abordé par un homme relativement charmant. C'est amusant, lui aussi n'a pas l'air à sa place ici, il à l'air bien trop sage. Il semble plus vieux que moi, mais l’expérience a souvent du bon. Et je crois reconnaître un léger accent impérial dans sa voix. Sweet.

Alright, sa pick-up line est loin d'être la pire qu'il m'ai été donner d'entendre, mais c'est loin d'en être une mémorable, c'est ce qui viens après qui m'intéresse anyway. Je me tourne vers ce prétendant, les yeux brillants, tout sourire:

- Hello there love, lui dis-je en y joignant un court mais sensuel geste de la main, je vous en prie, faites de votre mieux pour me sauver. L'invitai-je avec un petit rire amusé, en tendant vers lui le dessus de ma main.

Je croise cette fois les jambes dans sa direction. Visiblement, mon charme n'échoue jamais en soirée.

J'hochais la tête à la question de Catherine. J'étais certaine que c'était là, on ne s'était pas trompée d'endroit. Certes, c'était ultra luxueux, mais c'était bien là. Toutefois je n'eu pas le temps de lui confirmer verbalement qu'elle se mit à jurer par l'Unique, et je ne tardais pas à comprendre pourquoi quand j'en vis la raison, une jeune femme très peu habillée. C'est vrai que Catherine était Trinitaire de base donc cela lui semblait déplacer, mais moi j'aimais bien. Un éclat de rire s'échappa pendant que je prenais le bras de Catherine pour la rassurer.

"Eh oui, bienvenue au Crust. C'est un lieu de fête et de rencontre. Tu vas voir, on va s'amuser comme on l'a jamais fait. On va se chercher un verre ?"

Tout sourire, j'attira la jeune femme jusqu'au bar pour qu'on puisse commander des boissons, me retrouvant donc à côté de la femme qui avait surprise ma camarade par sa tenue. Et elle semblait en pleine drague avec un homme qui lui tenait compagnie donc je me dépêchais d'emmener mon infirmière préférée un peu plus loin une fois qu'on eu nos verres. J'allais me faire détruire la figure par son mari et par notre capitaine si elle me faisait un malaise à cause d'une femme court vêtue, je ne voulais pas trop prendre de risque.

Apparemment, oui, c’était bien là. En tout cas, Idayo ne semblait pas hésiter, elle, et l’infirmière la suivit. Et il n’y avait pas que la décoration et l’ambiance qui lui étaient inconnues, les tenues de certaines personnes aussi. Mais la maître d’abordage ne semblait pas gênée, elle. Elle en riait même.

« D’accord, » répondit donc Cathy, en s’efforçant de refouler son embarras, quand sa camarade lui proposa d’aller se chercher un verre.

Elle ne commenta pas l’affirmation sur le fait qu’elles allaient s’amuser comme jamais. Tout lui paraissait tellement étranger qu’elle ne parvenait même pas à imaginer comment elles pourraient s’amuser. Mais Idayo semblait sûre d’elle alors… Catherine la suivit jusqu’au bar, près de la femme en à la robe… fendue. Elle commanda un jus de fruit sans alcool et, le temps d’être servie, put entendre une partie de l’échange entre la femme en noir et l’homme qui lui tenait compagnie. Inconsciente des pensées d’Idayo – un malaise, sérieusement ? – elle lui emboîta toutefois le pas lorsqu’elle s’éloigna un peu.

« C’est une façon un peu compliquée d’inviter quelqu’un à danser, non ? » commenta-t-elle en indiquant d’un signe de tête le couple dont elles venaient de s’éloigner.

Puisque la danse semblait quand même le but premier de l’endroit, étant donné la piste et la musique, non ? Et danser, elle concevait que ça puisse être amusant.

Love? Eh bien, en voilà une qui ne perd pas de temps! Une Corporatiste, visiblement. J'aime bien les Corporatistes, elles n'ont pas froid aux yeux. Je lui souris et m'incline pour déposer un baiser sur le dos de sa main. Elle n'aime peut-être pas perdre de temps, mais moi je n'ai pas été éduqué chez les rustres.

Eh bien, plusieurs options s'offrent à nous dans ce cas

D'un geste large, je désigne les danseurs
Nous pourrions aller danser, ou...
Du menton, j'indique la direction du bar et du serveur occupé
...boire quelque chose avant de rejoindre la piste, ou un autre lieu
Non, je ne lui propose pas d'aller dans une chambre du Crust tout de suite, voyons! Mais je ferais peut-être bien de le préciser. Les Corporatistes sont peut-être très libéraux en matière de prostitution, mais je doute que cette charmante demoiselle apprécie d'être traitée comme une courtisane.
Le Crust ne manque pas de salles thématiques! J'ai même entendu dire qu'un jardin y avait été reconstitué! Bref, impossible d'y mourir d'ennui. Quelle résurrection vous tenterait-elle le plus?
Je n'ai jamais fréquenté assidument les pistes de danse, trop occupé par mon rôle dans l'armée. On ne s'est jamais moqué de ma manière de danser, mais on ne m'a jamais complimenté non plus. J'aurai peut-être besoin d'un remontant avant de m'y lancer...

Tout en attendant nos verres, j'entendis plus qu'écoutait la conversation d'à côté pour finalement m'éloigner avec Cathy, la mettant loin de ces dépravations. Alors que je commençais à boire dans mon verre, elle me posa une question qui manqua de me faire m'étouffer tellement elle me surpris. Reprenant mon souffle, je lui répondis du mieux que je pouvais.

"Oui cela en a l'air. Mais c'est surtout qu'il la drague un peu, lui fait du charme je pense. Je ne sais pas comment vous faisiez avec Aldric par le passé, mais je ne trouve pas cela choquant la manière dont il s'adresse à elle. Au fait, tu veux danser toi aussi ? Pas forcément avec moi, enfin, je ne sais pas, à toi de voir. Mais moi cela me gênerais pas de danser avec toi. Après tout, on est amie, non ?"

Lui adressant un sourire, je remis mon verre à mes lèvres pour boire à nouveau.

Ho my, un véritable gentleman impérial, et qui semble au fait de mes attentes, most excellent, la soirée s'annonce délicieuse.

- Well, em, j'adooorerais avoir une soirée dansante, dynamique et sensuelle, voire plus si affinité. Though, nous ne tiendrions pas longtemps le rythme si nous nous privions de boisson, n'est-ce pas? Ce serait dommaaage que votre sauvetage tourne au drame. Bien que je dise cela, je reste assise à ma place, attendant son invite  à nous désaltérer. D'autant que j'ai déjà une idée du cocktail que je désire.

- Pour ce qui est des salles thématiques, vous pourrez être mon guide après la danse. La nuit nous appartient after all.

À ces mots, je décroise rapidement mes jambes  révélant le haut de mes bas un cours instant, et joint mes deux pieds sur ma chaise, les genoux légèrement orienté sur le côté, l'un contre l'autre, puis tend ma main gauche vers lui, l'invitant à la prendre et à me guider

- Vous venez souvent içi ?

Draguer ? Faire du charme ? Il n’avait jamais été question de ça avec Aldric, et Cathy s’apprêtait à le dire à Idayo quand celle-ci lui demanda si elles étaient amies. Surprise, l’infirmière garda le silence une seconde. Les seules personnes qu’elle avait jamais considérées comme des amis, c’étaient Aldric et Mod. Mais...

« Oui, on est amies. Et ça ne me dérange pas de danser avec vous. »

Et, puisqu’elles étaient amies, elle n’allait pas lui mentir en affirmant qu’elle avait renoncé à sa vocation auprès des Sœurs Hospitalières pour se marier, comme si c’était l’Unique qui avait illuminé son chemin pour lui montrer le bonheur que ce serait de fonder une famille. Non, Idayo avait droit à la pure vérité :

« Aldric et moi, on s’est mariés pour que je ne sois pas obligée de prononcer mes vœux ou d’épouser un ami de mon frère. On n’a jamais fait ça, ajouta-t-elle en désignant le couple d’un signe de tête. Mais, je suppose qu’ils ne comptent pas se marier, eux. »

Elle avait réussi à énoncer cette constatation d’un ton parfaitement neutre… mais ses joues, elles, devinrent écarlates, trahissant sa gêne. Les femmes avaient le droit de disposer de leur corps, mais elle avait du mal à concevoir qu’elles puissent apprécier voire rechercher l’attention des hommes.

« Je ne suis pas sûre de savoir danser, » reprit-elle pour changer de sujet.

Dynamique, sensuelle, et plus si affinité? Ce n'est plus "ne pas avoir froid aux yeux", mais carrément un lancer de torpille en plein sur le poste de pilotage! C'en est presque décevant, où est le plaisir des jeux de séduction si votre partenaire plie la partie avec sa carte maîtresse au bout de quelques minutes? Mais cela ne m'empêchera pas d'offrir un verre à Miss Jolie Robe Fendue qui me tend si gracieusement sa main.

Je me commande donc un rhum aux baies d'Ukeu et invite la Demoiselle à commander ce qui lui plaît au serveur, qui n'aura qu'à ajouter la boisson sur ma note. Ensuite, je prends sa main tendue dans la mienne et à défaut de trouver une table pour deux au calme dans cette salle discothèque, je l'entraîne vers une partie du comptoir un peu moins bondée.

Je viens ici quand j'ai du temps libre, ce qui n'est malheureusement pas aussi courant que je le souhaiterais! On raconte qu'ils ont tous les mets et toutes les boissons de la galaxie à leur menu. Et vous? Etes-vous une habituée?

Il serait temps que j'arrête de l'appeler "Miss Jolie Robe Fendue" dans ma tête. Alors je lui tends ma main comme pour la saluer et me présente:
Mon nom est Angel. A qui ai-je l'honneur?
J'espère intérieurement que mon sourire n'a pas l'air trop idiot. On m'a souvent dit que les jolies femmes étaient chez moi l'équivalent d'un dispositif qui désactive les boucliers personnels à distance...