Qu'est ce que tu fous là ?! [ALEXANDER & ALIENOR]

Le Crust est un endroit hors du commun. Lieu où tous les fantasmes peuvent être réalisés. L'alcool coule à flots, les cultures qui se mélangent, la neutralité à son paroxysme. C'est un endroit où on peut se détendre, passer du bon temps...
Aliénor avait dû passer le meilleur moment de sa vie. Bon, peut-être pas le meilleur, mais pas loin. Il y a un temps infini, elle avait décidé d'aller se coucher et avait ingéré la moitié d'un somnifère avec son fond de Rhum.
Un temps infini, car elle avait eu du mal à retrouvé ça putain de chambre.
Un temps infini qui l'avait à peine fait dessaoulée et dont elle n'avait pas du tout l'impression que le somnifère faisait effet.
Cela devait faire 5 minutes qu'elle passait sa carte d’hôtel dans la serrure qui ne s'ouvrait pas.
Un bip et une lumière rouge lui répondaient, c'était avec agacement qu'elle continuait. Ce fut à un moment qu'elle appuya sur la poignée et dans un déverrouillage salvateur la porte s'ouvrit. Elle était ouverte dès le début ? Chié...
Bon, maintenant, au lit. Ses pas se firent un peu tanguant jusqu'au lit. Pas besoin d'allumer la lumière, ses chaussures furent jetées dans un coin de la pièce et elle se mit à enlever sa ceinture avec son pistolet. Elle se laissa tomber assise sur le lit, continuant à se battre avec cette putain de ceinture de merde !
Le lit n'était pas très confortable, quelque chose lui appuyait dans le dos.

C'était l'anniversaire d'un ami. Avec d'autres d'ses amis, on s'est mit ensemble pour payer une salle du Crust et lui faire un truc surprise. Disons seulement qu'ca a été vachement réussi. L'alcool a coulé à flot, la musique a fait dansé tout l'monde, mon ami était extatique... mais il est tombé tôt, assommé par trop d'shooter d'alcool. La soirée à continuée quelques heures après ca, mais ca a finit par s'calmer autour d'deux heures du matin, alors j'ai trouvé mon chemin jusqu'à ma chambre.

J'suis... assez bourré moi même, aussi dès qu'j'arrive, j'allume même pas la lumière, retire mes fringues alors que j'm'avance vers l'lit, puis m'laisse tomber sur l'matelas avant d'm'enrouler comme un burrito dans les couvertures et tomber endormi comme une masse. J'sais pas depuis combien d'temps j'ronfle par contre quand  j'sens quelque chose m'tomber dessus. J'suis censé être seul dans cette chambre d’hôtel et j'ai AUCUN souvenir d'avoir ramener quelqu'un... alors j'réagis par impulsion. Et ca, ca veut dire m'débattre comme un fou furieux, balancer la personne qui s'est couchée SUR MOI par terre puis m'relève à moitié sur l'lit avant d'crier :

"WHAT THE FUCK?"

J'cligne des yeux, confus et l'coeur qui bat trop fort sur l'coup d'l'adrénaline. J'suis encore assez bourré pour qu'ma tête tourne un peu, mais pas assez pour en avoir rien à foutre qu'il y ai un INCONNU dans ma chambre, quoi.

Aliénor se fait éjecter du lit. Elle cligne des yeux plusieurs fois en se demandant ce qui vient de se passer. Il y a quelqu'un qui gueule à côté d'elle... dans sa chambre... elle a invité quelqu'un.... ? Visiblement non... Qu'est-ce qu'il fait dans sa chambre ? Arg... Ses mains passent sur son visage alors qu'elle attrapa son arme et se rapproche de la lampe. La lumière pique les yeux mais, après quelques secondes. La jeune femme vise, assise par terre un homme à moitié à poil, toujours dans sa chambre. Il a un peu raison : wat ze feuk ?!

- T'es qui co**ard ? Et qu'estu fout d'ma chambre ?! Bon la prononciation est pas au rendez-vous. Au moins elle est encore habillée, elle. Sa visée est bonne mais, elle est pas sûre si saoule c'est la même. C'est pas un espion en tout ça ou un assassin, il serait nul sinon.

- T'as int'ret à t'expliquer vite. Genre... t'pas chambre pour d'mir et t'viens dans l'mienne ? La jeune femme ne déconne pas. Ses pupilles cybers le fixent, elle n'a plus rien de trinitaire à part son accent.

Pas un inconnue, mais UNE inconnue, apparemment. Et complètement, invariablement bourrée. Et... holy shit ARMÉE, la folle furieuse, en plus.

J'allais lui répondre quand elle m'pointe l'canon d'une arme dessus. J'ai un frisson d'horreur, d'adrénaline et d'peur qui m'saisit, comprenant peu à peu c'qui s'passe réellement. J'ai pas mon arme d'service, étant en civil, et mon bouclier personnel repose, inutile, sur la table d'chevet avec mon HCom. La peur a au moins l'mérite d'me faire dégriser c'qui m'restait d'vapeur d'alcool d'un coup. J'ai un entrainement militaire, bordel, alors ca m'empêche d'paniquer ou d'céder à la panique, c'que n'importe qui avec un minimum d'auto préservation ferait quand on pointe une putain d'ARME sur lui, et c'est déjà ca. Mieux encore, les réflexes d'entrainement et d'années d'expériences prennent l'pas sur tout l'reste. J'lève alors lentement les mains en l'air pour paraître l'moins agressif possible.

"Okay, doucement. Qu'est-ce que vous voulez? C'pas votre chambre, c'la mienne, j'ai la clé et y a mes trucs partout depuis hier, regardez."

Et j'pointe prudemment l'bureau ou y a mon sac, mes vêtements et un paquet d'trucs à moi en désordre. J'ai du mal refermer la porte en venant m'coucher, bourré comme j'étais, et elle s'est trompé d'chambre, c'est tout. L'arme par contre... fuck, quoi, elle est cinglée et c'est foutrement dangereux, faut qu'j'arrive a calmer l'jeu. J'peux pas crever ici pour cette connerie. J'peux pas laisser Liam comme ca.

"C'qu'un malentendu, mais si vous arrêtez d'pointer cette arme sur moi, tout va bien s'passer."

La jeune femme fronce les sourcils tandis que l'intrus lève les mains doucement vers le plafond. Qu'est-ce qu'elle veut ? Pouvoir dormir tranquille dans un putain de lit. Il dit que s'est sa chambre et son cerveau lui dit de ne pas trop tourner la tête. Elle la tourne doucement pour regarder autour d'elle. C'est vrai qu'il les a posées là...

- Comment j'sais qu'tu les as pas posées là parsque t'as fais comme chez-toi ?

Un malentendu ? Si elle arrête de pointer l'arme, tout va bien se passer ? Ça sonne comme une menace aux oreilles d'Aliénor qui monte un peu plus de menton pour le regarder avant de se relever et de s'appuyer contre la table de nuit. Elle a toujours fait ce qu'elle voulait et elle allait le faire ce soir aussi.

- Si j'arrête pas, y s'passera quoi ?

Son esprit embrumé ne croit pas beaucoup à tout ça. Par contre, les somnifères font effet et elle ferme petit à petit un œil. Un premier bâillement. Un deuxième. Son arme se baisse un peu. Puis complètement. Elle veut retrouver son lit. Ses yeux s’alourdissent et s'embrument.

- M'en fout. S'tu veux d'mir là.

Un grognement et elle s'assoie au bord du lit sans lui tourner le dos. Elle le surveille malgré que le sommeil tire ses rideaux.

- J'veux juste d'mir. Genre... Pendant... 5 heures d'affilées.

La jeune femme aux cheveux roses parlait de ça comme un rêve inatteignable. Presque avec une pointe de tristesse. Juste dormir tranquille.

Faut vraiment que j'gère la stupidité d'une meuf inconnue complètement bourrée qui m'pointe son arme à la gueule après s'être introduit dans MA chambre? Fucking hell. J'peux pas m'empêcher d'rouler les yeux au ciel à sa réplique, malgré la peur qui m'tient toujours les tripes.

"Parce que j'ai la clé et payé pour cette chambre! Regardez l'numéro sur la porte et l'numéro sur votre clé à vous, ca va être vite réglé, bon sang."

Puis elle m'demande c'qui va s'passer si elle arrête pas et j'suis alors complètement convaincu avoir affaire è quelqu'un à qui il manque au moins une moitié d'cerveau. C'est l'Crumbs of Stars. Personne s'en sort en faisant des conneries ici, c'largement connu.

"On est sur l'Crust. Personne tue ou tire sur personne ici sans être emprisonnés puis livrés aux autorités. C'fait littéralement partie d'la réputation d'l'endroit. Juste qu'vous m'menaciez comme ca pourrait vous foutre dans la merde. Mais j'dirais rien si vous partez maintenant et qu'on s'entend pour un mal entendu."

Sauf qu'elle a d'autre plan, la folle furieuse, et elle essaie d'se faufiler dans l'lit.

"Oh non, y a juste une certaine quantité d'connerie que j'peux gérer en une soirée.

Elle a baissé son arme et ca m'donne l'avantage qu'j'attendais. J'la repousse debout en suivant l'mouvement, m'assurant d'pouvoir attraper son bras et l'immobiliser si elle tente d'relever son arme.

"Maintenant j'vais vous reconduire à votre chambre et vous allez pouvoir dormir 10 heures d'affilé si ca vous chante."

Ok, de nouveau debout. Elle apprécie pas ça du tout, mais il a raison. Ils sont sur le Crust et pas de connerie sur le Crust. Son arme est mise à sa ceinture et elle pousse un long soupire. Un bâillement plus que grand.

- T'es d'genre brise burne, R'contre enlève t'sales pattes d'moi. Tiens, vla ma clé s'tu veux. Pour t'prouver qu'suis dans l'bonne chambre.

La jeune femme se tourne face à lui, non sans perdre un peu l'équilibre. C'est inconnu et il la pousse, et il aurait mérité une bonne beigne... Mais toujours le Crust. Une carte sort de sa poche, chambre 99. Bam ! Ou 66 ? Elle lui pose sa carte dans la main, avec un petit air de "je t'avais bien dit". C'est ma chambre ici. Les yeux d'Aliénor le regarde un moment avant de le regarder de haut en bas.

- T'es à poil en f'ait. Bien joué Sherlock.

Elle a un petit sourire moqueur avant de le perdre deux minutes pour se frotter un œil, continuant à le surveiller. La jeune femme l'attend... Bah quoi ? Il a l'air de savoir ce qu'il fait et de connaître mieux qu'elle.

- Fait quoi maint'nant ?

J'vais vraiment, mais vraiment finir par perdre patience. Surtout qu'maintenant elle m'menace plus d'son arme et qu'le danger fait plus s'tenir mes nerfs tranquilles...

"T'as qu'a enlevé les tiennes d'MON lit et d'MA chambre."

J'lance un regard à la clé et... ouais, j'grogne d'une frustration intense.

"C'pas la 99 ici, c'la 97. T'es la porte à côté, bon sang."

J'roule ensuite des yeux au ciel quand elle commente mon habillement, moi et la pudeur on s'connait déjà pas beaucoup, mais alors maintenant en plus qu'est-ce que j'peux m'en foutre qu'elle voit mon cul.

"Déjà, j'suis en caleçon, pas à poil. Ensuite, j'dors comme j'veux dans MON lit. Et maintenant, c'qu'on va faire, c'est t'ramener dans TA chambre pour qu'tu y dormes comme t'as envie."

J'commence à la tirée vers la sortir, sans nécessairement être brusque, mais j'suis définitivement pas doux non plus. Y a des limites à ma gentillesse et compassion pour les gens complètement bourrés qui m'réveillent au milieu d'la nuit et m'pointe une arme dessus, quoi.

Qu'est-ce qu'il parle beaucoup putain... Gnagnagnagna... Oh... Elle est quand même vachement sympa la chambre en fait. La sienne paraissait pas aussi sympa quand elle était arrivée. Les petites lampes là, c'est pas mal du tout. Elles sont lustrées en plus. Waouh. Il continue son monologue l'autre, il casse un peu les oreilles. Les doigts d'Aliénor se posent sur sa bouche tandis qu'il l'a tire.

- Chut... Chut chut chut. Hé ! Hey ! Qu'es'ce qu'j'ai dis à pr'pos d'me touché là ?! Es'pèce d'pervers ! J'peux t'suivre sans qu'tu poses tes sal'pattes su'moi.

Un mouvement de bras, elle essai de se défaire de l'emprise. Et... Elle a du mal quoi. Ses yeux le fixent quelques secondes avant qu'elle ne plisse les paupières.

- Wow... C'est qu'tu brilles dezyeux en fait... C'est vachement sympa. Oh... Par l'putain d'unique, j'ai tellement envie d'm'pieuter...

Son bras passe autour des épaules de l'homme pour se tenir un peu face à l'équilibre précaire. Elle en profite pour  continuer à le fixer.

- T'penses que j'pourrais avoir des yeux brillants un jour ?

J'dois réprimer l'envie d'mordre ses doigts quand elle les pose sur ma bouche. Putain, laisse mes lèvres en dehors de ça, tu veux? J'détourne donc vivement la tête en grimaçant tout en continuant d'l'entraîner vers la sortie, parce que peu importe c'qu'elle dit, elle avance PAS toute seule.

"Du calme, j'suis aucunement intéressé. Genre zéro. Pas même une foutue miette. Et t'as qu'à sortir toi-même s'tu veux pas que j'te fasse sortir."

Parce que oui, bon, j'veux bien respecter son espace physique, mais depuis qu'elle est entrée par effraction dans ma chambre d’hôtel et s'est assise sur moi alors que j'dormais... y a des principes qui ont un peu volé par la fenêtre. Ses récriminations sur l'fait que j'touche son bras semblent pas l'empêcher d'passer c'dernier autour d'mes épaules pour s'servir d'moi comme support à son équilibre, dans tous les cas. Bon sang, j'ai pas signé pour ça... Puis y a l'alcool qui doit faire des bulles dans son cerveau parce qu'elle s'met à m'parler d'mes yeux et j'hausse un sourcil, surpris, mais pas impressionner du tout.

"Meuf, t'as littéralement des yeux rose fuchsia qui ILLUMINENT."

J'ouvre la porte et on s'retrouve dans l'couloir désert aux lumières tamisées pour donner l'impression d'nuit. J'la traine alors jusqu'à sa chambre et nous arrête devant la porte.

"Okay, j'vais avoir besoin d'ta clé pour ouvrir la porte, maintenant."

- Bah dis donc ! T'as un p'tain d'tacte. T'a beau av'r lezyeux qui brille, t'es vraiment un gros con.

Il sortent dans le couloir et elle frissonne un peu. C'est froid par terre... Elle n'a plus ses grolles ? Il continue à la traîner jusqu’à la porte d'a côté.

- Mes grolles... ?

Vraiment, elle n'a pas écouté grand chose. Ses bras le lâche pour qu'elle tapote sur ses poches. Puis sa tête se relève sur un grand sourire.

- J'lai pas. J'te l'vais donnée non ? J'suis sûr qu's'est toi qu'a mes grolles 'pi ma carte. T'srais un genre de roux voleur ? Genre zyeux brillants qui foudroillent.

"L'gros con s'est fait réveiller par une entrée par effraction alors qu'il dormait, s'est fait menacé par une arme, et il doit maintenant s'occuper d'une meuf inconnue trop putain d'bourrée pour gagner son propre lit toute seul. Il a largement l'droit d'manquer d'tact."

J'la pose contre sa porte, tenant pas à jouer les piliers d'ivrogne plus longtemps qu'nécessaire... puis la dévisage, blasé, quand elle m'dit qu'elle a plus la clé.

"C'est une blague? T'l'as vraiment laissée dans l'autre chambre? Fucking hell... okay, bouge pas, j'reviens."

Pourquoi j'l'aide et pourquoi j'la laisse pas juste là à s'démerder après l'avoir sorti d'ma chambre, c'est un bon sang d'mystère. J'devrais, sincèrement, mais allez savoir, j'suis trop généreux pour mon propre bien. J'vais rapidement chercher la clé abandonnée sur l'lit, récupère ses souliers au passage qu'elle a aussi abandonnée là, puis reviens la trouver devant sa porte. J'lui mets ses souliers dans les mains, passe la clé électronique dans la serrure, ouvre la porte et pose la clé sur les souliers. J'lui fait ensuite un bref salut militaire ironique avec une main contre mon front, puis tourne les talons pour m'barrer vers ma propre chambre.

"Au plaisir d'jamais t'recroiser."