Mauvaises coordonnées

Si seulement j'avais en face de moi l'espèce d'iwatanï qui m'a donné la mauvaise adresse pour ma livraison! Se tromper en recopiant des coordonnées, une tâche à la portée du premier imbécile venu, franchement! Et me voilà à errer entre l'astroport et les pistes de speed racer, les pieds endoloris d'avoir tant marché. J'en viens à envier les coussinets de Proton, qui, lui, continue de trottiner à côté de moi avec une énergie intacte. Il sent que je suis fatiguée, et tente de faire l'idiot.

Je lève les yeux au ciel, et une chope entre dans mon champ de vision. Une chope avec un écrou, qui indiquent l'entrée d'une taverne. Je me rappelle alors quand j'étais gamine, et que je traînais en cachette dans les quartiers des bars et des tavernes, dans l'espoir de faire gober aux serveurs que j'avais l'âge de boire. Cette taverne, je ne l'avais jamais vue avant. Mais il est vrai que je ne suis pas sortie depuis bien longtemps. Je travaille trop, même mes assistants me le disent...

Je pousse la porte, ordonne à Proton de me laisser passer et entre. Je réalise alors que je n'ai aucune idée de la marche à suivre. Faut-il que j'aille au bar, ou que je prenne une table? Et si je prenais la place de quelqu'un?

Un peu rassurée de voir tant de pirates et peu de forces de l'ordre de la Trinité, j'avance vers le bar en pensant au message d'insultes que j'enverrai à l'entreprise de livraison...

"B'jour Madame. Qu'est ce qui vous ferait plaisir ?" Il est entré par derrière, revenant, un plateau plein de vaisselle sale sur sa main de métal, un torchon pas trop crade sur le bras de chair, un tablier en faux cuir sur sa chemise de bûcheron et sa chevelure rousse en bataille. Ca et sa grande taille et sa grande gueule et son sourire commerçant. "C'est la première fois que je vous vois et j'oublie jamais un visage. J'suis Cathwulf, le proprio. On m'appelle le patron. Enchanté de faire votre connaissance. Vous pouvez vous asseoir où vous voulez au bar ou bien sur la table huit près du piano, la douze dans le coin des pilotes ou bien si vous aimez les fausses fenêtres, vous pouvez attendre qu'on libère la cinq."

Oh, eh bien...
Bon, me voilà fixée au sujet du "mode d'emploi" de la taverne: il suffit de s'approcher du bar et le patron accourt pour vous accueillir! C'est à la fois rassurant et quelque peu déconcertant. Qu'est-ce qu'ils ont au menu ici?

Il m'offre la possibilité de m'installer au bar, ou près d'un piano, ce qui me semble une très mauvaise idée avec un Proton énervé qui risque de vouloir appuyer sur les touches. Le coin des pilotes? C'est une idée...Mais si un pilote pense que je lui ai pris sa place et décide d'en découdre?
Calme toi. Au pire, on te demandera de piloter un vaisseau en urgence. Et tu diras que tu n'es pas pilote, et ça sera réglé
Moi et ma manie de trop réfléchir aux situations les plus anodines restons coites quelques secondes, avant de prendre une décision.

La table avec les pilotes, s'il vous plaît
"La table avec les pilotes", bravo ma grande! Tes mots sont encore sortis dans le désordre!..., me raille Hay'na Imaginaire, dans mon esprit agité.
Et euh...je vais regarder le menu pour ma boisson, mais est-ce que c'est possible d'avoir de l'eau pour mon monstre de compagnie?
Et me voici qui ai recours à mon autre travers: me moquer de Proton quand je suis mal à l'aise. Heureusement que ce brave chien ne comprend pas ce que je dis...

Il regarde le "coin des pilotes", un endroit un peu à l'écart, à l'ambiance plus technologique, dans les bleus et les néons qui font contraste avec l'ambre et le cuivre du reste de la taverne. Il y a bien une table où quelques pilotes discutent mais elle est plus que pleine. Il pensait à un truc vide du côté des pilotes. Ptet qu'il s'est mal exprimé. Cela dit ça le regarde pas.

"Allez-y, c'est là. La carte est sur les tablettes que vous trouverez sur la table. Pour votre animal, en plus d'un bol d'eau, on a des bols de viande ou de poisson ou de fruits et légumes ou de ce que vous voulez. On ne l'a pas encore inscrit vraiment sur la carte parce que c'est un service en test mais bon, j'dis ça comme ça. Installez vous et j'arrive dans pas longtemps prendre votre commande. Hey, Constance, apporte un bol d'eau à la dame pour son compagnon à quatre pattes." Un coup d'oeil pas effrayé sur l'animal "J'espère par contre que vous saurez le tenir, c'est vous la responsable s'il mord quelqu'un. Pas moi."

Quel soulagement! En plus de me ravitailler, je vais pouvoir requinquer Proton! Je n'en attendais pas tant.

Merci beaucoup!

Je m'installe à une table située dans un secteur qui ressemble à une piste de speed racer mâtinée de cimetière à plantes lumineuses de Mo'tanui. Quel bonheur de reposes ses jambes! Je n'avais pas réalisé à quel point j'étais épuisée tant que je restais debout.

"Le Patron", tel est le surnom qu'il a revendiqué, émet quelque méfiance au sujet de Proton. Pas grave. J'ai l'habitude qu'on craigne mon joyeux molosse.

Il sait se tenir, lui dis-je en appelant Proton d'un claquement de doigt. Il s'installe près de moi, et se couche en rond. Je le garde en laisse, au cas où, mais lui laisse de la longueur.
Tandis que j'épluche la carte, j'observe un peu la taverne et réalise que le "coin des pilotes" n'est pas représentatif de l'ambiance générale. C'est un endroit plutôt à mon goût, même si le patron semble un peu renfrogné.
Tu as ramené un gros chien baveur dans son établissement, me dis-je. Tu attendais quoi? Des félicitations?

De rien C'est payant hein, il n'est pas du genre à offrir des choses mais les pirates adorant leurs bestioles et lui n'aimant pas jeter les restes, il avait imaginé avec Audrey de mettre en place ce genre de prestations et il était heureux de voir que ça marchait pas mal. Il avait beau être gentil il avait un établissement à faire tourner. Il posa son plateau de plonge sur le pass, s'essuya les mains sur son torchon, vérifiant que rien n'empêchait la jeune serveuse de poser un saladier d'eau claire. Quelques minutes plus tard, il était de retour à la table, sans tablette, il aimait exercer sa mémoire en retenant les commandes. "Vous avez choisi ?"

Euh oui oui...

Je jette un dernier coup d'oeil à la carte, le plus vite possible pour dissimuler mon mensonge. Est-ce que je reste raisonnable, ou est-ce que je me fais plaisir? Après tout, je n'ai jamais l'occasion de boire d'alcool ni de manger ailleurs que dans mon appartement, mais j'ai toujours un Proton à gérer et un service de livraison à enguirlander.

Je vais opter pour une bière corsaire, s'il vous plaît. Et pour lui, l'eau suffira. Et, euh, je voulais aussi demander, monsieur...

J'ai déjà oublié son nom. C'est bien ma veine! Ca ressemblait à Catoolf, ou Cahoots, mais je ne vais pas l'appeler "Monsieur Catoof" ! Et "Monsieur le Patron" semble encore plus bizarre. Je râcle ma gorge, et garde mon air impassible rôdé pendant des années à devoir cacher mon pessimisme à des clients effrayés...

Est-ce que je peux utiliser mon HCom ici, ou est-ce que vous préférez que les conversations vocales se passent dehors? Je sais que certains lieux les interdisent pour la tranquilité des clients, mais je n'ai pas vu d'écriteau en ce sens...

Une bière corsaire et de l'eau pour la bestiole, c'est noté. Et dommage. Il rajoute une toute petite coupelle de trucs salés. Ca boira l'alcool et donnera soif tiens. Et avec de la chance, ça lui ouvrira l'appétit. Le "Monsieur" lui fait hausser les sourcils. Il a toujours l'impression qu'on se moque de lui quand ça sort. Enfin là c'est une cliente alors il se la ferme et il laisse pisser. Comme la bière corsaire tiens. Et comme les corsaires en général, Nabé exceptée. Elle c'est une pirate, une vraie. La question par contre le fait bien marrer et s'il se retient d'éclater de rire à la tronche de la demoiselle, c'est parce qu'il reste vaguement poli.

"On est pas un endroit tranquille. Le piano joue souvent, les gens se reconnaissent et s'alpaguent. Vous pouvez faire ce que vous voulez avec votre Com'. Après, je suis pas responsable de ce que les autres entendent donc si vous voulez parler de trucs illégaux ou avez peur de l'espionnage industriel c'est à vous de voir, évidemment.

L'espionnage industriel? Non, je ne pense pas que la concurrence du NWCentre soit rude dans le coin. Nous avons pour ainsi dire un monopole local sur les soins vétérinaires à prix réduits. Et de toute façon, m'entendre enguirlander le transporteur n'apportera aucune information à une hypothétique concurrence.

D'accord. Ouais, ça semble évident en effet. Désolée, je suis un peu la spécialiste des questions con, parfois! Enfin...pas juste parfois. Souvent. Merci, en tout cas!

Je sors mon HCom, et inspire un grand coup pour me donner du courage pour éviter de bafouiller devant le service client. Si je bredouille trop, ils vont en profiter pour essayer de me la faire à l'envers. Et moi, si je n'ai pas ma livraison de cathéters d'ici deux semaines, je vais devoir refuser des patients. Ou en racheter pour beaucoup plus cher à un médecin pour humains, et devoir bricoler pour les adapter aux autres espèces...
Le logo du service client s'affiche devant moi. Je donne mes références, et me retrouve en attente.

En attendant ma bière, qui je l'espère est aussi pimentée que ce que le menu indique, je gratte la tête de Proton, qui s'est assis près de moi. Enfin, quelqu'un me répond, et j'explique à nouveau la situation.
Comment ça, c'est livré? Je me suis déplacée, et mon colis n'était pas...Quelqu'un l'a retiré? Ah là on a un problème...
J'écoute le type m'expliquer que quelqu'un a retiré mon colis, qu'ils n'ont pas noté son nom, et je commence à voir rouge...

"C'pas grave. Vaut mieux demander la permission que pardon." Enfin...chez les vrais gens. Lui est plutôt du genre à faire l'inverse, et encore, il dit vraiment pas souvent pardon. "J'avais un patron a une époque qui disait qu'il y avait pas de question con ou indiscrète, il y avait que des réponses qui l'étaient." Ouais, il disait ça et puis il frappait ses apprentis quand ils n'apprenaient pas assez vite. C'était comme ça. Le monde était rempli de gens qui faisaient l'inverse de ce qu'ils disaient. Plus on se drape dans une valeur, moins on l'applique. Ca je l'ai remarqué. Je m'éloigne pendant qu'elle sort son Hcom pour aller chercher sa commande et en prendre deux autres au passage. Certes, chouchouter les nouveaux c'est cool mais pas au point d'en oublier les habitués. Quand je reviens, elle s'engueule au Com. Je pose l'eau devant le truc et la biere et la coupelle devant la cliente. "Vous voulez un coup de main ? J'suis spécialiste en gueulage sur les crétins."

Attendez deux petites minutes: finalement, personne n'a récupéré mon colis, mais vous ne savez juste pas du tout où il est. Est-e que vous pouvez m'expliquer en quoi c'est une bonne nouvelle?

Les deux derniers mots sont sortis à un volume suffisant pour faire sursauter Proton, que je rassure d'un geste. L'employé continue de consulter ses registres pendant que j'essaie de me rappeler que la perte de mon colis n'est certainement pas de sa faute, que l'enguirlander ne servira à rien. Cependant, il n'arrange pas son cas en fredonnant pendant qu'il cherche la trace de ma commande sur ses registres...

Il semble enfin s'y retrouver lorsque le Patron lui-même m'apporte ma bière et l'eau pour Proton.
Donc si je résume: vous me conseillez d'attendre tranquillement que mon paquet de matériel médical, commandé avec le service supposé me garantir la sécurité de l'envoi pour lequel j'ai payé un supplément, arrive éventuellement peut-être un jour et peut-être chez moi?

Là, je perds toute sympathie pour cet employé qui visiblement se fiche de moi avec le sourire. Et donc lorsque le tavernier me propose de l'aide pour "gueuler" sur le "crétin", j'accepte volontiers.

Est-ce que vous pourriez répéter? J'ai un souci de réception, j'ai mal compris votre dernière phrase, dis-je au HCom, maintenant sur haut-parleur. Le tavernier, ainsi que les tables à proximité, peuvent donc entendre l'homme à la voix joviale m'expliquer que rien n'est perdu et que je peux toujours réutiliser mes vieilles aiguilles en attendant de recevoir les nouvelles...

Elle semble accepter, met le tel sur haut-parleur et Wulf écoute, le juste assez longtemps que machin (il ne sait pas qui, il ne sait pas ce qui est commandé, il ne sait pas où, et en plus il s'en fiche) termine une phrase qu'il devine longue, avec plein de mots compliqués pour endormir l'autre. Ben tiens. Il a horreur qu'on s'en prenne aux gens moins couillus que lui.

"Ecoute, truc." Sa voix gronde dans les basses comme un chien enchaîné. "J'en ai rien à foutre de ton supérieur hiérarchique, des aléas, ou de tes histoires de vieilles aiguilles. Tu vas appeler ton fournisseur et lui dire que tu as paumé ses produits comme une grosse andouille que tu es et que tu as besoin d'un réassort ASAP. Puis, tu prends un coursier, sur tes deniers persos si tu veux, m’est égal, tu l'envoie chercher le bousin et tu le fais déposer chez Madame. Et si j'étais toi, je rajouterais un geste commercial. Tu fais ça bien gentiment et peut-être que j'oublierais de parler de toi quand le CA de ta corpo viendra boire un coup dans mon bourbi. Entendu ?" On entendit, l'employé balbutier, surpris, pour demander qui est à l'autre bout du com. "Tu pourras dire à ton chef que c'est Cathwulf, le patron du Runny, j'suis sur qu'il me r'met. Et oublie pas, la gamine est sous ma protection maintenant. Je me fais bien comprendre ?"

En laissant le patron de la taverne parler au Com, je m'attendais à entendre un torrent d'injures, voire des absurdités, du genre que l'on profère en faisant des blagues téléphoniques. Ce que je n'avais pas prévu, en revanche, c'était cette voix dont la fréquence a chuté d'une bonne centaine de Hertz en quelques secondes. Même Proton a sursauté.

Je l'écoute enguirlander l'imbécile de l'autre côté du Com. Et je me surprends à sourire. Je doute que cela mène à une quelconque résolution de mon problème. Mais ça soulage. Et à défaut d'obtenir gain de cause, c'est déjà ça de pris.
Finalement, l'employé me raccroche au nez. Je me tourne vers Cathwulf, les yeux écarquillés, ne sachant d'abord que dire. Je n'ai même pas envie de lui faire remarquer qu'il m'a traitée de gamine, alors que je suis certainement plus vieille que lui. J'avais oublié son prénom, je peux bien lui pardonner d'avoir mal estimé mon âge.
Calypso toute puissante! C'était du grand art! lui dis-je, en applaudissant lentement, quatre ou cinq fois. La voix grave, c'est un truc pour lequel vous vous êtes entraîné? Ou c'est de naissance? Parce que si ça s'apprend, je veux bien le mode d'emploi!

L'autre crétin ne le prend pas au sérieux. C'est dommage parce que même quand il exagère franchement son pouvoir, il n'est pas sans ressource et qu'il ne menace JAMAIS s'il ne suis pas certain de pouvoir au moins un peu faire chier son adversaire. C'est une des choses qui lui permet d'être aussi crédible quand il fait la grosse voix. D'ailleurs, il a impressionné Madame ce qui est cool. Ca veut dire qu'elle se souviendra de lui, de son établissement et qu'elle reviendra. Il n'y a pas de petit profits. Un peu gêné quand même par les compliments il se frotte la nuque et se redresse de toute sa haute taille avec un rire franc et sincère.

"C'est ce que j'appelle la voix de papa." Il y a un éclair de tristesse qui passe derrière ses yeux clairs alors qu'il repense à son paternel avant l'accident et au grondement qu'il avait parfois et qu'il a passé tant d'années à tenter d'imiter. "J'ai du m'occuper de mes frères et soeurs quand j'avais même pas quinze ans alors croyez-moi, dans ces cas là, on s'adapte vite. Les petits savaient que quand j'en arrivais là, faut arrêter les conneries. Du coup, je sais pas trop si c'est travaillé ou pas."

Je comprends mieux le caractère un peu bougon, et l'air sérieux. On dirait que la vie ne lui a pas fait de cadeaux, à lui non plus. Bon, avec mon statut d'esclave arrivé en même temps que ma naissance, on ne peut pas dire que j'ai été gâtée par la vie. Mais moi, au moins, j'ai eu la chance d'être la gamine dont on s'occupe. Si Hay'na avait été vivante, et s'était occupée de moi après ma libération, aurait-elle la même attitude que Cathwulf?

C'est donc travaillé. Mais par la force des choses.

Je souris, et ajoute:
C'est pour ça que vous m'avez appelée "la gamine" ? Par habitude d'avoir des enfants à charge? Parce que, je ne suis pas experte en humains, mais je pense que je suis plus âgée que vous!

Pour prouver mes dires, je dévoile, à l'aveugle, une fine mèche de cheveux blancs au-dessus de ma tempe gauche. Elle est discrète, dissimulée sous une autre mèche tirée en arrière par ma natte. Mais elle est bien là.
Regardez. Une mèche blanche. Je n'en vois pas sur vous. Je dirais, à vue de nez, cinq ou six ans de différence d'âge. En ma faveur.

Il rit "Ptet bien. Ca vous a pas vexé j'espère ? J'suis parfois un peu maladroit." Souvent beaucoup aurait pensé Wynnstan. Quant à Niaw, il l'aurait dit c'est sûr ! Il ne s'en préoccupe pas, de toute façon ce qui est fait est fait puis ça changeait pas grand chose, au contraire. Il sourit en voyant la mèche blanche. "Ca vous vieillit pas, ça vous donne un style pis si vous voulez compter les poils blanchis, j'en ai dans ma barbe. C'est pas dit que vous gagniez. Sauf si on le fait à la longueur, là c'est clair, je m'incline." D'toute façon, l'âge c'est surfait. J'm'en contrefiche moi, y a les adultes et les gosses. La gamine est une adulte. Sympathique qui plus est. "Par contre j'ai une menace à mettre à exécution. C'est quoi que vous avez commandé et c'est dans quelle corpro ?"

Je n'en voudrai jamais à qui que ce soit pour une maladresse. Certainement pas moi, la championne Doradienne des pieds dans le plat.
Vexée? Non, j'ai entendu pire. Surtout quand je l'étais vraiment, gamine. C'était...une autre histoire

Son histoire de compter les poils blancs sur son visage me fait rire. Et effectivement, il y en a bien, mais plus discrets parmi les poils roux que mes cheveux blancs dans mes mèches noires. Peut-être que si je colorais l'intégralité de mes cheveux en cuivré, plutôt que la moitié inférieure de ma natte...Mais non, la teinture serait trop agressive pour la peau de mon crâne. Je risquerais de les perdre, mes cheveux. Et je préfère éviter.

Du matériel vétérinaire. Des cathéters principalement. Et la corpo, c'est ZooMedCorp, je crois que c'est une filiale d'Anthema. Quand je pense qu'il m'a sérieusement suggéré de réutiliser des aiguilles de cathéters pour des opérations!

Proton vient poser sa tête sur ma jambe, pour quémander de l'attention. Un claquement de doigt le rappelle à l'ordre, et il se redresse, aussi fier que peut l'être un chien dont le visage n'est qu'un amas de peau plissée.
Même lui, il a compris que c'était stupide, dis-je en posant ma main sur la tête de Proton.