Better luck next time ! [Noor & Keli]

Il y a des jours où il vaudrait mieux rester assit et la fermer. Boire sa bière en ignorant le reste, histoire de ne pas s'embarquer dans des conneries dont on entendra encore parler trop longtemps après les événements.

Sauf que t'es faible, Loukian. Et par l'Unique, la p'tite serveuse, elle avait un de ces fichus culs rebondit. Une demoiselle qui avait tellement besoin d'aide.

Et puis t'es mécano, hein. Ingé, même. Et pas n'importe quel ingé. T'es l'ingé-chef de l'Iceberg, puissante frégate du Capitaine Jaziel de Nieves capable de mettre à mal tout ennemie, allant du simple esclavagiste en passant par un vaisseau d'inquisiteur et ce jusqu'à UN FOUTU GALLION TRINITAIRE. Bon, ok, pas seuls. Mais quand même.

Alors avec ton CV, tes années d'expérience, tu pouvais qu'être capable de l'aider.

Sauf que non, imbécile. T'es mécano, pas réparateur d'électro.

Et l'évidence ne te frappe avec dureté que quand ce stupide grille-pain se transforme en putain de brûle-pain en passant foutrement proche de te priver d'une bonne partie de ta tignasse au passage.

Par l'Unique et ses putains d'ouailles au bâton tellement enfoncé dans leur fichu postérieur qu'ils en ont des foutues échardes sur la langue !!! MER. DE.

Tu coupes l'alimentation dans un sursaut et une pelleté de juron et attrape sans y penser la première chose susceptible d'éteindre cette catastrophe ambulante, c'est-à-dire ta malheureuse et innocente bière.

Il y a un putain de silence ahuri dans l'établissement.
Ça ne durera tellement pas.

- … Pourquoi tu l’as laissé branché ?

C’est ta voix qui brise le silence avec la douceur d’une plume. C’est ton arrière-train qui se lève pour traverser la salle, monter au chevet du grille-pain.
La serveuse avait tenté de te convaincre de le réparer. Tu lui avais gentiment dit non, peu sensible aux charmes de l’arrière de sa personne pourtant très mis en valeur par sa posture. Et maintenant tu te sens mal pour le pauvre homme qui s’est fait probablement brûler une partie de ses sourcils.

- Il faut toujours débrancher les machines.

Que tu dis du haut de ton expérience en tant que mécanicien, réparateur de machines de pointes corporatistes et d’amplis récalcitrants, certain que tu es que l’homme maladroit est un bricoleur du dimanche.

Ouais. Silence ahuri qui durera pas. Qui est déjà fini.

Tu souffles, lèves le regard vers l'homme qui approche avec sa voix toute douce. Pourquoi tu l'as laissé branché ?

C'est comme les "Pourquoi t'as essayé de sauté par-dessus ce ruisseau à la place de faire un détour par le pont ?" ou "Pourquoi t'as essayé de rattraper cette pièce super lourde toute seule ?!"

PARCE QU'ON A TOUS CES MOMENTS À LA CON OÙ ON RÉFLÉCHIT PAS.

"Parce que je suis con."

Sauf que non, tu réponds pas ça, ton orgueil malmené à assez souffert quand bien même un blondinet à rousseur viendrait te le mettre sous le nez.

- Hm. J'ai pas de réponse convenable.

Tu pousses la chaise devant toi du pied pour qu'il puisse s'asseoir.

- Connaissance en réparation d'électro ?

Parce que toi à part bidouiller du vaisseau, nope. Pas du tout. Ton regard revient sur l'arme du presque crime capillaire, tu soupires légèrement, fait signe à la serveuse de te ramener une bière, parce qu'il te faut vraiment ça.

Tu hausses un épaule tout en te hissant sur la chaise, un pied sous toi, une main sur la table pour maintenir un semblant d’équilibre.

- Mécanicien.

Et la première chose que tu fais sans une once de crainte, c’est de débrancher ce grille-pain avec juste ce qu’il faut de mise en scène pour qu’il soit clair que tu t’amuses. Tu tiens la prise entre deux doigts, tire gentiment, soulève le bout dégagé bien en hauteur et le lâche plus loin avec une indolence dédaigneuse totalement surjouée.

- En cybernétique. L’électroménager est plus facile à gérer qu’une jambe…

Une de tes mains se tend vers le réparateur du dimanche.

- Tournevis, s’il te plait.

Aaah. Un autre mécano. La honte. Mais la suite te réconforte un peu, parce que la cybernétique, c'est pas le même genre de mécanique que ce que tu fais et donc tu comprends mieux qu'il puisse avoir des affinités avec le grille-pain, contrairement à toi.

- Je vois.

Tu lui files le tournevis avec un sourire en coin avant de payer ta bière qu'on vient te porter et prendre une gorgée en ne manquant pas une miette de ce qu'il fabrique. Boah. Tu te sens pas le besoin de lui expliquer que t'es juste un chef mécano un peu con ?

Il voit. Grand bien te fasse. Au moins a-t-il la gentillesse de te donner le tournevis demandé et tu peux te mettre au travail.
Hissé sur tes genoux pour être bien au dessus du grille-pain, tu commences par lui enlever ses plaques extérieures. Les vis enlevées sont bien alignées sur la table, on voit directement que tu as l’habitude de travailler avec de petites pièces agaçantes rien qu’à cette manie.

- Est-ce que tu bricoles souvent ?

S’il répond “non”, tu sauras pourquoi il a oublié l’électricité. Et si c’est “oui”, tu sauras simplement qu’il est un peu stupide.

Tu l'observes faire, n'en manquant pas une miette. T'as l'occasion d'apprendre en le regardant faire alors qu'il est visiblement plus callé que toi. Tu vas pas cracher dessus, même si ça veut dire qu'il va probablement te faire la discussion et tout le bordel. C'est d'ailleurs exactement ce qu'il se passe.

- Pas ce genre de trucs, ça rien à voir.

Les coques, on les débranche pas. Il n'y a pas besoin de le faire.

- Tu travailles sur Hope, du coup ?

Pf, tu vas pas le laisser t'enterrer de questions non plus.

Ah. C’est une réponse que tu n’avais pas prévu, pas ce genre de trucs. C’est très intrigant. Que peut-il bricoler qui ne soit pas de l’électronique ? Tourne-t-il du bois ? Fait-il des meubles ? De la maçonnerie peut-être ? Les possibilités sont infinies, fascinantes.

- Huuum, non. Je travaille sur un vaisseau militaire pour le moment.

Tiens, il y a une vis là dessous… Tu te tortilles pour l’atteindre, un bout de langue sorti sous la concentration.

- Sur quoi est-ce que tu travailles d’habitude ?

Non, tu n’arrives pas à attraper cette vis. Quelle tuile.

- Tu veux essayer ? J’ai une vis là dessous, je n’arrive pas à l’avoir.

Et tu tends le tournevis vers le bricoleur du dimanche, s’il veut tenter sa chance.

Vaisseau militaire. Gnnnn... C'est pas trop un pote possible. Quoi que Roose ne l'est pas non plus et... Mouais.

Tu prends une gorgée à ta bière, l'observant faire alors qu'il cherche à virer une vis récalcitrante. Tu bouges pas pour l'aider, t'es le premier à t'agacer quand tu bosses sur un truc et qu'on vient y foutre les mains sans autorisation.

- Spécialisé en coque. Rien à voir avec ce machin.

Bon, tu fais pas que ça, mais t'as pas envie de t'étaler. Mais on débranche PAS les coques.

Il te demande ton aide, tu l'observes une seconde avant d'attraper le tournevis et l'engin du diable crameur de sourcils pour inspecter la vis a atteindre de plus prêt. Nah, vous irez jamais chercher cette vis avec ce tournevis. Tu fouilles tes poches un instant, en sortant un tournevis plus fin et une paire de pince... Et tu te gênes pas pour plier le bout du tournevis afin d'aller chercher cette satanée vis, reposant ensuite le grille-pain sur la table alors que tu poses la vis aux côtés des autres.

- Tiens.

Tu redresses pas le tournevis pour le moment, faudra bien la replacer à un moment ou l'autre, cette vis chiante !

Ah. Oui, tu comprends maintenant, il y a un monde de différence entre une coque et un grille-pain. Mais quand même, il aurait pu penser à débrancher !

- J’imagine.

Tu votes pour préserver la paix entre vous et aller dans son sens en le rassurant sur l’absence de point commun entre vos deux spécialités. En retenant aussi la moindre remarque finaude qui pourrait te venir sur les risques d’électrocution ou les cours de base d'ingénierie. Tu ne voudrais pas le vexer, surtout pas alors qu’il t’aide pour ta vis récalcitrante en faisant la chose la plus improbable que tu aies eu l’occasion de voir.
Tu n’as même pas pensé à massacrer un tournevis pour le rendre plus adéquat. Tu suis du regard l'exploit du mécanicien du dimanche, les yeux écarquillés, la bouche très légèrement ouverte de surprise. Vraiment, tu n’y avais même pas songé.

- Merci.

Tu voilà de nouveau enroulé au dessus du grille-pain, les mains dans ses entrailles.

- Et, heum. Je n’avais pas pensé à plier un tournevis. C’est malin. Merci pour l’astuce.

Tu lui offres quelque chose comme un sourire de remerciement depuis ton perchoir à mécanicien.

- J’y penserai la prochaine fois que j’ai du mal avec une pièce non standardisée.

On dirait que tu viens de faire le truc le plus improbable du monde. Tu le regardes quelques secondes, lui et son expression ébahie avant de lâcher un rire, haussant doucement des épaules.

- Ouais, on apprend ce genre de conneries quand on bosse en urgence sur un souci en plein espace. Bon, autant se garder quelques vieux tournevis pour ça, c'est chiant d'endommager des neufs avec ce genre de conneries.

Ton regard revient sur ce qu'il fait, prenant une nouvelle gorgée de bière, toujours intrigué. Faudra peut-être envisager de te pencher plus sur ce genre de trucs. C'est une machine infernale, mais savoir les maîtriser, ça peut quand même être pratique. Genre pour éviter d'avoir un militaire mécano blond qui nous juge grave.

Bon, c'est pas comme si ça te gênait tant que ça, tu le recroiseras probablement jamais, ce mec. M'fin, ça va pas t'empêcher d'être un minimum poli. Et puis t'es curieux.

- Je m'appelle Loukian. Et toi ?

- Keli.

Retour hors du grille-pain pour tes mains. Tu les essuies sans cérémonie sur ton pantalon avant d’en tendre une à Loukian, mécanicien du dimanche expert en coques, en un geste trop de fois répété.

- Keli Lennox. Mécanicien pour prothèses cyber et dompteur de toasters rebelles. Enchanté.

La touche d’humour s’accompagne d’un sourire à dents découvertes parfaitement sincère.

Tu souris à son humour, enregistres son nom tout corporatiste au passage.

- Enchanté. Je te paye quelque chose à boire pour l'aide ?

Tu lui dois bien au moins ça. Histoire de pas avoir eu a ramener ce grille-pain à la serveuse, bredouille et vaincu. Qu'importe, à ce stade, que Keli prenne le relais.

Te payer à boire ? Alors que tu pourrais certainement racheter tout le bâtiment avec ton argent du mois ? D’accord.

- Je veux bien une bière.

Tu jettes un oeil vers la serveuse qui a l’air de regarder sporadiquement dans votre direction, comme pour savoir si son grille-pain est réparé ou pour ne pas perdre des yeux Loukian, et tu souris en revenant à tes moutons mécaniques.

- Tu peux dire que je suis ton apprenti si tu veux qu’elle continue à te faire les yeux doux. Ca ne me dérangera pas et elle non plus, je pense… Elle a l’air de bien aimer tes mains.

Et tout le reste. Et tu peux la comprendre, vraiment, ou en tout cas tu crois. Tu ne voudrais pas gâcher les chances du mécanicien du dimanche ou celles de la demoiselle.

T'hoches la tête quand il demande une bière, va pour t'lever et aller chercher ça quand il continue de parler, te faisant figer, étonné. Tu le fixes un moment... Et peu difficilement retenir un rire. C'est un sacré numéro, ce corpo mécano. Tu peux pas t'empêcher de jeter un regard vers tes mains avant de le regarder à nouveau.

- Ou je peux lui dire que je suis un peu con, mais que j'adore ses yeux.

Tu lui adresses un clin d'œil avant de te diriger vers le comptoir, en profitant pour draguer un peu la demoiselle, tout en récupérant à boire. Ça te prend pas trop de temps et tu es de retour à table, posant la bouteille devant Keli.

- Voilà.

Ses yeux ? Ah, mais ce n’est pas ce qu’elle essaie de mettre en valeur. Ne vaudrait-il pas mieux lui dire des choses sur ses… Non. Non, il ne vaudrait mieux pas, tu t’en rends compte. Ce serait vulgaire.

- Ca pourrait marcher.

Mais tu ne vas pas le regarder faire. Tu vas retourner à tes opérations à toaster ouvert, t’appliquer à le remettre en marche. Pendant que tu y es, peut-être que tu devrais aussi régler plus correctement la température de l’engin, non ?
De nouveaux outils. Tu as besoin de nouveaux outils. Tu tends la main vers Loukian et ignore la bouteille.

- Est-ce que tu as une pince ? Je vais recalibrer la température. Elle a l’air réglée n’importe comment.

Et ça t’offense, manifestement, puisque tu lâches un petit tic d’agacement consistant à soupirer en te recoiffant du souffle.

Bien sûr que ça marche, roh ! Et puis c'est important pour les hérétiques de draguer et tout le bordel pour compenser l'aridité de la vie sexuel des trinitaires qui se roulent dans la foi de l'Unique. Bon, oui, il y en a qui se tortille pas QUE dans la foi de l'Unique, mais quand même !

Enfin, là, tu regardes Keli faire. Te demander des pinces. Punaise, mais il traîne rien sur lui, le gosse ? Tu fouilles tes poches, en trouves une paire. Par l'Unique, on se demandera pas pourquoi t'as besoin d'une foutue ceinture pour faire tenir ton pantalon sur tes hanches, vu tout le poids dans les poches. Tu lui tends les pinces.

- C'est pas une mauvaise idée.

Et tu regardes comment il fait, parce que t'en a pas une fichtre idée, de comment recalibrer la température d'un grille-pain. Tu prends une gorgée de bière, hausse un peu un sourcil.

Tu prends les pinces avec un hochement de tête en guise de remerciement. Non, tu n’as pas les tiennes avec toi, ce serait stupide de te promener avec toute ta boîte à outils… Tu n’es pas de ces mécaniciens qui n’ont que ça dans la vie et qui prennent avec eux chaque bout de métal un tant soit peu utile à chaque fois qu’ils sortent de chez eux.
Sans attaque personnelle envers le mécanicien du dimanche et son pantalon plein d’instruments, bien entendu.

- La serveuse devrait apprécier.

Tes lèvres se courbent en un sourire amusé. Quand tu relèves les yeux du grille-pains, ils croisent ceux d’un Loukian semblant intéressé. Tu te décales donc sur ta chaise pour lui laisser un peu plus de place au dessus de l’ustensile de cuisine.

- Est-ce que tu veux que je t’explique comment faire… ?

Parce que ça semble poli. Parce que tu n’es pas contre éduquer quelqu’un. Et parce que tu le peux, tout simplement.

- Hmhm. que tu réponds vaguement à son commentaire sur la serveuse, occuper a regarder ce qu'il fabrique lorsqu'il te demande si tu veux qu'il t'explique comment faire.

Oh bah oui. Ça pourra toujours servir, tu vas pas cracher sur ce savoir.

- Ouais, si tu veux bien.

Et il te fait de la place que tu prends pour mieux voir les entrailles de ce fichu engin du démon, la bière pas loin. Il est débranché, mais sait-on jamais ?

- Ces fils, là et là…

Il t’a donné l’autorisation de l’éduquer et tu changes presque de personnalité, presque immédiatement. Ta voix se fait un peu plus forte, ton maintien plus droit, et les qualités vaporeuses qui t’habitent disparaissent pour laisser place à une concentration intense. Tu es dans ton élément, plus que lorsqu’il s’agit de comprendre les serveuses séductrices. Ca se sent.

- … C’est l’alimentation. C’était un court-circuit le problème, mais pour la température le problème est… Là.

Tu te penches presque sur ton épaule pour venir désigner une minuscule puce mal soudée entre deux plaques de métal, ignorant le fait que tu es maintenant dans son espace personnel.

- C’est le contrôle de thermostat et la chaleur a dû le griller. C’est facile, non ?

Son attitude change d'un coup, te faisant figer un instant avant que tu t'y fasses simplement, te concentrant sur ce qu'il te montre, ayant peu à faire de votre promiscuité temporaire. Tu fronces légèrement les sourcils de concentration alors qu'il te montre différents éléments en expliquant, cherchant à enregistrer le tout dans ton crâne. Tu le veux vraiment alors ça devrait le faire.

- C'est pas pratique si la température du grille-pain peut faire griller son contrôle. Il n'y a pas de façon d'éviter ça au niveau de la construction ?

- Si, il faut l’isoler. Des plaques thermiques ou un autre positionnement auraient fait l’affaire.

Tes sourcils se froncent. La technologie de mauvaise qualité et sans doute peu chère t’offense, c’est certain. Tu ne comprends pas le besoin de bâcler un travail pour gagner quelques centimes sur le coût de production. Tu dois avoir trop d’éthique, ou un goût du travail bien fait, tu ne sais pas exactement.

- Mais c’est un peu plus cher, je pense. Ils peuvent se permettre de faire n’importe quoi sur un grille-pain à cinquante crédits.

Mais ils ne devraient pas. Tu soupires.

- La serveuse devrait songer à acheter quelque chose d’un peu plus cher mais qui ne risque pas de lui fondre dans les mains. Si j’avais des polymères thermiques, j’aurais pu l’isoler, mais…

Tu montres tes mains au bricoleur pas-tant-du-dimanche. Il n’y a rien d’autre que le tournevis dedans.

- Je les ai oubliés dans mon autre pantalon, plaisantes-tu.

Vous froncez tous les deux des sourcils, suite à ses explications. Alors comme ça ce putain de grille-pain est tout bonnement mal conçus, volontairement aussi. Et comme d'habitude, c'est une question de coût de fabrication. Tu soupires avec lui, secouant légèrement la tête.

- Et après ils se demanderont pourquoi leurs ventes baissent.

Tu hausses un sourcil devant son humour avant de ricaner et de tâter vaguement les poches de ton pantalon.

- Eh bah pour le coup, j'ai pas non plus. Va falloir s'en contenter pour aujourd'hui, faut croire.

Tu prends une gorgée de bière, l'observant continuer son labeur, sans en manquer une miette. La prochaine fois, tu n'auras pas besoin de lui ou quiconque d'autres, tu te le promets.

Quelque part, tu te dis que se “contenter” de tes réparations n’est déjà pas rien. Tu n’es pas un mécanicien de quartier, après tout, mais un spécialiste -certes jeune, certes manquant d’expérience- de l’armée corporatiste. Se “contenter” de ton aide serait comme se dire que ce n’est pas si pire que de laisser un horticulteur arroser des géraniums de vieille dame.

- Il ne peut pas être en pire état, de toute façon.

Sur cette observation, tu fonds de nouveau sur les entrailles de l’engin de malheur pour finir tes opérations.

Tu es à ça de finir lorsque soudains, tu geins. Il y a plus franc comme bruit de douleur mais vu ta grimace et la hâte avec laquelle tu sors la main de là, projetant au passage le grille-pain vers le bout de la table, il vient de te faire mal.
De te brûler, plus exactement. Alors qu’il est débranché.
Tes yeux au bord des larmes se lèvent vers Loukian.

- Il m’a attaqué !

Il ne peut pas être en pire état. C'est un fait.

Tu continues de regarder le jeune homme faire quand il émet un geignement avant d'avoir ce mouvement tout caractéristique de douleur qui consiste à se sortir au plus vite les doigts d'où ça a fait mal et de repousser l'objet du diable.

Pour autant, le mouvement te surprend et tu rattrapes le grille-pain avant de poser un regard perplexe sur Keli... Qui te regarde avec les yeux en haut en te disant qu'il l'a attaqué.

Et t'es pas un assez bon gars pour pas éclater de rire.

- Mais comment ?