Mais nan, j'vais bien docteur !... Aa...atCHOUM !

Elle hausse les épaules, simplement, pour lui dire d'y aller. La sensibilité de son visage, sous le fameux bandeau noir, est quasiment inexistante... et pourtant, certains endroits, les moins touchés, ressentent encore le froid soudain. Comme par automatisme, son dernier oeil viable, mais mort, s'ouvre sur le monde, comme s'il espérait encore pouvoir apercevoir quelque chose.

La dernière chose qu'il a pu voir, c'était la vague et floue silhouette de son Capitaine, 8 ans plus tôt.

Mais il est un peu rouge, ainsi que la paupière mobile.
Quant au côté gauche... Il n'y a pas grand chose à en dire. Ce n'est qu'un entrelacs de tissus cicatriciels avec un creux là où aurait dû se trouver son oeil gauche.

" Euh... " Elle réfléchit un moment. " Bien. Enfin, ça gratte un peu peut-être. "

J'observouille les yeux. Il y a quelque chosinet d'étranginou au niveau de l'oeil qui est encore là, ah ça oui. Je vais bien le nettoyouner. Je commençouille d'abord par le nettoyaginet du côté gauche. Il n'y a pas de tracinette d'infection, ni de rien d'étrangeounet. Madame Ni'oh ne sent plus rien du tout de ce côté là, alors je sais bien qu'elle ne va pas avoir malou, mais je nettoie quand même avec beaucoup de précautionnettes et de douceur.

- Ca gratouille, vous dites ? Je vais regardouiller ça de plus prèninou.

Mais d'abord, je finis bien le nettoyage du gauche, et puis avec mes yeuninous, je zoomouille sur son oeillinet.

- Vous avez réfléchouilli à ce que vous m'aviez dit à propos d'une opérationnette, Madame Ni'oh ?

Elle ne bouge pas. Elle se laisse faire. Même si elle n'aime pas ça.
Ca a quelque chose de bizarre d'avoir Billy penchée sur elle à nettoyer le haut de son visage. Cet espace de peau que personne ne regarde jamais, ne touche jamais... Mais elle sait que c'est nécessaire, alors elle ne bronche pas.

Elle ne peut cependant s'empêcher de contracter légèrement la mâchoire au changement de sujet.

" Pas vraiment... " Mais elle se décontracte vite. C'est juste un réflexe. Mais Billy n'est pas son Capitaine. " Pourquoi ? "

- J'ai rencontrouillé une personninette compétentounette pour ce genre d'opérations, récemment. Elle s'appelle Alexis Calvin, et elle est chirurgienne cybernétique. C'est bien la meilleure de Dorado, ah ça oui. Elle devrait m'apprendre quelques basounettes bientôt, sur la chirurgie cybernétique. J'en connais déjà un peu sur la réparation, mais pas bien sur la chirurgie. Elle est pas donnée au niveau du tarifinou, mais c'est bien de la qualité, son travaillou.

Je vais bien chercher mon produit désinfectouillant.

- Il y a un tout petit débuninou de croûtinette sur votre oeillinet, mais rien de gravinou. Quand ça vous gratouilloute, il faut venir me le dire tout de suite, et pas attendre, d'accordinou ?

Elle écoute Billy, la pauvre petite malade qui doit bien se concentrer pour essayer de comprendre ce que l'étrange médecin au langage si... fleuri ? Non... Les hommes du Liberty utilisent pas "fleuri" pour qualifier ce genre de langage. Mais... Bref. Au langage si différent des autres. Comme si elle avait sa propre version du Standard.

Et si Ni'oh déteste pas tout comprendre et a ce sentiment de frustration intense... Avec Billy, c'est plus un sourire qui se profile dans ce genre de moment. Parce qu'entre la voix de la jeune femme et son parlé tout particulier... Ca rend une impression toute mignonne en fait.

" Ca ne m'intéresse pas... La déesse a voulu que je perde la vue. Pourquoi irais-je payer une fortune pour me faire charcuter et aller contre ses souhaits ? " Qu'elle demande pensivement. Avant de soupirer, allongée dans les draps. Elle extrapole les voeux de Calypso. Elle ne lui a jamais rien dit sur sa vue. C'est une conclusion personnelle. Mais c'est sa vie.

Et elle pense que Billy respecte ça.

" D'accord. Promis. " Qu'elle répond ensuite, en bonne petite patiente pour une fois... Sans savoir pourquoi elle se laisse faire aussi facilement avec Billy et pas un autre.

Mais pour l'heure, elle commence surtout à fatiguer.

Je respectouille bien qu'elle veuilloute pas ben s'faire charcutouiller les yeux, et j'la laissouille réfléchirouiller à tout ça, ah ça oui ! Dodu et moi on finit bien notre travaillou en lui désinfectouillant les yeux et en s'assurouillant qu'y aura pas ben d'autres croûtinettes, ah ça non. C'est bien vrai qu'il faut pas que ça s'infectouille plus, ah ça non ! Mais on va bien surveilllouter, pour sûr ! On replaçouille doucement le bandinet de Madame Ni'oh quand on a fini.

- Et voilà, j'ai bien fini. Il faut se reposouiller maintenant, sinon la maladie va bien s'accrochouiller, ah ça oui ! Vous pouvez bien rester ici si vous voulouillez, mais vous pouvouillez aussi retourner à votre cabinette si vous me promettouillez de bien vous reposer, ah ça oui !

Son sourire est un peu faible mais il est au moins là. Elle se sent mieux une fois que Billy a fini avec ses yeux et à replacé son bandeau sur ses yeux.

" Je vais rester ici ce soir. Merci Billy. "

Elle s'installe un peu plus confortablement dans le lit, mouchoirs à portée. Elle est trop fatiguée pour rentrer tout de suite. Demain.
Oui. Demain c'est bien.

Je suis soulageouillée qu'elle préférouille rester ici pour cette nuit, ah ça oui ! Ca me permettra bien de veillouner sur elle, et d'intervenir si jamais je sens que son état se dégradouille. Je sais bien que Madame Ni'oh a une santé bien fragilounette, et même si j'ai bien confiance dans les soins que je lui ai fait, je ne veux pas bien prendrouille de risquounets, ah ça non !

Alors je ne dis rien, mais je tirouille le rideau autour du lit pour qu'elle puisse bien être tranquillounette. J'irais voir fréquemment dans la nuit si jamais elle a besoininou de quelque chosinette, ah ça oui ! Mais en attendouillant, je retourne à mon bureau et puis je continue à travaillouner avec mes plantinettes.