Trinkets [Way'si]

Le sortir n'est en effet pas envisageable, nous sommes tous les deux d'accord. Mais derrière le comptoir...je ne vois pas tellement l'intérêt de la manoeuvre, elle doit être tactique. Je fais instinctivement confiance à cet homme, je pense qu'il sait mieux que moi. Je me lève souplement, gardant l'homme dans les bras, contre mon torse, comme un blessé. Il est lourd, plus que moi et je marche comme une femme enceinte. J'ai perdu dans le Vaisseau du muscle que je n'ai pas encore retrouvé. Je le pose délicatement et me retourne pour commencer ma fouille.

Je tourne au détour d'une grande plante en pot lorsque quelque chose sur mes pieds attire mon attention. Je me baisse et effleure la poussière du bout du doigts. Des grains rouges s'y collent. Je suis prise d'une légère appréhension et les porte à mes lèvres. L'effet est immédiat. "Oh, oh..."

Ey'ko, mon frère, qu'est ce que tu as fait...

Oh, oh.
Comment ça, oh oh ? Qu’est ce qu’il y a, qu’est-ce qui se passe, quelque chose ne va pas ? Abandonnant la surveillance d’Ey’ko, il se précipite aussi vite que faire se peut dans la réserve, manquant de le peler la peau des doigts au passage de la porte.

- Way’si ?

Oui, il est inquiet. Oui, ça s’entend. Et il s’en fiche royalement, parce que si quelque chose tourne mal il a raison de l’être.

- Un soucis ?

Il n’est pas exactement en garde, pas tout à fait prêt à se battre, mais il a les nerfs tendus et l’oreille attentive.

"Des Yäiewt Te Liva" Des plantes de Renaissance hautement toxiques qui laissent cette poudre rouge qui endort les muscles et la sensibilité au moins assez longtemps pour pouvoir digérer les plantes. Certaines lancent des dards, un peu comme les Keiehu'toor Te Liva, ces immenses fleurs carnivores. Mais s'il y en a, je crains autre chose. "Ce sont des plantes toxiques. Celle-ci est verte avec le bout des feuilles rouges et un coeur qui a l'air noir mais est composé de poudre carmin qui paralyse. Sauf que s'il a pris ça..." est-ce qu'il a osé l'incroyable ? Est ce que j'ai raison ? J'espère pas. "Mon frère aurais-tu un moyen pour éteindre ces lumières ? J'aimerais sonder l'obscurité." A-t-il vraiment fait venir des lanternes du diable quelque part dans ce bazar ? Et pour quoi en faire ?

Pas botaniste pour un sou, Suu se fait élève attentif aux explications. Il retient “plante toxique”, “poudre paralysante”, se dit que ça doit être une jolie fleur quelque part, et il obéit à la demande sans même demander pourquoi éteindre les lumières est utile.

- Je te trouve ça.

En farfouillant un peu, il parvient à dénicher un interrupteur derrière une jolie boite gravé. Il l’actionne.
Il fait tout noir, là où il se tient. Parce qu’il les a vus avant il sait où sont les piles d’objets inconnus mais s’il bouge, il a toutes les chances de faire tomber quelque chose. Autant rester sur place.

- Est-ce que tu vois un truc ?

Ha tiens, ses yeux commencent à s’adapter aux ombres. Il y a des trucs brillants un peu partout ou c’est une hallucination ?

Je les vois. Elles sont lumineuses, tellement belles sur le plafond. Ey'ko est mort. Même s'il survit à ce qu'il vient de se passer, il a transporté la mort hors de Renaissance et c'est interdit. Je ne ferais rien contre lui, pas moi, mais cela lui retombera dessus aussi sûrement que Calypso existe. Je suis catastrophée et, sans réfléchir, je viens prendre la main du Toor'kran sans tâche. Je veux le protéger de ces lumières. De cette mort que je sens rôder. "Tì'tspang" Je réfléchis "Lampe...lanterne du...démon ? Non, diable. Lanterne du diable dans votre langue. C'est un champignon très mortel, très dangereux. Tu ne dois pas le toucher."

Ce n’est donc pas une hallucination. Et la main de Way’si dans la sienne n’en est pas une non plus, aussi agréable que soit la sensation. Elle a de petites mains comparées à ses grandes pattes mais le pilote ne craint pas de les briser en serrant juste une seconde ses doigts.

- Compris, je ne touche pas.

La majorité de la lumière est de toute façon hors de sa portée. Sortir du fauteuil, escalader à la force des bras et fiche son nez dans des champignons n’est pas au planning.
Il faudrait par contre que “brûler ces saletés” le soit.

- Il faudrait pas se débarrasser de ça ? Imagine si quelqu’un entre et ne fait pas attention… Imagine à qui il a pu les vendre.

Rien que d’y penser, il a envie d’aller secouer le boutiquier. S’il voulait propager la mort, il avait qu’à échanger des armes contre de l’argent, comme tout le monde !

- Tu m’étonnes qu’il soit dans son état s’il deale du poison.

"Il en a probablement vendu. Et je peux deviner pourquoi. Le poison du Ti'spang ne se guérit pas mais son action est stoppée par une décoction au venin de Näa'ngi. Une drogue qui est illégale chez vous, très addictive, très chère." Bref, pratique pour un dealer qui chercherait à imposer sa dose a quelqu'un qui ne serait pas consentant. Je secoue la tête et frissonne, autant en me rappelant des symptômes de l'ingestion de cette horreur qu'en me rendant compte que je peux à présent réfléchir exactement comme un idiot d'envahisseur. "Hors planète, on ne peut pas les rendre à Mo'tanui, alors je ne vois pas d'autre solution que les détruire mais c'est dommage." Je serre sa grande main abîmée dans les miennes, si douces. J'en suis triste. Le spectacle reste magnifique et je n'aime pas détruire. "Comment tu verrais ça ?" Il s'y connait mieux que moi en destruction, j'en suis persuadée.

C’est officiel, Ey’ko est désormais aux yeux de Suu…

- Un bon. Gros. Connard.

Et c’est peu dire. Et s’il était seul avec lui, il lui aurait cassé chaque articulation des deux mains pour lui apprendre à faire le mariole avec ses plantes, ses poisons, avec il-ne-sait-pas-quoi-d’autre.
Sauf qu’il ne va rien casser du tout devant Way’si. Ca ne se fait pas. Il serre juste un peu plus ses doigts sur sa main pour essayer de la réconforter, parce que les champignons n’ont rien demandé et qu’ils vont disparaître, et que ça doit la rendre triste.

- On sort tout ce qu’on peut, tout ce qui est vivant ou important, et on fiche le feu à la boutique ?

C’est encore le plus sûr et le moins dangereux. Il ne voit pas vraiment d’autre option.

- Je peux trouver un speeder pour transporter. Demander aux gens du vaisseau pour ça.

Je ne connais pas "Connard" mais je devine que ce n'est pas gentil. Il a l'air en colère le Toor'kran et j'ose espérer que c'est le déracinement de ces dangers de Mo'tanui plus que l'histoire de l'argent. Je lui poserait la question plus tard. Quand je serais calmée. Doucement, je hoche la tête à sa proposition.

"N'y a-t-il pas de risque que le feu se propage sur des boutiques d'innocents ?" Je penche la tête. "Ton vaisseau accepterait de t'aider sans question ni renfort ?" Dernière question "Les gens qui veillent sur ceux qui habitent ici ne vont pas te faire de problèmes si on met le feu ?"

Fichtre. Il n’avait pas pensé à tout ça. Enfin si, mais à une seule chose, c’est ce à quoi il répond en premier.

- Sans questions ni renforts. Les pilotes sont sympas, si je demande de l’aide ils tendront la main. Une prêtée pour une rendue.

Et peu importe ce qu’on lui demandera en échange, il s’exécutera lui aussi.
Reste les autres problèmes.

- J’avais pas pensé à la propagation…

Bah oui, il est pilote, pas artificier. On ne lui a jamais demandé de faire disparaître des champignons avec un feu de joie. C’est donc partie pour une réflexion assez intense, le regard parti dans le vide, l’esprit très très loin du corps.

- Dès que ça prend bien, on sort et on prévient les voisins pour qu’ils évacuent et appellent les secours ?

C'est une belle façon de faire. De voir les choses. Les vaisseaux envahisseurs semblent différent des factions quand elles sont au sol, plus proches de nos propres façon de penser. Je penche la tête, me demandant à quel point le Toor'kran est original dans son monde. Je ne peux l'imaginer banal et il semblait gêné par cette passion qu'il a d'utiliser la mort pour en faire du beau, c'est donc qu'il ne la partage pas dans son vaisseau. Je me force à penser au présent, à ne pas laisser mes esprits vagabonder. L'heure est grave et je ne comprends pas pourquoi je suis si facilement déconcentrée. Je réfléchis. A la propagation du feu, bien entendu. Quoi d'autre.

"Les dégâts matériels ne sont rien vis à vis du danger pour l'être. Je pense que c'est un moindre mal ?" Je ne sais pas à quel point les gens des factions tiennent à leur maison. Chez moi, on les déplace, on les échange, ce ne sont que des lieux. Le coeur est important. Le reste est illusoire. "Si tu penses que c'est mieux. Je te fais confiance. Tu connais les tiens mieux que moi." Et, pour une fois, il y a un monde de douceur dans les "tiens" et aucunement le mépris qui perce pourtant parfois.

- Hmmm, c’est un moindre mal.

Entre crever d’avoir touché un champignon stupide et perdre son toit le temps qu’on en refasse un, il y a un monde de différence. La seconde option est bien meilleure. C’est en tout cas le ressenti de Suu, qui n’a jamais vraiment possédé de maison et se fiche du fond de son âme de ses affaires. On repassera pour sa pertinence.

- Je pense… Que c’est à peu près la seule solution. On va pas laisser quelqu’un se tuer avec ça.

Sauf Ey’ko. Lui ce serait bien fait pour ses fesses.
Mais ce n'est pas au programme.
Un soupir, et le pilote remonte littéralement ses manches. S’il faut sortir des affaires de la boutique, autant commencer maintenant.

- On récupère ce qui est important ou qui vit alors ?

Si c'est un moindre mal alors. "Le vivant d'abord. Puis trouver un retardateur pour que nous soyons sûrs d'être sortis avant de lancer l'opération. Il serait idiot d'être nous-même blessés par des spores emportées par les flammes." Au moins dans un astroport le vent ne serait pas un problème. Je lui serre à nouveau la main et m'avance dans les étals, l'oreille aux aguets. Un vivant serait caché ou nous aurait déjà attaqué, au vu du bruit que nous avons fait. Petit à petit, mes sens reviennent et je remarque dans un liquide une trace de pas entre deux cartons. A l'intérieur, un oeil me regarde dans l'obscurité. Cela n'a pas l'air dangereux. Il semble coincé, une boite lui est tombé dessus. "Suu ?" J'appelle sans force ni violence, doucement pour ne pas effrayer la bête. Doucement, j'enlève le projectile. C'est un moyel'an. Il a l'air mal en point. "Il me faudrait un morceau de tissu, le moins sale possible."

- Vivant, retardateur. Aye.

Au moins c’est facile. Et très con. Il serre un peu la main de Way’si lui aussi, puis il s’avance vers là où il croit avoir vu des plantes dans des pots. Ca compte comme vivant, non, les plantes ? On va dire que oui. Faut les sauver.
C’est donc un Suu aux genoux pleins de petites plantes très jolies -des espèces de tiges qui brillent- qui revient vers la tisseuse d’histoires à son appel.

- Je t’apporte ça.

Par réflexe, il prend même ton calme. Et un espèce de torchon brodé qu’il trouve à apporter. Dommage qu’il n’y aie rien de moins travaillé, ils vont… Faire quelque chose avec une pièce un peu artistique, c’est pas de bol.

- Way’si ?

Y’a un truc vivant là. Il le voit à peine, mais clairement, ça respire. Encore plus de calme. Il ne veut pas l’effrayer, il ne sait pas si c’est dangereux.

- Tiens. Je te trouve de quoi le transporter ?

"Merci. S'il te plait. Il va avoir peur. Une caisse ou un carton ? J'aimerais qu'il ne soit pas totalement enfermé, il a besoin de liberté lui aussi." Je m'approche doucement, parlant en mo'at à l'animal. Je lui dit ce que je vais faire, je prie pour qu'il me comprenne. Je ne pense pas. Il claque du bec. Il me mord même le doigt jusqu'au sang. Pas grave. Je jette sur lui le tissu et emprisonne ses ailes. Il se débat. Il a beaucoup de force normalement mais sa maladie et ses blessures l'épuisent et j'arrive à le maîtriser. C'est un mo'yelan. Sa fourrure a la même couleur de terre que ma peau et ses plumes sont noires tandis que ses petites cornes sont violettes. Il chante sur le même ton que mes histoires mo'at et je souris. Il est beau. Abîmé mais beau. Il continue à se débattre. Sauvage. "Tu trouves ?"

- Caisse ouverte. Aye.

C’est facile comme ça. Il n’a qu’à faire ce qu’il peut pour aider Way’si, obéir à ses demandes exactement comme il a toujours obéi à des ordres, et il n’a pas à s’en faire pour l’animal. Ou à se demander si c’est une bête dangereuse.
On a dit caisse. Il cherche une caisse. Il y en a une qu’il finit par voir mais elle est haute, elle est près des champignons tueurs, et franchement juste non. Il ne va pas y aller.
Boite suivante.

- Heh. Vaguement.

Absolument pas. Il ne trouve pas. Ha, si, il vient de poser les yeux sur un sac en osier. Ca devrait pouvoir faire l’affaire.

- J’ai un sac qui a l’air de pouvoir se fermer. Ou une caisse en bois mais elle est à plus d’un mètre cinquante du sol et près des Ti’spang. Le sac t’irait ?

"Le sac c'est parfait." Il n'est pas utile qu'il se mette en danger en passant trop près des Ti'spang, surtout avec son fauteuil qui ne rend pas les choses faciles. Détournant mon attention du Toor'kran, je fredonne un peu pour mon blessé du jour, beaucoup plus douce qu'avec Se'ko mais lui est un réel innocent, un vrai frère. Cela ne le calme pas vraiment et il continue à se débattre mais je tiens bon et lorsque mon ami revient avec le contenant, je le glisse doucement à l'intérieur. "Une créature blessée. Nous devrions le faire sortir rapidement avant qu'il ne déchire le sac." Je regarde autour de moi avec une tristesse que je ne cherche pas à cacher. "Je ne pense pas que nous pourrions sauver quoi que ce soit d'autre. C'est dommage. Il y a ici des merveilles qui ne seront jamais remplacées." Je soupire. "Mais il faut ce qu'il faut."

- Je t’apporte ça, soeur.

Sac donc. Y’a des choses dedans, il les vide sur ses genoux au milieu des plantes qui y sont déjà et il les laisse là. Pas le temps de trier. Il verra plus tard.
Suu ramène donc le sac en temps et en heure comme le bon pilote qu’il est et observe l’animal qui finit dedans. Y’avait des plumes. Des cornes. Ca avait pas l’air commode mais au moins ce n’était pas plein de dents, il est rassuré dans le fond. Way’si ne risquait pas sa peau.
Qu’il touche.
Très gentiment, même pas le temps d’un clignement d’oeil, pour la rassurer. Elle a l’air vraiment affectée par la perte de ce qui se trouve dans la boutique.

- Il vaut mieux des objets que des gens.

D’ailleurs en parlant de gens… Il y en a un qu’ils devraient sortir, si possible en le traînant au sol.

- Je récupère Ey’ko, je le fiche dehors, et je me charge d’allumer le feu. Tu devrais te mettre à l’abri avec ton sauvé.

Non parce qu’il est lancé, là, Suu : il ressort de la pièce pour s’occuper du déplacement légèrement cruel du boutiquier consistant à utiliser son pull comme corde de traction. Parce qu’il a besoin de ses bras pour avancer. Pas juste parce que ça lui fait plaisir de se venger.

Mieux des objets que des gens ? Je regarde autour de moi toute la vie qui sera bientôt détruite par le flammes et Ey'ko, celui qui fut mon frère mais a été dévoré par ses monstres intérieurs. Il n'est plus que la carcasse d'un frère tandis que l'homme devant moi est l'inverse. J'aimerais que leurs essences s'inversent. Et puis je secoue la tête pour revenir au présent et au souvenir de la main d'un vrai frère sur la mienne. Je lui souris.

"Oui." Et j'obéis. L'oiseau a peur. Il a raison. J'attrape mes affaires, quelques plantes médicinales au passage, dont j'aurais besoin pour l'animal. Ey'ko est inconscient près de moi. J'inspire. "Que fait-on de lui ? On l'abandonne ?" Il le mériterait mais je sais que malgré toutes leurs cruautés, les envahisseurs qui ne sont pas à une incohérence près, semblent apprécier la solidarité. Mais alors que entre eux.

- Nan.

On abandonne pas les gens. C’est très con parce qu’Ey’ko le mériterait, mais mourir brûlé c’est dégueulasse. Mourir rattrapé par des types dangereux ça l’est aussi, enfin il croit, alors c’est non tout pareil. Suu soupire donc. Et continue d’avancer en tirant l’idiot derrière lui.

- Je peux le faire monter sur le Némésis avec moi le temps que les types qu’il a mis en colère l’oublie et on le dépose au prochain arrêt. T’en dis quoi ? Comme ça il ne peut pas continuer ses bêtises et personne ne meurt. Et il repaye sa stupidité en épluchant des patates aux cuisines une semaine ou quelque chose dans ce goût ?

Comme prévu. On ne l'abandonne pas. Se mettre en danger pour sauver la vie d'un seul individu qui, en plus, peut risquer celle de toute la tribu me dépasse. Au moins j'ai un nom. Le Nemesis. Je demanderais au père de mon coeur ce qu'est ce vaisseau, sûrement un pirate puisque Suu en est un. "Une semaine ce n'est pas assez mais d'accord. Je prends l'animal avec moi pour le soigner. On se voit dans une décade pour échanger les nouvelles ?" J'ai envie de le revoir. Et de relâcher l'oiseau avec lui.

- Un mois alors.

Il rajoute le temps dans un haussement d’épaules presque désintéressé. Un an même s’il le faut, il gardera Ey’ko à la corvée patates et nettoyage de douches aussi longtemps que le voudra Way’si. Pas de soucis. Ca ne va pas beaucoup changer son existence.

- Une décade, ça me va. Je m’arrangerai avec le vaisseau s’il faut. On se retrouve sur Tortuga ?

Et là, ça le touche plus. Il sourit, sa voix se module autrement, chaleureusement, le brun givré de ses yeux semble se réchauffer aussi. C’est agréable de songer qu’il va revoir la conteuse. C’est quelque chose qu’il pourra avoir hâte de faire.

"Oui." Je n'ai pas besoin de rajouter d'avantage, si je demande à être sur Tortuga dans un mois pour une raison personnelle, je sais que le Capitaine me permettra de le faire. Après tout, je ne demande pas grand chose et c'est un endroit sûr pour les notres. Cela me laissera le temps de soigner l'animal, de le laisser renforcer ses ailes et nous pourrons le lâcher ensemble. Je lui souris. Je suis contente qu'il soit d'accord, de pouvoir le revoir en m'y étant préparé. Pour là, il est trop tard et je sais bien que la rencontre doit se terminer. Je pose un baiser sur sa joue comme le font les frères et les soeurs de ma tribu, pour se souhaiter bonne chance et augmenter celles de se revoir. "Yaye'rin" a bientôt.

Okay, le baiser le prend au dépourvu : Suu ouvre grand ses yeux bruns, sa respiration s’arrête un instant. Il s’y attendait pas. Absolument pas. C’est agréable, bien sûr que ça l’est, mais juste totalement venu de nulle part pour lui. Il lui faut un coup de pied au derrière -métaphorique et mental- pour se remettre en marche après ça.
Il sort de son dysfonctionnement stupide juste quand Way’si dit quelque chose dans la langue chantante de son peuple. Quelque chose que le pilote ne comprend pas, ce qui n’a pas l’air de le déranger plus que ça. Il fait très bien sans traduction.

- Va bien jusque là.

Ca devra faire l’affaire comme au revoir. Il ne va pas non plus servir le salut militaire ou les ronds-de-jambes sociaux stupides, ce serait trop lui demander.
C’est donc ça et… Et rien, et il s’en va avec ses plantes et sa boite et Ey’ko, direction le Némésis. Il ne doute pas que dans un mois, ils se reveront.