Danilo est né il y a 16 ans sur Avalon, une planète de l'Empire, dans une jolie maison possédée par son père et sa mère et maintenue par quelques serviteurs. Il eut une enfance globalement heureuse avec sa mère, ses cousins avalonais et parfois son père quand celui-ci rentrait de mission, ce qui n’arrivait pas souvent.

Ayant été élevé par une mère noble pour qui les apparences étaient primordiales, à l'âge de six ans Danilo était d'un naturel plutôt solitaire et taciturne. Il avait peu de contact avec les enfants autres que ses cousins qu'il ne voyait pas très souvent à cause de la distance. Les enfants des serviteurs - pour le peu qu'il y allait - et ceux de la ville avaient l'habitude de l'éviter au vu de leurs statuts différents et de ses yeux vairons qui avaient tendance à les mettre mal à l'aise. Jusqu'à lors Dani vivait au rythme que sa mère lui imposait, suivant les cours et les visites de nobles, attendant les retours, se faisant de plus en plus rares, de son père, seules échappatoires à cette monotonie.

Un jour, peu de temps après son septième anniversaire, il vit une fille aux beaux cheveux blonds et aux yeux couleur émeraude d'environ onze ans au détour d'un couloir, suivant l'une des nouvelles servantes, mais ils ne se parlèrent pas. Il se demanda qui elle était. Quelques jours plus tard, il la vit regarder par l'entrebâillement de la porte de la cuisine, avant qu'un grand bruit n’en sorte et que la fille ne prenne la fuite, un sourire aux lèvres. Peu après, le cuisinier sortit à son tour, couvert de farine et marmonnant des mots comme "gamineries", "farce" et "coupable".

Voyant Danilo proche de la porte, il lui apprit avoir été victime d'une farce, lui demandant s'il avait vu quelqu'un dans les alentours. Dani, sans trop savoir pourquoi, lui répondit qu'il n'avait vu personne.

Le lendemain, après une leçon appuyée sur l'honneur, la justice et autres thèmes ennuyants pour un enfant de sept ans, la jeune fille vint le voir. Elle se présenta sous le nom de Clara, lui expliquant qu'elle est la fille d'une nouvelle servante. Elle le remercia ensuite pour son silence mais lui demanda pourquoi, justement, il n'avait rien dit alors qu'il savait probablement que la farce était de son fait. Danilo haussa les épaules et répondit ne pas savoir.

Elle le dévisagea un moment avant de lui sourire doucement et de lui demander s'il aimait les farces. Dani réfléchit un instant puis répondit qu'il n'en savait rien, il n'y voyait pas d'intérêt, et de toutes façons il ne saurait pas comment en faire. Le sourire de Clara s'accentua et elle lui fit la proposition de rembourser sa dette en l'aidant à faire sa première farce, tout en lui apprenant toutes les ficelles. Danilo, intrigué par son sourire et son air enjoué, accepta, sentant monter en lui ce qu'il comprendrait plus tard être de l'excitation.

Après avoir discutés, ils décidèrent que la première farce aurait pour cible le professeur d'Histoire de Dani : un vieil homme décrépi pour qui enseigner des leçons consiste à donner comme instruction de lire un livre avant de faire une sieste. Clara expliqua à Dani ce qu'il devait faire et le jour venu, il rejoint sa leçon, comme à chaque fois, sortant son livre, comme à chaque fois, et regarda son professeur lutter contre le sommeil avant de s'endormir. Comme à chaque fois. A ce moment-là, Dani attendit une dizaine de minutes pour s'assurer que le professeur était bel et bien endormi avant de se lever et de s'approcher doucement. Il tira doucement la chaîne de la montre à gousset de la poche du professeur, comme Clara l'avait entrainé les jours précédents, et fit avancer les aiguilles de deux heures et demi avant de la remettre en place, faisant attention à ne pas réveiller son propriétaire.

Il se dirigea ensuite vers l'horloge de la pièce, employant la même technique. Respirant profondément, Dani se rapprocha à nouveau du professeur pour le réveiller. Encore groggy par le sommeil, ce dernier lui demanda d'un air endormi ce qu'il se passait, et Dani lui indiqua, le cœur battant, que le cours était terminé, et qu'il pouvait partir. Le professeur, habitué à être réveillé regarda l'horloge de la pièce avant de regarder sa montre. Voyant que le cours était bel et bien terminé il autorisa l'enfant à partir en annonçant qu'il allait dormir encore un peu.

Après que Dani ait rangé ses affaires, il observa le professeur ronfler fortement, avant de retourner à l'horloge pour la remettre à l'heure. Ainsi, comme Clara l'avait expliqué, lorsque le professeur se réveillerait de lui-même et verrait les différences d’heures, il penserait que sa montre commençait à avoir du retard. Une fois Dani plus habile de ses mains, il pourrait aussi remettre la montre à l'heure pour éviter les soupçons mais pour le moment, une seule manœuvre risquée était amplement suffisante. Ainsi, le cœur plein de joie et d'excitation, Dani sorti gagnant de sa première farce et parti vite rejoindre sa nouvelle et première amie.

Après cet événement, la fille commença à le sortir de sa coquille, à le faire sortir en ville, à lui apprendre à faire d'autres farces, à rencontrer d’autres enfants de la ville, qui comprirent que bien qu'il soit fils de noble il était comme eux, parmi lesquels il se fera de nouveaux amis.

Le jour de ses 10 ans, la mère de Dani invita une famille noble supérieure à la célébration. Le fils présent, de deux ans l'aîné de Dani, se trouvait être une véritable peste se croyant supérieur à tout autre. Il remarqua rapidement l'intérêt de Dani pour les classes inférieures et s'en dégoûta, commençant ainsi à chercher par tous les moyens de tourmenter Dani, ce qui ne manqua pas d'attirer l'attention de Clara.

Avec l'aide de Dani, ils mirent en place un plan pour remettre le jeune seigneur à sa place, mais celui-ci, moins bête qu'il n'en donnait l'air, comprit rapidement qui en était l'auteur. Ne pouvant prouver qui était à l'origine de ses malheurs, il décida de rendre la pareille aux deux amis, mais si les deux jeunes enfants prenaient à cœur de ne pas faire plus de tort que nécessaire, le jeune noble se languissait déjà d'avance de la douleur que sa propre farce engendrerait sur ses deux adversaires.

Malheureusement, si Clara et Dani avaient pour habitude de planifier leurs farces dans les moindres détails pour être sûrs que la victime soit bien la personne ciblée, et être capable de stopper l'action si une personne innocente risquait d'en faire les frais, le jeune noble n'avait pas de telles attentions à cœur et un serviteur lambda en fit les frais. A la fin d'une machination en chaine, celui-ci se retrouva au bas de l'escalier, la jambe brisée et les idées confuses quant à l'origine de ses blessures.

Sentant peser sur lui les risques de remontrances, le jeune noble alla à la rencontre de Dani et le menaça de l'accuser de tous les torts s'il ne prenait pas sur lui la majorité du blâme. Il souleva en effet le fait qu'étant de toutes façons d'un statut plus élevé que lui, les adultes iraient davantage dans son sens, mais qu'il préférerait que Dani avoue la faute plutôt que de devoir subir les reproches de ses parents en privé. Clara, connaissant suffisamment les attentes de la Mère de Danilo en ce qui concerne son futur, prit sur elle la totalité de la faute plutôt que de risquer de voir son ami subir une relation encore plus froide.

Au vu des actions perpétrées par sa fille, la servante fut congédiée, et Clara dû faire ses adieux à Dani. Le jour de leur séparation, elle lui offrit un souvenir qu'elle tenait de sa grand-mère. Clara lui fit enfin promettre de ne pas se reprocher la punition qu'elle avait subi pour une chose qu'ils n'avaient pas fait mais de continuer à profiter de la vie, peu importe les objectifs de sa mère, et que s'il devait continuer les farces ou les actions contestables, il s'en tiendrait aux règles qu'ils avaient instaurées, dont les plus importantes de toutes : ne pas nuire volontairement à quelqu'un et de s'assurer que seule la personne ciblée soir victime.

Les années passèrent, mais Danilo garda toujours en mémoire la promesse faite à Clara, améliorant ses farces, se faisant de moins en moins prendre, même si les soupçons planaient toujours sur lui. Tout cela au grand désarroi de sa mère, elle qui lui dessinait un tout autre avenir, ne manquant pas la moindre occasion pour rejeter la faute sur le père lors des rares et courtes visites de ce dernier et durant les absences de Dani.

Elle continua les leçons de savoir vivre, d'histoire, de noblesse, les rencontres avec d'autres Nobles qui survenaient de plus en plus dans les salons mondains et au contact de la bonne société Avalonaise. Intelligent, Dani comprit vite qu'elle trompait son père mais n'osa pas aborder le sujet avec celui-ci lors de ses visites, préfèrant grandement profiter de ces rares moments, seul avec lui, pour écouter les merveilleuses histoires de vaisseaux spatiaux, de batailles galactiques, de commandements, manœuvres et autres. Dani prenait tout autant de plaisir de son côté à raconter ses aventures toutes aussi extraordinaires à son échelle.

Avec tout cela Dani grandi, et les questions qu'il se posait n’étaient plus les mêmes. Ses intérêts non plus par la même occasion : les filles et cette envie de défier l'autorité étant bien présentes. Lors des débordements de Danilo, quand ce dernier poussait dans ses retranchements la patience de sa mère et que cette dernière sortait de ses gonds perdant tout contrôle de soi, le résultat fut souvent le même : Danilo se retrouvait assigné à résidence dans sa chambre.

Et alors que Danilo se retrouvait seul face à lui-même, avec sa seule conscience comme compagnie, il se remémorait les venues de son père, ces moments passés en présence de son père et de sa mère, les discutions plates, froides, jamais un mot plus haut que l'autre, jamais un haussement de voix. Avec le recul que lui fournit son âge il comprit que cela faisait longtemps que ses parents ne s'aimaient plus, sûrement du fait des absences de son père, mais cela n'excusait pour lui en rien le comportement de sa mère.

Répétant toujours le même schéma de discorde avec sa mère Dani, comprit qu'il n'était plus possible pour lui de continuer ainsi. Pour lui, la seule solution possible, la plus facile et avantageuse, était de réussir à rejoindre son père.

Pour se faire, rien n'aura été plus simple : connaissant bien sa mère et jouant de tout son savoir-faire, un petit « Papa, lui, me comprendrait », ou encore un « Papa s'occuperait mieux de moi » aura suffi pour intégrer l'idée dans la tête de sa mère ; et une fois que la menace vint d'elle-même il ne manqua que quelques prises de bec pour provoquer le départ.

Une fois la machine en route, Dani n’eut que peu de temps pour se préparer, un mélange entre appréhension et excitation n’arrêta pas de s’emparer de lui. Comment allait réagir son père, qu'allait-il faire une fois en Dorado, et serait-il assez fort pour s’en sortir ? Après tout il allait dans un monde totalement étranger, et dangereux en plus de ça.

Après un petit temps d’adaptation, Danilo comprit que ce monde avait énormément de choses à lui montrer, qu’ici personne ne le connaissait, ici serait un nouveau départ pour lui aussi, et même si le dialogue restait étrange avec son père, il espérait toujours réussir à rattraper le temps perdu, mais sans pour autant oublier le présent et de continuer d’avancer pour lui. Et qui pouvait savoir ce que l’avenir lui réservait ?