Partenaires particuliers [Wulf & Rae]

"Si la prime de risque équivaut à un week-end tous frais payés, ça me va. Sinon, elle est pas assez élevée." Il sourit. Il aime négocier, surtout quand il a à faire à forte partie comme ici. Et puis c'est sa façon de montrer à la jeune femme l'estime qu'il porte à sa rouquine. Une façon de dire "attention, j'y tiens, allez pas me la casser". Wynnstan dirait que c'est taré comme façon de montrer ses sentiments. Enfin le jour où Wynn oserait dire ce qu'il pense. "Parce que bon, moi les impériaux, c'est pas comme qui dirait mon coeur de cible hein. J'ai pas spécialement envie que tout ce qui est officiel dans la galaxie vienne me faire coucou et tout remplir d'uniforme. Faut pas oublier que mon établissement n'est pas un exemple d'ordre et de propreté."

Ni de légalité, par ailleurs.

Un week-end tout frais payé. Merde. Ouais, en prenant le minimum, ça peut largement se faire. Pas à coup de services et autres surplus qui coûte, en toute honnêteté, la peau du cul. Un week-end comme a réservé Felipe pour Mia, par exemple. J'suis pas du genre radine, j'offre régulièrement des services, des repas, des conso' et autres à mes clients. Mais faut pas déconner, quand même. J'ai pas super envie de précipiter mon établissement dans les méandres de la faillite. Alors j'tends la main au-dessus de la table, vers le frère Searuweard.

- Marché conclu.

Et j'hausse les épaules.

- Vous en faites pas. Le but c'est de vous faire de la pub, pas de vous envoyer des gens qui feront fuir votre clientèle.

J'veux bien m'assurer que tout est bon pour tout le monde. Pas question qu'on me la mette à l'envers. J'me tourne vers la cuistot.

- Vous avez une préférence, pour votre date de départ ?

Bien. La prime en espèce sonnantes et trébuchantes satisfait plus la jeune femme. Elle ne tenait pas plus que ça à aller passer le week-End sur le Crust. Ou peut être que si... Mais avec qui? Avec Papa? Hum... Peut être.

Qu'est ce qu'il allait dire d'ailleurs, a propos d'aller bosser pour les impériaux? Bah.... De toutes façons il ne dirigeait pas sa vie.

Rae lui demanda ensuite quand elle voulait partir. Audrey réfléchit une minute. Elle ne voulait pas leur refaire une sarazinade et partir au débotté.

"Et bien... J'ai l'inventaire à faire, si je pars, plus le temps qu'on s'organise pour repasser en équipe réduite... Dans une septaine? Ca nous laissera le temps de nous retourner."

Elle lance un regard interrogatif à Wulf, voir s'il est d'accord avec son estimation.

L'important, c'est de ne pas perdre. Cette phrase pourrait à elle seule résumer pas mal de la philosophie de l'aîné Searuweard. En acceptant de payer l'avantage qu'elle venait de refuser, le tavernier a l'impression d'avoir gagné quelque chose et c'était tout ce qu'il voulait. C'est donc en toute honnêteté qu'il serre la main tendue.

"Marché conclu."

L'idée qu'on puisse lui reprocher de négocier le temps d'une autre, ainsi que son travail ne lui traverse même pas l'esprit. Il est content que Minipouce puisse se vanter un peu, montrer ses compétences à l'extérieur, utiliser vaguement de ses cours d'épluchage de patates. Et puis ça lui fera du bien. Et lui...et bien il fera double peine, ce n'est pas grave, il a l'habitude. Il hausse les épaules.

"T'en fait pas pour ça ptite tête. On f'ra l'inventaire demain tranquille, je le pré-ferais cette nuit puis comme ça t'auras quelques jours pour t'acheter des fringues et des trucs de voyage. Promet moi de me joindre si t'as des soucis avec l'espèce de taré que tu vas former et si y a quoi que ce soit qui coince, t'es au RA chez toi donc quelque soit l'heure, tu files, je m'en fiche que tu aies fini ton contrat ou pas, compris ?"

Et je m'en fiche que l'autre, elle m'entende couver mes employés. Minipouce, elle est spéciale.

Ben ils sont rapides. C'est la grand-mère qui va être contente, tiens. J'espère bien que tous mes futurs partenaires seront aussi efficaces et conciliants. Finalement, j'craignais un peu cette rencontre au vue de la réputation de l'aîné des Searuweard, mais j'trouve que ça se passe pas si mal.

- Va pour une septaine. J'vous attendrai à bord du Crust, c'est là qu'on fera le transfert. On a huit départ par jour, venez quand vous voulez. Faut compter environ deux heures de trajet jusque là-haut.

J'tire encore sur ma clope que j'avais presque oublié, et j'écoute papa Searuweard qui couve sa p'tite cuistot. C'est mignon. J'fais pareil avec les miens, donc j'serai mal placée pour juger. Finalement, p't'être qu'on a des points en commun, lui et moi. P't'être même qu'on va vraiment s'entendre. J'me tourne vers Audrey.

- Hésitez pas non plus à me contacter si jamais y a une couille. 'fin une emmerde. 'fin vous avez compris. J'suis un peu responsable de vous, sur c'coup-là. Si jamais ils vous maltraitent, j'peux vous assurer qu'ils vont m'entendre gueuler, et ils ont pas envie de m'entendre gueuler. Donc rassurez-vous, j'crois bien qu'vous êtes assez couverte pour sortir.

Elle est bien bonne celle-là. Ha-ha.

Si si, Audrey s'en fait pour ca. Elle a encore très présent dans sa tète la defection surprise de Sarasin et la sacré dose d’adaptabilité qui leur avait fallut pour arriver à gérer son départ. Mais bon. Si Wulf pense qu'ils peuvent gérer ça rapidement... Elle se surprend à penser qu'elle est sans doutes moins importante pour le Runny que le barman borgne, puis elle censure cette pensée pour se dire qu’après tout, s'ils l'avaient fait une fois, ils pouvaient le refaire, hein?

"Je devrais avoir de quoi faire face à un sejour dans un vaisseau. Tu n'es pas obligé de pré-inventorier."

Elle réfléchit quelques instants avant de confirmer à Rae:

"Au Crust, dans sept jours. Bien Madame. Et ne vous inquiétez pas, ni l'un ni l'autre, Ce cuistot ne sera pas la première tète de mule à laquelle je me frotte. Mais si j'ai besoin d'aide, je sais vers qui me tourner. Vous en savez plus sur ce vaisseau? C'est un impérial, je crois? Militaire ou civil?"

Un vaisseau militaire accepterait-il a son bord une cuistot dont les treize premières années sont un flou administratif qui crie qu'elle est née dans un milieu louche? A voir.

Il pré-inventoriera quand même. C'est lui qui commande oui ou non ?! Hein ?! Zut. Et puis il ne veut pas qu'elle s'épuise avant de partir. Finalement, il doit s'avouer un peu stressé de laisser filer la rouquine qui avait une place essentielle au RA. Ce n'est pas pour le Runny qu'il a peur. Bon, ils mangeront un peu moins bien durant quelques mois mais les recettes, ils les avaient bossés ensemble et, mine de rien, le tavernier avait beaucoup observé sa petite collègue depuis un an. Ptet même qu'il avait fait des progrès. Nan c'est surtout que c'est elle et qu'il aime pas lâcher ses poussins, même pour leur bien. C'est dit, c'est inscrit c'est comme ça. Possessif ptet. Mais lui-même. Na.

Bien bien. On trouve un bon terrain d'entente solide, ça m'évite de devoir me battre. Elle demande sur quel vaisseau elle va se retrouver. Demande légitime, j'passe pas par quatre chemin.

- Un vaisseau impérial. Militaire. Le Cerberus, pour ne pas le citer. Je connais personnellement la seconde, Mia de Moya, alors devrait' pas y avoir de soucis.

"Connait pas." lâche laconiquement le tavernier, assombri par cette histoire de militaires mais sans en rajouter non plus. Ce n'est pas l'UC, ils ne sont donc pas forcément pourris jusqu'à la moëlle mais cela reste dangereux pour Minipouce. Minipouce qu'il a rencontrée pour la première fois sur le Lion et qui avait une mère Quartier-Maître. Minipouce qui avait tué des gens dans la cuisine. Bon. Il n'avait pas vraiment de soucis à se faire, le savait, et ne pouvait pas s'empêcher d'en faire quand même. Il aurait préféré qu'il n'y ait pas d'intermédaires...voir le pseudo second lui-même et lui dire les yeux dans les yeux ce qu'il pouvait se passer si on lui abîmait sa cuistote.

Ce n'était pas QUE parce qu'il était désespéré de marier Wynn qu'il souhaitait voir la petite dans sa famile

La jeune femme fronce les sourcils, soucieuse.

"Un vaisseau militaire... Je sais pas s'ils m'accepteront à bord. J'ai... Ma naissance a été déclarée tres tard, vers 13 ans. Ma mère ne s'en souciait guère. Bref, j'ai un dossier un peu bizarre. Et..."  

Elle jeta un regard gêné à Wulf, avant d'ajouter:

"Mon père étant Officier dans la Légion de l'UC, si des tensions entre l'UC et l'Empire doivent se déclarer, je veux pouvoir être débarquée sur un terrain neutre."

J'balaie ses inquiétudes à la con - légitimes mais à la con quand même - d'un geste de la main. Je regarde aussi le patron, il a pas l'air super content, mais bon. Merde, hein.

- Ils vous accepteront. Ils vous demandent heureusement pas de prendre leurs couleurs, juste de faire en sorte qu'ils bouffent plus de la merde. Et ils vous seront reconnaissants pour ça, qui que vous soyez.

Ouais, parce que je doute pas la moindre putain de secondes qu'elle va réussir la mission. Je me serai pas cassée le cul à venir jusque là, sinon.

- D'ailleurs, comme ça passe par moi, ils ont pas besoin de tout savoir sur vous, et ils ont pas franchement leur mot à dire sur la question. Vous signerez un contrat comme quoi vous êtes pas une espionne et tout le bordel, et ça ira tout seul, et vous aurez bien évidemment toutes les protections liées à votre statut. Quoi qu'on puisse en penser, Mia de Moya est une femme d'honneur. Une fois sous contrat, elle ne laissera personne vous faire du mal.

Officier dans la légion ? Et merde, pauvre petite ! Tu m'étonnes qu'elle ait voulu fuir dans la première école à éplucher les patates puis dans son rade pourri. Elle aurait pu trouver mieux mais si elle avait du subir un père militaire, la vie de pirate avait du lui manquer. Il ne pouvait qu'imaginer, ou presque. Son ressentiment envers l'UC fit un moment briller ses yeux verts tandis qu'il s'efforçait de garder un visage vaguement neutre. Au fond, il n'en voulait pas du tout à Minipouce de ses origines, elle n'y pouvait rien. Il était blessé qu'elle se soit senti obligé de le cacher par contre. Ca, il ne pouvait pas le nier.

Laissant les deux femmes discuter, il se concentra sur la réponse de Raedhun  qui avait, comme d'habitude, une solution. Elle devait être chiante au quotidien celle-là. Il n'aimait pas les filles qui avaient toujours raison, aussi canons soient-elles. Et elle l'était. Canon. Même si le serpent était un sacré freint à toute tentative même légère de drague.

"Et donc ? En cas de conflit elle pourra être débarquée ?"

Je ne la laisserais pas embobiner la petite en répondant plein de mots à seulement la moitié de la question. Non mais oh.

"Avec moi, il ne mangeront pas de la merde, croyez moi!"

L'espace d'un instant, la colère fit briller les yeux de Wulf et Audrey ne le rata pas. Elle se recroquevilla légèrement sur sa chaise, désolée d'avoir une parentèle aussi antagoniste à son patron. Elle savait qu'elle avait bien fait de pas le lui dire.

Wulf défendit malgré tout son droit à être débarquée. Bon, il ne devait pas être trop fâché.

"Je ne crains pas tant que ça pour ma sécurité. C'est une question de principe. Je refuse d’être sur un navire qui pourrait attaquer celui de mon pere. Ou inversement, d'ailleurs."

Une partie de son esprit lui signala qu'à l’époque du Roar, le même genre de situation aurait put se présenter. Mais ce n'était pas pareil. a l'époque, elle ne connaissait pas son pere, et lui ne la connaissait que par lettres.

Le gérant semble méfiant, j'comprends mais j'viens d'y répondre à sa putain d'question. Bon. Pas d'soucis, on avait prévu le coup avec la grand-mère. J'sors un papier de ma poche, j'le déplie.

- En fait, il existe une clause particulière sur le Cerberus qui dit, je cite : "En cas de conflit avec une autre faction, si le milicien originaire de cette même faction n'avait pas accès à des systèmes critiques du vaisseau, il peut décider de mettre fin au dit contrat. Ca ne couvre pas en revanche les conflits contre des pirates ou criminels." Donc ouais, vous aurez tout loisir d'être déposée en terrain neutre si jamais la situation venait à s'envenimer.

J'souris du mieux que je peux pour paraître un minimum sympathique.

- J'doute pas un instant que vous saurez faire des merveilles là-haut, Madame.

"Vous avez le contrat complet ?" Si elle connaissait la clause par coeur, alors c'était qu'il était rédigé quelque part, sûr. Personne n'aurait inventé un truc aussi mochement ampoulé avec des mots aussi...administratifs. Et c'était pas un compliment. Wulf n'était pas le meilleur lecteur du monde mais avec le temps, il avait pris l'habitude des petites lettres en bas de l'écran (ou du papier pour les plus rétrogrades) et voulait être certain qu'on ne lui piquerait pas Audrey pour toujours. Qu'il n'y aurait pas de clauses qui pourraient lui être défavorable et que les négociations n'étaient pas de la poudre aux yeux. Pas qu'il se méfiait vraiment de Raedhun...en vérité, il ne s'en méfiait pas plus que des autres seulement voilà, il se méfiait énormément de tous. Depuis que les compagnies d'assurances avaient voulu le mettre à la rue, ses frères, sa mère, son père, et lui, il n'avait plus aucune confiance en l'être humain.

"Alors je suis d'accord sur le principe. Mais Wulf a raison, il faut que je vois le contrat complet."

Elle avait dit ça un peu penaude. Emportée par l'enthousiasme de la jeunesse, la jeune femme aurait complètement oublié de vérifier ce "détail" si Wulf ne l'avait pas soulevé. heureusement que son patron etait là et veillait sur ses intérêts.

Je sors mon antisèche et je l'agite sous leurs yeux. Mon antisèche ? Ouais, ce même foutu contrat dont il est question. J'ai pris soin de surligner les passages les plus importants, j'l'ai lu tellement de fois que j'le connais presque par cœur. C'est pas moi qu'on va entuber, et même si j'fais confiance à la grand-mère, je suis pas née de la dernière pluie. Pas lire les lignes - et surtout entre - d'un contrat, c'est une connerie. Une connerie de débutant. J'pose les feuilles à plat sur la table et je la fais glisser jusqu'au tavernier et sa cuistot.

- J'ai surligné les passages importants, mais j'vous conseille de tout lire et de poser des questions si y a des trucs flous. C'toujours un peu flou, l'administratif. Mais ce contrat-là est relativement clair, et les clauses qui le composent aussi. 'fin, par rapport à d'autres contrats. J'peux vous laisser un peu de temps s'il faut, j'suis pas pressée.

Y a plein de mots partout et du surligneur comme une débile en cours. Cathwulf fronce les sourcils. Il lit, hein, on sort pas de l'UC en étant illettré mais ça le gonfle au plus haut point, surtout quand il y a des histoires d'officiels et des pièges tous les deux mots. Il est toutefois hors de question d'avouer sa faiblesse devant Raedhun. Ou devant Audrey, pour ce que cela vaut.

"J'peux le photocopier ? Comme ça on va l'étudier au calme, cette nuit et on revient vous dire demain. J'ai horreur de prendre des décisions à chaud."

Et curieusement, c'est assez vrai. Il se sait sanguin et impulsif alors quand c'est important, il se force à se poser. Pas le choix. C'est l'argent de l'héritage, il ne veut pas le gâcher. "Sauf si tu penses que ça me regarde pas Minipouce..." ajoute-t-il plus par convenance qu'autre chose.

[HJ - Je retrouve ce post non finis en faisant mon journal de bord, je me permet de le pousser vers la conclusion. Si vous ne voulez pas répondre, ne vous embêtez pas. Désolée de l'avoir oublié.]

"Je... Bien sur que ça te regarde, Wulf. J'ai besoin d'un second avis sur tout ça."

Elle étudie elle aussi le contrat, avec toutes ses circonvolutions et ses langue de bois. Wulf avait raison, mieux valait dormir dessus.

"Oui, j'aimerais qu'on étudie le contrat dans la soirée et qu'on vous en reparle demain, Madame."

Ils veulent étudier ça au calme, et j'respecte cette décision. C'est même plutôt intelligent. Même si ça m'oblige à refaire le trajet demain. Ca me va aussi comme ça.

- Très bien. Je repasserai demain, dans ce cas. Si vous avez d'autres questions qui vous viennent pendant la nuit, des inquiétudes ou autres, faudra pas hésitez.

Je me lève.

- Je vais pas abuser plus longtemps de votre temps. Merci de m'avoir reçue.

J'attends juste dans le but de serrer la main au gérant et à sa cuistot. Ca a l'air plutôt bien parti, cette histoire.

Il se lève aussi et serre la main tendu. Sa mère l'a vaguement élevé et malgré tout il n'est pas assez con pour mettre en danger les opportunités de Minipouce. "Au revoir, Miss." C'est sans appel cependant. Il se tourne vers la rouquine. "Fait moi un café très fort, nous avons du travail." Les contrats, c'est plein de mots compliqués à décortiquer dans tous les sens.