Histoire
"Quitte à vous raconter son histoire, autant faire ça bien, tirez une chaise et écoutez attentivement..."
- X : Origines. -
Elle est assise là, dans le siège pilote de sa Vedette, les pieds sur le tableau de bord, face au cosmos.
Ses souvenirs sont assez flous en ce qui concerne ses origines, ne se rappelant plus vraiment de son père, ne connaissant même pas sa mère et ne sachant rien à propos d'elle.
Dans un soupir, Eleanor ressort une cigarette qu'elle dépose doucement entre ses lèvres, puis l'allume.
L'esclavagisme sur Renaissance. De ce qu'elle sait, son père était un esclavagiste de la Trinité, officiellement un commerçant, qui avait coucher avec, ou plus probablement violer, une esclave originaire de Renaissance.
La seule raison qui avait amener le père à garder l'enfant, c'était une idée assez vague de se servir d'elle d'une manière ou d'une autre.
-"Tu parles d'origines... fille d'esclave et d'esclavagiste, enfant inattendue et loin d'être désirée. Heureusement que j'suis fantastique pour compenser." Dit-elle à voix haute, un sourire aux lèvres, l'air de parler à l'étendue de vide qui se trouve en face d'elle.
La cigarette brûle peu à peu, le regard plongé dans la fumé, et sous le regard de Calypso, elle repense à sa mère.
Si Eleanor savait tout ce que ses origines pourraient lui apporter, elle ne se contenterait pas de contrebande, mais le destin fait qu'elle n'en sait rien et n'en saura certainement jamais rien.
L'ironie du sort fait que malgré tout cela, si elle le savait, elle se vouerait bien à Calypso dans l'optique d'accroître ses pouvoirs, non pas par avidité ou autre, mais seulement alimentée par le désir d'être différente.
Entre deux pensées, elle inspire la fumé de sa cigarette puis la laisse doucement s'échapper de sa bouche en un voile blanc.
Comme la braise de sa fougue, comme dans le regard d'un fauve se reflète une étoile dans ses yeux. Nul ne peut imaginer la température à laquelle brûle son désir de liberté, assez ardent pour cautériser ses plaies et l'amener à ne jamais s'arrêter.
Elle éteint sa cigarette, passe sa main sous son siège pour en sortir une bouteille de rhum ambré, puis l'ouvre.
Lève sa bouteille au ciel et bois à sa propre santé.
- I : Une vie jouée autour d'une table. -
Une carte blanchâtre, marquée d'un cœur rouge, s'abat sur une table en bois à peine visible sous la lueur des bougie qu'elle peut entrevoir par l'entrebâillement de la porte.
Elle fixe son père assis là, entouré de quatre hommes aux allures de truand, claquant des cartes tour par tour, passant leurs mains sur des piles d'argents souillés qui se baladent de droite à gauche. Ne pouvant cerner ce qu'ils font exactement, du peu de connaissance qu'elle a à ses six ans d'un jeu d'argent, la seule chose qu'elle comprend parfaitement, c'est que son père est en train de perdre.
Le même mobile qui tourne, des cartes qui claquent, mais plus rien à parier.
Un des hommes s'éclaircit la voix et lance :
"Si t'a plus d'argent t'a plus rien à faire ici, de toute façon tu ne regagneras jamais ce vaisseau alors ne t'endette pas plus."
Sur ces mots, un long silence s'installe, le père sort une feuille de sa poche et y inscrit quelque chose, impossible de le voir d'ici...
Puis d'en un soupir saccadé, il relance la mise une dernière fois, tire les cartes, et tremble.
"Vraiment, tu tombe bien trop bas là..." lance un des joueurs, qui décide de se coucher et de se retirer de la table, tout en restant au fond de la salle pour voir ce qu'il en advient.
Sous le crépitement de la flamme, un As de Coeur et un Roi de Trèfle, un souffle soulagé glisse des lèvre crispées du père irresponsable, il scrute chaque personne comme s'il y verrait ce qu'il cherche, des regards s'échangent, les quatre mains encore en jeu s'abattent sur table. Le joueur debout, au fond de la salle, souffle un soupire désolé pour la bêtise du père et s'approche de la porte pour sortir.
Eleanor s'éclipse à toute vitesse pour ne pas se faire prendre et va dans ce qui lui sert de chambre, sort une feuille et dessine jusqu'à ce qu'on toc à sa porte.
Un coup, puis deux, la porte s'ouvre et une silhouette se dessine, une main rude l'attrape fermement par le poignet droit et l'emporte à travers le port, elle crie, pleure, mais rien à y faire, on l'emmène et l'embarque à bord d'un vaisseau.
- II : Alphonse, contrebandier au grand cœur -
Alors qu'elle se faisait tirer dans une Vedette de petite taille emménagé, l'homme lui mis une main sur la bouche, tout en la tenant fermement de l'autre, avant de rajouter :
"Je sais que ça ne va pas te plaire, mais ton père t'a jouer et perdu aux cartes, de mauvaises personnes vont venir te chercher alors tu dois rester ici et ne pas faire de bruit, entendu ?"
Eleanor s'empressa de hocher la tête, plongée dans l'incompréhension et le chagrin, scrutant l'homme qui venait de l'arracher à son foyer.
Les minutes s'écoulaient et il continuait de tendre l'oreille, cherchant un bruit suspect ou quelque chose à faire, réfléchissant à la tournure des événements. Aussi bien qu'il soit évident pour lui qu'il est en son devoir de sauver la fillette, il n'a aucune idée de ce qu'il doit faire par la suite, son père est indigne de l'être et l'a jouer contre un misérable vaisseau, et il ne peut se résoudre à la laisser dans l'astroport de Salem.
Les larmes montaient peu à peu, noyant les yeux d'Eleanor, qui restait là à attendre. Cela faisait déjà plus d'un quart d'heure qu'ils attendaient, quand soudain, elle s'éclaircit la voix dans l'espoir de demander le nom de son ravisseur, mais laissant échapper un sanglot seulement, à chaque mouvement de lèvres, ne pouvant plus rien dire au risque de fondre en larmes.
"Alphonse, je m'appelle Alphonse Regam, on est dans mon vaisseau... souffle un peu, on décolle bientôt." dit le contrebandier d'un ton calme et rassurant, comme s'il avait deviné les mots de la fillette à travers ses yeux pleins de larmes. Il avait désormais trouvé la solution au problème, et prenant Eleanor dans ses bras, il lui souffla d'un air désolé la suite des évènements avant de la blottir dans son lit. Il se mit aux commandes de la Vedette noire, activant des bouton par ci, un levier par là, afin de décoller de Salem avant qu'on ne les découvre.
...
2 ans après ces événements : Eleanor s'habituait peu à peu à l'idée que son nouveau foyer serait au prêt d'Alphonse, apprenant ce qu'il lui enseignait sans trop se plaindre à défaut d'avoir accès à une scolarité normale.
...
- III : tu cours vite ? -
Eleanor, du haut de ses 8 ans, suit Alphonse de près, un pas après l'autre sur les dalles d'une ruelle situé entre deux tavernes, desquelles un brouhaha s'échappait, débouchant sur une rue principale et les plongeant dans une foule de pirates alcoolisés au rhum et autres boissons du genre.
Aujourd'hui était un grand jour pour Eleanor, un jour qu'elle attendait depuis un an déjà, car elle savait qu'aujourd'hui, son père adoptif l'emmènerait au travail, ou plutôt, lui apprendrait les ficelles du métier. Alphonse savait pertinemment qu'elle était trop jeune pour la contrebande, mais pensait nécessaire de la familiariser au monde de l'illégalité, du vol, et tout ce qui entoure les sales affaires.
C'est ainsi qu'Eleanor s'est retrouvé la main dans la poche d'un inconnu, dérobant discrètement le premier objet qu'elle touche, l'engouffrant rapidement tantôt dans la poche de son mentor qui marche à ses cotés d'un air paisible et innocent, tantôt dans les poche de son manteau teinté d'un pourpre sale et délavé.
Un homme, puis deux, puis une femme, et un vieil homme. Le butin s'amassait peu à peu, la fillette prenait goût à cette chasse au trésor et volait de plus en plus activement dans ces tas de foules, quand soudain, un cri la stoppa nette :
"Eh toi ! Reviens avant que je te tranche petite bâtarde de voleuse ! " Hurlait à toute voix, d'un souffle mêler de filet de bave, un vieux pirate à qui elle venait de voler un couteau mono-filament.
Dans la panique, et sans doute sous l'effet de l'adrénaline, Eleanor se mit à sourire au pirate qui s'approchait à grande vitesse en bousculant la foule, dégainant un sabre dans l'optique de reprendre son bien de force. Eleanor prenant la situation comme un jeu, se mit à courir entre les jambes des passant jusqu'à se réfugier dans une ruelle longeant une brasserie, perdant son père de vue.
Alors qu'elle cherchait un endroit ou fuir tout en retrouvant Alphonse, elle remarqua un silence inhabituelle, la foule se taisait peu à peu et plusieurs personne semblait déjà la chercher pour récupérer ce qu'elle leurs avait voler.
Quelques secondes seulement s'était écoulées tandis qu'elle entendait déjà les pirates s'approcher de sa position, reculant face à la rue adjacente.
Un pas en arrière, puis deux, puis un troisième quand elle fut arrêtée nette par un bras qui la saisit en lui couvrant la bouche.
"C'est moi Eleanor, je vois que tu t'es fait prendre..." Dit Alphonse en laissant échapper un rire.
"Qu'est-ce que t'as pu prendre ? Y'a des trucs intéressants ?" Murmura t-il en se baissant à son niveau, la regardant de ses yeux tendre, affichant un sourire ravi devant son élève, s'amusant à voler les passant sous ses directives.
"Tiens Al', j'ai trouvé des doublons, une bague en or, 28 crédits et un couteau mono-fil', t'en pense quoi, je suis forte ?" Dit-elle en souriant, sortant de ses poches ses trouvailles d'un air enjoué, tout en lui cachant le dernier objet dérobé dans son dos.
Alphonse leva soudainement la tête pour guetter la venu des pirates, désormais à quelques pas de la ruelle, avant de saisir la main d'Eleanor en lui lançant, tout en affichant un grand sourire : "Tu cours vite ?".
...
9 ans après ces événements : Eleanor à désormais 17 ans, elle a passé une grande partie de sa vie à apprendre les ficelles de la vie de contrebandier, passant du vol à l'escroquerie, de l'escroquerie au trafic, puis au pillage, et ainsi de suite. Elle a pu acquérir une grande partie des notions de base que l'on apprend à son âge, manquant tout de même quelques notions importantes.
Pour ce qui est du pilotage, elle en est passionnée, mais n'a pu faire son premier vol qu'à ses 15 ans, sous la surveillance de son mentor.
Pour ce qui est de leurs lieus de vie, ils s'étaient réinstallés à Salem, dans un coin abandonné de l'astroport, vivant dans un nid hybride, entre vieux local aménagé pour Alphonse, sur la terre ferme, et une banquette de la Vedette pour Eleanor.
La misère commençait à se faire ressentir, Alphonse ne trempait plus autant qu'avant dans la contrebande ,et la pauvreté c'était installé avec eux au bord de ce sombre quai d'amarrage.
...
- IV : Lettre d'adieu -
Au fil des années, le coffre poussiéreux caché sous le lit branlant d'Eleanor, aménagé sous une banquette de la Vedette, amassait un butin cher aux yeux de l'adolescente fière de ses prises. Elle s'ouvrait et se refermait, laissant entrer une multitude d'objets volés, mais ne tolérant aucune sortie d'ici le jour J.
Eleanor était assise par terre, silencieuse, face au verrou du coffre. Elle tenait en ses mains l'HoloCom volé de son père, fixant la date d'un mémo qu'elle y a laisser, noté d'un "HC-ENR0001 - Jour du départ."
Elle y rattacha une feuille marquée d'un "lis-moi" à l'encre noire, sertis de quelques traces de bavures dues aux larmes qu'Eleanor à maladroitement laisser couler dessus.
Un tour de clé suffit, en un déclic métallique, le coffre s'ouvre. Des liasses de crédits tenues par des élastiques roses, en fin de vie pour certains et menaçant de lâcher d'une minute à l'autre. En dessous, une petite boite à bonbon, rempli à craquer de doublons volés, posée à coté d'une carte du système Dorado, et d'un vieux pistolet à projectiles classique qu'elle à cacher à Alphonse depuis ces 8 ans.
Aussi, des barres de nutrisoja, un briquet et quelques paquets de cigarettes dérobées à un contrebandier qu'elle grille pour passer le temps quand elle n'a rien à faire.
Une fois l'inventaire fait, elle vida le contenu du coffre dans un casier de la Vedette, avant de le déposer sur le quai avec le HCom enfermé à l'intérieur.
C'était le jour J, le jour tant attendu qu'elle planifiait depuis un an déjà.
Eleanor était terriblement stressée, une fois assise aux commandes, elle soufflait à peine. Quelques cliques, des interrupteurs activés, des lumières par ci, par là, dont elle ne comprenait pas toujours l'utilité, et voilà le vaisseau en marche.
Les moteurs étaient désormais en marche, elle devait avoir réveillé son père depuis quelques secondes déjà, et ne pouvait se permettre d'attendre plus longtemps.
Levant peu à peu le levier de vitesse jusqu'à quitter Salem, Eleanor voyait la Vedette noire traverser les frontières de l'astroport miteux dans lequel elle a passer une majeure partie de sa vie. Bien décidée à laisser cette vie de misère derrière elle, dans l'optique de s'enrichir d'une manière ou d'une autre en commençant par courir après son destin, en mettant cap sur Tortuga.
...
HC-ENR0001 - Jour du départ.
"Salut papa, t'énerve pas, s'il te plaît. À l'heure qu'il est, je me suis sûrement déjà éclipser avec ta chérie, mais bon, tu sais bien qu'il vaut mieux que je la garde, tu ne la pilote pas très bien.
Je voulais te dire de ne pas me chercher, que je ne reviendrais pas pour l'instant. Cette vie m'a saoulé à un point que t'imagine même pas, toujours à piller les mêmes connards, à faire les mêmes deals, je veux changer.
T'as jamais rêvé d'explorer la galaxie ? De t'emparer d'un butin trop gros pour toi, au lieu de te contenter du strict nécessaire ?
Je ne veux pas finir ma vie dans l'ombre comme les 17 années que j'ai passé, j'ai toujours été bien avec toi et te suis reconnaissante de ce que t'a fait pour moi, vraiment.
Mais bon, maintenant que j'ai ton vaisseau, et un paquet de crédits de côtés le temps de trouver un taf, plus rien ne me retiens, même si j'aimais beaucoup ton soutiens paternel et tout ça.
Tu sais que t'as jamais pensé à cacher les clés de ta Vedette ? La coque rayée sur l'aile droite, c'était moi en rentrant de soirée.
Bref ce n'est pas une lettre d'adieu non plus, si je tarde trop, tu vas finir par te réveiller, t'énerver, et essayer de me rouler dessus avec un speeder. Mais on n'a pas de speeder, voilà pourquoi j'ai vraiment envie de me barrer et de me faire de l'argent, donc je te dis à un de ces jours, bisous.
Je t'aime.
-Eleanor "
...
4 ans après ces événements : Eleanor vient d'avoir ses 21 ans, après avoir travaillé à droite à gauche dans l'espoir de gagner un peu d'argent, et d'avoir écumé l'intégralité des bars de Tortuga, elle se décide enfin à passer le cap, à aller plus loin que la contrebande et à s'embarquer dans un équipage de pirates.
"C'est là que la véritable histoire d'Eleanor commence..."