Game on

Il attrape le doublon. Il connaît parce qu'on le paie la plupart du temps avec ce genre de pièce. Sauf qu'elle vient de prendre face et c'est son côté fétiche alors il grommelle. Tant pis. Il jette la pièce en l'air parce qu'on ne peut pas rester sur une égalité.

Mais il n'aime pas la chance pure... c'est pas ce qu'il le fait triper dans les jeux même s'il laisse rarement une occasion de jouer même à des jeux totalement basé dessus. Il jette la pièce et elle retombe finalement sur la table.

Face.

Forcement... c'est son côté fétiche. Sauf que la dame l'a choisi. Une lueur sauvage passe un instant dans ses yeux. Mais comme toujours il se contraint au calme. C'est qu'un jeu.

Oh, c'est qu'il est pas content de perdre, l'chaton. Beth ne peut s'empêcher de sourire, victorieuse et un brin moqueuse. Qu'il s'en fasse pas, M'sieur l'grognon, va. Si ça se trouve, la Dame de Coeur à la même idée en tête que lui pour sa fin de soirée.

La blonde attrape le paquet de cartes de gages et fait rapidement le compte de son petit butin. En plus d'avoir remporté la Dame de Coeur, et donc le droit de choisir comment elle termine sa soirée - ouais, rien d'moins excitant pour elle, finalement - , elle a gagné quatre soirées ainsi qu'une carte de gages. Celle-ci est le huit de Carreau, aussi elle équivaut à une question.

"Pour les soirées, j'vais être gentille. J'vais rien te d'mander à l'avance, mais la prochaine fois qu'on se croisera, peu importe quand ce sera, j'aurais mon mot à dire sur ta soirée. Pareil pour les suivantes. Si on se revoit jamais, t'auras gagné au change."

Elle cherche son regard de ses yeux clairs pour prendre la mesure de ses réactions, puis prend le huit de Carreau entre son indexe et son majeur droit.

"Tu veux ta question tout de suite ou tu préfères un peu de suspense?"

Dieu qu'il aime pas perdre. Il devrait pas jouer.... mais c'est plus fort que lui. Enfin heureusement avec les dames il est beau joueur. Avec certains hommes il sait comment déclencher une bagarre pour se défouler en tout bien tout honneur.

Il respire un grand coup et prend un air éploré. Vas-y achève moi. dit-il traumatisé... enfin presque.

Il se promet une fois de plus de ne pas jouer à pile ou face. C'est de la chance pure et il déteste ça.

Il tire un air de chiot triste, ce qui fait prendre une moue peu convaincue à la blonde. Nan. Il ne l'aura pas aussi facilement. À sa réponse, elle rit doucement puis remplit de nouveau leur verres. Après tout, avec cette tête, il a encore plus l'air de quelqu'un qui a besoin d'alcool que quand elle l'a aperçut pour la première fois, plus tôt dans la soirée.

"D'accord, j'vais abréger tes souffrances, alors."

Hannabeth réfléchit un instant, faisant tourner le liquide ambré dans son verre. Une bonne douzaines de questions stupides lui passent en tête, notamment la fameuse "chez toi ou chez moi?". Juste pour voir la tête qu'il ferait, elle a envie de la lui sortir aussi crue. Néanmoins, une nouvelle idée lui vient, qui aura au final sensiblement les mêmes implications, mais qui aurait le mérite d'être un brin plus énigmatique pour lui, du moins pour un temps. Un fin sourire amusé aux notes de concupiscence étire alors le coin de ses lèvres et elle demande finalement :

"Dis moi, Zélio, t'es allergique aux poils de chien?"

Est-ce qu'il est allergique au poil de chien ?!! Mais qu'est-ce que ça vient foutre là.... Il secoue la tête et la regarde pour vérifier qu'elle est sérieuse. Visiblement oui elle est sérieuse... enfin en tout cas c'est bien sa question. Il prend le verre et boit.

- non je suis pas allergique ... à rien que je sache. qu'il précise ensuite l'air dans le brouillard pour le coup.

Bien sur un rude combat dans la soirée, de l'alcool et un peu de concentration supplémentaire pour amuser la dame il commence à être cramé alors il fait pas le lien.

- je sens que je rate un truc évident mais je vois pas quoi. dit-il finalement avouant qu'il est loin d'être bête mais qu'il n'est pas non plus un grand génie.

Chacun ses points fort et lui c'est ses poings. Qu'il combine a un intellect certain en matière de stratégie de duel. Il est même assez doué pour gérer des situations de combat de rue à plusieurs... mais là.... est-ce qu'il est allergique au poil de chien ? Il reste un brin perplexe.

- Si tu comptes me faire porter un déguisement de chien... oublie. Faudra plus que tout ton équipage pour y parvenir. précise Zélio avec un sourire narquois qui est de retour.

À la réponse de Zélio, la blonde hoche la tête, satisfaite.

"Parfait."

Ça règle donc la question de "chez toi ou chez moi?. Ce sera chez elle, si quelque chose il y aura. Elle préfère l'air de rien, comme ça elle n'est pas loin si son équipage a besoin d'elle. Puis, le brun lui sort une théorie, et Hannabeth manque de peu de s'étouffer avec la gorgée de rhum qu'elle prenait. Elle tousse, hilare, en secouant négativement la tête.

"Non, non. Pas de déguisement de chien. Bon sang... tu m'prend pour quel genre de cinglée?"

Elle rit encore un peu, puis termine proprement son verre d'alcool. Avec ce qu'elle leur a servi, la bouteille est désormais vide. Beth à beau être particulièrement résistant à l'alcool, entre la quantité qu'elle a ingérée et la fatigue accumulée des dernières semaines, elle sent le sol - tout comme son inhibition d'ailleurs - tanguer légèrement.

"Si t'es curieux d'savoir pourquoi, suis-moi."

Elle sa lève ensuite et lance un signe de la main en guise d’au revoir à Wulf derrière le comptoir. Elle ne fait que croiser le regard de sa Seconde, qui est toujours au bar avec les quelques membres de l'Albatros toujours là à cette heure avancée, avant de sortir du Runny Amber dans les rues d'Esperanza.

Zélio se lève donc avec la dame... pas comme s'il avait le choix il a perdu. Il jette un œil à son équipage et s'attend à les voir se lever et suivre en masse. Il hausse les épaules intérieurement et rejoint Beth. Il a pas autant bu qu'elle. Il peut pas sous peine de rouler sous la table. D'ailleurs s'il avait bu comme elle c'est certainement là qu'il serait à cette heure. Il a une constitution qui encaisse à cause de son poids mais un manque d'entrainement très rapidement flagrant pour les habitués. On garde pas un physique comme le sien en ne faisant pas attention.

La belle tangue presque par contre. Sans doute que même elle a ses limites. Il vient donc naturellement lui prendre le bras pour marcher à son côté. En plus il aime bien ça.

- je te prends pas par la main, mon côté mâle terriblement viril ne s'en remettrait pas. s'excuse le grand bonhomme. D'un autre côté si ton âme est fleur bleue alors je me plierais à cette exigence.

On tient pas la main d'un coup d'un soir. Donc il prend pas beaucoup de risque pour le coup. Mais ça l'amuse de raconter des bêtises pour amuser la galerie. Même quand le public est limité à une personne.

Son équipage les regarde sortir, certains avec le sourire, d'autres avec des froncements de sourcils à l'endroit de Zélio. Quoi qu'il en soit, personne ne les suit à l'extérieur. Ils savent tous que leur Capitaine fait ce qu'elle veut.

À peine sont-ils sortis que son compagnon de soirée vient lui prendre le bras. Elle est légèrement surprise, peu habituée au moindre signe de galanterie, mais le laisse faire. C'est vrai qu'elle ne marche pas tout à fait droit. Lui non plus d'ailleurs, alors à peux, peut-être qu'il arriveront à un équilibre. Et puis il la fait rire, à raconter des bêtises. Ça fait du bien.

"Y a personne qui ma tenue la main pour marcher depuis qu'mon père a arrêté de le faire quand j'avais 7 ans. J'attends pas qu'tu brise la tradition, alors y a pas d'angoisse à t'faire, Encantador."

Parler de son père lui fait aussitôt perdre le sourire et elle se souvient brutalement de la date et du pourquoi elle souhaitait boire en début de soirée. Elle s'en veut et cache son expression à Zélio en l’entraînant d'un bon pas vers l'astroport de la ville, là ou l'Albatros est posé. Ils y arrivent rapidement et Beth retrouve son sourire lorsqu'elle pose les yeux son son bébé. Fièrement, elle lève le menton vers lui pour voir son expression.

"J'te présente l'Albatros. Bienvenue chez moi."

Elle penche la tête de côté, un sourire enjôleur sur les lèvres, et ajoute, joueuse :

"Tu veux entrer?"

Zélio suit la dame et sent bien qu'elle se perd une seconde dans un souvenir compliqué quand elle parle de son père. Il n'insiste pas. Les histoires tristes c'est pas pour ce soir. Ni pour aucune soirée s'il peut éviter d'ailleurs. Il se laisse guider et arrive au niveau de l'astroport. Ils passent devant plusieurs embarcadères et atteignent finalement celui d'un grand vaisseau.... une corvette.. frégate ? Il en sait rien en fait. Elle lui présente l'Albatros et lui propose d'entrer.

- seul et entouré de tout un équipage à tes ordres. il sourit tranquillement. Pour sur que je veux entrer. dit-il finalement.

Aucune chance qu'il n'aille pas jusqu'au bout de cette histoire même si ce n'est sans doute qu'un plan pour l'enlever.... il rit intérieurement de sa blague. Il a trop bu il se raconte des conneries à lui même.

"T'en fait pas, j'vais t'protèger."

Bon ça y est, elle débite connerie sur connerie elle aussi, c'est du joli. Elle rit de nouveau puis l’entraîne de nouveau avec elle jusqu'à la passerelle.

Une fois à l'intérieur, tout est étrangement calme. Elle a l'habitude de voir le vaisseau fourmillant de vie et d'activités, mais puisqu'ils sont à quai jusqu'au lendemain soir, plusieurs de ses membres d'équipage sont de sortie. Ceux qui sont toujours là doivent déjà dormir, ou s'être réunis ensemble dans le mess pour quelques parties de cartes. Ils ne croisent que peu de gens dans les couloirs, et personne ne les arrête ou ne leur pose de question. C'est un des avantages à être la plus haute gradée à bord, il faut croire. Beth les fait monter à l'étage supérieur. Ils se retrouvent dans un corridor donnant sur leur droite à la salle de pilotage et de commandement et à gauche sur l'infirmerie ainsi que les quartiers de Beth. Ils sont à peine arrivés qu'une boule de poils blanche et rousse leur saute joyeusement dessus en jappant pour les accueillir.

"Du calme, Rey, on dirait qu'tu m'as pas vue depuis six mois."

La blonde se penche pour caresser rapidement son chien entre les oreilles et calmer ainsi un peu son enthousiasme excessif, puis arque un sourcil amusé en direction de Zélio.

"Voilà, tu sais maintenant. J'aurais pas voulu t'faire avoir une crise d'allergie, t'as assez d'rougeurs comme ça sur le visage."

- me protéger... super je suis rassurée alors. dit-il tranquillement. Elle avait fait s'asseoir tout son équipage tout à l'heure donc ici il est pas inquiet.

Il marche dans les couloirs sans prendre le moindre repère. Déjà parce qu'il a un peu bu. Ensuite.... parce qu'il le fait jamais. C'est chiant. Tout ça pour la fois sur un milliard de chance où ça lui servira. Mais il connaît des gars qui le font eux.

- Sympa ton navire. dit-il en appréciant surtout le calme en fait. Mais il est tard aussi.

Soudainement une boule poil surgit et commence un cirque bruyant de bienvenue. Il fronce les sourcils parce que ça lui casse les oreilles mais d'un seul coup il percute l'évidence.

- ouais définitivement amoché par les coups... je réfléchis mal. dit-il en éludant complètement l'alcool qu'il a bu en quantité bien moindre que la petite. il va m'attaquer si je porte atteinte à ton intégrité physique ? qu'il demande ensuite.

Hannabeth accueille le compliment sur son vaisseau avec un sourire qui ne cache rien de sa fierté. L'Albatros est toute sa vie, après tout. Elle est donc toujours heureuse lorsqu'on lance des fleurs, même petites, à sa frégate.

À la dernière remarque du brun, elle adopte plutôt une expression amusée.

"Ca dépend..."

Elle laisse Rey, qui s'est enfin calmé, et se redresse en se tournant vers lui. Elle n'avait pas réalisé à quel point il était près d'elle - merci l'alcool - et doit donc relever le menton pour continuer à le regarder dans les yeux. Leur proximité fait d'ailleurs s'accélérer son coeur de nouveau, et un peu plus vite que lors de leur danse. Ils sont seuls cette fois, sans équipage ou de clients de bar pour les observer.

"Uniquement si je suis pas consentante."

- tu m'aurais pas invité dans tes quartiers si tu avais pas une idée derrière la tête... ce qui m'embête. commence Zélio. Il fait un sourire charmeur. Je crains que tu me considères comme un homme facile alors que ce n'est absolument pas le cas.

C'est vrai qu'il n'est pas un homme facile... après des soirées entières avec des blondes glousseuses il en a eu marre et se restreint pour les femmes intéressantes avec autre chose que simplement un physique.

- et les hommes faciles je sais ce que les femmes comme toi en font. Elle les presse comme un citron et les abandonne sur la route une fois qu'ils sont épuisés. dit-il presque outré à cette idée. Mais il finit par rire doucement amusé de sa propre blague. Notons qu'il va te falloir beaucoup d'énergie si tu comptes m'épuiser.

Il la regarde dans les yeux lorsqu'il dit ça. Ses yeux à lui sont désormais en phase avec ce qu'il est vraiment. Une personne sauvage et libre... mais avec un fond de violence en elle.

Beth rit sincèrement et se recule d'un pas pour mieux le regarder. Et puis, il ne veut pas se faire prendre pour un homme facile, non? Se détacher de l'intensité nouvelle de son regard est plus difficile qu'elle s'y attendait, mais soit. S'il veut jouer, elle peut très bien lui faire ce plaisir.

"Tu sautes bien vite aux conclusions hombre. Qu'est-ce qui t'fais dire que je t'ai pas amené ici que pour te présenté Rey, hmm? J'suis certaine que vous allez très bien vous entendre, en plus. Vous avez l'même sens de l'humour."

Comme pour approuver, le chien vient renifler les souliers de Zélio, curieux comme désireux de recevoir l'attention de ce nouvel ami potentiel.

"Tu vois!"

Elle rit puis se détourne pour aller ouvrir la porte de ses quartiers en faisant signe au brun de la suivre. L'intérieur n'est pas extravagant, mais utilitaire et confortable. Dans tous les cas, ils vont être mieux ici qu'à discuter en tanguant comme de grands mats au vent sous l'effet de l'alcool dans un corridor désert.

"Tu veux quelque chose à boire?"

Beth va vers un petit réfrigérateur intégré dans le mur, puis en sort deux bouteilles d'eau. Certes, elle adore l'alcool, mais elle n'est pas encore alcoolique. Elle prend une gorgée de sa bouteille, puis s'adosse au mur en croisant les bras sous sa poitrine.

"Maintenant je veux savoir ce que t'entends par "les femmes comme moi". Raconte : je suis quoi exactement?"

- L'expérience. répond-il laconique pour le coup. On a des points commun je le nie pas. dit-il en regardant le chien qui remue de la queue tout content.

Il a un sourire amusé à sa blague totalement beauf qui vient de poper dans son crâne. Mais il préfère la garder pour lui pour le coup. Le combattant regarde l'animal avec douceur. Mais il ne va pas le caresser, il aime pas les animaux ... enfin c'est pas ça. Il aime bien les animaux mais déteste se faire lécher, papouiller, toucher et tout autre chose que peuvent faire les différents animaux domestiques qu'il a croisé dans sa vie. Donc généralement il garde une distance de sécurité.

Il entre derrière elle dans ses quartiers tout en jetant un œil distrait sur son fessier de la belle au passage. Sympa. Ensuite il parcourt l'intérieur afin de s'imprégner de l'ambiance qui doit refléter qui est vraiment Beth. Sauf qu'il va pas faire d'analyse. Déjà parce qu'il n'y connaît rien et ensuite parce qu'il s'en fout. Il la découvrira au fur et à mesure. Il prend la bouteille et s'envoie une gorgée.

- J'en sais rien en fait. Une capitaine sans attache adorant le jeu et l'alcool avec des plans baises dans tous les ports qu'elle traverse ? propose Zélio.

La capitaine a un petit rire, moins sincère et plus ironique cette fois, avant de secouer négativement la tête.

"T'as bon pour le jeu et l'alcool... d'ailleurs si t'avais pas compris ca j'me serais posé d'sérieuses questions sur tes capacités d'analyse... mais pas pour le reste. C'est pas qu'j'aimerais pas, m'enfin."

Elle n'a pas envie de lui sortir un exposé sur sa situation complexe de lui permettant pas d'être aussi libre qu'elle le voudrait. Parler de son père et de sa promesse, de l'Albatros qu'elle doit maintenir dans sa situation de Corsaire pour éviter la prison ou la mort à son équipage, ses tentatives pour sortir de l'emprise de l'UC, sa honte de chasser les siens, sa peur de faire confiance ou de s'attacher... Non. Définitivement non, elle ne veut pas en parler ce soir, ni avec lui ni avec personne d'autre d'ailleurs, et aucun autre soir si possible. Aussi, Beth relance avant qu'il ne puisse la questionner là dessus.

"Et toi? Si t'es pas le genre d'homme facile qui tombe pour la première venue pas trop moche, t'es quoi?"

L'humour dans sa voix est perceptible. C'est souvent derrière ce mur qu'elle se réfugie quand elle n'a pas envie de penser ou de parler de choses désagréables. Et puis, l'idée même de sa soirée, c'est de passer un bon moment pour oublier, non? Elle doit avouer néanmoins qu'elle ne s'attendait pas à tomber sur quelqu'un comme lui, avec qui elle s'entendrait aussi bien.

Bonne question. Mais il a pas les réponses. Enfin pas les réponses véritables, sinon il va ruiner la soirée. Alors il se tourne vers celle qui le définissent aussi.

- un noble renié par sa famille, insoumis, refusant toute forme d'autorité et capable de casser la gueule de la plupart des gens dans ce système. dit-il simplement.

Il ne ment pas et ne parade pas. C'est des faits difficiles à invalider tellement c'est criant de vérité.

- j'erre sans but véritable depuis quelques semaines. J'ai terminé un projet qui m'a pris deux ans de ma vie, mais je m'attendais pas à le finir aussi vite. Alors je ne sais pas trop où aller. Je me laisse porter par les vagues du destin et de .. Calypso ? dit-il ensuite.

Il boit encore une autre gorgée, pas pressé de sauter sur la fille. Même si à ne pas rentrer dans le vif du sujet ils risquent de très vite se raconter des banalités. Mais le vif du sujet chez lui est à vif justement. Et sans doute que ce n'est pas mieux pour elle. L'autre solution étant qu'elle a des secrets qu'elle ne peut partager.

Elle ne sait pas qu'il a lui aussi des souvenirs qui le hantent, des sujets qu'il veut éviter à tout prix. Un besoin de distraction plus que de compréhension aussi, peut-être, tout comme elle. La vie fait parfois se croiser les chemins de deux personnes en ayant besoin, sans jamais leur révéler pourquoi.

Hannabeth est surprise. Elle s'était attendu à une autre blague de sa part, pas à une réponse aussi honnête, mais cela ne la dérange pas. Le fait qu'il ait été renié par sa famille lui fait plutôt ressentir une étrange complicité pour lui. Elle aussi l'a été, d'une certaine manière.

"Tu es plus libre que j'le pensais. C'est... bien."

Elle a un petit sourire à l'évocation de Calypso, pensant alors à En'theven.

"Elle est beaucoup de choses, dans ce système, en effet. Si mon Mystique était là, j'suis certaine qu'il te dirait de la laisser te mener ou tu dois aller. Et j'l'èverais probablement les yeux au ciel, même s'il a surement raison."

La blonde sourit, amusée, puis ouvre la bouche pour lui demander ce qu'était son projet, mais se retient. Elle a envie de le connaitre d'avantage, mais si elle lui pose trop de questions personnelles, il voudra peut-être lui en poser à elle aussi, ce qu'elle n'est pas certaine du tout d'apprécié. Elle prend donc un chemin détourné.

"Alors les combats, c'est temporaire comme vocation?"

Plus libre... non ce n'est pas bien. Mais c'est un débat pour plus tard.

Son mystique... il y a un mystique à bord de son navire. D'après ce qu'il a entendu dans les tavernes les mystiques auraient des pouvoirs et les accordent aux pirates pour réussir à semer les forces de l'ordre. Il pense que c'est de la merde en barre pour excuser l'incompétence des autorités. Mais ça change rien au fait que les mystiques sont sur des navires pirates.

- c'est une passion et mon gagne pain. Je me fait beaucoup d'argent même si c'est risqué. explique Zélio. Mais j'avoue que l'argent n'a plus trop d'importance désormais. dit-il en haussant les épaules.

Il avance parce qu'il ne sait rien faire d'autre. Et qu'il ne sait pas perdre. Enfin quand c'est le cas il se relève et avance à nouveau. Et si un obstacle surgit il le contourne ou le détruit.

- dans les tavernes ils disent que les mystiques servent Calypso. Et qu'elle aime pas vraiment les envahisseurs. Alors les mystiques ne se trouvent que sur les vaisseaux pirates. expose finalement Zélio. Ma vertu est en danger à bord ? J'ai été renié hein... personne paiera de rançon.

Il a un grand sourire qui s'étend sur son visage.

"Tu fais c'que t'aime, le reste, c'est d'la poudre aux yeux. T'as jamais pensé à mettre tes capacités au services d'un équipage, d'ailleurs? Si tu sais aussi bien t'battre que tu l'prétend, tu devrais pas avoir d'mal à t'faire engager."

Puis le sujet revient sur Calypso... et sur les pirates. Hannabeth tique, puis son expression se referme. Il n'a aucune idée qu'il vient de mettre le doigt au centre d'un sujet sensible. Un sujet qui lui donne envie de hurler, même si par fierté et pour le moral de ses troupes, elle fait comme si elle s'en accommodait bien. Un sujet qu'elle compte d'ailleurs bientôt éclaircir une fois pour toutes, en reprenant sa vie et sa liberté en main, mais dont elle ne peut évoquer les détails. Alors elle a deux choix. Soit mentir et être ce qu'elle souhaite le temps d'une soirée, en espérant que dans quelques semaines ce soit devenu la réalité, soit y aller avec la réalité qui lui donne la nausée. Elle inspire un bon coup puis finit simplement par lâcher :

"Faux. Encore une fois. Mais j'avoue que pour ce coup, tu ne pouvais pas savoir que l'Albatros est, disons... particulier dans son genre. Nous sommes Corsaires."

Elle se redresse du mur contre lequel elle s'était adossée puis s'avance vers lui pour venir déposer sa bouteille sur la table. Puis, elle retrouve son expression joueuse pour ajouter :

"Mais j'promet quand même rien pour ta vertu."

Corsaire. Son père aurait des mots particulièrement blessant à son encontre. Les charognards de l'espace comme il les appelle. Et Zélio se trouve être d'accord avec lui. Sauf qu'un Corsaire en temps de paix chasse les pirates ... et Calypso cautionnerait. Encore une preuve qu'elle est pas plus réelle que le dieu des Trinitaires. Où alors le mystique est un fake.

Mais bon il n'est pas venu pour parler politique et choix de carrière. Enfin pas pour les juger. Il n'a jamais eu l'âme d'un véritable justicier. Quand il voit un truc qui l'énerve il intervient. Sinon tant que rien ne vient titiller son esprit chevaleresque alors il laisse filer.

- corsaire..... il réfléchit une seconde mais n'ajoute rien. Me faire engager par un équipage ? il préfère rebondir sur ce sujet.

Il prend le temps de réfléchir.

- c'est quoi le tarif si on cogne un officier ou le capitaine ? demande-t-il alors.

Il semble... surprit? Non, c'est pas ça. Il aurait préféré qu'elle dise Pirate, peut-être? Si c'est cela, ils sont deux... Dans tous les cas, Beth ne saurait pas dire ce qui lui passe par la tête à sa révélation. Il ne la regarde pas avec dégout et n'a pas l'air de vouloir s'enfuir en courant. C'est déjà ça. Il n'insiste pas sur le sujet d'ailleurs, ce dont elle lui est reconnaissante. S'ils se revoient un jour, après ce soir, peut-être que les choses seront différentes et qu'elle n'aura plus de réserve à lui dire qui elle est vraiment, mais actuellement, c'est beaucoup trop compliqué. Et ça fait beaucoup trop mal. Là, il parvient à la faire rire de nouveau. C'est pas loin du miracle, et l'alcool aide surement.

"Frapper ton capitaine? Ça dépend d'l'équipage en question. J'imagine qu'on oublie l'armée, déjà. Donc si on parle Corsaire, normalement, ils suivent les règles de l'armée de leur faction d'affiliation, alors j'te conseille vraiment pas. Les cours martiales, l'insubordination, tout c'bazard. Mais ici, on suit l'Code, comme les pirates. Alors tant que la personne qu'tu cogne se trouve à terre, et pas à bord..."

Elle hausse les épaules.

"Mais si tu parlais d'un officier ou d'un capitaine adverse, alors là, c'est du joli. Ça t'fais gagner des points pour passer officier, et l'tarif, ou plutôt les parts sont alors doubles. C'qui est pas moche. Mais tu disais pas qu'l'argent avait plus trop d'importance?"

Il est surpris... il a le droit de frapper à terre ? même son capitaine. Il faut qu'il vérifie cette information quand même.

- tu dis que tant j'ai la patience d'attendre d'être à terre pour cogner un autre membre d'équipage j'ai le droit si je suis sur un navire pirate ? demande Zélio vraiment intéressé pour le coup. Et l'argent est important quand tu sais dans quoi le dépenser. Il y a peu être d'autres morceaux de métal qui m'intéressent mais je préfère attendre l'accident plutôt que de remplacer volontairement un truc qui fonctionne actuellement.

Notons qu'il connaît des malades prêt à changer des membres en parfait état de fonctionnement. Il dit ça mais il doit admettre y avoir pensé lui aussi. Il est prêt à faire n'importe quoi quand il s'agit de se venger. N'importe quoi.

"Yup. Après, si c'est l'capitaine ou ton officier, tu va surement en chier plus tard. Et puis, l'équipage doit obéissance au capitaine en tout temps, mais j'en ai déjà croisé qui disaient pas non. Sinon, la règle pour cogner est très simple : Pas de bagarre à bord. C'est tout."

S'il tombe sur quelqu'un comme sa soeur et qu'il cogne, même à terre, il ne va en effet pas vivre vieux. Mais s'il faisait partie de son équipage, et lui communiquait l'envie de se battre avec elle pour une raison qui ne met pas son autorité en jeu... ça serait différent. Comme son père disait "les gars ont besoin de laisser sortir la vapeur... et nous aussi."

La blonde saute pour s’asseoir irrévérencieusement sur la table, tout juste face à lui. Le plancher tangue un peu moins maintenant que les minutes s'écoulent, ce qui lui évite heureusement de rater son coup et se retrouver par terre. Néanmoins, elle se désole que la petite illusion d'apesanteur et d'insouciance s'envole déjà. Elle aura été trop peu, et trop courte. Beth tente de se changer les idées et passe donc ses doigts contre le bras métallique de Zélio.

"Si j'veux bien qu'tu aies un but pour dépenser ton argent, j'te souhaite quand même pas d'en perdre un autre. Comment c'est arrivé, pour ton bras?"

Il hausse les épaules. J'ai pas de supérieur. C'est un concept que j'accepte pas. On est tous égaux. dit-il tranquillement. Les supérieurs te mettent une laisse et croient pouvoir tirer dessus quand ils le désirent. Je plie devant personne, ni Dieu ni Maitre.

Elle vient s'installer à côté de lui et toucher son bras cybernétique. Curieuse comme toutes les femmes.

Pendant un combat, en face c'était un connard qui a dit des choses déplaisantes à des personnes que j'aime. C'était du marketing sans doute, juste pour faire monter les enjeux du combat, me déstabiliser et faire de la publicité. J'ai rien contre d'ailleurs mais ça doit pas toucher mes proches. Juste moi. Bref le gars était super doué et il m'a bloqué dans une clé de bras particulièrement vicieuse. J'ai pas voulu abandonné je suis rancunier et un tantinet têtu. Alors il m'a pulvérisé le bras. Mais une fois le sacrifice fait j'ai pu me libérer et enchainer avec un seul bras. Comme il ne s'y attendait pas j'ai réussi à prendre le dessus. Et il a perdu. Par contre mon bras aurait jamais retrouvé la mobilité nécessaire à mon métier. Alors je l'ai sacrifié. explique Zélio un peu plus grave que d'habitude.

- c'est pratique pour draguer les filles, ça donne un côté mystérieux. il sourit amusé. Ca et les muscles à côté et le tatouage pour le côté badboy.

"T'as l'profil d'un pirate, avec cet amour pour ta liberté, mais t'aurais surement du mal à te t'nir en groupe, alors. La liberté, c'est sacré pour les pirates, par contre, un vaisseau, ça fonctionne pas sans un minimum d'ordre. C'pas qu'le capitaine ou les officiers sont supérieurs à toi, en fait, c'pas l'armée. Juste, ils ont des compétences pour organiser et diriger un groupe de sorte à faire rouler la machine, ou gagner des batailles. Sinon c'est l'bordel et on s'ferait détruire la gueule par les factions. Enfin... ils."

Oh le lapsus. La blonde tire une grimace et boit une nouvelle gorgée d'eau. Elle voudrait en cet instant qu'il s'agisse d'alcool, quoique c'est certainement son état d'ébriété qui ne la fait plus trop réfléchir avant de parler, et donc dire des conneries. Au moins, le sujet dérive sur la prothèse de Zélio.

Elle approuve de la tête lorsqu'il évoque sa réaction vis-à-vis les commentaires négatifs sur ses proches. Elle est pareil que lui à ce propos, et pour elle, il est tout à fait normal de coller la lame de son sabre sous la gorge de ceux s'y osant.

"T'y as plus gagné qu'perdus, alors."

Malicieuse, elle remonte ses doigts du bras métallique jusqu'au tatouage sur son épaule afin de mieux l'examiner.

"Mmm, ouai, pas mal. C'est du beau boulot d'encre. T'en as d'autres comme ça? Si tu me montres les tiens, j'te monte les miens."