Game on

La blonde redresse la tête, avec l'intention de se rendre à la salle de bain, et ses yeux tombent sur la silhouette de Zélio endormi assis contre la porte. Elle sursaute, son cauchemar lui ayant momentanément fait oublier sa soirée précédente, mais ses souvenirs lui reviennent rapidement. Beth reste néanmoins figée un instant à le regarder. Qu'est-ce qu'il fait là? Il n'arrivait pas à dormir dans le lit? Rien de ce à quoi elle pense sur le moment de semble faire sens de cela, aussi, elle finit simplement par soupirer et se glisser hors des draps.

Sans bruits, elle gagne la salle de bain et, une fois devant le miroir, elle voit des larmes sur ses joues et ses yeux rougis. Rageusement, elle s'asperge le visage d'eau froide. Elle s'appuie ensuite un instant au lavabo, respirant profondément pour calmer les battements de son coeur. Lors qu'enfin elle a repris contrôle d'elle-même, elle ressort dans la chambre et son regard se pose sur Zélio.

L'épuisement pèse sur ses épaules comme une couverture de plomb, mais elle sait qu'elle n'arrivera plus à fermer l'oeil avant un bon moment. Normalement, elle va à son bureau pour travailler jusqu'à ce que l'épuisement la fasse tomber dans un sommeil sans rêve, mais avec le brun endormi ici, elle ne peut pas tout à fait ouvrir la lumière sans le réveiller. Elle soupire finalement de nouveau et se résigne à retourner dans son lit, attrapant son HCom au passage. Peut-être qu'elle pourra accomplir quelques tâches dessus.

Des bruits de douche commence à le tirer de sa torpeur, un rayon de lumière provenant de la salle de bain et finalement le bruit léger d'un tapotement sur un HCom. Zélio finit par ouvrir doucement un œil et son horloge interne lui dit que c'est encore la nuit et qu'il est donc naturellement pour plusieurs raisons. Le sexe d'abord, parce que la petite demande beaucoup, sa névrose qui l'empêche de dormir et maintenant la vielle qui fait de l'insomnie.

- c'est pas rare les insomnies à ton âge avancé. commente Zélio du bout de la pièce.

Simple silhouette adossée contre la porte il est difficile de dire s'il a les yeux ouvert ou non.

La voix en provenance du noir lui faut hausser un sourcil. Bon, c'est raté pour ne pas le réveiller. Tant pis.

"Autant que la manie des gamins de maternelle de dormir assit sur le sol le dos contre une porte."

Beth baissa son HCom et éteint l'écran, puis tente de percevoir les traits de Zélio, mais ses yeux sont encore trop peu habitués à la pénombre après avoir fixé l'écran lumineux. Elle remarque néanmoins Rey, roulé en boule au pied du lit, qui dort à point fermé. Au moins, il y en a un qui n'a pas de problème de sommeil.

"Y a un truc qui va pas avec mon matelas?"

Elle préfère lui renvoyer tout de suite une question sur son comportement étrange plutôt que lui laisser la voie libre pour qu'il l'interroge sur son insomnie.

- Il est trop loin de la porte... pas pratique pour la protéger. explique simplement Zélio. Tu as pas de frangin sur le vaisseau au fait ?

Parce que la dernière corsaire qu'il a rencontré à un frangin qui rentre dans la chambre de sa sœur sans frapper. Et il a beau être doué en combat à main nue... ce n'est pas un professionnel des circuits de combat illégaux non plus.

- deux douches dans la nuit .... tu as un problème avec mon odeur corporelle ?

Hannabeth fronce les sourcils. Protéger la porte? Il a une phobie maladive des invasions à domiciles? Mais avant qu'elle ne puisse lui demander les raisons le poussant à vouloir jouer les chiens de garde - il faut avouer que Rey est particulièrement inutile en la matière - il la surprend avec une question qui la fait rire de manière sarcastique.

"Nan, pas d'frère. J'ai bien une soeur, mais elle est pas à bord. J'crois qu'elle préférerait se faire brûler vive que d'poser le petit orteil sur l'Albatros. Pourquoi? T'as peur que quelqu'un vienne défendre ma vertu après l'échec de Rey?"

L'humour est un refuge et un masque particulièrement efficace quand on veut oublier ce qui fait peur et ce qui fait mal, et surtout ne pas le montrer. Ses yeux se réhabituent progressivement à la noirceur et elle peut maintenant voir les contours de sa silhouette. Son expression lui reste pour l'instant toujours cachée, néanmoins. La blonde se lève du lit, attrapant une couverture au passage, et va la donner à Zélio. Elle explique ensuite simplement :

"C'était pas une seconde douche, juste l'eau du robinet."

Elle hésite quelques instants, puis sans un mot, elle s'adosse au mur et se laisse glisser à côté de Zélio. Elle-même ne porte rien actuellement, aussi le contacte du mur et du sol froid la font frissonner, mais les frissons sont les bienvenues. Ramenant ses genoux contre sa poitrine, et sans préambule, elle demande avec sérieux :

"Ça t'aide à dormir?"

Il la regarde venir s'installer à côté de lui. Il prend le temps d'installer la couverture sur elle et lui. Il n'a pas vraiment froid. Et elle est en petite tenue encore.

- d'après la nuit que nous avons passé je crois que personne sur ton vaisseau n'a envie de défendre quelque chose qui est parti depuis bien longtemps. remarque Zélio.

Il y a longtemps que la vielle a passé le stade que l'on défende sa vertu. Dans pas longtemps ça sera potentiellement l'inverse. Ses amants devront craindre sa colère s'ils ne sont pas assez bon. Ca le fait sourire de penser des trucs débiles.

- ça m'aide oui. dit-il simplement. je suis quelqu'un de prudent.

L'explication est bancale il le sait, mais il est fatigué et ses excuses habituelles ne lui viennent pas tout de suite en tête.

- mais bon, il semblerait que ton propre matelas te réussisse pas mieux. Tu es censée être épuisée après tout ce qu'on a fait. il fait une moue. j'ai pas assuré c'est ça ? demande-t-il très ironique.

"Pas faux."

À une époque, son père aurait définitivement vu un inconvénient à la présence de Zélio dans la chambre de sa fille, mais elle n'est plus l'adolescente rebelle qu'elle a été et son père n'est plus là pour s'en faire pour elle depuis des années maintenant. Aujourd'hui, tout le monde s'en fou, tant qu'on ne lui veut pas de mal. Elle fait ce qu'elle veut en la matière, son équipage aussi, et tout le monde est content.

Hannabeth ne rétorque rien à sa réponse, remontant simplement sur ses épaules la couverture et déposant la tête contre son épaule, les yeux fixés au plafond. Si ça fonctionne pour lui, peut-être que ça pourrait fonctionner pour elle aussi? Au point où elle en est, elle ne perd rien à essayer. Puis, il met en doute ses performances précédentes et elle rit doucement en silence.

"Tu plaisantes? J'suis claquée. Si ça tenait qu'à moi j'dormirais jusqu'à demain soir. Mais... y a rien d'suffisant, apparemment."

Ses derniers mots sont amers. L'épuisement la rend lasse et elle n'a plus l'énergie ou l'envie de jouer la comédie ni de s'expliquer non plus.

Elle est claqué mais fait des insomnies ou des cauchemars suffisamment fort pour la réveiller. Encore quelqu'un sous la pression d'intense responsabilité ou ayant eu une vie difficile. Sans doute les deux en fait. Triste pour un petit bout de femme avec autant d'énergie.

- il faut dormir alors si tu es claquée. D'un autre côté tu ne pars pas tout de suite, j'imagine que même les capitaine ont le droit de se reposer. dit-il tranquillement alors qu'elle pose sa tête sur son épaule. Sinon je peux toujours te cogner pour que tu dormes... mais demain ça sera douloureux. dit-il sur le ton de l'humour.

Avec un sourire amusé, elle lui donne un petit coup de coude dans les cotes, rien qui puisse probablement même le chatouiller.

"Nan, j'te conseille pas. Si j'ressors d'ici avec un œil au beurre noir, LÀ t'auras d'quoi t'en faire avec mon équipage."

Elle ferme les yeux, se calant un peu plus confortablement contre lui. Retrouver sa chaleur l'apaise un peu, enfin. Il doit se douter qu'elle ne fait pas d'insomnies par hasard, qu'elle traine des cauchemars ou des angoisses considérables, mais il ne lui pose aucune question et elle lui en est reconnaissante. Elle se doute bien que c'est la même chose pour lui et son étrange volonté de "protéger la porte", mais malgré sa curiosité elle ne lui pose donc pas de questions non plus. Ils peuvent très bien être la béquille de l'autre pour un bout de chemin sans savoir à quoi ils pallient. À mi-voix, après un silence et sans rouvrir les yeux, elle demande presque machinalement :

"T'es pas épuisé, toi?"

Il est lessivé oui. Les multiples réveils c'est pas son truc. Mais bon il est pas mécontent de l'avoir contre lui pour le coup. C'est plus chaud et il aime aussi la chaleur humaine. Surtout celle de ses amantes en fait, il ne fait pas trop de câlin aux hommes. Il préfère les accolades viriles, façon prise de l'ours.

- pas du tout... j'ai pas besoin de dormir. Rapport à mon métabolisme d'humain de la prochaine génération. dit-il en se disant que la fatigue n'est pas toujours bonne conseillère en matière de blague.

Il baille un grand coup peu de temps après sa réplique.

- je trouve ça pas normal quand même après tout ce que j'ai fait en effort pour te faire dormir comme un bébé. C'est une honte. ajoute-t-il finalement toujours amusé

Hannabeth rit doucement à ses mauvaises blagues. Allez savoir pourquoi, son humour de merde lui plait beaucoup. Elle lui répond néanmoins d'une voix toujours endormie, l'esprit embrouillé :

"Pauvre chaton. J'vais aller engueuler mes cauchemars pour avoir gâchés tes efforts et insulté ta virilité."

Elle n'a pas vraiment eu conscience de lui donner une réponse sur les raisons de son insomnie, trop heureuse de se laisser aller au sommeil qui enfin la gagne de nouveau. En effet, lentement et progressivement, sa respiration devient plus profonde et sa tête plus lourde, alors qu'elle se concentre sur les battements réguliers du coeur de son amant qu'elle entend battre depuis son épaule. Elle ne sait pas exactement combien de temps il lui faut pour s'endormir, et n'est pas consciente du moment ou elle sombre, mais cette fois le sommeil est vide de tout rêve.

Des cauchemars hein... voilà qui finalement explique ce qui arrive à la capitaine. Il allait répondre mais finalement il constate qu'elle est entrain de s'endormir sur son épaule. Elle est mignonne comme ça. Il se contente de s'installer de manière plus conformable. Après tout si elle veut échanger son très confortable matelas contre une épaule humaine c'est qu'elle doit avoir ses raisons. Croire que la vie a été injuste uniquement avec vous c'est de l'égocentrisme, tout le monde est touché et tout le monde doit vivre avec ces problèmes.

Il espère juste que le passé de la petite vieille est moins dur que le sien, mais il ne fera pas de pari. Les femmes sont souvent victimes des hommes lorsqu'elles sont jeunes et les moins chanceuses subissent des choses parfois terribles... comme ça fille. Sauf qu'elle n'a pas eu la chance d'essayer de s'en remettre.

Il écoute la respiration lente de Beth alors qu'elle s'endort finalement. Et il ne lui faudra pas longtemps pour que lui aussi sombre dans le sommeil. Sur un rythme beaucoup plus lent. Celui d'un athlète de haut niveau.

C'est une truffe froide et humide contre sa joue qui la réveille le lendemain matin. Confuse et courbaturée, Hannabeth repousse mollement Rey en grognant puis ouvre un œil après un sommeil sans rêves qui lui parait trop court. Ce qu'elle voit la rend encore plus confuse. Un jean? Qu'est-ce qu'elle fou à se servir d'un jean comme oreiller? Puis elle réalise que le jean en question est actuellement porté par son amant de la veille et ses souvenirs lui reviennent. Peu habituée à dormir en position assise comme Zélio, la blonde a glissé pendant son sommeil, se retrouvant la tête appuyée sur les genoux du brun. Cela explique définitivement ses raideurs dans la nuque et le dos.

Comme ils sont à quai, sur Esperanza, la baie vitrée de ses quartiers laisse filtré la lumière du matin dans la pièce, et Beth grogne de nouveau en referment les yeux. Elle tire la couverture sur ses épaules jusque sur son visage pour se protéger de la vile lumière puis se recale plus confortablement contre Zélio, la tête de nouveau posée sur sa cuisse. Rey peut bien attendre dix minutes de plus avant d'avoir à manger, non?

Zélio est toujours endormi. Il n'est pas spécialement sensible à tous les stimulus standards et prévisibles. Il n'est pas un hyper vigilant, juste il n'arrive pas à dormir dans un lit quand il est avec quelqu'un. C'est malheureux mais c'est comme ça. Alors pour le moment il dort à point fermé et son corps à l'affût d'un mouvement de la porte et rien d'autre.

Il est serein dans son sommeil, fatigué, les cauchemars le laissent en paix pour le moment et il ne se voit pas tentant de sauver sa fille et échouer une fois de plus. C'est l'avantage d'être tellement fatigué que son corps refuse de laisser son inconscient prendre le dessus.

Eh nope. Rey ne lui laissera pas dix minutes de sommeil de plus. La blonde pousse donc un grognement de frustration avant de se redresser en repoussant de nouveau la truffe de son chien, puis elle lance un regard à Zélio. Au moins il y en a un d'eux deux qui dort comme un bébé. Hannabeth se lève en grimaçant, les courbatures dans son dos la faisant souffrir, puis va vers son armoire ou elle range la nourriture du corgi. Après lui avoir rempli sa gamelle, ses yeux se reposent sur son beau brun et un sourire joueur étire ses lèvres.

Elle retourne vers lui, l'observant d'abord quelques instants en profitant qu'il est endormi pour détailler ses traits. La blonde passe ensuite doucement ses genoux de chaque côté de ses hanches. Elle profite de sa position pour embrasser son torse d'abord, puis remonte lentement vers son cou tout en caressant sa nuque des doigts. Hannabeth ne voit définitivement aucune raison de ne pas profiter de la situation pour lui offrir un réveil agréable, et définitivement agrémenter le sien.

Zélio la sent lorsqu'elle se lève mais préfère rester contre sa porte et se réveiller doucement. Après tout il n'aime pas dormir contre les portes, mais lorsqu'il est avec quelqu'un c'est plus fort que lui. Il devrait se faire soigner sans doute. Mais ce n'est pas dans sa mentalité, alors il continue à avancer comme il le peut en laissant la culpabilité le ronger lentement de l'intérieur.

Elle vient se mettre contre lui et commence à lui prodiguer des caresses douces. Un réveil intéressant somme toute. Alors il vient entourer la belle de ses bras puissants avec douceur.

- Bonjour mam'zelle. dit doucement Zélio en finissant de se réveiller. Tu n'en as pas eu assez ?

Il pose la question pour taquiner puisqu'il est toujours prêt à recommencer lui. Donc c'est pas une question d'en avoir assez ou de pas être satisfait... c'est juste pour lancer une pique de bon matin.

- tu es pas si vieille que ça visiblement. ajoute l'impérial.

Le brun s'éveille doucement, répondant à ses caresses, et Beth sourit lorsqu'il l'enserre de ses bras. Il ne l'a pas repoussée, c'est déjà ça. Elle ne s’inquiétait pas réellement, mais parfois, certaines personnes changent drastiquement entre une soirée et une nuit passée ensemble et le lendemain matin. Elle est heureuse qu'il ne soit pas ce genre de bipolaire.

"Mmm. Jamais. Tu t'en lasses, toi?"

Elle rit doucement avant de venir chercher ses lèvres. Tant à ce qu'il soit toujours là, elle va en profiter au maximum, peu importe ce que cela impliquera. Il est toujours son îlot à l'écart du monde et de ses problèmes, un refuge temporaire avant qu'elle ne reprenne sa traversée houleuse de l'océan, après tout. Et elle est volontairement la sienne.

"Tss, j'suis flattée, un vrai gentleman dès l'matin! Mais pour être honnête, j'ai l'impression d'avoir prix cinq ans d'un coup après ma nuit sur le plancher. T'as pas mal au dos à dormir comme ça, toi?"

- ça dépend... certaines femmes veulent le faire dans le noir et toujours dans la même position alors oui quand j'arrive pas à les décoincer ... je me lasse. explique Zélio qui lui a un peu tout fait dans la nuit.

Elle l'embrasse et il lui rend avec passion son baiser. Les mains de Zélio descendent doucement le long du dos de la belle pour finalement s'arrêter sur la paire de fesses de la capitaine. Visiblement il ne se lasse pas encore de Beth.

- c'est pas très confortable en effet. avoue le combattant. Il ne fais pas ça par plaisir et préfère un bon lit. Mais c'est plus facile de surprendre un intrus comme ça.

Hannabeth rit doucement en se laissant aller dans ses bras. Elle l’entraînerait bien de nouveau dans son lit, puisque ses caresses n'ont visiblement rien perdu de leur enthousiasme depuis cette nuit, mais elle meurt de faim. La veille, elle a sauté le repas du soir au profit d'une bouteille de rhum, puis a passé une partie de la nuit à faire de l'exercice... alors son corps lui en veut un peu pour le manque de calories.

Tout ce qu'elle a à se mettre sous la dent dans ses quartiers malheureusement, c'est plus d'alcool et un pot de cornichons. C'est bon ces machins, quand on a un petit creux tard le soir alors qu'on bosse, mais c'est pas génial dès le matin, alors les draps attendront un peu. Quoi que... elle pourrait peut-être contacter les cuisines via HCom et réussir à se faire monter quelque chose directement ici? Elle ne profite jamais de sa position de capitaine pour faire ce genre de demandes, mais l'idée de bacon au lit est presque plus intéressante que la perspective de bon sexe.

La blonde va proposer l'idée à Zélio après qu'il lui ait concédé le point que le sol n'est définitivement pas un endroit confortable ou dormir, mais celui ajoute une phrase sur ses motivations qui l'arrête dans son élan. Elle devient sérieuse et fronce légèrement les sourcils pour lui demander doucement :

"Tu crains à ce point qu'on te surprenne dans la nuit? Y a des gens qui t'en veulent?"

Il réfléchit un instant à sa question.

- sans doute qu'il y a des gens qui m'en veulent, je doute qu'ils viennent me chercher ici et je crains pas pour ma vie. Mais personne ne meure sous ma garde... enfin plus personne. dit-il soudainement sombre et pensif.

Les traits de son visage se sont tirés et il arbore un air particulièrement dangereux pour le coup. Il y a une forme d'inflexibilité en lui, quelque chose d'inéluctable. Comme si une fois lancé il semblerait que rien ne puisse l'arrêter. Le genre d'homme qui jeté dans les enfers les plus ardant choisirait une direction et avancerait, sans s'arrêter et sans douter.

Hannabeth reste muette un instant. Elle comprend que ce n'est pas elle en particulier qu'il a voulu protéger par ça, auquel cas elle aurait grimacé. Aussi, ce n'est pas cela qui la surprend, mais la résonance en elle qu'ont ses paroles. Il a perdu quelqu'un qu'il n'a pas su protéger. Par culpabilité ou traumatisme, il fait ce genre de choses d'apparence absurdes, mais qui ont pourtant tellement de sens.

"J'suis désolé."

La blonde baisse les yeux. C'est comme elle et le Cormoran. Ses amis, ses proches et surtout ceux qui la connaissent d'avant ne comprennent pas sa décision d'être resté Corsaire aussi longtemps. Mais pour elle, il n'y avait pas d'autre solution. Tout et n'importe quoi pour éviter de perdre d'autres personnes sous sa responsabilité, et au diable ses propres envies et son propre confort. Les choses vont bientôt changer, mais il lui aura fallu du temps. Beaucoup de temps. Alors peut-être qu'un jour Zélio parviendra à dormir dans un lit avec quelqu'un d'autre de nouveau ?

Elle ne pose pas de questions sur qui il a perdu, comment ni pourquoi. En fait, Beth ne dit plus rien. Elle relève simplement les yeux vers lui avec une lueur particulière dans ses iris clairs. Pas de pitié, au contraire. De compréhension, peut-être un peu. De présence surtout.

Il hausse les épaules.

- C'est la vie. dit-il simplement avec un brin de fatalisme dans la voix. Son visage est redevenu neutre à défaut d'être souriant et le voile sombre du tueur qui sommeil en lui s'est évaporé lentement mais surement.

On a tous nos coups durs, et on continue d'avancer malgré ça. ajoute-t-il relativement philosophe pour le coup. D'ailleurs présentement je suis au bord de la crise d'hypoglycémie... je crois que j'ai besoin de manger.

Un mince sourire né sur son visage alors qu'il ramène la conversation sur un axe moins grave et pesant.

Ouai. La vie c'est de la pure merde parfois. Elle pourrait lui répondre ces mots, mais quelque chose dans la voix t l'attitude de Zélio la retient et Hannabeth reste silencieuse. Elle détourne alors les yeux, ceux-ci se perdant dans le vague alors que les idées noires reviennent se frayer un chemin jusqu'à son esprit, mais le changement de ton de son amant l'arrache rapidement à celle-ci. Elle lui sourit alors, joueuse, avant de se relever t de s'étirer pour délier ses muscles endoloris.

"J'ai eu une idée plus tôt. Je sais pas pour toi, mais moi j'ai pas envie de devoir sortir tout de suite. Alors, dis-moi, tu penses quoi des déjeuners au lit? Trop cliché?"

Pourquoi il aurait quelque chose contre les petits déjeuner au lit ? Et il s'en fout des clichés. Il a faim et veut manger le plus vite possible.

- tu sais tant que je suis en bonne compagnie dans le lit j'ai rien contre les clichés. dit-il simplement en se levant.

Il attrape la blonde et la soulève sans forcer afin de l'emmener dans le lit. Au passage il en profite pour l'embrasser langoureusement. Après tout elle est excitante cette capitaine corsaire.

Il n'a apparemment aucun problème avec les déjeuners au lit. Bien. Il est rare qu'elle s'autorise à ce genre de petit luxe, alors aussi bien qu'il en profite avec elle. Hannabeth hoche donc la tête avec un sourire satisfait et se retourne dans l'idée de gagner sa table de chevet afin d'y prendre son HCom et commander deux plateaux à l'intendance. Néanmoins, ses pieds n'ont pas fait un seul pas qu'ils se soulèvent de terre et semblent flotter alors que Zélio la porte sans effort apparent vers son lit. La blonde a un léger rire amusé avant d'enrouler ses jambes autour des hanches du brun et ses bras autour de sa nuque. Avant qu'il la dépose sur les draps, et entre deux baisers passionnés, elle lui glisse à l'oreille :

"C'est dangereux. J'pourrais m'habituer à ne plus avoir à marcher, si c'est pour m'faire porter comme ça. Tu vas m'rendre paresseuse."

Une fois sur le lit, Hannabeth tend le bras et attrape son HCom. Elle pianote rapidement un message pour l'intendance responsable des cuisines, puis laisse tomber l'appareil pour se concentrer sur celui qui fait déjà bouillir son sang à peine quelques minutes après s'être réveillée. Elle explore alors de nouveau de caresses le corps de Zélio, sans gène, s'attardant sur une partie en particulier de son jean, qui lui est définitivement de trop. Surtout comparé à elle qui ne porte toujours rien. L’inégalité c'est le mal, après tout.

Il se pose à côté d'elle la laissant prendre commande. Mais elle ne reste pas inactive longtemps. La petite vielle à des envies de bon matin.

- je suis toujours prêt à te porter si tu aimes ça. dit-il avec un petit sourire. Transporter les dames dans un lit c'est un loisir que j'apprécie. Et quand c'est une capitaine corsaire ça prend un sens encore plus exaltant.

C'est vrai que les femmes de pouvoir sont un peu différentes par certains côtés. Mais il n'a rien contre. Son jean commence à être serré par contre. Décidément la nuit n'a pas été suffisante semble-t-il… pourtant ils n'ont pas chômé.

Je peux aussi te porter à bout de bras pendant plusieurs longue minutes. dit-il avec un sourire égrillard.