La peur de l'inconnu

Gillian dort.  Elle rêve qu'elle glisse à toute vitesse le long d'un tuyau  en acier   qui  s'enfonce dans un  noir  tourbillonnant.  Ses oreilles  perçoivent   le bruit sonore  du clapotis des vagues qui s'enchainent comme un  ronflement. Un ronflement mmmh ?    Elle  étend les bras  afin d'obtenir un meilleur équilibre et élan  et   sent  quelque chose  frotter  son bras. C'est chaud. C'est vivant. ça respire. La bulle   dans laquelle elle était  éclata.

Ronflement ?  Respiration ?   Il y a quelqu'un avec elle.  Brusquement elle  se  réveilla en repoussant le corps chaud  et en bondissant du lit  comme une folle.  Gillian  se rendit compte en grimaçant  qu'elle n'aurait pas du faire. Son crane lui faisait  l'effet   d'une enclume sur laquelle un marteau la frappait.  Oh non.  Elle avait encore bu  comme  un trou. C'est pas possible à la fin.  Elle  se passa une main sur le front  et la massa.

Que faites-vous dans mon  lit ?

Merde. Merde.  En plus elle  venait de  se  rendre compte  qu'elle était à moitié nue devant un illustre inconnu.  Mais qu'avaient-ils fait hier soir ?   A force d'essayer   de se rappeler,   elle avait encore plus mal au crane.  Elle avait trop bu,  c'était sur.  Gillian soupira.  Je suis bonne pour un cachet d'aspirine. pensa-t-elle.

J'espère que vous vous souvenez  de la soirée parce que moi...  j'ai mal au crane et je ne me rappelle de rien.

Au moins il n'y avait pas de Kao  pour se mettre entre ses jambes pour la faire trébucher,  ou pour la lécher affectueusement.  Il avait du rester coincé dans le salon qui servait également de cuisine et de pièce de vie.  C'était déjà ça.

L'exquis sommeil dans lequel tu es fond comme neige au soleil sous la poussée qui te tire de ta bulle de confort.

Ce monde n'a pas pitié. Et la voix ne fait que te ramener plus tangiblement dans le moment présent alors que tes paupières papillonnent et que tu fronces les sourcils sous la migraine qui vient derechef fleurir dans ton crâne..

Ce que tu fais dans son lit ?

Bordel. T'en sais absolument rien. Tu te redresses, poses le regard sur elle... Et te concentre aimablement sur son visage sans manquer que t'es pas beaucoup plus vêtu qu'elle.

-Aux dernières nouvelles, je ne suis pas trop le genre à me glisser dans des lits qu'on m'interdit, mais honnêtement, je me souviens de rien.

Bordel, faites que vous n'ayez pas couché. Vu l'état dans lequel t'es et la gueule de bois que tu te farcis... T'es absolument pas en mesure de garantir que vous ayez pris les mesures adéquates.

Tu soupires, te passes la main sur le visage pour essayer vainement de chasser le contre-coup d'une consommation abusive d'alcool. Ton regard revient vers elle.

Bordel, t'aurais tellement pu avoir eu envie de te la faire.
Allez, inspire un coup, le grand. Expire. T'étais probablement trop beurré pour arriver a viser.

-Bon. Je sais pas si on s'est déjà présenté, mais... Loukian. Enchanté.

Et faudrait que tu sortes du lit... Mais en bon gentleman, tu lui tends plutôt le drap si elle veut se couvrir un peu.

Gillian ferma les yeux, les rouvrit. Putain de migraine. Il vient dire de but en blanc la nouvelle qu'il est dans le même état qu'elle. Mais ce n'était pas le pire : elle louchait sur son corps à moitié nu en se demandant s'il l'avait fait ou pas. Ses yeux d'océan, hérité de son père, restaient tout aussi mobile et vivant, leur intensité ayant charmé bien des hommes. Et ce, malgré les fines cicatrices qui barraient l'une de ses joues, témoignage des punitions de son maitre d'arme pour ses erreurs.

Chérie. Chérie. lacha-t-elle la bouche pateuse. Réflexe de toute une vie qui se heurta à la tentation de donner son autre identité et la vainquit. Si cet homme était un trinitaire, il apprécierait l'ironie d'un prénom pareil. Elle rassembla sa chevelure d'ivoire en arrière et constata qu'elle n'avait plus les baguettes aiguisée qui les maintenait en une coiffure complexe. La raison pour laquelle elle se coiffait ainsi était pragmatique; cela lui permettait de disposer d'armes supplémentaires en cas d'urgence. Juste de quoi planter des gens avec.

Je suppose que puisque je vous ai ramené chez moi, autant m'occuper de vous. Je vais aller chercher les cachets pour la migraine et on va se doucher ensemble. Je tiens pas à payer ma facture d'eau plus cher que nécessaire. Ensuite on déjeunera et on essayera de voir ce qu'on peut se rappeler d'hier soir.

Gillian ouvrit la porte de la salle d'eau attenante pour chercher dans la pharmacie les cachets susmentionnés.

Chérie?

Tu hausses légèrement les sourcils, ton oreille s'étant accroché à ce mot propre à ta langue natale. Soit elle se fou de ta gueule, soit elle est franchement aimée. Tu laisses retomber le drap sur le lit vu qu'elle ne le récupère pas et l'écoutes dresser des plans plus qu'intéressants. Par l'Unique, elle veut que vous preniez votre douche ensemble pour ne pas payer plus d'eau ? T'en es presque à te demander s'il n'y aurait pas d'autres raisons qui n'en seraient pas moins intéressantes, au contraire, mais vu comment elle semble à l'ouest, tu repousses l'idée, un brin amusé.

- Laisse tomber le vouvoiement, tu veux ?

C'est que ça te semble déplacé, alors même que vous êtes dans la même pièce à moitié nu.

- Et ça me va très bien.

Tu rajoutes ça en la regardant s'éloigner, le regard intéressé par ces courbes ainsi exposées à ta vue. Merde, c'est vraiment le genre de demoiselle avec qui tu pourrais finir dans un lit pour faire tout sauf dormir. Tu retiens un soupire et frotte la barbe sur l'angle de ta mâchoire.

Loukian bénéficiait d'une vue imprenable sur le dos de Gillian qui conservait une impressionnante cicatrice infligée par la lame d'un poignard qui avait échoué pas transpercé l'omoplate. Ce n'était pas une très belle cicatrice bien qu'adoucie par le temps, et dont les points de suture étaient très visibles. On ne pouvait que s'interroger sur l'histoire qui avait causé pareille blessure. Cette dernière cherchait dans la pharmacie les cachets juste au-dessus du lavabos et sentait vaguement avoir commis un impair ou deux malgré les brumes dans lequel la plongeait son horrible migraine.

Il n'a pas tort... se dit-t-elle. Elle regarde le miroir qui lui renvoyait partiellement le visage de Loukian redressé sur son lit. Soit. ça te plait ce que tu vois ? Gillian trouva enfin les cachets, s'empara de deux des gobelets de réserve qu'elle utilisait pour se rincer les dents après le brossage au dentifrice. Les remplit d'eau puis y versa le contenu de ses cachets toujours chiffonnée par quelque chose qu'elle avait dites. Elle vida son verre ce qui lui permit d'éclaircir plus ou moins son esprit et comprit ce qu'elle venait de faire. Donner son vrai prénom à un parfait inconnu. Enfin - pas si inconnu - puisqu'elle connaissait son nom et son corps de vue. Et aussi l'image d'un homme avec elle sous la douche.

Elle lâche l'injure préférée de sa mère impériale en tapant durement sur le bord du robinet. ! Se regarda un instant dans le miroir avant d'apporter le gobelet à Loukian.

- Tu en aurais douté ?

Et ce n’est pas parce qu’elle t’a surpris à la regarder que tu vas te détourner. Si ça la gênait réellement, elle aurait enfilé un des vêtements qui traîne par terre pour préserver un peu mieux ses courbes de ton regard… Et ne t’aurais pas invité à prendre ta douche avec elle.
Son juron ne manque pas de t’assurer de ses origines et tu souris en coin, toujours amusé. Impériale. Qui s’appelle Chérie. Pourquoi pas. Tu t’étires et te décides à sortir du lit en attrapant le gobelet tendu pour en caller le contenu, ce qui ne manqua pas de te faire du bien.

- Un problème ? … Et merci.

Tu lui montres le gobelet en disant ces derniers mots avant de te diriger vers le lavabo en vu pour te passer un peu d’eau sur le visage. Merde, ça avait été une sale cuite, mais tu avais plutôt bien atterri quand même. Tu te redresses et pose un regard en coin sur Chérie, ton taquin à l’appui.

- Douche à deux, donc ? Tu es certaine ?

J'ai vraiment dit ça ?

Elle ferma les yeux bénissant les cachets qui apaisait l'effet marteau-piqueur de son crane. Les rouvrit. Ce Calkuen est décidément sans gêne ; le fait qu'elle lui ai fait savoir qu'elle l'avait surpris à la reluquer ne l'avait pas démonté.

Je devrais m'estimer heureuse de ne pas avoir dit "toucher" ou "coucher" à la place Mmmh ? Me voilà bien punie pour ma gueule de bois !

Ses yeux étaient braqués sur les lèvres de Calkuen, elle attendait de voir ce qui allait en sortir en réponse à sa remarque. Au moins, il n'avait pas encore essayé de l'appeler Chérie, se contentant de la tutoyer.

- Ouep. T'as vraiment dit ça. Mais dans ma grande bonté, je t'offre de te corriger.

L'eau fraîche sur ton visage te tire un soupire de satisfaction, ayant le mérite de t'éclaircir les idées. Tu te redresses pour regarder la demoiselle du coin de l’œil, sourire en coin aux lippes. À quoi jouait-elle, hm?

- Pour ce que l'on n'en sait pas, tu as peut-être déjà utilisé ces mots !

Dans le même lit, quand même! Tu secoues légèrement la tête avant d'hausser les épaules.

- Si prendre une douche avec moi passe pour une punition, laisse tomber, miss.

Qu'elle se trouve une autre punition, bordel!

Quelle générosité ! Comment puis-je te récompenser ? Par une douche à deux ?

Elle plaisantait cette fois-ci, elle trouvait qu'il avait du charme ; elle aurait peut-être couché avec lui même sans avoir bu. Ce n'était peut-être pas raisonnable de jouer ainsi mais elle se souvenait que sa mère, Cordélia, n'avait pas hésité quand elle avait vu un homme qui lui plaisait. Cet homme, c'était son père, le capitaine de l'Invulnérablequi s'était mis au service de l'Impérium en tant que Corsaire.

Gillian s'assit au bord du lit plus taquine jamais malgré ses maux de tete. Elle le regarda les yeux dans les yeux l'illuminant de son regard de faucon puis quand il sortit sa dernière tirade.

Oh, tu n'aimerais pas ça ? Je vais te laisser te doucher, j'ai à faire pendant que tu choisis ta récompense.

Elle se releva faussement déçue et prit la porte de sa cuisine doublée salle de séjour. Son Kao, qui avait passé sa nuit couché devant sa porte, bondit joyeusement pour l'accueillir puis s'avisa de l'étranger à moitié nu sur le lit. Ce qu'il fit en réaction ne manqua pas d'amuser et de faire soupirer intérieurement Gillian, mais c'était indubitablement d'une drôlerie. Le Kao semblait bien jaloux.

Karma, je te présente Loukian, Loukian, dis bonjour à Karma. Et sachez que vous allez vous revoir si j'ai mon mot à dire là-dessus.

Et hop ! Elle atteignit la cuisine et commença à farfouiller dans ses tiroirs pour le déjeuner.

Tu ricanes devant son trait d'humour, secouant légèrement la tête comme pour simuler un léger découragement, même s'il n'en est rien. Fichtre, maintenant tu mérites une récompense? Cette rencontre s'avère plus que profitable. Tu rabats tes mèches sombres vers l'arrière, croisant son regard clair... Pour la regarder rejoindre la porte, visiblement déçu, sans que tu ne puisses ignorer qu'elle jouait la comédie.

- Pas si c'est à contrecœur pour toi. Et une récompense. Sérieusement, Chérie ?

Tu hausses un sourcil, amusé. Depuis quand on se réveille dans le lit des miss sans se souvenir de rien pour avoir droit à une... récompense?

Ton regard se porte sur le kao qu'on te présente, une facétieuse créature qui ne semble que moyennement apprécier ta présence, mais à qui tu adresses quand même un sourire amusé... Sans avoir manqué l'invitation. Autant jouer le jeu.

- Bonjour Karma.

Ton regard se porte sur la maîtresse.

- Je ne suis pas contre l'idée de revoir Karma. Mais je ne viendrai pas pour lui.

Et sur ce, tu refermes la porte, bien décidé à profiter quelques minutes de son eau chaude.

Et sa récompense alors, il ne demandait rien ? Quel gentil garçon ! La jeune femme sortit deux bols du placards, des sachets de plantes à infuser qui poussaient sur Renaissance et une casserole sans répondre aux propos de Loukian. Un remède auquel elle recourrait en plus de la médicamentation pour faire passer la gueule de bois matinale consécutive à une nuit de beuverie. Ne sachant pas ce que préférait l'inconnu, Gillian laissa tranquille le premier bol, mettant à disposition d'autres aliments et boissons pour le déjeuner et commença à faire bouillir de l'eau avec une casserole.

C'est tranquillement assise en écoutant le son du jet d'eau à travers le mur mal isolé qu'elle déjeuna. S'il se mettait à chanter, elle l'entendrait aussi.

Malheureusement, ou alors heureusement pour Gillian, tu n'es absolument pas le genre de gars à chanter sous la douche. Tu laissais ce genre de conneries à Valmont et bien d'autres qui avaient au moins l'avantage d'avoir une jolie voix. Surtout une voix juste.

À chacun ses talents.

Quoiqu'il en soit, tu ne t'éternises pas sous le jet, ayant bien capté que t'es en train d'alourdir la facture d'eau assez conséquemment pour que la miss pense en premier lieu à vous y envoyer en même temps. Aussi, tu sors rapidement, légèrement amusé par le parfum du savon et du shampoing de ton hôte qui risque de te coller à la peau encore un moment avant de choper une serviette, te sécher rapidement... Pour te retrouver dans cette désagréable situation où tu as le choix entre remettre tes fringues de la veille ou ne rien mettre.

Et comme c'est quand même moyen de rentrer à l'Iceberg à poil, tu remets tes fringues avec la sensation d'avoir partiellement gâché la douche.

Tant pis. Tu vas tranquillement rejoindre la demoiselle, te posant à table avec elle pour manger, reconnaissant de pouvoir mettre quelque chose dans ton estomac malmené par votre nuit alcoolisée.

- Grosse journée en perspective ?

À savoir si tu dois te barrer vite... ou si tu peux encore traîner un peu.

Je ne sais pas ce que tu préfères donc j'ai tout sorti. Tu peux te servir., dit-elle en pointant son couteau graissé par le beurre  sur les sachets et les récipients mis à disposition.  Gillian est assise dos à la cuisine,  le dossier de la chaise protégeant son ventre. Pratique en cas de bagarre à condition que ce ne soit pas une arme en mono-filament qui traverse la chaise.


Pas particulièrement. C'est encore une de ces journées  sans emploi. Je fais beaucoup de temporaire.


L'ex agent des douanes n'est pas une chômeuse intermittente banale. Loukian a sans doute pu voir certaines cicatrice qu'elle arbore sur son corps. Si on cherche un peu, on ne trouve  jamais loin d'elle  un bouclier personnel et une arme mono-filament de qualité. La dépression noire dans laquelle elle se plonge parfois depuis trois ans également. Se souvenir qu'on a tenté de l'assassiner, qu'on lui a envoyé six hommes de main. Qu'elle les a tous tués en perdant un Kao chéri et en se faisant blesser à l'épaule.

T'hoches la tête avec un remerciement avant de te servir un bol de céréale sans te prendre la tête, en prenant quelques bouchées avant de regarder Chérie, haussant légèrement un sourcil.

- Tu travailles dans quoi ?

Oh, tu te doutes fort bien qu'elle ne soit pas serveuse dans un resto ou une connerie du genre, vu les armes qui traînent et les marques que tu as vue sur son corps, mais tu lui laisses la possibilité de te prendre pour un ignare et de se créer une occupation. Tout comme tu le feras probablement si elle te renvoie la question pour ensuite te demander sur quel vaisseau tu travailles. C'est de bonne guerre. Tu prends une autre bouchée.

- Du coup, t'as envie d'aller faire quelque chose ? J't'invite au resto en remerciement pour le lit, la douche et la bouffe ?

Dans la sécurité. répondit-t-elle laconiquement avant de croquer dans sa tartine de beurre,  c'est compliqué  parce que les contrats de travail varient et leur durée sont plus ou moins longue.  Que ce sera-ce la prochaine fois?  Veiller à que des ivrognes ne mettent pas sens dessous une taverne les soirs ? Protéger un V.I.P. ?  Gillian sait qu'elle aurait pu prendre des postes plus stables  et mieux payés ; veiller à la sécurité d'une entreprise ou d'une galerie commerciale. Qu'est ce qui l'en empêche ?  Pas  ses soucis financiers, ses difficultés à payer les factures et à joindre les deux bouts parce qu'elle ne peut s'empêcher de boire et de fumer.  

Faire le pilier de  comptoir certains jours puis, le lendemain, surveiller les piliers de comptoirs serait un résumé plus exact de mon boulot. Et toi ? Que fais-tu dans la vie à part te réveiller dans les bras d'une inconnue ?   , qu'elle demande   sur le ton de la plaisanterie, une fois englouti sa bouchée de tartine.

Sécurité. Sa description te tire l’esquisse d’un sourire alors que tu manges tes céréales.

- Ça explique bien les armes. T’as pas mal de contrats ? Pas trop dur de se faire une place dans le métier ?

Tu t’essuies machinalement les lèvres du poignet avant de répondre à sa question.

- Je suis mécanicien.

T’as la modestie de ne pas t’annoncer comme étant ingénieur de coque. Tu ne le fais généralement pas, y préférant le côté un peu banal que te donne le métier de mécano quelconque. Avec un peu de chance, elle ne te demandera pas de vaisseau. Faut dire que t’as pas précisé que t’étais ce type de mécano.

- Je vais croire que le repas ne t’intéresse pas.

Ils ne se bousculent pas à la porte pour une indépendante comme moi hélas, je n'ai pas la réputation des gars d'Omnicorps.  , elle se gratte l'arrête du  nez puis enfourna une autre bouchée de tartine. Gillian est songeuse devant la réponse de Loukian à sa question. Plutôt banale et passe-partout comme la sienne, cela ne lui a d'ailleurs pas échappé le "ça explique bien les armes".  Quand il faut expliquer autant rester le plus proche de la vérité pour mieux s'en éloigner en laissant des non-dit dans le sillage. C'est comme qu'elle conçoit le mensonges.

Mécanicien… Comment  t'es venu cette passion ?   Intérêt sincère ou manière d'en savoir plus en évitant l'attaque frontale ? Qui peut le dire ? La jeune femme termine sa tartine enfin et en prépare une nouvelle avec de la confiture d'un fruit de Renaissance  en croisant le regard du mécanicien. Peut-être suis-je intéressée par un autre genre de repas ce matin ... Un sourire mutin, des yeux qui pétillent qui ne laissent guère de place au doute sur le sous-entendu.

- C'est ce que je me disais. Pas évident et l'UC bouffe le marché, donc.

Tu prends une autre bouchée, songeur... Avant d'hausser un sourcil à la question, un sourire en coin se glissant sur tes lèvres avant que tu répondes sans avoir besoin de jouer avec la vérité.

- Quand j'étais gosse, mon père bossait sur un chantier naval. Ça m'a toujours fasciné et quand j'ai eu la possibilité d'apprendre la mécanique, ça m'a tout de suite intéresser de pouvoir comprendre comment tout ça fonctionnait. J'aime mon travail.

Ouais. Finalement, elle n'aura pas mis longtemps avant de savoir quel type de mécano t'es. Tant pis. La cuillère reste suspendue dans le vide lorsque tu entends la suite... Et tu mets une seconde avant de finir le geste pour enfourner tes céréales, haussant lentement un sourcil en l'observant, autant amusé qu'intéressé.

- Resto ? J'avais dit resto ? On peut très bien se faire une bouffe maison si t'en as envie. C'est pas moi qui vais râler.

Ce n'est pas le seul domaine que l'UC bouffe avec leur technologie de pointe et leurs services. Un ingénieur de coque, donc, ou peut-être pas, conclut l'ancienne douanière impériale  de ce qu'il lui confia sur son enfance. Elle se sent un peu obligée de raconter  quelque chose sur elle en retour mais que dire ? La jeune femme n'en a aucune idée dans l'immédiat. Karma, qui est resté discret jusque-là,  contourna la table et posa une patte sur la cuisse nue de sa maitresse.  Ce coquin tentait de  voler la tartine à mi-chemin  des lèvres de sa maîtresse.

Tuutttuttt toi, lâcha-t-elle après couiné et cillé  de surprise de sentir la patte froide de Karma et ôté juste à temps sa tartine des redoutables mâchoires du Chien de Renaissance.  Elle agita son index devant la truffe de l'animal pour l'obliger à reculer. Bien essayé canaille. Ce n'est pas aujourd'hui que tu auras mon déjeuner !

Le Kao émit un reniflement sonore appuyé puis se  coucha, la tête dressée en direction de la tartine, les prunelles brillantes d'une supplique  canine censée faire craquer les propriétaires d'animaux. Ce qu'il n'a pas obtenu par la surprise, il tente de l'avoir par le chantage affectif. Gillian continua de manger sa tartine mais commença à le caresser pour l'apaiser.

Tu m'emmèneras où Loukian ?   Ou emmèneras-tu une femme à demi-nue comme moi ? C'est vrai, elle était toujours dans la même tenue qu'au réveil, non ?

Tu suis du regard le manège de l'animal qui semble bien décidé à tenter sa chance sur la tartine de sa maîtresse. Au moins, il laisse ton bol tranquille, c'est que tu tiens pas à te retrouver avec un kao de mauvais poil sur les bras. Tu souris en coin devant la réaction de la jeune femme, mais aussi devant la mine emplit de supplique de Karma...

Avant de hausser un sourcil aux questions, avalant une bouchée de céréales avant de te redresser pour mieux observer Chérie.

- Où j'emmènerais une femme à demi-nue comme toi, hm ?

Tant pis pour les céréales qui ne pourront qu'être détrempé lorsque tu auras à nouveau l'opportunité de les finir. Tu te lèves, fait le tour de la table en évitant le chien de Renaissance et glisse les bras autour de la demoiselle pour la soulever sans mal contre toi, presque nez à nez.

- Je vais te montrer ça.

Et c'est sans plus de fioritures que tu la ramènes dans la chambre, non sans fermer la porte du pied. Il est sympa, son kao, mais tu tiens pas à l'avoir à côté du lit à vous faire son regard de chien battu. Parlant de lit, tu y renverses la jeune femme, sourire joueur aux lèvres.

- Tu as d'autres questions ?

Aimablement entrainée par l'ingénieur en direction de son  lit,  Gillian en profite pour taquiner les nerfs sensitifs  de Louvain à travers ses vêtements.  Il pense même à fermer la porte pour éviter qu'un envahissant observateur n'épie leurs ébats ce qui est un bon point pour lui.  Sans surprise, elle se fit renverser  sur le matelas  dominée par un visage espiègle  dont il lui tardait de lui donner satisfaction.

Montre-moi ça plus en détail... , lui souffla-t-elle à la fois comme une plaisanterie et un défi.

En détail, hm ?

Tu souris en coin, l'embrasses... Et entreprend de répondre à la demande. Peu importe la nuit passé et l'absence de souvenirs que vous en gardez, tu veilles à ce que ce moment-ci, dans le secret de la chambre de Chérie, reste vivace à votre mémoire.