How to win when dices are loaded ?

Retourner sur Oscuro. Voilà ce qui lui faisait éprouver des sentiments si contradictoire.  Ce caillou sans atmosphère était la planète ou étaient enterrés plusieurs générations de Ramirez et le lieu de sa naissance.  Il  était aussi le caillou sur lequel elle avait failli mourir et s'était fait trahir par ses supérieurs alors qu'elle enquêtait sur un réseau de trafic de drogue plutôt influent.   Gillian avait conscience que c'était risqué de revenir ici avec les charges qui pesaient sur elle mais  elle s'était tenue sage pendant trois années loin d'Oscuro. On devait avoir peut-être oublié l'affaire  mais pas aux douane. Plus de dix ans qu'on a vu sa tete  là-bas, elle se ferait arrêter d'emblée.  Contourner l'obstacle voilà ce qu'elle avait fait.

Elle avait donc recouru aux services d'un contrebandier qui se trouvait de sa famille, son oncle Ferkad. Celui-ci lui avait demandé si elle était consciente des risques qu'elle prenait. Bien sur que oui.  Gillian ne pourrait sans doute plus jamais paraitre sous sa véritable identité à cause de ceux-là même qu'elle avait voué son existence à les détruire.  Alors, Ferkad avait cédé non avoir insisté pour qu'elle travaille dur pendant la traversée et qu'elle se teigne les cheveux en noir trop reconnaissable.  Elle  se désaltérait à présent dans une taverne Le Joyau Rouge quand un joueur de dé  attira son attention en faisant montre d'une chance insolente.  

Elle rejoignit les deux joueurs, abattit une main sur la table interrompant la partie en cours. Et une autre  qui n'attendait que de recevoir les dés incriminés.  J'aimerais jeter un œil à vos dés Monsieur. Soudain, son camarade de jeux parut soupçonner la triche qu'il n'avait jusque là pas remarqué.  Ce dernier lui sourit en  interchangeant les dés pipés avec des dés normaux discrètement. Il pensait que la ruse était pas inaperçue  quand il lui les tendit.  Ses espoirs furent déçus, il avait malheureusement affaire à des yeux prompts à identifier les menaces et les mouvements suspects et qui avait suivi son tour de passe passe.  Les autres s'il vous plait. réclama la femme aux cheveux d'ivoire.  Il fut tenté de tergiverser mais l'expression de son partenaire lui fit renoncer.  Peu de personnes aimaient se faire arnaquer de cette manière en particulier les individus qui naviguent dans les eaux troubles du crime comme c'était le cas de son camarade de jeu.

Il donna donc sagement les dés  à Gillian qui les prit et les fit jouer  sur  la table  plusieurs fois, les faces tombant tous sur un 6 ou un 5. Mmmmh. Vous allez rendre l'argent à votre partenaire et quitter cette taverne sur-le-champ. Je garde les dés, estimez-vous heureux que ce ne soit pas plus. termina-t-elle en anticipant la protestation qui  allait suivre immanquablement. Ce genre d'oiseau, elle en avait vu passer beaucoup à la douane. Il obéit donc.  Gillian  rangea les dés dans sa poche, s'attendant  à  ce que les doigts habiles du tricheur essaye de la soulager de leur présence, en le raccompagnant à la porte.

Je baillais silencieusement, assise calmement au comptoir. Depuis maintenant plus d'une demi-heure, j'essayais en vain de me concentrer sur mes mots croisés, m'acharnant sur le pauvre HCom qui, bien malgré lui, faisait office d'exutoire sans être la cause de ma tourmente : depuis bien avant mon arrivée, les braillards joueurs de dés n'arrêtaient pas de beugler comme si leur vie dépendait du score qu'ils feraient.

Je m'étais retrouvée, de force, spectatrice de leurs jeux où l'argent semblait couler inlassablement dans le même sens : l'un d'entre eux se faisait détrousser, et à en croire ses exclamations, il n'avait pas l'air d'apprécier la minceur nouvelle de son portefeuille.

Je grognais discrètement, butant sur le même mot depuis trop longtemps maintenant dont je murmurais à nouveau l'énoncé. « En sept lettres, coeur de l'homme déjà volé. »

Soudain, le calme relatif vint à nouveau. Les exclamations rauques s'étaient muées en mots simples, sur un ton féminin. J'écoutais, d'une oreille distraite, les plaintes de l'homme dépouillé, les accusations d'une femme aux cheveux d'un noir de jais, et celui des dés qu'on fait rouler bien trop vite sur la table. Le tricheur s'était fait prendre la main dans le sac.

« ... les dés, estimez-vous heureux que ce ... », entendais-je vaguement.

« Heureux, mh ? », murmurais-je inaudiblement en roulant des yeux. Attendez. « Heureux ... Heureux ! » L'exclamation avait été soudaine, inattendue. Me levant de mon siège, je remplissais enfin le champs désespérément vide de l'écran de mon HCom.

Le tricheur avait compris qu'il s'en tirait plutôt bien et partit non sans avoir inventé pour la forme une histoire alambiquée comme quoi, elle était une complice de son partenaire de jeu et qu'elle intervenait pour sauver son argent. Personne ne fut dupe de ce mensonge élaboré ou en tout cas personne qui essaya d'hausser la voix à son tour. L'homme quitta enfin la taverne avec ses récriminations. Il savait qu'il ne pourrait plus revenir dans cette taverne pendant un moment à cause de cette fille. Maudite soit-elle.

Près de Mia de Moya, le barman remplit un verre tout interpellant un serveur pour lui dire de ramener la cliente au comptoir. Pour qu'il puisse la remercier. Alors que Gillian regagnait sa place, ledit serveur lui demanda de venir au comptoir. Cette dernière parut tiquer en voyant l'officier impérial au comptoir mais céda néanmoins à la mention d'un verre d'alcool gratuit. ça ne se refusait pas ! Elle prit place et se vit aussitôt servir le verre promis par le barman. Merci.

Je v's offre ce verre pour v's exprimer ma gratitude. Z'etes intervenue au contraire d'mon tire-flanc de videur. Il désigna du doigt un type dans la salle plus préoccupé par ses potes que par la surveillance. J'le virerai b'n pour qu'v's le remplaciez.

Je ne reste pas sur Oscuro, juste le temps de rendre visite à la famille. répondit Gillian un peu nerveuse à cause de l'officier juste à coté.

Dommage.Z'auriez fait l'affaire.ç'se voit qu'v's êtes dans le métier.

Et l'officier en question terminait tout juste ses mots croisés. Lentement, je rangeais mon HCom, satisfaite, avant de prêter attention à ma sauveuse du jour. Je l'étudiais calmement, son accent, le ton de sa voie. Certes, je n'avais nul don pour comprendre ce que les gens ressentaient, mais j'avais celui de l'analyse froide et passive.

« Et d'où venez-vous, si vous n'êtes pas d'ici ? » La question n'avait aucun sous entendu, simplement teintée de curiosité.

Gillian trouva étrange et dérangeante cette impression de subir un début d'interrogatoire en règle, car, autrefois, c'était elle qui les faisait parfois subir  aux  suspects  dans les locaux d'astroport réservés aux interrogatoires.  Peut-être que cette question était-elle innocente et que l'officier ne se rendait pas compte de l'écho qu'elle éveillait chez Gillian.

L'ennui c'est que dire toute la vérité était impossible. Elle ne pouvait pas dire  à un vaisseau sur quel vaisseau, elle était arrivée, ni quel genre d'individu l'avait  transportée. Pire, si elle donnait son nom et que l'officier se renseignait, elle ne la retrouverait pas dans la liste des passagers des vaisseaux. De plus, si on devinait que Gillian Boulanger, honnête videuse de taverne et garde du corps et l'ancienne douanière Chérie Ramirez devenue une criminelle aux yeux de la justice était la même seule et personne... L'idée lui fit froid dans le dos. La mort ou la prison longtemps. Quelle réponse pourrait satisfaire ce lieutenant portant la médaille du courage sans qu'elle aille satisfaire sa curiosité en consultant des données ?

J'arrive d'Esperanza ou je vis depuis trois ans, la planète est plus belle que ce caillou sans atmosphère qui se trouve être ma planète natale. Mais je suis curieuse. Comment se fait-il qu'un lieutenant de votre age se balade avec une médaille du Courage ? Je suis étonnée que la FI (Flotte Impériale) vous cantonne à ce grade avec une récompense pareille. Y ... aurait-il une sombre histoire derrière ?

Exactement comme pour elle.

C'était une réponse bien complète, et une question bien déplacée. Si je n'avais posé la question que par simple curiosité, elle m'avait répondu par une tirade sortie d'on ne sait où : personne ici - excepté les abonnés du comptoir - ne déballait sa vie au premier venu. Surtout pas à un impérial. Sauf si ... Non, elle n'avait pas vraiment le profil d'une criminelle. Et je n'avais de toute façon ni les muscles pour l'arrêter si elle s'avérait l'être, ni l'envie de le faire en cet instant.

Quant à sa question, elle n'était ni de circonstance, ni ne relevait de ce qui la regarde. Lentement, je tournais mon tabouret vers elle, le regard froid, sourcils légèrement froncés.

« Tout le monde ne se livre pas autant que vous sur leur vie privée, señora », débutais-je. « En fait, une majorité pourrait même se sentir passablement agacée - à tout le moins - par l'indiscrétion de certains. »

Elle ne savait que trop bien que cela ne faisait qu'appuyer là ou ça fait mal.  Mais il n'est pas dit qu'elle renoncera à avoir la réponse à ce mystère, elle ira poser des questions ou écouter à des personnes moins concernées personnellement ou se contenterait d'écouter les membres d'équipages du vaisseau de cet officier si elle parvenait à trouver. Puis se fit la réflexion qu'elle n'était plus douanière et qu'elle risquait d’être reconnue.  Gillian ressentit la frustration familière quand un obstacle ou plusieurs se présentait sur le chemin de sa réponse, elle savait qu'elle devait réfréner  cet entrainement irrésistible.

Vous avez  raison.  Je n'aurais pas du vous poser une pareille question Lieutenant. rendit-elle les armes.

La fin de la tirade l'avait atteinte plus violemment  que l'imaginait De Moya. Sonnant presque comme une accusation dans l’âme de Gillian. Ses "indiscrétions"  ayant en effet "agacé" un réseau de trafic de drogue qui avait décidé de l'éliminer et la mettre hors-jeu avant qu'elle ne puisse monter un solide dossier contre eux.  Par auto-défense, elle vida prestement son verre et le reposa avec brusquerie. Ensuite le poussa en direction du tavernier qui le prit comme une invitation à le remplir.

C'est mon travail de me poser des questions, de faire attention aux détails et de me battre le cas échéant. Paranoïa constructive à vie. Car quelle genre de protection offrirais-je à ceux qui me paient pour leur sécurité si je n'en suis pas capable ? Un excellent résumé de toute sa vie professionnelle.

Au moins avait-elle bien pris la réprimande. Je hochais simplement la tête à son excuse sourde, et toute colère disparu aussi vite qu'elle était arrivée.

« Je vous pardonne, pour cette fois tout du moins », annonçais-je toutefois, comme pour officialiser le fait. « Vous allez me croire un peu directe, mais ... Me dîtes-vous tout ça pour une raison particulière ? »

Je l'écoutais, incrédule, comparer un officier impérial décoré - peu importe son grade - d'assassin ou d'assistant assassin. Je ne savais que dire, pour être honnête, et bien que mon premier réflexe fut d'analyser les arguments et propos, je ne pu empêcher un rire d'éclater, tonitruant, bien que vite étouffé. Une fois l'hilarité sous contrôle, je me raclais doucement la gorge.

« Il y a plusieurs trous dans votre argumentation », débutais-je, l'observant droit dans les yeux, sourcil perplexe à nouveau haussé. « Tout d'abord, je doute que vous ayez un client aisé dans cette modeste bâtisse - pas d'offense Hernando », rajoutais-je à l'adresse du barman qui hocha de la tête en réponse. « Ensuite, je ne sais pas exactement quoi penser quand vous m'imaginez en assassin ou en assistante de celui-ci, pour la simple et bonne raison que je ne vous ai pas approché : vous êtes venue dans ce bar où je ne vous voie jamais, ce n'est donc pas une habitude ; vous avez vous-même rejoint le bar, ce n'est donc pas moi qui vous ait mis à portée d'un supposé danger. De fait, malgré tout votre discours, je comprends encore moins qu'auparavant pourquoi vous me dîtes tout ça. »

Et son interlocuteur se met à rire aux éclats. Gillian se renfrogne, ce n'est pas drôle pour le client hypothétique décédé dans le cadre de sa théorie.

Je ne pense pas que mon client fictif partagera votre humour une fois mort.

Elle penche la tete, les contre-arguments du Lieutenant sont plus d'ordres concrets contre la logique. Gillian porta la main à sa chevelure faussement noire pour triturer les baguettes qui la maintiennent. Peu de gens étaient capable de deviner que ces baguettes-là constituaient une parfaite arme mortelle en cas d'urgence.

Je vous accorde que je ne suis pas de garde et que je n'ai actuellement aucun contrat qui me lie.

La jeune femme appuya son propos en faisant tourner le liquide alcoolisés dans le verre avec les mouvements de son poignet.

Je ne fais qu'imaginer un scénario d'assassin travesti en officier projetant d'assassiner un client imaginaire sous ma protection ou à tout le moins que l'assassin bénéficie d'une ouverture inattendue car j'aurais suspecté et interpellé un vrai officier. Pas nécessairement complice, une coïncidence fortuite. Et vous avez encore raison, Lieutenant , je n'ai pas précisé le décor du déroulé de ce scénario fictif, il est donc logique que vous l'appliquiez à la taverne ou nous nous trouvons. Croyez-le ou non, Lieutenant, je vois le lien.

Le ton change. Beaucoup plus triste. Et nostalgique.

Pourquoi dis-je ça ? Peut-être qu'Oscuro réveille de mauvais souvenir. Peut-être espère-je quelque chose en disant cela. Qui sait ?

Ca n'arrive pas souvent, mais, cette fois, je ne savais vraiment pas quoi dire.

« Eh bien, j'imagine que ça ferait de vous une parfaite scénariste de film d'action », fis-je en réponse à la multitude de scénarios qui profusaient dans la tête de mon interlocutrice, me grattant le crâne. « Quant à vos souvenirs, vous m'en voyez désolée mais je ne vois toujours pas le rapport. »

Gillian, qui venait de prendre son verre comme pour éloigner le chagrin qui la tenaillait, manqua de s'étouffer de rire à l'énoncé de la réponse. Elle reposa rapidement de son verre, se mit à tousser frénétiquement. Sa violente toux révéla son collier sur lequel brillait un anneau en or et une croix trinitaire caché sous sa chemise. Des larmes de douleur coulent sur ses joues dont l'une était constellée de multiples petites coupures.

Mierda. Scénariste de film d'action comme vous y allez ! Je vous raconterai peut-être un jour mon passé ou vous donnerais-je des indices dessus si jamais on se recroise. Que préférez-vous Lieutenant ?

Son regard se porta sur les bouteilles de verre d'Hernando reflétant le visage d'un individu qui pénétrait dans la taverne. Gillian le reconnaissait car elle savait que c'était une huile du réseau de trafic de drogue qu'elle travaillait à éradiquer avant qu'on ne tente de l'assassiner et de l'étouffer en lui mettant des crimes sur son dos. C'était un mauvais jeu de mot, car son dos avait été victime d'un poignard ce jour-là.

La tension discrète des combattants se sachant menacé la prit. Tant qu'il ne la reconnaitrait pas tout irait bien, ça l'ennuyait d'abimer la taverne si elle devait sortir en se battant. Gillian ignorait si son interlocutrice devinerait sa tension et chercherait à comprendre en jetant des regards derrière. Finalement, c'était une mauvaise idée de venir boire un coup ici. Devait-elle dire quelque chose ? Un avertissement ?

Je n'avais rien remarqué ni entendu. A vrai dire, il était déjà peu probable que je comprenne les véritables motifs de sa tension soudaine, que j'estimais d'ailleurs plutôt générée par une irritabilité à double sens. A la place, j'étais plutôt retournée à ma boisson - un thé, manifestement - et m'affairais à vider ma tasse.

La méfiance et la colère brillait dans les yeux océan de Gillian tandis qu'elle suivait le reflet du trafiquant sur les bouteilles et ensuite un miroir installé là pour égayer l'étagère des alcools. C'était à cause de ces connards qu'elle avait tout perdu. Elle a noté l'absence de réponse du militaire qui s'affaira plutôt à vider sa tasse de thé.

La tension semblait l'aider à réfléchir de manière plus claire. Plus vive. Peu de chance que le gros bonnet la reconnaisse de dos en revanche ses yeux et sa joue constellée de cicatrice pouvait être assez caractéristiques. Mais quand elle sortirait comment réagirait-il ?

Je vois. Je viens de me souvenir pourquoi je vous ai dit tout ça. Parce qu'un assassin est tout aussi déplacé que vous en uniforme à mes yeux. Parce qu'il me vient à l'esprit que des ennemis puissants ont réussi à vous rabaisser à ce grade ou à vous y cantonner pour le restant de votre vie. Et pourtant, tout le monde n'a pas votre chance ; vous pouvez continuer à faire le métier que vous aimez...

Une pointe de tristesse et un relent d'amertume se ressentait dans les derniers mots. Gillian poussa son verre et signala qu'elle ne souhaita plus boire à Hernando.

Dans le fond, je devais bien comprendre qu'elle avait saisi - ou entendu parler de - la nature de ma situation, la raison pour laquelle j'étais simple Lieutenant malgré ma décoration, seul vestige d'un passé glorieux aujourd'hui jeté aux orties. Pourtant, je n'aimais pas qu'on me le rappelle, et encore moins qu'on se morfonde.

« Ecoutez-moi bien, jeune fille », amorçais-je, l'air sévère et les traits plissés. « Je ne sais pas exactement ce qui vous permet de comparer nos deux situations, mais elles ne sont absolument pas similaires. J'ai choisi d'accepter le passé, de le porter comme une armure afin d'aller - veuillez me pardonner le langage - casser la gueule du futur. Vous, manifestement, vous vous complaisez dans une continuelle recherche d'un motif de regret. Alors parfait, mademoiselle. Regrettez comme vous voulez. Mais ne venez pas essayer de vous morfondre sur mon épaule. »

Gillian prit la mouche d'autant plus que de l'alcool courrait dans son système nerveux et sanguin. Elle n'était pas de ces hommes et femmes aux colères spectaculaires mais l'éclat de ses yeux étaient si intenses qu'on sentait qu'elle foudroyait du regard le Lieutenant de De Moya. Toutefois, elle restait assez sobre pour ne pas provoquer une bagarre ou pour attirer l'attention sur elle.

Que voulez-vous que j'y fasse alors ? Me faire justice ?

ça, elle pouvait le faire dans l'heure en tuant le gros bonnet qu'elle voyait dans la glace. Mais après, elle ferait mieux d'oublier sa visite à sa mère et de quitter la planète au plus vite. Dilemme...

Même dans la colère, elle continuait à s'apitoyer. Madre Mia, que je déteste les pessimistes.

« Je ne veux rien, je vous conseille : acceptez votre passé, il est arrivé, point. Vous pouvez le fuir, ou lui faire face. Il y a mille façons de faire ça, de confronter le responsable à simplement refaire sa vie. Maintenant, vous m'excuserez mais je n'aime pas les geignardes. »

Et, sans mot de plus, je retournais sur mon HCom pour débuter de nouveaux mots croisés.

Gillian le prit comme un encouragement à s'occuper de l'autre enfoiré et commençait à avoir des idées pour faire en sorte qu'elle puisse à la fois se venger et revoir sa famille avant de quitter Oscuro. D'abord quitter cette taverne sans provoquer de dégâts, elle pouvait pas mettre à la paille le tavernier et le personnel pour sa vengeance et ensuite, pousser le gros bonnet à bout au point qu'il ne réfléchisse plus qu'à l'éliminer sans avertir qui que ce soit. Le changement d'attitude dans sa réponse était inquiétante. Quelque chose allait arriver.

Merci du conseil.

Elle quitta brusquement sa chaise avec l'expression résolue d'une personne qui sait très exactement ce qu'elle va faire. Gillian se dirigea droit vers le gros bonnet, posa brutalement ses mains sur la table faisant vibrer verre rempli de liqueur. Ce dernier la reconnaissait, n'en avait pas peur mais était nerveux parce qu'elle avait tué six hommes. Une bosse sous son vêtement indiquait la présence d'une arme à feu.

Me reconnaissez-vous ? Vos amis ont essayés de se débarrasser de moi. Ils n'y ont pas réussi. Je suis revenue pour m'occuper de vous et de vos amis.

Sur ce, elle le planta ici pour le laisser réfléchir à la surprise qu'il venait d'avoir. Il se dit alors qu'il allait la suivre pour l'éliminer au lieu d'avertir ses camarades. Prit la sortie en courant sans payer. La scène était inquiétante et le videur ne semblait avoir rien remarqué toujours à discuter avec ses potes.

Je hochais simplement la tête à son remerciement. J'avais, une fois n'est pas coutume, mal interprété le changement de mon interlocutrice. A vrai dire, je ne m'en blâmais pas : il m'était apparu évident que je l'avais vexé, et j'en étais restée là. Et ç'aurait été vrai, si l'un des ses anciens tourmenteurs n'était présent dans la salle. Sourcil haussé, je me retournais à moitié pour l'écouter.

Merde. Elle le provoquait clairement, s'attendait manifestement à ce qu'il la suive. Il était clair que personne ici ne l'aiderait, et que je ne pourrais pas faire mieux : j'étais vieille et ne visait pas aussi bien qu'à mes jeunes années. Aussi, une fois les deux individus sortis, fis-je la seule chose censée qui me venait à l'esprit, portant mon HCom à mon oreille avant d'y chuchoter.

« Base, ici le Lieutenant de Moya, Second du Dragon. J'ai besoin que vous envoyiez de toute urgence quelques hommes à ma localisation ; une femme est sur le point de subir une tentative de meurtre. » Je patientais quelques instants pour recevoir ma réponse. « Bien. Je les garde en visuel. »

Et, sans mot de plus, je rejoignais à mon tour la sortie.

Il suivait la salope à travers les rues de Valentia attendant l'occasion d'une rue déserte sans témoin pour l'abattre. Mais elle prend soin de prendre toujours des rues fréquenté ce qui le frustrait et confirmait le danger qu'elle représentait. Il y a trois ans, Chérie Ramirez était une étoile montante des douanes et tenait particulièrement à mettre la main sur les criminels de sa branche. La vente de drogue. Un simple gêne devenu un cauchemar quand ils avaient compris qu'elle allait s'en prendre à des plus gros poissons. L'ambition qu'elle manifestait les avait conduit à essayer de la faire assassiner. Un échec particulièrement sanglant. Six morts. Puis on avait paniqué et monté un faux dossier d'accusation contre elle en corrompant les bonnes personnes. Profitant au passage de lui coller la responsabilité de leurs crimes. Un parfait bouc émissaire.

Néanmoins elle était de retour. Osant revenir à Oscuro. Il allait en débarrasser Dorado une bonne fois pour toutes. Enfin une rue déserte, l'homme dégaina son arme et découvrit que sa future victime avait disparue. méfiant, il veilla à surveiller les recoins en s'avançant et passa sous une arche. Ou est-elle ? Un bruit de chute l'alerta, merde, elle avait grimpé à l'arche et le prenait à revers ! Aussitôt, il se retourna et fit feu. Trop tard. La main de Gillian s'était refermée sur son poignet et l'avait désarmé. Elle tenait maintenant son arme et le tenait en joue ! Merde! A deux mains!

On oublie toujours de regarder en l'air...

Je l'avais suivi de loin. Non pas elle, mais son potentiel assassin. Arme en main, je la maniais dans mon dos, bien consciente que je ne savais en faire qu'une utilisation sommaire. Je n'étais pas du genre discrète, mais n'avais pas besoin de l'être : on n'était jamais aussi peu visible que lorsqu'on agissait normalement. HCom dans ma poche, je me préparais à tout, comptant sur le fait qu'on ne m'attendait nullement. Et pourtant, en tournant à droite à la rue suivante, la surprise se lisait sur mes traits plus que sur les leurs.

Sans hésiter, je pointais mon canon vers la cible la plus évidente : celle qui tenait l'arme. Prise assurée, je pouvais compter sur la faible distance pour réagir en cas de besoin ; et, après tout, ils ne pouvaient pas savoir à quel point j'étais mauvaise tireuse. Les renforts arriveraient bientôt, mais ils ne connaissaient pas ma localisation exacte et, à dire vrai, je n'étais certaine de souhaiter qu'ils me retrouvent. En attendant, je pointais du bout de mon pistolet à accumulation d'énergie celle qui en faisait de même vers le malfrat qui, il n'y a pas si longtemps, se pensait encore chasseur.

« Donnez-moi une bonne raison de ne pas vous mettre tous les deux aux arrêts. »

Toujours le canon pointé  en direction  du malfrat qui pensait pouvoir  jouer cavalier seul et l'éliminer en solo.
Imbécile.  Combien  en as-tu dealé au cours de ta misérable existence ? Combien de gens as-tu transformé en camé ?  

Elle  entendit  le Lieutenant qui les avait apparemment  suivi,  jeta un œil par-dessus l'épaule du dealer pour localiser l'origine de la voix. On l'avait interrompue dans son monologue intitulé "Se faire justice et rendre un service d'utilité publique".  C'est avec satisfaction qu'elle repéra  le pistolet à  accumulation d’énergie  entre les mains du Lieutenant.

Une raison ?  A Oscuro, on n'en pas besoin pour boucler des gens. Il suffit de payer les bonnes personnes   et pour  s'évader pareil.

Raison pour laquelle elle s'était échinée des années sur des dossiers à  monter des preuves solides à l'épreuve du venin des avocats.  Elle en rirait presque de douleur si on n'avait pas précisément payé des gens pour la faire boucler, elle.

 Vous m'avez en joue. Vous savez à quel point il est difficile d'atteindre une cible en mouvement  ou qui se cache derrière une autre personne ? C'est complètement différent d'une  simple cible électronique ou en carton immobile.    

Le malfrat  crut  bon  de tenter sa chance et de reprendre le contrôle de la situation. Il tenta de détourner le canon mortel de son visage. Gillian se laissa désarmer puis  réagit  en neutralisant  le bras  de l’intéressé.  Un hurlement retentissant indiqua  qu'elle venait de lui déboiter l'épaule. Recommence et, c'est le bras.

Il souffrait, s'étant agenouillé en se tenant l'épaule tout en tentant vainement de ravaler ses plaintes sourdes. Je l'aurais bien défendu, mais son intention première de tuer la femme aux cheveux d'ébène m'en retirait toute motivation.

« Si vous m'expliquiez en des termes clairs ce qui vous lie à cet assassin, je pourrais peut-être vous aider. En attendant, je vous invite à ne pas tourner le canon vers moi ni bouger, ainsi qu'à éviter tout malentendu sur votre potentielle fuite tant que je n'ai pas volontairement baissé le canon. Dans le cas contraire je n'aurais d'autre choix que de tirer. »

Après tout, j'étais proche, suffisamment pour faciliter grandement la visée, mais pas assez pour qu'elle essaie de me désarmer avant que le coup ne parte. De plus, cela signifierait laisser s'enfuir l'homme, et je me doutais qu'elle en était pleinement consciente.

Gillian  regarda le Lieutenant dans les yeux essayant de savoir si elle était sincère ou si c'était un autre  piège ?Elle n'avait pas ce don-là hélas et devait se contenter de sa conscience innée de son environnement.On aurait pu penser que ce talent s'accompagnait d'une certaine lâcheté mais c'était faux,elle opérait plutôt des retraites tactique quand la situation lui était défavorable.Elle connaissait bien Oscuro et pourrait sans doute facilement échapper à la surveillance de la police.Le problème c'est qu'elle aurait à abandonner l'homme qu'elle tenait et qui pouvait lui donner des précieuses informations sur ses camarades.

Vous ne me croiriez pas si je vous disais que j'étais innocente ?Cet homme n'est pas seulement un assassin. C'est un narco-trafiquant  qui fait venir de Renaissance de la  drogue  faite à partir de venin de Naan'gi.J'ai quelques preuves de ce que j'avance mais pas assez solide pour le trinunal.On est en 107 ADD. Chérie Ramirez surnommée "Oeil de Lynx" par ses collègues. Une jeune douanière  avec derrière elle, douze ans de service, tombe pour  corruption, collusion avec des pirates et des contrebandiers, meurtre, racket et extorsions et disparait de la circulation.Tout semble fait pour  qu'elle soit la pire bête noire  des douanes pour des décennies. La réalité est un peu différente. Elle avait construit un réseau d'informateur pour attraper les gros criminels mais l'un d'eux l'a vendue auprès d'un réseau influent  de trafiquant qui tenta de l'éliminer,  puis recourut à la corruption pour le montage d'un dossier d'accusation contre elle. Jamais retrouvée.