Caractère
J'aime pas trop me décrire, je crois que je suis comme tout le monde. Il y a des jours où je me trouve génial et j'ai l'impression de pouvoir réussir tout ce que j'entreprends. Et d'autres où je me dis que je devrais même pas sortir de mon lit. J'ai souvent peur de mal faire alors je passe mon temps à me comparer aux autres pour apprendre, mais il suffit que je fasse une connerie pour que ça vire à l'autoflagellation. De temps en temps j'aimerais me foutre des baffes, clairement.
Rory disait souvent que je mettais pas assez mon intelligence à profit, que j'étais un peu lent à la réflexion et pour prendre mes décisions. Que je m'imposais mes propres limites. C'est vrai que parfois, j'ai envie de faire des trucs que ma morale ou mon bon sens m'interdisent. Mais agir sur une impulsion, chez moi, c'est souvent synonyme d'emmerde, et alors là, la morale et le bon sens peuvent aller se coucher, hein ! Bref, j'imagine que comme beaucoup de gens, j'ai une confiance en moi limitée, même si je fais très bien semblant que c'est pas le cas.
Je perçois assez clairement mes défauts, mais crois bien que je suis aussi conscient de mes qualités, et que je sais m'en servir pour obtenir ce que je veux, ou plutôt ce dont j'ai besoin. Je suis pas très exigeant, tu sais. La plupart du temps, je me sers de mon charme pour amadouer mes interlocuteurs et me faciliter la vie. C'est pratique avec le travail, ça amène de bons contacts avec les clients et des clients heureux commandent mieux ! Si, si...
Tu ne me croiras pas si tu te fies uniquement à mon petit sourire en coin mais je me considère comme quelqu'un de plutôt honnête. Les entourloupes, je laisse ça à ceux qui sont doués pour. Moi, je mens trop mal. J'aime pas me battre mais s'il faut me défendre je le fais. Je dis pas que je m'en sors avec brio, hein...
J'ai un caractère assez calme et posé, on me dit mature, mais moi je sais que je rigole pour tout un tas de choses débiles (mais discrètement. J'aime pas m'esclaffer en public.) Je suis très doué pour me prendre la tête tout seul, et t'en sauras jamais rien, parce que j'ai un visage naturellement sérieux. On pense souvent que je suis distant ou que je prends les gens de haut à cause de ça, mais pas du tout.
J'aime pas m'épancher sur mes problèmes ou sur ma vie en général, certains appelleront cela de la pudeur et d'autres trouveront que ça me donnent l'air mystérieux (euh... okay ?). Disons que je me confie pas au premier venu. Je préfère observer et écouter plutôt que parler, surtout quand je suis dans un environnement peu familier. Et je me considère comme sociable, voire très sociable, en fait, j'aime les autres. Parfois je suis un peu blasé de l'humanité, en général. Mais les gens, individuellement parlant, je les aime beaucoup. J'hésite jamais à donner un coup de main quand il le faut. Bon, faut pas me demander l'impossible non plus. Genre prendre une balle pour toi ou me lever aux aurores. C'est pas humain.
Quand je réfléchis à mon avenir, je pense qu'une partie de moi pourrait se contenter de vivre tranquillement loin du monde et des ennuis. Mais l'autre moi est versatile. Il préfère l'excitation d'une vie plus mouvementée, faite de petites satisfactions quotidiennes aussi brèves qu'intenses. Je suis encore jeune, alors je te laisse deviner laquelle prend le dessus.
Histoire
92 - 102 AD • Je m'appelle Jet. C'est pas le nom que m'ont donné mes parents, c'est celui que j'ai reçu en arrivant à l'orphelinat en 97. Je n'ai pas de souvenirs de ma vie avant ça. La femme qui m'a amené était très jeune, aux dires des sœurs trinitaires qui géraient la place. Je ne sais d'elle que deux choses : elle aurait pu être ma sœur, ou ma mère et elle s'appelait Mariëtte, ce qui est plutôt originaire de Renaissance. Jet, c'est le diminutif de Mariëtte, alors c'est comme ça que les sœurs m'ont appelé. J'ai passé les pires années de ma vie à l'orphelinat, mais aussi les meilleures. C'était notre petite Hope à nous. Les sœurs n'étaient pas méchantes, mais leur discipline était stricte, et comment vous dire que je n'étais pas fait pour suivre les règles ? Ça m'a pris le temps mais j'ai fini par comprendre que baisser les yeux, fermer sa gueule et courber l'échine valait souvent mieux que se prendre des coups de bâton. Bon, les sœurs, c'était pas le pire. Le pire c'était la hiérarchie installée entre les gosses, parce que laisse-moi te dire que c'est pas parce que tu as huit ans que tu peux pas vivre dans le monde réel. Le monde des enfants c'est pas tout rose, avec du recul je les trouve parfois plus cruels que les adultes. Les actions adultes ont leurs propres motivations, aussi basses fussent-elles. Chez les enfants la méchanceté est gratuite. Moi qui était pas très causant, j'ai mis du temps à montrer que j'étais pas une carpette et que je pouvais m'imposer même sans être le plus grand ou le plus intelligent. C'était en partie grâce à Rory, mon grand frère d'adoption. Rory avait un cœur en or et avec d'autres enfants on formait une petite bande un peu dépareillée mais qui se serrait les coudes face aux caïds de l'orphelinat... et aux heures de colle. On était les champions de la colle. On a vécu des choses extraordinaires avec cette bande là. Et puis en grandissant, certains partaient vivre leur vie, d'autres se faisaient adopter. Rory était bien plus grand que moi, alors quand il a eu dix-huit ans j'ai pensé que je le verrais plus jamais. Mais il a demandé à m'adopter, et on est partis tous les deux pour vivre "dans la grande Hope", comme on l'appelait. J'avais dix ans.
102 - 106 AD • Un cri suraigu me sort du sommeil et une petite furie débarque dans la chambre encore sombre. C'est Souris. Ce n'est pas son prénom, mais on l'appelle comme ça parce qu'elle sourit tout le temps. Et aussi parce qu'elle est très discrète, quand elle ne m'appelle pas en hurlant. Elle tire sur mes draps, ce qui achève de me réveiller :
"Jeeet ! Spike m'a encore frappé !"
Je tends le bras pour tapoter sur l'écran du HCom. L'horloge holographique m'éblouit et je grogne ; il est à peine midi. La petite fait la moue.
"Bon, bon... t'as mal que'que part ?"
"Oui ! Il m'a donné un coup dans la jambe, ça fait mal !"
Elle geint encore un peu mais se calme quand je sors la trousse de premiers secours. Je tire les rideaux pour y voir plus clair ; ça ne change pas grand-chose car les seules fenêtres de l'appartement donnent toutes sur une ruelle étroite et mal éclairée, même en pleine journée. Ah, le charme du spatioport d'Esperanza !
"Ok, assieds-toi, on va examiner ça."
À première vue, elle n'aura qu'un beau bleu, mais je joue le jeu.
"T'as mal si j'appuie là ?"
"Non."
"Et là ?"
"Aïe ! Oui !"
"Bon." Je fronce les sourcils. "J'crois qu'on va devoir t'amputer."
Souris pâlit.
"Tu plaisantes ?"
"Bien sûr que j'plaisante."
Elle donne un coup dans mon épaule, ce qui efface instantanément mon air faussement sérieux.
"T'es trop bête, Jet !"
"Hahaha, tu marches à chaque fois ! C'est rien du tout, ça..." Je souris, pour la rassurer cette fois : "Tu vas avoir un p'tit bleu. Tu crois qu'un sparadrap magique suffira ?"
Souris fait la moue, pas enchantée d'être tombée dans le panneau.
"Moui... Et aussi, tu dois gronder Spike !"
"Je m'occuperai de Spike."
Je sors un pansement rose avec des petites étoiles de la trousse de secours improvisée. On ne pourrait pas faire une amputation avec ce matériel même si on le devait. Souris doit le savoir, mais ça la rassure qu'on s'occupe d'elle. Il y en a trois autres, comme elle, qui vivent avec nous maintenant. Les autres gamins, parce qu'il y en a d'autres, c'est pas des réguliers, comme dit Rory. Ils dorment ailleurs, ils viennent ici quand ils en ont envie, quand leurs parents sont trop stricts ou qu'ils s'ennuient. Rory accepte tout le monde. Il a pas beaucoup changé depuis l'orphelinat. Comme il travaille toute la journée et une partie de la nuit, c'est moi qui m'occupe d'eux. Ils sont tous plus jeunes que moi, à part Spike. Mais Spike, c'est une autre histoire. Je fais descendre Souris de mon lit et elle examine son sparadrap "magique" avec une moue satisfaite. On sort de la chambre et je la laisse au rez avec Tim et Zohua. J'enfile ma veste en demandant aux petits d'être sages en mon absence. Spike n'est pas le seul avec qui je dois avoir une conversation aujourd'hui.
Un vieux tube electro résonne dans le garage exigu. J'ai l'impression que toute la structure tremble au son des basses. Je me penche au-dessus du Speeder et je donne un coup de pied dans le chariot à roulettes. Rory apparaît sous la coque du vaisseau de course. Son visage maculé de cambouis s'anime quand il me reconnaît et il a l'obligeance de baisser sensiblement le son de sa musique rétro.
"Yo, Jet ! Ça roule ?"
Rory se lève d'un bond. Il a tellement d'énergie, comme si un feu intérieur brûlait constamment en lui. C'est peut-être pour ça que ses cheveux ont la couleur des flammes. Il me donne une petite tape sur l'épaule qui me fait légèrement vaciller, comme d'habitude. Il est beaucoup plus grand et plus costaud que moi. On ne se ressemble vraiment pas, pourtant Rory répète à qui veut l'entendre que je suis bien son petit frère.
"Oh, qu'est-ce que t'as, là ?"
Il ne remarque pas tout de suite mon œil mais quand il le voit il laisse une grosse trace de cambouis sur ma pommette. Je repousse sa main pour frotter ma joue et étale encore davantage la saleté.
"C'est rien... J'voulais parler à Spike, mais lui, il avait pas grand-chose à dire... Tu l'connais."
Je hausse les épaules et Rory fronce les sourcils.
"Il t'a frappé comme ça, sans raison ?"
"Hum... pas tellement sans raison." Faut dire ce qui est, j'ai le don d'agacer Spike. J'essaye de prendre un air détaché : "Je trouve qu'il a été sympa, au final... 'M'a pas visé l'nez."
"C'est hyper dangereux, t'aurais pu perdre ton œil ! Il va m'entendre, tu vas voir !"
Je retiens Rory par la manche, parce que je sais déjà ce qu'il va faire :
"Nan, c'est bon, reste ici... Sérieusement, Rory, écoute-moi !"
Rory s'arrête mais remonte ses manches et ne lâche pas sa clef à molette. Je pince les lèvres, désapprobateur.
"C'est surtout à toi que j'voulais parler, en fait. Spike est... bon, Spike est Spike, et j'sais pas trop comment l'gérer, mais j'pense pas qu'ça règlera quoi que ce soit que t'ailles y péter les dents et pis c'est tout. Si t'étais plus présent à la maison, j'suis sûr que ça calmerait tout l'monde. T'es le seul adulte et puis, enfin... moi j'ai pas ton autorité, tu vois ?"
Rory m'a écouté jusqu'à la fin sans rien dire. Il a croisé les bras et il affiche un air embarrassé. Je sais déjà ce qu'il va répondre et ça me décourage. Ça fait des jours que je prépare mon discours dans ma tête. C'est très maladroit, comme toujours, mais ce serait important pour moi qu'il comprenne.
"Te rabaisses pas comme ça, tu te débrouilles très bien, frangin. Je fais de mon mieux, tu sais que si je pouvais passer plus de temps avec vous, je le ferais."
"Oui, mais..."
"Les courses, c'est pas définitif. Mais, tu sais, je crois que j'aime vraiment ça. Je me pensais pas aussi bon !"
"Ouais, ouais... tout le monde dit que t'es un petit génie."
"Jet, je te le répéterai jamais assez : quand on est bon à quelque chose, il faut s'en servir. Merde, j'avais jamais posé mon cul sur un siège de speeder avant mes dix-huit ans, et regarde comment je m'en sors ? Je dis pas... je dis pas que je ferais ça toute ma vie, et faut dire ce qui est, on a pas le budget d'aller bien loin..." Je gratifie le vaisseau de mon frère d'un regard circonspect. Avec les autres, on le surnomme la poubelle de l'espace. Mais j'ai trop de respect pour Rory pour lui avouer ça. "... mais ça va changer ! L'important c'est de se faire un nom, et je suis sur la bonne voie. Tu verras, on finira par attirer les sponsors et on pourra passer en ligue pro et..."
"On ? C'est qui, "on", Rory ?"
"C'est toi, moi et les autres ! Je fais pas ça pour le fun, enfin si, mais c'est surtout pour nous, pour qu'on ait une vie un peu meilleure. Je sais... ça sonne cliché."
"Ouais, arrête, je vais gerber."
Je regrette instantanément mes paroles. Rory est quelqu'un de passionné, et ça me fait vraiment plaisir de le voir s'animer pour ce qu'il fait. Il y a dans son regard quelque chose comme une joie sincère, innocente, et de l'espoir, et Dieu sait qu'on en a besoin en ce moment. Je soupire :
"J'vois qu'tu fais tout ça pour nous, Rory, j'veux juste pas que tu t'donnes à fond pour que'que chose qui en vaut pas la peine. C'est dur de percer, et c'est surtout hyper dangereux. Je sais..." Je sais juste pas ce qu'on ferait sans toi. "J'aimerais juste que t'aies un travail qui t'permet d'être plus souvent avec nous."
Rory me donne une autre petite tape sur l'épaule, plus douce cette fois. Il sourit.
"T'en fais pas, hermano. Ça va bientôt changer. Fais-moi confiance, ok ?"
106 - 109 AD • Non, ça allait pas changer. Mais j'ai continué à lui faire confiance. Jusqu'au bout. Je lui aurais confié ma vie, même si sur la fin je sentais que c'était une erreur. Rory était plus qu'une ombre. Ça avait commencé par quelques doses de feuilles d'Yäiewt pour se détendre et ça avait fini par du venin de Näa'ngi avant une course. Puis de plus en plus souvent. Il en avait besoin pour être meilleur, il disait. C'était des conneries. Rory était un génie. Il pouvait piloter n'importe quel speeder les yeux fermés. Mais pas avec sa dose quotidienne dans les veines. Et puis il est passé pro et ça c'est su. Rory s'est fait bouffer par la ligue pro, par les sponsors mécontents, par les dettes, par la drogue, par ce dernier accident ou par tout ça à la fois.
Je me souviens avoir recomposé mon visage en une expression à peu près calme pour leur annoncer la nouvelle. Je me souviens qu'ils étaient tous là, même les casuals, même Spike. Je me souviens qu'ils savaient tous ce qu'ils allaient entendre avant que je le dise. Mais certains osaient un sourire. Peut-être qu'ils espéraient entendre d'autres mots s'ils venaient de moi. Je me rappelle avoir enfoncé les mains dans les poches de ma veste, celle de Rory, pour serrer les poings et ne pas trembler. Je me rappelle que c'était la première fois, la première fois de ma vie que je simulais une émotion. Si c'est pas pour moi je pouvais le faire. Je me répétais en boucle que ça allait bien se passer. Puis je leur ai dit aussi. Je leur ai dit : "Ça va aller." Il fallait que quelqu'un tienne la promesse que Rory avait faite.
J'aurais aimé que ça ne tienne qu'à moi et que de belles paroles suffisent, mais avec Rory on avait perdu notre source principale de revenus. Moi je faisais des petits boulots à gauche et à droite, pas toujours légaux, mais fallait bien ça pour arrondir les fins de mois. Les autres habitués s'y sont mis aussi, à leur échelle, et même les casuals nous apportaient des trucs de temps à autre, quelques pièces, des vieux fringues, des barres de nutrisoja en rab'... On s'en sortait toujours plus ou moins. On s'organisait. Officiellement y'avait pas de chef, mais Spike et moi étions les plus âgés et je crois que le fait d'être le frère de Rory me donnait naturellement de l'autorité aux yeux des petits. Peut-être aussi parce que je ne pétais pas les genoux de ceux qui m'emmerdaient... Ça n'a pas été facile, au début, de m'affirmer avec Spike. Mais il savait très bien qu'il était pas fait pour gérer le groupe, je crois même pas qu'il en avait envie, en fait. Il aimait juste me contredire et appuyer là où ça faisait mal. Avec le temps j'ai appris à ignorer ses piques et ne retenir que ses remarques constructives. Il apportait principalement des emmerdes au groupe mais il m'a aidé à sa façon et quand on avait un problème c'était toujours Spike ou moi qu'on envoyait. Moi pour marchander et Spike quand j'échouais. Je dirais pas que ça marchait toujours, mais on s'en sortait.
110 AD - aujourd'hui • Je me rappelle mon premier jour de travail. Mon premier vrai travail. Officiel, légal et tout. J'avais déjà fait quelques courses pour le Runny Amber mais maintenant que j'étais majeur, ça y était. J'étais l'adulte responsable de la bande. Fallait assurer. J'avais enfilé la vieille veste tachée de Rory, parce que fallait pas avoir l'air trop responsable non plus. Souris disait que c'était important de rester naturel. Puis j'allais pas postuler pour OniCorp non plus ! C'était juste un petit boulot de serveur. Les autres gosses se sont regroupés autour de moi pour faire des commentaires sur ma tenue et me donner des conseils qu'ils sortaient d'on ne savait où. Ça m'a fait rire mais je les ai écoutés avec sérieux. Et je les ai regardés, tous. Spike et sa gueule de travers, Tim et ses poches pleines à craquer du bazar qu'il chourait et revendait pour quelques crédits, la jolie Souris, Zohua la magouille, tous ils avaient dû faire des sacrifices pour notre petite Hope et tous ils avaient travaillé dur. J'ai souri pour détendre l'atmosphère :
"Ça sera pas pire que cette nuit dans le hangar du vieux Jims."
Souris et Spike ont échangé un regard qui en disait long et les petits se sont esclaffés ; clairement on leur avait pas raconté toute l'histoire. Ils avaient leur lot d'emmerdes eux aussi, mais c'était pas une raison pour pervertir leur innocence. J'ai tapoté la tête de Zach, qui m'arrivait aux genoux.
"Écoutez Souris et faites pas chier Spike. S'il vient encore chouiner vers moi..."
"Je t'emmerde, Jet."
"... bref, soyez sages."
En vrai, je m'en faisais pas trop. Ils étaient aussi paumés que moi, ces gosses, mais c'était justement pour ça qu'ils savaient se débrouiller. Puis c'est pas parce qu'on est perdu dans la vie qu'on peut pas avancer. Avec les chemins de traverse on arrive plus vite à destination.