Révélation

Ni'oh n'était pas spécialement une fille gentille. Une fille au grand coeur, oui. Pour les plus démunis. Mais à statut égal... Pas vraiment.

Elle avait appris à se défendre toute petite. Surtout contre des bêtes, à vrai dire, mais les entraînements étaient toujours entre humains. Et vu sa taille et sa force, elle avait appris depuis longtemps qu'on ne gagnait pas dans cette position en y allant de front. Et pour être vicieux, il fallait oublier certains principes. Principes que sa grand soeur avait beaucoup mieux maîtrisés qu'elle, mais au diable les comparaisons. On ne pouvait simplement pas traiter Ni'oh de " douce fleur fragile " alors qu'elle sortait d'un bar pirate de Tortuga, où régnait encore une agitation bien amoindrie par la bagarre qui venait de s'y dérouler.

Un peu éméchée (moins que la dernière fois), la chemise froissée, les cheveux blancs en bataille, et quelques bleus et bosses, rien de grave ou de notable. Elle avait besoin d'air frais après cette rixe digne... Bah de Tortuga et ses équipages pirates sous pression. Elle avait calmé les ardeurs de quelques uns qui espéraient trouver le point faible dans la petite aveugle qui accompagnait Conrad. Qui devait suivre, pas loin. Mais elle était trop concentrée à respirer autre chose que les vapeurs d'alcool, de sueur et de sang pour se soucier de la position exacte de son Capitaine actuellement. Elle se contentait de faire quelques pas dehors.

Sräxt était perché sur un tonneau non loin. Il s'était éclipsé de la fête un peu trop turbulente à son goût avant de prendre un coup perdu et elle entendait ses petits gémissement aigus vaguement inquiets mais soulagés aussi de la voir sortir, sans doute. Pour l'heure, elle ne savait pas trop ce qui avait commencé la bagarre. Un gars qui en bouscule un autre, peut-être. Elle avait entendu un verre briser. Faut jamais enlever son rhum à un pirate saoul, il parait... Mais au final, ça c'était bien terminé. Fallait dire que les gars du Liberty n'étaient pas des manches en combat à main nue.

Les femmes non plus.
Même aveugles.

La bagarre avait été amusante. Les tavernes de Tortuga ne manquent jamais d'animation et c'est aussi ce qu'aime Conrad. Contrairement à beaucoup de capitaine il sait se battre avec ses poings... genre vraiment bien. Alors avec les hommes ils ont bien dominé les échanges. C'est des durs à cuire. Mais même éméché il a repéré Ni'oh qui sort prendre l'air après avoir rousté un ou deux malotrus.

Il n'est pas loin derrière elle et laisse son regard tomber un poil trop bas.... ce qui lui arrive souvent ces derniers temps. Il a bu alors il contrôle moins bien ses pulsions. Et il n'est pas du genre à être dans le contrôle même à jeun... enfin quasiment à jeun.

Il se rapproche de la belle et note la présence du capucin tout inquiet au sujet de sa maîtresse. Il presse le pas pour rattraper sa mystique et fait signe aux habituels protecteurs de leur laisser un peu d'espace. On est à Tortuga et c'est un endroit particulier certes mais pas plus dangereux qu'ailleurs... ou presque.

Elle est tranquillement à faire quelques pas dans la rue lorsqu'elle entend quelque chose se rapprocher d'elle. Elle se retourne à moitié, encore sur les nerfs de la bataille, elle semble soudainement prête à recevoir celui qui voudrait un second round. Mais le rythme des pas lui est familier, trop rapide par contre.

" Capitaine ? "

Srätx s'est calmé, lui, il observe la scène avec de grands yeux curieux.

Tient elle le reconnait.. comment elle fait. Ça fait toujours plaisir néanmoins.

- ouais... c'est moi. dit le pirate en venant se mettre à son côté.

Dernièrement elle l'a pas mal évité. C'est perdu pour la fin de soirée il est collé à ses basques maintenant.

- ca va petite ? pas de mal ? s'inquiète le grand bonhomme.

Elle se détend, bien malgré elle. Du moins, elle perd la tension du combat. Elle ne se bat pas contre son Capitaine. Elle l'évite. Sauf que là, difficile de l'éviter. Il est là, et elle n'a pas d'excuse pour se sauver cette fois.

" Pas de mal, Cap'taine. "

Elle écarte les bras comme pour montrer qu'elle n'a rien et qu'elle va bien, remettant un peu sa chemise en place. Et ses cheveux aussi. Non pas qu'il l'ai déjà vu en pire état. Peu importe.

" Et vous, Cap'taine ? "

Il vient se poser à côté de la belle. Parce qu'elle est jolie la petite en fait. Tout le monde le dit même Wulf... s'était un brin énervant d'ailleurs.

- Très bien... une bonne petite bagarre ça fait jamais de mal. dit tranquillement le capitaine. Je suis content que tu n'es rien.... et qu'on puisse se parler un peu. Vu que tu me fuis.

Il regarde avec attention son visage. Curieux de connaitre sa réaction.

Elle penche un peu la tête de côté. Elle essaye tant bien que mal de garder toute réaction pour elle, mais elle reste un peu mal à l'aise par rapport à la mention de fuite. Certes, elle l'a intentionnellement évite depuis leur départ de Hope. Mais de là à fuir... Bon, peut-être. Mais il fallait qu'elle réfléchisse.

" Je suis désolée pour ça. Et mon comportement sur Hope. De quoi vous voulez parler, Cap'taine ? "

Elle reste neutre. Elle essaye du moins. Oublier ce moment gênant et inutile au final. Juste la piqûre de rappel annuelle de ce qu'elle ne peut pas avoir.

Elle est désolé de son comportement sur Hope... Genre de l'avoir planté comme une merde pour une raison qu'il n'a toujours pas compris. Ou alors de le fuir depuis histoire d'éviter une mise au point désagréable ?

- je veux parler de ta fuite. Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? demande le capitaine.

Il a l'air sincèrement embêté de pas comprendre ce qui ne va pas. Et peut-être aussi de ne plus croiser la petite aussi souvent qu'avant.

Ce qu'il a fait de... Mal ? Elle arquerait un sourcil si elle pouvait. Chez elle désormais ça se caractérise par un léger mouvement de tête particulier, qui fait voler une mèche blanche devant son bandeau noir.

" Rien, Capitaine. Pourquoi auriez vous fait quelque chose de mal ? "

C'est sincère. Parce que depuis, elle a réfléchi. Depuis, elle a reposé ses idées à plat... Retrouvé ses esprits. Il n'a rien fait de mal, rien fait qui ne sorte de l'ordinaire... Mais il ne va pas accepter l'explication... Il faut qu'elle dise quelque chose.

" J'étais mal lune... Lunée ? C'est comme ça que vous dites... Et j'avais trop bu. Je n'avais pas envie de vous vomir sur les bottes. Ensuite, j'étais surtout gênée par rapport à mon comportement... "

Elle l'est encore un peu, d'ailleurs, visiblement.

Il sourit doucement et continue de marcher à côté d'elle dans les rues sombres de Tortuga. Mais elles sont toujours animées les rues de cet astroport qui ne dort jamais. Il marche serein comme toujours et avec son petit sourire tranquille aux lèvres.

- Oui on dit lunée, c'est bien ça. Sauf que je sais toujours pas pour quelle raison tu étais mal lunée. dit-il tranquillement en profitant du visage de la belle petite Mo'at.

Ca lui avait manquer de la voir traîner autour de lui comme elle faisait avant. Ça devrait pas.. mais ça lui a manqué.

Elle hausse un peu les épaules. Elle marche, tranquillement, Srätx lové dans son cou, en écoutant la vie autour d'eux sans spécialement d’appréhension, sinon qu'elle ne peut pas répondre la vérité à sa question. Parce qu'elle ne veut pas. Parce qu'il ne veut pas l'entendre. Et parce que ça compliquerait une situation qui est très bien comme ça.

" J'ai oublié. Mais ça n'est plus d'actualité. Alors est-ce que c'est vraiment important ? "

Tant qu'elle n'est plus contrariée et que c'est du passé...a lors ça lui va. Sauf qu'elle est cache quelque chose. Elle est pas doué pour mentir. Lui très.

- c'est absolument pas important si c'est dans le passé. dit-il alors.

Ni'oh entend des bruits de pas derrière eux... des bruits qui tentent d'être discret. Mais pour le coup c'est toujours difficile de surprendre une aveugle avec une approche silencieuse quand on est pas un professionnel. En tout cas c'est soit un farce de mauvais goût vu le contexte. Soit un problème.

C'est dans le passé. Pour le moment. Elle ne peut rien promettre sur le fait que ça ne revienne pas lui filer un coup de poing comme sur Hope, la dernière fois, sans prévenir. Elle reste une seconde perdue dans ses pensées, sans rien dire de plus.

Elle n'est cependant pas assez distraite pour louper ce que ses oreilles finissent par entendre. Elle se retient de ralentir, mais elle se tend un peu soudainement.

" Capitaine ? Je crois qu'on est suivi... " Qu'elle murmurera doucement, en concentrant son ouïe vers l'homme ou la femme qui essaye d'être discret... Elle ne reconnait pas la démarche.

Suivi. Conrad tente de sortir des vapeurs d'alcool et se retourne pour voir ce qu'il en est. En effet un homme est là derrière eux et pas si loin que ça. Il ne l'avait pas entendu venir. De nombreuses cicatrices sur le visage et l'air patibulaire c'est un pirate. Une barbe noir d'une semaine et pas taillée, des tatouages sur les avants bras et un regard de tueur.

- Stackborn !!! c'est pour l'Océane ! crache le revanchard en levant son bras armé d'un pistolet à accumulation d'énergie.

L'Océane est un navire pirate dont le capitaine et l'équipage ne suivaient pas vraiment le Code. Il transportait des esclaves pour les revendre. Ce qui a un peu énervé Conrad. Euphémisme pour décrire la petit colère qu'il l'a jeté sur les traces du navire. Finalement le Liberty a libéré les Mo'at et rasé le navire des cartes spatiales. Visiblement tous les membres d'équipage n'était pas à bord.

Conrad a toujours de bon réflexe en général, mais après la bagarre et avec l'alcool on ne peut pas dire que ce soit fulgurant pour le coup et il reste immobile. L'arme émet un son de chargement alors que le pirate vise le capitaine qui a plus peur que la petite soit touchée que d'encaisser le coup. C'est pas précis ce genre d'arme... mais il est assez proche pour ne pas le rater normalement. Voilà ce qui lui passe par la tête au lieu de penser à se mettre à couvert.

Le Capitaine se retourne et elle fait de même. Le temps est un peu comme en suspens alors qu'elle ignore qui est la menace. Sa main est sur son arme, inutile, parce qu'il est trop loin d'elle pour qu'elle se batte pour protéger la vie du Capitaine. Et le bruit qu'elle entend lui dit tout à coup que toute action serait vaine de sa part. Il vise le Capitaine (ou alors il est très bête), et dans tous les cas elle n'a ni couvert, ni possibilité de sauvetage.

Elle n'en aura pas besoin, cependant. Un " Capitaine !!! " venu de leur gauche, et le gars armé est soudainement bousculé, pris par surprise par l'un des hommes du Liberty. Enfin, en partie. Parce qu'il n'est pas sans ressources, et il n'est pas venu accomplir cette mission suicide sans être préparé. Néanmoins, le coup du pistolet maintenant chargé part sans prévenir avant qu'il ne soit désarmé, mais il ne touche pas Conrad.

Le temps semble en suspens. Le bruit du coup de feu l'a fait sursauté. Srätx a crié. Elle est maintenant sourde d'une oreille... ou des deux. Elle n'a pas l'impression d'entendre grand chose autour d'elle. Comme si on lui avait donné un coup sur la tête et qu'elle était à deux doigts de s'évanouir. C'est au ralentit aussi qu'elle sent quelque chose de liquide et chaud imbiber sa chemise. Elle viendra y poser délicatement deux doigts, qui se teintent de rouge, et qui ont une forte odeur de fer...

Pour une fois qu'il est content qu'Arthur mette des hommes en surveillance au cas où. Cette fois il a évité le pire. Il souffle une demi seconde et commence à donner des ordres pour l’agresseur soit immobilisé et emmené sur le Liberty. Rapidement des hommes du Liberty surgissent, pas tous très sobres mais toujours aussi expérimenté et il prennent rapidement le dessus sur le tireur.

Conrad sourit tranquillement satisfait et se tourne vers Ni'oh. Le visage du pirate se ferme subitement. Le sang se retire même de son visage légèrement rouge d'avoir bu et de s'être battu il y a quelques minutes. L'alcool déjà amoindri par l'adrénaline et repoussé dans les limbes de son esprit alors qu'il constate la tache de sang qui s'étend sur la chemise de Ni'oh. Il s'élance pour soutenir la petite , la blessure a l'air grave et il ne veut pas qu'elle s'écroule au sol. Son pire cauchemar prend forme, quelqu'un meure à sa place. Non pas "quelqu'un" bien pire .... la petite Ni'oh.

- Accroche toi petite. dt-il en l'attrapant doucement.

Ca s'affaire autour d'elle. Ca crie, la rue est en pleine effervescence, les hommes du Liberty se chargent du tireur sous la voix autoritaire et enflammée de leur Capitaine. De son Capitaine. Qui est vivant... C'est à peu près la dernière réalisation claire qu'elle a de son environnement, avant de baisser doucement son visage sur ses doigts recouverts de sang.

Elle sent sa tête lui tourner, le monde se faire beaucoup moins clair à nouveau autour d'elle. Elle a l'impression de tomber. Ou elle tombe. La gravité est le dernier de ses soucis... Surtout qu'elle n'a pas l'impression de toucher le sol, finalement.

Elle flotte. On la tient. Une odeur d'alcool et de cuir, de cire d'abeille... Capitaine. Sa main s'accroche. Comme elle ne s'est jamais accrochée à lui. Dire qu'ils s'effleuraient à peine de peur de la toucher... Là elle y met toute sa force. Ou celle qui lui reste. Une bonne partie est en train de s'échapper par un trou dans son épaule gauche.

" Cap'taine... " Peur. Soulagement. Elle ne veut pas mourir. Elle est contente qu'il ne soit pas mort... Mais son corps entre en état de choc, alors, pour le moment, la douleur est secondaire...

Et merde elle commence à partir. Il la prend dans ses bras et la tient couché contre lui.

- Je suis là petite... c'est rien. Un petit trou mais ça va le faire avec un bon docteur. T'inquiète pas. dit-il parfaitement sincère et serein.

Du moins c'est qu'il montre à la petite. Au fond de lui il est en panique. Il regarde autour de lui à la recherche d'un membre de l'équipe de soin. Mais pas de chance il n'y a personne pour le moment.

- Il faut quand même que tu t'accroches hein petite. Tu me lâches pas.. je te l'interdis. qu'il ajoute un peu inquiet malgré sa capacité à mentir comme un arracheur de dent.

L'homme est capturé et déjà inconscient après quelques frappes solides. L'équipage est entrain de sortir du bar et la foule du Liberty commence à se rassembler en rempart contre une éventuelle menace qui surgirait.

Elle a toujours aimé la voix de cet homme, depuis le jour où elle l'a entendue. Un jour un peu similaire, avec du sang, de la douleur, le noir infini en face d'elle et seulement sa voix pour la maintenir à flot. Enfin, cette fois, il la tient dans ses bras. Elle aurait préféré d'autres circonstances, pour se retrouver allongée dans ses bras...

C'est rien, qu'il dit... Un bon docteur qu'il dit... Elle connait bien le docteur du Liberty. Elle est bien obligée de passer le voir de temps en temps. Elle ne lui fait pas plus confiance qu'à un simple rebouteur pour une blessure par balle... Alors, non, ça ne la rassure pas vraiment, dans l'immédiat. Ce qui la rassure, c'est que le Capitaine connait très bien les compétences de son équipage...

" J'veux pas vous lâcher... "

Elle repasse à sa langue maternelle. C'est plus facile. Il comprend. Les autres sont trop loins pour qu'elle réussisse à se concentrer sur eux en ce moment. Mais sa main reste accrochée à son bras, solide, sous ses doigts fins.

Elle a intérêt à pas le lâcher... sauf que le sang coule et que le médecin de bord est un infirmier. Alors c'est pas l'endroit où il veut l’emmener. Enfin pas elle. Il réfléchit alors qu'il voit la tâche de sang s'étendre sur la chemise de la petite.

- La Dame va me faire une scène si tu meures d'une balle qui m'était destiné. dit-il pour faire un peu d'humour.

Il regarde autour de lui et prend subitement la direction d'une auberge.

- vous me sécurisez cette auberge. dit-il d'un ton froid et très autoritaire.

Les gars savent pas trop ce que ça veut dire mais comprennent le concept général et les voilà en route pour s'assurer que le capitaine est une chambre tranquille avec un lit et que personne ne puisse y accéder sans être passé par la moitié de l'équipage du Liberty.

Elle entend Srätx pleurnicher et gémir à côté. Mais le petit singe ne sait pas quoi faire à part rester assis à côté de Conrad, ses grands yeux noirs perdus et sa fourrure tachée d'un peu de sang de sa maîtresse. Il le fixe comme s'il pouvait remettre sa maîtresse sur pied, avec peur et espoir en même temps. D'ailleurs, il est pas passé loin non plus, lui qui était sur son épaule avant qu'elle ne reçoive le coup...

" Et moi donc... "

Elle n'était absolument pas pressée de voir la Dame en personne, quel que soit l'amour qu'elle avait pour elle. Etre accompagnée par elle dans la mort était un honneur qu'elle voulait bien remettre au plus tard possible. De vieillesse, par exemple... Mais... Ca s'annonçait compliqué comme but à réaliser, tout d'un coup...

" Cap'taine, vous n'avez pas de bon docteur, pas vrai ? "

Elle n'aime pas quand il lui ment. Même s'il ment très bien. Justement parce qu'il ment trop bien...

Bien sur que non il n'a pas un bon médecin. Elle le sait mieux que lui parce qu'elle y a passé du temps. Mais c'est pas pour rien qu'il ne courre pas à bord du Liberty.

- on est pas en route pour le Liberty et j'ai envoyé personne le chercher. dit doucement Conrad.

Il continue de réfléchir sur comment trouver un médecin doué rapidement. Il ne parvient pas à se souvenir des navires au port et de toute façon il ne sait pas s'ils ont un bon médecin de bord. Il ne s'intéresse pas à ce genre de chose en général.

- Ca va tu tiens le coup ? Tu te sens comment ? qu'il demande inquiet

Il pousse la porte de l'auberge et regarde rapidement les environs. Les hommes sont déjà entrain de s'activer et un membres de l'équipe d'abordage a sécurisé l'accès aux chambres. Les clients sont un peu sur le qui-vive mais un regard de Conrad semble calmer les ardeurs.

- désolé pour le dérangement. J'ai un blessé grave. dit-il simplement de sa voix imposante et autoritaire. Accessoirement entouré d'une bonne partie de son équipage.

- Si l'un d'entre vous connait un bon médecin c'est le moment de se manifester. ajoute le capitaine.

Un homme se lève, pas vraiment une gueule de pirate.

- Je connais une femme, très douée. dit-il un peu emprunté.

Conrad fait un signe à un de ses hommes. Ce dernier comprend et va au renseignement pendant que Conrad reprend la route.

Ca bouge, ça tangue. Le fait qu'elle ne voie rien et qu'elle soit déboussolée, en plus des vagues de l'alcool restantes qui se sont envolées dans son esprits mais qui sont toujours dans son sang, ça lui donne un peu la nausée. Elle serre les dents. Ce n'est pas le moment de vomir... Mais elle ne répond rien pendant quelques secondes...

Comment elle va ? Comme un charme, pourquoi cette question...

" Si j'ai une première réclamation à faire en six ans, Cap'taine... Ce s'rait d'engager un bon médecin... " Qu'elle finira par répondre, après qu'il ait repris sa route vers... sans doute une chambre.

Sa voix commence lentement à être un peu plus faible, alors que la tête lui tourne. Son corps revient lentement de son état de choc, et la douleur augmente par degrés aussi... Srätx lui suit le capitaine, sur ses talons.

Il sourit doucement. Elle a encore de l'humour c'est une bonne nouvelle... non ?

- Je fais ça dès que j'en trouve un. promet le capitaine qui se maudit de pas l'avoir fait avant.

Il porte la jeune femme jusque dans la chambre que les hommes ont loué. Il la dépose avec soin sur le lit et constate qu'elle saigne toujours et devient de plus en plus blanche. Il prend une taie d'oreiller propre et commence à presser la plaie. C'est le seul acte médicale qu'il connaisse.

Il constate qu'elle commence à partir dans l'inconscience et son coeur se serre soudainement. Parait que le patient doit rester éveillé.

- Reste avec moi petite... t'endors pas ... c'est pas le moment. exige la voix autoritaire mais douce du capitaine.

Il espère que ses hommes se grouillent et qu'ils font rapidement ramener un médecin.

Elle quitte ses bras pour se retrouver sur un lit. C'est doux et délicat, pourtant ça fait mal. Son visage grimace, pâle, plus pâle que d'ordinaire, et sa respiration s'accélère une seconde. Sentir les mains du capitaine appuyer contre sa plaie pour empêcher le sang d'en sortir, ça aussi ça fait mal, mais ça engourdit un peu plus son épaule aussi. La plaie est sous la clavicule. Elle aura une cicatrice symétrique à sa croix...

Enfin, si elle survit... Mais elle ne peut rien faire à part... attendre...

Elle se réveille un peu sous le ton autoritaire de son Capitaine. Son petit singe est posée sur la table de nuit, à observer la scène en faisant toujours quelques bruits inquiets. Elle inspire un bon coup. Ne pas s'endormir... Elle peut essayer de faire ça.

" Si... Si je m'en sors pas, vous... " Elle hésite, un instant. " Vous pourriez prévenir mes parents ? Du clan T'Levighn... T'Levighn... "