Les inquisiteurs, ça reconnaît les blonds [Aeÿ]

Tu viens de quitter le bureau de Jaziel, encore agacé par ce que Ati compte te faire subir. Tu rejoins rapidement le poste d'Aey, ne l'y trouves pas, tente alors sa cabine, venant cogner deux coups étouffés contre le battant de sa porte. Tu t'agites un peu, piétinant presque le sol. T'espère juste qu'elle est pas sortie, parce que l'air de rien, cette escale n'est pas la plus sécuritaire que vous ayez croisé dernièrement.

Je tente de faire un peu de ménage dans mon bordel habituel. Je rend mes compagnes de cabine dingues, apparemment, alors aussi bien profiter de l'escale et du fait qu'elles sont de sortie pour ranger sans les avoir sur le dos. Je commence à réaliser que si la moitié de mes fringues sont sur le sol, c'est la faute à mon armoire de ne pas être assez spacieuse pour tous les accueillir, lorsqu'on frappe à ma porte. La diversion est la bienvenue, aussi je me lance vers la porte pour ouvrir.

"Hey, Louk! Je croyais que tu étais..."

Je me fige néanmoins rapidement devant l'air de Loukian que je découvre.

"Louk? Qu'est-ce qu'il y a, t'as une drôle de tête?"

Aey t'ouvre, d'abord ravie, puis elle remarque ton expression et l'inquiétude vient rapidement se glisser sur ses traits. Tu jettes un coup d'oeil à l'intérieur, la découvre seule. Parfait. Gentiment et doucement, tu la fais reculer pour rentrer et fermer la porte derrière toi, avise le bordel... Enfin, il semblerait qu'elle tente de ranger... Mais... : "Eh..." Tu cherches un coin libre où t'asseoir, finit sur le coin de son lit avec un soupire: "Salut... En fait... je me suis un peu mis dans la merde."

Je le laisse entrer, de plus en plus inquiète face à son silence et son attitude, et vient rapidement faire de la place sur mon lit pour m’asseoir à ses cotés. Lorsqu'il me dit qu'il s'est mit dans la merde, je fronce d'autant plus les sourcils en le questionnant du regard. Si c'était un truc en lien avec la mécanique, il aurait sa gueule des mauvais jours, éternel bougon, mais c'est pas le cas. Et si ce n'était pas sérieux, il ne me dirait pas ca comme ca. Mon esprit va donc un peu partout, au quatre coins des pires possibilités, et je dois me retenir pour ne pas l'assaillir de questions. Je viens plutôt plus prendre la main et demande anxieusement :

"Comment? Qu'est-ce qui c'est passé?"

Son regard grouille de question. Tu soupires lourdement, repoussant les cheveux vers l'arrière de ton crâne avant de la regarder. T'as déjà assez fait durer le suspense, par l'Unique: "Je me suis pris la tête avec un inquisiteur. J'ai pu m'en tirer, mais il a compris qu'un vieux vendeur était une connaissance à moi qui pourrais lui en dire plus. Et lui, je pense pas qu'il s'en tirera." Et ça, ça veut dire beaucoup de choses. Mais surtout que tu t'es attiré sur la tête l'ombre de l'Inquisition, ses griffes te guettant à présent, prêtes à fondre sur toi.

Je serre impulsivement sa main au mot « inquisiteur » alors que mon expression se décompose rapidement, l’inquiétude explosant, mais étant presque entièrement recouverte par la peur. Ce mot m’inspire une peur viscérale, presque animale, que je n’ai jamais réussi à contrôler ni à surmonter. Elle est inscrite dans mon sang et dans les cicatrices qui couvrent mon corps, mais encore plus dans celles de mon esprit. Le choc est si grand que je n’entend qu’à moitié ses mots suivants.

"Tu... ils ne t’on pas blesser, tu vas bien? Et... et ils connaissent ton nom? Il savent que tu es ici? Il faut en parler au capitaine, tout de suite, il faut partir d’ici rapidement, il faut..."

Je me mord la lèvre pour arrêter de parler, réalisant ma panique qui monte en flèche.

Tu figes à sa réaction, voyant bien que la panique monte inexorablement. Tu serres ses doigts dans les tiens, hésites un instant, puis passe finalement le bras autour de ses épaules pour la ramener contre toi et la serrer. La réconforter : "Ils connaissent mon nom de famille. Et probablement qu'ils connaîtront vite mon prénom... Et le nom du vaisseau." Par l'Unique. Le raconter te fait sentir encore plus bête, si c'est pas beau. Mais tu t'empresses de rajouter, vu qu'elle en parle : "Le Capitaine sait. J'ai été le voir directement après. Calme toi, Aeÿ'gis. Je sais que c'est flippant, mais faut rester calme, d'accord ?"

Il me prend dans ses bras et je m’accroche à lui par réflexe malgré ma surprise, refermant avec force mes doigts sur le tissu de sa chemise. L’idée qu’ils le trouvent, l’emmènent et lui fassent du mal me terrifie et me donne le vertige. J’essaie de me calmer comme il me le demande, de rationaliser car par Calypso, je sais qu’il a raison, mais mes yeux s’emplissent de larmes et je le serre un peu plus fort contre moi. Je connais personnellement beaucoup trop ce que l'Inquisition sait faire pour qu'il en soit autrement.

"Ok... ok, si le capitaine sait... mais est-ce qu’il sait de quoi ils sont vraiment capables? Louk', personne sait, personne peut savoir à quel point ils... ils... merde!"

Je me détache de lui à regret pour m’essuyer les yeux du revers de la main et réussir à me calmer. Mes flashbacks ne m’aident pas, mais j’y arrive à peu près.

"J’suis désolé. Ok, explique moi. Qu’est-ce que le capitaine a dit? C’est quoi le plan?"

Elle se serre plus fort contre toi et tu fais de même, l'enfermant dans un cocon où t'espère qu'elle trouve un peu de réconfort malgré tout: "L'Inquisition a des moyens conséquents... Le Capitaine le sait." Tu retiens un soupire, mais la laisse se redresser, se détacher en s'essuyant les yeux. Merde, tu détestes la faire pleurer: "Ne t'excuses pas... Le Capitaine... Hmpf. Le Capitaine à dit que je devais pas sortir sans une garde aux escales qui peuvent être problématique... Et il a demandé à Ati de me refaire une identité. Et un look." Et d'un coup, tu te renfrognes, parce que, par l'Unique... t'en veux pas de ces conneries !

J’essaie d’être forte, parce que merde, c’est moi qui devrait le réconforter et le rassurer là maintenant, pas l’inverse! Je m’en veut pour ça, et pour avoir ramener ça à moi. Loukian n’est pas un ancien esclave, alors j’ignore ce qu’ils lui feraient réellement, aussi j’essaie de me raccrocher à ça. J’hoche la tête à ce qu’il m’annonce, satisfaite du plan d’action.

"Bien, c’est un bon plan. Avec un peu de chance ils vont abandonner les recherches actives après un moment, s’ils ne trouvent rien. Bien..."

J’inspire un bon coup en fermant les yeux, reprenant le contrôle de ma respiration, puis je remarque l’expression renfrognée de mon ami, une que je lui connais trop pour l’ignorer.

"Il y a un bout du plan qui t’emmerde... et si je te connaissais pas autant je dirais que c’est cette histoire de relooking encore plus que celle de la garde aux escales, je me trompe?"

Ton amie cherche visiblement à reprendre le dessus. Tu sais que son passé peu n'en rendre que plus effrayante l'Inquisition, ce qu'il arriverait s'ils mettaient la main sur elle. Il n'en est pas question. Tu te rendrais toi-même cent fois plutôt que de laisser Aeÿ entre leur main une seule. Mais tu le gardes pour toi, hochant plutôt la tête à ses mots. Un bon plan... ouais. Mais ton ami te connaît trop... et tu grimaces net: "Ati m'a dit qu'elle allait me teindre en blond avec une coupe mulet." que tu réponds en grognassant, bourru au possible. Ah non. Tu ne te laisseras PAS faire !

Malgré les larmes qui brouillent toujours un peu ma vue, je ne peux retenir un rire. Je me laisse alors retomber la tête sur son épaule et reprend sa main pour jouer distraitement avec ses doigts, comme pour m’assurer qu’il est toujours bien là avec moi.

"Tu connais Ati, elle va toujours trouver la pire idée juste pour te faire tirer cette gueule! Mais je peux sûrement aider avec ça et t’aider à trouver un truc que tu vas pas trop détester. J’ai quand même une petite spécialité comme coiffeuse depuis le temps que je fais la tête de la moitié de l’équipage."

La jeune femme rit et ça détend un peu quelque chose dans tes épaules. Tu la laisses venir s'accoter contre toi, jouer avec ta main, l'observant simplement faire. Ses mots te font toutefois rouler des yeux. Elle a sûrement raison, mais c'est pas avec ça que tu t'es fais ta réputation de bougon. Et tu tires la gueule quelques secondes avant de répondre: "Elle veut te demander ton aide de toute façon. Sauve mes cheveux."

Je ris de nouveau, plus franchement cette fois, et me tourne un peu vers lui pour venir passer les doigts de ma main libre dans sa tignasse.

"T’inquiète, je laisserais rien d’horrible ou d’irréversible arriver à tes cheveux, tu sais que je les adore."

L’idée d’aider et de participer au plan pour protéger Louk' me fait du bien d’ailleurs et je sens l’envie de m’y mettre tout de suite.

"Tu as une couleur que tu préfères? Naturelle ou pas?"

Son hilarité ne te déride pas, ce qui ne signifie pas pour autant qu'elle te dérange et ça, Aeÿ le sait depuis longtemps. Tu la laisses passer les doigts dans tes cheveux, n'ayant guère besoin de réfléchir à une réponse: "Naturel... Non, mais t'imagines si je me teins les cheveux pour qu'ils le sachent et qu'après ils cherchent le mec aux tifs bleus ? Va pas y avoir beaucoup de leurres possibles, hein."

J’ai toujours voulu lui faire essayer une teinture bleu nuit avec des pointes plus claires, mais je cache ma déception. Enfin je crois. Ça lui irait si bien, pourtant!

"Ça dépend des astroports, mais ouais, t’as raison... À la gueule que tu m’as fait, on évite le blond aussi j’imagine?"

Tu la regardes, clairement pas convaincu par le blond. Mais en même temps, il faudrait... idéalement... que tu sois méconnaissable. Tu te passes longuement les mains sur le visage, en soupirant tout ce que t'as de poumons : "C'est quoi les autres options ?"

Je me tourne un instant après l’avoir vu soupirer, finissant de jeter mon bordel au sol, puis l’attire avec moi pour s’étendre sur mon lit. J’appuie alors ma tête dans le creux de son épaule et continue à jouer avec sa main.

"Châtain, mais c’est peut être pas assez éloigné de ton noir, brun foncé... alors il reste les teintes de roux."

Et qu'il ne dise rien contre le roux, quoi, c'est ma couleur naturelle, non mais!

Tu la regardes balancer ses choses au sol, haussant légèrement un sourcil... Avant de te laisser entraîner, finissant couché à ses côtés, à regarder comment elle joue toujours avec tes doigts: "Hm... On pourrait pas faire une espèce de châtain pâle qui tire sur le blond ?" Ça serait... acceptable.

Je relève le menton vers lui pour mieux le regarder.

"Ouais, ça pourrait le faire. Tu risque de trouver que tu ressemble à Valmont comme ça par contre. Mais on fera quelque chose avec ta coupe. À moins... ils sont assez longs pour te faire une petite queue de cheval?"

Sa réponse te fait boguer un instant... Et tu finis par enfin rire. Oh bordel. Okay, peut-être pas: "Par l'Unique. Mais pourquoi tu viens me dire ça ?!" Tu te passes ta main libre sur ton visage, inspirant un coup: "P't'être juste... Blond alors. J'sais pas. Et j'suis peut-être capable de les attachés, mais j'pas certain que ça tienne."

Je joint mon rire au sien puis hausse les épaules.

"Tu aurais préféré le découvrir devant le miroir?"

J’hoche néanmoins la tête à son accord temporaire pour le blond. Il y a définitivement moyen que je lui trouve quelque chose de pas trop platine. Un dirty blond décoloré pourrait sûrement bien lui faire en fait... Ouais, surement en fait, il serait mignon comme ca.

"Hmm. J’aime pas l’idée de te couper les cheveux, mais on aura pas le choix. Juste plus court ça risque de pas être suffisant pour changer vraiment ton apparence, pas contre. Comment tu te sens si je te parle de raser un côté, comme moi?"

Tu secoues la tête à sa question. Par l'Unique, non. Pas devant le miroir. Même si l'image est juste terrible dans ta tête, tu continue de rire. Ça fait du bien, vu ta situation, de lâcher un peu cette boule de nerfs que tu es: "Je sais pas trop. Je veux juste pas une foutue coupe ridicule." Ça peut peut-être le faire, raser un côté... Puis bon, ça repousse.

Ça me fait du bien de l'entendre rire comme ca. Ça me rassure un peu sur la situation et sur comment il va. Je me redresse sur un coude pour mieux le regarder, fronçant légèrement les sourcils de concentration alors que je me met à jouer dans ses cheveux pour tenter de visualiser une coupe qui lui irait bien.

"Fais moi confiance, je vais te faire quelque chose de bien. Je crois que les cotés rasés - pas complètement d'ailleurs, juste très courts - en gardant ta longueur pourrait être sympa. Un genre de mohawk mais que tu pourrais garder naturel et tombant. Je pourrais même te les tresser ou les attacher à peu près derrière si tu ne veux pas les avoir devant les yeux en travaillant."

Tu la laisses jouer dans tes cheveux, la sensation est loin d'être désagréable. Et puis ce qu'elle te propose... Semble pas si mal. Tu pourrais probablement t'habituer à ce genre de coupe et l'idée de les tresser pour qu'il ne viennent pas t'embarrasser quand tu travailles, ça pourrait bien faire.

C'est pas pour autant que tu t'enthousiasmes.

- Ça pourrait être pas mal, ouais.

Tu t'étires un peu.

- En espérant que ça conviendra aussi à Ati.