Les inquisiteurs, ça reconnaît les blonds [Aeÿ]

Tu la laisses jouer dans tes cheveux, la sensation est loin d'être désagréable. Et puis ce qu'elle te propose... Semble pas si mal. Tu pourrais probablement t'habituer à ce genre de coupe et l'idée de les tresser pour qu'il ne viennent pas t'embarrasser quand tu travailles, ça pourrait bien faire.

C'est pas pour autant que tu t'enthousiasmes.

- Ça pourrait être pas mal, ouais.

Tu t'étires un peu.

- En espérant que ça conviendra aussi à Ati.

Je lâche finalement ses cheveux et reviens appuyer ma tête dans le creux de son épaule et entoure sa taille des mes bras pour le serrer, puis je ris un peu devant son commentaire.

"Et t’inquiète, t’auras à peine à les toucher le matin. Et j’me charge de l’entretien autrement."

Je me mordille la lèvre un instant puis ose demander :

"T’as pensé à des verres de contacte pour changer la couleur de tes yeux, aussi?"

Tu la laisses faire contre toi, habitué depuis longtemps à la présence plus que contact de ton amie. Tu la regardes du coin de l'oeil, pèses vaguement les pours et les contres avant d'hocher doucement de la tête.

- Okay. Alors ça me conviens.

La suite te tire toutefois une vive grimace.

- Tu pense qu'on va me reconnaître à la couleur de mes yeux ? Et quand bien même... J'le sens moyen de mettre ces trucs dans mes yeux et de galérer avec.

T'aimerais changer et en même temps... Strictement rien changer. Ça marche pas comme ça, aux dernières nouvelles.

J’hausse un peu les épaules, mal à l’aise. J’ai l’impression que seulement les cheveux, c’est pas assez. Ni même s’il met des verres de contacte en plus, en fait, ou change de garde robe, ou de se faire tatouer un truc en plein visage. J’ai l’impression que rien ne sera jamais assez pour le protéger de ces gens là qui me terrorisent. Je sais que je ne suis pas objective, bien sur, et que je panique surement excessivement, mais toutes les petites choses que j'arriverais à lui faire accepter comme changement seront une barrière de plus contre ces dangers.

"Peut-être... juste essayer? Pour voir? Sinon, j’sais pas... des lunettes sans force? J’ai peur que juste les cheveux ça les empêche pas de reconnaître ton visage..."

J'me mord la lèvre et lui offre un regard à mi-chemin entre la supplication d'accepter pour me rassurer et la conviction en mes arguments.

"Et puis, la majorité des gens de l'Inquisition n'auront qu'une vague description de toi, ou peut-être une petite photo. Alors s'il cherchent quelqu'un aux cheveux noirs et yeux yeux bleus, un blond aux yeux verts qui leur passe sous le nez, ca va pas attirer leur attention."

T'as pas de mal à voir que la jeune femme à tes côtés est sérieusement effrayée à l'idée qu'on puisse te retrouver, te mettre la main dessus. T'es pas en position de lui promettre que ça n'arrivera jamais, aussi, tu te contentes de l'observer, elle, les mimiques qu'elle n'arrive pas à retenir. Pleins de petites choses qui te disent ô combien ça l'atteint.

Tu détestes ça.

Un long soupire t'échappes et tu passes une main sur ton visage...

- Des lunettes... Okay.

Tu passes une main rassurante dans sa tignasse.

- J'suis qu'un hérétique parmi des centaines. Un recherché par la Trinité parmi des milliers. Déjà, il y avait pas grand chance qu'ils me mettent la main dessus, mais là avec quelques changements, je serai bien moins évident à repérer. Mais faut quand même que je sois à l'aise avec mon... Déguisement. Si je passe mon temps à me frotter les yeux, ça ira pas.

J'me mord la lèvre inférieure en l'écoutant. J'sais qu'il a raison, que c'est le truc logique, que j'm'en fais trop... que ca l'emmerde surement beaucoup aussi. C'est pas moi qu'il devrait essayer de rassurer, ca devrait être l'inverse, bon sang, c'est pas à propos de moi là!

"Okay... okay."

J'me retiens de poser plus, de proposer autre chose ou de juste dire quoi que ce soit pour manifester mon inquiétude. À la place, je viens enfouir mon nez dans son cou et le serre un peu mieux, restant simplement là en silence dans sa chaleur et son odeur. Là j'me sens en sécurité comme nulle part ailleurs, et ca me permet aussi de rationaliser qu'il est bien là, en sécurité, qu'il va bien. Y a... beaucoup d'choses qui se brassent dans ma poitrine là, la plupart irrationnelles ou que j'comprend pas complètement. Mais tout ce que j'sais, c'est que j'veux pas le lâcher. J'voudrais lui dire "promet moi simplement d'faire attention", mais ma bouche formule plutôt, à mi-voix :

"Promet moi simplement d'pas m'laisser."

J'me surprend moi même et j'm'en veux, j'voulais pas être égoïste, mais j'ajoute rien et reste juste là, fermant les yeux plus fort.

Ses mots te surprennes. Parce qu'ils sont... C'est... Tu déglutis.

T'as un malaise, parce que tu peux pas lui promettre. Tu refuses de lui faire une promesse que tu pourrais ne pas pouvoir tenir. Parce que dans tout ça, c'est pas juste une question de volonté. C'est pas juste ta volonté. C'est aussi celle de ceux qui veulent te retrouver, le hasard qui fera en sorte que vous vous croiserez ou non. T'es capacités à te battre contre les leurs. Une foule de paramètres que tu ne peux pas placer comme tu le veux.

- Je te promet de faire de mon mieux pour que ça n'arrive pas.

C'est le mieux que tu peux faire, à tes yeux. Ce que tu peux lui permettre en sachant que tu feras tout pour pas la laisser. Et tu à cette résolution. Tu veux pas la laisser.

J'hoche silencieusement la tête et juste... j'reste contre lui, comme ça, le nez dans son cou et les yeux clos. J'serre un peu plus mes bras autour de sa nuque puis bouge plus. Y a... y a quelque chose qui se passe là, et j'ai le coeur qui bat un peu trop vite alors que j'me sens pourtant me calmer de mes inquiétudes via le contacte prolongé. J'saurais pas dire exactement ce qui se passe, mais j'me dis que ça a voir avec ma peur de le perdre.

De longues minutes passent comme ça en silence - et c'est doux et c'est calme et ça m'fait un bien fou - avant que la porte de ma cabine s'ouvre et laisse entrer une des deux filles avec qui j'partage le petit dortoir. Je l'entends se figer l'entrée et se racler la gorge avant que j'relève la tête vers elle depuis le cou de Louk' ou je l'avais caché. J'vois alors qu'elle nous regarde drôlement avec un sourcil relevé puis elle dit :

"Hem...pardon? J'vais revenir plus tard."

Elle referme la porte avant que j'ai pu dire quoi que ce soit, me laissant surprise, puis j'éclate de rire en laissant mon front retomber sur l'épaule de mon ami.

"Okay, j'vais avoir du mal à l'expliquer celle-là. Déjà qu'elle croit qu'il se passe un truc entre nous..."

Vous êtes silencieux, mais c'est pas un de ceux qui est lourd ou gênant. C'est juste... Bien ? Et tu ressent pas le besoin de dire quoi que ce soit, gardant la petite luciole contre toi, le regard dans le vide, ta main frotte son dos machinalement... Puis un bruit te fais relever la tête et tu remarques une des colocataires de Aeÿ'gis qui vous regarde étrangement avant de dire un truc et de filer.

T'hausses les sourcils, puis regarde Aeÿ qui éclate de rire et grimace un peu avant de rester un peu con en l'entendant.

- Elle croit qu'il se passe un truc entre nous ?

Ça y est. T'es intrigué.

J'me laisse rouler sur le dos, la tête toujours sur son bras, et rit encore un peu avant d'hausser les épaules.

"Ouais, elle et mon autre coloc ont cette théorie comme quoi on se voit en secret. Parait que j'parle tout l'temps de toi, c'qui est honnêtement pas faux, tu es mon meilleur ami quoi, et que j'ai l'air toujours tellement lumineuse quand j'le fais. Parrait que tu souris plus avec moi aussi et que tu es plus... moins... comment elles disent ca... oh ouais, que tu me supporte quand je suis dans un état insupportable alors que tu tolère même pas les conneries des autres? Et donc que c'est louche? Aucune idée. Mais j'crois que c'est surtout parce qu'elles ont bien remarqué que j'passe pas toutes mes nuits ici? Bien sur, j'leur ai pas dit que c'est souvent chez Icha' que j'suis. Quoi que parfois elles ont raisons et c'est chez toi que je vais... mais c'est pas la même chose."

J'sais pas pourquoi, mais ca m'angoisse un peu de parler de ca, même si je fais comme si tout était normal. Ça devrait pas me faire étrange, pourtant, c'est Louk'. C'est mon meilleur ami, bien sur que je parle toujours de lui et que ca me rend heureuse de le faire, non? C'est normal d'avoir envie de sourire quand j'entend son nom. Et c'est normal que c'est lui que j'vais voir quand j'ai une bonne nouvelle, quand ca va pas aussi, ou quand j'fais un cauchemar. Non?

Tu l'écoutes avec attention, sincèrement intéressé par ces cancans à votre sujet. T'imagines que pour certains, ça doit sembler logique. Et tu peux pas dire que c'est faut, que t'as pas plus de patience avec Aeÿ'gis qu'avec la plupart des êtres humain.

Mais si en plus elle découche chez Ichabod alors que personne s'en doute et qu'au travers elle vient passer des nuits chez toi, t'imagine que... ouais, ça doit quand même bien les intriguer, les colocataires.

T'as un petit rire, secoue la tête.

- Eh ben. Elles ont le temps de se monter des scénarii, tes colocs. Et tu rétablis pas trop la vérité non plus, si je comprend bien. Ça te serre plutôt bien pour continuer de voir Ichabod en paix.

T'hausses légèrement les épaules.

- Ça me gêne pas que tu laisses courir. Profites-en ?

Je ris de nouveau, mais secoue rapidement la tête, comprenant qu'il a mal capté un truc.

"Non non, j't'assure, j'laisse pas courir. Enfin, j'l'aissais pas... J'ai essayé longtemps d'leur expliqué au début, mais elles m'croient pas, alors j'ai un peu abandonné. Mais... ouais, j'avoue que pour le coup, ca les empêche de s'douter d'quoi qu'ce soit entre moi et Icha, alors c'pas plus mal."

J'hausse aussi les épaules.

"Et c'est pas comme si c'était une idée horrible ou absurde, toi et moi, quoi. Ça fait même beaucoup d'sens."

Je réalise un peu à retardement ce que je viens de dire et rougit un peu en baissant les yeux sur lui pour voir comment il a prit ma formulation.

"Urff, c'est étrange c'que j'viens d'dire, non? J'ai encore rendu ca bizarre, merde."

Tu l'écoutes... Avant d'hausser les sourcils à ses mots... Tu t'attendais pas à entendre ça... comme ça ?

- Hm... Ouais... On est ami et on se voit souvent... Donc j'imagine que ça peut faire croire des trucs aux gens...

Tu lâches un ricanement étouffé, sourire aux lèvres.

- C'était... un peu bizarre. Mais c'est pas grave.

Merde. Il a l’air embarrassé. Merde, merde, merde... Je grogne et enfouis ma tête dans son t-shirt pour me cacher, mais rit quand même de moi dans ma bêtise. Je veux pas que ça devienne étrange entre moi et lui. Notre amitié, c’est le truc que j’ai de plus cher au monde, avec ma relation avec Hush. Je crois pas que Louk’ pourrait m’en vouloir pour si peu, surtout qu’il me connaît, mais je suis douée pour mettre les pieds dans les plats.

Alors s’il se met à croire que je craque pour lui, y aurait moyen qu’il veuille mettre de la distance entre nous pour pas que je me fasse des idées, et je veux vraiment pas ça. Qu’il mette de la distance, je veux dire, pas craquer pour lui. Enfin ça non plus? Je sais pas, c’est effectivement pas absurde comme idée. Attend quoi? Bon sang, focus, Syëna.

"Pardon, j’parle toujours plus vite que mon cerveau, j’ai jamais le temps d’analyser mes mots."

Je relève la tête et secoue des mains devant moi comme pour chasser le sujet, puis me redresse pour arrêter d’être sur lui. Si je veux éviter les mal entendus , juste là, ça me semble pas bête de commencer au moins par là.

"Mais bon, voilà, c’est pas important."

Ah. Elle est aussi mal à l'aise maintenant. Tu le regardes, la regarde cafouiller, se redresser pour ne plus être contrer toi.

- Hey, t'excuses pas, c'est rien.

Tu fous le foutoir dans ses cheveux pour tenter de lui tirer un sourire.

- C'est pas grave, ce que pensent tes colocs. On va pas se pourrir la vie pour ça, ça serait nul.

Je ris quand il me décoiffe et je repousse sa main, joueuse, avant de l'attaquer pour lui rendre la pareil. Ses cheveux sont déjà presque toujours en bataille, mais j'aime comment il m'en faut pas beaucoup pour lui donner un air d'épouvantail. Oh je suis pas beaucoup mieux, avec mes mèches courtes et mon coté rasé, il a qu'a essayer du bout des doigts pour que j'ai l'air de m'être mise les doigts dans une prise électrique.

"Voilà, question qu'ont ait encore plus l'air de sortir d'une séance de roulage de pelles légendaire."

Et cette fois j'ai pas de malaise. Il a raison, on s'en fou, de ce que les autre pensent, alors aussi bien en rire.

Elle tarde pas à se venger sur tes cheveux et tu doutes pas que le résultat soit... Particulièrement foutoir. Mais c'est franchement pas le genre de trucs qui te préoccupes et ses paroles te tirent un ricanement.

- Houla. Tu files a notre pseudo relation un trait légendaire, ni plus ni moins ?

Que tu taquines, pas embarrassé une seconde par vos délires.

Je me dessine une mine faussement innocente et hausse les épaules, sourire en coin qui trahit mon amusement.

"Tant qu'à pouvoir inventer ce qu'on veut, aussi bien que ca le soit, non? À moins que t'aurais préféré que je dise que la séance était potable, mais comme tu y met un peu trop de langue j'ai eu l'impression de me noyer et donc que c'est bien gentil, mais on va pas remettre ca?"

Et j'hausse un sourcil en penchant la tête de coté, hilare, mais attendant de voir son expression ou d'entendre sa réplique pour éclater proprement de rire.

Devant ses mots... Tu... Par l'Unique !?

Trop de langue ?! Se noyer ?!

Sans façon. que tu ronchonnes, essayant de retenir ton sourire pour ne pas juste éclater de rire avec la jeune femme.

Elle est pas possible.

Son tête vaut de l'OR. J'éclate aussitôt de rire, retombant vers l'arrière contre l'oreiller en me tenant les côtes. Et plus il se retient pour rire, plus ca alimente mon hilarité à moi. Entre deux secousses de mes épaules, j'hausse un sourcils et en rajoute.

"Quoi? Tu m'as jamais embrassé, alors je peux pas savoir et c'est ouvert aux spéculations."

J'hausse les épaules, comme si c'était une vrai possibilité qu'il embrasse aussi mal, et rit de nouveau, plus doucement cette fois, en le regardant avec des étincelles de malice au fond des yeux.

Elle éclate de rire et c'est juste encore plus difficile de rester sérieux. T'y parviens un moment, quand même.

- Personne ne s'est plaint de comment j'embrassais !

Que tu ronchonnes avant de finir par sourire. Un tout petit peu. Tu secoues la tête.

- Par l'Unique, qu'est-ce que c'est que ce délire, Aeÿ'gis Syenä, hm?

Son ton ronchon me fait rire encore plus, mais son sourire me gonfle un peu la poitrine. J'adore réussir à le faire sourire et rire, à le tirer de son air grognon habituel que j'sais être qu'une façade. Ça me rend vraiment heureuse d'y arriver. À sa question suivante, j'hausse donc simplement de nouveau les épaules, toujours aussi joueuse.

"Bha, ca t'a fait sourire non? Toutes les bêtises que j'peux sortir en valent la peine alors."

Et j'lui tire un peu la langue au travers mon sourire qui fait un peu plisser mes yeux.

- Ça m'a fait sourire.

Tu le lui donnes bien, tout comme un sourire en coin reste sur tes lippes. Tu laisses tomber un léger soupire, un peu entrain de te remettre de tout ça, l'observant du coin de l'oeil. Bon.

- Si je reste encore longtemps, elles vont s'imaginer pleins de choses. Alors que j'ai encore des choses à régler et du travail.

Tu te redresses lentement, t'étires.

- J'imagine que tu vas comploter un coup avec Ati sur mon apparence futur. Promis, je descend pas du vaisseau avant que ça soit fait, t'inquiètes pas, okay ?