Purge [Théodora]

L'homme qui a été maîtrisé est ficelé comme un rôti, je note sa position, les équipes de nettoyage se chargeront de le rapatrier. Observant la pièce, nous trouvons de nombreuses armes, une grosse cargaison de stupéfiant et des explosifs calibres militaires.

> Veuillez noter les références des explosifs, nous trouverons qui sont les traîtres parmi les FAS qui les ont vendu. Une certaine tension gagne mes troupes : tout le monde est au courant de la purge que j'ai mené au sein des FAS, tout le monde à un frère, un cousin ou un père là-bas. Le silence qui règne est lourd de sens, pourtant ils s'acquittent de leur tâche.

Cela fait, nous reprenons notre route quand soudain un homme jaillit de son embuscade, un couteau de fortune à la main. Son corps est troué de tâches noirâtre et fumantes avant de tomber inanimé. L'odeur douceâtre de la chair brûlée m'emplit les narines.

> Moins un, rez-de-chaussée, couloir E, passons la cage d'escalier, pour couloir G. Le bourdonnement rassurant de mon arme m'assure qu'elle est de nouveau prête à faire feu, à me servir, à accomplir mon dessein.

On grimpe l'escalier, on arrive dans un aut' couloir. Y fait sombre. J'laisse passer mes hommes qu'ont la lumière en premier, et des coups d'feux r'tentissent. Un d'mes gars est blessé. Au bras, vu comment y s'tient. On s'plaque tous dans des coins pour pas qu'y puissent nous atteind' ces enfoirés d'première d'merde. J'vais leur niquer leur race, j'vais les exploser c'connards. J'prépare mes lames et j'fais signe à mes hommes d'm'couvrir. Les tirs fusent d'not' côté aussi.

- On a au moins cinq'gars qu'nous tirent d'ssus, p't'êt' plus. Couloir H, prêts à interv'nir.

Et mes gars tirent. On a des boucliers, mais j'crois ben qu'y z'ont des armes AE en face, j'voudrais pas m'r'trouver avec un trou dans l'bide alors on y va molo. Mes gars en touchent deux, et on arrive à avancer progressiv'ment pour qu'y soient à portée d'lame ces enculés.

Il ne me faut qu'un coup d'oeil à la carte tactique pour trouver la meilleure stratégie sur ce coup là :
Un escalier de service se trouvent juste au fond du couloir H, de quoi prendre ces opposants à revers. Tandis qu'ils courent à toute jambe vers l'escalier puis le monte quatre à quatre, je fais le point :

> Je déploie 7 hommes derrière eux, tir de suppression laser, chargez avec vos bouclier déployés. Lazare term...

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'un tir de répercute dans une paroi, juste à côté de moi. Aucune solution de couvert à proximité, je ne peux pas courir, mon adversaire est dissimulé. Sortant mon pistolet à impulsion, j'en désactive la sécurité et dans un grand geste, le porte dans la direction d'où se trouve mon adversaire.

Immobile, je scrute l'obscurité, en quête d'un mouvement, soudain je le vois, Il est a ajuster son tir ! Je crois que nous ouvrons le feu simultanément, je ne le vois pas clairement car je suis projeté à terre par un grand coup. Tandis que je gis à terre, je sens l'odeur de la chair brûlée venant du colosse de mon unité qui venait de me bousculer pour m'épargner ce tir mortel.

> Embuscade en bas, besoin soutient armé et médical. Dents serrées à cause de la douleur provenant de ma jambe maltraitée. Terminer d'abord intervention couloir H.. Il n'y avait pas eu d'autres coups de feu, le tireur devait être mort.

Bon, c'mal engagé c'te conn'rie. On attend les soutiens d'l'aut' con, alors qu'deux d'mes hommes sont d'jà en train d'faire l'tour. J'avance d'un pas assurée, entourée par mes tireurs. Faut vraiment qu'j'me mette au tir, même si c'est un truc d'tapette. Et on r'çoit rapidos du soutien. Juste de quoi les déstabiliser assez pour qu'j'puisse faire le ménage dans la zone. Une gorge tranchée, un bras coupé, des cris, du sang sur les murs et partout sur nous aussi. Pas l'temps d'faire dans la dentelle, ça avait l'air assez sérieux l'appel du trini en chef. Quand on a fait ça, j'fais signe à mes hommes d'poursuivre, et avec un autre d'mes gars, j'vais vers l'trini.

J'ai ma lame bien en vu, et mon bras d'métal prêt à frapper l'premier connard v'nu dans l'autre. Qu'ils approchent, qu'y en ai juste un d'ces connards qu'approche, et y va voir comment qu'j'vais l'recevoir. J'aperçois l'trini, et j'me mets d'vant lui en position d'couverture, avec l'tireur qui m'accompagne.

- T'peux continuer ?

Je suis à terre, j'ai rapidement la confirmation par HCom que la situation s'est résolu à l'étage, j'en suis soulagé. Toutefois ma jambe me lance, la douleur est telle que des taches lumineuses brouillent ma vue. Le second colosse lâche le VIP pour venir m'aider à me relever, je ne semble peser rien pour lui, pourtant il met dans son geste une infinie attention. Debout, je m'appuie contre un mur, le corps tremblant.

Je suis en train de croquer un calmant quand l'Adjudant-chef se pointe devant moi. Je réponds à sa question par un sourire, mâchoire crispée : Bien entendu que je peux continuer. Je pense que nous avons cela en commun, ce ne sera que mort que nous nous arrêterons. Une perle de sueur coule entre mes sourcils broussailleux. Deux minutes.

Ce n'est pas une question d'égo, de fierté ou de virilité, il en va de ma mission. Saint Odat n'a jamais abandonné, le Saint Père Philippe XVII n'a jamais abandonné, l'Unique ne m'a pas sauvé pour que j'abandonne, alors porté par sa volonté, je me relèverai et reprendrai ma Sainte mission.

Pendant ce temps, le médecin de l'escouade s'occupe du colosse qui s'est interposé, ses jours ne sont pas en danger, mais il ne pourra plus assurer sa tâche. Le fusil qu'il prend alors entre ses mains, malgré son bras blessé, ressemble à un jouet.

> Il va me falloir un autre porteur, ou alors il faudra désentraver le VIP et le faire marcher enchaîner.

J'me la ferme pour une fois, parce qu'l'connard d'la trinité, il a un courage qui force l'respect, et qu'y est digne d'mes gars. Alors j'l'enterre pas tout d'suite, et j'fais comme si y f'sait partie d'mon équipe. J'parle dans mon h'com.

- J'veux du renfort en bas, l'plus en forme d'ent' vous pour porter du poids lourd et les aut', vous finissez d'couvrir la zone.

Ca s'exécute sans qu'j'ai b'soin d'le r'dire, et t'as deux d'mes gars qu'arrivent au pas d'course. Y en a qui s'fout avec moi en couverture, l'aut' qui prend direct la place du porteur. Il est plus p'tit qu'l'colosse qui remplace, mais y fait son job sans poser d'questions et sans râler. Ca m'rend fière, ça donne une belle image d'notre équipe. J'me tourne encore vers l'inquisiteur.

- Quand t'es prêt, on y va.

Un peu sonné, les sons m’arrivent comme étouffés, puis un léger vertige me prend alors que le calmant commence à faire effet, puis il se désagrège, tout comme ma douleur. Le tranquillisant est surpuissant, mais à un contrecoup monstrueux. J’avais un peu plus d’une heure pour me rendre en zone médicalisée, après ce sera vomissements, fièvre et douleur. Rien d’insurmontable, mais pas pendant une mission.

Suivant le regard de l’adjudant-chef alors que l’un de ses hommes se fait porteur, je vois moins aussi ce qui est en train de se passer, un moment important, un moment remarquable.

> On y va ! Dis-je en faisant un pas, d’abord mal assuré, puis faisant un second bien plus serein, je pris mon arme en main à partir du troisième.

> Il ne reste que deux cibles à atteindre. Prudence est mère de sureté, alors restez vigilants. Adjudant-chef, je vous laisse les escaliers, je ne suis plus en état d’aller à l’étage. Sauf exception, je restais toujours avec mes hommes. Je ne suis pas de ceux qui envoient les autres au charbon sans m’y salir les mains.

Pointant mon arme devant moi, je m’écris :
> Terminons cette Purge ! Infligeons-leur la puissance des entrainements militaires ! Gravons en leur chair la supériorité qui est la nôtre ! Puis, avec plus de réserve, j’ajoutais à l’Adjudant-chef : Vous et vos hommes serez récompensés comme il se doit. On se retrouve à la sortie. Dis-je avec un léger sourire.

J'suis clair'ment pas d'genre à m'laisser dicter mes actes, mais l'type là à montrer suffisamment sa valeur pour qu'j'me tienne un peu tranquille. Au moins l'temps d'finir c't'affaire là, on v'rra bien après. On s'r'trouve à la sortie qu'y dit t'façon. Alors c'parti, j'r'contacte mes hommes sans dire qu'dalle et j'les r'joins. On va ben finir c'boulot et ç'va pas trainer, c'moi qu'vous l'dit. On les trouve et on les purge dans l'cul vite fait bien fait les deux gogoles, et on s'en sort presque sans l'moind' bobo. C'est l'vieux qui s'rait ben fier, ça c'clair. On s'sort d'là, et j'm'ramène ma carcasse vers l'seul trini qu'aura mérité un peu d'mon respect pour l'moment.

- Et v'là, m'ssion accomplie vite fait bien fait, comme j'aime qu'ce soit fait. Y a rien d'pire qu'un d'ces trucs qu'on fait traîner comme une vieille gastro qu'veut pas nous laisser en paix. Comme s'portent tes blessures l'trini ? C'va aller ?

Ouais j'pose vraiment la question, et ouais, j'en ai vraiment que'qu'chose à fout', pour une fois. C'pas comme si l'gars c'tait pris un coup trop nul. 'fin j'en sais qu'dalle, j'tais pas là, mais en tout cas, j'ai vu qu'y avait des couilles dans son froc, presque aussi gros qu'les ovaires qu'j'porte moi. Et ça, c'pas donner à tous les gars, faut m'croire sur parole.

Nos escouades se séparent, nous avançons rapidement. Les deux derniers adversaires sont maîtrisés, l’un des deux ne survivra toutefois pas à son interpellation.
Lorsqu’enfin nous fûmes dehors, je commandais sur mon HCom l’intervention des nettoyeurs, qui se chargeraient de rapatrier les prisonniers et purifier la zone.
Une fois nos rapports respectifs faits, l’adjudant-chef revient vers moi, son langage me fait grincer les dents une fois de plus, mais je n’ai plus la force de débattre l’affront :
> Merci pour votre aide Adjudant-chef Dawin, sans vous et vos hommes, l’issue de cette mission aurait été une véritable hécatombe. Luttant contre la drogue antidouleur qui m’embrouillait l’esprit, je concentrait mon regard dans ceux du soldat : J’ai connu pire situation, je vais simplement enrichir mon lot de cicatrice, je vous remercie pour votre sollicitude.

Ne tenant plus, je m’assieds sur un muret non loin, faisant signe à Dawin que j’avais autre chose à lui dire :
> Je n’ai qu’une parole, aussi dites-moi comment vous et vos hommes fêtez vos fins de missions, je vous l’offrirais. Si cela est possible, je pense que mes hommes seront ravi de se joindre aux votre. Avec un sourire qui tenait plus de la grimace douloureuse, j’ajoutais : Je serai également heureux de partager ce moment avec vous, même si j’ai conscience de ne pas être la plus plaisante des compagnies.

Tous cela sera possible qu’une fois les blessures soignées, les rapports rédigés et les ablutions nécessaires accomplies.

Y m'r'mercie et j'souris. J'suis contente d'entendre qu'un type trini r'connait mes compétences à sa juste valeur même si j'ai des seins presqu' plus gros qu'sa tête et des ovaires.

- T'inquiètes, on fait qu'not' job.

J'le suis et j'profite aussi d'c'moment d'calme pour essuyer ma lame et tout l'bordel. J'r'lève la tête vers lui quand y m'fait sa proposition.

- C'est sympa. Vous savez faire la fête, vous les trinis ? C't'une vraie question, c'est qu'j'ai jamais vu d'trinis faire la fête, c'comme ça. Du coup j'accepte vot' proposition, ce s'ra un plaisir d'voir ça. J'te laisse récup' tes forces d'abord, j'suis pas pressée pour ça. On a encore un peu d'boulot dans les parages t'façons. Et t'es pas si emmerdant qu'ça, même si j'trouve personnellement qu'tu t'la pètes un peu avec ton voc d'papy, m'enfin. J'respecte les gars qu'ont du cran et qu'y m'respectent aussi.

J'pose mon gros cul à côté d'l'inqui-quineur - hahaha.

- Bon, on s'fait ça quand ?

Le doute de l'adjudant-chef sur notre capacité à faire la fête et sa remarque sur mon vocabulaire m'arrache un sourire :
> Nous ne célébrons certainement pas les choses de la même façon, c'est certain, mais rien qui nous empêche de célébrer l'accomplissement de cette mission ensemble. M'éclaircissant la voix Tout comme nous ne parlons pas de la même façon, avec quelques concessions nous pouvons communiquer ensemble. Dis-je en essayant de ne pas trop forcer sur mon "voc d'papy" comme elle disait.

> Je pense que nous organiser cela dans 48 heures, le temps de me reposer un peu, mener les interrogatoires et m'occuper de tout l'administratif. Dis-je, me reposant sur les délais habituels qui m'étaient imposés. Si cela vous convient, alors je prendrai les dispositions nécessaires. Conclus-je avec un léger sourire.

J'hausse les épaules l'plus naturellement du monde.

- Ok, ça m'va.

J'suis pas trop chiante comme meuf, ç'va. 'Fin, disons qu'j'suis pas toujours trop chiante plutôt, ouais. L'vieux s'rait fier d'moi, c'clair.

- On s'voit dans 48h alors ? J't'laisse mon id perso si jamais t'as b'soin d'un truc, pour tes gars ou j'sais pas.

J'lui file mon numéro perso, pas ç'ui du boulot. J'ai pas encore décidé d'si j'pouvais l'apprécier ou pas, mais c'clair par cont' qu'j'peux au moins l'respecter. J'tourne les talons parce que mine d'rien, nous aussi on a du boulot d'notre côté. C'pas qu'les trinis qui bossent, loin d'là. Et nous aussi on était là pour une mission qui d'mande toute notre attention. Mais j'me r'tourne avant d'disparaître.

- Oh et, pas d'coup fourré hein.

C'pas une menace, juste qu'on soit bien clairs quoi. Ce s'rait dommage d'gâcher la première entente à peu près cordiale qu'j'arrive à fout' ent' mon équipe et une aut'. Ca m'foutrait clair'ment les boules, j'crois qu'j'le prendrai mal, mais genre pas qu'un peu quoi. Et bon, quand j'prends mal un truc, ça s'passe pas bien d'habitude.

Je suis grandement surpris de cet échange qui a lieu et qu’il se passe aussi bien. Vraiment.

Lorsqu’elle me confie son id personnel, je réponds simplement un Merci à défaut de savoir quoi répondre d’autre. Je suis touché de cette attention, même si je ne sais trop quoi en faire. Je me permets de lui envoyer un message tant qu’elle est à proximité de moi, pour vérifier qu’il s’agissait bien de son HCom. Ce qui était bel et bien le cas.

Elle s’en va, avant de me lancer un pseudo avertissement, auquel je ne prends pas la peine de répondre. Je lui ai déjà donné ma parole, je ne vois pas ce que je peux faire de plus.

On m’installait 15 minutes plus tard sur un brancard, perfusion et tout le touti, afin que les médecins puissent s’occuper de moi, me remettre sur pied le plus rapidement possible.

Heureusement mon secrétaire arrive pour s’occuper des formalités, ne me laissant que le stricte obligatoire à faire, ainsi que les différents papiers à signer de ma main. Les équipe de nettoyage et d’interrogatoire ne sont pas en reste et n’attendent pas que je sois remis pour donner le meilleur d’eux-mêmes.

Au moment prévu avec Dawin, j’avais privatisé un bar sur Espoir. Neutre, j’avais demandé à faire retirer ce qui n’était pas Trinitairement conforme, à savoir des images de personnes dénudées et les spiritueux. Pour l’occasion, je portais une tenue plus décontractée, qui restait toutefois très solennelle.

> Bonsoir Dawind, messieurs Les accueillis-je.

Les journées sont bien occupées, et j'ai clairement pas l'temps d'me faire chier. C'même tout l'inverse. On envoie des convois, on écrit des rapports - c'que j'aime l'moins dans mon boulot, j'ai jamais été douée pour écrire et j'aime vraiment pas ça non plus. Bref, quand c'est l'soir prévu, j'r'çois les coordonnées par l'biais du trini en chef, et j'me prépare pour l'occaz'. J'ai même pris une p'tain d'douche pour faire genre qu'j'en ai pas complèt'ment rien à branler, ça pue l'propre. J'ai pas r'mis mon uniforme parce qu'j'veux pas risquer d'l'abîmer - pas pendant une soirée, ce s'rait la lose - mais j'ai mis un haut noir à manches longues sobre qui m'laisse les épaues nues, et un pantalon d'cuir noir aussi. Mes ch'veux sont attachés en un chignon flou. J'ai aussi mes bottes d'travail, parce qu'y a qu'dans ça qu'j'me sens à l'aise. Là j'peux bouger à ma guise. Oh, et j'ai aussi mon épée bien sûr. Parce qu'on sait jamais.

Avec mes gars qui s'sont tous fait beaux aussi, on rent' dans l'bar indiqué, et on est accueilli par l'trini. Les meufs d'mon groupe toussent pour faire comprendre qu'il les a oubliées dans ses salutations. Ca m'fait lâcher un genre d'p'tits rires en soupire là. Bref.

- Salut Lazare, mesdames, que j'dis en direction des mecs d'la troupe.

Ca va pas m'attirer qu'des amitiés, mais ça fait marrer mes gars - et mes femmes -, c'déjà ça. J'le r'garde en souriant.

- T'es vach'ment élégant, tiens.

Nombre des membres de mon escouade sont déjà là, les survivants tout du moins. Même le colosse qui m'avait sauvé la vie était présent, un bras en écharpe. Tous étaient vêtus de blanc, dans des uniformes à la coupe moderne, de parfaits soldats des FAS en permission.

A la "blague" de Dawind, ce n'est pas l'euphorie générale, mais personne ne s'en insurge, deux ricanent même. Cette mission à véritablement brisé la glace entre nos équipes et même si les premiers instants sont aux batailles de regards, une ambiance légère et amicale s'installe doucement, chacun conscient de la fragilité de ce moment.

> Tu as fais bien des efforts également, j'en suis honoré. Dis-je en désignant sa propre tenue. Gonflant le torse, je déploie ma voix pour être entendu de tous : Messieurs, Mesdames, le bar est à vous, le barman vous servira selon vos envie, c'est moi qui vous invite. Je vous demanderai juste de respecter l'établissement et ses tenanciers. J'essayais de croiser le regard de chaque personne, chacun des soldats ici présent.

Me saisissant d'un jus de tomate, mes traitements m'interdisant de consommer de l'alcool, je lève alors mon verre à la vue de tous :
> J'aimerai porter un toast à l'union qui fit la force, et l'union qui présentement fait la fête ! Dis-je, tentant un brin d'humour pour contribuer à détendre l'ambiance.

Détaillant Dawind du regard, je lui dis en souriant: Vous êtes surprenante, je ne pensais pas que je passerai une soirée en votre compagnie.

J'hausse les épaules à sa remarque sur mes efforts comme si j'm'en battais les ovaires, mais j'suis quand même un peu fière qu'l'ait r'marqué. J'fais pas ça pour tout l'monde. M'enfin, j'vais pas non plus lui montrer qu'y a touché un truc hein. Par cont', quand y balance qui nous paye toutes nos conso, mes gars poussent un cri d'joie un peu bestial, et y s'ruent tous pour commander. J'sais qu'vont êt' raisonnables. D'main matin avant l'lever du soleil, y vont l'sentir passé sinon quand j'leur foutrais mon pied au cul pour qu'y s'bouge l'fion. J'prends une bière, qu'j'lève pour trinquer avec l'gars.

- T'inquiètes, j'me fais garante d'mes gars, on cass'ra qu'dalle. A l'union !

Parce qu'l'union, c'comme l'UC un peu, mais d'une façon pas commune. J'sais qu'y a des tensions ent' nos factions, mais ça m'donne envie qu'tout s'passe bien - sûrement parce qu'faire comme tout l'monde, c'grave chiant. J'éprouve une certaine fierté aussi, quand j'vois mes gars qui s'mêlent aux aut' comme s'ils étaient potes. Tant qu'personne fait d'remarques sexistes, clair qu'ça va bien s'passer. J'r'garde l'trini.

- On m'le dit souvent, mais général'ment, c'pas hyper positif. Général'ment, les c'nnards dans ton genre m'kiffent pas beaucoup.

J'bois une gorgée d'ma bière avant d'me rendre compte de c'que j'viens d'dire.

- Non pas qu'j'te considère comme un connard, hein. 'fin c'pas c'que j'voulais dire. Et puis merde. On s'demande pas pourquoi qu'j'suis pas dans la diplomatie, hein.

Que Dawind partage mon toast à la soirée me semble une bonne chose, de bonne augure, mais c'était sans compté sa tirade suivante.

Au moment où elle prononce le mot "connard", mes yeux se plissent et un silence mortel se répand chez mes hommes, s'ils avaient des armes, ils les auraient dégainées. Je dépose tranquillement mon verre sur la table qui nous sépare et je joins mes mains devant moi.

> Je ne suis pas un homme d'égo Dawind, mais je ne me laisserai pas traiter de connard ainsi. Précisez votre pensée ou quittez les lieux sur le champ. Voyez en cette opportunité une preuve de ma reconnaissance à votre égare. Mes mots se voulaient tranchants comme des rasoirs, froids comme l'espace.

Chiottes. J'le r'garde, tout l'monde nous r'garde. J'l'aurais bien envoyé chier mais ça la foutrait mal. Bordel, j'suis pas incapable d'faire les trucs bien. C'pas vrai. J'me tiens droite et j'soutiens quand même son r'gard parce qu'j'vais pas m'abaisser d'vant un homme, hein. J'dis rien d'abord, et puis j'hausse les épaules en buvant une aut' gorgée d'bière.

- Y a qu'dalle à préciser. J'parle plus vite qu'j'réfléchis, et j'ai l'habitude d'traiter tous les hommes d'connards même quand y z'en sont pas. J't'ai dit qu'j'te considère pas comme un connard. Si c'tait pas l'cas, j's'rai pas là et j'aurais pas risqué la vie d'mes gars et la mienne. Pas vrai les gars ?

J'r'garde l'assemblée rapidos mais j'attends pas franch'ment qu'y m'répondent. J'm'en branle d'c'qui pensent.

- J'suis pas la meilleure putain d'parleuse d'notre galaxie et j'prétends pas l'contraire. J'fais des efforts là, alors ce s'rait cool qu'tu m'prennes pas la tête pour des détails d'merde. Si tu t'vexes dès qu'j'dérape, ça va être compliqué d'tenir notre entente, même si j't'avoue qu'ça m'f'rait chier pour l'coup.

J’écoute patiemment ce qu’elle a à dire, mais ma sérénité est brisée, en un mot, quand bien même accidentellement, elle venait de couper court à ma sympathie pour elle. Elle justifie son comportement par une bestialité non contenue, soit une posture que je trouve parfaitement inacceptable.

> Je vais être franc avec vous Dawind, car j’ai le sentiment que c’est ainsi qu’il faut communiquer avec vous : Votre performance sur le terrain ne justifie en rien vos écarts de conduite. Je sais qu’à minima vous méprisez la Trinité, sans doute vomissez-vous les principes qui gouvernent mes faits et gestes. Si vous tenez tant que ça à notre entente, alors faites preuve d’empathie et d’intelligence.

Désignant mes hommes dans la salle :
> Je suis une personne respectée, obéie et responsable. Au quotidien c’est prêt de 150 personnes qui suivent mes ordres, respectent mes choix et savent qu’ils peuvent compter sur moi. Je ne suis vexé par votre sottise, mais je ne peux tolérer pareil comportement car ce serait trahir ceux que je représentent.

Prenant une demi-gorgée de mon jus, je conclus en ces mots :
> Je ne vous demanderai pas d’excuse, ce serait malvenu de ma part, mais à l’avenir pensez à cela : Entre notre entente et votre libre parlé, lequel vous tient le plus à cœur ? Lui faisant signe que le choix lui revenais, j’ajoute juste : Je respecterai votre décision. Sachez juste que je serai également déçu si nous devions ne plus nous entendre.

J'aime pas la tournure qu'ça prend. Il s'la pète, il étale sa science, et si y avait pas tous mes hommes qu'attendaient après moi, j'lui aurais craché à la gueule. J'me contente d'prendre un air froid et une posture défensive.

- J'aime pas l'ton qu'tu prends, l'trini. J'suis pas une gamine, et encore une fois, t'as aucune autorité sur moi, peu importe combien d'gars t'commandes sur ton vaisseau ou j'sais pas où.

J'bois encore d'ma bière, m'en foutant partout sur l'visage au passage, et j'la finis totalement cul sec.

- Moi aussi, j'vais être franche avec toi. J'me bats d'puis des années pour qu'ni moi, ni aucune femme sur c'te terre ait à ployer l'genoux d'vant l'patriarcat, quelle qu'soit sa gueule. Mon intention était pas d'te manquer d'respect, et n'importe qui qui m'connait un peu pourrait t'dire quels putains d'efforts j'fais d'jà pour toi là. Par respect pour toi. Alors, moi aussi j'vais t'poser une question : entre notre entente qu'est un putain d'miracle en ces temps d'tensions entre nos factions ou ta propre fierté d'homme, t'choisis quoi ?

Les mots de Dawind éclairent un peu plus ma compréhension de sa personne. Cela explique assez bien son attitude face aux Trinitaires, à la société que nous portons et faisons partie.

> C'est une noble cause que vous portez Dawind, mais mes testicules et vos ovaires n'ont rien à voir avec cette histoire. Si je devais choisir, non pas entre ma fierté d'homme, mais entre ma fierté de Capitaine et notre entente, sachez que ma fierté de Capitaine passerait avant vous.

> Je ne hais pas les femmes, à l'instar de mes hommes. Vous pouvez me reprocher mon sexe Dawind, ou mon appartenance à la Trinité, mais dans ce cas nous n'avons plus rien à nous dire.

M'éclaircissant la voix, je rajoute :
> Cela ne change rien à mes voeux pour ce soir, vous êtes tous invités à vous réjouir et fêter l'accomplissement de notre mission. Dis-je en tentant de prendre une voix moins dure.

J'me détends un peu d'vant sa réaction. J'suis t'jours sur la d'fensive mais un peu moins.

- J'te l'aurais p't'êt r'proché si t'm'avais pas montré la confiance et l'respect qu'tu m'as montré l'aut' jour.

J'hausse les épaules. J'suis sincère dans mes paroles, et j'fais un putain d'efforts là. J'l'aurais p't'êt' envoyé chier dans d'autres circonstances, mais même si j'porte pas l'uniforme, c'la voix d'l'UC, alors merde, ferme ta gueule Dawind.

- J'déteste pas non plus les trinis dans l'fond, ni les hommes. Et j'ai aucune mauvaise intention pour l'coup. Alors p't'êt' qu'on pourrait tous s'détendre et profiter du cadeau qu'tu nous fais ?

Cela fait bien longtemps que je n’ai pas eu d’échange aussi trivial avec une personne, c’est assez plaisant, mais je suis trop épuisé pour faire cela toute la nuit.

Lorsqu’elle laisse entendre qu’elle pourrait reprocher son sexe à une personne me laisse perplexe, je me demande comment une telle personne a pu devenir adjudant-chef, était-ce un artéfact organisationnel ou était-ce monnaie courante au sein des FFUC ? Stratégiquement, je m’abstins de tout commentaire, sinon de hocher impassiblement la tête.

C’est alors avec satisfaction et un certain soulagement que Dawind apaise d’elle-même notre échange.

> Et je suis très heureux de te l’entendre dire Dawind. Très bonne suggestion ! Dis-je, avant de me couvrir la bouche pour cacher un bâillement.

Ayant terminé mon jus, je commande un cocktail de fruit, sans alcool toujours.

> Au fait Dawind, pourquoi sers-tu les FFUC ? Si tes compétences de terrain et commandement sont avérées, tu n’as pas vraiment le tempérament attendu pour un soldat. Pour préciser ma pensée et ajouter un peu d’humour, j’ajoute rapidement : Un peu impulsive, et une langue difficile à dompter. En souriant.

Le serveur fit irruption entre nous pour récupérer les verres vides et apporter les nouvelles commandes.

L'ambiance s'détend aussi vite qu'elle s'tait tendu, aussi facil'ment qu'une nana qu'met et qu'enlèv'rait son string. Y boit pas d'alcool l'trini, mais moi aussi. Pas trop, mais vu qu'j'ai fini ma bière, j'en r'commande une deuxième, et j'lâche un rot mon pote, ça f'rait rougir l'plus viril des gars, j'suis sûre. Et après, y m'pose une question perso. J'aime pas qu'on m'pose des questions persos, surtout quand on dit clair'ment qu'j'suis impulsive et...

- Et ta...

Mère elle est impulsive ? J'me mords la langue avant d'avoir fini ma phrase. Merde, c'pas vrai, c'vraiment des conneries la diplomatie. J'me pose quand y m'pose des questions.

- ... qu'à t'asseoir, on s'ra plus à l'aise pour causer.

J'fais l'premier pas en m'posant sur un tabouret, pendant qu'les aut' ont arrêté d'faire attention à nous pour s'concentrer sur la fête. C'timide, mais ça commence à s'mêler un peu ent' nous.

- D'sons qu'les FFUC ont été là pour moi quand j'étais mioche, là où personne d'aut' l'a été. Y sont les premiers qu'm'ont offert une chance, malgré mes conn'ries et tout c'qui va 'vec. J'pas un caractère facile, mais j'obéis à mes supérieurs et j'suis fière d'porter mon uniforme. L'combat, ça m'a apporté un vrai truc dans la vie, et l'armée aussi. Et puis t'l'as dit, j'suis un d'leur meilleur élément. J'me prends souvent des savons et j'suis pas aussi disciplinée qu'j'devrais l'êt', mais j'bosse dur et y z'apprécient ça, dans l'armée.

J'hésite à complimenter Dawind sur son rattrapage, mais je décide que ce serait mal avisé. J’acquiesce, un léger sourire posé sur les lèvres.

J'écoute le récit de Dawind avec intérêt et finalement, c'est la loyauté qui se dégage, une qualité que j'apprécie particulièrement, bien qu'elle soit à double tranchant, car un élément loyal s'en ira si sa hiérarchie se montre indigne de ses vœux.

> Nous avons cela en commun alors, notre loyauté respective, bien qu'évidemment différente. Ainsi que d'avoir une mission plus importante que nous-même. Prenant une gorgée du cocktail, qui finalement est affreusement trop sucré, je continue Car c'est bien cela qui me porte, ma mission. J'ai une poignée d'ami, un semblant de famille, mais aucune véritable accroche.

Un brin amusé, je livre une confidence à Dawind : Je ne suis pas une personne bien complexe au final, je suis simplement là où je le dois, sanctionnant ceux qui sont là où ils ne le devraient pas, ou ceux qui ne sont pas présent où leurs obligations le leur dicte. Reposant le verre qui est décidément trop infecte pour mes papilles, je me laisse emporté par mon propre cheminement de pensée : Je pense sincèrement que nous gagnerions à mieux coopérer pour éradiquer la corruption et par extension, ces pirates qui grouillent en Dorado.

J'bois des gorgées d'ma bière et j'l'écoute, j'veux dire qu'j'l'écoute vraiment, comme si qu'j'étais intéressée par c'qu'y dit. C'qui faut pas faire... M'enfin, c'pas si chiant c'qu'y raconte alors ç'va.

- C'vrai qu'on a des points communs, toi et moi. Et c'qu'on est même d'accord sur c'point là. Ces connards d'pirates méritent rien qu'de s'faire chopper et d'avoir l'sort qu'y méritent. Y a bien d'mes ennemis dans ces rangs là. Des gens qu'j'aim'rais ben voir avec la corde au cou, même si c'pas l'genre d'l'UC d'faire ça. Et puis, c'pas non plus la mission principale d'notre brigade à nous. Mon enfoiré d'ex mari, lui y s'occupe d'ce genre d'trucs. J'sais pas s'tu connais l'Flare. C'est un vaisseau militaire d'par chez nous. Mais j'suis d'accord qu'ce s'rait quand même plus intelligent qu'on s'entende pour chopper tous ces connards d'pourritures.