L'oeil du cyclone [Alexis, Billy & Dodu]

Aujourd'hui est un jourinou un peu spécial ! J'espère bien que tout va bien se passer, et je dois dire que Dodu et moi, on est un peu nerveunounets. En fait, aujourd'hui, on profite d'une escale sur Hope pour aller voir une spécialiste en prothèses cybernétiques. C'est-à-dire que, moi je suis formée un peu à la réparation depuis quelques temps déjà, mais c'est pas bien évident de faire de la révision et ce qui va autour sur nous-mêmes... Surtout quand c'est les yeux, ah ça oui !

Avant, j'allais voir d'autres spécialistes, mais celui qui m'avait installé mes prothèses est mort d'une maladie il y a peu de temps. Il faut dire qu'il était plus bien jeune, ce pauvre petit monsieur ! Mais alors, il a bien fallu que je trouvinoute un autre spécialiste, et puis j'ai entendu parler de Madame Alexis Calvin et sapristouillette, j'espère qu'elle saura bien m'aider ! Et puis, si ça fonctionnouille bien, j'aimerais aussi lui demander des conseils... Voire qu'elle m'apprenouille des chosinettes sur sa pratique ! Olala, que j'aimerais bien pouvoir devenir une chirurigienne en cybernétique, moi aussi ! Oooooh !

Je souris bien, et Dodu chantouille à mes côtés. On a nos gros sacs avec plein de matériel médical de secours, parce qu'on sait jamais, ah ça non ! Et puis enfin, on arrive à l'adressinette qu'on nous a donné.

- Regarde Dodu, je crois qu'on y est ! C'est excitouillant, sapristouille !

Dodu est bien d'accord avec moi, et puis c'est lui qui ouvre la porte, parce que moi j'ai ma canne d'une main et puis mon autre main tient des gros sacs sur mon dos voûté. Olala, ça fait un peu mal, mais bon, c'est pas bien grave ! Je remercie Dodu, parce que la politesse c'est bien important, et puis on va s'installouiller dans la salle d'attente. Ca sent sapristouillement bon par ici, oh ça oui ! Nous on regardouille partout, ooooh !

A mon bureau, orteils en éventail, je m’autorise une pause. M’étant fait livrer un repas, je mange en regardant une émission de tunning de cyberware. Lorsque qu’une sonnerie m’indique l’arrivée d’un nouveau client, c’est un peu ronchonne de ne pouvoir finir mon visionnage que je me lève.

Cheveux canalisés en de multiples tresses vertes, habillée d’une combinaison en latex noir, aux dessins tribaux rose flashy dessus. Je marche nu pied sur le solde plastique tiède. Mettant l’émission sur pause, je prends mon sandwich en prenant soin de ne pas me mettre de la sauce partout.

- J’arrive ! Lance-je en prenant la direction du salon de thé.

La porte s’ouvrant sur moi, je me réjouis de retrouver cette ambiance épicée que j’avais mis tant de temps à obtenir, puis mon regard tombe sur les « clients ». Une femme terriblement marquée, à l’air soucieux et rayonnant à la fois, elle porte un sac ridiculement gros et remplit sur son dos.

- Bonjour ! Je...
A côté d’elle un...Chimpanzé ?!

- Qu’est-ce que ça fait dans ma clinique ?! M’écris-je, surprise, en pointant le singe du doigt. L’émotion me fit lâcher mon sandwich, qui s’écrasa sur le sol en une explosion de sauce au caramel, en partie sur mon pied. J’en reste statufiée, un peu perdue, hésitant entre le rire et l’énervement.

Je souris bien, et Dodu aussi, jusqu'à ce que la Madaminette se fige et fixe Dodu avec un drôle d'air. Sapristouillette, qu'est-ce que... Voilà que j'écarquilloune les yeux, totalement surprisette et un peu choquouillée aussi. Dodu aussi a l'air surpris, et il ne comprend pas bien. Il penchouille la tête sur le côté, en fixant la médecin et puis moi. Dodu se décompose finalement et prend un air tristounet. Ah non ! Personne ne blesse Dodu ! Je fronçouille les sourcils et je pose mes mains sur mes hanches.

- Ah ça non ! Dodu est mon assistant, il n'est pas une chose ! Il pense et il est intelligent, plus que beaucoup d'autres humains, ah ça oui ! Il mérite le respect, comme n'importe qui, ah ça oui, n'importe qui !

Je me rapproche de Dodu en boitillant, et je coince ma canne contre mes jambes avant de poser une main sur l'épaule de Dodu pour le réconforter. Il reniflouille, comme s'il était bien tristou.

- Allons, allons, Dodu, ça va bien aller, ça va... Elle ne voulait pas te blesser.

Je relève les yeux vers elle.

- Hein, que vous ne vouliez pas le blesser ?

La réaction de la femme me sort de ma torpeur, elle semble considérer le singe comme un individu, comme un proche. C’est guidée par la curiosité que je reprends pied, doucement, par étape. Je commence par sortir mon pied de la sauce et me l’essuie d’une serviette jetable. Via mon interface augmentée, je commande un nettoyage, faisant jaillir un drone de nettoyage qui s’empresse alors d’engloutir le sandwich et la sauce.

Je m’éclairci la voix, retrouvant une posture professionnelle :
- Je vous prie d’excusez ma confusion je...je ne suis pas à l’aise avec les best... les animaux. Je ne voulais pas vous blesser, ni votre...Dodu ? Je suis hésitante quand à ce que désigne Dodu, ce serait trop bête de perdre une cliente pour un moment d’égarement.

Prenant le temps d’analyser le reste du tableau, je note sa canne, le...Dodu n’a pas l’air diminué, pour ce que j’y connais en chimpanzé. J’en déduis rapidement que ce doit être une mendiante qui se déplace avec toutes ses affaires, et gagne un pécule avec des tours de singe savant. Je ne vais pas la mettre à la porte, mais je doute qu’elle puisse se permettre mes services. C’est donc avec réserve que je demande :

- Madame, que puis-je faire pour vous ? Laissez vos...paquets là et mettez-vous à l’aise dans un fauteuil. Si votre Dodu est propre, il peut faire de même. Je notais de désinfecter les sièges une fois qu’ils seraient parti, n’osant pas imaginer leurs germes et maladies.

Elle s'excusouille, et je me radoucis un peu. Sapristouillette, fiou ! C'est pas bien souvent qu'on rencontre des personnettes qui se montrouillent pas bien gentillettes avec Dodu. Je souris un peu quand je vois que Dodu semble accepter les excuses de la dame. De toutes façons, il faut bien qu'on fasse ce pour quoi on est venus ! Ce serait bien trop bête de repartir sans rien, surtout que je connais pas vraiment d'autres bons professionnels de prothésinettes dans le coin...

- C'est pas gravinou, ma p'tite Madame ! Dodu est sensiblinet, et j'aime pas bien qu'on lui fasse de la peine, ah ça non. C'est bien l'être le plus gentillet du monde, ah ça oui ! Et puis d'ailleurs, c'est pas mon Dodu, c'est juste Dodu. C'est-à-dire qu'il pensouille bien par lui-même, et qu'il m'appartient pas, ah ça non. Et puis bien sûr qu'il est propre ! Il prend au moins un bain tous les deux jours, ah ça oui ! Il pourrait pas bien être mon assistant, sinon !

Alors je lâchouille doucement mon sac et je le donne à Dodu pour qu'il aille poser ça dans un coin, et puis je boitilloune jusqu'au fauteuil, et Dodu s'assied à côté de moi.

- Eh bien voilà. J'ai deux prothésinettes à la place des yeux, et mon ancien réparateur nous a subitement quitté. Alors je cherchouille quelqu'un pour faire mes révisionettes. J'ai entendu parler de vous, alors j'ai pensouillé que vous pouviez bien faire l'affaire, ah ça oui !

La femme parle de façon bien étrange, comme si elle s'adressait, ou était resté, une enfant. Toutefois le doute plane, car sous cet air simple, elle a l'air intelligente, comme si elle dissimulait son sérieux. Et le fameux Dodu, cette créature dont je ne comprenais pas la présence en ce lieu.

Bien entendu elle gagne toute mon attention quand elle dit venir pour ses yeux cyberware. Voilà de nouveau un paradoxe : Elle n'a pas l'air aisé et pourtant à des yeux cyber. N'étant pas d'humeur à tourner autour du pot, j'attaque directement les questions importantes :

- Madame, je suis ravie que vous ayez pensé à moi, je ne voudrais pas nuire à votre enthousiasme, mais j'aurai plusieurs question avant de faire affaire. Introduis-je, avant d'énoncer les points suivants :

Êtes-vous vraiment sûre de vous permettre mes tarifs ? Non pas que je sois la plus chère de Dorado, mais je n'ai pas de vocation humanitaire ou bénévole, en tout cas pas gratuitement. Je me lève pour aller chercher deux... trois verres et un pichet d'eau. Je continue tout en marchant : Il me faudrait votre dossier médical, ou du moins les circonstances qui vous ont fait choisir ces implants. Me laissant retomber dans mon fauteuil, je conclue : Venez-vous pour une urgence ou un contrat de maintenance ?

J'ai la sensation que cette potentielle cliente vient totalement d'un autre monde, que nous pourrions coexister, mais peut-être jamais nous comprendre.

Je suis bien décidouillée à répondre à toutes ces questions, même si cette madaminette est bien particulière, ah ça oui ! Au moins, elle a l'air d'avoir compris pour Dodu, c'est bien le plus importouillant, ah ça oui ! Mais sa première question me fait un peu fronçouiller les sourcils.

- Je suis pas richounette, mais je gagne dignement mon pain, ma petite madame, et j'ai de quoi payer mes frais. Et s'il faut un complément, je peux bien vous apporter mes services au besoin !

On sait bien que se soigner soi-même, c'est pas toujours bien évident, ah ça oui.

- Quand j'étais petitoune, j'ai eu un... Un accidentounet. J'ai perdu une oreille, mes yeux et puis ça a laissouillé toutes ces marquinettes sur mon visage. J'suis restée aveuglinette quelques temps, et puis mes parents ont réussi à avoir l'argent pour m'offrir des prothèses de basse qualité. J'ai fait avec ça jusqu'à mes études, et puis mon directeur m'a offert les prothèsinettes les plus performantes du moment. Elles me permettent de voir dans l'obscurité, d'avoir une vision thermique, de zoomer... Enfin, plein de belles options ! Mais ça fait bientôt vingt ans que je les aies, alors faut bien les entretenir... Et puis pourquoi pas les changeouiller pour de plus récentes ! Je crois bien qu'elles montrouillent des signaux de faiblessinette, ces derniers temps.

Bien gagner sa vie est en effet très relatif, toutes n’ont pas les mêmes dépenses, ni les mêmes trains de vie, le cours de ma pensée m’amène à me délester de mes préjugés sur elle, surtout quand elle me propose ses services comme complément de paiement. Je me retrouve intriguée quant à la façon dont elle pourrait m’apporter assistance.

Son histoire est à la fois tragique et tristement commune, que cela soit sur les mondes sauvages avec des créatures, les mondes industriels avec les accidents ou simplement le manque de chance. Activant les routines d’analyse et de chirurgie plastique, je laisse mes yeux calculer les opérations à effectuer pour effacer les séquelles de son visage.

C’est sérieusement que je lui retourne :
- Que faites-vous de votre vie Madame ? A propos quel est votre nom ? Vous m’avez présenter Dodu, mais pas vous-même. Lui tendant la main, pour une franche poignée, je me présente, malgré mon nom inscrit sur la devanture : Alexis Calvin, enchantée.

- Je ne saurai que vous recommander l’implantation de nouveaux yeux, toutefois cela représente un investissement colossal. Si toutefois vous pensez pouvoir vous permettre cela, je serai ravie de voir les différents modèles et fonctionnalités avec vous.

Je me félicitais intérieurement d’être venue en Dorado, car il semblait y avoir un besoin bien réel, mais aussi une clientèle très demandeuse et dynamique.

- Oh, oui, pardonnouillez-moi ! J'en oublie mes bonnes manières, olala, sapristouillette ! Je m'appelle Billy Jenkins, enchantouillée également, Madame Calvin. Dodu et moi sommes médecins !

Je me relève et je tends ma main vers la chirurgienne pour lui dire bonjour comme il se doit ! Sapristouillette, comment est-ce que j'ai pu oublier de faire ça ? Nom d'un cornichonou biscornu !

- Mmmh... J'aimerais beaucoup que vous regiardouillez mes prothèses actuelles pour voir un peu ce que vous en pensez et puis ce que vous pouvez y faire dans l'immédiateté immédiatoune, et puis oui, je veux bien qu'on regardouille pour de nouvelles prothésinettes, ah ça oui !

Quand Billy se présenta avec dodu comme médecin, je fus prise de court et éclata de rire. C’est après quelques longues secondes gênantes à retrouver mon calme que j’osais une question qui me paraissait absurde :
- Aheum...pardon...Vous voulez dire que Dodu vous assiste dans votre pratique de la médecine ? Aussi intelligent soit-il, je ne vois pas bien en quoi. Depuis la nuit des temps l’homme a dominé son environnement, faune et flore, pour l’obliger à le servir, mais de là faire un singe un médecin...

- Je préfère vous présenter mes tarifs, avant toute chose, afin d’éviter tout problème. Dis-je en transmettant à Billy une tablette, affichant ma grille tarifaire. Si les contrats de maintenance étaient juteux, les opérations de remplacement et d’implantation représentaient des sommes monstrueuses, l’équivalent de vaisseaux de luxe individuel, sans parler des options.

- Si cela vous convient, nous irons à mon bureau pour la rédaction des devis Dis-je en prenant l’un des verres d’eau posés sur la table basse.

Je fronce à nouveau les sourcilounets, mais après ça, je souris, bien fière de mon Dodu.

- Dodu a appris à différencier et reconnaître plus de cinq cents espèces de plantinettes différentes, ainsi que leurs usages et leurs noms, et puis il a appris à faire ça avec différents outils et produits dont je me sers bien souvent. Dodu arrive donc à trouver ce qu'il me faut en bien moins de temps qu'il vous en faudrait à vous pour la même tâche, ah ça oui !

Et puis je regardoune à nouveau la p'tite daminette, et puis je regarde la tablette avec les tarifs. Sapristouillette, ça fait une sacrée somme d'argent, ça oui ! Mais bon, Dodu et moi nous vivons bien simplement, nous sommes souvent invités quand on boit et mange, ou quand on doit dormir dans un endroit. Et puis depuis quelques temps, nous sommes sur le Libertynou, et ça paye bien, ah ça oui ! Même si on ne demande jamais bien de l'argent quand on soigne à terre, j'ai réuni une petite somme bien intéressante. Alors j'hochouille la tête.

- Allons-y pour voir, alors ! Je sais pas bien si je ferai l'opération tout de suite, mais pour sûre que je veux voir ça avec vous !

Je me lèvouille avec ma canne, et Dodu me suit pour aller dans le bureau de la médecin.

- J'ai entendu beaucoup de bien sur votre pratiquouille, ah ça oui !

Quand Billy me dit soigner avec des plantes, cueillie et préparées par son singe, je suis a la fois fascinée et atterrée. Fascinée du pouvoir de l’homme sur la nature, que l’on arrive même a domestiquer la nature pour le faire exploiter la nature, au service de l’homme. Cette créature devait effectivement être bien précieuse, si Dodu a été formaté au point d’anticiper les besoins de sa maîtresse, il représente un investissement colossal. D'un autre côté, d'utiliser une telle énergie et tant de savoir pour appliquer des techniques moyenâgeuses, c’était un gâchis incroyable, une aberration d’optimisation. Doucement naissait en moi le désir de l’initier au meilleur de la technologie, de lui présenter mon bloc opératoire et de la voir adopter la voie du progrès.

C’est avec plaisir que je l’entends accepter mes tarifs, qu’elle ne décline pas tout à fait la proposition d’une réimplantation finit de dissiper mes aprioris. Peut-être vit-elle simplement pour bénéficier d'un gros pouvoir d’achat, à moins que ce soit pour effectuer des investissements, ce qui serait sans doute la meilleure des options.

Arrivée dans mon bureau, je pianote sur mon interface augmenté, avant de saisir un objet en forme de sucette, il s’agit d'une sonde ADN :
- Si vous le permettez, je me sers de l'ADN de mes clients pour identifier les contrats, j’aurai donc besoin du vôtre. Regardant Dodu, je préfère préciser une chose Il ne pourra pas nous accompagner dans le bloc, trop de poils, mais il pourra tout suivre d'ici.

Je ne sais pas bien si je dois accepter ou non, quand elle me demande mon ADN. C'est bien vrai que c'est pas très gravinet, mais j'aime pas bien que les autres aient ça, et puis aussi, j'oublie pas que Dodu et moi, nous sommes des pirates de l'espace, ah ça oui ! Mais bon, je me dis bien que la chirurgienne a l'air d'aimer faire des affaires et puis que je peux bien lui faire gagner une certaine somminette d'argent. Et j'ai déjà une sacrée réputation en tant que médecin dans Dorado, alors même si je lui donnouille pas mon ADN, ça changera rien du tout. Alors je souris bien à Dodu, et puis je prends la sonde ADN pour faire ce qu'il faut pour y inscrire mon ADN. Une fois que c'est chose faite, je la tends à la chirurgienne en hochant la tête.

- Dodu a l'habitude d'aller en salle d'opération, mais je comprends bien votre réticencinette, alors il restera là en attendant, pas vrai Dodu ?

Je souris à Dodu. Je sais qu'il aime pas bien être séparouillé de moi, et moi non plus, j'aime pas ça. On est tout le temps ensemble, tous les deux, ah ça oui ! Mais s'il peut suivre à distance, c'est déjà bien, ah ça oui !

Une fois l'échantillon prélevé, je retire l'embout et le jette dans une poubelle. Sur mon interface j'entre rapidement les données du dossier. Notant l'hésitation de Billy, je lui précise :

- Tout ici est sujet au secret médical, rien de ce qui est dit ici, rien de ce qui se passe ici ne sortira de la clinique, ADN comprit. Et si un hacker essaie de s'attaquer à ma clinique, il n'a qu'à bien se tenir.

En guise de devis, je programme une projection holographique de l'intervention à venir :
- Là ce sont vos yeux, je vais en extraire le noyau et vérifier l'état des capteurs, changer les pièces défectueuses, avant de les recalibrer. Ensuite je vais effectuer un nettoyage des cavités, réparations si besoin, avant de réinsérer les noyaux et renouveler les soudures. L'opération sera streamée en direct ici, Dodu pourra y assister.

Laissant à Billy le temps de s'approprier et observer la simulation qui tournait en boucle, je finis par lui demander :
- Si cela vous va, je vais vous faire voir le bloc opératoire, je suis certaine que cela va révolutionner votre vision de la chirurgie cybernétique. Dis-je avec une fierté non dissimulée, les mains sur les hanches.

J'hochouille la têtinette, un peu rassurouillée par ses paroles. Malgré tout, je me souviens bien de la réaction de Mia quand elle a appris que j'étais devenue une piratinette de l'espace. Même si j'ai essayé de lui expliquer que c'était toujours moi, elle n'a rien voulu savoir, ah ça non... Mais si la chirurgienne a la même éthique que moi, je sais bien que je n'ai rien à craindre, ah ça non ! Puis je regardouille le devis qu'elle me fait avec beaucoup d'attention.

- Mmh... Tout me semble bien correct, ah ça oui. Et oui, je suis bien curieuse de voir votre matérielinou. Dites, vous faites ça en combien de temps ?

Puis je souris, me frottouillant la joue avec mes doigts. Je réfléchis un peu à mes mots, avant de me lançouiller.

- Dites... Mmmh-mmmh. Une mécanicienne m'a bien enseigné à faire des réparations mineures sur les prothésinettes. Je suis bien capable de m'occuper des bras, des jambes cybernétiques, ah ça oui, mais... J'aimerais bien en savoir un peu plus. Vous savez, Dodu et moi, on aime bien beaucoup apprendre. Nous sommes des élèves saginets et bien attentifs, ah ça oui !

Je commande l'ouverture du sas du bloc opératoire, je tends une blouse stérile à Billy, pas besoin de se changer, c'est pour une simple visite après tout, s'en sera autrement quand je m'occuperai d'elle et de ses yeux fatigués. Pendant que nous nous changeons, je réponds à son interrogation :

- Cela peut durer une quinzaine de minutes, plus s'il y a de grosses interventions à effectuer. En tous les cas vous ressortirez avec des yeux parfaitement fonctionnels. Dis-je en fermant tant bien que mal la fermeture éclair.

Sa timide demande me fait sourire, au fond elle est bien mignonne cette Billy.

- Je veux bien vous enseigner quelques trucs en cybernétique, mais j'ai des méthodes très... technologiques. Nous n'avons pas la même approche de la médecine et de la chirurgie. Je vérifie que je suis parfaitement équipée avant de me rendre dans le sas, faisant signe à Billy de venir me rejoindre.

- A ce propos, je pense qu'il serait intéressant qu'en échange, vous me montriez votre pratique de la médecine. J'avoue avoir beaucoup de préjugés à propos des techniques... naturelles. J'essaie de le dire sans raillerie, mais l'exercice ne m'est pas aisé.

- Parfait, absolument parfait, ah ça oui !

Je suis très satisfaite par le service jusqu'à présent. J'ai un grand sourirounet, bien contente de voir qu'elle acceptouille ma demande, et ce qu'elle demande en échange me rend encore bien plus heureuse.

- Oh, ne vous en faites pas ! J'apprends bien vite, et j'ai des notions plutôt solidounettes en mécanique. Comme je vous le dit, je répare les prothésinettes depuis un peu plus d'un an maintenant ! Et puis, j'ai pas appris la médecine par le biais des plantinettes. C'est venu en parallèle et surtout après. On peut bien tout faire avec ça, je vous le garantis, et je serai bien heureuse de vous montrer tout ça, ah ça, ah ça oui !

Je souris encore, bien excitouillée.

- Je vous laissouille d'abord vous occupouillez de mes yeux, et puis on pourra discutouiller de tout ça, si ça vous convient !

L’assurance de Billy me fait sourire, me fait plaisir également. Cela signifiait qu’elle ne rejetait pas la technologie, qu’elle arrivait à conjuguer la médecine nature et la médecine technologique.

Nous passons par le sas et c’est toutes équipées que nous arrivons dans le bloc opératoire. Un lit trône au milieu de la pièce, son ‘matelas’ est fait d’une matière molle, faite pour parfaitement accueillir le client, mais aussi empêcher ses mouvements une fois attaché. Au-dessus un amas de capteurs et de bras robotiques sont accrochés au plafond, avec surtout des outils d’aspiration et d’injections, chose que, pour des raisons évidentes, je n’ai pas dans mes bras.

La salle est assez étroite, conçue pour un maximum de deux personnels soignant et un seul client. L’odeur de désinfectant est forte, le bruit des aspirations, du robot, des ventilations est entêtante, pour qui n’y est pas habitué.

Montrant la masse robotique au plafond :
- Je te présente Ddee, mon assistant robotique, il me fournit les quelques rares outils que je n’ai pas directement à ma disposition. Pour appuyer mon propos, je me place face au siège et ouvre mes bras, comme si j’allais opérer quelqu’un. Mes avant-bras engloutissent alors mes mains, s’ouvrent comme la gueule d’un crocodile et doucement, s’avancent une myriade d’outils aussi fragile que précis, capable d’effectuer les microsoudures et microchirurgies qui composent ma spécialité. Ne tournant que ma tête, je souris à Billy :
- Voici mes principaux outils, ceux qui font de moi la meilleure Cyberchirurgienne de Dorado

- A tout à l'heure Dodu, sois sage !

Dodu n'est pas très à l'aisinet, il est pas bien habitué à ce qu'on soit séparés lui et moi, ah ça non ! Et moi aussi, ça me fait un petit quelque chose au cœur de devoir le laissounet là, tout seul. Mais je suis bien enthousiaste quand je dois suivrouille la chirurgienninette, ah ça oui ! J'ai bien hâte d'en apprendre plus sur la pratique d'une véritable professionnellinette.

L'endroinounet est bien petit, mais tout m'a l'air parfaitement aux norminettes. Moi je m'y connais bien, j'ai beaucoup opéré dans ma vie, ah ça oui de chez oui ! Je souris bien quand elle me parlouille de son assistant Ddee, qui doit être son Dodu à elle. Je préfère un millier de fois Dodu, ah ça oui ! Et j'écarquilloune un peu les yeux devant les beaux outils qu'elle me montre.

- Woaaaah ! Ca c'est des sapristouillements beaux outils, ah ça oui ! Vous devez faire un travaillounet incroyablinet avec tout ça, oh ça oui ! Même dans la médecine chirurgicale, j'ai rarement vu des appareils aussi finous que ceux-là. Je reconnais bien certains de ces outils... Ceux-là par exemple, je les utilisouille pour réparer les prothèses. Mais il y en a bien que j'ai jamais vu, ah ça oui !

Je suis ultra-fière de la voir écarquiller les yeux et dévorer Ddee du regard, mais trop de frime tue l’effet alors je range mes bras bien sagement.

- Merci ! C’est le top du top et je surveille toutes les nouveautés compatibles avec mon modèle, histoire de pas devenir obsolète. Dis-je en vérifiant que tout était bien rentré, rangé et que rien ne dépassait.

Je passais le quart d’heure suivant à décrire les différents outils et appareils que j’utilisais fréquemment, également la table d’opération qui avait une très grande mobilité, me permettant des angles d’intervention pratiques et audacieux. Bien entendu tout cela était retransmit à Dodu qui devait patienter dans mon bureau.

- Si tout est bon pour toi, on peut soit retourner dans mon bureau pour convenir d’une date, soit je peux effectuer une première série de relever pour savoir à quoi m’attendre pour la prochaine fois. Ayant noté quelque chose qui n’allait pas dans ma phrase, je me rends compte un peu tard que je l’avais tutoyé.

- Billy, ça te va si on se tutoie ? Demandais-je, en riant doucement.

Je l'écoutouille religieusement, et puis bien des fois, je pose des questionnettes sur le matériel, pour avoir plus de précisions, ah ça oui. Et puis elle me proposouille deux options, et je rougis quand elle demande si on peut se tutoyer.

- Oh, heu... Oh... Oui, je... Oui, d'accord... Hum.

Je souris bien, encore toute rougissantinette.

- Oh, bah... Vous... Tu pourrais peut-être faire les relevouillés, si tu as du temps, ah ça oui. Comme ça, ce sera fait, et vous... Tu pourras mieux me conseillouner, ah ça oui !

La gène de Billy m'amuse beaucoup, mais je me retiens de rire autant que possible, c'est jamais bien drôle de rire de la gène d'autrui. Billy est loin d'être un canon de beauté, mais elle est toute choupie à être rougissante comme ça. Quand elle me dit être d'accord pour faire une première série de prélevés, je m'étonne qu'elle n'évoque pas Dodu dans l'équation, sans doute est-elle perturbée par le tutoiement.

- Eh ben c'est parti alors ! Dis-je en prenant le contrôle de l'assise d'opération, dans laquelle je fais doucement asseoir Billy, il ne faut que quelques secondes pour que le siège s'adapte à elle et petit à petit, l'immobilise totalement, lui interdisant tout mouvement.

Puis le fauteuil bascule et Billy se retrouve allongée, ses yeux à mi-hauteur, maintenue en l'air par l'impressionnant bras mécanique qui semble jouer avec le siège comme un enfant avec une poupée.

- Je vais jeter un oeil à tout ça, je vais éteindre tes implants, mais ne t'inquiète pas, je te les rallume très vite. Sans trop attendre le consentement explicite de Billy, mes bras s'ouvrent et tapotent en de multiples endroit sur et autour de l'implant cybernétique, qui comme attendu s’éteignent tous les deux.

- Au fait, tu ne m'as pas dit où est-ce que tu exerçais ton métier. Demandais-je, concentrée sur la relève des données et divers éléments. sa réponse m’intriguais, même si mon ton laissaient supposer le contraire.

Tout va bien vitounet, ah ça oui ! A peine j'lui ai bien dit que j'étais d'accord qu'elle m'installe dans un fauteuillounet, et elle n'a rien à faire. Je suis bien étonouillée par la rapidité et le professiounoulisme d'Alexis, ah ça oui ! On voit bien qu'elle sait ce qu'elle fait, ah ça oui ! Elle me prévient qu'elle va éteindrouille mes implantinets. C'est bien étrange lorsqu'il fait tout noir à nouveau. Ca faisait des années que personne n'avait éteints mes implants, ah ça non. Ca me rappelle des souvenirounets pas très joyeux, et je me crispouille un peu. J'ai bien hâte qu'elle puisse les rallumer, ah ça oui !

- Oh heu, Dodu et moi, nous sommes des médecininets itinérants ! On bougeouille beaucoup, on n'aime pas bien rester au même endroit, ah ça non ! On travailloune souvent dans des cliniques destinées aux plus pauvrinous, ah ça oui !

Je lui parlouille pas de la piraterie, ah ça non ! J'ai de bien mauvais souvenirounets de la dernière fois que j'ai fait ça, ah ça oui ! Et puis c'est bien la vérité que j'ai dit, ah oui, oui, oui ! Il n'y a pas de raisounettes de s'inquiéter, oh que non !

- Est-ce que vous pouvez m'expliquouillez tout ce que vous faites ? Je suis pas bien à l'aisinette quand j'y vois plus rien, ah ça non ! Même dans l'obscurité totalinette, j'y vois, alors vous vous doutez bien que c'est étranginet...

- Pour les pauvres ? Pourquoi eux en particulier ? Ils contractent des pathologies intéressantes à traiter que la moyenne ? Demandais-je, tout à fait sincère et curieuse. Mais s'ils sont indigents, comment vous rémunèrent-ils ? Bien entendu ils pouvaient contracter des emprunts, ou accepter des traitements expérimentaux en guise de paiement, chose très en vogue en territoire UC.

- Je vérifie les points de soudure et nettoie les principaux capteurs, en plus rapidement vérifier les pièces. Si j'éteins tes implants, c'est parce que la vérification des soudures peut engendrer des flashs ou des vertiges, ce qui est plutôt désagréable. Pour ce qui est du nettoyage, je ne suis pas certain que tu aurais été très à l'aise de me voir te brosser les yeux et retirer les résidus avec le outils. C'est indolore, mais j'ai déjà eu des clients qui ont perdu connaissance à cause de ça. Racontais-je tout en continuant à m'affairer.

Moi je souris bien, c'est drôlounet comme questionnette, ah ça oui !

- Oh eh bien, je traitouille les pauvrounets justement parce qu'ils peuvent difficilement accédouiller à de bons services médicaux, parce qu'ils n'ont pas les moyens de se l'offrir. Et je trouve ça bien injustinet, oh ça oui ! Tout le monde devrait pouvoir se faire soigner, et moi vivantinette, je refuse bien de laisser mourir des messieurs-dames parce qu'ils sont nés du mauvais côté de la sociétouillette ! Alors bien souvent, ils me donnent bien ce qu'ils peuvent, ou alors j'ai des serviçounets gratuinous, comme le logement, la nourriture et tutti quanti !

Je souris bien.

- Et puis comme j'ai une bonne réputationinette, des patients richounets viennent parfois aussi faire appel à moi, ou bien j'ai des contraninets sur la durée, et ils me donnent bien assez d'argentinet pour que je puisse vivre confortablouillement, oh ça oui !

Et puis elle me décrit ce qu'elle fait pendant que j'y vois plus du tout.

- Oh mais vous... Tu sais, je suis médecin moi aussi, j'ai pas bien cette sensiblouitée. Au contrairinet, ça m'intéressouille bien de voir tout ce processus-là, pour mieux le comprendrouiller, et pouvoir peut-être commencer à faire de la chirurginette cybernétiquouillette à mon tour, oh ça oui !