L'oeil du cyclone [Alexis, Billy & Dodu]

Moi je souris bien, c'est drôlounet comme questionnette, ah ça oui !

- Oh eh bien, je traitouille les pauvrounets justement parce qu'ils peuvent difficilement accédouiller à de bons services médicaux, parce qu'ils n'ont pas les moyens de se l'offrir. Et je trouve ça bien injustinet, oh ça oui ! Tout le monde devrait pouvoir se faire soigner, et moi vivantinette, je refuse bien de laisser mourir des messieurs-dames parce qu'ils sont nés du mauvais côté de la sociétouillette ! Alors bien souvent, ils me donnent bien ce qu'ils peuvent, ou alors j'ai des serviçounets gratuinous, comme le logement, la nourriture et tutti quanti !

Je souris bien.

- Et puis comme j'ai une bonne réputationinette, des patients richounets viennent parfois aussi faire appel à moi, ou bien j'ai des contraninets sur la durée, et ils me donnent bien assez d'argentinet pour que je puisse vivre confortablouillement, oh ça oui !

Et puis elle me décrit ce qu'elle fait pendant que j'y vois plus du tout.

- Oh mais vous... Tu sais, je suis médecin moi aussi, j'ai pas bien cette sensiblouitée. Au contrairinet, ça m'intéressouille bien de voir tout ce processus-là, pour mieux le comprendrouiller, et pouvoir peut-être commencer à faire de la chirurginette cybernétiquouillette à mon tour, oh ça oui !

Les propos de Billy me laisse songeuse, offrir des prestations gratuites sous prétexte qu'il faut offrir à chacun et chacune l'accès aux soins, voilà qui contrarie la libre concurrence et risque de casser un marché. Tout ça pour se donner bonne réputation et ainsi attirer riches et contrats, voilà une position qui ne me plait pas trop. J'évite toutefois de lancer un houleux débat alors que je lui travaille les yeux.

- Si tu le dis, mais évite de me vomir sur les doigts ou de t'évanouir si ça ne va pas. Dis-je juste avant de rebrancher ses implants l'un après l'autre.

C'est un outils comme une gueule de lamproie qui gratte et retire les saletés incrustées sur les capteurs des implants. En même temps, des bras gros comme des pattes de sauterelles à l'extrémité surchauffé vient refondre et tester les points de soudure. Des capteurs sont aussi branchés pour relever les bugs et registres d'erreurs des implants.

- Je te fournirai la vidéo de l'intervention, de mon point de vue et de celui de Ddee. Peut-être pourra-t-on opérer quelqu'un ensemble un jour.

Les quelques secondes qui suivent me font écho et éveillent en moi une curiosité quasi maladive.
- Peut-être pourras-tu me montrer comment tu travailles toi aussi. Nous avons sans doute des choses à apprendre l'une de l'autre. Dis-je avec un enthousiasme bridé par ma concentration.

- Oh bah ça non, c'est bien promis !

Je suis soulageouillée quand elle me rebranche mes implants. Sapristouillette, j'aime vraiment pas bien être dans l'obscurité. Je la regardouille faire l'entretien, bien fascinée par les méthodinettes qu'elle emploie, qui sont très différentes de celles que j'ai déjà eu l'occasion de voir. On voit bien qu'elle est très douée dans son métier, ah ça oui !

- Fascinouillant...

Et puis je souris bien mais sans bouger, quand elle me dit qu'elle me donnera toutes les vidéos de l'interventiounette. Je suis bien heureuse de pouvoir étudier tout ça de cette maniérette, oh ça oui !

- Oh oui ! Merci beaucoup ! Ca va bien m'aider à comprendre, ah ça oui ! Et j'espère qu'on pourra opérouiller ensemble, je suis bien sûre que ce sera très formateur et très intéressouillant, ah ça oui !

Je souris toujours, et encore plus quand elle me demandouille de lui montrer comment moi je travailloune.

- Oh bah ça oui ! C'est bien différent de ce que vous faites, ça c'est sûr ! Mais c'est bien efficacinet aussi, ah ça oui ! Je pourrais bien vous parler de ma médecine et des plantinettes pendant des heures et des heures, et vous montrer des tas et des tas de méthodinettes !

Je ne suis qu'à moitié surprise que Billy soit soulagée de retrouver la vue et ne semble pas dérangée outre mesure par mes outils.

Je suis à la fois heureuse et gênée que Billy accepte de me partager sa médecine, parce que je sais que sa pratique va le faire grincer des dents.

Il ne me faut encore que quelques secondes pour terminer le nettoyage et les dernières vérifications. Cette première étape terminée, je plonge mes bras dans deux bac d’un acide prévu pour ronger toute matière organique restée sur mes outils ou sur mes bras. Un moyen de stérilisation et nettoyage radical, mais qui a fait ses preuves.

Pendant que je passe un neutralisant sur mes bras afin de nettoyer l’acide, Ddee relâche Billy de son emprise, rétractant la mousse immobilisante et remettant Billy en position assise pour lui permettre de se lever.

- Ce sera tout pour aujourd’hui, nous allons pouvoir regagner mon bureau... et Dodu. Dis-je en me rendant au sas de décontamination.

- Pour maintenance plus en profondeur, il faudra prendre un autre rendez-vous, avec un créneau en conséquence. Tu as un HCom ? Que je t’envoie les premiers clichés holo.

Je me prépare intérieurement à de nouveau partager mon environnement avec un singe et surtout aux probables embrassades qui suivraient les retrouvailles de Billy et Dodu. Non pas que cela me répugne, mais cette état de nature me...dérange profondément.

Nous finissouillons bien, et je suis fascinoutée par les pratiques de la daminette, ah ça oui ! C'est bien la première fois que je vois ça, sapristouillette ! Je suis bien contentinette de me retrouvouiller à nouveau sur mes deux pieds, et je souris bien.

- Merci docteur. Vous... Tu as des remarquinettes particulièrinettes à faire ? Tu as trouvé des chosinettes ?

Et nous allouillons dans la salle principale. Dodu regardouille toujours l'écran. Il a l'air bien tristounet, mais quand il me voit, il sourit bien et poussouille un petit cri, et moi aussi je suis bien contentinette de le retrouver.

- Alors je vais bien prendre un rendez-vouninou pour tout ça. Et oui, voilà mon id h-cominet. La prochaine fois que je reviens, je pourrais bien te montrouiller mon matérielinou, à moins que tu veuilles qu'on fasse déjà ça maintenant ?

Quand Billy m’appelle docteur, je prends un air faussement sévère, poing sur les hanches, ne pouvant empêcher un sourire d’apparaître :

- Billy, si on se tutoie, c’est pas pour s’appeler par nos titres ! Des remarques, ouais, tu t’en occupe bien, même si il faudrait réviser plus souvent les soudures, certaines étaient bien fragilisées. Il y a des pièces un peu vieille que je te proposerai de changer, pour plus de confort. Les filtres aussi, qui ont beaucoup jaunit.

Je note son ID sur mon propre HCom, nous voilà connectées ! Quand elle me propose de regarder son matériel, je consulte l’heure sur mon implant, j’avais encore quelques secondes, mais la curiosité était forte.

Hésitante, je me retrouve à piétiner comme une gamine, n’arrivant pas à me décider. Puis après quelques longues secondes :
- Bah ! Le prochain client peut bien attendre un peu ! Montre-moi donc ton matos ! Dis-je avec un sourire malicieux en prenant la direction de la salle d’attente.

Je rougis bien quand elle me grondouille un peu et je baissouille un peu ma têtinette.

- Oh, heu... Oui, pardon... C'est que j'ai pas bien l'habitudinette de tutoyer les gens, ah ça non !

Je souris bien quand elle me dit que globalouillement, mes yeux se portent bien. Ca me rassurouille bien, ah ça oui ! Et je suis bien contentinette quand elle finit par acceptouiller aussi qu'on regarde le matérielinet maintenant. J'ai de gros sacinous avec pas mal de chosinettes dedans, ah ça oui. Pendant qu'elle commençouille à allouiller vers la salle d'attentinette, je sors bien mon matériel. Il y a du matériel de médecine normal, des seringues, de quoi faire des transfusionnettes, le tout bien stérilou. Il y a aussi un stéthoscope, de quoi prendre la tensionnette, du fil et des aiguillettes, et tout le nécessaire pour intervenir et auscultouiller quelqu'un, et aussi pour faire des pansementinets.

Et puis une fois que j'ai bien sorti tout ça, je sors ma collectionnette de plantinettes. Il y en a beaucoup de chez beaucoup. Bien des sachets avec des feuilles, des fleurs ou de la poudrette à l'intérieur, mais aussi des bocaux plus ou moins gros avec de la pâtes ou des mélanginets, avec des couleurinettes jolies et parfois un peu bizarrounettes aussi, ah ça oui ! Il y a aussi des liquidous, et plein de diversité, ah ça oui !

J’observe avec attention Billy sortir ses outils et consommables, une pléthore qui explique la démesure de ses sacs. Si je connais bon nombre de substances et agents actifs, je ne connais nullement les plantes qui les produisent, ni s’il est simple de les extraire, d’en faire des cocktails médicaux.

Je siffle ma surprise quant au très large panel qu’elle m’offre à voir.
- Dodu et toi avez appris de reconnaître chacune de ses plantes ? Dis-je en saisissant délicatement un sachet contenant une poudre verte et rouge.

- Je dois avouer que je suis complètement dépassée, j’y connais rien aux plantes, je me contente de commander les agents actifs, parfois même directement les injections prêtes à l’usage.

Je m’assieds en tailleur, observant tantôt les sachets, tantôt l’attitude de Dodu vis-à-vis de tout ça. L’idée qu’un singe puisse comprendre et connaitre tout ça, et moi pas, me rendait perplexe, soulevait un paradoxe auquel je n’avais jamais été confronté.

- J’ai un deal à te proposer Billy ! Si tu m’apprends les correspondances entre plantes et agents actifs, ou leurs effets, je prends à ma charge la mise à neuf de tes implants. Un plan séduisant, mutuellement profitable et qui à terme pourra peut-être me donner plus de liberté par rapport à Fushi.

Je suis bien contentinette que Madame Alexis ait l'air si surprisounette par tous nos trésorinets. C'est bien vrai qu'il y a beaucoup de chosinettes vraiment très importantinettes, oh ça oui ! Fière, j'hochouille bien la tête.

- Oh ça oui ! Mais il n'y a qu'une toute petite partitounette de ce que nous savons vraiment, ah ça oui ! Il y a là que les plantinettes qui peuvent bien nous servir pour les urgencinettes. Dans notre maisonnette, on a bien des plantinettes pour soulageouiller d'autres maux, ah ça oui. C'est pas bien difficilou d'apprendrouille les agents actifounets qui correspondent à chaque plantinette. Mais chacune d'elle peut bien servir de dix façons différentes, ou plus ! C'est fascinouillant, ah ça oui !

Et puis elle me propose un marché qui me surprend bien. Je la regardouille pendant quelques secondinettes, avant de sourirouiller à nouveau.

- Si vous êtes bien prête à partager votre expérience et vos connaissances avec nous aussi, alors c'est bien d'accord. On vous apprendra tout ce que vous avez à savoir sur les plantinettes, à comment les manipulouiller et puis comment les préparouiller pour qu'elle soit bien idéale pour vos besoininets.

Dodu et moi on aime beaucoup partageouiller nos connaissancinettes, surtout si on peut nous apprendre des chosounette en retour, ah ça oui !

Billy me fait bien rire à tout le temps me vouvoyer, sans même s’en rendre compte. Pas facile de passer outre son éducation, mais je ne lui fais pas la remarque, j’ai l’impression que ça l’embête.

Consultant rapidement mon agenda sur mon implant rétinien, je trouve plusieurs dates de libres que je pourrai réserver à nos échanges.

- Suis bien contente que tu sois aussi ouverte, c’est pas le cas de tout le monde dans le milieu. Je lui envoie quelques rendez-vous sur son HCom, on pourra les passer ici ou chez-elle, où que ce soit, pour partager nos spécialités.

Sourire aux lèvres, je lui tends alors une main :
- Et bien Billy, j’ai hâte que l’on se revoit. Quand elle me sert la main, je l’attire à moi dans une brève embrassade.

- Toi aussi Dodu. A lui aussi je lui tends la main, passant outre une fugace hésitation, mais je me contenterai d’une poignée de main, je ne pense pas être prête à plus de contact avec un singe.

Je suis bien contentinette ! Cette entrevue a été fortouillement richounette ! Elle va bien m'aidouiller dans mes recherchinettes, et pour progressouiller dans ma pratique, ah ça oui ! Et puis je vais bien avoir une prothésinette toute neuve, et gratuitouillement ! Olala ! Je souris bien, et si je suis un peu surprisette, je lui rends son embrassouillade, en rougissant un peu. J'ai pas bien l'habitude de ce genre de chosinettes, ah ça non ! Et Dodu est tout content qu'Alexis veuille bien lui serrouiller la main aussi. Et Dodu imitouille ce que la doc' a fait avec moi et il lui fait un petit câlin avant de revenir vers moi. On rangeouille tout notre bazarinet, et puis on fait un dernier signounet à la doc.

- Je regardouille toutes les dates à tête reposouillée au plus tôt, et je vous... Je te tiens au courant. Merci encore, j'ai bien hâte qu'on se revoit !

Et après un dernier signou, Dodu et moi, on sort.

Voyant Billy rougissante, je lui affichais un tendre sourire. J'imaginais que la vie n'avait pas été tendre avec elle, et qu'elle ne l'était toujours pas.

Quand Dodu me prit dans ses bras, je ne pus réprimer un couinement de surprise. Bon ok, je m'y attendais quelque peu, mais malgré tout... Après coup je me rends compte que c'était gentil et mignon, mais sur l'instant, j'avais juste envie de jeter mes fringues que passer toute entière à la stérilisation.

Alors que Billy rattrape son tutoiement, je lui fais un clin d'oeil appuyé. Suis certaine qu'ensemble on arrivera à bien travailler l'une sur l'autre !

- A très bientôt Billy, prends soin de toi ! Répondis-je avant de refermer la porte, demander un nettoyage de font en comble de la clinique et vérifier les autres consultations que j'avais ce jour.