Kha'läan Jre'kan
"Il n'y a pas de mauvais animaux, seulement de mauvais maîtres."
Description
Ni très grande ni très épaisse, Kha'läan a, malgré tout, développé de -relativement- larges épaules au fil de ses années passées à transporter des sacs de nourriture pour bêtes variées et à traîner par la longe des canidés et des bêtes de somme. Les animaux rétifs ont laissé sur ses bras de nombreuses petites cicatrices de morsure et de coups de griffe, des traits anarchiques de couleur grisâtre sur sa peau mate.
Son visage anguleux aurait pu paraître sévère sans ses grands yeux noirs abrités par de longs cils. Si ses épais sourcils ont gardé leur couleur châtain sombre, la partie basse de ses longs cheveux a été décolorée en utilisant une teinture traditionnelle de sa tribu, dont la composition lui fut léguée par sa mère. Ainsi la longue natte, qu'elle porte pour empêcher ses mèches importunes de la gêner, passe progressivement du brun au cuivré en son milieu.
Lorsqu'elle sourit, des fossettes apparaissent aux commissures de ses lèvres. Ses deux canines pointues, qui faisaient dire à sa mère qu'elle était à moitié Swirya, deviennent alors apparentes. Si elles sont loin d'être aussi longues que celles que les progrès des prothèses dentaires modernes ont rendues possible, elles provoquent parfois leur petit effet.
Style vestimentaire : Un pantalon brun, un chemisier de couleur neutre, et probablement une blouse ou un tablier, constituent les vêtements de travail de Kha'läan. Et si elle se montre plus coquette pendant son temps libre, ses habits restent avant tout pratique. Plus ses pantalons ont de poches, plus elle les aime. Ses vêtements ont toujours des couleurs présentes dans la nature. Les couleurs trop criardes ainsi que les matériaux synthétiques trop clinquants lui donnent l'impression d'être "un astroport à elle seule". Ses fantaisies vestimentaires se concentrent essentiellement sur ses chaussures, souvent ornées de motifs brodés complexes, ainsi que sur les barrettes qui retiennent ses cheveux lorsqu'ils ne sont pas tressés.
Autour de son cou, un lacet de cuir tressé porte un petit médaillon de pierre sculptée, représentant le symbole de Calypso. Elle ne s'en sépare jamais.
Signes particuliers : Depuis que Kha'läan a décidé de se teindre les cheveux "à la main", ses ongles, particulièrement ceux de sa main droite, ont pris une teinte orangée.
Caractère
D'humeur généralement égale et d'un tempérament posé, Kha'läan est souvent perçue comme imperturbable, voire apathique. Il s'agit en réalité d'un self-control acquis à force de faire face aux caractères forts d'individus d'espèces différentes. La vue d'innombrables opérations et plaies ouvertes l'a rendue difficile à dégoûter ou choquer.
Elle a tendance à se méfier des gens, et cache souvent son histoire personnelle derrière des plaisanteries et mensonges par omission. Elle ne s'est jamais sentie proche de quiconque, excepté sa mère et plus tard sa mère adoptive. Elle est habituée à la solitude et l'apprécie, mais souhaite secrètement trouver quelqu'un à qui elle pourrait se confier sans en craindre les conséquences. En attendant, elle cache ses "faiblesses" du mieux qu'elle le peut. Ainsi, elle ne pleure jamais en public, et préfère ravaler ses larmes ou trouver un prétexte pour s'isoler chez elle et n'en ressortir que lorsque ses yeux auront dégonflé.
Les conflits, Kha'läan les désamorce par l'humour chaque fois que c'est possible. Elle est très rarement violente, et de toute façon les crocs de Proton le chien de garde dissuadent les attaques contre sa personne dans la grande majorité des cas.
Lorsqu'elle apprécie quelqu'un, elle a souvent du mal à l'exprimer par des paroles ou des signes d'affection "normaux". Mais elle se montrera toujours loyale envers eux. Adolescente, elle était très rancunière et pouvait se montrer très vindicative. Elle a depuis appris que la vengeance ne réparait aucun tort. Néanmoins, si l'occasion se présente d'agacer un Trinitaire, elle la saisira!
Elle aime le sarcasme et déteste qu'on s'en prenne à « ceux qui ne peuvent pas se défendre ». Préférant le contact des animaux à celui des humains, il lui arrive souvent de dire ou faire des choses qui rendent son entourage perplexe et les pousse à se demander de quel coin de la galaxie elle a été acheminée...
Histoire
Le début de la vie de Kha'läan commença à la fin de celle du clan Jre'kan, décimé par les esclavagistes de la Trinité. Ces sinistres individus, qui hanteront ses cauchemars pour les années à venir, ôtèrent la vie à quiconque se dressait sur leurs chemins. Parmi eux, se trouvait le père de Kha'läan, Ja'yan. Et peut-être également sa sœur aînée, Hay'na, qu'elle ne connut jamais et que des Trinitaires emmenèrent Calypso savait où pour lui faire Calypso savait quoi...
Sa mère, Naä'ya, fut quant à elle livrée à un homme qui, faute de trouver une compagne, avait décidé de s'en offrir une. C'est en captivité qu'elle donna naissance à Kha'läan. Elle soutint jusqu'au restant de ses jours que sa fille n'était pas celle de son ravisseur, affirmant reconnaître le regard du défunt Ja'yan sur le visage de son enfant. Malgré tout, Kha'läan grandit avec la crainte latente d'être en réalité le rejeton d'un des assassins de son clan.
Pendant les huit premières années de la vie de son enfant, Naä'ya apprit à sa fille la langue et les traditions de son peuple. Elle lui parla de son père, et parfois aussi de sa sœur, qu'elle espérait retrouver un jour. La petite Kha'läan, dans ses moments de solitude, s'imaginait souvent cette grande soeur inconnue. Hay'na devint une sorte d'amie imaginaire, avec qui elle discutait et préparait toutes sortes de farces à faire à son propriétaire. Dans ces rêves éveillés, Kha'läan, Hay'na et leur mère s'échappaient dans l'espace pour regagner leur terre natale et vivre dans la jungle, avec tous ces animaux exotiques qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de côtoyer.
Naä'ya mourut prématurément, sans revoir sa fille aînée et laissant sa cadette seule, du haut de ses huit ans, face à leur geôlier.
La petite Kha'läan plongea dans un mutisme que son propriétaire attribua à un état de choc. Elle ne parlait plus qu'à sa grande soeur imaginaire, dans sa tête. L'espoir de la revoir vivante un jour mourut lentement dans l'esprit de la petite fille. Hay'na était sans doute morte aux mains des Trinitaires. Et de toute façon, leur mère n'était plus là pour la reconnaître et la lui présenter. L'amie imaginaire se mua lentement en fantôme sans visage et sans forme.
Trois mois sans entendre la voix de la petite esclave eurent raison de la patience de son maître, et il tenta de briser son silence par des châtiments corporels. De nombreux examens médicaux échouèrent à révéler une quelconque maladie expliquant son état. Cependant, ce silence obstinément intact réduisit à néant la valeur marchande de la petite esclave. Celui qui aurait pu être son père décida alors de la revendre au premier venu. Ledit premier venu se trouvait être un pirate, qui profita de la transaction pour voler le Trinitaire, emportant suffisamment d'objets de valeur pour rembourser l'argent dépensé pour l'achat de la fillette qu'il emmena avec lui sur Esperanza.
Le pirate, qui s'était attiré les foudres d'autres pirates à qui il avait joué des tours pendables, abandonna Kha'läan avec un peu d'argent sur ce monde artificiel, grouillant de personnages plus étranges les uns que les autres. Elle y troqua son mutisme pour le langage peu châtié des gamins des rues.
Elle rencontra des enfants du même sang que son ancien propriétaire, ainsi que d'autres provenant de toutes les autres factions. Perdue sans sa mère qu'elle pleurait en secret tous les soirs, elle cherchait désespérément quelqu'un de réel, quelqu'un d'autre que sa grande soeur imaginaire, qui la protègerait contre ceux qui lui voudraient du mal. Pendant un temps, elle pensa que les bandes de voleurs qui effrayaient les adultes qu'elle croisait pourraient remplir cette fonction. Les adolescents des rues s'amusaient à demander toutes sortes de choses à cette petite fille ennuyeuse qui voulait tout faire pour les impressionner et être des leurs. Ils la firent transporter des objets volés, lui faisaient faire leurs tâches ingrates, lui faisaient porter le chapeau pour leurs actes de vandalisme...
Ce fut le chant d'un oiseau qui la sauva d'un futur de voleuse à la tire ou de dealeuse de drogue, d'une vie au sein d'un gang et d'une mort jeune face à une bande rivale. Plus précisément : le son mélodieux d'un aket'huan. Kha'läan découvrit la source du bruit dans une boutique. On avait attaché l'oiseau par la patte au pied d'un meuble sur lequel trônaient des cages dans lesquelles jappaient des chiots aux aspects hétéroclites. Une dame la surprit en train de dévisager le bel oiseau, sur la pointe des pieds pour ne pas l'effrayer par le bruit de ses pas.
« Pourquoi il est attaché ? » demanda la petite fille.
« Son aile était cassée » expliqua la maîtresse des lieux. « Il est presque guéri, mais il risque de se blesser s'il tente de s'envoler. »
« Pourquoi il a peur de moi ? »
« Les aket'huans sont peureux » répondit la dame. « Ils ont peur des humains. C'est comme ça »
L'avalanche de questions commença alors. Pourquoi il a cassé son aile ? Pourquoi il lui manque des plumes ? Comment il fait pour chanter aussi bien ? Est-ce qu'il a une boîte à musique dans son ventre ?
La femme qui s'occupait de tous ses animaux offrit à Kha'läan de devenir sa « petite assistante », à condition qu'elle « cesse de dire des gros mots à tout bout de champ » et qu'elle cesse également de raconter des « histoires à dormir debout dans une navette de secours », comme quand elle disait aux gens « que ses parents pirates allaient revenir pour les frapper » s'ils lui tenaient tête. Contre toute attente, la petite fille se révéla très patiente avec les animaux, et apprit très vite tout ce qui les concernait. Elle ne quittait presque plus sa nouvelle maison, et développa une peur du monde extérieur. Les gens à l'extérieur lui semblaient dangereux, et elle craignait toujours qu'on l'emmène à nouveau dans une famille de la Trinité.
Sa nouvelle mère adoptive lui servit de préceptrice. Elle donnait aussi quelques cours de soutien à des enfants d'Esperanza, principalement des enfants de pirates ou de l'Union Corporatiste. A leur contact, Kha'läan se "réconcilia" quelque peu avec le monde extérieur, et sa mère adoptive l'incita à l'aider et à transmettre ce qu'elle avait appris aux élèves plus jeunes, et aussi à demander aux rares élèves plus âgés de l'aide sur les sujets qui la mettaient en difficulté.
Kha'läan put atteindre un niveau d'instruction suffisant pour rejoindre une université, quittant pour la première fois Dorado. Elle voyagea beaucoup, et parla du petit centre de soins pour animaux blessés à qui voulait l'entendre, lui amenant une nouvelle clientèle.
A plusieurs reprises, elle a visité les terres où ses ancêtres ont grandi, mais a abandonné l'espoir de retrouver sa soeur, qu'elle espère quand même vivante et libre comme elle-même.
Elle travailla aux côtés de sa bienfaitrice jusqu'au jour où cette dernière prit une retraite bien méritée.
Depuis, elle a pris la direction du petit centre, qui a grandi avec elle. On l'appelle dès qu'une créature à plumes, à fourrure ou à écailles nécessite des soins particuliers. Sa réputation de « sale gamine » a depuis bien longtemps laissé place à une réputation de guérisseuse. Mais elle garde toujours des gros mots en réserve pour ceux qui font du mal à des animaux sans défense.
Si la culture de son clan d'origine est une source de fierté pour elle, elle ne se sent pas entièrement Mo'at, elle qui a grandi loin des siens. Elle n'est jamais vraiment à l'aise avec qui que ce soit, de toute manière. Les humains sont un mystère, les animaux sont bien moins traîtres.
Depuis quelques années, le centre est également habité par Proton, le molosse pataud au visage tellement plissé qu'on distingue à peine ses yeux. Kha'läan l'a trouvé dans une poubelle alors qu'il était encore un chiot, l'a soigné et en a fait un chien de garde doublé d'une peluche baveuse géante. Pourquoi l'avoir appelé Proton? Tout simplement parce que même infesté de parasites, il savait rester positif.