L'art du combat [Zélio & Hush]

Hush l'écoute avec attention. Il est heureux qu'il accepte, et sa curiosité est piquée à vif lorsqu'il lui dit que les vrais combats sont bien différents de celui auquel il vient d'assister. A nouveau, Hush attrape son carnet et son crayon. Il veut insister. Il tient à voir cet art, puisqu'il le considère d'ores et déjà comme tel.

"Montre-moi l'art du combat. Il n'existe pas d'endroit qui puisse accepter un nourrisson calme ?"

Il ne met que quelques secondes à gratter son papier, et le tend à nouveau au combattant. Il écrit vite et bien, ce qui est devenu un atout pour tenir un semblant de conversation.

Zélio réfléchit… contre un peu d'argent on peut aller ouvrir beaucoup de porte et il y a des lieux où il est un peu connu.

- on doit pouvoir trouver ça. Mais je te préviens la violence sera autrement plus présente. annonce Zélio pour pas prendre au dépourvu son interlocuteur. Je m'appelle Zélio et vous ?

Hush hoche la tête avec un sourire doux, et il lui indique qu'il est enchanté de faire sa connaissance en un mouvement de tête. Il reprend alors son carnet, et une nouvelle fois, écrit, avant de le lui tendre.

"Je suis Hush, mon fils Tobias. Je pourrais dessiner ton combat ?"

Enchanté Hush. Et désolé pour tout à l'heure Tobias. Je suis une crème avec les enfants en temps normal. Un accident je savais pas que tu étais là. s'excuse Zélio. Tu peux dessiner si tu veux.

Zélio lui fait signe de se mettre en route et les voilà entrain de marcher dans les rues dans une direction visiblement précise que connait le combattant.


- tu fais quoi de beau pour gagner ta vie ? demande Zélio pour ouvrir la conversation.

Tobias ne semble pas en vouloir à l'homme ; il s'est déjà rendormi dans les bras de son papa. Ce dernier en profite pour l'attacher à nouveau solidement et confortablement contre son torse. Il sera plus pratique pour lui d'avoir les deux mains libres. Il range ensuite son carnet de dessin dans son sac, ainsi que sa multitude de crayons, n'en gardant qu'un bien tailler en main, et son petit carnet pour écrire. Il fait un nouveau mouvement de tête pour remercier Zélio, et le suit, non sans dessiner la carte mentale de l'endroit où ils se rendent. Et puis il plonge la tête vers son carnet, et sans s'arrêter de marcher, il écrit.

"J'étais esclave jusqu'à la semaine dernière."

Hush n'est pas menteur, et jusqu'à présent, il n'a rien eu à craindre de son ancienne maîtresse. Il a appris rapidement que dans cette ville, elle ne pouvait rien lui faire. Il hésite un court moment, et finit par écrire une nouvelle phrase.

"J'imagine que tes combats te font gagner ta vie ?"

Puis, il donne le carnet à Zélio.

Zélio observe le papa s'occuper de son enfant et quelques souvenirs remontent des profondeurs de sa mémoire. Diantre qu'il voudrait qu'elle soit toujours là. Il soupire un peu triste pour le coup et prend le carnet dans ses mains.

- Esclave et déjà papa. Il est de toi ? demande Zélio Sa mère se porte bien ?

Ce doit être une histoire compliquée. Il a rencontré moult anciens esclaves et ce n'est pas simple même dans les cités de l'Impérium ou de l'UC.

- Oui je vis de mes combats et toi ? demande Zélio en rendant le carnet.

Il rend le carnet à Hush, et le jeune homme ne perd pas de temps avant d'écrire de nouveaux mots. Son visage s'assombrit légèrement.

"Il est de moi. Sa mère n'en était pas une."

Il est difficile pour lui de songer que son fils devra grandir sans maman. Il s'agit pourtant d'un lien fort, qui l'a suffisamment aidé au cours de sa vie pour qu'il ait le sentiment que c'est essentiel. Il se demande encore comment il va parvenir à combler ce vide, et à faire en sorte que ça n'en soit pas un pour son fils. Et il écrit à nouveau.

"Tu gagnes bien ta vie, avec ton art ? Si je le peux, j'aimerais devenir cartographe dans un vaisseau, ou vivre de mon art."

Ils marchent dans la ville et se dirigent vers un quartier plus sale et visiblement mal famé. Mais personne ne vient les déranger. La silhouette de Zélio ne donne pas envie de venir chercher querelle.

- dur… c'est important les mamans. dit Zélio qui a connu ça aussi. C'est un petit gars et il aura moins besoin de parler à sa mère de truc de fille… mais il a besoin d'une maman quand même.

Il en avait chié à mort avec sa fille dans ce domaine. Vraiment. Mais c'était quand même de bon souvenir. Triste au final, surtout parce qu'elle n'est plus là.

- je gagne suffisament bien ma vie. Mais c'est parce que je suis l'un des meilleurs dans mon domaine. Cartographe ? c'est un truc compliqué ça tu sais. Il faut des années d'études. s'étonne Zélio.

Hush baisse la tête vers son fils endormi. Il y a quelque chose dans la voix de Zélio qui lui fait encore songer qu'il s'y connait, et que s'il n'a plus de famille aujourd'hui, il en a eu une un jour. Il estime néanmoins qu'il serait trop indiscret de poser une question à ce sujet.

"Tout le monde a besoin d'une maman. Mais personne n'a besoin d'une mère comme la sienne."

Il relève la tête vers le combattant, sans cesser de marcher, et après avoir observer quelques instants le lieu dans lequel ils se trouvaient, il recommence à écrire.

"J'ai hâte de te voir réellement en action. J'étudie la cartographie depuis une dizaine d'années, en secret. Je ne crois pas être mauvais."

Enfin, il tend son carnet.

Zélio prend le carnet et lit … décidément le bonhomme est plein de surprise.

- tu dois avoir une histoire bien spéciale toi. sourit tranquillement Zélio. Et en effet il a pas besoin de sa mère biologique mais d'une maman. Pas facile de trouver ça hein.

Lui n'avait pas trouvé, mais d'un autre côté est-il vraiment capable de se ranger … difficile à dire en réalité. Il ne le sait pas lui même.

- généralement les gens qui ont hâte de me voir en action sont des passionnés de combat, ou des personnes accro à la violence mais chez les autres, ou des parieurs. énonce Zélio. Un artiste ça va me changer comme public.

Il lui rend le carnet. Pas pratique du tout quand même.

- il y a pas moyen médicalement parlant de traiter ton soucis ? questionne le combattant un peu surpris.

Hush profite de ne plus tenir le carnet momentanément pour caresser le crâne si doux de son fils endormi. Il espère qu'à défaut de lui trouver une véritable mère, il saura l'entourer d'une multitude de personnes aimantes et bienveillantes, qui sauront le faire rire et l'apaiser, sécher ses larmes et le conseiller, lui parler avec des mots, aussi, lorsqu'il en éprouvera le besoin.

Il n'a pas la moindre idée de quoi s'attendre avec les combats. En revanche, il sait que son âme d'artiste a été absorbée par ce qu'il avait vu plus tôt. Il reprend son carnet.

"Un artiste muet, qui ne criera pas avec les autres."

Et il réfléchit à la question sur le médical. Il n'a jamais songé à cela, et quand bien même, il n'est pas certain de le vouloir. Il a toujours été muet, et la parole ne lui a jamais vraiment manqué, sauf dans de rares occasions. La plupart du temps, il parvient à se dépatouiller, même si cela peut couper la spontanéité d'une longue conversation.

"Je ne sais pas. Je n'ai pas d'argent pour ça."

Oui … il était esclave il y a encore pas longtemps de cela donc forcement ça doit pas être sa priorité de savoir s'il peut obtenir l'usage de la parole. D'un autre côté il a l'air de faire avec. Mais éduquer un gosse sans pouvoir lui parler et sans maman, c'est pas de la tarte.

- tu as le temps de voir venir alors. Les bons cartographes gagnent bien leur vie, c'est un métier qui demandent beaucoup de compétence. fait remarquer Zélio.

Les deux hommes marchent encore un peu et finalement arrive devant un établissement possédant une enseigne lumineuse assez tape à l'œil. Deux combattants face à face.

- ici je connais le videur. Il nous laissera entrer contre un pourboire. explique Zélio.

Hush le croit sur parole. Il a l'air de connaître le monde dans lequel le mo'at doit désormais apprendre à évoluer. Sa priorité, pour l'heure, et de pouvoir répondre à tous les besoins de son fils. Il veut avoir suffisamment d'argent pour qu'il ne manque jamais de rien, qu'il puisse toujours manger à sa faim, et qu'il soit heureux.Le reste n'est que secondaire ; même son art, pourtant si important à ses yeux, n'est pas à la hauteur des besoins de son fils.

Il ne dit plus rien, ni ne note quoi que ce soit sur son carnet. Hush n'aime pas les mots inutiles, même lorsqu'ils sont écrits. Il préfère observer ce qui se passe autour de lui, et poursuivre la création de sa carte mentale, qui dessine les rues de la ville. Ils arrivent enfin devant les bâtiments, et Zélio parle de pourboire.

Hush demeure stoïque. Il n'a que peu sur lui. Il peut peut-être donner une petite pièce... Il cherche dans sa poche, en sort un petit rien et le tend vers Zélio, la tête penchée en signe d'interrogation. Il ne sait pas si cela va suffire à l'homme, mais il n'a rien de plus à donner. D'autant plus qu'il ne sait pas combien de temps il va mettre à trouver un travail...

Zélio regarde l'aumône que sort Hush de sa poche. Et rit d'un rire sincère et pas moqueur même si on peut se tromper aisément.

- Hush ! Garde ton argent. Déjà je t'en dois une alors c'est moi qui offre et en plus c'est certainement toute ta fortune du moment mais c'est pas grand chose pour ce qu'on a à faire. explique ensuite Zélio.

Il se met en route pour rejoindre l'entrée de l'établissement et le grand videur. Plus grand que Zélio et plus épais l'armoire à glace sourit malgré tout quand le combattant arrive devant lui. Les deux savent très bien qui l'emporterait en cas de conflit. Les grands tombent de plus haut comme dit souvent Zélio.

Après un échange rapide de politesse et un billet glissé dans la main du videur, Zélio invite Hush a entrer dans le bar à combat.

- il y a des combats légaux ici. Ca reste très violent, mais il y a un tas de règle. Je pense que ça suffira pour ce que tu veux voir. propose le combattant en entrant.

L'intérieur est construit autour d'une grande cage ronde. Il y a deux bar diamétralement où les clients s'abreuvent et des tribunes où s'assoir. A l'étage on peut aussi regarder les combats d'un point de vue élevé. L'ambiance est enflammé alors qu'un combat se déroule et que les spectateurs crient et hurlent pour encourager leur favori. Sur lequel souvent de l'argent a été parié.

Un peu gêné, Hush range ses maigres sous dans sa poche, et se passe une main dans ses cheveux. Il se gratte la tête et offre à Zélio un sourire reconnaissant et désolé tout à la fois. Puis, il suit le jeune homme, qui a l'air d'être un habitué de l'endroit. Comme il l'avait prédit, ils entrent avec une facilité déconcertant à l'intérieur, malgré le bébé qui dort paisiblement contre le torse de son père.

Hush, lui, ne sait pas où donner de la tête. Il n'a jamais rien vu de tel, et à peine est-il entré qu'il sent déjà ses doigts fourmiller, comme lorsqu'une vague d'inspiration l'envahit. Cet endroit est particulier, et il dégage une aura incroyablement singulière. Il n'entend qu'à peine les explications de Zélio sur les règles. Tous les mots du monde ne vaudront pas ce qu'il pourra voir. Néanmoins, Hush hoche la tête, pour montrer qu'il a compris, et il lui sourit encore, reconnaissant. Sur son carnet d'écriture, il griffonne une phrase avant de donner le carnet à Zélio.

"Où est-ce que je pourrais me mettre pour bien te voir ?"

Zélio lit et réfléchit une seconde. Il passe par le bar et commande un rhum ambré, puis vient poser le père et son fils à une table qui a un bon point de vu. Ensuite il fait signe à la serveuse et lui touche deux mots. Elle hoche la tête et prend son argent avec un grand sourire.

- bon c'est réglé tu peux rester là jusqu'à mon combat. Il faut que j'aille voir l'organisateur pour qu'il me trouve un combat potable. Même s'il y a peu de chance pour qu'un adversaire à mon niveau veuille se battre pour aussi peu d'argent. Je trouverais peut-être un gars qui croit être fort. explique Zélio. C'est bon pour toi ?

Reconnaissant, Hush hoche la tête, et s'installe à la table désignée. Il fait signe à Zélio qu'il a compris, et que ça lui va tout à fait. Effectivement, il est bien installé, et a un point de vue formidablement dégagé sur la scène. Il sort sans attendre son carnet de dessin avec la planche qu'il a faite du premier combat, et ouvre une nouvelle page. En attendant que le combat commence, le jeune homme dessine le portrait de Zélio sur sa page. Il y a quelque chose de beau et de fragile en lui. Une cassure, une déchirure, quelque chose qui le rend humain. Hush a été touché par cela. Alors, en noir, gris et blanc, il le recrée sur son papier, comme il l'a vu, pour patienter jusqu'au commencement du combat.

Zélio laisse donc l'ancien esclave et son fils et part rejoindre l'organisateur. Ce dernier se montre naturellement surpris, il sait que Zélio tourne dans des circuits où chaque combat est très bien payé. Mais bon il va pas dire non à une telle opportunité. Il sait exactement qui lui opposer. Un jeune qui monte et qui désire plus que tout se faire un nom.

Ca prend un peu de temps de réunir tout le monde et de se mettre d'accord. Mais quand l'annonce du combat est faite la foule montre sa satisfaction. Le jeune combattant a déjà un nom ici. Chuck "The Iceman". Et quand les bookmakers commencent à donner Zélio gagnant les gens se posent des questions et se disent que le combat va être grandiose.

Mais avant leur combat il y a d'autres rencontres qui se déroulent dans la cage. C'est violent et il bien qu'un arbitre soit là pour faire respecter les règles… il s'avère que le nombre de règle doit être relativement restreint d'après ce que peut voir Hush.

Au bout d'un moment on annonce enfin le combat de la soirée et la foule se dresse pour acclamer les deux combattants qui sortent des vestiaires opposés pour rejoindre leur "coin". Zélio est torse nu, tatouage apparent et l'air détendu alors qu'il salue tranquillement la foule. Son adversaire à le goût du sang dans la bouche et ses yeux montrent une détermination sans faille. C'est son moment.

Hush a croisé les jambes en tailleur sur sa chaise, et déjà, il est dans son monde. Il peaufine le portrait de Zélio, levant fréquemment la tête vers le ring afin d'observer avec stupeur et admiration la beauté des combats. Ce n'est pas encore Zélio qui combat. Et de tous ceux qui passent devant ses yeux, aucun ne semble le toucher autant que le combattant à l'aigle. Pourtant, il reste fasciné par ce qu'il voit. C'est, effectivement, autrement plus intense et violent que le premier combat offert. Tobias semble se satisfaire de l'ambiance agitée, plongé dans un sommeil profond.

Enfin, le combat qu'il attend se présente à lui. Zélio, et un autre homme qui n'a pas l'air en reste. Tranquillement, Hush tourne la page de son carnet, s'offrant une feuille vierge, qu'il va noircir à grande vitesse. Il ne perdra pas une miette de ce combat, qu'il imagine déjà intense et profondément beau. Une beauté sauvage, puissante, contrôlée. Il est certain que le résultat final sera merveilleux.

Zélio monte dans la cage et son adversaire aussi. Ils sont chacun dans leur coin pendant que le présentateur fait monter l'ambiance en décrivant les caractéristiques physiques des deux hommes et leur palmarès. Chuck n'a que des victoires à son compte alors que Zélio enregistre quelques défaites, mais le ratio reste monstrueusement positif pour lui malgré tout. La foule s'enflamme alors.

Les deux hommes se mettent en garde alors que l'arbitre donne ses dernières consignes. Et finalement le gong retentit. Les deux guerriers modernes s'avancent et se jaugent en se tournant autour. Quelques attaques sont lancées afin de se tester mais rien d'impressionnant.

Finalement le plus jeune perd patience et décide d'entrer dans le jeu plus violemment. Il lance une petite combinaison sans conviction. Zélio pare et recule quand soudainement l'autre à une accélération défiant les capacités humaines. Une deuxième combinaison s'enchaine après la première. Zélio toujours prêt ne se laisse pas complètement surprendre, l'autre possède des réflexes cablés, c'était une possibilité. Alors il encaisse les coups les moins dangereux et pare le reste. Lorsque Chuck recule finalement pour rompre le contact Zélio délivre un low-kick de sa jambe cybernétique. Certes il n'a pas beaucoup d'élan et n'est pas dans la meilleur des positions mais le coup porte et l'Iceman grimace malgré lui.

- rapide… mais pas assez petit. commente Zélio.

Le combat commence et Hush ne peut s'empêcher de sourire. C'est impressionnant. Les combats qu'il a vu avant ne ressemblent à rien, en comparaison de ceux-là. Ils frappent et esquivent, comme pris dans une danse sauvage et brutale. Hush et sa dizaine de crayons, grattent le papier avec frénésie. Il dessine le combat avec réalisme et émotion, faisant au mieux ressortir cette violence brute et ce qui se dégage des combattants. La force tranquille, le doute, la concentration ; ils sont tous les deux vraiment impressionnants. Enfoncés dans un monde qu'Hush ne peut pas comprendre, ils laissent transparaître une aura captivante et que le dessinateur trouve émouvante.

Les deux hommes reprennent leurs échanges rapides et violent. Les coups portent de part et d'autre quand soudainement Zélio change de niveau et je jette dans les jambes de son adversaire pour l'amener au sol. La table voisine de Hush loue le magnifique "takedown" de Zélio bien placé.

Un travail de grappling au sol commence, peu spectaculaire dans un premier temps, Zélio se contente de faire peser tout son poids sur son adversaire. Puis subitement il accélère pour changer de position et surplombe "The Iceman". En position montée il commence à faire pleuvoir les coups sur son adversaire. Ce dernier pare la plupart d'entre eux mais prend une gauche qui le laisse mal en point.

Dans un dernier sursaut d'énergie il s'arcboute pile au bon moment et parvient à repousser Zélio. Les revoilà debout mais du sang coule du crâne du jeune combattant. Un coup de coude de l'homme au tatouage a laissé une entaille. La rigole sanglante vient se jeter dans les yeux de Chuck qui est manifestement gêné.

Profitant d'un moment d'inattention Zélio avance subitement et place un front kick surpuissant qui propulse l'autre contre la cage. Zélio suit le mouvement et enchaine avec un flying knee qui vient s'écraser sur le plexus de son adversaire. Ce dernier agrippe le tatoué afin de récupérer et s'engage donc un combat pour la meilleur position dans le clinch. Tactique avancée permettant de gagner du temps et faisant la preuve que le jeune Iceman est vraiment doué.

Hush ne perd rien du combat. Il ne connait rien aux mouvements, aux noms qu'ils peuvent avoir, mais ce n'est pas l'important. L'important, c'est son ressenti. Et ce qu'il ressent pour l'heure, c'est l'intensité, la profondeur, la vitesse et la violence. Sur son papier, les scènes s'enchaînent à une vitesse folle, et au milieu du noir, du gris et du blanc, des tâches rougeâtres s'ajoutent.

La violence est bien plus intense et présente que lors du premier combat auquel il a assisté. Cela n'entache en rien la beauté qu'il trouve à la scène. Il ne saurait pas la décrire autrement qu'avec ses planches, qu'il trace sans avoir le temps de se perdre en détail. Tout va vite. Trop vite. Et en même temps, le flou de la scène transparaît sur son papier, lui donne vie, et l'émotion y est palpable.

D'un côté des gestes rapides et boostés par les réflexes câblés et de l'autre l'expérience de dizaine de combats officiels et sans doute bien plus d'officieux. Petit à petit et malgré quelques déboires l'expérience paie. Zélio finit par poser ses mains derrière la nuque de son adversaire et s'en sert pour le déséquilibrer. A chaque fois que l'autre perd légèrement son équilibre Zélio en profite pour lui donner un coup de genou. Petit à petit il use Chuck qui ne parvient pas sortir du contrôle de Zélio.


Un coup de genou plus fort et the Iceman grimace. D'une geste de contorsion violent il parvient à s'enfuir du tahi clinch de Zélio. Mais c'était tellement prévisible. Alors qu'il tente de s'éloigner Zélio balance son coude et le touche ce qui sonne légèrement le jeune combattant. Il vient se protéger le visage pour éviter une combinaison et oublie que l'arme principale de Zélio n'est pas ses poings. L'instant d'après un low-kick surpuissant vient frapper exactement le même endroit qu'en début de combat et cette fois on entend l'impact dans toute l'arène.


Chuck recule en boitant, il a perdu sa mobilité et sait que les choses vont être difficiles à partir de maintenant. Zélio est un requin qui a senti le sang. Il avance implacable et lance des combinaisons qui force l'autre sur la défensive. Dans chacune de ses combinaisons un low_kick vient agresser la jambe blessée de son adversaire.

Sous l'effet de la concentration, Hush ne voit ni n'entend plus que ce qui émane de la scène. Il a occulté les cris d'encouragement des autres, et même qu'ils ne sont pas que tous les quatre dans la salle. Il s'est redressé, a fait glisser son fils dans son dos, et s'est accroupi sur sa chaise, les genoux appuyés contre la table en bois, le dos voûté. Penché sur ce qu'il dessine, son regard passant du combat aux gestes vifs à ses traits plus vifs encore.

La première page est noircie rapidement, et d'un geste expert, il en ouvre une nouvelle. Une nouvelle page pour une partie plus violente encore que la première. Celle au cours de laquelle Zélio prend le dessus. Les sons emportent Hush, et ils deviennent des images sur son papier, des couleurs, des traits qui figent l'horreur et la douleur, la concentration et la maîtrise, sur les visages de ses protagonistes.

Un geste particulier attire l'attention du dessinateur. Un mouvement répété, tellement parfaitement maîtrisé qu'il est refait à l'identique à chaque fois. Un mouvement qui a dû être effectué des centaines et des centaines de fois par Zélio. Comme lui a dessiné, peint, sculpté, taillé, fabriqué, des milliers et des milliers de fois. Progressivement, Hush se met à comprendre l'art du combat.

Zélio et Chuck le savent, il n'y a aucune chance pour que le jeune l'emporte, ses appuis sont coupés et comme c'est de la que prend racine la puissance des coups il n'a plus aucune chance de le mettre KO. Pas Zélio en tout cas. Il reste l'opportunité d'amener le combat au sol, mais l'expérience précédente montre que Zélio est supérieur dans ce domaine aussi.

Mais un combattant n'abandonne pas, un coup de poing chanceux, une faute inattendue de l'autre, la vie est faite de ses moments imprévu qui pimente le cours des évènements. Chuck reste concentré et à l'affût. Zélio de son côté sait que rien n'est plus dangereux qu'un animal blessé. Il devient donc une machine impitoyable et inéluctable, il lance une nouvelle combinaison mais au lieu d'attaquer la jambe il feinte et frappe le foie de son adversaire. Nouvelle grimace de ce dernier. Nouvelle combinaison et c'est la jambe qui encaisse un nouveau low-kick. Enfin alors que rien en montre le moindre changement dans l'attitude de Zélio alors qu'il envoie un nouvel enchaînement… sauf que cette fois pour la première fois du combat il vise la tête avec sa jambe. L'autre se fait surprendre et tente de parer un middle kick sauf qu'il n'y a rien. Le high kick vient le prendre à la tempe et le déconnecte instantanément. Il s'écroule KO et l'arbitre se jette pour faire un écran de son corps. Zélio savait et n'a même pas tenté de continuer d'attaquer son adversaire.