Silence et obscurité [Ni'oh & Hush]

Le silence s'étend doucement, lentement. Il emplit l'espace entre eux et si cela ne semble pas gêner Ni'oh non plus, elle semble tout de même mal à l'aise. Le silence laisse libre expression à d'autres sens, mais ça semble être... Comme... Une violation, de s'attarder sur d'autres sens pour étudier son compagnon d'infortune et son enfant, qui lui babille gentiment.

Elle finit sa tarte, sagement, et se gardant d'aller trop loin dans son étude intuitive du jeune homme et de son enfant.

" Que diriez vous de vous reposer un peu avant de partir ? Enfin... Personne ne vous oblige à partir, vous pourriez rester sur le Liberty si vous en avez envie, si le Capitaine accepte, ou juste pour un voyage si vous voulez... "

Voilà qu'elle se remet à parler alors qu'elle ne pourra pas avoir de réponse plus claire qu'un oui ou qu'un non, probablement, encore.

" Je peux vous trouver un endroit où vous pourrez vous reposer tranquillement "

Hush est très reconnaissant pour cette hospitalité. S'il avait été seul, il aurait pourtant refusé spontanément. La présence de son fils le pousse à y réfléchir un peu plus. Il sait qu'il ne peut pas vraiment cracher sur un lit et une place au chaud, avec des gens qui ont été gentils avec lui, qui plus est. Mais Marjolaine aussi a été gentille avec lui au départ. Et après, il s'est retrouvé enfermé entre ses murs, incapables d'être autre chose qu'un nouveau jouet. Hush se fige un moment, et il finit par arriver à la conclusion qu'il n'est peut-être pas près à s'enfermer à nouveau. Il veut profiter de sa liberté, de sa tout nouvelle liberté, donc il n'a pas encore pu profiter - trop occuper à fuir le reste. Il se sent mieux, plus en forme. Il a mangé, il est propre. Son fils aussi. Il a été blessé, mais rien qui ne saurait l'arrêter. Alors il sourit, même si Ni'oh ne peut pas le voir, et tranquillement, il tape deux coups sur la table. Non, il ne veut pas rester.

Elle ne peut pas comprendre. Ça la désolé. Elle aimerait en savoir plus sur ce jeune homme bien aimable, qui lui semble sensible et gentil, de ce qu'elle ressent et de ce qu'elle a compris du Capitaine en tout cas. Qu'il soit parti en la laissant seule avec lui l'énerve... Et en même temps c'est mieux... Et en même temps, il lui manque... Rha...

Il tape deux fois. Non. D'accord. Elle ne peut pas deviner ses pensées, mais il a pris le temps de réfléchir et il doit avoir ses raisons. Il n'a pas fui à la première occasion donc ça ne doit pas être "elle". Dans le sens "bannie" ou "mo'at" du terme. Peu importe. C'est triste. Mais c'est la liberté de chacun et sur le Liberty, personne ne viendra l'empêcher de quitter le vaisseau même sans avoir pris du repos.

" D'accord. Tu sais où tu vas aller ? "

Elle aimerait bien le revoir ? Au moins savoir qu'il... Que tout ira bien pour lui.

Une nouvelle question. Aussi simple que la précédente, et pourtant aussi difficile et crève cœur. Il connaît la réponse cette fois, il n'a pas besoin de réfléchir pour ça. Non. Non il ne sait pas où aller. Il n'a jamais su. Il ne connait pas le monde qui l'entoure, il le découvre à chaque instant, et il essaie de profiter de tout ça avec son fils. En revanche, il sait que cette réponse pourrait ne pas être celle que la jeune femme aurait voulu entendre. Est-ce qu'elle va l'empêcher de partir pour ça ? Est-ce qu'il doit lui mentir ? Est-ce qu'elle n'aurait pas raison de vouloir le forcer à rester au moins pour cette nuit, dans de telles circonstances ? Il voudrait pouvoir s'en ouvrir à la mo'at, mais ses moyens de communication sont plutôt limités. Alors il lâche un léger soupire lorsqu'il réitère ses deux coups sur la table.

Cependant, après ça, il se lève et s'approche de Ni'oh, à la fois doucement et suffisamment bruyamment pour ne pas risquer de la prendre. Avec douceur, il pose une main sur l'une des siennes. Elle peut se dégager facilement si elle n'est pas à l'aise avec ce contact, mais il prend quand même la liberté d'exercer une très légère pression, comme s'il n'avait pas d'autres moyens d'exprimer sa gratitude, ses émotions, ses pensées.

La réponse tarde à arriver, et ça prépare déjà Ni'oh à ce qu'elle va entendre. Son sourire se fane un peu, mais reste, parce qu'elle ne veut pas inquiéter Hush, ou son petit bout trop chou. Mais le soupir et le " non " tapé en deux coups sur la table, à nouveau, est équivoque. Et ne lui plait pas beaucoup.

Alors oui, le sourire finit par s'effriter et se transformer en une légère moue malgré elle. Mais elle entend très vite Hush se lever. Elle ne bouge pas, sa tête bouge un peu, pour suivre vaguement le mouvement, avec un temps d'écart à chaque fois. Elle sent sa main se poser sur la sienne mais le mouvement semble tellement naturel qu'elle sursaute à peine, sans la retirer. Elle n'aime pas ça d'ordinaire mais aujourd'hui, après ce qu'ils viennent de vivre... C'est presque comme si elle en avait besoin, de ce contact.

Doucement, elle vient entourer cette main de ses propres doigts pour lui rendre la légère étreinte. Elle comprend. Pas besoin de plus de mots. Elle a un vague sourire à nouveau. Pour le rassurer de nouveau.

" Faites bien attention à vous alors "

Hush est muet mais pas aveugle. Il voit très bien que l'air de Ni'oh change, que son sourire se fane, que sa mine s'assombrit légèrement. Et il sait, quelque part, qu'il a tort de quitter la sécurité de cet endroit. La sécurité de ces personnes qui lui proposaient la protection et l'asile. Mais l'idée d'être enfermé de nouveau lui serre le coeur et fait naître une boule dans son ventre, même s'il s'agit un endroit accueillant - quoi qu'il ne connaisse pas encore bien ces gens. Il sait aussi que Ni'oh comprend sa position, même si elle est déçue.

Alors pendant quelques longues, il continue à serrer ses doigts, et serre légèrement plus fort une fois, pour lui promettre silencieusement que oui, il fera attention. Puis, doucement, il la lâche. Sans un bruit, il reprend Tobias dans ses bras. Le petit garçon babille à l'attention de Ni'oh. Après un dernier regard, l'homme et son fils quittent la pièce. Cartographe, il n'éprouve pas la moindre difficulté à trouver la sortie du navire. Lorsqu'il sent l'air frais de Renaissance s'écraser sur son visage, il a la sensation de respirer à nouveau.